Les débuts de l’état-civil
Les registres paroissiaux, tenus par les curés des
paroisses sous l’Ancien Régime, contenaient l’inscription des baptêmes, mariages
et sépultures faits dans la paroisse. C’étaient des documents officiels
provenant en Vendée de la sénéchaussée de Poitiers. Les autorités
révolutionnaires les ont remplacés par les registres d’état-civil tenus par des
officiers de l’état-civil (maires), contenant l’inscription des naissances,
mariages et décès survenus chaque année dans la commune. Décrétés par
l’assemblée nationale le 20 septembre 1792, leur entrée en vigueur a été fixée
au 1e janvier 1793. Le commencement des nouveaux actes manifeste le culte
de la loi exprimant la souveraineté de la nation. On citera par exemple le
premier registre conservé de Chauché : « le 15 janvier 1793 l’an 2e
de la République Française, nous François Renolleau officier public de la
commune de Chauché, canton de Saint-Fulgent, district de Montaigu, département
de la Vendée, nommé en exécution de l’article 2 du titre 1e de la
loi du 20 septembre 1792, l’an 4e de la liberté, qui détermine le
mode de constatation de l’état-civil des citoyens, étant au lieu des séances de
la commune, a été présenté un enfant
reconnu de sexe masculin nommé … » (1).
Dans la guerre de Vendée, commencée en batailles
rangées en mars 1793, l’action administrative a été fortement perturbée et chaque
camp a voulu bruler les papiers de son ennemi. Si bien que l’état-civil des
Vendéens de la contrée de Saint-André a presque entièrement disparu de 1793 à
1800. Certes, on voit conservé dans les communes les plus ravagées par la
guerre civile, comme celle de Saint-André, des registres communaux à partir
d’avril 1797 (floréal an V). Mais ceux-ci ont souffert, les premières années,
de leur rejet par les populations. Il faut attendre le retour de la paix par
Napoléon en 1800, pour disposer d’un inventaire sérieux de l’identification des
habitants de Saint-André.
On peut néanmoins accéder aux registres clandestins
des curés réfractaires au serment à la constitution civile du clergé. Ils
étaient clandestins car non officiels, et parfois tenus au péril de leur vie
par des prêtres obligés de se cacher pour échapper dans un premier temps à la
déportation, et dans un deuxième temps à la mort. Ce fut le cas de Louis Marie
Allain (1751-1823), curé de Saint-André à partir de 1783 (voir le dictionnaire
des Vendéens sur le site des Archives départementales). Conservés dans les archives
du diocèse de Luçon, ces registres clandestins font partie de l’état-civil mis
à la disposition du public par les Archives départementales de la Vendée, pour
en tenir lieu. En pratique en effet, ils suppléent à l’état-civil dont la
conservation a été défaillante quand il a existé.
Au-delà des investigations individuelles qui en
constituent l’objet même, ces registres nous révèlent ou confirment quelques
faits advenus dans la commune de Saint-André-Goule-d’Oie.
1792 : début des hostilités
D’abord la clandestinité du curé a commencé en
juillet 1792 dans cette commune. On le sait à cause des décisions prises par
les autorités. Par arrêté du 30 juin 1792, le Directoire du département de la
Vendée convoqua tous les prêtres insermentés à Fontenay pour y être internés. Dans
la Vienne les autorités furent moins agressives, provoquant la colère des
jacobins locaux (2). Avec le recul on remarque que ce texte était entaché d’abus
de pouvoir. Mais bientôt la loi devait aller plus loin : celle du 26 août 1792
condamna à la déportation tous les prêtres insermentés, et au bagne les
récalcitrants qui refusaient de partir. Beaucoup de prêtres quittèrent ainsi la
France, notamment ceux du sud de la Vendée. Les embarquements eurent lieu à la
fin de l’année 1792 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie ou aux Sables-d’Olonne,
concernant 250 prêtres, généralement vers l’Espagne et l’Angleterre. C’est aussi depuis la fin août que fut proscrit le costule clérical par
les autorités (3).
Les historiens s’accordent à fixer le début de la
guerre de Vendée en mars 1793 avec le commencement des batailles rangées. Bien
sûr ils expliquent que « le feu couvait sous la cendre », et que la
levée de 300 000 hommes « mit le feu aux poudres », suivant les
expressions habituellement utilisées. C’est plutôt en juillet 1792 qu’ont
commencé les hostilités avec la traque des prêtres et la clandestinité des
réfractaires parmi eux. Et elles se sont arrêtées avec le retour des survivants en 1800. C’est ce que nous montrent les deux registres clandestins de Saint-André,
suivis en 1796 du début de l’état-civil.
Pour savoir ce que fit le curé Allain dans cette
situation, il est intéressant de regarder son registre paroissial de l’année
1792. On remarquera que ce dernier poursuit sans changement celui de l’année
1791, lequel commence par une inscription des nouvelles autorités ainsi
libellée : « Registre contenant 16 feuillets cotés et paraphés par
premier et dernier par nous Jacques Moisgas vice-président du district de
Montaigu soussigné, le siège n’étant pas encore en activité, pour servir à
enregistrer les actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de
Saint-André-Goule-d’Oie pendant la présente année. Fait à Montaigu le 2-1-1791.
