lundi 8 mars 2010

Mme de Lespinay échappe à la mort par deux fois (1793-1794)


Nous avons raconté dans deux articles comment Mme de Lespinay, châtelaine de Linières, échappa par deux fois à la mort pendant la guerre de Vendée. D’abord en mars 2010 dans notre article intitulé La vicomtesse de Linières sauvée des noyades à Nantes, complété en octobre 2010 par un autre : La vicomtesse de Linières sauvée des noyades II. Le premier article était basé sur les Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein. Le deuxième intégrait les deux passages consacrés par l’historien royaliste J. Crétineau-Joly en 1840 à Mme de Lespinay.

Le passage de la marquise de La Rochejaquelein, où elle fait allusion au sauvetage de la châtelaine de Linières, concerne l’histoire de sa femme de chambre Agathe Gingreau. Dans son récent ouvrage, Vendée les archives de l’extermination (2013), l’historien Alain Gérard, aborde cette histoire, avec diverses sources qu’il recoupe. Aussi il serait dommage de se priver du résultat de son travail. C’est pourquoi, nous reprenons nos deux articles pour n’en faire qu’un seul, modifiant celui de mars 2010 avec un nouveau titre : Mme de Lespinay échappe à la mort par deux fois (1793-1794).


Dans la Virée de Galerne


Mariée à l’âge de 16 ans en 1788 à Charles Augustin de Lespinay, Mlle du Vigier, sortant du couvent de Sainte-Croix de Poitiers, vint habiter Linières (Chauché). Elle y mit au monde deux filles : Henriette baptisée le 7 janvier 1790 et Pauline le 3 octobre 1791. Dans les semaines suivant cette dernière naissance, M. de Lespinay rejoignit l’émigration, comme beaucoup de nobles en activité habitant la Vendée. Il fut inscrit au chef-lieu du département, alors Fontenay le Comte, sur la liste des émigrés le 4 octobre 1793.

Mais entre-temps son domaine de Linières avait été mis sous séquestre à cause de cette émigration, en juin 1792, avec nomination d’un gardien sur place, inventaire des biens meubles et immeubles fait par les commissaires du district de Montaigu, et confiscation du fermage des quatorze métairies du domaine (1).

En mars 1793, le soulèvement général des populations avait embrasé la région du centre et du nord Vendée, est Deux-Sèvres, sud de la Loire-Atlantique et sud-ouest du Maine-et-Loire. La loi du 1e août 1793 donnait un ordre aux soldats de « destruction totale de la Vendée ». L’historien A. Billaud écrit : « Les incendies, les massacres, les viols ont eu ce résultat de vider une partie de la région, de la jeter sur les chemins avec ce seul souci : éviter la mort ». Les bleus s’attaquent même aux républicains de la région parfois, et beaucoup de déracinés en fuite de chez eux cherchent refuge auprès des armées vendéennes. Ce fut le cas de Mme de Lespinay.  

Elle fit partie de la cohorte des civils qui suivirent les combattants dans la Virée de Galerne. Cette expression désigne la traversée de la Loire effectuée par les armées vendéennes le 18 octobre 1793 pour rejoindre un hypothétique débarquement d’alliés sur la côte normande et d’improbables renforts en pays chouan et breton. Ils passèrent 35 000 combattants environ, plus 15 000 femmes, vieillards et enfants, fuyant leur pays après l’échec de la bataille de Cholet (2). La galerne désignait le vent du nord, c'est-à-dire la direction suivie.

Jean Sorieul : La bataille du Mans
Après une longue errance jusqu’à Granville, la colonne de Vendéens fait demi-tour et arrive au Mans le 10 décembre 1793. Malgré son jeune âge, Forestier fut désigné pour gouverner la ville. Henri Forestier était le fils d’un cordonnier de la Pommeraye (Maine-et-Loire), âgé de 18 ans en 1793. Il fut un des premiers à se rallier à Cathelineau. Il commandait en second la cavalerie et avait été nommé gouverneur de la ville du Mans pendant son occupation par les Vendéens.

Les malheureux Vendéens, fourbus, se reposèrent deux jours. Dans la nuit du 12 au 13 décembre les bleus attaquèrent et gagnèrent la bataille du Mans. Ensuite ils ont fait un massacre de tous ceux qui n’avaient pas réussi à s’échapper. La châtelaine de Linières échappa à ce massacre.

Dans ses mémoires, la marquise de La Rochejaquelein écrit « Marie Marguerite Louise Félicité du Vigier, née à Poitiers le 9 juin 1772, mariée en 1788 à Charles Augustin de Lespinay, vicomte de Linières, près Saint-Fulgent en Bas-Poitou, capitaine de cavalerie. Il émigra, sa femme suivit l’armée vendéenne et fut sauvée par Forestier dans la déroute du Mans ; elle se cacha, fut arrêtée et conduite à Nantes. » (3)

J. Cretineau-Joly écrit : « Forestier, blessé, traîne par la bride son cheval, blessé lui aussi, et sur lequel il a placé madame de l’Epinay et ses deux enfants. » (4)

On sait que l’ainée des petites filles, Henriette a survécut à la guerre de Vendée, peut-être dans les bras d’une domestique. Sa petite sœur Pauline, alors âgée de deux ans, est morte en février 1794 (5). L’acte de notoriété qui en fait état nous apprend que la mère l’avait confiée à une jeune femme âgée de 30 ans, Renée Jousseaume, demeurant au village de la Foliette à Bazoges-en-Paillers. La petite fille est morte dans ses bras, malgré les soins de Pierre Aubin, officier de santé demeurant à Saint-Fulgent. L’affirmation de Crétineau-Joly des deux enfants avec leur mère au Mans, n’est donc pas exacte. D’ailleurs il reste une interrogation : la petite Pauline a-t-elle été confiée à Renée Jousseaume avant de suivre les armées des insurgés, ou bien était-elle déjà en nourrice comme le faisaient alors les femmes des milieux aisés ? Et qui sait si les deux enfants ne sont pas restées à la garde de la même femme pendant la Virée de Galerne ?

C’est l’occasion de rappeler que moins de 10 % des participants à la Virée de Galerne y ont survécu. On sait que leur chemin à pied dans le froid, la pluie, la boue, la faim, les maladies, au milieu des cadavres, fut un calvaire d’une rare cruauté pour les 50 000 personnes environ qui ont fait partie de cet exode pendant deux mois et demi en plein hiver.

Arrêtons-nous un instant sur le mot Bas-Poitou employé par la marquise de La Rochejaquelein. Elle désigne la Vendée par son nom d’Ancien Régime, manière d’afficher ses opinions en faveur de la monarchie. D’ailleurs sur le mot de Vendée, ce qu’elle en dit est intéressant : « En 1793, nous prenions le titre « de royalistes du pays insurgé »…Les républicains nous donnaient exclusivement, même dans la rédaction des jugements, le nom de « brigands et brigandes » : cette dénomination nous paraissait tellement ridicule, qu’au lieu de nous fâcher elle nous portait à rire. » Puis elle poursuit en indiquant que l’expression « brigands de la Vendée » est apparue dans les écrits des républicains après les premières batailles. Enfin elle explique qu’avec le temps, certains combattants des pays insurgés, y compris dans une partie du Maine-et-Loire, des Deux-Sèvres et de la Loire-Atlantique, formaient le vœu de garder ce nom de Vendée dans une nouvelle province qui devait émerger du sang du sacrifice, avec le retour espéré de la monarchie. Dans son livre, « Par principe d’humanité… La terreur et la Vendée » (1999), l’historien Alain Gérard a montré comment la guerre de Vendée a été voulue par les montagnards au sein de la Convention, le mot « Vendée » devenant pour ses membres synonyme de contre-révolution dès le début du printemps 1793. Ainsi, le hasard a aidé à choisir le nom du département et la politique, dans les deux camps, l’a imposé ensuite. « Vendée », une fierté ou un opprobre pour les générations qui ont suivi.

Sauvetage de la noyade racontée par la marquise de la Rochejaquelein


La mémorialiste indique dans son témoignage qu’après le Mans, la vicomtesse de Lespinay « se cacha, fut arrêtée et conduite à Nantes. » Crétineau-Joly précise, lui : « Cette pauvre mère, … ne retrouve plus ses deux enfants qui ont suivi son fatal itinéraire depuis le Mans jusqu'à Ancenis. ». Aucun des deux écrivains n’a pu écrire sans se renseigner auprès de la famille. Il se trouve que l’historien a écrit quatre tomes et la mémorialiste un seul. À notre avis les deux récits se complètent sur ce point.

On sait qu’après le Mans les Vendéens se sont précipités vers la Loire pour retourner au pays. « Dès le 13 décembre la ville de Laval voit arriver les premiers fuyards de l’armée en déroute » (A. Billaud). Le 16, ils arrivent près d’Ancenis. Forestier fait alors partie des officiers autour du généralissime H. de La Rochejaquelein. Ils ne pourront pas passer le fleuve occupé par les bleus. La cohorte des Vendéens en déroute part vers Nort, puis Blain, pour périr à Savenay les 22 et 23 décembre 1793. Forestier ira jusqu’aux environs de Blain, d’où il s’échappera pour rejoindre des combattants bretons.

Mme de Lespinay a donc été capturée près d’Ancenis, c’est à dire dans les jours proches du 16 décembre 1793. Sa capture est une chance dans l’immédiat, car beaucoup de fuyards ont été massacrés en cours de route. Cela dépendait des compagnies et des chefs républicains. Mais elle fut emmenée à Nantes à la fin de l’année 1793. Carrier y régnait en maître alors, et les noyades dans la Loire avaient déjà commencé à suppléer aux prisons insalubres, aux fusillades et à la guillotine pour éliminer les ennemis.

