samedi 1 septembre 2018

Le Clouin à Saint-André-Goule-d’Oie

À Saint-André-Goule-d’Oie, quand on se dirige du village du Pin en direction du Clouin, on traverse d’abord la route de Chauché à Saint-Florence-de-l’Oie. De chaque côté les haies ont disparu, mais sur le côté droit une vigne marque la continuité d’une culture remontant probablement à plusieurs siècles. Sur la gauche on distingue au loin les arbres de la forêt de l’Herbergement-Ydreau, comme on disait autrefois. Depuis la fin du 18e siècle le mot « Oie » est venu remplacer celui de l’Herbergement-Ydreau, qui désignait avant la Révolution le village bâtit autour du château du même nom et siège d’une châtellenie (1). Seule la forêt a gardé son ancien nom, et encore à moitié, survivance possible d’une forêt primitive n’ayant jamais été défrichée. Bientôt une première maison rénovée à la façade blanche marque le début du village du Clouin. Elle est seule, et il faut parcourir encore une centaine de mètres pour longer quelques maisons les unes à côté des autres, neuves ou restaurées, à côté des bâtiments d’exploitation agricole. On rénove toujours en 2018, et le village prend une allure résidentielle. Puis aussitôt après le ruisseau proche de la dernière maison, la route pénètre sur le territoire des Essarts. C’est que le Clouin est situé à l’extrémité sud de Saint-André-Goule-d’Oie.

Comme à Linières, l’Institut Géographique National a repris les erreurs des géomètres du premier cadastre en 1838, désignant le lieu par un mot non approprié : « Cloin ». Ces derniers ont mal transcrit le mot patois entendu des habitants. Et pourtant les notaires de Saint-Fulgent écrivaient bien “Clouing” dans leurs actes dès le 17e siècle. On pense à “Goule d’Oie” ainsi transcrit par les copistes du Moyen Âge, sans que nous soyons sûrs qu’ils aient correctement écrit ce qu’ils ont entendu. Le patois local est d’abord un parler, parfois maltraité jadis par l’écriture.

Le Clouin
Les quelques maisons d’aujourd’hui font oublier l’importance du village qu’a été le Clouin autrefois, avec ses nombreux habitants, probablement une soixantaine au milieu du 17e siècle. Ainsi en 1651, on connaît 13 propriétaires sur le village et terroir (ou tènement), dont la moitié étaient en indivision à cause d’héritages non encore partagés : Jean Charpentier, Jean Bertand et son frère André Bertrand, René Bertrand, Michel Robin, Mathurin Guerry à cause de Michelle Robin sa femme, Louis Besnard, Antoine Robin, Jacques Daviet, Pierre Martereau, Mathurin Michel à cause de Louise Daviet sa femme, Mathurin Bonnin, et René Boivineau (2). Quelques années plus tard on comptera 11 maisons dans le village. La liste de ces propriétaires n’est probablement pas complète. Au total ils déclarent 6 boisselées de terre en jardin (environ 7 300 m2), 8 journaux en pré (4 ha environ) et 17 septrées de terres labourables et jachères temporaires (environ 33 ha).

Le tènement était limité au sud par les terres de la Pertelière (Essarts), un ruisseau d’eau descendant du Bois Pothé marquant la séparation, est-il écrit en 1651, celui-ci touchant le village du Clouin. Il était aussi limité par le fief de la Frissonnière. Vers le nord, le Clouin touchait le lieu des Bertinières appartenant au fief et village de la Crochardière (Saint-André), disparu et proche du Pin. Voir sur ce point notre article publié en octobre 2016 : Les divers terroirs du Pin à Saint-André-Goule-d’Oie. Le Bois Pothé a disparu aussi, désignant de nos jours des champs et prés proches de la forêt de l’Herbergement, et une section du cadastre napoléonien orthographiée : « Potay ». Les maisons du fief de la Frissonnière étaient situées aux Essarts au nord et proche de la Guiffardière. Elles étaient encore indiquées par le cadastre napoléonien des Essarts en 1825 (Section A2 de la Vrignonnière), et ont disparu depuis. Le site Google Earth, avec ses vues aériennes, donne à voir des tâches au sol, caractéristiques des anciens bâtis.

Le bois  Pothé


Nous sommes en pays d’habitats disparus décidément. On reste de plus intrigué par la mention du lieu du Bois-Pothé en 1785, où est né un enfant de Pierre Pelon et Jeanne Giraudet. Le nouveau-né est mort à la maison et il fut inhumé le lendemain. La maison est située au Bois Pothé suivant l’acte, sur le registre numérisé de Saint-André-Goule-d’Oie, daté du 16 juillet 1785 (vue 173). Cette maison du Bois Pothé est un habitat disparu, lui aussi, dans le cadastre de 1838 de Saint-André-Goule-d’Oie. Serait-il plutôt un village disparu ? On a du mal à y croire, étant apparemment ignoré du chartrier de la Rabatelière. Serait-il un autre nom pour désigner le village du Clouin ? Vraisemblablement pas au vu du nombre d’actes concernant les habitants de ce dernier lieu. Probablement s’agit-il d’une maison isolée proche de la forêt de l’Herbergement, bâtie sur l’espace toujours appelé le Bois Pothé.

