Pour aller au sommaire cliquer sur POUR REVENIR AU SOMMAIRE
La seigneurie de Grissay (Essarts) a été achetée par Simon Guyet en 1784. Son fils, Auguste Guyet, en a hérité en 1807 et s’est consacré, à partir de 1815, à en faire un domaine agricole devenu prospère au moment de son décès en 1852, et à la pointe des progrès techniques de l’époque. La seigneurie a donc connu l’abolition de la propriété féodale, avec ses privilèges, à partir de 1789. Elle y a perdu son statut. Comment ses propriétaires se sont-ils adaptés ?
La seigneurie (1784-1789)
Indiquons tout de suite que les lieux et la seigneurie ont porté le nom de la Barette ou de Lespinay depuis le Moyen Âge, et qu’Auguste Guyet a simplement donné à son logis et à son domaine le nom du lieu de Grissay, déjà existant pour certaines parcelles foncières, entériné ensuite par le cadastre.
« Messire René Louis Marie de Jousbert (1), chevalier, baron du Landreau, demeurant en son château du Landreau, paroisse de Saint-Pierre-des-Herbiers », a donc vendu en 1784 à Simon Pierre Guyet, maître de postes dans le bourg de Saint-Fulgent, « la maison noble, terre, fief et seigneurie de la Barette ». Elle comprenait la borderie du logis, deux métairies, et les droits de fiefs. Guyet a payé comptant son acquisition pour un montant de 70 000 livres. L’ensemble comptait environ 70 hectares. « Les bâtiments et logements desdits lieux sont en ruine », et il y a un procès pendant au Parlement de Paris pour un droit de terrage entre le seigneur vendeur et le baron des Essarts, suzerain de la seigneurie (2).
![]() |
Carte IGN 1950 |
Était-ce une bonne affaire que d’acheter Grissay ? La
question se pose, sur le papier, à plus de deux siècles de distance. Mais
l’acheteur « n’était pas né de la dernière pluie ». Charles Guyet a commencé par aider sa mère à tenir l’auberge du Chêne Vert à
Saint-Fulgent, tout en gérant le relais de poste dans le bourg. Comme son père,
il a continué à servir d’intermédiaire entre emprunteurs et créanciers, faute
de banque, et a aussi fourni des cautions dans des fermes fiscales. Il a
surtout étendu ses activités de fermier, exploitant les biens d’église ou de
nobles, sous-louant les métairies à des laboureurs et faisant commerce de blé.
Ainsi, a-t-il été fermier de la baronnie des Essarts en 1779. Sa réputation en
a fait un expert foncier, nommé par des tribunaux. Il a aussi investi dans
l’acquisition de métairies et avait déjà acheté le fief de Puyberneau à
Sainte-Florence, avec ses deux borderies et trois métairies.
Charles Guyet et Dangirard se sont rencontrés le 8 octobre 1781 chez ce dernier, à Saint-Maurice-le-Girard. Dans son journal, Dangirard écrivit : « M. Guyet est un petit homme, maigre, l’œil vif, peu de cheveux, parlant assez bien, quoique quelquefois il cherche le mot, mais il le trouve aussitôt. Il raconte très bien une affaire sans verbiage, sans accessoires inutiles, et les mots qu’il emploie sont les mots propres. Il fait les affaires de beaucoup de maisons de ce canton du Bas-Poitou, et il en est considéré parce qu’il travaille bien, qu’il est actif, qu’il a les entrées des principales maisons de robe à Paris et de puissantes protections dans toutes les classes, et joint à cela une grande probité et du désintéressement » (3).
Le vendeur de la Barette, suivant une pratique constante, affermait sa seigneurie pour un montant fixe annuel — 1 300 livres en 1758 — à un régisseur-fermier (4). Ce dernier sous-louait ensuite les exploitations agricoles à des laboureurs et percevait les redevances féodales. En 1779, le fermier demeurant à Grissay s’appelait Pierre Payraudeau (5). Charles Guyet, lui, se passait de régisseur et gardait sa marge pour lui. Il affermait les droits seigneuriaux et les métairies lui-même, en cherchant à améliorer leurs revenus. Ses baux de métairies étaient à partage de fruits, alimentant ses greniers à blé. En vrai commerçant, il savait parcourir des dizaines de kilomètres pour négocier au mieux les produits de ses fermes. Il donne l’image d’un entrepreneur avant tout. À la veille de la Révolution, il avait amassé un patrimoine plus important que certains nobles de la contrée, vivant sur leurs portions d’héritage après avoir été officiers dans les armées du roi. L’ordre institutionnel de son époque l’avait poussé à acheter l’emploi fictif de garde de la porte de Monsieur, frère du roi, donnant le droit de porter le titre d’écuyer. On ne constate l’usage de ce titre que dans un seul acte de procuration à un procureur parisien (6). Il préparait l’avenir de ses enfants. L’achat d’une seigneurie comme la Barette pouvait compter dans leur ascension sociale, au temps de l’Ancien Régime.
Au printemps de 1789, un convoi de
grains appartenant à Charles Guyet fut attaqué par des femmes des Essarts. Nous
savons que les récoltes de 1788 avaient été mauvaises. À la mi-février 1789, il
y eut des émeutes de la faim à Paris, qui se propagèrent en mars à travers tout
le pays. On sait que le climat était en cause, provoquant une pénurie de grains
et une importante disette. Un peu partout, on attaqua des greniers et pilla des
boulangeries. Aux Essarts, un attroupement d’affamés voulut tuer Jean-Baptiste
Ignace Merland (1735-1793), au motif qu’il refusait de vendre du blé au prix
demandé. Il était le beau-frère de Verdon, procureur fiscal de la baronnie, et
ce dernier lui sauva la mise. Les bourgeois, comme Merland et Guyet, qui
faisaient le commerce du blé, étaient en danger. Quelques dizaines d’années
après 1789, une descendante de Verdon racontait la mésaventure suivante,
survenue aux Essarts : « Comme M. Guyet faisait conduire un convoi de grains à
Saint-Fulgent, les femmes du bourg s’assemblèrent… s’élancèrent au travers du
chemin, barrant le passage, menaçant les conducteurs de coups de pierres et de
bâtons, jetant à terre les sacs, les coupant et dépochant le blé avec rage. »
L’intervention courageuse de Verdon ramena le calme (7).
Lors de la Révolution, l’ex-seigneur
de Saint-Fulgent remporta, devant Charles Guyet, les enchères des ventes des
biens du clergé à Saint-Fulgent. Ce dernier se rattrapa en achetant des
métairies vers Ardelay, Mouchamps et Les Herbiers, provenant souvent de
l’abbaye de la Grainetière. Il acheta aussi des cabanes dans le marais
poitevin, d’où sa femme était originaire. Il se rangea du côté de la Révolution
au départ, comme beaucoup de monde dans la contrée. Puis, il fit partie de la
minorité restée fidèle au processus révolutionnaire, même lorsqu’il se
radicalisa. Il paya les deux premières annuités de ses achats, mais la guerre
de Vendée bloqua la poursuite de tous les paiements des acquéreurs de biens
nationaux en pays insurgé — certains furent obligés de fuir, et
l’administration n’était plus en état de fonctionner. Les paiements reprirent
en 1796 avec les assignats, une monnaie considérablement dévaluée.
Ses prédécesseurs, seigneurs de la
Barette, devaient une rente annuelle de trois boisseaux de seigle à la fabrique
de la paroisse des Essarts et une rente d’un boisseau de froment au curé. Ces
rentes étaient nées d’une convention en 1632, qui prévoyait aussi une rente de
30 livres par an à la cure pour dire une messe basse avec un Salve
Regina tous les samedis de l’année (8). Par cette convention, les
seigneurs de la Barette avaient le droit d’être inhumés dans la chapelle
Notre-Dame, se trouvant dans l’église des Essarts. L’évêque de Luçon avait fini
par interdire ces inhumations. Si ce droit n’avait pas disparu, Charles Guyet
l’aurait probablement abandonné, ses traditions familiales se trouvant à
Saint-Fulgent.