Signé J. Moisgas ». Un tampon officiel marque le haut de la page. En son
milieu est reproduite une fleur de lys, symbole de la monarchie (Louis XVI ne
sera déchu que l’année suivante). Sur le haut du pourtour est l’inscription
« Poitiers ». Sur le bas du pourtour on lit : « P P 2 sols 4 deniers ».
C’était le timbre de l’ancienne sénéchaussée de Poitiers apposé sur ce type de
papier pour prélever une taxe. Au début de 1791 on est visiblement dans une
phase de transition entre les anciennes autorités administratives et les
nouvelles.
Le
tampon est régulièrement apposé à chaque feuille du registre de 1791/1792,
comme au temps de l’Ancien Régime. À la vue 16/30 du registre numérisé
accessible par internet sur le site des Archives départementales, on passe aux
actes de l’année 1792 sans changer de registre. Puis on ne voit plus de tampon à
partir de la vue 23/30 portant la première date du 23 juin 1792. Les actes sont
cependant toujours signés par le curé Allain. Et à la vue suivante 24/30 (à
partir du 28 juillet 1792), les actes de baptêmes et sépultures sont signés par
le maire de la commune Jean Bordron. On en déduit que le curé Allain se cache
très probablement. La rédaction parait être d’une main peu en rapport avec la
signature du maire. Il y a là apparemment deux mains pour tenir le registre.
Alors
si ce registre paroissial est toujours considéré comme officiel, il est
visiblement tenu clandestinement à partir de juillet 1792 avec la participation
du maire. Jean Bordron signera ainsi 14 actes de sépultures et 27 actes de baptêmes
sur des pages sans tampon officiel. Ces actes écrits par quelqu’un d’autre que
le curé et le maire, sont datés entre fin juillet et fin décembre 1792. Il n’y
a pas de mariages, mais sans surprise car on sait que l’été était consacré aux
travaux des champs. C’est en février et au début du printemps qu’avaient lieu
alors les mariages. Enfin l’écriture du curé réapparait à la vue 28/30. C’est
pour ajouter 4 actes dans le désordre au vu de leurs dates en juillet et
septembre de 1792. Ce sont 5 baptêmes faits à la Rabatelière par le curé du
lieu, d’enfants nés dans les villages de la commune de Saint-André proches du bourg de la
Rabatelière. Louis Allain ajoute aussi un baptême fait par lui dans son église
en date du 12 avril 1793, concernant un enfant né à la Gagnollière des Essarts.
Il ajoute à chaque fois que ces actes « ne sont pas à sa place à cause de
la guerre ». Ce mot de guerre employé ici interroge, puisque la première
bataille date de mars 1793. On pense que ces 6 derniers actes ont été écrits
après les évènements qu’ils relatent, et ajoutés à la fin du registre, là où il
restait encore de la place.
Ces
baptêmes à la Rabatelière ne sont pas une nouveauté à cause de la proximité de
son bourg pour les villages où sont nés les futurs baptisés, mais ils étaient
plus rares d’habitude. Et les parents de l’enfant de la Gagnollière, les
Fonteneau originaires de la Bourolière (Saint-André), sont revenus dans leur
ancienne paroisse car le curé y était alors sous la protection de l’armée
royaliste, dite « du Centre ». Les Fonteneau avaient été engagés par
le propriétaire de Linières sur sa métairie de la Gagnollière.
Pour
vérifier que les actes du registre paroissial de Saint-André ne sont plus au
complet à partir de la mi-1792, un bilan de la totalité des actes de l’année 1792
est intéressant à observer en comparaison des années précédentes :
Nombre de naissance : 27. On rappelle
1791 : 50 - 1790 : 54 - 1789 : 49 - 1788 : 52
Nombre de mariages : 12. On rappelle
1791 : 9 - 1790 : 5 - 1789 : 10 - 1788 : 7
Nombre de sépultures : 29. On rappelle
1791 : 22 - 1790 : 27 - 1789 : 61 - 1788 : 37
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Bourg de Saint-André en 1900
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Comment
comprendre l’intervention du maire ? Visiblement il a rendu service au
curé à première vue. Son père avait été longtemps fabriqueur de la paroisse et
lui-même avait été syndic en 1787. C’était une personne reconnue, et pour cette
raison il avait été élu le premier maire de la commune en 1790. Son métier de
maréchal dans le bourg le mettait en contact avec beaucoup de monde. À l’été
1790 il a fait une requête au nom du conseil municipal à l’Assemblée Nationale
pour qu’on laisse un peu de biens au curé de la paroisse, au lieu de tout
prendre comme bien national (4). Il a certainement participé aux débats de
l’assemblée votante de la commune en 1790 sur les modalités pratiques des
scrutins, où des oppositions se sont fait jour. Mais on ne sait pas les décrire
ni cerner ses protagonistes.