À la lisière de la forêt de l’Herbergement 
près du Clouin
En 1643 la pièce de terre et lande appelée le Bois Pothé, située sur la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, était « plantée en bois taillis, avec ses arbrières et lisières, contenant environ 100 boisselées de terre (12 ha), tenant d’une part à la forêt de l’Herbergement, d’autre au grand chemin qui va de Sainte-Florence à Saint-Fulgent, d’autre part aux gîtes de défunt Jacques Merland, d’autre à la gîte du sieur de la Boislivière » (3), et tenant aussi au ruisseau d’eau en provenant et touchant le village du Clouin et aux terres de la Pertelière (Essarts). Le cadastre de 1838 (délimitation du territoire de Saint-André-Goule-d’Oie) en indique le propriétaire d’alors : Auguste Guyet (oncle du châtelain de Linières, propriétaire à Grissay aux Essarts). Il a été défriché, on ne sait quand, pour laisser la place à des champs et des prés. Les bois taillis, ou bois de serpe, étaient coupés à des âges différents, à la différence des bois futaie qu’on laissait croître plusieurs dizaines d’années. Les arbrières formaient des haies d’arbres en futaie. Le bois Pothé dépendait du fief Pothé et a parfois été appelé le bois Souchaud.  

Il a connu divers propriétaires en même temps à plusieurs périodes, si bien que sa surface totale est difficile à appréhender. Ainsi en 1593 François Moyse et Jeanne Masseau sa femme vendent 3 arpents de terre plantés en bois taillis situés au Bois Pothé pour 30 écus, à Amaury Maillard. En 1643 c’est Jean Constant, écuyer seigneur de la Martinière et Élisabeth Masson sa femme, héritière de Sébastien Masson sieur de la Jaumarière, leur aïeul, qui vend à René Guignardeau, seigneur de Puy Mest, demeurant à la Guignardière (Sainte-Florence), 100 boisselées du bois Pothé, avec les haies et fossés qui en dépendent, pour 700 livres (4).

Jacques Merland, sieur du Coudrais (Essarts) demeurant au Puy Join près le château des Essarts avait vendu à Louis Besnard demeurant à la Pertelière 3,5 arpents de bois taillis au Bois Pothé pour 100 livres le 28 mars 1639. Cette vente fit l’objet 5 ans plus tard en 1644 d’un retrait féodal de la part de la seigneurie suzeraine de Languiller, moyennant le paiement de 100 livres à Besnard, augmenté de 30 livres « pour les frais et loyaux coûts, fossés et améliorations par ledit Besnard faites sur les lieux » (5). Ce droit de retrait était constitutif de la directe seigneurie ou propriété éminente en droit féodal, s'exerçant dans un délai. Il fut mis en oeuvre par Jacques Moreau, sieur du Coudray (Saint-André), demeurant au bourg de Saint-André, en tant que fermier de Languiller. 

En 1651 Charles Lesvêque, écuyer seigneur du Puyberneau (Sainte-Florence), vend à Pierre de la Bussière, écuyer seigneur de la Vrignonnière (Essarts), 2 arpents de terre plantés en bois taillis situés au bois Pothé, pour 60 livres (6).

En 1651 une partie du bois Pothé contenant 9 arpents (environ 5 hectares), appartenait à Jean Gazeau, seigneur de l’Ansonnière (Essarts). Il en rendait l’aveu au seigneur de Languiller à cause du fief Pothé, et lui payait un devoir noble de 9 sols à chaque fête de noël (7). La dame de l’Ansonnière, madame de la Tiere, renouvellera le même aveu à Languiller vers 1745 (8). Dans un procès-verbal de partage de la succession du seigneur de la Rabatelière en 1779, il est indiqué en effet qu’était perçu un cens sur le Bois Pothé de 1 sol par arpent se montant à 46 arpents, soit une vingtaine d'hectares au total (9). Dans le même texte il est programmé dans ce bois une coupe importante d’arbres futaies pour un montant de vente estimé à 20 000 livres. Ce genre de grosse somme, même peu fréquente, avait toujours incité les seigneurs, ajouté au plaisir et privilège de la chasse, à ne pas concédé les bois et les forêts. Le Bois Pothé fut vendu par le seigneur de la Rabatelière en 1786 pour 7 300 livres, une fois les coupes faites sans doute (10). 

Le fief Pothé


La famille Amauvin a possédé des fiefs aux Essarts, la Frissonnière et le Plessis Duranceau qui s’est d’abord appelé le Plessis Amauvin. Dans la première partie du 15e siècle Jean Amauvin fit un aveu au fief Pothé pour la Frissonnière (11). La Frisonnière, un habitat ensuite disparu situé aux Essarts, avait une partie de ses terres sur Saint-André, proches du Clouin.

Ce fief et droit de fief Pothé faisait partie, au moins depuis la fin du Moyen Âge, des seigneuries annexes de Languiller, au même titre que les seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud. On n’a pas repéré depuis quand il était devenu une possession de Languiller. Déjà au moment de la fixation des limites entre la nouvelle paroisse de Saint-André et la plus ancienne paroisse des Essarts aux 12e ou 13e siècles, on a retenu une forêt et un ruisseau sans se soucier des confrontations composant les domaines du fief Pothé, comme s’il ne comptait pas. En 1550 il était tenu par « hommage lige et à ligence de 40 jours par an à la semonce (ordre) de monseigneur (Essarts) ou de ses officiers. Laquelle ligence ne suis tenu faire, parce que l’hôtel où était tenu icelle seigneurie a été autrefois démoli par les gens de monseigneur des Essarts, et étant lors en le château des Essarts, jusqu’à ce qu’elle soit réédifiée et mise en état, et à rachat » (12). Dans l’aveu de Languiller en 1550, repris en 1605 le fief consistait, avec toutes les autres dépendances (domaines, cens, rentes, terrages, dîmes, bians, juridiction basse, droit d’assise) en (13) :
-          Un champ près le tènement de la Grange et un autre au tènement de la Guiffardière (Essarts),
-          Un verger en la ville des Essarts,
-    Un tènement de terre et bois appelé le Vieux château contenant 4 septerées tenu des propriétaires de la Piltière et de la Touche, touchant ces deux derniers tènements et les terres de la Cossonnière et le bois de la Piltière (Essarts).