On n’a pas trouvé trace de ces rentes
dans les biens nationaux vendus aux Essarts. Si elles avaient perduré, Charles
Guyet les aurait probablement rachetées, répondant ainsi à son intérêt et à ses
convictions politiques. D’ailleurs, son fils, Pierre Louis, acheta l’église
incendiée de Saint-Fulgent en ruines pour 3 000 livres. Les autorités locales
devaient vendre et ont compté sur leurs amis pour acheter. Prudemment, Pierre
Guyet la revendit pour 580 F en 1803 à quatre paroissiens qui voulaient la rendre
au culte.
La disparition des droits seigneuriaux
de la Barette ne posa pas de problème politique à Charles Guyet, car, au
départ, ils étaient rachetables. Dans les terres roturières lui appartenant,
ses métayers payaient les droits féodaux annuels, le terrage surtout. Au titre
de ses fiefs de Puyberneau et de la Barette, il percevait également des droits
sur les terres dont il était suzerain sans en être le propriétaire, ces mêmes
droits, ainsi que les droits casuels (lods et ventes). On ignore leur
importance, mais il est certain qu’une partie n’était plus perçue, car
dispersée, de faibles montants, et se prêtant aisément à des contestations. On
a l’exemple qu’en 1701, le seigneur de la Parnière (Brouzils) avait abandonné
les prélèvements de sa sergentise (9). L’historien Le Roy Ladurie résume la
situation en reprenant l’opinion de Boncerf, exprimée vers 1780 :
« Les droits féodaux, pour de médiocres profits, présentent mille embarras
et difficultés tant au seigneur qu’au vassal » (10). La fin du rachat des
droits purement féodaux en 1792 l’aurait lésé, mais il est mort avant leur mise
en application.
En 1789, Charles Guyet afferma la
Barette pour 5 ans (1791-1796), à partage de fruits à moitié, à Jean et Nicolas
Landais, « demeurant en la maison noble de la Barette » (Grissay). Une borderie
à la Rabretière est comprise dans le bail. Guyet se réserve, dans le logis, au
rez-de-chaussée, « la salle » (nom de la pièce de réception), « la
petite chambre à côté et la cave », et, à l’étage, « les greniers et les
chambres hautes ». Le mot « chambre » désignait alors une pièce
sans fonction définie. Il demande, avec les menus suffrages habituels, la
nourriture d’une vache. Les engrais sont achetés à moitié, et les récoltes sont
livrées à ses greniers de la Barette (11). Cette seigneurie n'était pas une
rente pour lui, mais une entreprise de création de richesse. La conjoncture
politique n’a évidemment pas compté dans sa gestion.
Pendant
la tourmente révolutionnaire (1790-1807)
Élu grand électeur dans le canton de
Saint-Fulgent en 1792, il appartint au camp révolutionnaire ultra minoritaire (12). Il fut massacré le 14 mars 1793 à Saint-Vincent-Sterlanges par les
révoltés vendéens, dans les premiers jours du soulèvement, et mourut de ses
blessures le lendemain (12). Marié tard, mort à l’âge de soixante ans, Charles
Guyet n’a pas eu le temps de voir ses 7 enfants survivants s’établir. L’aînée
avait alors vingt-trois ans et la petite dernière neuf ans. Un acte de
notoriété concernant son décès, daté du 7 messidor an III (25 juin 1795), a été
rédigé par un notaire de Luçon (13). Sa femme, Catherine Couzin, devint
« chef de la communauté existante entre elle et ses enfants mineurs et
majeurs ». En septembre 1796, elle désigna son deuxième fils, Joseph
Guyet, fondé de sa procuration dans un bail du domaine de Grissay (14).
![]() |
Champagné-les-Marais |
Joseph Guyet reconduisit dans leur
bail, en 1797, Nicolas Landais et son frère Jean, dans un acte sous seing
privé, rédigé avec précision, sans doute en recopiant de nombreuses clauses du
bail précédent signé par son père (16). Le bail est à partage de fruits à
moitié : blé, froment, seigle, méture, baillarge, orge, avoine, fèves,
mogettes, pois secs, mil et blé noir, battus, vannés et rendus aux greniers du
bailleur. Les sacs seront fournis par les preneurs, et le partage se fera sur
l’aire, après prélèvement des semences. Seront également partagés les fruits de
haute branche, les pommes de terre et le lin produits hors du jardin. La
nourriture d’une vache au profit du bailleur est maintenue, été comme hiver, «
de vert et de sel », suivant la formule en usage. Les bestiaux sont
fournis pour moitié entre les parties, mais il en manque, probablement à cause
des ravages de la guerre de Vendée. Guyet a payé la reconstitution du cheptel,
et les métayers reconnaissent lui devoir, pour leur part, la somme de 733 livres
10 sols. En 1798, il fit un premier bilan du paiement par les métayers de leur
part du bétail. Le métayer Jean Landais est décédé en 1806, « cultivateur à
Grissay, âgé de 74 ans », dit l’état civil (17). Il était le frère de
Nicolas Landais, âgé de 70 ans.
Catherine Couzin est décédée le 12
janvier 1807 à Saint-Fulgent. Ses enfants procédèrent au partage de sa
succession et de celle de son défunt mari, le 8 mai 1807 (18). Le domaine de
Grissay échut à Jacques Auguste Guyet, alors âgé de 24 ans. Il était engagé
dans la marine de guerre de Napoléon, à l’escadre de l’Escaut, dans un emploi
de comptable (19). Lors de ses longues permissions, il se rendait à Paris chez
son frère Joseph ou chez son oncle Jacques. Il faisait aussi des séjours à
Saint-Fulgent ou à Linières, devenu la propriété de Joseph Guyet. La majorité
civile ayant été fixée à 21 ans en 1792, Auguste Guyet signe seul un bail de
son domaine le 20 août 1807, c’est-à-dire sans tuteur légal (20).
Il contracte avec « Nicolas Landais
père, agissant en communauté avec sa femme et ses enfants », demeurant à
la maison de Grissay, pour une durée de 5 ans à compter du 23 avril 1808.
Nicolas, frère de Jean et âgé de 71 ans, est marié à Perrine Arnaud, avec qui
il a eu au moins sept enfants : Pierre, Nicolas, Louis, Jean-Baptiste,
Jeanne, Henriette, Perrine. Le bail concerne le logis avec la borderie qui en
dépend, ainsi que les deux métairies dites de la Barette. Cette fois-ci, le
bail est à prix d’argent : 2 600 F par an, payable en deux termes égaux.
C’était plus commode pour un propriétaire n’habitant pas sur place. Les
métayers lui garantissaient un revenu fixe et prenaient à leur charge
l’exploitation des métairies. Ils ne devaient pas sous-affermer, et devaient
donc engager des domestiques pour faire face à l’exploitation d’une telle
surface. Le bailleur vendit sa part des bestiaux aux métayers. Néanmoins, une
partie du domaine restait exploitée par un nommé Jaud, « à droit de colonage
partiaire » (partage des fruits), mais en rendant compte au fermier Landais,
subrogé à cet effet par le bailleur. Cette partie avait été fixée par Auguste
Guyet, en cette même année 1807, lors d’une visite et d’un partage des 86
parcelles, dont 35 pour la partie de Jaud (21).
Le propriétaire se réservait « les
fruits de haute branche » (pommes, poires, cerises, etc.), sans doute pour ses
frères de Saint-Fulgent, mais en payant la taille des arbres fruitiers. La
ferme de 2 600 F représentait une somme importante, mais proportionnée aux
surfaces affermées. Les métairies voisines de la Touche et de Bellevue étaient
louées ensemble par Joseph Guyet en 1823 pour 1 400 F. L’hypothèque demandée au
métayer n’est pas fréquente. L’importance du domaine loué et les conseils du
juriste Joseph, son frère, ont probablement guidé le bailleur.
