jeudi 13 juin 2013

Découverte d’un poète vendéen, Marcel de Brayer

À Linières était un trésor, non pas fait de pièces d’or. Il n’était pas enfoui sous terre, ni caché dans quelque souterrain secret. Il était recouvert de poussière bien sûr, mais rangé dans des archives sur une étagère. C’est un trésor qu’on partage : la poésie de Marcel de Brayer.

Ce dernier, châtelain de Linières, n’a publié que 1 500 vers, dont les deux tiers une semaine avant de mourir à l’âge de 33 ans, en 1875. Sans héritier direct, il a été oublié avant même d’avoir eu le temps de se faire une notoriété. Et pourtant, Lamartine disait qu’il signerait volontiers ses vers.

L’oubli n’est pas étonnant si l’on se rappelle que l’héritier de Marcel de Brayer fut son grand-oncle, le peintre Amaury-Duval, de trente-quatre années plus âgé que lui, décédé sans descendance. Et les héritiers du peintre furent des cousins au cinquième degré, morts sans postérité eux-mêmes. Quant au dernier propriétaire du château de Linières, étranger à la famille, il l’a laissé se démolir en 1912.

Mettre à la disposition du public une anthologie de la poésie de Marcel de Brayer s’imposait naturellement, une fois découvert ce trésor, il y a peu.  

Le jeune comte de 1870 a dû croiser mon trisaïeul à la sortie de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, sans un mot pour lui probablement, n’étant pas de ses métayers. Comment croire que Jean François, âgé alors de 81 ans, enfant rescapé de la guerre de Vendée, et bordier demeurant au village de la Boninière, ait pu imaginer un instant que son petit-fils viendrait s’installer à Linières en 1912 après la démolition du château ? Et comment croire que l’un de ses arrière-arrière-petit-fils écrirait un livre, pour faire connaître les poèmes de ce jeune châtelain ? Impensable naturellement, et que de distances en effet ! Mais l’étude historique possède un mérite précieux : elle s’affranchit des distances ; et le récit historique choisit celle qui lui plait. J’ai pu compter les sous et les maîtresses du jeune comte, mais aussi noter ce qu’il a fait pour sa commune, apprécier son intelligence et savourer ses dons d’artistes. Et puis je suis né à Linières, où les lieux sont des paysages que j’ai découverts à sa suite. Alors, pour bien des raisons j’avais envie de faire connaître cet homme et son œuvre. Pour oser m’aventurer dans les espaces peu fréquentés de la poésie, j’ai eu la chance de bénéficier des encouragements de Jean François Tessier. Il a écrit la préface de ce livre. Découverte d’un poète vendéen : Marcel de Brayer, c’est sous ce titre que je viens de le publier sur le site d’édition internet : www.lulu.com. Pour y accéder directement : http://lulu.com/spotlight/efrancois

On peut se le procurer par internet chez lulu.com et aussi chez Amazon.fr
C’est la première fois que ces vers sont mis à la disposition d’un large public depuis leur première édition, il y a près de cent quarante ans. On sera frappé par le naturel et la sincérité des sentiments exprimés. On rencontre le poète dans les registres les plus variés, simples ou élevés, toujours avec sensibilité et finesse. Comme dans la poésie classique, il idéalise la nature et exalte l’amour sentimental, mais on le surprend rarement dans les lieux communs habituels de l’expression et de la morale. C’est qu’il est toujours sincère, nous laissant voir sa vérité de jeune homme blessé, cachée derrière les apparences trompeuses de la fortune et des mondanités, comme le fait remarquer J. F. Tessier. Un don habite ce jeune homme, avec ses doutes, car il a longtemps hésité avant de publier.

Marcel de Brayer a d’abord été parisien, puis il a hérité du domaine de Linières comprenant une quinzaine de métairies dans la région des Essarts et de Saint-Fulgent. Petit-fils du député des Herbiers, Guyet-Desfontaines, et du général de Napoléon, Michel de Brayer, il a été élu à 28 ans maire de Saint-André-Goule-d’Oie (1870-1875).