Sous l’hommage du fief étaient tenus le Bois Pothé et le tènement du Clouin (Saint-André). De plus, le seigneur de la Frisonnière était tenu à trois hommages au fief Pothé : pour son hôtel de la Frissonnière (Essarts) et tout ce qui en dépend, pour le fief de l’Aubrière (à l’est du Pin à Saint-André) et pour le fief du Puy Rondeau (Essarts). À cette date le vassal était François de la Gaubretière. Cette énumération en 1550 est celle des restes d’une ancienne seigneurie, dont l’hôtel noble devait être proche du château des Essarts, comme les Bouchauds et la Ramée. Traversée de part en part par la limite entre les Essarts et la nouvelle paroisse de Saint-André fixée au 12e ou 13e siècle, alors qu’en remontant ensuite vers le nord, cette même limite emprunta celle des fiefs de la Boutarlière et de Linières, le fief Pothé a alors visiblement compté pour rien. La question se pose alors s’il n’était déjà plus qu’un patrimoine foncier annexé par un autre seigneur, peut-être déjà celui de Languiller. 

Le 6 avril 1618, Charles Le Bœuf, écuyer sieur des Moulinets (Saint-Martin-des-Noyers), Bois Prochet et de la Frisonnière, rend aveu à Languiller pour la Frissonnière, le Puy-Rondeau et l’Aubrière (14). En 1664 la Frisonnière appartenait au seigneur de la Boutarlière, comme on le voit dans un aveu à Languiller de Renée Bonnevin, veuve de René Gazeau (1620-1662), qui donne quelques détails :
- la Frissonière est tenue à foi et hommage plain (simple), à 25 sols abonnés de rachat quand le cas y advient, et à 5 sols annuels de service. Sont déclarés : 8 journaux de pré, 1 septrée de garenne, 64 boisselées de terres.
- le Puy-Rondeau est tenu à foi et hommage plain, à 15 sols abonnés de rachat quand le cas y advient, et à 4 sols annuels de service. Il contient 2 septrées, tenant au chemin de la Guiffardière à Saint-André-Goule-d’Oie et aux landes communes.
- l’Aubrière est tenue à foi et hommage plain, mais nous n’en savons pas plus à cause de la détérioration du parchemin sur ce passage (15). Néanmoins, l’aveu de 1618 précisait que ce fief contenait alors 10 septrées de bois et terres et 10 journaux de pré.

En 1753 l’aveu est renouvelé à Languiller par le propriétaire d’alors de la Frisonnière, Louis Anne Alexandre de Montmorency, aussi seigneur de la Boutarlière, toujours à cause du fief Pothé (16).

Les redevances seigneuriales à cause du fief Pothé


Les redevances seigneuriales dues par les propriétaires du Clouin en 1651 à la seigneurie de Languiller, à cause du Fief Pothé, étaient d’une diversité qu’on rencontre rarement à Saint-André (17) :
-          Un droit de terrage au 1/6 des récoltes sauf sur les prés et jardins.
-          Un cens de 2 sols et 6 deniers pour deux pièces de jardin nommément désignées. Sur une troisième pièce de terre le cens est de 6 deniers et le droit de terrage a été racheté.
-          Un droit de dîme sur les agneaux et pourceaux naissants et croissants au village. Plus tard on verra que la dîme s’appliquait aussi sur le lin. Le quantum prélevé, indiqué à partir de 1740, était de 1/12e.
-          Une taille seigneuriale de 10 sols à la Saint-Jean-Baptiste, et de 15 sols et une geline (poule) à noël, celle-ci incluant une redevance qui remplaçait une ancienne obligation de garde en un lieu désigné par le seigneur. En 1531 les 15 sols de garde annuels étaient dus par trois teneurs : André Robin, François Bordier et Christophe Boisseau (18).
        Un cens de 26 sols 8 deniers. En 1531 le cens se montait à 17 sols (18), la différence de 9 sols 8 deniers correspondant aux anciennes corvées seigneuriales supprimées.
-          Un droit de métivage d’un boisseau de seigle, mesure des Essarts, payable à la mi-août. La mention ici de ce droit est intéressante, car il était en 1517 prélevé par le seigneur de la Boutarlière dans de nombreux villages de la baronnie des Essarts. Le droit de métivage a dont donc été récupéré depuis par Languiller au moins pour le Clouin.

Toutes ces redevances, sauf le terrage, ne représentaient plus grand-chose, étant inchangées pendant des siècles, même la dîme. De plus, on verra apparaître un droit de rivage de 12 deniers par an dans d’autres déclarations plus tard. Cependant le paiement de ces charges ne s’est pas fait, en partie ou en totalité, dans les périodes de désastres climatiques. On le voit dans les poursuites entamées aux Assises de Languiller contre des teneurs du Clouin de 1531 à 1536, puis de 1610 à 1612 (19). De plus, le tribunal du seigneur condamna en 1533 Pierre Daviet, à une amende de 5 sols pour avoir laissé sans autorisation 7 pourceaux manger des glands dans le Bois Pothé (20).

Les habitations et propriétaires du Clouin au 17e siècle


Le Clouin
Une déclaration roturière de 1666 à Languiller précise les contours du village du Clouin (21). Sur les dix-huit propriétaires déclarants, onze d’entre eux y possèdent une maison, dont huit y habitent eux-mêmes. Les trois autres habitent dans les villages voisins de la Boutarlière (Chauché), du Pin (Saint-André) et de la Fortière (Essarts). Parmi ces maisons il y en a une à chaps (faîte au milieu du toit) : 3 pièces au rez de chaussée, et à l’étage 2 pièces et un plancher (grenier). Un tel volume habitable est rare à l’époque chez les paysans, souvent dépourvu d’un étage et alors destiné uniquement à usage de grenier. Ils sont deux frères, René et Jean Charpentier, avec leurs trois sœurs, à la posséder il est vrai en indivision. Cinq autres maisons sont indiquées à chaps et trois autres portant plancher. Les appentis adossés aux maisons et aux granges sont au nombre de neuf, formant des pièces à usage varié, dont l’une contient un four. Et on dénombre aussi trois autres maisons possédant un four, dont l’une abritant le four commun du village, et une autre avec « une petite boulangerie », c’est-à-dire un four à cuire du pain. On compte aussi sept granges et deux toits pour animaux, preuve de l’activité agricole du village, mais pas entièrement. La quantité de fours dans le village intrigue, faisant penser à une activité autre que la cuisson du pain, mais sans informations en ce sens.  

