dimanche 1 novembre 2015

Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1595-1649)

Étang de Jarrie à Saligny
C’est en 1561 que le seigneur de Saint-Fulgent acquit des droits seigneuriaux sur la Chevaleraye, la Boutinière et la Javelière à Saint-André-Goule-d’Oie. Par la suite ses successeurs se revendiquèrent seigneur des lieux à part entière, en concurrence avec les successeurs du vendeur : les seigneurs de Languiller (Chauché). Le conflit dura deux siècles, jusqu’à la veille de la Révolution ! Commençons par faire connaissance avec l’acquéreur et le vendeur. En 1561 le seigneur de Saint-Fulgent s’appelle Gilles Chasteigner.

Les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller en 1561


Depuis que Jeanne Drouelin, fille du dernier des Drouelin seigneur de Saint-Fulgent, s’était mariée en 1365 avec Jean Cathus, le château de Saint-Fulgent  était devenu une résidence secondaire pour son propriétaire. Dès la génération suivante, la seigneurie de St Fulgent passa par mariage en 1380 dans la famille, originaire de la banlieue nantaise, des « Rezay » (Rezé). Celle-ci avait acquis les seigneuries de la Merlatière, de la Raslière (jouxtant le bourg de la Merlatière), et de la Jarrie (Saligny), vivant dans cette dernière terre, proche des deux premières et du château actuel de Rortheau.

Ces terres dépendaient du baron des Essarts, avec qui les Rezay se fâchèrent pour une question de droit de chasse. L’affaire alla loin, et en 1503 le parlement de Paris enleva les trois seigneuries de la Merlatière, Jarrie et Raslière de la mouvance des Essarts pour les rattacher directement au roi, lequel les mit dans la mouvance du duché de Thouars. Cinq générations après son entrée chez les Rezay de la Merlatière, la seigneurie de Saint-Fulgent changea de mains par mariage. En effet, Michelle de Rezay, dame de Saint-Fulgent, épousa vers 1500 Jean de Chasteigner.

Les Chasteigner habitaient Saint-Denis-la-Chevasse, où ils étaient seigneurs du Petit Châtenay (proche du bourg vers l’ouest). Ils y demeuraient toujours en 1618, ou bien à Jarrie à d’autres époques. C’est le petit-fils de Michelle de Rezay, Gilles Chasteigner, qui reçut en donation en 1560 un droit de retrait sur des redevances féodales dues à la Chevaleraye, la Boutinière et la Javelière. Était-ce une vraie donation, c'est-à-dire sans aucune contrepartie ? Il semble que oui, mais cette donation est bien particulière.

Dans la réunion des trois États du Poitou pour l’adoption de la coutume du comté, le procès-verbal du 15 octobre 1559, mentionne Gilles Chasteigner, seigneur de Saint-Fulgent, représenté par maître Louis Petit (1). Gilles Chasteigner avait épousé le 21 janvier 1555 Gabrielle de la Nouhe au château de Puy-Greffier. Celui-ci était situé à quatre kms du château de Saint-Fulgent, ce qui veut dire que les liens avec les seigneurs de Puy-Greffier allaient plus loin que ceux d’un bon voisinage. Quant au donataire des droits seigneuriaux, il était marié à Jeanne du Bouchet, fille du seigneur de Puy Greffier. Il s’appelait Jules de Belleville.

Les Belleville sont originaires d’Angleterre, venus dans le Poitou se battre contre les Français pendant la Guerre de Cent Ans. Leur ancêtre, Jean Harpedanne, changea de camp et se mit au service du roi de France. Son fils reçut par mariage les terres de Montaigu et Belleville. Son petit-fils prit pour lui et sa descendance le nom de Belleville. Deux générations après, Jean IV de Belleville (1480-1547) épousa vers 1506 Jacquette de Sainte-Flaive, qui lui apporta en dot les seigneuries de Sigournais, Chantonnay et Languiller. Trois de leurs petits-enfants se succédèrent dans la possession de la seigneurie de Languiller ensuite. D’abord l’aîné des petits-fils, Claude de Belleville. Quand il mourut vers 1563 à l’âge de 56 ans à Sigournais, il avait des frères et sœurs plus jeunes que lui, et c’était alors une règle propre au pays du Bas-Poitou, que d’attribuer le fief féodal aux branches collatérales au décès de l’aîné. Et au décès du dernier de la fratrie, le fief revenait aux descendants du frère aîné. C’est ce qu’on appelait dans la coutume du Poitou le droit de viage et retour pour les biens immeubles nobles (2). Après Claude, la seigneurie de Languiller passa ainsi à sa sœur Suzanne, mariée à Charles de Coucys, puis à Jules de Belleville.

Celui-ci était né avant 1528, probablement à Saint-Thomas-de-Conac en Gironde où ses ancêtres avaient acheté la seigneurie de « Cosnac ». Puis, devenu seigneur de Languiller, il vint y habiter, au point que certains de ses contemporains lui donnèrent le surnom de « Languiller ». Sa résidence a même été qualifiée de « Chauché les Bordeaux », selon l’historien Guy de Raignac.

Anciennes ruines du château de Puy-Greffier 
à Saint-Fulgent 

Naturellement il trouva sa femme à proximité, au château de Puy-Greffier, et il épousa en premières noces Jeanne du Bouchet. Nous n’avons pas son certificat de baptême, mais celle-ci est vraisemblablement  fille de Charles du Bouchet, seigneur de Puy-Greffier, et de sa première femme, Jeanne du Bellay. Parmi ses parents on trouve son oncle Tanneguy du Bouchet, célèbre chef protestant tué en 1569 à la bataille de Moncontour, réputé pour sa rigueur morale et sa bravoure. On a Lancelot du Bouchet, aussi farouche capitaine que son oncle dans le camp protestant, un demi-frère de Jeanne. Rappelons qu’il y eut huit conflits armés entre 1562 et 1598 en France, appelés guerres de religion par les historiens, opposant protestants et catholiques. Beaucoup de nobles de la région prirent le parti protestant, notamment les Bouchet de Puy-Greffier et les Bertrand de Saint-Fulgent, et aussi Jules de Belleville, le baron des Essarts restant catholique.

Jules de Belleville batailla avec Tanneguy et Lancelot du Bouchet. En 1567, il escorta le prince de Condé dans sa fuite de Verneuil à la Rochelle. Il fut un temps gouverneur de Fontenay-le-Comte, ville prise par Soubise. En 1575 il est à la Rochelle, où il constitue comme procureur spécial devant un notaire de la ville, Me René Daviau, pour le représenter dans une vente de droit de rachat du fief de la Blaire, paroisse de l’Airière, devenue la Ferrière (3). Il n’eut pas d’enfant avec Jeanne du Bouchet, comme avec sa seconde épouse Anne Goulard.

C’est lui qui vendit les droits seigneuriaux dépendant des seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud, dans beaucoup de tènements et fiefs de Saint-André-Goule-d’Oie. Il était propriétaire de ces seigneuries, gérées alors comme des annexes de Languiller, et avait besoin d’argent.

Le seigneur de Saint-Fulgent acquiert en 1561 les droits seigneuriaux sur la Boutinière, Chevaleraye et Javelière


La donation de Jules de Belleville en 1560 au seigneur de Saint-Fulgent concerne un droit de retrait sur des droits seigneuriaux déjà vendus les années d’avant. Le don n’est donc pas coûteux pour le donataire, et le seigneur de Saint-Fulgent a dû payer le même prix que l’acquéreur précédent pour rembourser ce dernier. Dans l’acte notarié le don est motivé par « les bons et agréables plaisirs que lui a par ci-devant faits ledit Chasteigner, et qu’il espère qu’il lui fera à l’avenir » (4). Nous avons relevé qu’en 1557 Gilles Chasteigner avait représenté Jules de Belleville dans la vente des droits de fief du Pin et de la Baritaudière (Saint-André), étant son fondé de pouvoir à cette occasion (5). Ils étaient amis et se rendaient des services. Faut-il insister sur cette relation d’amitié, valeur forte à cette époque, dont le sens est à restituer dans des catégories de pensée quelque peu différentes des nôtres ? Ce n’est pas avec cette simple phrase qu’on peut explorer plus avant ces mœurs du 16e siècle. Mais entrons dans le détail des acquisitions.

Jules de Belleville a d’abord fait trois ventes au même acquéreur, Pierre Crespeau, marchand demeurant au bourg de Saint-Fulgent. On a déjà vu ce dernier servir de banquier à des habitants de la Machicolière.

Archives de la Vendée : extrait du contrat à Crespeau du 26-6-1559
La première vente du 1e mai 1554 concernait une rente de 40 boisseaux de seigle et 4 ras d’avoine à prendre sur le village de la Chevaleraye, pour le prix de 120 livres. Une clause particulière de réméré avait été inscrite dans le contrat. C’est une formule juridique, qui existe toujours dans notre code civil, par laquelle le vendeur se réserve de reprendre la chose vendue, moyennant la restitution du prix principal à l’acquéreur. C’est une sorte de vente à l’essai, désormais très peu pratiquée à cause de l’inventivité des banquiers pour résoudre les difficultés financières des vendeurs. Et c’est cette faculté de rachat, ou droit de retrait, que Jules de Belleville a donné à Gilles de Chasteigner. Il aurait pu la lui vendre, mais il la lui donna, même si son prix n’aurait pas été élevé. D’ailleurs il vendit cette faculté de retrait aussi pour le Pin et la Baritaudière.

Le réméré avait l’avantage de pouvoir être exercé par quiconque, alors qu’existaient dans le droit féodal d’autres facultés de retrait, mais limitées dans la définition des bénéficiaires. Ainsi le retrait féodal pouvait être exercé par le seigneur d’un bien vendu dans sa mouvance, prescrit par 30 ans. Le retrait lignager pouvait être exercé par le parent du vendeur pendant un an et un jour après la vente.

Dans la deuxième vente du 25 juillet 1554, Jules de Belleville vendit les droits de terrages à prendre au village de la Boutinière. Il les tenait au titre de la seigneurie des Bouchauds, relevant de la baronnie des Essarts, avec qui, de plus, il partageait ces terrages.

La troisième en date du 26 juin 1559 a fait l’objet d’un acte de vente passé devant Arnaudeau, notaire de Saint-Fulgent, d’une rente noble, foncière, féodale, perpétuelle due à titre de cens de 3 septiers et demi de seigle, mesure des Essarts, rendables au logis de Languiller chaque année. Elle était due par les propriétaires de la Javelière pour 48 boisseaux, et par ceux du tènement attenant de la Roche Herpière pour 8 boisseaux. Pierre Crespeau achète cette rente pour le prix de 220 livres. Son origine remonte à Jeanne des Bouchauds, qui l’avait vendue à la seigneurie du Coin Foucaud, celle-ci possédée en 1599 par le seigneur de Belleville, à une date non indiquée mais remontant plus tôt, à la fin du Moyen-Âge.

Les deux dernières ventes ont fait aussi l’objet d’une clause de rachat éventuel. Et par donation faite par acte notarié du 13 décembre 1560, le seigneur de Languiller à transmis au seigneur de Saint-Fulgent cette faculté de rachat. En même temps il donnait encore 5 sols de rente à lui due par les teneurs de la Javelière à noël, plus 2 sols 6 deniers à la Saint-Jean-Baptiste, et une dîme annuelle de 2 agneaux.

Et enfin, par une dernière clause, le seigneur de Languiller donne encore à celui de Saint-Fulgent « tous droits de fiefs à lui appartenant sur les choses mentionnées par les contrats ci-dessus » (6). C’est sur cette dernière phrase citée que les successeurs des seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent vont se battre pendant deux siècles. Pour les premiers elle voulait dire que l’acquéreur possédait les biens nobles qu’étaient les rentes, cens, et terrages, mais le vendeur gardait la mouvance et le droit de fief, pour lequel il rendait hommage au seigneur suzerain des Essarts. Pour les deuxièmes, elle voulait dire que l’acquéreur possédait la mouvance et le droit de fief, devenant le véritable seigneur de la Boutinière, la Chevaleraye et la Javelière.