Mme de Lespinay était destinée aux noyades. Elle en réchappa.

Nos deux auteurs racontent ce deuxième sauvetage, là aussi en se complétant. Mais avant de citer la marquise de La Rochejaquelein, il faut situer le contexte de son récit. Celle-ci raconte l’histoire de sa propre servante, Agathe Gingreau, échappant elle-aussi à ses bourreaux. Et dans ce récit, elle a croisé le chemin de Mme de Lespinay.

Pour raconter l’histoire d’Agathe Gingreau, nous allons reprendre le texte de l’historien Alain Gérard. Il fait intervenir des personnages singuliers : Fouquet, Lamberty, deux préposés aux noyades par Carrier, l’envoyé en mission à Nantes de la Convention, l’ordonnateur des tueries et noyades. C’étaient des hommes de mains prêts à tout, nommés à cause de leur dévouement adjudants généraux (grades d’officiers généraux dans l’administration ou l’état-major des armées de la Révolution française). Lamberty, ancien carrossier, avait des aides : Lalouet, Pierre Robin, O’Sullivan (Irlandais fameux pour sa férocité) et Théodore Lavaux (un gamin aide camp). Voici ce qu’écrit A. Gérard (6) :

« … Terminons par ce qui pourrait bien donner matière à un conte philosophique et qui permet de moins désespérer de l’humanité. C’est l’histoire d’Agathe Gingreau, qui a été élevée en même temps que le futur général vendéen Lescure, et devenue femme de chambre de son épouse, la future marquise de La Rochejaquelein. Farouchement attachée à ses maîtres, elle les suit lors de la Virée de Galerne et s’enferme même neuf heures durant dans la voiture où Lescure vient de mourir, afin de préserver encore un temps sa jeune épouse. À la fin de 1793, elle appartient au groupe de cavaliers vendéens rendu sur la foi de l’amnistie et aussitôt fusillés. Est-ce d’être une femme ? Pour sa part, elle est enfermée dans l’Entrepôt.
C’est à partir de là que nous bénéficions de deux sources parallèles et complémentaires, qui révèlent de façon exceptionnelle les univers mentaux des extrémistes et des Vendéens. Le 15 février, la veille du départ de Carrier pour Paris, le Comité révolutionnaire lance un mandat d’arrêt contre Fouquet, l’un des noyeurs, et bientôt c’est le tour de Lamberty. Suit un procès qui aboutit à l’exécution des deux principaux préposés aux noyades. Quant aux autres, Lalouet est comme nous l’avons vu a passé du côté des plus forts, Robin a pu s’enfuir, tandis qu’à Nantes Lavaux reste l’objet de poursuites et O’Sullivan sera rattrapé plus tard par le procès de Carrier. À aucun cependant on ne reproche les noyades, mais au contraire d’en avoir préservé quelques femmes, dont la fameuse Agathe. Du coup, ils sont triplement coupables, et de « grossière lubricité », qui prouve qu’ils ne sont pas des Purs, et d’avoir contrevenu aux arrêtés commandant de rapporter les brigands en prison, et en définitive de complicité de contre-révolution.
Le récit que la marquise de La Rochejaquelein a recueilli de la bouche de sa femme de chambre, ne diffère pas vraiment quant aux faits, mais infirme cette interprétation très idéologique. À l’Entrepôt, Lamberty, apercevant cette « brune piquante » de 26 ans, fanfaronne. « Brigande, as-tu peur ? » lui lance-t-il. « Non, général, puisque nous venons nous réunir à la République » réplique la futée. Et l’autre, peut-être impressionné par tant d’aplomb, de lui prédire que bientôt elle fera moins la maligne, et qu’elle pourra alors en appeler à sa protection. Une dizaine de jours plus tard, réalisant qu’elle va être noyée, Agathe le fait venir et il l’emmène pour profiter de l’aubaine. Et c’est alors qu’il se heurte à une résistance inattendue : plutôt que d’être déshonorée, la fille veut mourir. Le scélérat est-il impressionné à ce point par un tel courage ? De céder à la résistance de cette brunette lui permet-il de se réhabiliter à ses propres yeux ? Comment le savoir ? Toujours est-il qu’il prend sur lui de la protéger. La suite permet de discerner d’autres remords secrets. O’Sullivan, celui-là même qui a dénoncé son propre frère et l’a fait guillotiner, parait poursuivi par ses cauchemars et surtout par le désespoir de sa femme. Il persuade Lamberty d’emmener la Vendéenne chez lui. Six semaines plus tard, Fouquet et Lamberty étant incarcérés au Bouffay, le jeune Robin, venu supprimer Agathe et avec elle une preuve contre ses complices, cède à son tour aux prières de la brigande. Réfugiée chez Lavaux, celle-ci est finalement incarcérée jusqu’à la fin de 1794, où elle peut bénéficier de l’amnistie. Singulière histoire en définitive, difficile à comprendre au regard du sens commun, que celle de ces noyeurs subjugués par le courage de la petite vendéenne, et guillotinés pour une bonne action. Bonne il est vrai au regard de la morale naturelle, mais criminelle pour les purs. »

Revenons au récit de la marquise de La Rochejaquelein : « Ce même Lavaux avait déjà chez lui la vicomtesse de Lespinay : dans une des noyades (dans la Loire), elle avait été sauvée par un volontaire qui était dans le bateau ; au milieu de la confusion, des ténèbres et des cris, il lui avait donné sa capote, son chapeau et son fusil et l’avait emmenée comme son camarade. Dès le lendemain de l’entrée d’Agathe chez Lavaux, on vint l’arrêter, la demandant nommément à Mme Lavaux ; celle-ci assura de ne pas connaître de Vendéenne et la désigna comme sa sœur ; la garde voulut emmener cette honnête personne en prison ; alors ma femme de chambre se dénonça elle-même et fut mise au Bouffay (prison de Nantes). Mme de Lespinay, inconnue et réfugiée dans le haut de la maison, se cacha et fut sauvée. » (7)

Le volontaire dont parle Mme de La Rochejaquelein, le sauveteur dans le bateau de la châtelaine de Linières, était un membre de la Garde Nationale, un « bleu » comme disaient les Vendéens. C’était souvent des jeunes gens engagés volontairement pour défendre l’ordre public et les nouvelles autorités nées de la Révolution.

Sauvetage de la noyade racontée par Crétineau-Joly


Jacques Cretineau-Joly (1803-1875)
Crétineau-Joly décrit plusieurs noyades du conventionnel Carrier dans la Loire, appelées par dérision, notamment des « immersions patriotiques ». Et à cette occasion il raconte l’histoire de la châtelaine de Linières. Quand il publie son livre en 1840, son fils est député de la circonscription des Herbiers en Vendée. Il a dû prendre ses précautions avant d’écrire une histoire aussi personnelle sur sa mère. Voici l’histoire probablement validée par la famille (8) :

« Au milieu de ces immersions patriotiques, il se présente sur les bords de la Loire un sergent d’artillerie nommé Hocmard. Il vient pour réclamer sa sœur que les noyeurs ont comprise dans leur contingent de victimes. Il a obtenu de Carrier l’autorisation si rarement accordée de la retirer des galiotes.
Sa sœur est déjà en Loire, morte par conséquent.
À la vue de toutes ces femmes qui attendent, sous un froid de janvier, le sort auquel il n'a pu arracher sa sœur, le sergent Hocmard est saisi d'une sainte pensée. Il s’ap­proche de celle qui vient de lui dire que sa sœur a cessé de vivre. Il jette un manteau sur ses épaules nues, puis se présentant aux satellites de la mort : « Voici ma sœur et son laisser‑passer », dit‑il en affectant une joie alors loin de son âme. C'était la vicomtesse de l'Epinay que ce noble soldat venait de sauver.
Cette pauvre mère, préservée des noyades par un prodige, ne retrouve plus ses deux enfants qui ont suivi son fatal itinéraire depuis le Mans jusqu'à Ancenis. L'un est mort de faim ; l'autre, conservé par le dévouement d'une domestique, qui mendiait pour donner du pain au fils de ses maîtres, ne résista pas longtemps à cette misère de toutes les heures. Madame de l'Epinay fut plus heureuse ; elle survécut et, d'un second mariage avec M. Guyet-Desfon­taines, elle eut un fils, aujourd'hui député de la Vendée. »

Les noyades de prisonniers à Nantes en 1794
La mémorialiste parle d’un volontaire, notion vague, lequel pouvait bien être le sergent d’artillerie qu’indique l’historien. Les deux auteurs décrivent le départ des lieux de la noyade avec similitude (la capote sur les épaules). Crétineau-Joly est plus précis en nommant le sauveteur, en expliquant sa motivation et son autorisation. Celle-ci est parfaitement plausible. Pour l’obtenir il fallait être proche de Carrier ou de ses hommes de mains. Lavaux, chez qui est réfugiée Mme de Lespinay ensuite en est un, et les motivations de ces hommes peuvent être diverses.

Crétineau-Joly donne une précision : c’est en janvier que Mme de Lespinay a été sauvée de la noyade. Au vu du récit d’A. Gérard, Mme de Lespinay était encore chez Lavaux vers la fin février 1794. Un détail pour nous, mais une éternité pour la victime ! Pire : on sait que c’est en février 1794 qu’est morte sa deuxième fille, âgée de 2 ans, Pauline (9).