Son
jeune fils de 25 ans fut nommé agent communal (maire) en septembre 1797 pour
remplacer François Fluzeau, élu mais refusant le serment de haine à la royauté
décidé par les auteurs du coup d’état jacobin. Ce fils Bordron était du camp
des révolutionnaires. Et son père lui-même, notre signataire du registre,
participa à l’élection du président de la municipalité cantonale en mars 1799.
C’est un indice fort d’appartenance au camp républicain dans le contexte local
de l’époque, d’autant qu’il s’est rangé dans le camp minoritaire (33 sur 78
électeurs présents) de Benjamin Martineau, qui sorti victorieux de l’élection
en organisant un coup de force avec l’aide des gendarmes de Saint-Fulgent (5). Mais
le même fils Bordron ne trouvait personne en 1798 dans sa commune pour
renseigner les matrices servant au calcul de l’impôt foncier. Il refusait aussi
de faire abattre les croix aux carrefours. Et il laissait faire, au minimum, en
1799, les prières dominicales du dimanche qui réunissaient dans l’église les
paroissiens sans prêtre (voir notre article : Les agents communaux Fluzeau (1796-1797) et Bordron (1797-1799).
Alors pouvait-il être avec son père favorable à la Révolution de 1789 et refuser ensuite les excès de ses partisans ? Loin de Paris, des foyers de propagande en
province, et des débats théoriques sur les idées nouvelles, une réponse positive est possible pour des Vendéens à l'esprit d'indépendance fort développé. On aimerait disposer de
plus d’informations pour répondre, et les indices que nous venons d’indiquer
concernant Jean Bordron père sont insuffisants pour dresser son profil
politique avec certitude. Notamment se pose la question de l’opportunisme dans
ses attitudes, à cause de l’achat de biens nationaux par son fils. Alors à qui
a-t-il rendu service en signant les actes du registre paroissial au deuxième
semestre 1792 ? Notre intuition est qu’il a aidé le curé, certes, mais en
même temps il a assumé sa responsabilité à l’égard de la communauté
paroissiale, qui devait tenir à son registre. Le mot de « communauté »
employé ici qualifie bien cette petite société paroissiale. Il mériterait un
développement particulier, et il nous parait important pour tenter de
comprendre cette signature de Jean Bordron. On fait le même
constat à Chauché avec la famille Cailleteau, dont les membres se sont
politiquement divisés : il y avait des républicains dans la commune au
milieu de la majorité des paysans révoltés. Mais en pleine guerre civile, les
oppositions politiques entre eux ne sont pas devenues criminelles, sauf rares exceptions.
Le 1e
registre clandestin de Saint-André repris dans les états-civils de
Saint-Fulgent, Chauché et la Rabatelière
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Bourg de Saint-Fulgent en 1900
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On dispose de deux registres clandestins à
Saint-André-Goule-d’Oie. Le premier pour l’année 1793 a été repris dans les
registres d’état-civil accessibles par internet des communes voisines de
Saint-Fulgent, de la Rabatelière et de Chauché. Pour Saint-Fulgent, la
proximité de son bourg pour certains villages de Saint André, et les cachettes
probablement communes en partie des desservants réfractaires des deux paroisses,
expliquent que certains habitants sont enregistrés sur le registre de la
commune d’à côté. Il n’y eut pas de curé intrus à Saint-André, et le seul
prêtre disponible était donc le curé réfractaire. À Saint-Fulgent, le curé,
obéissant aux autorités, fut embarqué pour l’Espagne où il y est mort en
décembre 1793. Le vicaire Brillaud est resté sur place, tenant son registre
clandestin où se trouvent quelques habitants de Saint-André. Il y eut bien un
curé officiel à Saint-Fulgent, Jean Baptiste Baudry, élu par les électeurs du
district de Montaigu. Il fut accueilli comme un intrus dans sa nouvelle
fonction à partir de l’été 1791. La plupart des paroissiens se sont détournés
de ses services, recourant massivement au vicaire réfractaire au serment, même
la femme du révolutionnaire extrémiste Benjamin Martineau en 1793 ! (6).
L’ajout du registre clandestin de Saint-André pour
l’année 1793 dans les registres d’état-civil de Chauché est normal. Depuis la
création des paroisses au Moyen Âge, les habitants de Chauché demeurant à
proximité du bourg de Saint-André, se sont toujours adressés au curé de ce dernier
bourg pour leurs baptêmes, mariages et sépultures. Mais à partir de 1793 le
nouveau maire de Saint-André ne pouvait pas enregistrer des actes concernant
des citoyens de Chauché. Il n’est pas nécessaire en revanche d’aller chercher
des habitants de Saint-André sur le registre clandestin de Chauché, à cause de
l’éloignement. Celui-ci existe pourtant, car le vicaire de Chauché, élu curé par
le district de Montaigu, fut chassé par ses paroissiens. Un prêtre délivré de
la prison de Fontenay par les Vendéens en mai 1793, Jacques Guyard, s’est caché
dans les environs et a desservi clandestinement les paroissiens de Chauché. On
trouve aussi un acte isolé de lui sur le registre clandestin de Saint-Fulgent.