Ces dix-huit propriétaires déclarent une surface de 6,6 boisselées de jardin et 41 ha de prés et terres cultivées. S’il en manque, ce doit être de peu à cause de cette surface importante. On voit que la superficie des prés et terres a augmenté de 4 hectares depuis la déclaration précédente de 1651, soit 10 % de plus, résultant d’un défrichement très probablement. Les surfaces déclarées montrent la parcellisation importante des champs et des prés, liée à la dispersion de la propriété. Le plus important propriétaire est l’indivision Charpentier (130 boisselées), puis Pierre Charpentier (40 boisselées), et ensuite on a beaucoup de petits propriétaires de 15 à 25 boisselées.

Les habitants propriétaires au village les plus nombreux, avec ou sans habitat, sont les membres de la famille Charpentier. D’abord René Charpentier, en indivision avec son frère Jean Charpentier et ses beaux-frères : Laurent Brisseau, René Vergnaud et Armand Chedanneau. Ensuite Pierre Charpentier, puis Jacques Charpentier. Enfin les héritiers de Bastien Charpentier. Il y avait déjà un René Charpentier au Clouin en 1592 (22). En dehors d’eux on relève les noms de : Michel Robin, Jean Lesuin, Renée Segnen veuve de défunt François Besson, René Bertrand, Louis Larcher et Jacques Michelleau.

En 1683 on peut lire 13 déclarations roturières individuelles, indiquant les mêmes redevances collectives à chaque fois. Elles font suite aux lettres de terrier obtenues par le nouveau seigneur de Languiller, Philippe Chitton, pour la vérification de ses terres et des fiefs en dépendant. De manière plus rigoureuse et précise qu’avant, ces actes des notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, rappellent que les redevances sont dues solidairement par les propriétaires, c’est à dire qu’en cas de défaillance des uns, les autres payent à leur place. Ils rappellent aussi le droit de basse justice seigneuriale du seigneur de Languiller, et son droit de percevoir les lods et ventes (des droits de mutations aux changements de propriétaires). De plus ils indiquent comment les biens ont été acquis, ce qui donne, avec les héritages qui sont indiqués, des pistes de recherche pour constituer les généalogies de certains habitants.

Moulin de l’Ansonnière (Essarts)
Ces 13 déclarations ne totalisent que 22 ha de prés et terres et ne représentent pas tous les propriétaires. Ils sont huit à demeurer au village du Clouin :
-          Vincent Chedanneau, maître tailleur d’habits, venu y habiter avec Jeanne Charpentier, sa femme, elle-même héritière de son père, Jean Charpentier.
-          François Larcher, héritier avec sa sœur (femme de Nicolas Godard) de Louis Larcher son père. Il est laboureur (agriculteur) sur place.
-          René Travers, sans indication de profession, et ne possédant qu’une petite maison et 13 gaulées de jardin.
-          Marguerite Crespeau, veuve de Pierre Charpentier.
-          Jacques Charpentier, meunier. On n’a pas repéré de moulin au Clouin, mais ceux de l’Ansonnière (Essarts) ou de la Boutarlière (Chauché) sont proches. Il est le fils de Marguerite Crespeau
-          Vincent Pidoux, laboureur. Un René Pidoux fera une déclaration le 2 septembre 1740, habitant à la Godelinière (Landes-Genusson). Et il recommencera en 1751, habitant alors au bourg des Landes Genusson.
-          Bonaventure Rabaud, farinier.
-          René Bertrand, farinier.
Les cinq autres déclarants sont :
-          Étienne Nicou, laboureur demeurant à la Guérinière (Chauché). Son fils, Baptiste Nicou, demeurait aussi à la Guérinière en 1701, et sera indiqué comme laboureur à bœufs, c’est-à-dire qu’il se louait avec ses bœufs. Il y avait une grande métairie à la Guérinière dépendant de Linières. Et à côté du métayer pouvaient habiter des personnes étant à son service à la demande.
-          Jacques Robin, sieur des Poudrières demeurant au bourg de la Ferrière, marié à une Charpentier.
-          Michel Rigalleau, marchand mercier demeurant aux Essarts.
-          Nicolas Godard demeurant à la Tiffardière des Essarts. Son fils Jean, laboureur, fera une déclaration le 9 février 1740 pour lui et ses frères et sœurs. Il demeurait alors à Villeneuve (Chauché). En 1751 c’est Mathurin Godard, laboureur demeurant à la Boutinière (Saint-André), qui fera une déclaration.
-          Jacques Morteau, laboureur demeurant à Cossé (Saint-Martin-des-Noyers).