À côté du bourg de cette paroisse, mais sur la commune de Chauché, il a fait édifier un château à Linières au style raffiné. La décoration intérieure de ses murs a constitué l’œuvre majeure du peintre Amaury-Duval, son grand-oncle. Malheureusement le château a été démoli en 1912.

Le livre rappelle d’abord l’histoire de ses ascendants, engagés dans le siècle : les Chassériau, Guyet-Desfontaines et de Brayer. Puis il présente l’enfance endeuillée du petit Marcel et sa jeunesse dorée. Il fait aussi le récit de sa courte vie d’adulte, ordonnée principalement autour de son mandat de maire de Saint-André-Goule-d’Oie de 1870 à 1875, de la construction du nouveau château de Linières et de son œuvre poétique.

Le plaisir de la lecture, avec le souci de représenter la diversité de l’œuvre, m’a guidé dans le choix des quatorze poèmes ou extraits de poèmes offerts aux lecteurs. On y découvrira l’essentiel de la poésie de Marcel de Brayer tout à la fois dans les sentiments et dans les idées exprimés, ainsi que dans les formes adoptées.

À cause de leur intérêt propre, le livre se termine par la reproduction de son journal de voyage en Italie en 1874 et de son journal personnel en janvier et février 1871, en pleine guerre franco-prussienne.

La consultation des archives de la Société Eduenne des Lettres, Sciences et Arts à Autun, m’a fourni la documentation la plus abondante sur la vie personnelle et l’œuvre littéraire de Marcel de Brayer. C’est à Autun que se trouvait le trésor de Linières. Cette documentation fait partie du fonds Amaury Duval, conservé au musée Rolin de cette ville de Saône et Loire.

Je souhaite en même temps souligner l’importance qu’a constituée pour mes recherches l’outil internet. Même si beaucoup de documents écrits restent à numériser, j’ai pu accéder à nombre d’entre eux déjà. S’agissant de la famille de Brayer, que d’erreurs et de fausses pistes m’ont ainsi été offertes pour reconstituer les itinéraires individuels ! Mais l’augmentation du nombre de documents disponibles a permis des recoupements. J’ai pu aussi entrer en contact avec des internautes qui m’ont apporté des informations toujours essentielles : Véronique Noël-Bouton-Rollet, auteure d’une thèse sur Amaury-Duval, Nathalie Chassériau, Denis Lesueur, Denis Guilloteau, Paul David. Le moteur de recherche des Archives de Vendée et l’importance de ses documents à disposition en ligne constituent un modèle dans son domaine et un atout formidable. Une part du contenu de ce livre trouve son origine dans internet. Sa fabrication et sa diffusion auraient été impossible sans lui.

Voici le sommaire de l’ouvrage :

Préface de Jean François Tessier ………………………...
  
Avant-propos …………………………………………….
  
Des ancêtres engagés …………………………………….
Une enfance endeuillée …………………………………..
Une jeunesse dorée ………………………………………
Le nouveau château de Linières …………………………
Le maire de Saint-André, passionné de politique ……… .
Le poète ………………………………………………….
Anthologie de la poésie de Marcel de Brayer ……………
. L’amour piqué ……………………………………
. L’imitation ……………………………………..…
. Un fruit ……………………………………………
. Le rendez-vous …………………………………..
. Mon âme ………………………………………….
. Une prédiction …………………………………..
. Ma pensée ………………………………………..
. Souvenir de voyage ……………………………..
. La muse et le poète ………………………………
. Un vœu ……………………………………………
. Le givre …………………………………………...
. La statue ………………………………………….
. La muse en fuite ………………………………….
. Les aigles de Tyr ………………………………...
 
Le voyage en Italie ... ……………………...…………….

Le journal personnel de 1871 ………………………...….

Notes ……………………………………………… ……

Sommaire ………………………………………… ……..


Pour terminer j’ai plaisir à reprendre ces vers de L. Aragon que vient de m’envoyer une internaute ayant contribué au récit sur la vie de Marcel de Brayer :

                                                        "Son regard embellit les choses
                                                         Et les gens prennent pour des roses
                                                         La douleur dont il est brisé"
  

Emmanuel François, tous droits réservés