Conclusions


L’historien comme la mémorialiste sont imprécis sur la seconde vie de la vicomtesse de Lespinay après son divorce. Ce n’est pas étonnant puisque les familles de Lespinay et Guyet se sont violemment opposées dans le divorce qui a suivi entre M. et Mme de Lespinay, le domaine de Linières changeant de mains par la même occasion. Et puis la naissance de Guyet-Desfontaine a fait l’objet d’une fausse déclaration à l’état-civil sur le nom des parents. Bref, pas facile d’y voir clair dans ces itinéraires personnels, et il nous semble que les approximations relevées chez les deux auteurs en ce domaine méritent l’indulgence.

Par contre, la version de Crétineau-Joly comprend une erreur de taille au sujet des deux filles de Mme de Lespinay, qu’elle avait emmenées dans la Virée de Galerne. L’aînée a survécut et est morte en 1811. Crétineau-Joly affirme ici son décès, erreur factuelle qui se double d’une description romanesque de la mort, bien dans son style, mais portant à la méfiance.

De plus, cette histoire du sergent Hocmard ne convainc pas dans sa totalité. Mme de Lespinay ne s’est pas réfugiée d’elle même chez Lavaux, l’aide de camp de Lamberty. Le sergent Hocmard, probablement en garnison à Nantes, n’a pas pu emmener chez lui sa « sœur de substitution ». Mais pourquoi l’avoir mise entre les mains de Lavaux, alors que sa vraie sœur avait bien un endroit où vivre avant sa capture et qu’il fallait gérer la supercherie sur l’identité de la rescapée ? Faute de réponse à cette question, on est en droit d’hésiter entre la version bien plus discrète d’une femme comme la marquise de La Rochejaquelein, qui a vu mourir son mari et son bébé dans la Virée de Galerne, et la version peut être trop précise du récit de J. Crétineau-Joly.

A-t-on tout dit ? Cette question nous conduit à soulever un sujet délicat et malaisé, celui du viol. La souffrance intime qui s’en suit impose très souvent le silence aux victimes, on le sait. Que Mme de Lespinay ait voulu le cacher si elle en a été victime, quoi de plus normal ? Mais celle-ci devait raconter une histoire plausible pour garder son secret en elle. Il ne reste plus qu’à le respecter s’il y a lieu, comme peut-être Mme de La Rochejaquelein l’a fait dans ses mémoires.

Celle-ci s’y révèle dans toute sa vérité, et parmi ses lecteurs il faut relever les impressions d’un républicain radical comme Clemenceau, le « chouan bleu », comme on l’a parfois appelé assez justement. Il a écrit : « Je relis en ce moment les mémoires de Mme de la Rochejaquelein. C’est bien. Il y a un idéal. Et pour défendre cet idéal il y a quelque chose de buté, de borné, de sauvage, qui me plaît » (10).

D’autres historiens ont repris l’histoire de Mme de Lespinay sauvée des massacres du Mans et des noyades de Nantes. Ainsi en 1930 G. Gautherot dans son livre très engagé côté blanc, L’épopée vendéenne. Sa version du sauvetage de la noyade fait intervenir la femme de chambre de la vicomtesse de Lespinay. Un officier républicain (non nommé) indique à cette dernière qu’il va chercher un manteau pour la sauver. Mais au retour il se trompe et revêt la femme de chambre de son manteau. Alors celle-ci réagit : « vous vous trompez, dit-elle simplement, voilà ma maîtresse ; moi je ne suis rien ». Et l’historien termine son récit par cette courte phrase « Elle suivit ses bourreaux » (11). Il n’indique pas sa source documentaire et son livre est écrit en noir et blanc : les héroïques vendéens d’un côté et les infâmes massacreurs républicains de l’autre. L’héroïsme de cette hypothétique femme de chambre n’est pas invraisemblable, mais il manque de preuve dans ce livre. 

Enfin pour terminer, on ne peut s’empêcher de faire le lien, après ces terribles épreuves qu’a traversées la jeune vicomtesse de Lespinay, âgée alors de 21 ans, et sa rencontre amoureuse avec un compatriote âgé de 2 ans moins qu’elle, deux ans plus tard. Voir notre article sur son divorce en janvier 2010.


(1) Archives de Vendée, notaire Allard des Herbiers : 3 E 019, acte de notoriété du 12 germinal an 11 demandé par B. Martineau (vue 202/492).
(2) P. Greau, La Virée de Galerne, Pays et terroirs Cholet (2012), pages 67 et 99.
(3) Mémoires de la marquise de la Rochejaquelein, Mercure de France (1984), page 413.
(4) J. Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire  (1840) T 1, page 458.
(5) Archives de la Vendée, justice de paix de Saint-Fulgent : 4 U 25/31, acte de notoriété du 21 vendémiaire an 10 de la mort de Pauline de Lespinay.
(6) Alain Gérard, Vendée les archives de l’extermination, édition du CVRH (2013), page 270.
(7) Idem (3).
(8) J. Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire  (1840) T 1, page 527.
(9) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 20, Mme Duvigier/Lespinay.
(10) Jean Martet, Le silence de M. Clemenceau, Albin Michel, 1929.
(11) G. Gautherot, L’épopée vendéenne, Mame et fils, 1930, page 287.

Emmanuel François, tous droits réservés
mars 2010, complété en août 2019

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mercredi 10 février 2010

Les liens familiaux entre Amaury-Duval et Gaston de Marcilly

La numérisation récente par Google d’un livre mis à disposition sur internet, nous donne une bonne information sur les liens de famille entre les Guyet, les Duval, les de Brayer et les de Marcilly, tous propriétaires de Linières au XIXe siècle. Il s’agit de « L’état civil d’artistes français – billets d’enterrements ou de décès depuis 1813 jusqu’à nos jours » réunis et publiés par Hubert Lavigne ». Le livre a été édité par J. Bauer, libraire de la Société d’histoire de l’art français, en 1861, 2 rue des St Pères à Paris. Nous y trouvons le « Billet de faire part du décès de Amaury Duval père du peintre » en 1838. En voici d’abord le texte à la page 4 du livre :

Amaury-Duval : Amaury Duval (père)
M. Amaury Duval, peintre d'histoire, Mme Guyet-Desfontaines et M. Guyet-Desfontaine, membre de la chambre des députés ; Mme Isaure Chasserieau ; M. Alexandre Duval, membre de l’Académie française et Officier de la Légion d'honneur, et Mme Alexandre Duval ; M. Henri Duval, homme de lettres ; Mme Guézou ; M. Isidore Guyet, homme de lettres ; M. Tardy, conservateur des hypothèques à Pithiviers, et Mme Tardy ; Mme Clément et M. Clément, officier supérieur attaché au dépôt de la guerre, chevalier de la Légion d'honneur ; Mme veuve Mazois ; M. et Mme Edmond Duval ; M. et Mme Perron ; M. Alexandre Guézou ; M. Aristide Guézou ; Mme de Marcilly et M. de Marcilly, colonel d'artillerie, officier de la Légion d'honneur ; M. et Mme Reannier ; Mme Victor Regnault et M. Victor Regnault, ingénieur des mines ; M. Eugène de Marcilly ; M. et Mme Richard ; Mme Félicité Tardy ; M. Richard Duval ; MM. Henri et Tomy Perron ; M. Léon Regnault ;
Ont l'honneur de vous faire part de la perte douloureuse qu'ils viennent de £aire en la personne de M. Amaury Duval, membre de l'Institut, vice-président de l'Académie des inscriptions et belles lettres, officier de la Légion d'honneur, leur père, beau-père, grand-père, frère, beau-frère, oncle, grand-oncle et arrière-grand-oncle, décédé en sa demeure à Paris, le Lundi, 12 novembre 1838, à l'âge de 79 ans.

Il nous permet de confirmer des informations obtenues par ailleurs, surtout par Amaury-Duval dans son livre de souvenirs. Ils reconstituent les liens de parenté entre Amaury-Duval et son successeur au 5e degré, Eugène de Marcilly, qui avait 16 ans l’année de ce décès en 1838.

De plus, le travail de Mme Véronique Noël-Bouton-Rollet apporte des précisions utiles pour établir certains liens de parenté. Elle est l’auteure d’une thèse récente (2007) de doctorat à la Sorbonne, en Histoire de l’art moderne et contemporaine, intitulée : « Amaury-Duval, l’homme et l’œuvre. » c’est un immense travail, constituant la référence pour connaître Amaury-Duval.

Pour mieux situer ces liens familiaux, nous avons repris ci-après les noms indiqués dans le faire part, en les rangeant par liens de parentés avec le défunt, puis nous avons ajoutés des précisions sur les liens existants entre eux.