Les propriétaires au 18e siècle et les redevances autres que celles dues au suzerain


En 1700, 8 propriétaires du Clouin ont présenté leurs déclarations roturières à l’Assise de Languiller (23). Le texte n’a pas été conservé jusqu’à aujourd’hui, mais en 1740/1741, cinq propriétaires feront une déclaration commune à Languiller, et sept autres feront chacun une déclaration individuelle, toutes conservées. Comme précédemment, on n’a jamais une liste complète des propriétaires. Par exemple on voit Louis Corbier, sieur de Beauvais, et habitant le Coudray parmi eux, alors qu’on sait qu’il avait hérité d’une vingtaine de boisselées de terre faisant partie de sa borderie du Pin. Elles avaient été possédées un siècle auparavant par un ancêtre, prieur de Saint-André, Pierre Moreau, mais n’avaient pas encore fait l’objet d’une déclaration parvenue jusqu’à nous.
Dans cette liste on a peu d’habitants du Clouin : Pierre Charpentier aîné, Jacques Robin, Louis Chateigner, René Trotin époux de Jeanne Rabaud. Les autres habitent ailleurs à Saint-André, à Rochetrejoux, à Chauché, aux Essarts et aux Landes Genusson. On relève parmi eux, au bourg des Essarts, Barthelemy Guibert, marchand poislier (vendeur d’articles ménagers). Il fera une autre déclaration en 1751.

Dans certaines des déclarations une nouveauté apparaît dans la liste des redevances. En plus de celles dues au seigneur de qui relèvent les propriétés, on indique les autres rentes créées sur le tènement au profit de divers créanciers, parfois vendues ou données ensuite. Leurs origines ne sont pas indiquées. En voici la situation en 1740 :
-          à la baronnie des Essarts 12 boisseaux d’avoine, et 6 deniers pour droit de rivage,
-          à la seigneurie de la Boutarlière aussi 12 boisseaux d’avoine 
-          à la seigneurie de la Vrignonnière (Essarts) 4 boisseaux d’avoine
-          à la seigneurie de Landelière (Dompierre-sur-Yon) 1 boisseau de seigle et 11 deniers de devoir
-          à la fabrique de la paroisse des Essarts 1 boisseau seigle
-          et au prieuré de Saint-André-Goule-d’Oie aussi 1 boisseau seigle.

L’addition de ces charges pesant sur les terres, de nature souvent non précisée, se cumule avec les droits dus au seigneur suzerain. En 1740 on estime la valeur totale des charges autres que celles dues au suzerain à 17 livres 1 sol 5 deniers par an, et celle des charges dues au suzerain à 2 livres 16 sols 2 deniers, plus le terrage au 1/6 des récoltes, qu’on peut estimer valoir environ 217 livres sur les 44 ha du tènement du Clouin. Cela fait une valeur totale de 219,8 livres environ due au suzerain de Languiller, et 236,8 livres dues pour toutes les redevances, soit de l’ordre de 18 % de la valeur des récoltes si toutes les terres en labour étaient consacrées à la culture du seigle. Et ces charges sont collectives ! On imagine l’organisation exigée par leurs collectes, et les difficultés dans les années de mauvaises récoltes et de disette. À ces charges s’ajoutaient chaque année les redevances dues à l’Église (grosse dîme ou droit de boisselage) et les impôts royaux (principalement la taille).

Les Cougnon, propriétaires au Clouin


En 1752, on a une déclaration pour 38 boisselées de terres et prés sur le tènement du Clouin, de Louise Robin, veuve de Jean Cougnon, agissant aussi pour ses frères et sœurs (non cités), et demeurant alors au village de la Vrignonnière des Essarts, proche du Clouin. En 1774, une autre déclaration sera faite par Marie Chatry, veuve de François Cougnon, fils du précédent, demeurant aussi à la Vrignonnière. Ces derniers s’étaient mariés à Saint-André le 28 janvier 1761 (vue 188 sur le registre paroissial numérisé accessible sur le site internet des Archives de la Vendée). Ils habitèrent d’abord dans le bourg de Saint-André, où ils eurent deux enfants : Marie, baptisée le 24 août 1763 (vue 213), et Christophe François baptisé le 1e juillet 1765 (vue 234).

La présence de Marie Chatry veuve Cougnon dans les minutes des notaires de Saint-Fulgent montre une aisance financière avec quelques actes significatifs. En 1771, étant déjà veuve, elle prête 80 livres à René Gouin, bordier demeurant au village du Gast. À cet effet elle constitue une rente perpétuelle de 4 livres par an à son profit, représentant uniquement l’intérêt de 5 %, ce qui constituait la norme légale de l’époque (24). L’année d’après en 1772, elle loue à titre de « cheptel de fer » au même René Gouin, 2 vaches estimées ensemble 107 livres (25). Dans ce type de bail, le croît et les profits et pertes des bestiaux sont partagés à moitié entre le bailleur et le preneur, qui peuvent tous deux mettre fin au bail à leur volonté. En 1773 elle prête 180 livres à Pierre Chaigneau, bordier, et Anne Chatry sa femme, demeurant à la Boninière. Pour cela elle constitue une rente perpétuelle de 9 livres par an à son profit (26). En 1787 elle recommence à prêter une somme de 240 livres à deux autres habitants de la Boninière, René Charpentier, bordier, et Jeanne Reveleau sa femme. La rente constituée est de 12 livres par an (27). Elle aussi est perpétuelle, mais amortissable, comme les précédentes, à la volonté des débiteurs. Dans ce cas ceux-ci versaient l’intégralité de la somme empruntée. Rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de banque dans les campagnes.

La fille de Marie Chatry veuve Cougnon, Marie, épousa aux Essarts le 21 janvier 1783 (vue 283) Pierre Jaud. Celui-ci acheta au département le 19 thermidor an 4 (6 août 1796) les fermes de la Vrignonnière, Cossonière, Guiffardière, des terres à la Mongie, Puy-Bertrand, le moulin de l’Ansonnière, le bois futaie de la Guiffardière et un bois taillis à Puy-Bertrand situées aux Essarts, et à Saint-André le bois futaie du Clouin, et des bois taillis au Bois Pothé et à Fondion. Il paya le tout 50 286 francs, sur la base d’une évaluation contradictoire et sans enchère, ce qui représente une somme scandaleusement faible. Ces domaines avaient été confisqués à « Lespinay-Beaumont père d’émigré, dont les enfants sont inscrits sur le premier supplément de la liste générale des émigrés à la date du 4 novembre 1793 … » (28). Il avait été seigneur de la Vrignonnière (Essarts), de Beaumont (Deux-Sèvres), et du Pally (Chantonnay). Il était décédé en novembre 1793 dans la virée de Galerne. Emprisonné à Fontenay où il habitait, à titre de suspect, il fut libéré par les armées vendéennes, qu’il suivit ensuite. Son bel hôtel de Fontenay lui fut confisqué pour servir de logement notamment aux représentants de la Convention en mission (29).