Le seigneur de Saint-Fulgent mit en œuvre la faculté de retrait en effet peu de temps après le contrat de donation, en 1561, car cette faculté était bien sûr limitée dans le temps, « le temps de la grâce », disait-on. C’était une durée définie dans chaque contrat à cette époque. La locution est obscure pour les non-initiés, suivant une solide habitude des jurisconsultes, mais emprunte de poésie, une fois n’est pas coutume. Gilles de Chasteigner entra donc en possession des cens, rentes et autres devoirs seigneuriaux, en dédommageant Pierre Crespeau.

Dans les actes de vente à ce dernier, Jules de Belleville s’était réservé un devoir de 5 sols de cens qui lui était dû à noël, en précisant que les droits seigneuriaux vendus étaient tenus sous l’hommage qu’il en faisait au suzerain des Essarts en tant que seigneur du Coin Foucaud, dont dépendaient les tènements de la Chevaleraye et de la Javelière. Ce devoir au montant symbolique matérialisait le lien féodal maintenu sur ces deux tènements par Languiller.

Logis de Languiller
La vente au tènement de la Boutinière n’avait pas été faite avec cette clause particulière de devoir de 5 sols. Le tènement dépendait de la seigneurie des Bouchauds, appartenant elle aussi en partie à cette époque à Jules de Belleville en tant que seigneur de Languiller. Et cette seigneurie des Bouchauds, dépendait elle-même du baron des Essarts, qui en avait vendu une partie seulement. On a là une situation compliquée, si l’on veut.

Les notions de redevances seigneuriales et de directe seigneurie


La querelle pour savoir qui de Languiller ou de Saint-Fulgent possédait le droit de fief ou « directe seigneurie », comme on disait à l’époque, sur ces trois villages, comportait un enjeu financier et un enjeu politique. L’enjeu financier résidait principalement dans le droit de lods et ventes, appelé aussi « ventes et honneurs ». C’était le paiement par le nouveau propriétaire (par achat, succession ou dot) d’un bien immeuble, d’1/6 de sa valeur en Poitou, au seigneur direct. Ce droit avait été instauré il y a longtemps pour que les domaines fonciers concédés à bail, puissent être transmis par les tenanciers. Il représentait le droit de propriété lui-même.

L’enjeu politique, lié au statut même de seigneur, avait perdu de son importance réelle au fil du temps, grignoté par la montée en puissance des prérogatives royales. Mais voyons les mots employés, inscrits dans les formules immémoriales des notaires. Quand en 1635 le seigneur de la Rabatelière acheta les seigneuries de la Jarrie, Merlatière et Raslière, le notaire énuméra ainsi la consistance des biens : « châteaux, chefs d’hommage, fiefs, maisons et préclôtures, terres, châtellenies et seigneuries de la Jarrie, Merlatière et Raslière, hommes, vassaux et sujets tant nobles que roturiers en le bourg de Saligny, Boulogne et autres… » (7). Les hommes étaient donc des sujets compris dans les biens vendus. Sauf qu’en réalité la condition de serfs avait disparue depuis bien longtemps en Poitou et qu’il ne faut pas lire le texte avec nos définitions contemporaines des mots. Mais il est intéressant à connaître pour comprendre l’organisation de la société.

Dans le Poitou il y avait très peu de terres libres, appelées alleux. En dehors des biens d’Église, les domaines étaient tenus noblement ou roturièrement, dans le premier cas par foi et hommage et aveu, et dans le deuxième cas par simple déclaration, toujours faits au seigneur de qui les domaines étaient tenus. La nature du bien déterminait le rapport entre les hommes, un noble pouvant tenir un bien roturier et un roturier pouvant tenir un bien noble, et un ecclésiastique pouvant tenir un bien noble ou roturier.

La Raslière au bourg de la Merlatière
Les jurisconsultes du Moyen Âge avaient inventé une conception de la propriété divisée en deux notions, à la fois distinctes et associées, un peu comme de nos jours le sont la nue-propriété et l’usufruit. La première était la propriété « éminente » du seigneur, de qui était tenu le bien, justifiant les droits seigneuriaux. La deuxième était la propriété « utile » du tenancier du bien, qui l’exploitait, en touchait les revenus et le transmettait par vente ou héritage ou dot ou don. La suppression des droits seigneuriaux alla de pair avec une nouvelle conception de la propriété, toute exclusive au profit du tenancier ou « teneur » du bien. Intellectuellement cette suppression fut donc une révolution, même si ce mot a un sens plus large pour les historiens. On comprend que la propriété moderne fut érigée en droit de l’homme en 1789, mettant fin à un millénaire de propriété féodale.

La seigneurie ou droit de directe seigneurie, ou droit de fief, ou droit de mouvance, entraînait le droit de juridiction foncière automatique en Poitou ou juridiction basse au minimum (article 17 de la coutume). Et quiconque avait droit de juridiction avait droit de tenir assise (article 18 de la coutume), c’est à dire de convoquer les propriétaires devant une cour de justice pour y « exhiber » (communiquer) leurs contrats d’achats et y faire leurs aveux ou déclarations roturières. La propriété éminente emportait donc droit de justice, exercé par le propriétaire et non par un tiers. Le seigneur pouvait aussi exercer son droit de saisie féodale par « puissance de fief », (confiscation des revenus du bien concédé en cas de défaut de devoirs dus par le vassal), mais cette fois-ci dans des cas et conditions de plus en plus contrôlés par la justice royale au fur et à mesure qu’on avance dans le temps.

Pour employer des concepts contemporains, on peut dire en simplifiant que la féodalité était une société politique où les seigneurs avaient acquis des prérogatives politiques à titre privé. Cette civilisation féodale, développée dans les États de l’ancien empire de Charlemagne et l’Angleterre, a évolué, chacun à sa manière suivant les pays, pour libérer son espace politique des tutelles seigneuriales. Par ailleurs vivant dans la confusion du temporel et du spirituel, cette civilisation a évolué, là aussi chacun à sa manière, vers la séparation de la vie religieuse et de la sphère politique.

Dans un premier conflit vers 1600, le seigneur de Saint-Fulgent recule


Revenons en 1561. Le seigneur de Saint-Fulgent a donc franchi le ruisseau du Vendrenneau et est devenu propriétaire sur le territoire de la paroisse de Saint-André de droits seigneuriaux à la Boutinière, avec ses moulins, à la Chevaleraye et à la Javelière. Que s’est-il passé ensuite ? Les documents légués à la postérité par la seigneurie de Languiller, les seuls qui sont parvenus jusqu’à nous, ne commencent qu’en 1595. Nous en faisons le constat partout ailleurs à Saint-André-Goule-d’Oie. De plus, les premiers aveux d’importance conservés actuellement, concernant la seigneurie de Languiller elle-même et celle du Coin Foucaud, ne sont que des copies de texte datés de 1550. Il a existé un cartulaire du Coin comprenant des textes antérieurs du 15e siècle. Ils ont fait l’objet de transcriptions au 19e siècle par Charles Constant Gourraud, notaire de Chavagnes-en-Paillers, désigné « manuscrit Gourraud » par A. de Guerry, qui y a eu accès et en a pris des notes. À son époque Gourraud note le cartulaire « en mauvais état » déjà. Le manuscrit Gourraud est en partie conservé aux Archives départementales de la Vendée dans le fonds Mignen.

Le 7 juillet 1595, un notaire des Essarts rédige et signe une déclaration roturière au seigneur de Languiller pour le compte de Maurice Rabereul. Ce dernier habite au Coudray et possède en indivision le tiers d’un moulin à vent à la Boutinière. Pour cela il doit « 2 sols 6 deniers de cens par an rendables en votre châtel du lieu de Languiller en chacune fête de Saint-Jean-Baptiste », et aussi « 2 chapons que prend et a accoutumé lever le seigneur baron des Essarts » (8). Souvenons-nous que la Boutinière dépendait de la seigneurie des Bouchauds, dont les revenus étaient partagés par moitié entre son propriétaire (Languiller) et son suzerain (les Essarts).

Porche de l’ancienne église de Belleville
À cette date la déclaration est rendue à « messire Léonor Chabot de Saint-Gelais chevalier seigneur de Jarnac au nom et comme tuteur ordonné par écrit de la personne et biens de demoiselle Marguerite de Belleville, comtesse de Cosnac, Belleville et Languiller ». Celle-ci était sous la tutelle du deuxième mari de sa tante, Marguerite de Durfort-Duras, cette dernière ayant épousé en premières noces un de ses oncles, Philippe de Belleville. Elle était devenue dame de Belleville et Languiller à la suite de son père, Charles de Belleville (1540-1583), qui lui-même avait succédé à Jules de Belleville. Charles de Belleville était le fils aîné du frère aîné de Jules de Belleville, Claude de Belleville (1507-1563). Néanmoins toutes les possessions de Languiller ne lui appartenaient pas, certains domaines étant toujours restés à la veuve de Jules de Belleville, Anne Goulard, faisant partie de son douaire probablement.

Marguerite de Belleville se maria peu de temps après cet aveu avec Emmanuel des Prez, marquis de Villars, dit de « Savoie » à cause de sa mère, celle-ci étant la fille d’Honorat II de Savoie, ayant épousé en 2e noces le chef de la Ligue catholique après 1588, Charles de Mayenne. Ce mariage consacrait le retour des Belleville dans les rangs catholiques, où combattait le mari.

Malheureusement la jeune mariée mourut sans postérité le 3 septembre 1599. Son mari vendit Belleville, Languiller et ses fiefs annexes (Les Bouchauds, le Coin Foucaud, etc.) en 1604 à une habitante de Fontenay-le-Comte, Marie du Fou. Au final, celle-ci récupéra semble-t-il tous les domaines ayant fait partie du Coin Foucaud et des Bouchauds.

En 1607, le seigneur de Saint-Fulgent fit à cette dernière une offre de foi et hommage pour ses droits à la Boutinière (9). Il s’agit de Jacques Bertrand « fils émancipé de Christophe Bertrand écuyer seigneur du Chastenay fils aîné et principal héritier de défunte demoiselle Charlotte Chasteigner ». Cela veut dire qu’il n’avait pas encore 25 ans. Il était le petit-fils de Gilles Chasteigner, le bénéficiaire de la donation de 1560. Sa mère s’était mariée en 1579 avec Christophe Bertrand, descendant d’une famille ancienne de nobles, ayant habité dans un village de Chauché, maintenant Saint-Denis-la-Chevasse, la Roche Boursaut (10)  liée avec les gentilshommes verriers du même nom établis à Dompierre-sur-Yon.

Jacques Bertrand était aussi seigneur en 1618 de la Vergne-Ortie, (acquise de la famille de Saint-Savin), située à Chauché, année où le seigneur de la Rabatelière lui rendit un aveu pour ses possessions dépendant de la métairie de la Fesselière, et incluses dans le tènement de la Landouinière de Chauché (11).

En 1600 la seigneurie de Saint-Fulgent était passée à René Aubert, seigneur de Garnaut, époux de Jeanne Chasteigner, la sœur de Charlotte Chasteigner. Dès 1606 elle revint à Jacques Bertrand, fils de cette dernière. Mais le changement ne fut définitif que par un acte de partage des biens avec Jeanne Chasteigner, fille puînée de Gilles Chasteigner, le 2 mars 1624.