Père et beau-père : M. Amaury Duval, Mme Guyet-Desfontaines et M. Guyet-Desfontaine
Grand-père : Mme Isaure Chasserieau
Frère : M. Alexandre Duval et Mme Alexandre Duval ; M. Henri Duval ; Mme Guézou (née Pineu-Duval)
Beau-frère : M. Isidore Guyet (marié à Gilberte Tardy, sœur de l’épouse du décédé) ; M. Tardy (frère de l’épouse du décédé) et Mme Tardy
Oncle : Mme Clément (Adèle, fille de Alexandre Duval) et M. Clément ; Mme veuve Mazois (Jenny-Malvina, fille de Alexandre Duval) ; M. (fils de Henri Duval) et Mme Edmond Duval ; M. et Mme Perron (fille de Henri Duval) ; M. Alexandre Guézou (fils de Mme Guezou) ; M. Aristide Guézou (fils de Mme Guezou) ; Mme de Marcilly (née Adélaïde Guezou, fille de Mme Guezou) et M. de Marcilly (Bénigne, Pierre Louis)
Grand-oncle : M. et Mme Reannier (?) Mme Victor Regnault (fille de Adèle Clément) et M. Victor Regnault ; M. Eugène de Marcilly (fils de Adélaïde Guezou, né le 6-3-1822)
Liens de parenté non établis : M. et Mme Richard (?) ; Mme Félicité Tardy (?) ; M. Richard Duval (?) ; MM. Henri et Tomy Perron (?) ; M. Léon Regnault (?). Parmi ces derniers, existe un lien d’arrière grand-oncle avec le décédé.

Ce texte du faire part, suscite aussi quelques remarques et commentaires divers de notre part :

1- Amaury-Duval se fait désigner comme peintre d’histoire, comprenant l’histoire religieuse, où il s’est le plus exprimé.

2- Isidore Guyet, le beau-frère du décédé et le cousin de l’ancien propriétaire de Linières, Joseph Guyet, est présenté comme homme de lettres. Il a surtout été journaliste, accessoirement parolier de chansons, et il a réalisé une bonne édition de Voltaire.

3- Eugène de Marcilly est cité dans ce faire part en tant que petit-neveu. Il a 16 ans au jour du décès et c’est lui qui héritera de Linières, suite au décès d’Amaury-Duval, en 1885, 47 ans plus tard. Il aura alors 63 ans.


Emmanuel François, tous droits réservés
février 2010, modifié en août 2014

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samedi 16 janvier 2010

Pierre Maindron, un combattant vendéen honoré

À la page 158 de mon livre, Les châtelains de Linières à Saint-André-Goule-d’Oie, je cite le nom de tous les premiers fermiers et domestiques habitant Linières. C’était en 1846, date du premier recensement nominatif par villages à Chauché. C’est ainsi que nous rencontrons la famille Maindron, avec l’aïeul, Pierre, âgé de 80 ans. Il mourra à Linières quatre ans plus tard.

Il est indispensable de revenir sur cet homme à nouveau. De nouvelles informations ont été découvertes à son sujet, depuis la deuxième version de mon article en juin 2010. D’abord le livre de René Valette : « Une poignée de héros » (1902), disponible aux Archives de Vendée dans le fonds du comte de Chabot. De même, les publications de la Société d’Émulation de la Vendée, disponible aux Archives de Vendée, donnent des comptes rendus intéressants sur les comices agricoles de cette époque. Enfin, l’étude des lettres à ses électeurs de Guyet-Desfontaines (Bibliothèque Nationale) nous a permis de mieux comprendre ses opinions politiques. C’est pourquoi nous reprenons notre article dans une dernière version, plus complète, remplaçant la précédente de janvier 2011.

Pierre Maindron fut capitaine dans l’armée de Charette et c’est à ce titre que la postérité a gardé son souvenir. De plus, ayant été un habitant de Linières, l’histoire du domaine ne pouvait que s’intéresser au personnage.


Capitaine dans l’armée de Charette

 

Il était né à la Bleure de Chauché à l’époque, le 24 septembre 1766 (vue 49). Ce village a été rattaché à la Rabatelière dans les années 1970 (1), et il y a une plaque sur la maison de sa naissance.

Ses parents, Jean Maindron et Jeanne Drapeau, étaient devenus métayers à la Bleure le 23 avril 1760, venant de la Roche Mauvin (2). Ils s’étaient mariés en 1751. Jean Maindron arrentera quelques petits biens situés à Doullay (Saint-Fulgent), lui venant de son père Pierre Maindron, en 1774, moyennant une rente foncière annuelle et perpétuelle de 12 livres, à laquelle s’est ajoutée la somme de 48 livres qu’il a reçue comptant (3). Comme d’autres petits propriétaires, il préféra devenir métayer d’une grande exploitation, plutôt que de vivoter sur une petite exploitation lui appartenant. C’était le cas aussi des Boisson à la Roche Mauvin et des François à la Télachère.  

Remarqué, dit-on, pour son intelligence, Pierre Maindron était cocher au château quand la guerre de 1793 se déclencha. L’historien Valette est peut-être trop précis sur ce point, car dans les livres de comptes du château de la Rabatelière, ce détail n’est pas confirmé (4). La réalité doit être un peu différente. Au début de la guerre, on lui aurait demandé d’aller cacher ses chevaux dans les marais de Machecoul, demeure de René Thomas Montaudouin, pour les soustraire aux réquisitions.

Thérèse Montaudouin, cohéritière de la Rabatelière par son père, avait épousé en 1780 dans l'église de Sainte-Croix de Nantes, René de Martel, baron de Rié. Ce dernier décéda en 1785 à l’âge de 32 ans, laissant une fille unique, qui mourut peu de temps après lui. La jeune veuve ne se remaria pas et resta à Nantes, le temps de la Révolution, dans son hôtel particulier de la place de la Liberté (actuellement place Foch).

Pierre Maindron fit partie des jeunes du canton de Saint-Fulgent qui suivirent Charles Aimé de Royrand dans le premier combat important du centre de la Vendée à la Guérinière en mars 1793. C’est alors qu’il alla récupérer l’un des chevaux de Mme de Martel à Machecoul, Robine, c’était son nom. Il semble que ce soit Baulmer probablement, le régisseur des Montaudouin pour leurs propriétés du marais, qui lui fournit la jument « Robine », selon l’abbé Boisson (5). Il fit alors partie de la cavalerie vendéenne.

Il ne voulut pas traverser la Loire en octobre 1793 pour suivre l’armée vendéenne et il alla rejoindre Charette qui en fit un de ses capitaines et un de ses aides de camp. « Toutes les missions qui demandaient intelligence, audace et célérité, Maindron en était chargé par Charette. S’agissait-il de rappeler sous les drapeaux six ou sept paroisses pour un cas pressant, pendant une seule nuit, Maindron à cheval parcourait le pays, assignait les rendez-vous, et aux premières lueurs de l’aurore il était de retour au quartier général. » (6).

Le 13 octobre 1794 il fait partie de la division royale de Montaigu, commandée alors par Pierre Dejean, ainsi que le montre sa signature dans un acte de baptême à la Copechagnière (vue 2 du registre clandestin numérisé), avec d’autres officiers et soldats. Dans une liste des officiers de la Vendée militaire publiée en 1887, on relève son nom ainsi : « Maindron, capitaine de Charette, 1793 à 1796 à Chauché » (7). Alors que Charles Henri de Sapinaud avait remplacé le général de Royrand après 1793 dans l’armée du Centre. Un de ses faits d’armes mémorable s’est déroulé au logis de la Boutarlière à Chauché. Mais il est utile d’abord d’en décrire le contexte en reprenant les explications de l’historien G. Lenotre (8).


L’affaire de la Boutarlière en février 1796


Depuis le traité de la Jaunaye, conclu entre les républicains et Charette le 17 février 1795, une paix relative régnait en Vendée, rompue ensuite de part et d’autre pour promesses non tenues. Le général républicain Hoche veut capturer Charette en ce début d’année 1796 et y parviendra le 23 mars 1796 dans les bois de la Chabotterie. Mais entre-temps des contacts existaient entre les ennemis pour tenter l’arrêt des combats.

C’est ainsi que Hoche a fait parvenir un ultimatum pour la reddition de Charette à son subordonné, le général Gratien, le 12 février 1796. Ce dernier envoie alors un message au curé de la Rabatelière, qui servait d’intermédiaire, pour faire parvenir ce message à Charette. C’est un paysan que le curé envoie contacter Charette personnellement. Mais le général républicain Travot, au courant de rien, apprend le 15 février au matin que Charette a couché à la Boutarlière (Chauché). En y arrivant, ses soldats aperçoivent le paysan messager, le tuent et découvrent sur le cadavre le message du général Gratien. Embarrassé, Travot encercle la Boutarlière et voit Charette en sortir avec sa troupe d’une centaine de cavaliers et cinquante fantassins ; il les laisse passer sans attaquer, renvoie à Gratien la lettre qu’il vient de découvrir et s’installe dans la ferme de la Boutarlière évacuée par les soldats vendéens. C’est donc ce matin du 15 février que se place l’action de Pierre Maindron, telle qu’elle est racontée dans un article de la revue du Souvenir Vendéen (9).

« Charette avait dû s’enfuir précipitamment du logis dans la nuit du 14 au 15 février 1796, pour échapper à une patrouille républicaine de Travot. Y ayant oublié son portefeuille sur la cheminée, contenant des papiers importants, Pierre Maindron réussit à le récupérer en fonçant, sabre au clair, contre un groupe de soldats voulant l’empêcher de sortir du logis



Dans la revue de l’association du Souvenir Vendéen, François Chatry retrace la journée de l’association du dimanche 10 septembre 2000 dans la région, consacrée à honorer la mémoire de Pierre Maindron (1766-1850) :
- Inauguration de la plaque fixée sur le mur de clôture à l’entrée du château de la Rabatelière, en l’honneur de Pierre Maindron. On y notait la présence de Gabriel Maindron, un de ses descendants, qui a montré le sabre de son aïeul, un cadeau de Charette, dit-on. Ou plutôt une récompense attribuée à la Restauration (10).
- Visite de la Boutarlière où Pierre Maindron a réalisé son glorieux fait d’armes,
- Visite de Linière où il est mort, après un arrêt dans l’église de Saint-André pour voir la Croix de Charette. Enfin, repas chez Debien.