Marie Chatry maria son fils, François Cougnon, aux Essarts le 14 février 1787 (vue 40) avec Jeanne Guilmineau, lequel vint habiter à la Bergeonnière. Il participa à la virée de Galerne et mourut à la bataille de Savenay le 21 décembre 1793. Sa femme se remaria avec Pierre François Mandin, ancien capitaine dans l’armée vendéenne. Voir notre article publié sur ce site en avril 2011 : Pierre François Mandin, adjoint au maire de 1826 à 1830. Ainsi le fils fut un soldat victime de la Révolution, tandis que le gendre sut en profiter. On a d’autres exemples de divisions politiques au sein des familles dans la contrée.

La borderie de Jean Regrenil au Clouin


Un bail d’une borderie au Clouin est signé chez un notaire de Saint-Fulgent en 1774. Le bailleur est Jean Regrenil, marchand demeurant au Clouin. Les preneurs sont François Ripaud, bordier et sa femme Marie Seiller, métayers sortants de la grande métairie de Fondion, pour remplacer un nommé Bordelais. Le bail est de 3 ans (1774-1777), durée courte par rapport à l’usage le plus fréquent de 5 à 7 ans, rarement 9 ans. C’était une petite borderie, approchant probablement les 10 hectares à voir le prix annuel de ferme de 99 livres, et en tenant compte de ce que le bailleur se réservait l’usage de la maison et de deux champs (30). On n’a pas d’autres documents du même type pour le Clouin, et s’il y avait certainement d’autres borderies, probablement plus petites que celle de Jean Regrenil, peut-être y avait-il aussi une exploitation plus grande, notamment possédée par les Cougnon ou les Charpentier. Ce n’est pas avec les tenures déclarées dans les documents seigneuriaux qu’on peut en juger, celles-ci pouvant être regroupées dans une exploitation unique s’étendant sur plusieurs tènements voisins.

Jean Regrenil possédait une rente foncière, annuelle et perpétuelle de 11 £ sur une borderie au village des Ageos (Sainte-Florence), suivant un acte d’arrentement du 8 septembre 1713. Elle lui a été reconnue à nouveau en 1781. Lui-même devait une rente foncière, annuelle et perpétuelle de 5 boisseaux de blé (un de froment, trois de méture et un de fesses) pour des domaines au village de Morneau (Sainte-Cécile). Il en reconnu un nouveau titre en 1781 à Pierre Savarit demeurant aux Barettes (Essarts) et consorts, et à Jacques Gauducheau (31).

Ce Jean Regrenil avait une sœur, Françoise, qui avait épousé Jean Pascal Pouzet. Celui-ci était le père de Marie Pouzet qui avait épousé en 1770 Jean Bordron (1748-1813), maréchal au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, lequel deviendra en 1790 le premier maire de la commune. Marie Pouzet avait un frère, Jean Pouzet, lui aussi maréchal et demeurant au Bois Bernier dans la paroisse Sainte-Florence-de-l’Herbergement-Ydreau (32).

Les Charpentier du Clouin


En 1774 la famille Charpentier réapparaît en force dans les documents se rapportant au village du Clouin : François Charpentier bordier demeurant au village, et ses frères et sœurs, Jean, René, Marianne et Jeanne Charpentier. On relève aussi les noms de Jacques et André Charpentier. Y habitent également Mathurin Seiller marchand demeurant au village du Pin, qui a acheté des biens, Pierre Godard, demeurant à la Mauvelonnière (Chauché), Jean Regrenil, Louis Trotin, René Piveteau et Jean Robin.

Autrefois les Landes du Pin
Après la Révolution habite au Clouin un Louis Charpentier (1762-1815). Il était fils de Jacques nommé ci-dessus (1734-1789) et d’Anne Loizeau. Il a été membre de la première municipalité de Saint-André-Goule-d’Oie en 1790. Ce fut un homme reconnu et respecté, comme en témoigne un gaulaiement en 1808 dans les Landes du Pin. Il s’agissait de valider les surfaces des parcelles foncières possédées dans tout le tènement, et ensuite de calculer la part de chaque propriétaire dans le paiement des rentes collectives dues par tous solidairement. Certes il n’y avait plus de redevances seigneuriales à cette date, mais restaient les rentes purement foncières, nécessitant de refaire les calculs de répartition à cause des nombreux changements de propriétaires. Des arpenteurs et des notaires réalisaient ces actes sous l’Ancien Régime. Dans l’exemple rencontré, les propriétaires ont fait appel à leur voisin Louis Charpentier pour réaliser l’acte à l’amiable. Il faut y voir le signe d’une confiance placée en son autorité et en ses capacités. C’est que les as de la règle de trois n’étaient pas si nombreux à l’époque ! En novembre 1814 les héritiers de Jean de Vaugiraud firent aussi appel à lui pour estimer les revenus des 8 métairies composant sa succession immobilière (33).