L’acte de foi et hommage de Jacques Bertrand en parchemin de 1607 n’est pas totalement lisible à cause d’une grande tache en son milieu, mais on comprend qu’un problème existe entre le vassal et le suzerain. L’offre d’hommage est faite sous condition d’une main levée de biens saisis. Une allusion à un hommage antérieure à Anne Goulard, la deuxième épouse de Jules de Belleville est en partie indéchiffrable. Il y a un problème, même si on ne comprend pas bien de quoi il s’agit. Il a peut-être été aplani trois semaines plus tard, si l’on en croit l’aveu rédigé par Arnaudeau, le notaire de Saint-Fulgent, fait par le même Jacques Bertrand à la même Marie du Fou.

La Boutinière
Il y affirme qu’il « tient et avoue tenir à foi et hommage plain et à rachat quand le cas y advient par muance (changement) d’hommes selon la coutume du Poitou » les choses qui suivent : les droits de terrage à la Boutinière sur des champs qu’il énumère s’élevant au 1/6 des récoltes, les rentes de 40 boisseaux de seigle et 4 ras d’avoine à la Chevaleraye et trois septiers une mine de seigle, deux agneaux et autres droits sur la Javelière. Nous reconnaissons les redevances acquises en 1561, mais on remarque une précision : sur ces choses « ledit Bertrand tient et avoue tenir tout droit de basse juridiction et choses qui en dépendent » (12). Voilà qui consiste à affirmer sa seigneurie directe sur ces trois villages. Cet aveu a donc été « blâmé et rejeté » par Marie du Fou (13).

Et pendant ce temps comment réagissaient les tenanciers des biens roturiers ou censifs ? Dans une déclaration roturière de 1606, rédigée par deux notaires des Essarts, ils sont sept importants propriétaires à déclarer leurs domaines et les droits seigneuriaux auxquels ils sont assujettis. Leurs domaines sont situés à la Boutinière et à la Chevaleraye, mais aussi sur deux petits tènements voisins : les Suries et les Bruères (Voir les articles publiés en septembre 2015 : La Boutinière à St André Goule d'Oie, et octobre 2015 : La Chevaleraye et la Javelière). Pierre et Maurice Rabereul, Michel Chatry, Jacques Robin, Nicolas Cougnon, Florence Bergereau veuve de François Chatry, et Paynaud, déclarent leurs redevances dues au seigneur de Languiller.

Pour le tènement de la Boutinière dépendant des Bouchauds, ces « devoirs », comme on disait aussi, sont partagés par moitié entre Languiller et le baron des Essarts : 40 sols à la Saint-Jean-Baptiste, 4 boisseaux de seigle à la mi-août, 32 ras d’avoine à noël et 4 sols de rivage à Notre-Dame de septembre. Les teneurs rappellent le droit de terrage qu’ils payent au baron des Essarts et au seigneur de Saint-Fulgent par moitié.

Pour le tènement de la Chevaleraye dépendant du Coin Foucaud, les propriétaires déclarent pour mémoire la rente due au seigneur de Saint-Fulgent. Pour le tènement des Suries, dépendant aussi du Coin, ils déclarent une rente de 20 boisseaux de seigles, due alors à l’un des teneurs : Rabereul. Ce dernier la vendra plus tard à Pierre Moreau, son voisin du Coudray. Et pour le tènement des Bruères, dépendant aussi du Coin, on déclare une rente de 16 ras d’avoine due au seigneur de Languiller (14). Dans cette déclaration roturière, chaque seigneur est reconnu pour ses droits respectifs et ne s'y révèle pas de querelle entre eux.

Celle-ci apparaît après le rejet de l’aveu du seigneur de Saint-Fulgent au seigneur de Languiller en 1607. Aux assises de Languiller du début 1611, le premier reçut l’injonction de présenter une nouvelle déclaration. Il risquait la saisie et s’y résolut dans un texte du 8 juin 1611 (13). Et il cède du terrain, même s’il y rappelle, après avoir énumérer ses redevances et ses domaines, que ceux-ci sont tenus « avec tous droits de fiefs sur lesdites choses et lieux », faisant référence ensuite à la donation de 1560. Mais il qualifie son texte de « déclaration noble ». L’expression désignait la déclaration de biens nobles tenus sans foi et hommage du déclarant, qui n’était ni un aveu (pour des biens nobles tenus à foi et hommage par le déclarant), ni une simple déclaration roturière (pour des biens non nobles). Dans cette déclaration noble, le déclarant avouait tenir son bien noble sous l’hommage que rend son seigneur dominant (ici Languiller) au suzerain du fief (ici les Essarts). Par ces deux mots de « déclaration noble », le seigneur de Saint-Fulgent reculait dans ses prétentions à la possession de la seigneurie directe sur la Boutinière, la Chevaleraye et la Javelière. Celle-ci ne pouvait être déclarée en effet que dans un aveu.

Dans cette déclaration, le seigneur de Saint-Fulgent n’a toujours pas atteint l’âge de sa majorité et il a pour représentant spécial le notaire de Saint-Fulgent, maître Michel Arnaudeau. En face de lui, il y a la puissante Marie du Fou et ses conseillers de la baronnie de Mareuil, où elle séjournait quand elle n’était pas à Fontenay-le-Comte. Faisons connaissance avec elle.

Son père, François du Fou, avait été gouverneur et capitaine de la ville et château de Lusignan en 1531. Chef influent du parti huguenot, il rejoignit le prince de Condé à Orléans puis changea de camp. Il fut chargé plus tard par le roi Charles IX d'obtenir la soumission des Rochelais, mais il ne put aboutir.

Émilien Rorthay de Monbail : 
Ruines du château de la Boulaye
(Musée municipal de Fontenay-le-Comte)
Marie du Fou, qui avait deux sœurs, épousa d'abord en 1577, René de Talensac, seigneur de Loudrière, dont elle eut 2 enfants : René (marié en 1602 avec Françoise de Coligny, petite-fille de l’amiral), et Louise de Talensac (mariée en 1596 à René de La Lande) (15)Devenue veuve, Marie du Fou se remaria au temple de la Rochelle le 30 décembre 1585 avec Charles Eschallard, baron de Châteaumur et seigneur de la Boulaie (Treize Vents). Avec lui elle eut cinq enfants, dont l’aîné Philippe, qui lui succéda dans la possession de la seigneurie de Languiller.

Charles Eschallard fut un ami d’enfance du roi de Navarre. Il a été gouverneur de Fontenay et pays du Bas-Poitou dans le camp protestant de 1585 jusqu’à sa mort en 1594, et vice-amiral de Guyenne. Henri IV le couvrit d’honneurs et de récompenses : chevalier de l’ordre du roi, capitaine de 50 hommes d’armes de ses ordonnances, « conseiller du roi en tous ses conseils » et chambellan de sa majesté. Il mourut en juin 1594, en pleine reconquête du Bas-Poitou par les protestants.

Marie du Fou possédait en propre les terres et seigneuries de Champdolent (Charentes maritimes), Tour d’Oiré (Vienne) et Gauvinière. Elle avait l’usufruit des biens de son mari, Châteaumur et la Boulaie principalement. Après son achat de Belleville et Languiller, elle acheta en 1605 la baronnie de Mareuil et de la Vieille Tour. Elle était riche, énergique, habile et lettrée. Elle était en outre considérée non seulement parmi ses coreligionnaires, mais aussi chez les catholiques. Elle mourut à Mareuil le 12 août 1612.

Son fils, Philippe Eschallard, succéda à son père officiellement au poste de gouverneur de Fontenay avant sa majorité. Mais en réalité un lieutenant exerçait la fonction à sa place. On était au temps des offices publics, achetés et héréditaires. Sa mère Marie du Fou recevait les aveux et déclarations au nom de son fils, comme tutrice.

Rubens : couronnement de Marie de Médicis
Celui-ci fut lieutenant d’une compagnie de gendarmes de la reine Marie de Médicis, et « conseiller du roi en ses conseils d’État » (16). Il se maria avec Marie Hurault en 1604, fille de François et de Rachel de Cochefilet, celle-ci remariée ensuite au futur duc de Sully. Philippe Eschallard mourut tôt à Loudun le 13 avril 1616. Il avait eu Maximilien, Louise (mariée à Gabriel du Quesnel, marquis d’Allègre, sans enfant), Marie et Marguerite (religieuses par lettre de cachet au moins pour l’une d’elle). Ils étaient toujours protestants, et avec la disparition d’Henri IV les conflits reprirent. Les protestants devinrent de plus en plus en butte aux persécutions du pouvoir royal (17).







En 1614 le seigneur de Saint-Fulgent est seigneur de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière 


Après le décès de son mari, Marie Hurault le remplaça pour recevoir les aveux et déclarations au nom et comme tutrice de son fils aîné Maximilien Eschallard.

Tout se passe comme si le seigneur de Saint-Fulgent en profita pour pousser son avantage. En 1614 il a atteint l’âge de la majorité et reçoit une déclaration de trois meuniers habitant le Coudray, et propriétaires d’un des deux moulins de la Boutinière. Il s’y affirme seigneur des fiefs de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière (18). Certes, le seigneur de Languiller n’étant pas présent à l’acte, la manœuvre est facile. Et nos trois déclarants, Pierre Netraud, Maurice Rabereul et Pierre Ardouin n’avaient pas à s’occuper de la querelle des seigneurs.

En 1617, le seigneur de Saint-Fulgent demanda un délai, qui lui fut accordé, à l’Assise de Languiller, pour faire sa foi et hommage à Marie Hurault (19). Puis dans son aveu de 1618 il maintint sa position. Il fait écrire le texte par son notaire de Saint-Denis-la-Chevasse. Il y avoue tenir noblement ses domaines dans les trois tènements en question de Saint-André-Goule-d’Oie, « à foi et hommage plain et à rachat …. et à 6 deniers de service payables annuellement en chacune fête de Notre-Dame en août ». Ce n’est plus une déclaration noble, mais un aveu et dénombrement. Imperturbable, il énumère ses droits et leur provenance du don de 1560, comme un vrai possesseur de biens nobles que seraient devenus les tènements de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière (20).

On ne connaît pas la réaction de Marie Hurault, et si elle émit un blâme comme l’avait fait sa belle-mère Marie du Fou sept ans plus tôt en 1611. On n’est pas sûr qu’elle se soit impliquée elle-même dans l’affaire. Elle affermait, comme c’était l’usage chez les nobles, sa seigneurie de Languiller et les seigneuries annexes des Bouchauds et du Coin à un bourgeois. C’est ce dernier qui gérait les droits seigneuriaux. Il payait un prix fixe convenu d’avance avec le seigneur, payable annuellement, et se chargeait sur la base du terrier et des papiers censaires, où tous ces droits étaient inscrits, de recouvrer les redevances. Au besoin il engageait des poursuites judiciaires à ses frais (Voir l’article publié sur ce site en mars 2014 : La ferme des Essarts (1570-1577). On a trouvé chez un notaire de Fontenay-le-Comte un bail à ferme en date du 4 juillet 1622, d’une durée de cinq années pour les seigneuries de Languiller, le Coin Foucaud et les Bouchauds. Le fermier est Michel Daviceau, sieur du Chiron, et le prix à payer est de 2 100 livres par an. C’est à lui qu’avaient affaire la presque totalité des habitants de Saint-André-Goule-d’Oie pour payer leurs droits seigneuriaux.