Revenons au récit de René Valette : « Maindron avait dans sa monture un précieux auxiliaire. C’était une bête de taille, possédant beaucoup de sang et sautant avec aisance les plus hauts obstacles. Dans un combat, Maindron aidé de Robine était capable des plus incroyables prodiges. On le voyait partout à la fois, le sabre en l’air, frappant d’estoc et de taille, et toujours insaisissable pour ses ennemis. Cerné, un jour, par des hussards, il va être très certainement massacré. Il n’en est rien. Poussant Robine à toute vitesse, il se fait jour à travers les rangs ennemis, et une fois encore échappe au danger.

Robine fit toute la grande guerre sous le capitaine Maindron. Et ni l’un ni l’autre ne reçurent la moindre blessure. La vaillante bête mourut, longtemps après la guerre, à la ferme de la Fesselière, dépendant également de la belle terre de la Rabatelière. Elle était âgée de 30 ans. Sa noble maîtresse avait voulu lui accorder tous les privilèges des Invalides. » 


Au service de la châtelaine de la Rabatelière et du roi, maire de Chauché (1796-1830)


Pierre Maindron se maria en 1798 avec Jeanne Cauneau. Leur union fut bénie dans une grange du village de la Maigrière, de Saint-André-Goule-d’Oie, au pied d’un autel improvisé, par l’abbé Brillaud, vicaire de Saint-Fulgent, qui se cachait toujours dans les environs avec le curé Allain de Saint-André (11).

Il vécut à la Chapelle de Chauché dans la propriété de sa femme après la guerre. Dans le même temps il continuait à s’occuper des affaires de Mme de Martel, René Thomas Montaudouin étant mort en octobre 1802. Celui-ci avait été radié de la liste des émigrés le 22 novembre 1801. Ses deux enfants survivants sont morts, l’un le 25 février 1791 (Françoise, 2 ans), l’autre le 10 mars suivant (Thomas, 6 ans). Et sa femme mourra le 10 mai 1802 (12). Ainsi voit-on Pierre Maindron représenter la seule châtelaine de la Rabatelière désormais dans un acte de transaction devant le notaire de Saint-Cécile pour l’extinction d’une rente le 19 décembre 1805 (13). Il fait de même dans un acte d’échange devant le notaire de Chavagnes de lots fonciers à la Benetière le 24 décembre 1812 (14). En 1806 Sorin, le fondé de pouvoir de la châtelaine écrit à cette dernière : « Il faudra que Maindron aille chez le juge de paix des Essarts et lui remettra les projets de citations ci-joint, et le priera de s’y conformer. Il s’assurera du jour où il faudra comparaître, afin qu’il s’y trouve. Il emportera avec lui les procurations » (15).

Dès 1802 il déclare occuper le poste de régisseur au château de la Rabatelière dans la déclaration à l’état-civil de la naissance de son fils, Thomas René Marie, à la date du 25 floréal an 10 en mairie de Chauché (vue 20). Il déclare sa demeure à la Chapelle de Chauché. Le plus intéressant est de consulter le registre paroissial clandestin de Chauché pour le baptême du même fils, à la date du 1e mai 1802 (vue 18). Le parrain est « « messire René Thomas de Montaudouin, et la marraine est Thérèse de Martel », frère et sœur. Ils sont absents à la cérémonie et représentés par un oncle et une tante du bébé. De retour d’émigration et ruiné, la femme de René Thomas de Montaudouin venait de mourir le 20 floréal précédent. Lui-même mourra à Nantes cinq mois après (16). 

Pierre Maindron et Jeanne Cauneau eurent 10 enfants, dont 4 morts très jeunes et un mort à l’âge de 16 ans. On voit Pierre Maindron faire un prêt à un de ses neveux demeurant à la Bichonnière (Chauché), Pierre Cauneau (1783-1830), meunier. Ce dernier avait été tiré au sort pour servir dans l’armée active, c’est-à-dire à cette époque devenir soldat de Napoléon. Comme cela était alors possible, il se fit remplacer par un conscrit moyennant finance. Il versa 700 francs au conscrit à Fontenay, après que l’incorporation de ce dernier fut acceptée, en mars 1804. Pierre Maindron accompagnait son neveu à Fontenay, et c’est lui qui avança l’argent. L’oncle et le neveu convinrent ensuite devant le notaire de Chavagnes d’un prêt sur 4 ans avec 7 % d’intérêts (17). Pierre Cauneau se maria deux mois plus tard avec Jeanne Perrine Cailleteau, le 21 mai 1804 à Chauché (vue 50). Il était le fils de Louis Cauneau (1759-1801), frère de Jeanne (1775-1849), l’épouse de Pierre Maindron (18).

Le neveu Pierre Cauneau avait un frère, Jacques (qui épousa Jeanne Roy des Landes Jarry à Chauché). Celui-ci agressa verbalement dans un cabaret de Chauché vers la fin 1790 le capitaine des gardes nationaux de Chauché, François Bossard. Puis il l’accusa en juin 1791 d’une tentative d’assassinat sur sa personne au retour d’une foire des Essarts, ce qui conduisit François Bossard en prison à la Roche-sur-Yon. Ce dernier en sortit disculpé au bout de quelques mois, et les témoignages figurant dans son dossier montrent clairement la fausseté des accusations portées contre lui (19). Or il se trouve que ce François Bossard était un cousin de Jeanne Perrine Cailleteau, la future belle-sœur de l’accusateur (2e épouse du frère Pierre Cauneau). Jacques Cailleteau (père de Jeanne Perrine), était le frère de Marie Anne Cailleteau qui avait épousé René Bossard (père de François). Ces cousins se divisèrent profondément pendant la guerre de Vendée, et même entre frères au sein des Cailleteau, dont l’un fut maire de Chauché dans le camp des révolutionnaires.

Pierre Maindron continua plus tard cette fonction de régisseur au château de la Rabatelière. En 1820 il habitait toujours la Chapelle, étant devenu maire de Chauché (20). Le 4 vendémiaire an 14 (26-9-1805) il renouvela le bail d’une métairie lui appartenant (ou venant de sa femme) à la Chapelle. Les métayers sortants étaient les Charrieaux, et les entrants étaient la communauté de la veuve Piveteau, son gendre Louis Begaud et un autre jeune parent, Pierre Piveteau, tous venus de la Télachère (Chavagnes). Le bail était à partage des fruits à moitié entre le bailleur et les preneurs, évalué pour les droits d’enregistrement à 450 F de revenus annuels (21). À cette date il est difficile de déduire la surface du bien loué de ce montant. En principe on était sur une petite métairie, mais était-elle en cours de réhabilitation après les ruines de la Guerre de Vendée ? Auquel cas le prix en tenait compte comme on en a des exemples à cette époque. Ce bail signifie-t-il que ses fonctions auprès de la châtelaine de la Rabatelière l’occupaient à plein temps, préférant louer sa métairie ? On ne sait pas répondre. Ce bail, prévu pour durer 7 années de 1806 à 1813, s’interrompit par accord amiable au bout de 3 ans (22).

Le 16 juin 1807 Pierre Maindron achète pour 1 200 F 4 petites pièces de terre et un toit à bestiaux à la Bichonnière, plus au Bouchollet (les deux à Chauché), une petite maison, un toit à bestiaux et deux planches de jardin. Aux mêmes vendeurs, les héritiers Piveteau, il achète une rente de 15 F par an moyennant 200 F (23). On n’a pas là de fortes valeurs, mais un fait significatif d’un homme qui amasse des biens. Et 1810 il achète la moitié d’une borderie pour 600 F payés comptant à la Bichonnière de Chauché à René Caillé et Jeanne Mesnard sa femme (24). Autre fait significatif, il est propriétaire en 1808 des bestiaux peuplant une borderie à la Chapelle occupée par sa mère (Jeanne Drapeau), son frère (François Maindron époux de Jeanne Aulneau) et sa sœur (Jacquette Maindron). Pour fixer les droits d’enregistrement ils ont été estimés à 790 F (25).

Après la Révolution, Mme de Martel racheta l'église, la cure, et ce qui leur appartenait avant la guerre, et elle fonda une école de filles avec une rente pour l'entretien des religieuses institutrices. Après sa mort en 1827, la terre de la Rabatelière fut acquise l’année d’après des héritiers de Mme de Martel par le comte Charles-Henri-Marie de la Poëze, d'une famille originaire de l'Anjou, et alors établie en Touraine, mais qui, au XVIIIe siècle, fut représentée en Bas-Poitou par divers de ses membres. C’est alors que Pierre Maindron aurait quitté le château de la Rabatelière pour prendre la ferme du château de Linières.

En 1815 il s’enrôla sous les ordres de M. de Puitesson, établit à Chauché, pour combattre le retour de Napoléon de l’île d’Elbe qui avait chassé le roi Louis XVIII. Il s’y distingua dans son titre de capitaine de cavalerie. On sait que de Puitesson, faisant partie de l’armée du comte de Suzannet (habitant Chavagnes-en-Paillers), participa, notamment, au combat contre la troupe du général Travot le 18 mai 1815, près de l’Aiguillon. Il y eut des batailles rangées contre une armée napoléonienne commandée par le général Lamarque. Une de ses divisions était commandée par le général Brayer, le grand-père du futur propriétaire de Linière de 1868 à 1875.