Dans ce bail, on voit les
transformations décidées par Auguste Guyet : mise en culture de la gîte de
Barillaud, création d’un pré dans la grande gîte du Jard, transformation du
champ de l’Aubret (0,75 ha) en pré. Il souhaitait agrandir les surfaces dédiées
à l’élevage pour un meilleur rendement. Il bénéficiait des nombreuses sources
d’eau aux Essarts, et pas seulement à Grissay. Cela nécessitait de gérer leur
écoulement (aplanir la Fosse aux Loups), de creuser des fossés pour drainer
autour des champs (l’Aubret), et de créer des abreuvoirs dans les nouveaux prés
de l’Aubret et de la gîte du Jard. Toujours dans la Marine, il était secondé
sur place par ses frères. Les bois sont exclus de la ferme (la grande gîte du
Jard et la gîte de Garne), suivant l’habitude : les propriétaires se les
réservaient et en faisaient une source de profits à part, en vendant leurs
arbres à la coupe. Accessoirement, ils constituaient des réserves pour la
chasse.
L’agrandissement
du domaine de Grissay (1808-1820)
Le 19 mai 1809, Auguste Guyet acheta
une borderie d’environ 13 hectares à la Rabretière (Essarts). Il était
représenté à l’acte par son frère Joseph, propriétaire demeurant à Paris mais
résidant provisoirement à Linières. À cette date, Auguste était agent comptable
de la Marine à bord du vaisseau Le César, en rade de
Flessingue (Hollande). Les vendeurs étaient René Allaire et Françoise Ollivier,
son épouse, propriétaires demeurant au bourg des Essarts (22). De Linières,
Joseph lui écrit le 25 mai suivant : « M. Allaire a vendu à ton compte les
terres de la Rabretière. Le prix est fixé à 4 280 livres tournois. Tu
n’entreras en jouissance qu’à la saint-Georges 1810. Il faut maintenant que
Coliche Landais (le fermier) paye pour qu’on t’acquitte » (23). L’acquisition
faisait partie de la métairie de la Rabretière.
Le 15 novembre 1812, Auguste Guyet acheta les deux métairies de Lespinay, aussi dites de la Cambronnière, l’une appelée la métairie de la Porte et l’autre la métairie de l’Airault. Il était présent à l’acte signé chez son frère Louis-René dans le bourg de Saint-Fulgent. Les vendeurs étaient comme dessus, René Élie Allaire, aîné, propriétaire, et dame Françoise Ollivier, son épouse (24). L’entrée en jouissance se fera au 23 avril 1813. La vente s’est faite moyennant la somme de 19 000 F payée comptant. De plus, les biens étaient grevés de 3 rentes foncières, dont les 2/3 étaient à la charge de l’acquéreur, représentant un capital de 10 285 F. C’était un ancien bien national. De ce fait, des formalités viendront compliquer la procédure d’acquisition, où l’homme de lois qu’était Joseph Guyet apporta une aide précieuse pour en venir à bout.
![]() |
La passerelle du château des Essarts |
Après
ces achats, Auguste Guyet opéra un partage de l’ensemble des parcelles
foncières, celles récemment acquises à la Cambronnière et à la Rabretière, et
celles comprises dans son héritage. Il en fit un inventaire en date du 7
décembre 1815 qui se présente comme suit (26) :
La
borderie que je me réserve : 29 boisselées.
La
métairie de la Porte (Grissay) : 282 boisselées avec des prés à 24
charretées.
La
métairie de Lespinay (Cambronnière) : 253 boisselées avec des prés à 22
charretées.
La
métairie des Barettes exploitée par Jaud : 243 boisselées avec des prés à
24 charretées.
La
métairie des Barettes exploitée par Couturier : 251 boisselées avec des
prés à 22 charretées.
Pour
le garde du domaine, le Petit Pré de la Fontaine de la Guibonnière et l’Ouche
des Brelandières du Chemin.
Les
acquisitions à la Cambronnière ne sont pas documentées dans la liste des
parcelles avec leurs surfaces. Il n’est alors pas possible de chercher une
historicité à cette constitution des 4 métairies.
Les
1063 boisselées au total à la mesure ancienne des Essarts font 129 hectares. On
ne sait pas à quelle surface de pré correspond une charretée de foin, mais on
suppute une surface des prairies naturelles d’environ 18 % des terres, ce qui
fait un total de la surface des 4 métairies et de la borderie de 152 ha,
auxquels il faut ajouter quelques landes et gîtes. Néanmoins, ces chiffres nous
paraissent sujets à caution, car, dans le premier cadastre des Essarts et de
Sainte-Florence en 1826, la borderie et les 4 métairies rassemblent en tout 192
hectares, alors qu’entre temps, les achats de parcelles ont été très réduits.
C’est donc plutôt autour de 190 hectares qu’il faut évaluer la surface du
domaine de Grissay quand Auguste Guyet quitte la marine et s’y installe à
partir de 1814.
Auguste
Guyet avait fréquenté des cousins à Triaize dans le Marais poitevin, où sa mère
possédait des terres à Champagné-les-Marais et où son frère aîné s’était
installé. Il fut séduit par la fille d’un cousin remué de germain, Anne-Marie
Guyet, demeurant à Triaize. Il lui fit la cour dès 1811 (27), et l’épousa en
novembre 1813 (28). En janvier, il réside dans la cabane de Beauvoir à Triaize
chez son beau-père Louis Charles Guyet, en même temps maire de la commune (28).
En janvier 1814, Auguste Guyet est toujours à Beauvoir (Triaize) chez sa jeune
épouse (29). Il s’installe à Grissay au cours de cette année et entreprend des
travaux sur des bâtiments de ses métairies et de son logis (30). À la fin de
l’année, il chasse dans la forêt de l’Herbergement de Sainte-Florence (31).
En
mars 1815, on l’y voit faire un échange de terre à la Rabretière (32). Sa femme
embauche une cuisinière et une domestique en avril. Elle paye cette année-là un
chaisier aux Essarts, un cafetier, un scieur de bois, autres signes de
l’installation du couple. Mais l’année 1815 sera une épreuve pour le jeune
couple. La jeune épouse de 19 ans aurait pu être heureuse avec la naissance de
leur premier enfant, prénommé Louis-Auguste, qui aura lieu à Grissay le 30 mai
1816 (33). Mais l’actualité politique et l’activisme de son mari âgé de 32 ans
lui apportèrent plutôt de l’anxiété.
Auguste
Guyet avait la réputation d’un « sans peur ». Déjà en septembre 1813,
il avait reçu le conseil de ne pas venir en Vendée à cause de la levée de 180
000 hommes décidée par Napoléon au titre de la garde d’honneur, qui risquait de
l’enrôler (34). Il n’en fit rien. Au retour de Napoléon pendant les Cent-Jours,
il s’engagea avec son beau-père dans Les chasseurs de la Vendée,
compagnies militaires formées pour soutenir Napoléon contre l’armée
d’insurgés royalistes se battant pour le retour des Bourbons. Les
chasseurs de la Vendée ont combattu à la bataille d’Aizenay, le 19
mai 1815. Avec le deuxième retour du roi Louis XVIII à l’été 1815, Auguste
Guyet se trouva dans le camp des vaincus, réfugié avec son épouse à Triaize. Il
dut demander le 9 septembre 1815 à l’autorité militaire de La Roche-sur-Yon de
se soumettre pour obtenir un sauf-conduit. Pour cela, il remit ses armes et son
cheval (35). Et il paya sans retard sa quote-part dans l’impôt exceptionnel de
100 millions décidé par ordonnance du roi pour faire face aux dépenses de la
guerre et de l’occupation des troupes étrangères (36).
Auguste
Guyet présentait un trait de caractère intéressant à relever. À côté de son
emploi public dans la Marine de guerre, il faisait du négoce pour son compte.