Ce n’est pas le fils aîné de Marie Hurault, Maximilien Eschallard, nouveau seigneur de Languiller et fiefs annexes, qui s’impliqua davantage à défendre ses droits face au seigneur de Saint-Fulgent. Lui aussi fut gouverneur et capitaine de Fontenay, puisque l’emploi était héréditaire. Il se converti au catholicisme, mais il n’est pas sûr qu’il faille donner à l’évènement une dimension religieuse profonde. Les pressions du roi devenaient de plus en plus fortes pour forcer les protestants à l’abjuration. Il y allait de leur maintien dans les emplois publics, par exemple. Dans son Rapport au roi sur l’état du Poitou, Colbert de Croissy écrit en 1664 : « Le marquis de La Boulaye, chef du nom d'Eschallard, a bien 30,000 livres de rente en fonds de terre en Poitou. Il est catholique et un des plus intéressés et échauffés au dessèchement des marais du Poitou. Il a épousé (1633) la fille du duc de Bouillon La Marck, qui a été seule cause qu'il a pris le méchant parti pendant les premiers troubles. De ce mariage il a deux enfants : l'aîné adopté par ledit feu seigneur de Bouillon, qui lui a fait porter le nom de comte de La Marck, qui a épousé une Saveuse, de laquelle il a eu de grands biens ; mais ils sont présentement séparés. Le second est appelé le chevalier de La Boulaie. »

P. Mignard : portrait deMazarin 
(musée de Chantilly)
Les troubles évoqués ici sont ceux de la Fronde qui opposa une partie de la noblesse et le parlement de Paris à Mazarin, premier ministre du royaume.
Le prévôt des marchands et les échevins de Paris demandèrent à Maximilien Eschallard, le 9 janvier 1649, de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre de l'amener dans la capitale. Mazarin avait fui la capitale et emmené la reine-mère et le jeune roi se réfugier à Saint-Germain quelques jours auparavant. Eschallard s'empressa d'obéir, et devint l'un des chefs les plus turbulents de la Fronde. Il fut même accusé d’avoir voulu assassiner le grand Condé sur le Pont Neuf.
Il vendit Languiller, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans la longue histoire des relations tumultueuses des seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent.

À suivre.






(1) Charles du Moulin, Le grand coutumier général, 1576, tome 2, Édition Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général du Poitou, 1724, page 820.
(2) Archives de Vendée, G. de Raignac 8 J 100, dépouillement d’archives publiques et privées concernant les familles vendéennes vol. 4 vue 27 à 29/238.
(3) 150 J/A 12-7, abonnement du 25-6-1567 des droits de rachat du fief de la Blaire, tenu sous l’hommage de Languiller, au profit de Louis Chauvière, sieur de Beaupuy.
(4) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40, donation du 13-10-1560 du droit de retrait par Jules de Belleville à G. Chasteigner concernant la Boutinière et autres.
(5) 150 J/G 14, requête du 7-2-1697 de Marie Gazeau au tribunal de Fontenay, concernant le droit de fief du Pin.
(6) 150 J/G 40, donation de 1560 de J. de Belleville et aveu de Saint-Fulgent (Bertrand) en 1618 à Languiller à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds pour les biens donnés.
(7) 150 J/B 3, acquisition du 25-8-1635 de Jarrie, Merlatière et Raslière par échange entre la Rochefoucauld et le seigneur de la Rabatelière.
(8) 150 J/G 58, déclaration roturière du 7-6-1595 de Maurice Rabereul à Languiller pour un moulin à vent de la Boutinière à cause du fief des Bouchauds.
(9) 150 J/G 40, offre de foi et hommage du 22-11-1607 de Saint-Fulgent à Languiller pour la Boutinière, mouvante des Bouchauds.
(10) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 18-2, notes sur les Bertrand de Saint-Fulgent et de la Grassière.
(11) 150 J/C 24, aveu et dénombrement du 4-6-1618 de Charles Bruneau, seigneur de la Rabatelière, au seigneur de Saint-Fulgent, Chastenay et Vergne Ortie (Jacques Bertrand), à cause du fief de la Vergne Ortie (Chauché), pour raison du tènement de Landouinière (Chauché).
(12) 150 J/G 40, aveu du 15-12-1607 de Saint-Fulgent à Languiller pour droits à la Boutinière, Chevaleraye et Javelière, à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(13) 150 J/G 40, avis du 18-12-1713 actant un blâme du seigneur de Languiller sur l’aveu de 1607, et, aveu du 8-6-1611 de Saint-Fulgent à Languiller à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(14) 150 J/G 58, déclaration roturière du 1-6-1606 de 7 teneurs à la Boutinière, Chevaleraye, Suries et Bruères à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(15) Laurent Blanchard, À La Rochelle entre sa foi et son roi, Monsieur de Loudrière (c.1580-1628), Éditions Ampelos, 2018, page 11 et s.
(16) 150 J/G 113, aveu du 9-9-1622 de Sébastien Masson à Languiller pour la Jaumarière et les Ségoninières.
(17) Eugène et Émile Haag, La France protestante, 1853, tome 4, page 543.
(18) 150 J/G 58, déclaration roturière du 2-7-1614 de 3 teneurs à Saint-Fulgent pour un moulin à vent de la Boutinière à cause des fiefs de la Chevaleraye et Boutinière (sic).
(20) 150 J/G 40, aveu du 27-3-1618 de Saint-Fulgent à Languiller pour ses droits seigneuriaux sur la Boutinière, Chevaleraye et Javelière.

Emmanuel François, tous droits réservés
Novembre 2015, complété en janvier 2023

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jeudi 1 octobre 2015

La Chevaleraye et la Javelière


de la Boutinière à la Chevaleraye
Pour aller à la Chevaleraye, venant de Saint-Fulgent, on emprunte la route à gauche immédiatement après le Pont-Boutin. Toutes les maisons donnant sur cette route sont neuves. Du style le plus économe à celui plus recherché, leur architecture reste simple. Une richesse se laisse voir avec les pelouses, les haies, les fleurs et les arbres, impeccablement entretenues, celle du travail bien fait. Bientôt on tourne à gauche, et les maisons du village de la Chevaleraye apparaissent toutes proches. On remarque des bâtiments anciens à coté de maisons neuves. Il en est de même à peine un kilomètre plus à l’est au village de la Javelière. Peuvent-ils témoigner encore des temps anciens ?

On en doute, mais pour la bonne cause. Il n’y avait pas de manoir ni de moulin à eau, et les chaumières d’antan avaient vocation à laisser la place aux maisons neuves ou d’être entièrement rénovées. Mais une fois au bout du village de la Chevaleraye, les prés dévalent une pente raide vers le ruisseau tout proche, et de vieux arbres ombrageux se relaient ici entre eux depuis un temps immémorial. La nature y forme un cadre préservé, intime, où l’on entend le plus souvent, dans un petit murmure, l’écoulement de l’eau sur les pierres du ruisseau, et le bruissement du vent dans les feuilles des arbres. Réservé aux habitants proches, il garde intact leurs souvenirs.

Quelques propriétaires de la Chevaleraye


Le tènement de la Chevaleraye, dépendant de la seigneurie du Coin Foucaud, était confronté aux terres des tènements de la Boutinière et de la Javelière, par le ruisseau du Vendrenneau et le chemin de Saint-Fulgent à Sainte-Florence.

En 1618, on a découvert les mêmes propriétaires qu’à la Boutinière, dans une liste probablement incomplète. Mais quelques dizaines d’années plus tard, on trouve Pierre Moreau sieur du Coudray, qui y avait acheté en indivision avec les Cougnon la moitié des terres des Rabereul, formant une borderie. Avec une autre borderie à la Ridolière, les deux étaient estimées à 1 473 livres en 1726 (1). Les Rabereul étaient une famille des Essarts, comme on voit dans une déclaration roturière en 1666 à la Barette (Essarts), des terres à la Rabretière appartenant à « maître François Rabereul sieur de la Chevaleraye » (2).

Vers 1715, on voit Jean Trastour, sieur du Chêsne et apothicaire aux Essarts, faire « quelques acquisitions » à la Chevaleraye (3). Il était marié avec Gabrielle Merland, elle aussi des Essarts (4). Son petit-fils, Jean Charles Trastour, deviendra procureur syndic du district de Montaigu en 1795 (Voir le Dictionnaire des Vendéens sur le site internet des Archives départementales). Et en 1773, c’était Modeste Coutant, demeurant au bourg des Essarts, qui était propriétaire d’une borderie à la Chevaleraye. Elle était l’héritière de Marie Trastour, fille de Jean Trastour ci-dessus, qui avait épousé Louis Coutant, sieur de la Gemonière, et demeurant au Bois Goyer à Vendrennes (5). Un Trastour avait été fermier de la seigneurie de la Barette en 1667 (6).

Moulin à foulon
Le seigneur du Coudray, Toussaint Menanteau, y possédait en 1606 un « petit masureau ou foulon et autre maison appelée la Chautoir » (7). Les moulins à foulon se sont répandus en France à partir du 13e siècle, permettant le travail des étoffes à l’aide de la force motrice des moulins, grâce à l’invention de l’arbre à cames. Il s’agissait de dégraisser, d’assouplir et de resserrer les tissus avec la frappe automatique de maillets. Ils étaient pour cela déposés dans une auge circulaire, mêlés à de la terre spéciale, de l’argile à foulon, et autres ingrédients comme du saindoux ou de l’urine. Cette mécanisation par les moulins avait remplacé le foulage avec les pieds par les « foulonniers », qui durait des heures (8).

Il parait étonnant que dans sa déclaration de 1606, Toussaint Menanteau ne déclare pas un moulin à eau, mais une simple maison où on y pratiquait le travail de foulon sans indication de la technique utilisée. Le progrès mécanique du Moyen Âge avait-il pénétré jusqu’à la Chevaleraye à cette date ?

Toussaint Menanteau possédait aussi une « petite pièce de terre ainsi qu’elle est enclose de haie et fossé contenant 8 boisselées ». Pour ces trois biens il devait au seigneur du Coin Foucaud un cens d’un chapon, chaque année à la fête de Saint-Jean-Baptiste.

La métairie de la Chevaleraye et Jean Abraham de Tinguy


Nous avons plus d’informations sur la métairie de la Chevaleraye. Elle était déjà constituée depuis au moins le 14e siècle, quand nous avons repéré en 1701 son propriétaire, Jean Corbière sieur de la Coussay, demeurant à Beaurepaire. Il possédait aussi la métairie de la Boutinière, et nous avons raconté l’histoire de ses propriétaires, qui ont été les mêmes, dans notre article du mois précédent sur la Boutinière.

La métairie de la Chevaleraye devait contenir 17,5 hectares en 1796. Elle faisait 24 hectares au moment de l’établissement du cadastre napoléonien en 1838. Quelques uns de ses champs se trouvaient sur les tènements voisins de la Boutinière, des Suries et des Bruères. Comme à la Boutinière, subsistaient à côté d’elles les nombreuses pièces de terres et prés constituant des petites borderies.

Le plus ancien propriétaire de cette métairie que nous connaissons est Philippe Paineau, sieur de la Garnerie. Il la céda dans un échange de biens au début du 17e siècle à un nommé Thireau et Ardouine Gilbert sa femme. Et ceux-ci la vendirent le 22 janvier 1624 à Jacob Arnaudeau, bourgeois demeurant au bourg de Saint-Fulgent, pour 2 800 livres. Le métayer s’appelait alors Antoine Cougnon (9). Sur cette famille Arnaudeau de Saint-Fulgent, voir l’article publié sur ce site le mois dernier : La Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie. Le fils de Pierre et de Marguerite Arnaudeau, Jean Corbière, sieur de la Coussay hérita de la métairie. Il est mort et a été inhumé à Beaurepaire le 23-7-1705 à l’âge de 45 ans (vue 48), emporté par la maladie.

La métairie de la Chevaleraye fut acquise ensuite par Abraham Tinguy de la Sauvagère avec celle de la Boutinière le 24 mai 1747 pour 4950 livres ensemble (voir l’article sur la Boutinière). Il l’afferma à Jean Boisselier et François Drapeau de la Roche Mauvin le 27 mai 1759 (10).  En 1771 la métairie était affermée à prix d’argent pour 240 livres par an rendables à terme annuel échu, pour 5 ans (11). Le bailleur demeurait alors au Coudray.