Après le second retour du roi au pouvoir, Pierre Maindron fut récompensé pour son passé de combattant. En 1823, il reçut une modeste pension viagère de 100 F. sur la cassette du roi, et un sabre d’honneur, « seule preuve qui reste à ses enfants des glorieux services de leur père. Ils conservent aussi précieusement le vieux sabre qui tant de fois s’est rougi du sang républicain », écrit René Valette.

Chauché

Pierre Maindron, ainsi qu’en témoigne cet engagement militaire, était un fervent soutien des Bourbons. Sous la Restauration monarchique, il accepta les fonctions d’adjoint et de maire de Chauché. En effet, sur le registre d’état civil de Chauché, on relève qu’il a occupé le poste d’adjoint au maire à partir de 1813 jusqu’en 1830, avec une interruption de mai 1818 à novembre 1823, où il occupa lui-même le poste de maire. Dans l’état de nomination au 1e janvier 1826 en tant qu’adjoint au maire de Chauché, Auguste Querqui de la Pouzaire à cette époque, il est indiqué qu’il est né le 24 septembre 1766 et qu’il est « ancien officier de l’armée royale vendéenne » (26). L’adjoint et le maire, dans les petites communes, étaient nommés par le préfet et leur rôle consistait nettement à relayer la politique de l’exécutif, y compris dans ses aspects partisans. D’ailleurs, après la Révolution de juillet 1830 qui chassa Charles X de son trône et installa le roi-citoyen, Louis Philippe d’Orléans, Pierre Maindron et Auguste Querqui de la Pouzaire démissionnèrent en guise de protestation contre la prise de pouvoir des libéraux orléanistes dont faisait partie Guyet-Desfontaines, le propriétaire de Linières. C’est à ce moment-là aussi que le nouveau pouvoir, ennemi des Bourbons, lui supprima sa pension d’ancien combattant vendéen.

C’est pour avoir signé « un libelle dirigé contre l’administration supérieure de ce Département et ayant pour titre : Réponse à la proclamation du préfet par intérim du département de la Vendée, en date du 21 novembre 1815 » que le maire de Chauché, M. Puitesson, fut suspendu de ses fonctions le 31 décembre 1816.

Pierre Maindron va officier ainsi ensuite sur le registre d’état civil de la commune de 1817 à mai 1818 en tant qu’adjoint, puis de mai 1818 à novembre 1823 en tant que maire. Ensuite, M. Puitesson redeviendra maire à nouveau jusqu’en 1825.


La fin de sa vie à Linières de 1830 à 1850

Ingres : portrait de Guyet-Desfontaines

Adjoint aussi longtemps à la mairie de Chauché et maire légitimiste de la commune pendant cinq ans et demi, cela n’a pas empêché Pierre Maindron de travailler pour le député orléaniste Guyet-Desfontaines. Propriétaire de Linières, ce dernier était connu pour son engagement politique favorable à la nouvelle monarchie de Juillet, « usurpatrice » pour les légitimistes. Il défendait les acquis de la Révolution et ne portait pas dans son cœur les rois Louis XVIII et Charles X, qu’il accusait, entre autres, de manquer de patriotisme. On l’a entendu répondre à la chambre des députés au ministre Guizot, rappelant qu’il était allé trouver Louis XVIII en 1814 à Gand, pendant les Cent Jours, pour lui recommander une politique de la Charte qui soit « constitutionnelle » et non « réactionnaire », à la différence de la première restauration : « Et pendant ce temps-là, la France courait aux combats » (27).

Pierre Maindron fut remplacé au château de la Rabatelière par les nouveaux propriétaires, de la Poëze, laissant la place vers 1832 à un jeune homme de 24 ans, Jean Renou (28). C’est alors que Guyet-Desfontaines le récupéra.

Cet engagement à Linières, entre deux hommes appartenant à des camps politiques opposés, est moins étonnant qu’il n’y parait au premier abord. En premier lieu, nous savons que les deux hommes en présence, le propriétaire et le fermier, sont intelligents.

En deuxième lieu, il n’était pas facile de trouver sur place un fermier républicain, voire orléaniste.

Et puis en troisième lieu, il y a les compétences du fermier. L’époque était au progrès dans l’agriculture (engrais, machines, plantes fourragères) et à son encouragement, notamment par les concours des comices agricoles, créés à cet effet. Or les Maindron de Linières se distingueront. Les fils de Pierre Maindron obtiendront des prix au comice agricole de Montaigu-Saint-Fulgent :

-    En 1857 le 2e prix pour la catégorie taureaux reproducteurs 1 à 2 ans (récompense de 45 F.) et le 1e prix (24 F.) pour la catégorie génisses (est indiqué : Maindron aîné Linières) et le 3e prix (20 F.) pour la catégorie génisses (est indiqué : Maindron jeune)
- en 1859 le 1e prix pour la catégorie taureaux (récompense de 50 F.) et le 3e prix dans la catégorie brebis (récompense de 15 F.)

En quatrième lieu, il ne faut pas oublier que les orléanistes comme Guyet-Desfontaines adoptaient une position de juste milieu en politique. Elle prédisposait ainsi le député à une ouverture d’esprit naturelle à l’égard de l’ancien combattant Pierre Maindron. Le député voyait ce dernier plutôt comme une victime des excès de la Révolution. Tous deux étaient monarchistes, mais se séparaient sur la branche à servir, légitimiste ou orléaniste. Ils n’avaient pas le même regard sur la Révolution, le légitimiste rejetait tout de la Révolution et l’orléaniste n’en rejetait qu’une partie.

Que Pierre Maindron ait conquis l’estime du châtelain de Linières et suscité du regret à sa mort, se comprend assez bien, malgré les divergences d’opinions politiques.

Ses liens familiaux avec la famille des meuniers, nommés aussi Maindron, sont confirmés par sa présence à Saint-André comme témoin d’un mariage le 2 juillet 1832, alors qu’il habitait à Linières (vue 340). La mariée s’appelait Thérèse Maindron, fille de François Maindron, farinier demeurant à la Gandouinière. Elle épousait Jean Richard de la Bourolière, fils d’une famille très éprouvée pendant la Guerre de Vendée.

C’est à Linières qu’il s’est éteint le 14 août 1850 (vue 11 sur le registre de Chauché), âgé de 84 ans. Son épouse y était morte l’année d’avant le 18 juin 1849 (vue 40). Et le 25 juin 1849 (vue 41) naissait à Linières un petit-fils, Jean Marie, fils de Marie Augustin Maindron, 46 ans, et de Jeanne Richard, 35 ans.


(1) Archives de Vendée, délimitation de la commune de Chauché en 1937 : 1 M 290.
(2) Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E 36, ferme du 9 janvier 1759 de la métairie de la Bleure.
(3) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/7, vente du 6-5-1774 d’héritages à Doullay de Jean Maindron laboureur (Bleure) à Jean Maindron journalier (Doullay).
(4) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 30, notes sur Pierre Maindron. Et Livre des recettes et dépenses de 1785 à 1789, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière, : 150 J/I 55.
(5) 7 Z 46-3, notes sur Pierre Maindron, combattant vendéen.
(6) René Valette, Une poignée de héros, (1902), dans Archives de Vendée, fonds du comte de Chabot. Le chroniqueur est un écrivain combattant de la cause royaliste, dans une époque de fortes tensions avec les gouvernements républicains. Il s’en suit une présentation militante, ajoutant des détails suggestifs invérifiable à des faits bruts recueillis par des témoignages vers le milieu des années 1800. La trame des faits est néanmoins crédible.
(7) Collectif dirigé par Alexis des Nouhes, Généraux et chefs de la Vendée militaire et de la chouannerie, 1887, réédition en 1980 no 230, page 109.
(8) G. Lenotre, Monsieur de Charrette, Hachette (1924), page 270.
(9) Souvenir Vendéen No 213 (décembre 2000).
(10) P. Gréau, Les armes de récompense aux vétérans des armées de l’Ouest, La Chouette de Vendée, 2019, pages 112, et 177.
(11) Archives de la Vendée, consulter bibliothèque numérisée, sélection thématique, guerre de Vendée, bibliothèque de Chabot, notices biographiques BR 118, page 6 (vue 6).
(12) 7 Z 64, les Montaudouin, arbre généalogique de Thomas René Montaudouin.
(13) Archives de la Vendée, don Boisson : 84 J 29. Voir aussi le répertoire du notaire Gabriel Benesteau de Sainte-Cécile, étude A, à la date du 28 frimaire an 14, vue 5.
(14) 150 J/F 32, échange du 24-12-1812, de deux petits lots fonciers au village de la Benetière (Chauché) entre Thérèse Montaudouin et Louis Piveteau.
(15) 150 J/A 11, 2 projets d’actes du juge de paix des Essarts pour la Brosse Veilleteau et la Veronnière.(16) Idem (6). 
(17) Archives de Vendée, notaires de Chavagnes, Bouron : 3 E 31/21, aide de Pierre Maindron à Pierre Cauneau pour payer un conscrit (30-3-1804).
(18) Merci à Pierre Cauneau, descendant de leur frère Jacques Jude Cauneau. Le 31-8-2017.
(19) Affaire François Bossard/Jacques Cauneau, suite à la plainte de Cauneau le 3 juin 1791, Archives de Vendée : L 1771.
(20) Archives de Vendée, recensement de Chauché en 1820, vue 13. Merci à Joseph Gris ne m’avoir donné la précision de la résidence à la Chapelle.
(21) Ferme du 26-9-1805 de la métairie de la Chapelle de Pierre Maindron, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/22.
(22) Bouron : 3 E 31/23, Résiliation du 30-3-1808 du bail de la métairie de la Chapelle de P. Maindron.
(23) Bouron : 3 E 31/23, Achat du 16-6-1807 de divers biens par Pierre Maindron.
(24) Bouron : 3 E 31/24, Achat du 20-9-1810 d’une moitié de borderie par Pierre Maindron.
(25) Bouron : 3 E 31/23, Acte du 16-12-1808 de propriété d’un cheptel par Pierre Maindron.
(26) Archives de Vendée, nomination des maires par le préfet, dossier 2 M 90.
(27) François Guizot, Histoire parlementaire de la France, discours de Guizot, Levy frères (1863) T3.
(28) Idem (5).