Les mœurs de l’époque le permettaient. Ses affaires portaient sur des
mousselines et des dentelles (37), de la liqueur de Hollande (38), du café et
du sucre (39). Une fois, il réclame même à son frère Joseph de Paris de lui
envoyer ses mousselines et son thé qui sont stockés à Paris (40). Il est à
Saint-Fulgent, et sans doute a-t-il trouvé des débouchés dans la contrée. Comme
son père, il aimait sans doute flairer les bonnes affaires. Pour celles-ci,
Auguste fera encore une incursion à Anvers à la fin de l’année. C’était pour y
régler une dette d’un montant de 4 000 F (41).
![]() |
L. Rousselot, Scène de combats à l'Ouest en 1815 |
Quand
il est revenu à Grissay, le bail des Landais était en cours, devant s’achever
le 22 avril 1815. Le 10 mai 1815, le prix de ferme échu est de 4 000 F, car
comprenant le solde non payé de l’année précédente (46). Le bail sera
renouvelé, toujours à prix fixe en argent, et s’arrêtera le 23 avril 1819, sauf la
métairie de Grissay attenante au logis, dont les Landais sont encore fermiers
jusqu’au 23 avril 1820. À cette date son exploitations était devenue à partage
de fruits à moitié. Les trois autres métairies ne sont pas documentées avant
1820.
Enfin,
Auguste Guyet embaucha un garde particulier, Aimé You, qu’il logea dans une
maison lui appartenant au village de la Cambronnière. Depuis le Code
d’instruction criminelle de 1810, chaque propriétaire avait la possibilité de
faire agréer par le maire un garde champêtre particulier, auquel était accordé,
après serment, certaines fonctions de police judiciaire. Ils étaient
spécialement chargés de la police de la chasse, de la pêche en eau douce
et de la garde des productions agricoles au profit des propriétaires. Bien sûr,
on ne les rencontrait que dans les grands domaines. Les seigneurs avaient
disparu, mais la propriété avait été promue au rang des droits de l’homme.
François Aimé You était originaire de Sainte-Cécile, né en 1790. Il s’est marié
aux Essarts en 1825 avec Louise Cardinaud. Ses quelques procès-verbaux
conservés se rapportent au vagabondage d’animaux, au vol d’arbre coupé dans le
Bois Pothé, au braconnage de coqs de perdrix rouge, aux pâturages non autorisés
(47).
Depuis
le Moyen Âge, le propriétaire était considéré dans la société rurale de la
contrée. En dehors même de la caste des seigneurs possédant des droits de
nature politique et des droits honorifiques dans les églises, les propriétaires
les plus importants dans les tènements (terroirs) roturiers, amassaient les
redevances seigneuriales annuelles pour les porter à la recette du seigneur.
Sans droit particulier, ils étaient considérés. Les plus riches avaient même
les moyens d’instruire leurs enfants. Cette notabilité sociétale a traversé la
Révolution sans encombre, alors que la notabilité politique et féodale y a
sombré. Le frère d’Auguste Guyet, Joseph, possesseur du grand amenage de
Linières et habitant Paris, avait son banc dans l’église paroissiale de Saint-André-Goule-d’Oie.
Il le louait comme tous les paroissiens par mise aux enchères. En 1817, il paie
la plus grosse somme : 9 F/an, comme un devoir de notabilité (48). Il est
probable que son frère de Grissay en a fait autant.
Un
propriétaire d’avant-garde : Auguste Guyet (1821-1853)
Les
surfaces
Les
mémentos de comptes d’Auguste Guyet nous renseignent sur l’exploitation de son
domaine de manière détaillée à partir de 1821. Les surfaces additionnées de la
borderie et métairie de Grissay, de la métairie de la Cambronnière et des deux
métairies des Barettes sont de 193,6 ha en 1826 et 190,8 ha en 1853. Chacune
des quatre métairies comprenait environ une quarantaine d’hectares. La borderie
en comprenait 27,4 ha en 1826, diminués à 14,5 ha en 1853 par transferts à la
métairie de Grissay. Le classement des parcelles foncières du cadastre de 1826 manque
de précision, en classant en nature de terre des landes pacagées et ne
réservant la nature de prés qu’aux prairies naturelles. Ces dernières
représentaient 10 % à 20 % en moyenne du total des sols selon les
exploitations. Les landes incultes et les broussailles n’occupaient que 3,3 ha
(1,7 %) et seulement dans les métairies des Barettes. Les 80 % à 90 % des sols
qualifiés de terre, comprenaient une partie de champs en guérets (repos de 1 à
2 ans) et une autre de landes pacagées. La visite de la métairie de Grissay en
1830 nous précise que les prairies naturelles et les landes pacagées
représentaient ensemble 44 % du total, tandis que les champs en culture et ceux
en guérets représentaient 45 % du total. En conclusion, les terres incultes
avaient presque disparu et les jachères longues (landes) exploitées en pacage
avaient diminué. Ces deux constats à cette époque sont la marque d’un sol plus
fertile que dans son environnement du Bocage. Le sol de Grissay était moins
acide qu’ailleurs, certes, mais l’emploi d’engrais chimiques dès les années
1820 avait permis d’améliorer leur fertilité.
L’élevage
![]() |
Race parthenaise |
La
modernité de Jacques Auguste Guyet
Ses comptes à partir de 1821 nous confirment
son goût pour le négoce. C’est lui qui achète et vend le bétail de ses
métairies dans les foires, presque toujours aux Essarts (3ᵉ mercredi du mois)
et à l’Oie (2ᵉ mercredi du mois, avant la Révolution, c’était le
2ᵉ mardi). Les montants sont partagés à moitié. Beaucoup plus rarement, on
le voit aux foires plus lointaines de la Mothe-Achard, de Chantonnay, de
Vendrennes, de Luçon, des Herbiers. On ne sait pas s’il utilisait un cabriolet
pour se déplacer, ou s’il continuait à monter à cheval comme son père. La
première calèche utilisée à Saint-André date des années 1830 (52), et il paraît
probable que J. Auguste Guyet n’a pas tardé à s’en offrir une. Il cessa d’aller
aux foires en 1834, laissant la place à ses métayers. Il avait 51 ans, et en
1844 il confia même la gestion du domaine à son fils aîné, Louis. En revanche,
les métayers vendaient eux-mêmes leurs parts des récoltes.
On note une fois l’achat de 2 taureaux de
race parthenaise en 1821. C’est donc un précurseur qui sélectionna les races et
les vaches parthenaises (bovins à robe fauve) sont promises à un bel avenir
dans le Bocage pour remplacer les races diverses qu’on y élevait avant la
Révolution. Il faisait nourrir les « bœufs de crèche », avec du son
acheté aux meuniers ou aux boulangers. En janvier 1822, il a acheté 64
boisseaux de son à un boulanger de La Chaize-le-Vicomte pour être distribués
dans ses quatre métairies du domaine de Grissay. Le son, d'avoine ou de blé,
est l'enveloppe qui protège les grains de céréales. Obtenu lors de la mouture
de la céréale, il a longtemps nourri les animaux.
Auguste Guyet était abonné au « journal
de l’industrie agricole », Le Cultivateur (53). Il
s’instruisait pour moderniser les activités agricoles. Il était aussi abonné à Le Père de famille,
« journal universel par la société d’instruction nationale et du bien
public sous le patronage de plus de cent pairs de France et députés »
(54). Ce dernier titre dit la modernité d’Auguste Guyet qui a cherché à
s’instruire sur le sujet dans un siècle de certitudes, avec les meilleures
références. Il était aussi abonné au Courrier français
d’obédience libérale, où écrivait son cousin Isidore Guyet (55).