Le dernier propriétaire de la métairie de la Chevaleraye avant la Révolution s’appelait Jean Abraham de Tinguy, et nous nous attarderons sur lui, car il est venu y habiter vers 1751, déclarant un autre domicile à Saint-Fulgent (de 1748 à 1750, puis de 1757 à 1761), puis au Coudray ensuite (1766-1771 de manière avérée). C’est pourquoi on explique le décès au Coudray d’une parente de sa femme, Anne Florence Bruneau le 20 janvier 1771 à l’âge de 70 ans (vue 12 sur le registre de Saint-André). Il s’est ensuite retiré au moins vers 1778 à la Giroulière (Rabatelière), d’où sa femme était originaire.

la Chevaleraye
Appartenant à la noblesse, on chercherait néanmoins en vain les traces d’un manoir dans le village de la Chevaleraye, tout simplement parce qu’il n’a vraisemblablement pas existé. Peut-être sa maison ressemblait-elle à celle de la Roussière de Saint-Fulgent, où logeaient les Royrand, eux aussi de famille noble. Pompeusement appelée logis, celle-ci était une maison en murs de pierres grises apparentes et toit de tuiles, sur deux niveaux : quelques pièces en enfilade au rez-de-chaussée et des greniers à l’étage. Leur standing et leur taille différenciaient ces logis des maisons plus petites, en toit parfois recouvert de végétal séché, des autres habitants du village. Mais, vu d’aujourd’hui, on a pitié de toutes ces habitations, logis des nobles compris.

Des anciens dans les années 1970 se souvenaient de vieux bâtiments dans le village appelés « logis », et aujourd’hui disparus. Il y avait une plaque de cheminée marquée d’une fleur de lys, ce qui aurait signifié la marque des Tinguy. Leurs armes portaient bien en effet « d'azur à quatre fleurs de lys posées deux et deux » (12).

Jean Abraham de Tinguy fonda la branche de la Giroulière de la famille Tinguy, alors que son frère, Charles Auguste, est l’auteur de la branche des Tinguy du Pouët. Celui-ci s’installa à la Clavelière de Saint-Fulgent aussi au 18e siècle. Parmi les descendants de cette dernière, on trouve le maire de Saint-André en 1830, alors que son père et son frère furent aussi maires à Saint-Fulgent. Ces deux branches étaient issues de la même branche de Vanzay de la famille Tinguy.

Jean Abraham de Tinguy, seigneur de la Sauvagère (Saint-Laurent-de-la Salle), épousa à Chauché le 18 janvier 1746 (vue 6 sur le registre paroissial accessible sur le site internet des Archives de la Vendée) Perrine Bruneau, dame de la Giroulière. Leur premier enfant, Charles Henri, naquit le 13 janvier 1747 au château de Boisreau (Chauché), chez la sœur de Jean Abraham, Louise Henriette de Tinguy. Celle-ci était mariée avec Joseph de Villequoys, seigneur de Rambervilliers. L’enfant mourut à l’âge de 9 ans à la Chevaleraye. Son frère René Abraham, né à Saint-Fulgent en 1748, ne survécut qu’une année. D’autres enfants naquirent à la Chevaleraye et à Saint-Fulgent. Voir les concernant l’article publié sur ce site en août 2018 : La famille de Tinguy à Saint-André-Goule-d’Oie.

       Avec un autre propriétaire du tènement de la Chevaleraye, Abraham de Tinguy fit une reconnaissance de rente au chapitre de Luçon, chez le notaire de Saint-Fulgent le 24 juin 1773 (13). La rente foncière annuelle et perpétuelle était de 12 boisseaux de seigle (environ 2 quintaux), « mesure réduite des Essarts ». Elle était due « à cause de leur prieuré de Chavagnes les Montaigu » (Chavagnes-en-Paillers). En remontant dans le temps on peut comprendre cette précision. Cette rente a été donnée probablement au Moyen âge peut-être par le seigneur du Coin Foucaud, dont relevait la terre de la Chevaleraye, aux moines de l’abbaye de Luçon, qui desservaient le prieuré de Chavagnes, comme ceux aussi de Chauché et des Essarts (14). L’abbaye devint évêché en 1317, et le chapitre de la cathédrale de Luçon fut créé par sécularisation de ses moines, devenant chanoines, en 1469. Ensuite les prieurés comme celui de Chavagnes, avec les biens qu’ils possédaient, furent donnés comme prébendes aux chanoines de Luçon. Un chanoine était le curé primitif du prieuré-cure de Chavagnes, et le curé de Chavagnes sur place était son vicaire perpétuel. La rente sur la Chevaleraye faisait donc partie des biens immenses possédés alors par le chapitre de Luçon.

Concile de Trente réunit dans l’église 
Santa Maria Maggiore
À cette occasion il faut rappeler que l’Eglise préférait les dons sous forme de rente perpétuelle, plutôt que les pensions. Celles-ci l’auraient rendue trop dépendante du bon vouloir des donateurs. C’est donc la rente qui a été choisie au Moyen Âge pour financer, sous le nom de « bénéfices ecclésiastiques », la majorité des fonctions ecclésiastiques, tant séculières que régulières. Le concile de Trente avait rappelé la consigne : « Il n’est pas bien séant que ceux qui sont admis au service de Dieu soient, à la honte de leur profession, obligés à la mendicité ou contraints de gagner leur vie par un emploi sordide ».

Jean Abraham de Tinguy mourut à la Giroulière, âgé de 75 ans, le 18 mars 1784, et fut inhumé le lendemain dans le cimetière de la Rabatelière en présence de messieurs de Royrand et de Vaugiraud (vue 23).

On se souvient qu’après son décès, sa veuve, Perrine Bruneau, vendit les deux métairies de la Boutinière et de la Chevaleraye à Agnan Fortin en 1789. Pour cela, c’est sa fille Henriette qui la représenta pour signer l’acte de vente à Saint-Fulgent chez le notaire. Perrine Bruneau habitait toujours à la Giroulière quand elle avait vendu auparavant, en 1784 au même Fortin, deux boisselées de terre à la Boutinière (15). Elle est décédée dans le bourg de Chavagnes en 1792, où elle était venue habiter à partir de 1786.

Agnan Fortin eut des démêlés avec les autorités républicaines à cause de l’émigration de son fils aîné dans le camp royaliste. On évalua ses possessions pour faire un partage entre les siennes et celles revenant à son fils et qui étaient confisquées. C’est ainsi que la métairie de la Chevaleraye est évaluée vers 1796 d’une surface totale de 144 boisselées (17,5 hectares). Ses trois pièces de vigne totalisent 18 boisselées, les cinq prés 12,25 boisselées et les 12 champs de terre labourable 112 boisselées. On a un revenu annuel bien faible de 158,5 Francs (valeur 1791). Certes, les bâtiments n’ont pas de valeur, car totalement brûlés pendant la guerre de Vendée (maison, toit, grange et galerie). Les jardins contenant 1,5 boisselée font un revenu de 6 francs de revenu annuel, et chaque boisselée de pré est évaluée 3 francs, mais la boisselée de vigne, et terre labourable est évaluée 1 franc, sauf la boisselée de « terre mauvaise » à 10 sols (16). On a tiré les valeurs vers le bas, semble-t-il, et peut-être a-t-on oublié quelques champs, cela s’est vu ailleurs. 

Confisquée à cause de l’émigration de son fils aîné et toujours sous séquestre au début de l’année 1797, Agnan Fortin afferma la métairie de la Chevaleraye à l’administration municipale du canton de Saint-Fulgent, le 12 germinal an V (1-4-1797), et la sous afferma le 16 août 1797 à Jean Soulard, pour 320 F par an (17). Il en recouvra la propriété dans les mois qui suivirent.


Deux héros de la Guerre de Vendée nés à la Chevaleraye


La Chevaleraye connut deux héros de la Guerre de Vendée : François et René Girard, dont les parents sont originaires. On sait que la commune de Saint-André-Goule-d’Oie perdit environ 300 de ses habitants dans les batailles et les opérations d’extermination. On n’a pu repérer qu’une cinquantaine de morts, à cause de la disparition des états-civils. Évoquer les Girard est donc au moins une façon de ne pas oublier toutes ces victimes inconnues.

Leurs parents, Nicolas Girard et Marie Boisselier, se sont mariés à Saint-André le 25 novembre 1760 (vue 25). Ils ont habité à la Chevaleraye de 1760 à 1774, où sont nés six de leurs enfants. En 1776 ils déménagèrent à la Boutinière, où naquirent leurs trois derniers enfants, et où mourut le père Nicolas Girard, le 26 février 1793. Ce dernier avait loué en communauté avec son beau-frère, Jean Boisselier, la métairie de la Boutinière appartenant à Abraham de Tinguy.

René Girard est né à la Chevaleraye et il est mort à l’âge de 30 ans, à la bataille de Savenay le 23 décembre 1793, comme son compatriote du village de la Forêt, Pierre François Cougnon.

Son jeune frère François Girard est né à la Boutinière le 16 octobre 1776. Dans un livre du comte de Chabot publié en 1892, on peut lire le passage suivant le concernant (18) :

  Pierre-Narcisse Guerin :
Henri de la Rochejaquelein (1816)
musée de l'Histoire de France
« Il n’avait que 17 ans, quand lui aussi passa la Loire. Après le désastre du Mans, la Rochejaquelein lui confia une lettre pour Charette. Quinze jeunes gens de ses amis partirent avec lui ; arrivés sur les bords de la Loire, après avoir couru mille dangers, ils furent assez heureux pour rencontrer un jeune batelier qui consentit à les passer sur la rive gauche. Après une marche de vingt-quatre heures, ils arrivèrent à Tiffauges : ils tombent sur un poste républicain, le mettent en fuite et s’emparent de leur pain de munition, fort à propos du reste, n’ayant pas mangé depuis deux jours. De là ils passent par la Brallière (Boulogne) où ils rencontrent MM. de Montsorbier qui les accueillent avec empressement et les font reposer avant d’aller les conduire au camp de Belleville où se trouvait Charette. Pendant ce périlleux trajet, Girard avait reçu cinq blessures, deux coups de baïonnette : un à la main droite, et l’autre au ventre,  et trois coups de sabre à la tête et aux deux bras. »

On sait que François Girard avait reçu la mission d’aller porter une lettre à Charette, où La Rochejaquelein lui demandait de venir secourir les Vendéens dans la Virée de Galerne. Elle arriva trop tard.