À la Rabatelière aussi, ses habitants ont peu de
chance de figurer sur un registre de Saint-André. Et le registre clandestin de
cette commune n’a pas été conservé. C’est dommage, car son curé réfractaire,
Guesdon de la Poupardière, se mit au service de tous, intervenant même
ponctuellement sur le registre clandestin de Chauché. La présence du registre
clandestin de Saint-André dans les registres d’état-civil de la Rabatelière nous
parait une précaution, peut-être utile quand les actes concernent des habitants
des villages du Plessis-le-Tiers et Racinauzière de Saint-André, pour prendre
les plus proches du bourg de la Rabatelière.
L’état-civil de Chavagnes ne comprend que son
propre registre clandestin. Mais on a vérifié qu’il ne concerne aucun habitant
de Saint-André. On pense que certains habitants des villages de Saint-André
proches de son bourg, ont dû contacter le prêtre réfractaire de Chavagnes. Sous
l’Ancien Régime ils le faisaient déjà parfois. Le registre clandestin de Chavagnes
se présente comme un court martyrologue très incomplet, où défilent
principalement les morts « tués par les républicains ». Et comme à la
Rabatelière et à Chauché, il n’est pas nécessaire d’aller chercher des
habitants de Chavagnes sur le registre clandestin de Saint-André à cause de
l’éloignement.
Les registres clandestins marquent un engagement politique et religieux.
La première page du premier registre clandestin de
Saint-André est celle d’un document officiel où on lit le texte suivant :
« Registre destiné à inscrire de suite et sans aucun blanc les actes de
baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Saint-André-de-Goule-d’Oie
au diocèse de Luçon, district de Montaigu, département de la Vendée, pour
l’année 1793. Le dit registre contenant 16 feuillets cotés et paraphés par nous
commissaire dans cette partie [….] à Montaigu le 30 décembre 1792. Signé Brunet ».
Il porte un tampon officiel, où la fleur de lys a disparu, remplacé par une
figurine (une déesse tenant à la main la balance de la justice, Themis). Sur le
haut du pourtour on lit une devise : « la loi et le roi ». Et sur le
bas du pourtour on lit : « minute 4 s » le S voulant dire sols
sans doute. On est maintenant en République, malgré la devise qu’on n’a pas eu
le temps de remplacer. Les administrations avaient du mal à suivre
l’accélération des décisions politiques. Le tampon est encore apposé sur la
feuille suivante où sont inscrits des actes datés du 3 janvier au 6 février
1793. Ensuite on ne le voit plus.
Après avoir vérifié que le même tampon est apposé
sur le premier registre d’état-civil tenu par un officier public de la commune
de Chauché, on constate donc que le curé a utilisé le registre destiné au
maire. Ce dernier le lui a donné ! Voilà bien un signe évident de rupture
avec l’autorité du district. Qui est ce maire ? La seule chose qui soit
sûr est qu’il a été tué par une bande de ses concitoyens probablement le 11 mars
1793, parce qu’il avait donné aux autorités la liste des conscrits de la
commune qui devaient être tirés au sort pour la levée des 300 000 hommes.
L’adjoint a aussi été tué et on a indiqué son nom : Marchand, habitant au
village du Plessis le Tiers. Mes proches recherches et celles de l’abbé
Boisson, conduites indépendamment l’une de l’autre (7), désignent la même
personne très probable comme maire assassiné : Jacques Guesdon, beau-frère
de l’adjoint Marchand, habitant dans le même village. Dans la première
municipalité de Saint-André en 1790 il tenait le rôle de procureur. Il se
disait qu’il était royaliste, et tous les indices relevant de son histoire
personnelle allaient dans ce sens. En donnant le premier registre d’état-civil
au curé pour le remplir comme avant, on en a confirmation. Ainsi dès le 1e
janvier 1793, le nouveau maire de Saint-André s’était mis hors la loi sur ce
point. Il aurait dû en faire autant pour la liste des conscrits. On invoquera,
sans s’étendre, l’ignorance et l’affolement pour expliquer sa mise à mort par
les jeunes de sa commune, la bêtise aussi, au moins vu d’aujourd’hui. Et il est
bien difficile alors de faire de la défense de la religion un motif essentiel
de ce début de la guerre de Vendée dans la commune de Saint-André. Sa place
dans une motivation essentiellement politique reste néanmoins à préciser.
Ce n’est pas tout. Après la présentation officielle
du registre par l’autorité du district de Montaigu, le curé Louis Allain ajoute
sa propre présentation personnelle avec le texte suivant : « Si dans
le présent registre il manque des actes il ne faut pas en être surpris, parce
que dans ma persécution et dans celle que l’Eglise a eu à souffrir, j’ai eu
bien de la peine à y rassembler ceux que l’on trouve dans le présent registre
et dans celui de 1792. Allain prêtre curé de Saint-André-de-Goule-d’Oie. »
Il se cachait depuis 6 mois déjà à cette date, et son texte lui a été dicté par
l’expérience. Mais il conjugue au passé avant même d’écrire le premier acte
daté du 1e janvier de l’année. Il a donc écrit après coup son premier
registre clandestin, on ne sait pas quand ni à quel rythme au début, en
rassemblant des actes notés par ailleurs sans doute. Le deuxième registre a été
écrit au moins en partie après la fin de la persécution religieuse en 1800,
soit 6 à 7 années après les évènements. La suite de nos observations nous le
confirmera.