Il a fait peu cultiver des plantes
fourragères en 1821 et 1822, comme on l’a vu. Mais après, nous ne connaissons
pas les productions. En revanche, il fait acheter en 1825 des graines de
betterave et de rutabaga auprès d’un grainetier parisien par un de ses neveux
(56). Prenons l’exemple de la métairie de la Barette Haute. Les métayers ont
semé 25 livres de graines de luzerne en 1828. En 1830, ils ont semé 1 livre de
graines de betteraves champêtres, et 1 autre livre en 1833. Cette année-là, ils
ont aussi semé pour 15 F de graines de trèfle. En 1835, c’est du trèfle à
nouveau qu’on a semé et de la jarosse, les deux payés 20,50 F. On se croirait
dans une ferme pilote avec son centre de recherches. À partir de 1842, Auguste
Guyet a fait son choix, il fera semer régulièrement du trèfle, mais apparemment
sur une petite surface (57). Son beau-frère Martineau de Saint-Fulgent,
augmenta fortement aux Herbiers en 1810 la culture de la luzerne dans une de
ses borderies. Il y avait déjà une luzernière et il demanda à son métayer d’en
ensemencer trois de plus, précisant de bien les fumer et de « semer par
rayons ». Le prix de ferme de 950 livres par an était en conséquence élevé
pour une petite surface (58). Aussi docteur en médecine, le propriétaire
foncier qu’était Étienne Benjamin Martineau innova dans l’agriculture. Son
beau-père, Simon Guyet, avait fait cultiver de la chicorée sauvage sur quelques
boisselées avant la Révolution (59). Ils font partie, avec Jacques Auguste
Guyet, de ces nouveaux propriétaires de domaines agricoles qui vont contribuer
tout au long du 19ᵉ siècle à moderniser l’agriculture vendéenne.
Les fermiers de son neveu Marcellin
Guyet-Desfontaines à Linières remportaient des prix aux comices agricoles du
canton de Saint-Fulgent en 1857. Dans le canton des Essarts, des concours ont
été plus tardifs et on n’y voit rien concernant Grissay. Guyet-Desfontaines
était membre en 1855 de la Société d’Acclimatation pour la protection de la
nature (cf. bulletin de la société). Notaire puis député vivant à Paris,
comme beaucoup de propriétaires terriens, il se voulait à la pointe du progrès
en cherchant à valoriser son patrimoine. L’oncle de Grissay était de la même
veine, de manière plus impliquée et parmi les premiers de la contrée. Cette
recherche du progrès a concerné aussi des propriétaires plus modestes, comme on
le voit dans les années 1850 avec l’un d’entre eux au Clouin de
Saint-André-Goule-d’Oie, Augustin Charpentier.
À Linières, on pratiquait les baux à prix
fixes en argent, et à Grissay, les baux à partage de fruits. Sur ces pratiques,
il paraît utile de réformer une idée répandue au 20ᵉ siècle. C’est alors
qu’au moment de s’engager dans une modernisation en profondeur des
exploitations agricoles, les métayers et les syndicats agricoles ont critiqué
l’affermage à partage de fruits comme empêchant les initiatives du métayer et
l’enfermant dans un rapport trop subordonné à l’égard du propriétaire. Dans
l’opération, un argument a été avancé : le partage des fruits à moitié
était la marque d’un passé révolu. Les moins informés ressortaient les
seigneurs de l’Ancien Régime pour faire bonne mesure. C’est faux, les baux à
prix fixes en argent étaient aussi nombreux jusqu’au 19ᵉ siècle dans la
contrée, même si par nature ils ne portaient pas les défauts des baux à partage
des fruits. Auguste Guyet affermait d’ailleurs à prix fixes en argent ses
cabanes dans le Marais poitevin, à cause de l’éloignement tout simplement, mais
tout en suivant de très près l’assolement des carrés par ses métayers (60).
Autre signe de modernité d’Auguste
Guyet : ses travaux dans les bâtiments. Ils ont été fréquents dans les
métairies, à cause peut-être des dommages de guerre à réparer, certainement dus
aux entretiens nécessaires, mais aussi résultant d’une volonté d’amélioration
du propriétaire. Quand Charles Guyet acheta Grissay en 1784, les bâtiments et
logements des lieux, logis compris, étaient en ruine. Le logis du propriétaire
avait la forme d’une longère dans le cadastre de 1826. Il était bâti au fond
d’une petite cour avec un jardin à l’arrière. Au sud, se trouvaient les
logements et bâtiments de la métairie, avec le toit aux oies plus au sud. Le
logis avait été bâti vers 1670 (61). En 1830, une maison des métayers a été
construite plus au nord, à l’écart du logis. Suivant les usages de l’époque
dans les grandes métairies, elle comprenait au rez-de-chaussée deux pièces à
vivre et à dormir, et deux petites pièces de service. À l’étage, il y avait un
grenier (62).
En 1831, la description du logement des
métayers de la Cambronnière est plus complète. La pièce à vivre comprend 2
fenêtres vitrées avec leurs volets. Le sol est pavé en pierres. Il y a une
cheminée et un espace de rangement fermé de 2 grilles en fer. La chambre d’à
côté comprend aussi 2 fenêtres vitrées avec leurs volets. Le sol est pavé en
briques et il y a une cheminée. Un escalier en bois monte au plancher (grenier)
avec une porte d’entrée. Ses murs sont en bousillage, un mélange de terre
détrempée et de chaume tenu entre des poutres en bois. Le sol est carrelé en
carreaux (63). On note deux éléments de confort qu’on ne trouvait pas
partout : une cheminée dans la chambre à coucher et les sols pavés de
pierres et de briques.
![]() |
Logis de Grissay rehaussé vers 1840 |
En
1838/1841, Auguste Guyet a transformé son logis en le rehaussant d’un étage,
supprimant les greniers pour y créer des pièces d’habitations et créant des
mansardes au-dessus. Un tailleur de pierres est intervenu dans une recherche
d’esthétique de la façade extérieure. Il a refait tout l’intérieur, tant la
décoration que l’ameublement (64). Il n’a pas démoli pour rebâtir à neuf, comme
le fera le baron des Essarts en 1856, ou le châtelain de Linières en 1872.
L’actuel château de Grissay est une nouvelle transformation en 1895 du logis
d’Auguste Guyet, avec une nouvelle toiture de style renaissance, et aux
extrémités l’adjonction d’une tour et d’un pavillon.
Le pionnier des nouveaux engrais (1821-1853)
Les
engrais naturels
Ils
étaient constitués de la litière des animaux, des bourrées et de la cendre.
Litière
Jusqu’en
1827, les quatre métairies du domaine de Grissay ont pratiqué un élevage
important. Plus qu’ailleurs on a pu disposer de litières, mais de toutes façons
très largement insuffisantes. On les réservait aux jardins, et ouches en
priorité.
Bourrée
Pour
compléter la litière des animaux on continuait à utiliser de la bourrée. Le mot
avait plusieurs sens. Il pouvait désigner la
végétation qui pousse dans un champ plus ou moins en jachère, que l'on fauche
pour servir de litière aux bovins, en plus de la paille. C’était aussi
le fumier ou engrais à base de plantes pourries. Pour cela, on entassait celles-ci
dans des flaques d’eau des chemins ou des aires. Comme la litière, les métayers
devaient conserver la bourrée à l’usage exclusif de leurs terres, et ne pas en
vendre. On a une exception en 1825, où Auguste Guyet en a acheté à Bonnaud de
la Touche (65). Mais le propriétaire de la Touche était son frère Joseph,
propriétaire de Linières près de Saint-André-Goule-d’Oie. On voit un autre
achat en 1820 à la Barette Basse (66) et à la Barette Haute en 1821 et 1827 (67).
Son achat, sinon son usage a disparu ensuite. Ces rares achats d’engrais
naturels, comme les autres, étaient payés à moitié par les parties au bail (68).
Cendre
On
a toujours utilisé la cendre dans la première moitié du 19e siècle à
Grissay, qu’on achetait le plus souvent. Ce n’était pas de la cendre de bois qui faisait baisser le ph. Plutôt celle obtenue
dans le Bocage en brûlant des plantes sauvages (ajoncs, bruyères et fougères).
Elle apportait soude et potasse à la terre, aussi l’azote provenant de la
cendre de genêt. Les cendres étaient étendues sur la terre quelques jours avant
les semailles. Elle provenait aussi des fours à chaux et des tuileries,
chauffés avec du bois.