François Girard s’est marié à Saint-Fulgent le 9 février 1808 (vue 210) avec Françoise Boudeau. Le 31 janvier 1831, il se remariera à Saint-André avec Marie Anne Malidin. Il est alors noté comme cultivateur à la Boutinière, mais on sait qu’il participa aux guerres de Napoléon, étant notamment en Russie lors de la retraite de la Bérézina. Il avait 22 ans quand fut instaurée par la loi Jourdan de 1798 la conscription militaire obligatoire pour tous les jeunes Français de 20 à 25 ans. On n’a pas son livret militaire, mais c’est à cause d’elle sans doute que François Girard fut enrôlé dans l’armée. À cet égard il faut remarquer que lors des premières levées de conscrits par Napoléon, le département de la Vendée se montra plus patriote que la moyenne. On n’y compte qu’un seul déserteur en 1805, pour une moyenne d’environ 22 % pour toute la France (19). Pourtant beaucoup d’historiens continuent d’affirmer que la Vendée ne réintégra le giron national qu’avec la première guerre mondiale. Cette erreur semble puiser sa source dans le préjugé qui assimile le sentiment national d’appartenance au seul camp né de la Révolution française. Sa naissance s’enracine dans l’idée de nation symbolisée par la première victoire républicaine de Valmy contre les puissances coalisées. Les constructions idéologiques sur la guerre de Vendée brouillent une juste vision de la réalité, en oubliant que le patriotisme révolutionnaire ne constitue pas la totalité du patriotisme français, comme s’il était nécessaire de penser le sentiment patriotique pour l’éprouver (20). François Girard est venu habiter au Clouin, village où il finit sa longue vie en tant que journalier, puisqu’il y est décédé en 1860 (vue 67). Dans ses récits il vouait un culte à ses deux héros : Charette et Napoléon. Un enfant du village a écrit l’avoir entendu raconter son histoire. Il s’agit de l’abbé Charpentier, né en 1847, qui rapporte ses souvenirs dans un article de la Revue du Bas-Poitou en 1905, intitulé : « Un ancien de la grande guerre, le père Girard ». Le texte est accessible par internet sur le site des Archives de Vendée (21), et nous recommandons sa lecture pour mieux connaître ce « grand vieillard d’esprit simple et de foi robuste, dont la masure en ruines livrait passage à tous les vents ». Voir aussi notre article évoquant l’abbé Charpentier publié en septembre 2018 : Le Clouin à Saint-André-Goule-d’Oie.

Les redevances seigneuriales à la Chevaleraye


Revenons aux propriétaires sur le tènement de la Chevaleraye. Ils devaient au seigneur de Saint-Fulgent une rente annuelle fixe de 40 boisseaux de seigle (6,8 quintaux) et 4 ras d’avoine (70 kg) à la mesure des Essarts (22). On observe là encore que le mot « ras » utilisé en 1618 était devenus « boisseau » en 1779, pour désigner la même mesure de l’avoine (23). Il est à remarquer l’absence de droit de terrage, fait inhabituel à Saint-André-Goule-d’Oie, où ce droit pesait significativement (1/6 des récoltes). Mais la rente en céréales est importante, ceci expliquant cela. Le droit de terrage avait l’avantage d’être proportionnel aux récoltes, donc moins pénalisant dans les mauvaises années.

Nous aurons l’occasion de raconter prochainement l’histoire de ces droits seigneuriaux qui opposa pendant deux siècles les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller. Dans leur querelle, les droits sur la Boutinière, la Chevaleraye et la Javelière furent compris ensemble. Cette particularité remonte à l’arrentement du tènement tel qu’il est indiqué dans un aveu du seigneur de Languiller, Jean de Sainte-Flaive, daté  dans la première moitié du 15e siècle. C’était alors principalement une métairie et quelques champs sont apparus en plus à des dates inconnues, arrentée à ferme perpétuelle à 2 septiers mines de seigle et 2 boisseaux d’avoine, qui sont devenus 40 boisseaux seigle et 4 boisseaux d’avoine. À cette époque le tènement comprenait 8 boisselées de jardin, 8 journaux de prés et 3,5 septerées de terres labourables et coteaux ou pentes. Ces surfaces représentaient environ 12 hectares, et des défrichements ultérieurs ont augmenté ces chiffres, les premiers connus. L’arrentement sans droit de terrage remonte au 14e siècle, et notre hypothèse est que le tènement était déjà en partie défriché, avec peut-être un terrage sur une partie des terres, remplacé par une rente uniforme sur l’ensemble (24). Nous aurons l’occasion de raconter prochainement l’histoire de ces droits seigneuriaux qui opposa pendant deux siècles les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller. Dans leur querelle, les droits sur la Boutinière, la Chevaleraye et la Javelière furent compris ensemble.

La Chevaleraye, vers la rivière
Était due aussi dans un aveu de 1711 sur le village de la Chevaleraye la dîme de laine, agneaux, gorons (cochons) à la commanderie de Launay (25). Situé à Sainte-Cécile, ce prieuré dépendait de l’ordre de Malte, et semble avoir possédé au haut Moyen Âge de nombreux domaines dans la région. Il est à l’origine notamment de la création de la seigneurie de la Rabatelière. Dans un aveu du Coin décrivant la situation en 1550, la dîme portait sur « les bêtes porcines, bélines, veaux, naissant, croissant et régissant au village de la Chevaleraye, dont le croisé ou commandeur de Launay y prend la moitié » (26). On constate donc que Launay prenait la totalité de la dîme après 1550. 
Existaient aussi en 1711 d’autres rentes particulières dues sur le village, parfois des dons ou redevances à l’Eglise (27) :

au prieur-curé des Essarts : 6 boisseaux de seigle
au prieur de "Saint-André-de-Gouledois" : 1 boisseau de seigle pour droit de boisselage. On ignore l’origine du droit de boisselage (28). Sa pratique partielle à Saint-André venait remplacer ou compléter la grosse dîme ecclésiastique sur les céréales.
aux héritiers de feu monsieur du Plessis Gazeaux : 6 boisseaux de seigle. Les Gazeaux de la Brandasnière, branche du Plessis, était une des trois branches nées à la fin du 16e siècle à côté des Gazeau de la Boutarlière et des Gazeaux de Ligneron (Saint-Fulgent).
  au château des Essarts : 3 boisseaux de seigle.
S’ajoutait une rente de 6 boisseaux de seigle due à la seigneurie de la Roche de Chauché, possédée au 17e siècle par la Rabatelière (29).

En 1579, le seigneur de la Pitière (Chauché) prélevait une rente de 20 boisseaux de seigle sur une surface déclarée d’une septréee terre dans le tènement de la Chevaleraye et de 4 boisselées sur le tènement de la Bergeonnière (30). Cette rente avait probablement disparu en 1711, transformée peut-être en certaines redevances citées ci-dessus.

Toutes ces rentes étaient bien sûr à la mesure des Essarts.

Dans cette énumération, n’apparaît pas le droit de « métivage », prélevé au Moyen Âge, à l’occasion du battage des céréales, par la seigneurie de la Boutarlière. Il était d’un boisseau par an, payé par chaque tènement de la Boutinière, la Chevaleraye et la Roche Herpière près la Javelière (31). Ou alors a-t-il survécu dans la rente évoquée ci-dessus de 6 boisseaux de seigle aux héritiers Gazeaux.

Nous n’avons en réalité qu’une vue parcellaire des redevances imposées sur les terres de la Chevaleraye dans les deux siècles précédant la Révolution française. Elles faisaient l’objet de transactions qu’il n’est pas toujours facile de suivre. En témoigne la reconnaissance d’une rente faite en 1807 par Jean Joseph Fortin, le propriétaire de la métairie des lieux demeurant à Paris. Sa part était alors de 5 boisseaux de seigle, qu’il devait au créancier de la rente, Pierre René Thibault de La Pinière, demeurant à Nantes. Le texte ne nous dit pas le total de la rente due par tous les propriétaires (32). Dans le partage de la succession de leur père cette rente avait été oubliée, diminuant bien sûr la valeur du bien.

Les droits seigneuriaux de la Chevaleraye ont été étroitement associés à ceux du tènement voisin de la Javelière. Nous poursuivons notre récit en évoquant maintenant ce dernier.

Les propriétaires et redevances seigneuriales à la Javelière


la Javelière
Le tènement de la Javelière, dépendant de la seigneurie du Coin Foucaud, était bordé lui aussi par le ruisseau du Vendrenneau et le chemin de Saint-Fulgent à Sainte-Florence, par les terres de la Chevaleraye et le chemin de Saint-Fulgent à la Brossière. La surface de ses jardins était importante : environ 8 000 m2.  

Le seigneur de la Boutarlière y prélevait en 1517 un droit appelé « hommage », rendable en la « cohue » (halle) des Essarts, et partagé à moitié avec le seigneur des Bouchauds (33). À la Javelière il était de 6 deniers, et à la Roche près la Javelière de 4 sols. À la Boutinière il était de 4 sols. On ne retrouve pas ce droit dans les déclarations roturières des 17e et 18e siècles dans les tènements concernés.

Les Assises de Languiller poursuivent en 1541 6 teneurs pour non déclaration des bians (corvées) de 4 bœufs et une charrette dus au seigneur de Languiller chaque quinzaine (34). Le texte est elliptique et peut-être s’agissait-il de la corvée transformée en redevance. En 1550 la corvée est supprimée.

Le seigneur de la Guiffardière prélevait en 1606 sur tous les teneurs de la Javelière une rente de 2 boisseaux de seigle à chaque fête de Notre-Dame en août, ou Assomption de la mi-août (35). Là aussi on ne la retrouve pas dans les déclarations roturières ensuite, mais elle n’a pas disparue pour autant très probablement. Son origine nous est inconnue, mais elle est révélatrice de la dispersion des droits seigneuriaux prélevés à Saint-André-Goule-d’Oie au fil du temps.  

En 1618 les propriétaires étaient : Michel et Jean Fluzeau, André Thomelet, François Bertrand, Jean Cougnon, Pierre Meterau, Jean Asseneau, Nicolas Cougnon, Jeanne Guinard veuve d’Antoine Cougnon, Mathurin Menetau, André Paquereau, Jean Gauchier, Denis Pidoux, Martin Colin, Jean Parpaillon, Étienne Metaireau, Louis Allain, Pierre Rousseau, Jean Guesdon, Jean Aparilleau et Denis Revelleau.

Ils devaient au seigneur de Saint-Fulgent une rente de 48 boisseaux de seigle à la mesure des Essarts, rendables au château de Saint-Fulgent à la fête de notre dame en août (assomption), plus une dîme de 2 agneaux à la Saint-Jean-Baptiste et un cens de 7 sols 6 deniers à noël. Eux aussi, comme à la Chevaleraye, ne devaient pas de droit de terrage. La situation avait récemment évolué si on compare l’aveu de 1618 ci-dessus à un autre de 1605 décrivant la situation en 1550 (36). Le village de la Javelière, avec celui contigu de la Roche Herpière, avait été tenu de Jean Allaire, seigneur du Coin au début du 14e siècle, avant l'acquisition de la seigneurie par la famille de Sainte-Flaive, seigneurs de Languiller. Les deux villages avaient été arrentés depuis Jean Allaire (à une date non repérée) par ferme perpétuelle. En 1550 les teneurs devaient à Languiller 48 boisseaux de seigle et une dîme appréciée à 2 agneaux. Ils payaient en plus par rapport à la situation de 1618, 2 toisons, 32 ras d’avoine et 20 sols en argent au lieu de 7 sols 6 deniers.

En 1671, les propriétaires sont Thérèse Coulon épouse d’Antoine Soulard, Catherine Gauthier épouse de Joachim Chenet, Jacqueline Renelleau veuve de Pierre Crespeau, André Cougnon métayer à la Requière de Saint-Fulgent, André Bouin du Coudray, Jacques Cougnon de la Chevaleraye, Nicolas Cougnon de la Javelière, Jean Thomellet de la Javelière avec son beau-frère André Roger. Et la liste se poursuit par 6 autres propriétaires exerçant le métier de marchands. Le mot est vague, pouvant aller du marchand-laboureur (marchands de bestiaux) au marchand de mercerie, et ils habitent les villages voisins de la Brossière et de la Guierche, situés le long du Grand chemin de Montaigu à Chantonnay. Étaient-ils des héritiers sur les terres de la Javelière ou des investisseurs ? On ne sait pas. Ce sont Bastien Robin et Denis Migné (en indivision), François Metereau et Mathurin Rousseau, Nicolas Carré, Valérien Robin et Mathurin Robin, ces derniers habitaient la Girarderie de Vendrennes. Valérien Robin était aussi propriétaire aux Suries en 1685 et alors maître tanneur.