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Sacre du roi à Reims
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Mais pourquoi constituer un registre à tout
prix ? On cherchera en vain dans les obligations religieuses du
catholicisme la tenue des registres paroissiaux. Ceux-ci ne relevaient après
tout que d’une règle temporelle. On sait que les rois de France avaient fait
des curés des paroisses des agents administratifs de l’Etat. Ecrit longtemps
après les actes, le registre prend l’allure d’un service rendu à la population notamment
pour prouver des âges, ouvrir des successions, gérer des patrimoines de couples
mariés. Ecrit pendant la guerre civile par le curé lui-même, le registre est
aussi un acte politique.
En témoigne ainsi clairement le 2e registre
clandestin du vicaire Brillaud de Saint-Fulgent. À la vue 21 de ce registre
numérisé on a la
présentation suivante : « Armée du Centre - Registre
pour servir à inscrire les actes de baptêmes, mariages et sépultures de la
paroisse de Saint-Fulgent, lequel registre contenant 12 feuillets a été coté et
paraphé par nous Jacques Forestier commissaire général pour le roi dans
l'arrondissement de l’armée du Centre, ce jourd’hui 12-11-1794 l’an 2 du
règne de Louis XVII. Signé Forestier commissaire général ». On a le même
texte écrit à la date du 7-1-1795 (vue 35). Nous avons là l’existence parallèle
d’une administration royaliste ayant pris la place de l’administration
officielle, celle-ci vue comme illégitime. Cette administration officielle
municipale ne parait pas avoir existé pendant les combats, au moins en partie
et même à Saint-Fulgent. C’est ce qui ressort des notes qui suivent. À la vue
66 le vicaire écrit : « Les officiers municipaux étant nommés je n’ai
plus le droit de dresser aucun acte public ». On hésite à dater cette
note. À la vue suivante no 67 le même vicaire écrit : « Registre pour
inscrire les actes de baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Saint-Fulgent
pour l’année 1796 (double) ». Il a donc conscience de doubler les
nouvelles autorités municipales installées en juillet 1796, après la fin de
l’état de siège. Et à la vue 78 il note : « Les officiers municipaux
étant nommés je n’ai plus le droit de dresser aucun acte public ». Il
continuera pourtant en 1797 dans le 3e registre clandestin de
Saint-Fulgent. La portée politique de ces registres est signée, pour lui liée à
son activité de prêtre.
Sur la première page du deuxième registre clandestin de Saint-André le curé Allain a
écrit : « Registre destiné à inscrire les actes de baptêmes, mariages
et décès de la paroisse de Saint–André-de-Goule-d’Oie, département de la
Vendée, pour les années 1793 et 1794 années de la guerre civile, ce qui a fait
qu’on n’a pu inscrire les actes de suite et dans l’ordre qu’ils devraient être.
On ne sera point étonné en conséquence d’y trouver beaucoup de transcriptions,
parce qu’on enregistrait qu’au fur et à mesure qu’on le pouvait, étant obligé
de fuir à tout moment. » Ce texte suggère une tenue du registre à une
époque proche des actes enregistrés, du moins à son début. Et cette
justification de n’avoir pas pu respecter l’ordre des actes sur le registre n’exprime
pas seulement qu’un regret. Elle suggère pudiquement une situation dramatique. Le
curé allait de cachette en cachette pour échapper à la mort. Des témoignages
rapportés dans certains livres citent comme refuges la forêt de Gralas, des
bois à Saint-Fulgent, un château à Chavagnes (chez Guerry de Beauregard avec le
curé Remaud de Chavagnes). Deux siècles après, en 1976, il se disait que l’on
conservait toujours dans une famille des environs un chandelier datant de la
Révolution, qui servit à éclairer le prêtre lors de la célébration de la messe
dans un grenier chez un nommé Soulard à la Maigrière (8). La présence du
vicaire Brillaud de Saint-Fulgent est attestée dans une cachette de la
Maigrière, celle du curé Allain y est donc très probable. Au 3e
trimestre 1797 ce sont les autorités de Saint-Fulgent qui signalent le curé
Allain disant des messes clandestines chez François Fluzeau à la Brossière.
Le curé de Saint-André a rédigé ces registres en y
rapportant autant certains des actes qu’il a fait lui-même que ceux faits par
d’autres, comme répondant à une demande d’inscriptions de la part des
paroissiens. D’ailleurs l’abbé Boisson dans ses recherches a relevé une erreur
concernant le baptême de Jean Fluzeau, indiqué par le curé Allain comme né à la
Brossière le 8 octobre 1793 et baptisé le lendemain à la Joussière de
Saint-Fulgent par le vicaire Brillaud (vue 17). Or ce dernier indique dans son
propre registre que Jean Fluzeau est né le 2 octobre 1794 au village des Gâts
et baptisé le même jour par lui à la Joussière (vue 37). Dans les deux actes
l’enfant a les mêmes parents, parrain et marraine. Cette naissance a donc été
enregistrée à une date inconnue, plus tard, sur la foi de témoignages
insuffisants.