Âgé de 30 ans, déjà orphelin de ses deux parents et sans frère et soeur semble-t-il à cette époque, il épousa Marie Papin en mars 1791, la servante de la maison dont les parents habitaient le Plessis-le-Tiers. La disparité de fortunes entre les époux les conduisit à signer un contrat de mariage excluant la communauté de biens entre eux (34). Un enfant, François, est né au mois de juin suivant. Puis une fille, Marie, a été baptisée dans l’église de Saint-Fulgent par le vicaire du lieu, réfractaire au serment, le 20 août 1793 (1e registre clandestin de Saint-André : vue 11). Le 2e registre clandestin acte l’inhumation du fils François dans le cimetière de Saint-André le 30 octobre 1793 en présence de ses deux parents (vue 2). On ne sait pas quand Marie Papin est décédée. C’est alors la période de la Guerre de Vendée, de ses grandes batailles, de ses massacres de masse, et de la disparition de l’état-civil. En secondes noces, Louis Charpentier épousa en 1798 à Saint-André Jeanne Giraudeau, qui mourut en 1801, quelques mois après avoir mis au monde son fils Louis. Devenu veuf à nouveau, il se remaria avec Marie Bouffard en 1803, avec qui il eut 4 enfants. Il est mort en 1815, laissant son fils aîné, Louis, alors âgé de 15 ans, seul pour aider sa belle-mère à continuer l’exploitation de leur propriété.

Chanoine Constant Charpentier
Ce fils Louis Charpentier, demeura au village du Clouin, étant marchand de bois et cultivateur. Il se maria en 1824 avec Constance Guilbaud, avec qui il eut 5 garçons et 4 filles. Parmi ces derniers, Constance Angélique Charpentier épousa en 1857 Samuel Bordron, propriétaire de la Boutarlière. Une autre fille, Eulalie Charpentier, épousa Jean Baptiste Fonteneau, dont un fils, Gustave Fonteneau, fut prêtre et curé de Beaulieu-sous-la-Roche. Un autre fils, Alexis, fut secrétaire du conseil de fabrique de l’église de Saint-André Goule d’Oie, puis son président à partir de 1882 (35). Alexis Charpentier épousa Jeanne Guilmineau, et leur fils, Constant Charpentier (1872-1957), fut ordonné prêtre en 1897. Ce dernier eut une position remarquée dans le diocèse de Luçon : secrétaire des Œuvres Diocésaines en 1908, et directeur du secrétariat social de la Vendée en 1922. La modernité et l’importance de son action apostolique en font un des acteurs qui a compté dans le développement de la Vendée au cours du 20e siècle (36).

Deux des frères d’Alexis Charpentier furent prêtres, répertoriés comme leur neveu dans le Dictionnaire des Vendéens, accessible sur le site des Archives de la Vendée : Jean Louis Charpentier et Ferdinand Charpentier. Le premier a été archiprêtre de Luçon. Par deux fois, en 1873 et en 1893, c’est lui qui bénit les coches de l’église de Saint-André par délégation de l’évêque, jouissant dans sa paroisse d’origine d’une haute considération (37). Son frère Ferdinand mérite une mention particulière en raison de ses activités d’écrivain.

Chez nous en 1793 ...
Né le 1e février 1847, suivant l’état-civil de Saint-André-Goule-d’Oie, on lui donna le prénom de Clémentin, mais il porta celui de Ferdinand. De toute façon, le choix du prénom usuel dans cette famille, parmi les prénoms de l’acte de baptême, est difficile à comprendre plus d’un siècle après. Ordonné prêtre en 1872, il fut vicaire et curé dans plusieurs paroisses de la Vendée et mourut à Beaupréau en 1911. Sa postérité tient surtout à ses livres, nombreux : « Cent ans après ! Souvenirs & Épisodes de la Vendée militaire », « Choux de Vendée et trois pieds de tabac », « Les Œufs de Pâques », « Du courage chrétien », « Nouvelles soirées vendéennes, Portraits, Récits et Légendes ». Il a écrit des articles dans la Revue du Bas-Poitou : « Mélusine en Poitou et en Vendée, histoire et légende », 1904-1, page 80 et s., « Un ancien de la grande guerre, le père Girard », 1905-4, page 408, « Pèlerinages historiques en Vendée », 1907-1, 49 et s., « Jeanne d’Arc et Gilles de Rais », 1909-3, page 320, « Saint Vincent de Paul en Bas-Poitou », 1911-1, page 33. On peut accéder à ces textes sur le site internet des Archives de Vendée dans les fenêtres successives suivantes (septembre 2018) : Consulter, bibliothèque numérisée, Périodiques, Revues scientifiques. On lui doit aussi une biographie du général vendéen d’Elbée (1904) : « D’Elbée généralissime des armées vendéennes 1752-1794 », qui a été rééditée en 2007 (Éditions Pays et Terroirs). Dans ses écrits on trouve les mêmes caractéristiques : érudition historique, convictions religieuses, et convictions politiques proches du militantisme du journaliste Louis Veuillot (1813-1883). L’homme est entier et ne sépare pas la religion, l’histoire et la politique. Il est prêtre, c'est-à-dire chargé d’apporter la parole, et il le fait avec zèle. Attaché à sa chère Vendée et à la paroisse de son enfance, ses écrits montrent une intelligence supérieure, une sensibilité bienveillante et une verve au service de ses convictions. Il reste à citer son précieux ouvrage, publié en 1906 : « Chez nous en 1793, Saint-André-Goule-d'Oie, récits d'un vieux Vendéen ». Il s’appuie sur des témoignages rapportant des évènements de la guerre de Vendée survenus dans la paroisse, et transmis par des acteurs et témoins directs à la génération suivante. Les faits relatés sont certains, même si leur présentation a pu souffrir de l’éloignement du temps.

Pour preuve de l’importance de ces deux prêtres originaires de Saint-André, monseigneur Garnier, évêque de Luçon, ordonna le 22 juillet 1926 qu’une messe chantée soit célébrée chaque année à perpétuité dans l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, le 28 janvier si possible, à l’intention de MM. Ferdinand et Louis Charpentier, prêtres (38).