En 1770 on dénombre 28 propriétaires. Visiblement cette augmentation résulte de la division des héritages. Cette année-là, ils font ensemble une déclaration chez le notaire de Saint-Fulgent de reconnaissance d’une rente annuelle foncière et perpétuelle de deux sols et deux « gélines » (poules), due au curé de Saint-Fulgent à la Toussaint (37). Pour se partager à 28 personnes cette charge aussi modeste en nature, chacun payait sa part en argent, et le tout était porté au curé, même si la redevance restait libellée en nature.

la Javelière
Cette redevance avait été créée par une transaction du « pénultième février » 1399 entre le seigneur de la Valinière (Saint-Fulgent) et le nommé « Begaud curé pour lors dudit St Fulgent, tant pour lui que pour ses successeurs curés dudit Saint-Fulgent ». Le seigneur du lieu céda sa rente sur la Javelière au curé de sa paroisse. Le notaire de 1770 précise que la transaction a été écrite « en une grande feuille de parchemin à nous représentée par ledit sieur Gilbert et à l’instant remise, icelle signée Deny ». Le dictionnaire de Vendéens (voir sur le site internet des Archives de la Vendée) présente Jacques Gilbert (1709-1773) comme vicaire à Saint-Fulgent en novembre 1733, puis curé le 16 mars 1739, y décédant le 6 septembre 1773.

La pénultième était l’avant-dernier jour du mois, soit dans notre cas le 27 février 1399 dans le calendrier Julien alors en vigueur. Cette année-là n’était pas bissextile. Cette date correspond au 7 mars 1399 dans notre calendrier grégorien en vigueur en France depuis décembre 1582, mais qui ne s’applique pas rétroactivement.

Devenue bien ecclésiastique par un don, la rente avait acquis un caractère inaliénable. Le curé Gilbert se devait de ne pas la laisser s’éteindre encore près de 4 siècles après sa création, malgré son modeste montant.

En 1776, 23 teneurs de la Javelière reconnaissent devoir la rente noble, foncière, annuelle et perpétuelle de 16 boisseaux d’avoine, mesure des Essarts, à chaque Notre-Dame en août et 6 chapons à la Toussaint, le tout rendable à la Valinière (38). On ne connaît pas la nature de la rente due à cette seigneurie voisine située à Saint-Fulgent, possédée alors par Louis Gabriel Le Magnan, chevalier seigneur de l’Ecorce et de la maison noble de la Valinière, comme héritier de Louis Le Maignan, lui-même fils et héritier de Louis Le Maignan sieur du Marchais.

En 1766, les teneurs, au nombre de 22, avaient aussi fait acte de reconnaissance d’une autre rente à Catherine Tricouère, veuve de Louis Guyet aubergiste dans le bourg de Saint-Fulgent. Elle était de 6 boisseaux 2/3 de seigle, mesure réduite des Essarts, comme ayant été acquise en 1749 par Louis Guyet de Gabriel Bruneau Thieriot, sieur de Lornaire et procureur du roi de la maréchaussée au département de Montaigu qui l’avait eu par succession de ses père et mère. Cette reconnaissance avait été refusée par le fils Charles Guyet au motif qu’elle était présentée quérable, alors que ce dernier la prétendait rendable. Dans leur motif les teneurs de la Javelière s’étaient référés à l’usage et précisèrent que « le tènement est assez chargé déjà, n’en voulant pas augmenter la charge » (39). À cette date de 1776 on peut lire dans l’acte de reconnaissance que le tènement occupait, avec la Roche Herpière, la surface totale de 235 boisselées 57 gaulées (29,5 ha). 
   

Un bien national oublié à la Javelière


Ce même curé Gilbert a donné des biens qu’il possédait à la Javelière au profit « du couvent de Saint-Fulgent provenant de la ci-devant communauté des filles du dit Fulgent ». L’information puisée dans le procès-verbal du 7 germinal an 7 (27 mars 1799) « de consistance et d’estimation du domaine national » et ainsi présentée, nous paraît imprécise et ambiguë (40). On sait qu’en 1771 Mme de Chevigné fit une fondation pour créer une école des filles à Saint-Fulgent. L’acte portait que « la maîtresse régente choisira une fille pour l’aider à secourir les pauvres et les malades de la paroisse, et l’entretien des autels de l’église » (41). Comme « l’école de la propagation » de Montaigu, peut-être que cette communauté provenait de l’Union Chrétienne, dont les sœurs se consacraient à des activités de soins dans les hôpitaux et d’instruction dans les écoles (42).

L’auteur du procès-verbal l’expert s'appelait Gabriel Pierre Boisson demeurant à Mouchamps. Il était assisté du « commissaire du directoire exécutif près l’administration municipale du canton de Saint-Fulgent » (chef de la municipalité cantonale à cette époque, et déléguant un simple agent à la tête des communes du canton), le très anticlérical Benjamin Martineau. En mars 1799, celui-ci habitait Linières (voir notre article publié sur ce site en avril 2011 : Étienne Benjamin Martineau).

La date de cette estimation intrigue. Cela faisait neuf ans qu’elle aurait dû être faite selon la loi, avec la valeur en cours de l’année 1790. Il est difficile de soupçonner la municipalité de Saint-Fulgent de négligence, quand on se souvient de son zèle révolutionnaire, en particulier de celui de Martineau. Et les bourgeois républicains avaient été suffisamment frustrés par le seigneur local, qui avait raflé l’essentiel des ventes de biens nationaux dans la commune. Mais peut-être une première estimation avait-elle été faite, perdue ensuite à cause des combats à Saint-Fulgent  ?

Source : Archives départementales de la Vendée
Le procès-verbal énumère et confronte une grange et une parcelle de jardin de 15 m2 dans ce village. S’y ajoutent sur le tènement de la Javelière, 5 pièces de terres totalisant environ 7 000 m2. Et sur la commune de Saint-Fulgent à proximité de la Javelière, il y a 3 pièces de terre totalisant 2 732 m2. Les revenus évalués pour l’ensemble sont de 18,25 Francs, ce qui représente un capital théorique de 20 fois cette somme, soit 365 Frs à la valeur de 1790. Il nous parait difficile d’évaluer en 1799 un bien à sa valeur de 1790, quand on sait l’énormité de l’inflation pendant ce laps de temps (plusieurs milliers de %), mais c’était la règle alors. Plus que l’estimation, c’est la consistance qui avait de l’importance dans ce procès-verbal, à l’égard du futur acquéreur.

Dans les confrontations des parcelles de 1799 on relève un détail intéressant : l’existence de la « Grande Route de Nantes à la Rochelle ». C’est une nouveauté. En 1771 nous avions noté l’existence du « Grand chemin » de Montaigu à Chantonnay. On sait que le chemin a été tracé et construit sous Louis XV, appelé la « Grande Route » ensuite, et que celle-ci fut empierrée à nouveau à Saint-Fulgent sous Napoléon Ier.   

La mise aux enchères qui a suivi ce procès-verbal a été infructueuse, alors même que ces petites surfaces pouvaient intéresser quelques propriétaires des environs, rescapés, avec leur fortune au moins en partie, de la guerre de Vendée. Le sieur Chabrol, receveur de l’Enregistrement et des domaines de l’État au bureau de Montaigu en était responsable. Il afferma ces biens à un nommé Pineau Lamotte de Montaigu.

En 1808 il fit apposer des affiches, renouvelées plusieurs fois de quinzaine en quinzaine dans les communes de l’arrondissement de Montaigu, pour informer de la mise aux enchères du renouvellement du bail à ferme de ces biens situés à la Javelière et à la Courpière. Le sous-préfet de Montaigu présida à la mise aux enchères de l’adjudication du bail le 9 mai 1808, des biens « provenant le tout de la communauté des propagandes de Saint-Fulgent ». Cette dénomination familière désignait la congrégation de l’Union Chrétienne qui avait été réunie par Saint Vincent de Paul avec la congrégation de la Propagation de la Foi. Ses membres continuaient d’être désignées familièrement « dames propagandes ». C’est François Augustin Brochard, menuisier à Saint-Fulgent, qui remporta l’adjudication définitive, moyennant la somme de trente-cinq francs, pour un bail de 5 ans (43). La même année, 1808 un décret impérial affecta les biens à l’entretien d’un hôpital à Saint-Fulgent (44).  

Le gaulaiement de la Javelière en 1834


Dans les minutes notariales on repère l’existence de borderies constituées de nombreuses parcelles, mais pas de métairie. Ainsi en 1774, à l’occasion d’un acte d’arrentement, on constate que les frères Bertrand, demeurant à la Javelière, possèdent une borderie évaluée à 720 £, correspondant à une surface d’environ 7 ou 8 ha à cette époque (45). Dans une vente en 1781 du 1/5 de la valeur d’une borderie, on voit que l’acquéreur, possédant déjà le reste, est propriétaire d’une borderie valant environ 360 £, soit une surface de l’ordre de la moitié de la précédente (46).

 Un gaulaiement effectué le 12 mars 1834 sur le tènement de la Javelière, montre encore l’importante parcellisation du foncier dans le village (47). Le mot sent bien son air d’Ancien Régime, pour désigner à la fois l’arpentement et le bornage des surfaces foncières, et le calcul de la répartition des redevances dues sur le tènement par chaque propriétaire, au prorata des surfaces possédées. Le mot est dérivé de la gaulée qui était l’unité de mesure employée dans l’arpentement, sachant qu’il fallait à Saint-André 80 gaulées pour faire une boisselée.

Pour établir ce gaulaiement, on fit appel à François Cougnon (1792-1858), fils de l’ancien capitaine de paroisse, prénommé François lui aussi, exerçant le métier d’expert. Il avait été nommé maire de Saint-André-Goule-d’Oie de 1826 à 1829. Les surfaces ont été indiquées par les propriétaires, reprises et validées dans le document, lequel donne pour chacun sa part contributive dans la rente de 7 boisseaux de seigle, à la mesure des Essarts, due sur le tènement.

Non féodale, elle n’avait pas été supprimée par la Révolution. Elle était due à raison de 2 boisseaux pour M. de Sérigné et 5 boisseaux pour Jean Guyet de Sainte-Cécile. Pour ce qu’on sait sur les rentes déclarées avant la Révolution, la rente à M. de Sérigné pourrait être celle due autrefois à la seigneurie de la Guiffardière, d’un même montant. Ce n’est pas la rente de 4 boisseaux de seigle due à la Roche de Chauché avant la Révolution.  En revanche la rente à M. Guyet n’était pas connue. Jean Guyet de l’Aublonnière, mort en 1828, était l’ancien régisseur de Linières. En 1834 c’est son fils, Jean Baptiste Guyet, qui devait toucher la rente, ou sa mère, Rose Roger, une mère célibataire née à la Maigrière (Saint-André).

Ils sont 33 propriétaires en 1834, au lieu de 28 en 1770, pour posséder 28,8 hectares dans le terroir de la Javelière, dont 4585 m2 de jardin, au lieu de 8000 m2 au début du 17e siècle. Les prés totalisent près de 4 hectares, surface importante près du ruisseau du Vendrenneau, propice à l’élevage.

Rose Brillouet, veuve Bordron, de la Javelière, possède 3,7 ha, et François Fluzeau, de la Brossière, possède 3,5 ha. Indiquons au passage que Rose Trotin a reçu une pension après 1815, à cause de la mort de son mari pendant la guerre de Vendée. Ce sont les plus importants propriétaires. En plus d’eux, on a 6 propriétaires possédant plus d’un hectare. Les 25 autres possèdent des surfaces inférieures à 1 hectare. Tous ces propriétaires habitent à la Javelière (huit), Guierche (six), Brossière (six), et Pont-Girouard (deux). Les autres habitent dans les villages un petit peu plus éloignés de Saint-André, Saint-Fulgent et Vendrennes.