La priorité du curé était de rester au service de ses
paroissiens et de sauver sa peau. Les républicains payaient des mouchards et
obligeaient des gens du pays à marcher devant eux pour les conduire dans un
pays aux nombreux chemins sans carte ni panneaux. Les témoignages sur ces
guides forcés sont rares. La réalité vécue derrière ces registres et leurs erreurs
de dates parfois, est celle de la traque et de la peur. On n’y voit qu’un seul
massacre collectif vers la Jaumarière, à la différence des registres du vicaire
de Saint-Fulgent, où la lecture des massacres de Lerandière et de la Fructière,
par exemple, le long de la route de Saint-Fulgent à Montaigu, ne peuvent que
troubler le lecteur encore deux siècles après.
Le curé sous la protection de l’armée catholique et royale du Centre (mars à juillet 1793)
Le premier registre clandestin du curé Allain concerne
64 actes de l’année 1793 et 2 de l’année 1794. Alors que le deuxième registre
clandestin concerne 54 actes de l’année 1793, et 49 actes de l’année 1794. Au
total cela fait 118 actes pour l’année 1793, dont 54 décès, et 51 actes pour
l’année 1794, dont 29 décès. Et on n’a rien les années suivantes, sauf un acte
de l’année 1799, le registre d’Etat-civil ne prenant le relais partiellement qu’à
la fin de 1796.
Et pourtant le nombre d’habitants de
Saint-André-Goule-d’Oie est passé de 1300 en 1791 à 1032 en 1800 et 1126 en
1820 (9). Ces chiffres sont à rapprocher d’un nombre des naissances supérieur à
celui des décès presque chaque année dans la période des 20 ans précédent 1791.
Même si des erreurs de comptages ont pu être commises par le maire Jean Bordron
en 1791 et par son successeur Simon Pierre Herbreteau en 1800, elles ne sont
probablement pas significatives. La dépopulation que traduisent ces chiffres
est donc considérable, peut-être incluant un déplacement de populations. Sauf
qu’on n’en a pas vu le moindre indice au cours de nos recherches sur cette
commune. Il ne faut pas exclure non plus des épidémies et famines pendant cette
période, précisément à cause des destructions massives, comme par exemple 53
maisons déclarées incendiées dans la commune dans un état incomplet daté de
1810 (10).
Au mois de janvier 1793 les deux registres clandestins
actent 8 baptêmes et 2 sépultures. Celles-ci, dans le cimetière de Saint-André,
portent la même date du 24 janvier, l’une en présence du curé et l’autre non.
Deux baptêmes sont faits par le curé dans l’église en ce mois de janvier, le 24
janvier aussi et le 20. Pour 5 autres baptêmes que le curé fait lui-même, il ne
précise pas l’endroit. C’est une cachette. Et un baptême est fait à la
Rabatelière par le curé du lieu. Au mois de février la situation est la
même : il baptise clandestinement, et essaie d’assister aux sépultures
dans le cimetière, ce qu’il réussit à faire 5 fois sur 6.
Au mois de mars, changement de situation avec le
soulèvement armé le dimanche 10 mars : il baptise dans l’église 4 fois, et
2 autres baptêmes sont faits, l’un par le curé de la Rabatelière dans son
église, et l’autre de manière clandestine par un autre prêtre non nommé. Il
fait lui-même l’unique sépulture. Il est visiblement alors sous la protection
des paroissiens qui ont pris les armes. Et un nouveau type d’actes apparait,
marqué par la lettre M en marge, qui veut dire mort. Il vient s’ajouter aux
actes de sépultures marqués par la lettre S. Le 17 mars il note un mort à la
bataille de Chantonnay, et le 19 mars il note 2 morts à la bataille de la
Guérinière (aussi appelée du Pont-Charrault dans les livres d’Histoire, située
à Saint-Vincent-Sterlanges). Le curé est apparemment libre de ses mouvements, mais
on relève peu de morts à Saint-André dans les premiers combats de mars 1793,
constat à faire avec prudence pour un registre écrit après les évènements par
un prêtre qui se cachait.
Le mois d’avril confirme la liberté du curé : il
fait 4 sépultures dans le cimetière et 8 baptêmes dans l’église paroissiale.
Même situation en mai, juin et juillet, avec même un mariage célébré le 5 mai
dans l’église, après publication des bans. Il célèbrera un autre mariage le 3
juin. Mais il n’y a dans ses actes que des sépultures et pas de morts à la
guerre. Il faut attendre le 29 août pour y voir noter le suivant. Or les gens
de Saint-André ont participé au moins à la première bataille de Luçon à fin
juin 1793, et certainement à d’autres pour lesquels nous n’avons pas de
témoignages écrits. Cette absence de morts sur le registre pour cette époque
pose question. Ce registre serait-il postérieur aux évènements de
plusieurs années ? C’est ce que nous vérifierons dans le chapitre qui suit.