On
trouve un achat de cendre en 1827 à Grissay, puis ensuite seulement en 1849. On
l’a utilisé assez peu et en forme d’appoint tout au long de la période
observée. Une charretée de cendre est payée 36 F et 43 F avant 1835, et ensuite
de 50 F à 75 F. Son utilisation épisodique
se voit jusqu’en 1852 à la Barette Basse. Entre 1837 et 1846 on l’a délaissée à
la Barette Haute, puis reprise en 1847 et 1850.
Les
engrais chimiques
La
chaux
Cet
engrais permettait de désacidifier les terres du Bocage Vendéen, dont la
fertilité était faible qui s’épuisait trop vite. C’était moins nécessaire à
Grissay où se terminait une bande de sous-sol calcaire marneux plus fertile
venant de Chantonnay (69). La seule adaptation pratiquée depuis le Moyen Âge
consistait à laisser temporairement les terres en repos, soit avec des guérets
qui n’étaient pas emblavés ou plantés pendant un à deux ans, soit avec des
landes qui étaient des jachères longues d’une dizaine d’années. Ces surfaces de
terres provisoirement sans récoltes pouvaient occuper le tiers d’une métairie.
C’est dire, avec leur suppression, l’enrichissement apporté par l’emploi de la
chaux dans le Bocage aux environs des années 1850.
Sur
ce sujet, Auguste Guyet a été un pionnier. La lecture de ses premiers comptes
conservés nous apprend que ses métayers de la métairie de Grissay utilisent de
la chaux en 1820 (70). En 1821 ils paient le
« salaire de l’homme qui a enfourné la chaux » (71). Auguste Guyet
possédait un four à chaux, dit de Grissay, situé en bas de la Cambronnière (72).
En août 1822, il fait ses comptes avec son journalier Richard pour ses 2
fournées comprenant l’extraction de la pierre de chaux dans une carrière (p. 24
du memento de comptes). La première fournée pour le compte de ses métayers a
donné lieu au paiement de 3 journées à tirer la pierre à raison de 1,5 F/jour
et de 5 journées et 5 nuitées à raison de 1,75 F/jour. La deuxième fournée
« pour le compte de Libaud des Essarts, pour celui de Puaud à la
Ferchaudière et pour le mien », a donné lieu au paiement de 4 journées à
tirer la pierre et de 6 journées et 6 nuitées. Rappelons que le même Richard
était payé 0,75 F/jour pour les travaux habituels. Il faut dire qu’il
s’agissait d’un travail pénible. La carrière ne devait pas être située loin du
four. Les pierres de calcaire étaient tirées par des chevaux et enfournées par
le haut dans une tour en pierres et briques réfractaires, le four, grâce à une
rampe d’accès. Puis on allumait le four avec des grosses bûches, complétées
plus tard par des cokes (combustibles issus du charbon) que l’on mettait en
haut de la cheminée. On laissait cuire la pierre et le calcaire brûlant
était transformé en chaux vive. Du four se dégageaient une forte température et
beaucoup de gaz carbonique. Issue de la réaction de l’eau sur la chaux vive, la
chaux éteinte se présente sous forme de poudre et elle est répandue sur le sol
pour corriger l’acidité des terres.
En
1824, le bonhomme Richard travaille toujours à tirer de la « pierre de
chaux » (p. 50 du mémento de comptes), lequel est toujours actif en 1827
(p. 85). Il y avait une carrière de pierres dans un champ de la métairie de la
Barette Haute (73). Sous la couche arable on y trouve une roche de calcaire. On
sait qu’on s’y fournissait en matériaux de construction au milieu du 19 siècle,
et probablement a-t-elle alimenté aussi le four à chaux de la Cambronnière. Auguste
Guyet a-t-il été pionnier avec son four à chaux ou s’est-il contenté de
continuer à faire fonctionner un four existant ? Les actes d’achat
effectués ne permettent pas de répondre à la question. Toujours est-il que son
frère Joseph, ne paraît pas avoir chaulé les terres de ses 4 métairies aux
Essarts et ailleurs. On pense que ce four à chaux, peut-être d’activité
ancienne, a été orienté vers l’usage agricole de la chaux par le nouveau propriétaire
de Grissay.
Les
quatre métairies du domaine ont utilisé la chaux au début des années 1820. Puis
c’est devenu plus rare. À Grissay on a acheté de la chaux en 1835 pour 31,5 F,
et ensuite elle est absente des écritures. Les achats reprennent en 1852 et
1853, auprès des nouveaux fours à chaux des Essarts. À la Cambronnière, la chaux aussi a été peu utilisée au bout de
quelques années : en 1841 pour 17 F, en 1949 pour 26 F. Son usage redémarre
avec 2 livraisons achetées au « Four à chaux des Essarts », situé
près de Maison Rouge : 200 litres en 1851 et autant en 1853. La chaux
apparaît chaque année de 1849 à 1852 à la Barette Basse. On ne l’avait pas vu
depuis les comptes de 1828, il est vrai avec un vide documentaire de 1835 à
1848. De manière documentée, on observe à la Barette Haute que la chaux a été
abandonné de 1828 à 1844. En 1845, on en a acheté pour 107 F, continuant
ensuite régulièrement chaque année. Les 100 litres de chaux valaient environ 13
F.
Ces constatations confirment ce qu’on a observé ailleurs
un peu plus tard en Vendée. Vendue d’abord comme un engrais universel, la chaux
a déçu après quelques années faute d’être employée à bon escient. « La
chaux enrichit les pères et ruine les enfants », a-t-on entendu parfois.
Au début de son utilisation massive, les propriétaires et les agriculteurs se
sont partagés en effet entre les partisans et les adversaires de la chaux. Puis
les partages d’expériences et les conseils avisés ont abouti à une utilisation
mieux appropriée, adaptée aux sols et complétée par d’autres engrais (74).
L’ouverture du nouveau four à chaux des Essarts (près de Maison Rouge), a aussi facilité le retour de la chaux pour amender les terres. En 1852 le métayer de Grissay achète 600 litres de chaux au « four à chaux des Essarts » (75). La chaux se vendait 1 F à 1,1 F le mètre/hectolitres de chaux, ou 100 litres. Les 5 achats effectués de 1852 et 1853 par la seule métairie de Grissay totalisent 311 F, représentant ainsi approximativement 311 hectolitres.
Lieu des fours à chaux près Maison Rouge (Essarts) |
Le noir animal
C’était un engrais actif utilisé en petites
quantités et composé de charbon d’os, de sang desséché et de rognures de
cornes, mélangé avec d’autres éléments fertilisants. Le port de Nantes en
importait de toute l’Europe en 1828, où il était revendu 7 F l’hectolitre
(environ 100 kg) au commerce et à l’agriculture locale (77) On a vu un rare
achat de noir par les métayers de Grissay en 1826 dans le mémento de comptes
(78), mais c’est le seul. Une écriture du 27-8-1828 du nouveau mémento de
comptes (page 27) nous indique que le noir était transporté depuis Nantes par
les métayers jusqu’aux Essarts. Il était vendu par Guicheteau frères
« Achats de grains de toutes sortes, magasins de noir animal pour engrais,
et de charbon de terre anglais pour forges et fourneaux » (79). Les
métayers l’achetaient 10,5 F/hecto.
Le noir est devenu le principal engrais
utilisé dans le domaine à partir de 1828. Dans les 18 années de 1836 à 1853,
les métayers de Grissay ont fait 11 achats pour un montant total de 1652 F et
correspondant à 156 hectolitres, soit en moyenne 8,6 hecto/an. Les données en
volumes et prix de certaines écritures permettent de calculer les unités de
volumes utilisées. Ainsi, le boisseau de noir contenait 24,3 litres, et une
barrique 145 litres, ce qui donnait 6 boisseaux pour une barrique. Ces valeurs
de volumes étaient pratiquées par le fournisseur nantais, sans garantie qu’il
en allait de même pour d’autres fournitures, comme la chaux produite dans la
région des Essarts.