Emmanuel François
janvier 2010, et complété en août 2021











vendredi 15 janvier 2010

Les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d'Oie


Il me paraît nécessaire de compléter et rectifier les brèves informations que j’ai données dans mon livre au sujet des frères Cougnon, capitaines de paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie  au moment des guerres de Vendée. En effet, un article de la Revue du Souvenir Vendéen No 239 de juin 2007, apporte des précisions dont je n’ai pas eu connaissance à cette même époque où je commençais mes recherches sur Linières. Son auteur est Jérôme Biteau, et voici les précisions apportées dans son article : « Deux capitaines de paroisse : les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d'Oie »
D’abord il ne faut pas confondre les deux frères : Christophe et François.

Christophe Cougnon 


Il est né aux Essarts le 13 août 1761 (vue 21). Il est le fils de Jacques Cougnon (1733-1807) et de Marie Chacun, ces derniers étant natifs de Saint-André. Au jour du rachat de Linières par Mme de Lespinay en août 1796, Jacques Cougnon est noté dans l’acte comme fermier de la Guérinière.

Le grand-père de Christophe Cougnon s’appelait aussi Christophe, marié à Marie Chaillou en 1730. Il était né en 1706 dans une ferme de la Ridolière où son propre père, Jean Cougnon (1696-1727) était alors fermier et marié en 1695 avec Marie Bricou. Jean Cougnon était le fils de Pierre Cougnon et de Marie Pain.

Puis Jacques Cougnon avait quitté  la Ridolière avec son père pour prendre une métairie au village de la Grange aux Essarts, appartenant à Louis Gabriel de Lespinay, seigneur de Beaumont. Il y résidait en 1776 (1). Ensuite il vint s’installer à la Guérinière, qui dépendait du domaine de Linières, appartenant à Charles Augustin de Lespinay, neveu du précédent.

Christophe et François Cougnon eurent trois frères et trois sœurs. Le contrat de mariage de l’un d’eux, Jean, avec une cousine au 5e degré, Marie Cougnon, en 1778 est accessible par internet sur le site de la Vendée (2).

Au moment de la Révolution, Christophe, habitant la Guérinière, occupait les fonctions de régisseur à l’amenage (ensemble agricole dépendant d’un propriétaire unique) du château de Linières, selon Jérôme Biteau (3). Cette information n’est pas forcément en contradiction avec celle que je relate dans mon livre (page 107) avec l’enterrement du régisseur de Linières, Jacques Mandin. Ce dernier évènement date de février 1794 et on peut penser qu’il a succédé dans cet emploi à Christophe Cougnon, qui a été grièvement blessé en août 1793 et qui avait sans doute dû délaisser sa fonction à Linières. Et puis le mot régisseur employé plusieurs dizaines d’années après la guerre n’est peut-être pas à prendre au pied de la lettre. On ne le voit pas superviser son père, un des métayers de l’amenage. En tout cas il devait avoir des responsabilités à Linières. De toute façon, le domaine était sous séquestre depuis juin 1792, à cause de l’émigration de son propriétaire à la fin de l’année précédente (4). Il y avait eu nomination d’un gardien sur place et les fermages étaient aussi sous séquestre. Nous n’en savons pas plus, mais il est probable que les hommes de confiance du vicomte de Lespinay sur place, dont Christophe Cougnon, devaient ronger leur frein face à cette situation.

Celui-ci avait épousé le 25 janvier 1785, à Saint-André, Marie Madeleine You, dont il eut 6 enfants. Il avait un surnom : Tophliet, diminutif de Christophe dans le patois local..

La loi de réquisition du 24 février 1793 concernait les hommes célibataires ou veufs sans enfants de 18 à 40 ans. A cet égard, les deux frères Cougnon ne tombent pas sous le coup de la loi, étant tous deux mariés, contrairement à ce qui a été écrit. Chaque département devait répartir son contingent entre les districts, et ces derniers devaient en faire autant entre les communes. La ponction était lourde, concernant en moyenne 20 % des inscrits sur les listes. Normalement on commençait par ouvrir un cahier où pouvaient s’inscrire les volontaires. On pouvait aussi organiser une souscription à leur profit, et à celui des désignés si les premiers étaient en nombre insuffisant. Dans les villes ces souscriptions ont été parfois utiles, la misère épaulant le patriotisme pour susciter des volontaires ou adoucir le sort des désignés. Faute d’assez de volontaires on procédait au tirage au sort (comme jadis la milice) ou à un scrutin (5). Ces détails n’apparaissent pas souvent dans les livres d’histoire sur la Vendée, comme si le tirage au sort avait été la règle unique et obligatoire. Mais on comprend que le refus massif de se rendre à la convocation rend ces précisions superflues.

Le Coudray
Dans la nuit du 9 au 10 mars 1793, au moulin Briand, dit Dria (aujourd’hui totalement disparu, entre le bourg de Saint-André et le village de la Brossière), Christophe prononce un discours aux conscrits de la paroisse, réunis pour décider que personne n’irait au biet (tirer au biet, au billet, c’est à dire au sort). Celui-ci devait avoir lieu le lendemain dimanche 10 mars, qui marque en maints endroits de la région le début de l’insurrection vendéenne (6).

Les exemptions d’inscriptions sur la liste des inscrits au tirage au sort, au profit des membres des administrations des municipalités et districts, ainsi que des gardes nationaux sur place (perçus comme des ennemis par les paysans) furent très mal comprises. On a dit que le tirage au sort utilisé au temps de l’Ancien Régime, faisaient partie des pratiques rejetées, ce qu’on n’a pas pu vérifier dans les cahiers de doléances. Défendre une république haïe était impossible pour les jeunes de Saint-André. 

Le 11 mars, date très probable, une partie des conscrits assomment mortellement le maire de Saint-André, Guesdon, parce qu’il a donné la liste des jeunes gens à tirer au sort aux autorités. Le même jour, l’adjoint Marchand (au Plessis-le-Tiers) est également assommé.

La mardi 12 mars se produisit l’épisode appelé « complot » à la foire de l’Oie. On ne sait pas si des hommes de Saint-André y participaient, mais contrairement à ce qui a parfois été écrit, on est sûr de la date de l’évènement (6). On fit prisonnier quelques gendarmes.

Dans la nuit du 11 au 12 mars une seconde réunion des conscrits a lieu dans le pré de Rapine près du Coudray. Il porte ce nom dans le cadastre de 1838 (parcelle no 1 de la section E 2 de la Boninière, en nature de pré, située peu avant que le ruisseau venant du Coudray, qu’il longe, ne se jette dans le ruisseau du Vendrenneau). Tophliet, grimpé sur un chêne élagué, qu’on montrait encore dans les années 1950, fait un discours mobilisateur pour attaquer les bleus à Saint-Fulgent le lendemain. Il est acclamé comme chef. On devait prévoir que l’assassinat du maire et de son adjoint allait attirer l’arrivée des bleus.

Le 12 mars une colonne de 60 républicains envoyée de Fontenay et commandée par Charles Pierre Marie Rouillé, est attaquée à l’entrée du bourg de Saint-Fulgent. Ils avaient été envoyés par le directoire du conseil départemental de la Vendée pour combattre les rebelles dans le district de Montaigu (7). Parmi eux Laparra est fait prisonnier (8). Les documents disponibles ne disent pas qui commandait alors les révoltés. À cause de la suite on cite dans les livres Tophliet et ses hommes de Saint-André, et aussi ceux de Saint-Fulgent avec à leur tête l’aubergiste Lusson et Gautier, procureur de la commune.

Le 13 mars les révoltés vendéens, dont les hommes de Tophliet, attaquent Rouillé à nouveau, ce dernier renforcé par la garde nationale de Niort, et les dispersent jusqu’à l’Oie. La troupe républicaine aurait été de 200 hommes (version de l’abbé Charpentier, ou une centaine dans la version de l’abbé Deniau). D’autres récits retiennent le chiffre de 3 000 républicains mis en déroute à Saint-Fulgent (9). C’est apparemment exagéré. Pour Saint-Fulgent et Saint-André cette journée est souvent retenue pour dater le début de l’insurrection, ce qui peut se discuter.

Dès le lendemain 14 mars les volontaires de toutes les paroisses voisines se rassemblent à Saint-Fulgent sous les ordres du vieux chevalier de Royrand, (c’est le début officiel de l’armée du centre).

Le 19 mars suivant les troupes de ce dernier, comprenant les combattants de Saint-André-Goule-d’Oie regroupés autour de Christophe Cougnon, remportaient la première grande bataille, dite du Pont-Gravereau ou de la Guérinière (Saint-Vincent-Sterlanges), contre l’armée régulière du général Marcé. Sans même connaître cet évènement, la Convention, le même jour, décréta la peine de mort dans les 24 heures pour tous ceux qui prendraient part aux révoltes ou en arboreraient les insignes, désignant l’ennemi d’un mot : "la Vendée" (10).