Retour à la clandestinité (août 1793 à septembre 1794)
![]() |
Vitrail : messe clandestine
|
Durant les mois d’août et septembre, on voit 11 fois
le curé baptiser et enterrer librement dans sa paroisse. Mais pour 9 autres
actes, c’est le curé de la Rabatelière ou le vicaire de Saint-Fulgent qui
officient. On baptise en effet à Saint-Fulgent 5 fois des enfants de
Saint-André, et on y enterre un « tué par les républicains » de la
Brossière. Il y a même un baptisé par le curé de Boulogne et une sépulture dans
le cimetière de Saint-André par le desservant clandestin de Chauché, Guyard. L’armée
du Centre du général de Royrand ne semble pas suffire pour la protection du
clergé local. On croit deviner derrière ces
précisions la difficulté des paroissiens pour trouver des prêtres clandestins, obligés de changer de cachettes souvent.
Les 7 actes du mois d’octobre 1793 montrent le retour
à la clandestinité : 3 sépultures seulement avec la présence du curé dans
le cimetière et 2 autres sans lui. Les 2 baptêmes sont faits par le curé de la
Rabatelière et le vicaire de Saint-Fulgent. En novembre le curé est présent 2
fois dans le cimetière et 1 fois dans l’église. 2 autres sépultures se font
sans lui à Saint André et une autre à la Rabatelière. Et puis il y a un mort
dans la virée de Galerne et un enlèvement à la Brossière. Au mois de décembre,
on ne compte que 2 présences du curé dans l’église pour des baptêmes. Pour la
seule sépulture notée, c’est le sacristain qui conduit les prières à la place
du curé. Et 1 mort au siège d’Angers et 8 morts dans des massacres à la
Jaumarière, Boninière et Brossière. Pour cette période les chiffres ont des
allures d’un échantillon de la réalité.
Sur les 15 actes de janvier et février 1794, on note
un seul baptême qui a été fait pendant la virée de galerne à fin 1793. Une
seule sépulture est faite par le curé, 1 autre par le curé de la Rabatelière, 3
autres par le sacristain et 1 autre sans précision. Et puis on a 4 « tués
par les ennemis de la religion », 3 « tués par les
républicains » et 2 tués aux combats. On remarque ici l’équivalence de
sens entre les mots « républicains » et « ennemis de la
religion ». Parfois on peut relever, mais pas toujours, des lieux de
combats : aux Brouzils (8 janvier) et à Saint-Colombin (29 janvier).
De mars à mai 1794, les 15 actes au total de baptêmes
et sépultures se raréfient, mais le curé est presque toujours présent dans son
église et au cimetière. On a même trois inhumations qui se suivent en présence
du curé pour des membres de la famille Richard du village de la Bourolière en
février et mars 1794 (vue 12 du 2e registre). Et suit une quatrième
inhumation le 20 août 1799 de Marie Richard, âgée de 12 ans, en présence de sa
famille seulement. On a vérifié que l’année 1799 indiquée n’est pas une erreur
en recherchant l’année de naissance de la fillette. Et le curé Alain explique
son absence à cause de la persécution des prêtres. Cet ace confirme deux choses.
La première est qu’il a été écrit sur le registre après la fin de la
clandestinité du curé au plus tôt au début de 1800. Et 18 actes des années 1793
et 1794 ont été inscrits après lui. La deuxième chose est le retour à la
clandestinité du curé Alain, après son évasion de la prison de Rochefort en
janvier 1798. Il avait été victime en effet de la reprise des persécutions
religieuses après le coup d’état jacobin de septembre 1797. Il était donc bien absent lors des prières dominicales
dans l’église de Saint-André, celles-ci dénoncées par le commissaire cantonal de Saint-Fulgent
en février 1799.
De juin à septembre 1794 on n’a que 12 actes marquant
l’absence du curé de Saint-André. Il est remplacé par celui de la Rabatelière
le plus souvent pour les baptêmes et les sépultures, et une fois par le vicaire
de Saint Fulgent. 3 sépultures notées se font sans les prêtres. Le 8 juin le
curé a créé une rubrique inhabituelle de « décès » pour noter les
« prières de sépulture à la Boutarlière de Me René
Merland (60 ans), et porté au cimetière sans convoi à cause de la guerre
civile ». Il précise les noms de 5 témoins qui ne se sont pas présentés
pour signer l’acte.
La paix du général Hoche à partir de novembre 1794
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Laneuville : portrait de Lazare
Hoche
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Mais d’octobre à décembre 1794 on voit un tournant
dans la guerre avec deux mariages faits par le curé dans son église, y compris
les publications des bans, le 28 octobre et le 26 novembre, « les
lois de l'Etat d'ailleurs dument observées » a écrit dans les actes le
curé Allain. Certes on ne compte que 4 baptêmes dans l’église et 1 sépulture en
présence du curé. C’est le signe prémonitoire de la pacification du général
républicain Hoche, nommé commandant en chef des armées de l’Ouest 1e novembre
1794. Il promet aux prêtres réfractaires la vie sauve et le libre
exercice du culte. Et il leur demande de prêcher le dépôt des armes, tout en
poursuivant la traque des combattants insurgés.