Les métayers de la Cambronnière ont effectué
5 achats de noir de 1828 à 1840, par 4 à 6 barriques et une fois une charretée
de cendre, le tout pour au moins 300 F. De 1841 à 1853, 8 achats de noir ont
été effectués pour 730 F, soit environ 36 barriques achetées à Nantes. C’est le
principal engrais utilisé, avec un peu de cendre. À la Barette Basse les
informations sont parcellaires. On note « 2 barriques de noir qu’Olivreau
a amenées de Nantes cette année » (1830). 1 barrique de noir vaut 15,5 F
et on en prend 6 pour la Barette Basse en 1834. Le noir, fut l’engrais chimique
dominant utilisé chaque année à la Barette Haute de 1828 à 1853. La barrique de
noir s’achetait autour de 16 F, et on en consommait à la place de la cendre ou
en supplément. On a 17 paiements de noir en 25 ans, pour environ 120 barriques.
Le retour de la chaux ensuite n’a pas fait diminuer son utilisation à la fin de
notre période du nouveau mémento de comptes.
Conclusions
Les archives de la Barette et de Grissay
nous donnent l’exemple d’une seigneurie dont la valeur résidait dans
l’exploitation agricole bien plus que dans l’exploitation des droits féodaux
qu’elles possédaient. La suppression de ces derniers a eu un faible impact dans
la vie des domaines. En revanche, les engrais chimiques, 60 ans après,
constituèrent un premier facteur de la révolution des techniques agricoles au
milieu du 19e siècle dans le Bocage vendéen, qui elle, fut capitale pour
l’économie et la société rurale. Puis les enfants d’Auguste Guyet connaîtront
l’apport de la science dans l’art vétérinaire et le machinisme dans les outils
de travail.
Les fermiers professionnels de l’agriculture
comme Charles Guyet, étaient mieux à même de réussir dans l’exploitation
agricole que les fermiers hommes de lois, souvent rencontrés sous l’Ancien
Régime. Que son fils, Auguste Guyet, se soit plus impliqué que d’autres
propriétaires de grands domaines de son époque est affaire personnelle. Mais
d’autres propriétaires que lui ont favorisé la révolution agricole du Bocage
vendéen au 19ᵉ siècle, soit par eux-mêmes, soit avec leurs régisseurs. Et
tous n’avaient plus besoin de procureurs fiscaux. Leurs droits de propriété
étaient mieux assurés et les métayers payaient moins d’impôts fonciers.
Les comptes d’Auguste Guyet font des points réguliers de trésorerie dans ses relations avec ses fournisseurs et ses métayers. Ils éclairent ses dépenses, mais peu ses recettes. On devine néanmoins qu’il s’est enrichi, mais sans pouvoir le mesurer. Ses métayers aussi, mais tout en restant dans leurs communautés familiales où on faisait bourse commune sous l’autorité du chef de famille. Ces communautés avaient constitué un mode d’adaptation à une économie de subsistance. La politique n’a pas modifié leur existence. Mais dans le même temps, un monde s’achève avec Auguste Guyet. Après lui, les nouveaux progrès techniques, l’extension de l’industrie, la diffusion d’une finance moderne, créèrent une économie plus ouverte aux échanges. Attirés principalement dans les villes, des capitaux fonciers et des travailleurs de la terre entamèrent un long et important exode pendant près d’un siècle.
Auguste Guyet a pris trente années d’avance
sur ses voisins en tâtonnant sur les semences et les engrais. C’est là que son
exemple est précieux. On a parlé de ses opinions et de son engagement
politique, comme d'un témoignage local de la grande Histoire, mais ils sont
sans importance sur l’évolution de son domaine. Il est mort en 1852, d’où
l’arrêt de ses archives en 1853 avec l’ouverture de sa succession. Il a laissé
deux fils, Louis, l’aîné, et Georges-Émile. La fille de Louis, Marie-Adèle
Guyet, épousa Charles-Ferdinand Batiot, celui qui transforma le château de
Grissay tel qu’il est aujourd’hui.
(1) René Louis Marie Jousbert (1752-1796),
chevalier baron du Landreau, seigneur du Plesis-Tesselin, Rochetémer, Les
Voureilles, et pour moitié de la châtellenie des Herbiers. Il était le fils de
René Julien Jousbert et de Marie Claire Duchesne du Mesnil, et fut capitaine du
régiment Navarre-cavalerie. Il épousa en 1785 Antoinette d’Escoubleau de
Sourdis, fille du châtelain de l’Etenduère (Ardelay). Il émigra en 1791 et
mourut à Dortmund en 1796. (Notes de Jean Lagniau 1971).
(2) Achat 30-10-1784 du fief de la Barette
de C. Guyet à Jousbert du Landreau, notaire de Saint-Fulgent, Frappier, 3 E
30/10.
(3) Journal inédit de Dangirard, Éditions du
CVRH 2008, page 227.
(4) Ferme du 6-11-1754 de la Barette de 1758
à 1765 à Girault sieur de la Claverie, Archives de la Vendée, archives de la
Barette : 2 MI 36/3.
(5) Baux du 29-11-1179 de Payraudeau,
Archives de Vendée, notaire des Essarts, minutier d’Ancien Régime (1779-1780),
Verdon étude C, 3 E 14 4-2, vues 254 à 261.
(6) Procuration du 18-11-1787 dans
l’instance de C. Guyet pour le fief de la Barette, Archives de Vendée, notaire
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12.
(7) Archives de Vendée, Archives de Vendée,
annuaire de la Société d’Émulation de la Vendée (1913), soirées vendéennes,
page 50, vue 29.
(8) Assemblée paroissiale des Essarts du 19
avril 1632, Archives
de la Vendée, transcription par Guy de Raignac des archives de la
Barette : 8 J 87-1, pages 43 et 44.
(9) Mémoire vers 1701 sur le paiement d’un
droit de ligence par la Parnière, copie d'Amblard de Guerry dans un classeur
d’aveux rendus au roi pour Montaigu en 1344.
(10) Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire des paysans français de la
peste noire à la Révolution, Seuil/PUF, 2022, p. 532.
(11) Bail de la Barette du 19-10-1789 par
Charles Guyet à Jean et Nicolas Landais, Archives de la Vendée, transcriptions
par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-2, page 167.
(12) Avant l’insurrection (1789-1792), fonds
Boisson, Arch. hist. dioc. Luçon, 7 Z 46-1.
(13) Notoriété du décès de Charles Guyet
établie le 7 messidor an III par Pillenière, notaire de Luçon, Arch. dép.
Vendée, 3 E 49/111-3, vues 311-312/416.
(14) Bail du 19-9-1796 de la borderie de
Grissay par Joseph Guyet, Archives de Grissay, dossier des baux.
(15) Lettre vers 1818 d’A. M. Lenoble à son
neveu J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des lettres de famille à
Jacques Auguste Guyet.
(16) Bail du 19-9-1796 de la borderie de
Grissay par Joseph Guyet, Archives de Grissay, dossier des baux.
(17) Décès de Jean Landais du 21-6-1806,
Archives de Vendée, état civil des Essarts, vue 53 accessible par internet.
(18) Partage de la succession de Mme Sibuet,
page 26, Archives de Grissay, dossier des Titres divers.
(19) Lettre du 28-3-1807 de Joseph Guyet à
Jacques Auguste Guyet à Saint-Fulgent, Archives de Grissay, dossier des lettres
de Joseph à Jacques Auguste.
(20) Bail du 20-8-1807 de Grissay et des
métairies de la Barette par J. Auguste Guyet, Archives de Grissay, dossier des
baux.
(21) Ibidem, visite et partage vers 1807 du
domaine de Grissay.
(22) Vente du 19-5-1809 d’une partie de la
métairie de la Rabretière par René Allaire à J. Auguste Guyet, Archives de
Grissay, dossier des propriétés de Grissay.
(23) Lettre du 25-5-1809 de Joseph Guyet à
Jacques Auguste Guyet à Flessingue, Archives de Grissay, dossier des lettres de
Joseph à Jacques Auguste.