Le plus connu des quatre enfants de Marie Bouffard et de Louis Charpentier est Augustin, né le 2 octobre 1808 au Clouin (vue 328). Il perdit son père à l’âge de 7 ans, et doit beaucoup à son demi-frère Louis que nous venons d’évoquer. Sa sœur Jeanne Marie épousa en 1823 Marie Augustin Grolleau, meunier à la Boutinière. Il était le fils de Jacques Grolleau et de Jeanne Pouzet, dont nous avons raconté l’histoire dans notre article publié en septembre 2015 : La Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie. Jeanne Charpentier mourut à la Boutinière trois ans après son mariage, âgée de 19 ans. Son frère Augustin se maria en 1830 avec Angélique Chatry de la Bourolière, où son père était cultivateur. Ils eurent au moins huit enfants. Il était aussi beau-frère par sa femme d’Augustin Rondeau, marchand au bourg de Saint-Fulgent, de Charles Chatry, boulanger à Saint-Fulgent, et de Jean Chatry, tisserand au bourg de Saint-André.
Augustin Charpentier (1808-1869), fut cultivateur au Clouin, innovateur remarqué à une époque d’importants progrès techniques dans l’agriculture. Il fut aussi maire de Saint-André-Goule d’Oie de 1848 à 1869, élu d’abord au suffrage universel, puis nommé au temps de l’Empire de Napoléon III. Voir sur lui notre article publié sur ce site en juin 2012 : Maires de Saint-André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869)


(1) Guy de Raignac, De châteaux en logis, itinéraires des familles de la Vendée, E. Bonnefonds, 1989, T4, page 36.
(2) Déclaration roturière du 28-8-1651 de 19 teneurs pour des domaines au Clouin, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 46.
(3) Note no 6 sur le fief et bois Pothé à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1.
(4) Ibidem, notes no 5 et 6.
(5) Ibidem, notes no 8 et 9.
(6) Ibidem, note no 7. 
(7) Copie de trois pièces communiquées le 29-5-1702 à Me Normand, procureur du seigneur de Languiller, par Pelletier, procureur de Louis Armand Guerry, seigneur de Beauregard et sa femme Marie Gazeau, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(8) État vers 1745 des devoirs que l’Ansonnière doit à la seigneurie de Languiller, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-7.
(9) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 39 et 47, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(10) Livre des comptes de la Rabatelière (1786/1787), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55, page 17.
(11) La famille Amauvin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4. Et ibidem note no 15 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d’Oie : S-A 2.
(12) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2-7-1605 recopiant un aveu de 1550, Archives de Vendée, travaux de G. de Raignac : 8 J 101, page 76. Et Note no 1 sur le fief et bois Pothé à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1. Dans ces deux sources, le texte sur la ligence est différent dans la forme et identique dans le contenu.
(13) Ibidem, notes no 2 et 3 sur le fief et bois Pothé.
(14) Aveu du 6-4-1618 de Charles Le Bœuf à Languiller, à cause du fief Pothé et pour raison de la Frissonnière Puy Rondeau et de l’Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(15) Aveu du 28-6-1664 de Renée Bonnevin à Languiller, à cause du fief Pothé, pour raison de la Frissonnière, Puy Rondeau et Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-4.
(16) Aveu du 1-9-1753 de la Boutarlière à Languiller, à cause du fief Pothé et pour raison de la Frissonnière Puy Rondeau et de l’Aubrière, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11.
(17) Idem (2).
(19) Assises de Languiller en 1531, ibidem : 150 J/M 22, pages 201 et 202. Et en 1536, ibidem : 150 J/M 22, page 176. Et en 1610, ibidem : 150 J/M 31, pages 20 et 21. Et en 1612 : 150 J/M 29, pages 20 et 21.
(21) Déclaration roturière (copie) du 10-4-1666 de 18 teneurs pour des domaines au Clouin, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 46.
(24) Constitution le 28-4-1771 d’une rente de 4 livres au profit de Marie Chatry, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6.
(25) Bail à cheptel du 25-10-1772 de la veuve Chatry à Gouin, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(26) Arrentement du 14-3-1773 de 180 £ par Marie Chatry, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(27) Arrentement du 2-2-1787, d’une rente constituée de 240 £ par Marie Chatry, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/129.
(28) Acquisition de Pierre Jaud du 19 thermidor an 4, Archives de Vendée, vente de biens nationaux : 1 Q 240 no 349.
(29) J. Artarit, Fontenay-le-Comte sous la Révolution, Éditions de C V R H, 2014, page 427.
(30) Ferme du 1-1-1774 d’une borderie au Clouin, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(32) Ferme du 23-1-1773 d’une borderie au Purzeau (Essarts) par Pouzet et consorts, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(34) Contrat de mariage du 21-2-1791 de Louis Charpentier et Marie Papin, Archives de Vendée, notaires des Essarts étude C, Verdon, vue 26 du registre numérisé.
(35) Registre des délibérations du conseil de fabrique pour 1881, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie : E 2/2.
(36) A. Gérard, « L’Église des mouvements », dans la Revue du Centre vendéen de Recherches Historiques no 6, 1999, La Vendée, histoire d’un siècle, page 147.
(37) Autorisation du 27-4-1873 à Louis Charpentier de bénir une cloche dans l’église de Saint-André, et chant pour la bénédiction du 19-9-1893 des 4 cloches de l’église de Saint-André, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 28, chemise III : cloches de l’église.
(38) Mandement de l’évêque en 1926 pour une messe à Saint-André à l’intention des Charpentier, prêtres, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 29, chemise VI : Fabrique, fondations 1711-1946.

Emmanuel François, tous droits réservés
Septembre 2018, complété en mars 2024

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