Au mois d’août 1793, Christophe reçoit une balle au cours d’un incident dans la cour du château de Saint-Fulgent, où il passe pour mort (11). Mais il n’en est pas mort immédiatement comme cela a longtemps été raconté par plusieurs historiens. Et j’ai repris cette version dans mon livre sur Linières. Sa mort est attestée, portant la date du 17-4-1797, sur le registre d’état-civil de Saint-André-Goule-d’Oie au jour du mariage de son fils, Jean, en 1813 (12).

François Cougnon 


Il est né aux Essarts le 25 mars 1766. Il épousa Jeanne Loiseau, de quinze ans son aînée le 23 novembre 1790 à Saint-André. Il s’installa alors chez elle au Coudray.

Celle-ci était la fille de René Loiseau, marchand, qui avait acheté le logis du Coudray en 1767 de Charlotte de Puyrousset, veuve de Louis Corbier. Il rejoignit la communauté de biens formés entre sa femme et son frère Louis Loizeau, ce dernier marié en 1758 avec Marie Anne Godard (13). Louis Loizeau avait été élu fabriqueur de la paroisse de Saint-André-Goule-d'Oie en 1784 (14).

Jeanne et Louis Loiseau avaient une sœur, Marie, qui s’est mariée avec Jean Rochereau (1747-1805), dont le fils, Pierre, deviendra maire de Saint-André-Goule-d'Oie en 1835.

Charles Sapinaud de la Rairie
François a succédé à son frère comme capitaine de paroisse, après l’accident de ce dernier dans la cour du château de Saint-Fulgent en août 1793. Il avait participé depuis le début à tous les coups montés par son frère. Il avait la réputation d’un esprit moins vif et avec moins de gouaille. Il n’est pas parti dans la Virée de Galerne. En 1794 il rejoignit Sapinaud de la Rairie, qui regroupait des insurgés de l’ancienne armée du Centre, ayant Jean Aimé de Vaugiraud à ses côtés, un ancien officier de marine habitant le bourg de Saint-André-Goule-d'Oie. Le général de Royrand était mort en décembre 1793 dans la virée de galerne. Sapinaud de la Rairie organisa la résistance contre les colonnes infernales, souvent en liaison avec Charette. Dans une liste des officiers de la Vendée militaire publiée en 1887, on relève le nom de Cougnon, sans plus de précision entre les deux frères : « Cougnon, capitaine, 1793, de Saint-André-Goule-d'Oie » (15).

Au sujet de François Cougnon, on raconte une anecdote où est évoqué aussi le rôle exécrable de Benjamin Martineau, le futur habitant de Linières en 1799, beau-frère de Joseph Guyet. Dans la Revue du Souvenir Vendéen, est relaté l’épisode du « guet-apens de Saint-Fulgent » qui se serait déroulé le 25 janvier 1794. On peut lire : « Tous les royalistes de la contrée avaient été invités dans la maison du citoyen Martineau, maire de Saint-Fulgent, à assister à la plantation d’un arbre de la Liberté moyennant sauf-conduit et amnistie complète. Ce fut un piège : les portes du Grand-logis furent fermées et les royalistes présents interrogés. Sur les quarante enfermés dans la cour, quatre seulement réussirent à tromper la vigilance de leur geôlier, dont François Cougnon. Les autres furent enfermés à Chantonnay. Quelques-uns encore purent s’enfuir par une étroite fenêtre. Les derniers périrent à Fontenay au mois de février 1794. » À Legé, le général Turreau avait lui aussi utilisé le même procédé infâme, pour tuer quatre-vingt-dix hommes des paroisses de Falleron et Froide-Fond. Maurice Maupilier, historien de Saint-Fulgent, ne relate pas l’événement, affirmant que B. Martineau avait quitté Saint-Fulgent dès mars 1793 pour se réfugier à Fontenay et y revenir bien plus tard.

Cette histoire, probablement vraie, impute à Martineau une responsabilité qui ne lui est pas due. Il n’était pas maire à cette date, et habitait Luçon. Et on sait que ce n’est pas la seule « accusation » de la postérité à son encontre. Voir sa biographie publiée sur ce site en avril 2011 : Étienne Benjamin Martineau.

À la Restauration, François Cougnon reçut des mains du Préfet un fusil d’honneur au titre de capitaine au 2e corps d’armée de l’Ouest. Le capitaine de paroisse était le chef des insurgés de sa paroisse pendant la guerre de Vendée. Les officiers comme Charette ont ensuite organisé leurs armées en attribuant des grades plus conformes aux traditions militaires. La Révolution française avait en effet aboli toutes les décorations de l’Ancien Régime, mais sous la Convention, les généraux avaient pris pour habitude d’attribuer des armes d’honneur (fusil d’honneur, sabre d’honneur, ou encore tambour d’honneur) pour récompenser les actes de bravoure. C’était un usage aussi dans les armées du roi. Napoléon continua l’institution. Son fusil fut saisi par le nouveau gouvernement installé avec le roi Louis Philippe par la Révolution de 1830 (16). C’est qu’il était craint comme faisant partie des partisans de la branche renversée des Bourbons. Néanmoins la mesure fut générale et diversement exécutée.

François Cougnon reçut aussi des mains du comte de Suzannet, qui avait commandé le soulèvement vendéen de 1815, la décoration du lys « en témoignage de son amour et de sa fidélité envers la personne sacrée du roi ». Son compatriote de la Brossière, François Fluzeau, l'a reçu aussi le 1e janvier 1815. Et un autre habitant reçu un fusil d’honneur, attribué en 1817 et distribué en 1824 comme pour François Cougnon : François Chatry (17). Il avait été sous-lieutenant dans l’armée du Centre, division de Mouchamps, et était cultivateur. Il est décédé le 30 janvier 1820 à Saint-André (vue 165) et s’y était marié le 28 messidor an 12 (17-7-1804, vue 115) avec Jeanne Trotin. Il était le fils de François Chatry et Marie Chaigneau, et nous n’en savons pas plus. Les Chatry à l’époque étaient nombreux à la Forêt, la Bergeonnière, la Boninière, Saint-Fulgent, etc.

On connaît une part de la vie privée de François Cougnon avec les testaments, de lui et de sa femme en 1801 chez un notaire de Sainte-Cécile, puis en 1813 chez un autre notaire de Montaigu. Il en est de même avec les déclarations de succession de sa femme, lui et son fils. Ces informations intéressent plus sa famille que le grand public, et nous ne les reprendrons pas.
Stèle de François Cougnon

François Cougnon est mort à l’âge de 82 ans à St André le 15 décembre 1848 (vue 372), laissant un fils unique, également prénommé François, qui lui survécut 10 ans. Sa femme, Jeanne Loizeau était décédée à Saint-André le 4 décembre 1830 (vue 253).

Sa stèle funéraire est toujours visible au cimetière de Saint-André et une rue à l’entrée du bourg porte son nom.











(1) Archives historiques du diocèse de Vendée, bibliothèque, Patrick Molé, François Cougnon un capitaine de paroisse dans la guerre de Vendée, 1990, mémoire de maîtrise d’Histoire, Paris Sorbonne IV.
(2) Archives de  Vendée, notaires des Essarts, étude de (C) A. H. Verdon (1778), contrat de mariage de Jean Cougnon avec Marie Cougnon du 16-6-1778 (vues 69 à 71).
(3) Information donnée dans une lettre du petit-fils de Christophe Cougnon, nommé Jaud et demeurant à Chantonnay, reprise aussi par F. Charpentier dans son livre : Chez nous en 1793, Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen, 1096, page 261.
(4) Archives de Vendée, notaire Allard des Herbiers : 3 E 019, acte de notoriété du 12 germinal an 11 demandé par B. Martineau, (vue 202/492).
(5) Jacques Peret, Histoire de la Révolution Française en Poitou-Charente 1789-1799, Projets Éditions, Poitiers, 1988, page 165.
(6) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 46-2, les débuts de l’insurrection et l’année 1793.
(7) Compte rendu du directoire du conseil départemental de la Vendée du 24 fructidor an II (10-9-1794), sur les missions de Rouillé en mars 1793, Archives de Vendée : L 71, vue 10 (en ligne). 
(8) P. Gréau, Charles Aimé de Royrand et l’armée du Centte, Souvenir Vendéen, 2018.
(9) Idem (7).
(10) Alain Gérard, « Par principe d’humanité … » La Terreur en Vendée, Fayard, 1999, p. 56.
(11) J. Biteau, Deux capitaines de paroisse : les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d’Oie, dans la Revue du Souvenir Vendéen, no 239 juin, 2007, page 24.
(12) Archives de Vendée, état civil de Saint-André-Goule-d’Oie, mariage du 5-7-1813 de Jean Cougnon avec Aimée Mandin (vue 97).
(13) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12, acte de communauté des Loizeau du Coudrais du 23-11-1788.
(14) Voir l’article la fabrique de St André Goule d’Oie au 18e siècle publié en janvier 2013 sur ce site, page 2.
(15) Collectif dirigé par Alexis des Nouhes, Généraux et chefs de la Vendée militaire et de la chouannerie, 1887, réédition en 1980 no 230, page 100.
(16) P. Gréau, Les armes de récompense aux vétérans des armées de l’Ouest, La Chouette de Vendée, 2019, page 108.
(17) Ibidem, pages 108, 176 et 190.

Emmanuel FRANCOIS, tous droits réservés
Janvier 2010, complété en septembre 2023

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