(24) Vente du 15 novembre 1812, des deux
métairies de Lespinay par Allaire à Jacques Auguste Guyet, Archives de Grissay,
dossier des propriétés de Grissay.
(25) Ibidem, vente du 26-4-1815 d’une
métairie à la Cambronnière par Joachim Allaire à J. Auguste Guyet.
(26) Inventaire du 7-12-1815 de la propriété
de Grissay, Archives de Grissay, dossier des baux.
(27) Lettre du 23-8-v1811 de Benjamin
Charles Martineau à son oncle Jacques Auguste Guyet à Étiolles, Archives de
Grissay, dossier des lettres de famille à Jacques Auguste Guyet.
(28) Mariage du 24-11-1813 d’Auguste Guyet
et d’A. M. Guyet, Archives de Vendée, état civil de Triaize, vue 309 accessible
par internet.
(29) Lettre du 8-1-1814 de Benjamin C.
Martineau à son oncle Jacques Auguste Guyet à Beauvoir, Archives de Grissay,
dossier des lettres de famille à Jacques Auguste Guyet.
(30) Nouveau Mémento de comptes, écritures
de 1814 page 2, Archives de Grissay, dossier des Recettes et Dépenses d’Auguste
Guyet à Grissay.
(31) Lettre du 7-1-1815 de M. du Fougerais à
J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des lettres de famille à Jacques
Auguste Guyet.
(32) Échange du 2-3-1815 de terre à la
Rabretière entre Jean Allaire et J. Auguste Guyet, Archives de Grissay, dossier
des propriétés de Grissay.
(33) Liquidation de la succession Mme Sibuet du 10-6-1835, page 18,
Archives de Grissay, dossier des Titres divers.
(34) Lettre du 6-9-1813 de Benjamin C.
Martineau à son oncle J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des lettres de
famille à Jacques Auguste Guyet.
(35) Ibidem, lettre du 11-9-1815 des
autorités militaires à J. A. Guyet.
(36) Ibidem, lettre du 16-9-1815 de Louis R.
Guyet à son frère J. A. Guyet.
(37) Lettres du 13 et 14-9-1811 de Joseph
Guyet à Jacques Auguste Guyet à Anvers, Archives de Grissay, dossier des
lettres de Joseph à Jacques Auguste.
(38) Ibidem, lettre du 17-1-1812 de M.
Chiquand à Jacques Auguste Guyet à Paris.
(39) Ibidem, note du 26-10-1827 des dépenses
d’Auguste Guyet à rembourser par Joseph.
(40) Ibidem, lettre du 26-12-1812 de Joseph
Guyet à Jacques Auguste Guyet à Saint-Fulgent.
(41) Ibidem, billet à ordre du 13-12-1815 de
Jacques Auguste Guyet à Anvers.
(42) Rapport du préfet Paulze d'Ivoy au
ministre de l'Intérieur sur la situation en Vendée - juillet 1833 -, page 12,
Archives départementales de la Vendée.
(43) Cf. note (39).
(44) Contrat de mariage du 11-4-1811 de
Pierre François Cougnon et Rosalie Loizeau, Arch. de Vendée, notaire de
Saint-Fulgent, Billaud : 3 E 30/1.
(45) Lettre du 26-12-1815 de Jacques Auguste
Guyet au préfet de la Vendée, Archives de Grissay, dossier des lettres de
Joseph à Jacques Auguste.
(46) Écriture du 10-5-1815 et 20-5-1819,
page 273, nouveau mémento de comptes, Archives de Grissay, dossier des recettes
et dépenses d’A. Guyet à Grissay.
(47) Sept procès-verbaux du garde
particulier (1816-1831), Archives de Grissay, Contentieux et divers
(48) Recettes et dépenses de la fabrique de
Saint-André Goule-d’Oie (1811-1812), Archives de la paroisse de
Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie : carton no 29,
chemise V.
(49) Ibidem, recette pour guérir les
panaris, entorses et brûlures, nouveau mémento de comptes.
(50) Ibidem, récoltes des métairies en 1821
et 1822.
(51) Bail du 31-7-1826 de la métairie de
Grissay par J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des baux.
(52) Inventaire des 5 et 6 janvier 1835 à la
requête de Léon Auguste de Tinguy, Archives de Vendée, notaires de
Saint-Fulgent, Pertuzé : 3 E 30-27.
(53) Lettre du 25-1-1830 de Victoire Sibuet
à Jacques Auguste Guyet à Grissay, Archives de Grissay, dossier des lettres de
famille à Jacques Auguste Guyet).
(54) Ibidem, lettre du 17-7-1832 de Victoire
Sibuet.
(55) Cf. (53).
(56) Ibidem, lettres du 6 et du 12-3-1825 de
Victoire Sibuet.
(57) Nouveau mémento de comptes, Archives de
Grissay, dossier des recettes et dépenses d’A. Guyet à Grissay.
(58) Bail le 26-5-1810 d’une borderie aux
Herbiers de Benjamin Martineau, Arch. de Vendée, notaire de Saint-Fulgent,
Billaud : 3 E 30/1.
(59) Jean-Alexandre Cavoleau, Statistique ou description générale du
département de la Vendée, Arch. de Vendée, bibliothèque historique
BIB C 48-2, p. 583.
(60) Bail en 15-12-1842 des cabanes du
Vignaud et de la Bouhière par J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des
baux.
(61) Aveu du 4-8-1679 de Lespinay/la Barette
(Renée Jousseaume) aux Essarts (Mme royale), page 3, Archives de Grissay.
(62) Visite du 28-4-1830 de la métairie de
Grissay, Archives de Grissay, dossier des baux.
(63) Ibidem, visite du 3-5-1831 de la
métairie de la Cambronnière.
(64) Compte des bâtisses que j’ai fait en
1835, nouveau mémento de comptes, p. 137, Archives de Grissay, Recettes et
Dépenses d’Auguste Guyet à Grissay.
(65) Ibidem, mémento de comptes, 7-1-1826,
p. 64.
(66) Ibidem, mémento de comptes, 12-11-1820,
p. 7.
(67) Ibidem, mémento de comptes, 30-12-1821,
p. 17, et 14 janvier 1827, p. 85.
(68) Bail du 25-4-1821 de la métairie de la
Cambronnière par J. A. Guyet, Archives de Grissay, dossier des baux.
(69) Syndicat des agriculteurs de la Vendée,
Manuel d’enseignement
agricole, imp. Rezeau à Luçon, 1932, p. 8.
(70) Mémento de comptes, 1820, p. 8,
Archives de Grissay, Recettes et Dépenses d’Auguste Guyet à
Grissay.
(71) Ibidem, mémento de comptes, 30-9-1821,
p. 13.
(72) No 768 section H du cadastre des
Essarts de 1826, vue 320 aux Archives de la Vendée.
(73) Parcelle dans la Plaine des Barettes
contenant la carrière, nos 776 et 503 de la section H du cadastre des Essarts
en 1826, dans le partage du 30-3-1853 de la succession d’Auguste et Anne-Marie
Guyet, pages 8 et 30, Archives de Grissay, dossier des propriétés de Grissay.
(74) A. Merveau, « De l’emploi de la
chaux en agriculture », Arch. dép. Vendée, Annuaire de la société d’émulation,
1860, vue 139/176 et s.
(75) Facture du 24-5-1852 du four à chaux
des Essarts à Debien, nouveau mémento de comptes, p. 160, Archives de Grissay,
Recettes et Dépenses d’Auguste Guyet à Grissay.
(76) Journal L’Indicateur 1850 et 1851,
Archives de la Vendée.
(77) https://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/2017/09/noir-animal-engrais.htm).
(78) Mémento de comptes, p. 8, Archives de
Grissay, Recettes et Dépenses d’Auguste Guyet à Grissay.
(79) Ibidem, facture du 5-11-1852 de
Guicheteau à Debien pour du noir, nouveau mémento de comptes, p. 160.
Emmanuel François, tous droits réservés.
Mai 2025.