La Roche Herpière


Pont-Girouard
Au début du 14e siècle, Jean Cosseau tenait du seigneur de Languiller à cause de la seigneurie du Coin, à foi et hommage plain et à rachat à 2 sols de service à la Notre-Dame de septembre, le village de la Roche avec ses dépendances de maisons, ruages, vergers. Les dépendances du village contenaient 4 septrées de terre tant gaignables (labourables) que non gaignables et 1 journal à 1 homme de pré. Jean Cosseau était l’héritier d’André de la Roche, alias Herpière, dont la famille avait donné son nom à ce petit fief (48). Les redevances féodales étaient alors estimées valoir 3 mines de seigle (24 boisseaux). En 1550 le village n’existait plus et le fief avait été réuni au tènement voisin de la Javelière, devenant ne terre roturière. L’évolution de la Roche Herpière est la conséquence des calamités guerrières, climatiques et sanitaires qui ont fait disparaître la petite noblesse de la contrée à la fin du Moyen ÂgeSa redevance féodale fixée à 8 boisseaux de seigle, a été ajoutée aux 48 boisseaux dus sur le tènement de la Javelière (49). De plus ses propriétaires devaient à la Roche de Chauché une rente foncière de 4 boisseaux de seigle (50). 

Après la Révolution ses propriétaires devaient toujours trois rentes en seigle, non féodales, donc non supprimées, à trois particuliers : 4 boisseaux à M. de Serigné, 1,66 boisseau à Jean Guyet de l’Aublonnière, et 4 boisseaux à Mme Beauvoir. Ils étaient nombreux possédant des petites parcelles, soit 24 personnes, habitant souvent la Javelière et la Brossière ou la Guierche. Pour établir un gaulaiement, ils firent appel en 1834 eux aussi à François Cougnon (51).  

Les surfaces des parcelles ont été indiquées par les propriétaires. François Cougnon les a validées d’abord, puis il a « supputé » comme on disait alors, que la boisselée était chargée de 1,5 mesure, c’est-à-dire 1,5/8 partie d’un boisseau de seigle à la mesure des Essarts, soit 2,9 kg de seigle. On remarquera au passage que malgré les lois révolutionnaires instaurant le système métrique et les unités modernes de mesure, celles-ci n’étaient pas entrées dans les mœurs. Il faudra attendre un décret du 4 juillet 1837 pour rendre obligatoire définitivement  ces nouvelles unités de mesure.

Le plus gros propriétaire y possédait 7 boisselées et 53 gaulées (9 317 m2), et le plus petit y possédait 18 gaulées (274 m2). 7 d’entre eux avaient moins une boisselée, 8 avaient entre 1 et 3 boisselées, et 6 plus de 5 boisselées. On n’y trouvait pas de jardin, et seulement 2 boisselées de pré. Ces propriétaires habitaient au Pont-Girouard (deux), à la Javelière (six), à la Courpière (Saint-Fulgent) (un) et surtout à la Brossière et à la Guierche (sieze).

Le tènement des Bruères


Le village des Bruères est mentionné dans les confrontations du premier aveu connu du Coin vers 1405. Les assises de Languiller poursuivent en 1545 Jacques Boisseau de la Ridolière, teneur dans le tènement des Bruères, pour payer 1 chapon de cens annuel, avec les arrérages de 18 années échus à noël, et une rente seigneuriale de 16 ras d’avoine (52). Les valeurs sont dus pour tous les teneurs, même si la poursuite ne concerne que l’un d’entre eux. En 1550 les Bruères n’étaient plus qu’un tènement consistant en masurits, c’est-à-dire des maisons en ruines, situés entre les villages de la Ridolière, la Chevaleraye et la Javelière, joignant les tènements de la Machicolière et Ridolière, le chemin de Sainte-Florence à Saint-Fulgent et le tènement des Surries (53). Si le nom de ce lieu n’avait pas disparu, il aurait été modernisé probablement en « Bruyères », mot révélateur de l’abondance de cette plante dans les nombreuses landes de la paroisse au Moyen Âge. Comme à la Roche Herpière, la disparition de l’habitat est la conséquence des calamités guerrières, climatiques et sanitaires qui ont sévi à partir du milieu du 14e siècle pendant un siècle.

Les teneurs  devaient toujours 16 ras d’avoine en 1606, devenus 16 boisseaux d’avoine en 1685, autre preuve que les mots ras et boisseaux ont été souvent synonymes en ce siècle à Saint-André. L’avoine était rendable au logis de Languiller à la fête de Saint-Michel (54). Nous n’avons trouvé qu’un seul propriétaire en 1685 faisant une déclaration roturière. Il s’agit de Marie Brisseau, épouse de Nicolas Mandin, laboureur demeurant au bourg de Saint-André. Elle était en indivision avec son beau-frère François Bordron, pour à peine un hectare (55).

Aux assises de Languiller en 1701, c’est probablement le fils de Nicolas Mandin, Jacques, qui vient présenter sa déclaration roturière pour ce qu’il possède aux Bruères. Deux autres teneurs comme lui feront leurs déclarations, René Chacun et André Bouffard (56).



(1) Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, sentence d’ordre du 9-9-1727 des syndics des créanciers de Moreau et Menard.
(2) Déclaration roturière du 3-2-1666 de la chapellennie de la Rabretière à la Barette, Archives de la Vendée, transcriptions par G. de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-2, page 49.
(3) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40, Languiller Boutinière Chevaleraye Javelière procès sur la mouvance, avertissement du 27-2-1736 de la baronne des Essarts dans le procès entre les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller.
(4) Déclaration du 27-7-1717 de Jean Trastour aux assises des Essarts, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-2, page 108.
(5) Affaire de retrait féodal du 15-6-1744, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-1, page 53.
(6) Partage de biens entre les Verdon du 8-5-1624, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-2, page 108.
(7) 150 J/G 58, déclaration roturière du 7-6-1606 de Toussaint Menanteau à Languiller pour la Chevaleraye à cause du Coin Foucaud.
(8) J. P. Leguay, L’eau dans la ville au Moyen Âge, Presses Universit. de Rennes, 2002, p. 355 et s.
(9) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 19, famille Arnaudeau.
(10) Note no 12 sur la Chevaleraye à Saint-André-Goule-d’Oie, Amblard de Guerry : S-A 1
(11) Ferme du 26-8-1771 de la métairie de la Chevaleraye, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/120. 
(12) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, lieux-dits de Saint-André-Goule-d’Oie.
(13) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/ 7, reconnaissance d’une rente foncière sur la Chevaleraye du 24-6-1773 par A. de Tinguy et M. Coutand.
(14) A. de Guerry, Chavagnes communauté vendéenne, Privat (1988), page 49.
(15) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, acte de vente du 18-6-1784 de 2 boisselées de terre de P. Bruneau à A. Fortin.
(16) Notes de Paul Boisson aux Archives de Loire-Atlantique, succession des émigrés à partager : Q 690, dossier Fortin, an II-an VII, 23 pièces no 11 à 33, Arch. hist. dioc. Luçon, fonds Boisson, 7 Z 10 IV.
(18) Comte de Chabot, « Paysans vendéens : biographies, silhouettes et faits d'armes », Abbeville Paillart, 1892 dans Archives de Vendée, bibliothèque numérisée, sélection thématique, historiographie de la bibliothèque du vicomte de Chabot, biographies : BR 118, vue 12.
(19) A. Billaud, La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830), NEL, 1961, page 266.
(20) Au début de ses Mémoires de guerre le général de Gaulle décrit son sentiment patriotique : « Toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison … ». C’est une description toute personnelle qu’il fait dans un long paragraphe. Son chauffeur n’en aurait pas écrit une ligne, mais n’en aurait pas moins ressenti un sentiment aussi fort.
(21) Archives de Vendée, bibliothèque numérisée, périodiques d’informations générales, revues scientifiques, Revue du Bas-Poitou 1905-4, page 408 (vue 41).
ge de la succession des enfants Fortin avec la République subrogée dans les droits du fils aîné émigré.
(22) 150 J/G 40, donation de 1560 de J. de Belleville et aveu de Saint-Fulgent en 1618 à Languiller pour les biens donnés.
(23) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 31, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(24) Notes no 1 et 6 sur la Chevaleraye à Saint-André-Goule-d’Oie, Amblard de Guerry, : S-A 1.
(25) 150 J/G 58, Languiller Boutinière Chevaleraye Javelière déclarations roturières, déclaration roturière du 2-9-1711 de Marguerite Rousseau, veuve Corbière pour la métairie de la Chevaleraye.
(26) Idem (24).
(27) Idem (25).
(28) Marcel Faucheux, Un ancien droit ecclésiastique perçu en Bas-Poitou : le boisselage, Potier, 1953, page 171 et s.
(29) 150 J/E 1, assises de la Rabatelière et autres fiefs du 19-8-1632.
(30) 150 J/C 74, Chapelle Begouin, aveu du 29-5-1579 de la Chapelle Begouin.
(31) 150 J/G 39, copie de l’aveu du 26-1-1517 du seigneur de la Boutarlière.
(32) Reconnaissance de rente du 13-11-1807 sur la métairie de la Chevaleraye, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/23.
(33) Idem (31).
(35) 150 J/A 12-3, aveu du 12-8-1606 d’Hélie de Saint-Hilaire à Languiller pour la Guiffardière et 11 lieux différents à Saint-André-Goule-d’Oie.
(36) Notes no 3 et 39 sur le Coin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1. 
(37) Archives de la Vendée, notaires de Sain- Fulgent, Frappier : 3 E 30/5, reconnaissance de rente sur la Javelière du 27-9-1770.
(38) Reconnaissance du 9-6-1776 de la rente de 16 boisseaux avoine à la Javelière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(39) Reconnaissance du 16-1-1766 de la rente de 6 bx seigle à la Javelière à Guyet, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119. 
(40) Archives de la Vendée, estimation de biens nationaux : 1 Q 218, estimation des biens du couvent de Saint-Fulgent à la Javelière du 7 germinal an 7.
(41) Archives Historiques de Saintonge et d’Aunis, 1896, tome 25, p.130, citées par famillesvendennes.fr : de Chevigné (Branche de Preigné et la Grassière).
(42) Propagation (école de la) à Montaigu dans le Dictionnaire toponymique, en ligne sur le site internet des Archives départementales de la Vendée.
(43) Archives de Vendée, Baux des biens nationaux 1 Q 760 : ferme de la Javelière du 9-5-1808.
(44) Abbé Aillery, Chroniques paroissiales, Saint-Fulgent, Tome 1, 1892, pages 264 et 265.
(45) Achat du 21-12-1774 d’une portion de borderie à la Javelière de Mathurin Bertrand à Marie Bertrand, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/7.
(46) vente du 24-9-1781 par retrait légal d’un 1/5 de borderie à la Javelière, de Brillouet à Seiller l’aîné, notaires de Saint-Fulgent, Bellet 3 E 30/127.
(47) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 16, gaulaiement du 12-3-1834 de la Javelière.
(48)  Note no 6 sur la Roche Herpière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry :S-A 3.
(49) 150 J/G 58, déclaration roturière du 14-5-1619 de 21 teneurs à la Javelière et Roche Herpière à Languiller à cause du Coin Foucaud.
(50) Idem (29)
(51) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 15, gaulaiement du 3-3-1834 du tènement de la Roche Herpière.
(53) Notes no 1 et 2 sur les Bruères à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1. 
(54) 150 J/G 58, déclaration roturière du 13-11-1617 de 7 teneurs à Languiller pour la Boutinière, Chevaleraye, Suries et Bruères, à cause des Bouchauds et du Coin Foucaud.
(55) 150 J/G 58, déclaration roturière du 5-9-1685 de Nicolas Mandin à Languiller à cause du Coin Foucaud pour les Bruères.


Emmanuel François, tous droits réservés
Octobre 2015, complété en mars 2024

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