Le curé de Saint-André va jouer le jeu de Hoche et a
sans doute exercé sa fonction en 1795. On l’a vu cette année-là embaucher une
servante à son presbytère et louer du bétail à ses anciens métayers de Fondion.
On suppose qu’il a dû tenir un registre, mais si c’est le cas il n’a pas été
conservé.
Conclusions
Au terme de cette analyse des deux registres clandestins
du curé de Saint-André-Goule-d’Oie, il est utile de revenir sur leur portée
politique. Ils témoignent de la survivance du rôle administratif des curés des
paroisses dans l’ancien royaume de France. Ce dernier avait été le garant de la
religion catholique, laquelle avait constitué un des éléments constitutifs de
l’Etat monarchique. Ayant transformé ce dernier, les députés de la Constituante
voulurent en faire autant avec l’Eglise au moyen de la constitution civile du
clergé. Mais poussés par la nécessité du moment de trouver de l’argent, la politique
définie manqua de réflexion stratégique sur le rôle de l’Eglise. Son
application enclencha un processus de radicalisation qui s’est terminé en bain
de sang dans certaines régions, notamment en Vendée dont on fit un emblème, là
aussi pour des raisons opportunistes.
Or la constitution d’un Etat moderne intervenant
dans les domaines de la santé, de l’aide aux pauvres, de l’instruction, exigeait
une nouvelle relation de l’Eglise avec la société politique. L’Eglise avait en
effet un monopole dans ces domaines. Mais la Révolution désorganisa beaucoup
d’hôpitaux ainsi que l’enseignement de la médecine. L’instruction publique fut
pensée plus tard, une fois le désordre instauré, et très peu mise en œuvre. Ainsi
mal enclenchée, cette affaire de religion catholique et de république resta au
cœur de la vie politique nationale tout au long du 19e siècle
ensuite, contribuant à définir les clivages et les appartenances politiques.
Elle s’estompa ensuite progressivement au 20e siècle autour de la
notion très originale de laïcité. Néanmoins d’autres démocraties européennes
sont nées avec l’économie d’une guerre civile de ce type, et parfois plus tôt
qu’en France. La constitution civile du clergé n’est-elle pas une improvisation
malheureuse, non seulement pour les Vendéens d’alors, mais aussi pour
l’instauration de la démocratie en France ? Celle-ci mit bien du temps à
s’installer à la fin du 19e siècle et à se consolider ensuite,
trainant la terreur révolutionnaire comme un boulet. Il restait heureusement la
déclaration des droits de l’homme de 1789, élevée au niveau d’un mythe, entre
autres pour faire oublier la suite. Mais si la France a acquis la réputation de
« patrie de la déclaration des droits de l’homme », elle n’a pas
celle de « patrie de l’application des droits de l’homme ».
Les nombreux historiens de la Guerre de Vendée sont
restés prisonniers de ce problème politico-religieux omniprésent pendant
presque deux siècles, ne parvenant pas à se dégager d’une dose plus ou moins
forte de militantisme dans les deux camps opposés. La sérénité n’est même pas
totalement acquise autour du sujet, à cause du rôle qu’on veut faire jouer à
l’Histoire dans l’éducation des jeunes. Il reste maintenant aux historiens sans
parti pris à éviter l’écueil de l’anachronisme pour retrouver la société
d’avant la Révolution, hors des clivages qu’elle a créés.
(1) Archives de la Vendée, consulter les archives
numérisées, état-civil de Chauché, registre des naissances et décès de janvier
à mai 1793, vue 2.
(2) Jacques
Peret, Histoire de la Révolution
Française en Poitou-Charente 1789-1799, Projets Editions, Poitiers, 1988,
page 143.
(3) A.
Billaud, La petite église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830), NEL,
1961, page 161.
(4) Rapport du 3-11-1790 de Goupilleau au district
de Montaigu sur la pétition de la municipalité de Saint-André-Goule-d’Oie : no 6, 4.
Médiathèque de Nantes, collection Dugast-Matifeux, vol. 67.
(5)
Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson :
7 Z 12-III, procès-verbal du 22 ventôse an 7 de Martineau et lettre du
même à Coyaud du 4 et 13 germinal an 7.
(6) Archives départementales de la Vendée,
état-civil Saint-Fulgent : 1er registre clandestin vue 10/78.
(7) Paul Boisson (1912-1979), professeur d’Histoire au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers,
puis aumônier à l’hospice de Saint-Fulgent. Ses travaux historiques sur le
canton de Saint-Fulgent sont précieux.
(8) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de
l’abbé Boisson : 7 Z 6 III, notes de l’abbé Boisson du 6-3-1796 sur un
chandelier datant de la Révolution.
(9) J. Hussenet, Détruisez la Vendée, CVRH, 2007,
page 605
(10) Archives de la Vendée, destructions immobilières
pendant la guerre de Vendée : 1 M 392, commune de Saint-André-Goule-d'Oie.
Emmanuel François, tous droits réservés
Juillet 2018, complété en juillet 2021