lundi 1 octobre 2018

Sept siècles d’Histoire du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie

Amblard de Guerry
Depuis la publication de cet article en octobre 2008, l’accès récent aux notes d’Amblard de Guerry sur les lieux de Saint-André-Goule-d’Oie nous permet de remonter le temps d’un siècle dans nos recherches, jusqu’en 1342. Les travaux de cet historien sont très importants pour les communes du canton de Saint-Fulgent, tout comme ceux de son contemporain avec qui il a correspondu : l’abbé Paul Boisson. Aussi, avant de les utiliser ici dans notre récit sur le bourg, il est juste de le présenter.

Amblard de Guerry (1919-1996) appartient à la famille très connue de Chavagnes-en-Paillers, les Guerry de Beauregard. Son frère, Gilbert de Guerry, a été maire de cette commune de 1942 à 1983, et conseiller général du canton de Saint-Fulgent de 1946 à 1992.


Professeur au Maroc de 1954 à 1988, Amblard de Guerry a en même temps consacré sa vie à la recherche historique et philosophique, réservant à la Vendée et à Chavagnes la première place. Il a fondé l’association « Chavagnes Présence du passé », relancé la Société d’émulation de la Vendée, et co-fondé l’association de la descendance La Rochejaquelein. Il a publié 1988 : Chavagnes Communauté Vendéenne, un livre de 316 pages. Ses autres publications sont des articles historiques et philosophiques dans plusieurs revues. »

À l’origine du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie on a un lieu-dit appelé « Goule d’Oie ». La date d’apparition de ces deux mots en 1306 se trouve dans un document ecclésiastique désignant la paroisse (1). Et nous savons que le même nom désignait un fief, dont les contours bien délimités donnaient l’étendue de ce lieu-dit d’environ une trentaine d’hectares. Son habitat est devenu un bourg, ou chef-lieu de la paroisse.

Il est certainement très ancien à cause de sa position sur le territoire. Les villages ont été en effet la plupart du temps « la partie bâtie des chemins à leur point de convergence » (2). Les chemins sont nombreux ici, vers Chavagnes et Linières, Saint-Fulgent, Vendrennes et la Brossière, les Noues, le Pin, les Essarts et la Boutarlière, Chauché et Languiller. Des siècles après, le bourg était toujours un lieu de passage sur la route de Saint-Fulgent aux Essarts, qui, lors de sa construction en 1850/1858, a conservé le parcours sinueux entre les maisons des anciens chemins primitifs. Le préfet indiquait alors son objectif de « faciliter l’accès aux foires des Essarts, et pour sortir de l’isolement complet dans lequel se trouve la commune de Saint-André-Goule-d’Oie. » D’origine plus récente que ce lieu, la paroisse et le fief féodal en tireront leur nom.

Un nom mystérieux


Sur la place des Tilleuls dans le bourg
de Saint-André-Goule-d’Oie
On aimerait connaître le clerc qui le premier a écrit le nom du lieu où fut bâtie l’église du bourg, lequel nom fut retenu pour désigner la paroisse de « de Goule d’Oie ». Habitait-il sur place, ou au siège du doyenné de Pareds (Jaudonnière), auquel était déjà semble-t-il rattachée la paroisse ? C’était en 1306 et cette première occurrence est « de gula anceris ». Le passage du parler à l’écrit pour désigner un lieu créait encore des difficultés en 1838 aux ingénieurs du cadastre napoléonien. Ils ont écrit « Cloin », par exemple, pour désigner le village du Clouin. De même on peut craindre un hiatus chez le copiste du Moyen Âge entre ce qu’il a entendu et ce qu’il a écrit après l’avoir traduit en latin. Les moines latinisaient les noms et surnoms se présentant à eux, entraînant parfois des changements de sens, comme on l’a constaté parfois dans les nombreuses chartes écrites en latin à cette époque (3). Les mentions écrites en français reprendront le résultat bizarre de l’interprétation latine : « de Goule d’Oie », qu’on lit pour la première fois sur le registre paroissial en 1611 (vue 27 du registre numérisé). Des érudits ont contesté cette traduction au motif que le mot latin oie serait « anseris », et que donc le mot « anceris » aurait une autre signification. À partir de là, on retiendrait une traduction « oia » qui a été un nom de pays, et gula serait plutôt un goulet. Une autre hypothèse retiendrait le nom de Guoyas ou Goyer, important seigneur local que désignerait le mot latin « gula », déformé cette fois-ci. On aurait en définitive le goulet de l’Oie ou bien Goyer de l’Oie. De là à perdre son latin … Le premier mot, « de » a été utilisé pendant tout l’Ancien Régime, puis il a été oublié ensuite. Quant à « goule d’oie », correspondant à ce qui s’est toujours dit et écrit, les érudits du 19e siècle ont imaginé des hypothèses, des légendes quant à faire, pour lui trouver un sens. Il est vrai que ce mot patois de « goule », qui signifie gueule ou bec dans ce cas précis, donne un air d’authenticité. Mais la réalité historique est que nous ne savons pas expliquer de manière certaine ce mot étrange de « Goule-d’Oie ». Les légendes racontées au 19e siècle sur ce nom mériteraient une documentation avec ses sources et des dates, car elles peuvent renvoyer à la civilisation celte qui a marqué la contrée. Le vocabulaire, l’unité de mesure des prés, certaines façons de penser, en portent témoignage. Le mélange des mythes et de la réalité dans les récits historiques des celtes, qu’on pense à l’origine du goût pour les légendes dans l’ancienne Vendée, a été remarqué par les érudits. Il suffit de se rappeler le personnage de Geoffroy la Grand’dent décédé en 1248, qui fait partie de l’histoire de la famille des Lusignan, avec le roman de la fée Mélusine publié en 1387, protectrice de la famille (4). L’histoire du Puy du Fou s’accompagne aussi de la légende de Renaud au IXe ou XIe siècle. Longtemps la frontière entre le naturel et le surnaturel fut incertaine, écrit Philippe Ariès au sujet de l’homme devant la mort. Les pratiques cultuelles de l’Église, avec ses pèlerinages, ses cultes des saints et des reliques, témoignent alors de cette influence du monde merveilleux des légendes celtes. Les miracles des saints remplacèrent pour certains le pouvoir des fées et des eaux guérisseuses dans les forêts. Amblard de Guerry croit à la fois à l’Histoire et à la Légende, comme deux réalités distinctes qui doivent se respecter mutuellement (5) Dernier chercheur à s’être penché sur l’origine du nom, il pense que le nom de Goule d’Oie est bien sûr la forme latinisée d’un nom celte. « Cela pourrait être quelque chose comme Guldaudia », écrit-il dans ses notes personnelles (6). C’est l’explication la plus crédible avancée jusqu’ici.

Dans le pouillé de l’évêché de Luçon publié par l’abbé Aillery, on lit pour la première fois en 1534, toujours en latin, les deux premiers mots qui ont été ajoutés : « Sanctii Andree », Saint-André, pour désigner la paroisse. Ils l’ont été bien avant dans la réalité, et on dispose d’un aveu en 1343 où la paroisse est déjà désignée simplement : « Saint-André ». La suppression temporaire du mot « saint » pendant la Révolution fut inégalement appliquée. Ainsi se confondent dès l’origine le nom du lieu devenu un bourg avec son église, et celui de la circonscription religieuse de base, la paroisse sous l’Ancien Régime, devenant en plus la commune à partir de la Révolution : « Saint-André-Goule-d’Oie ». 

Le fief de Saint-André-Goule-d’Oie aux 14e et 15e siècles


Le document le plus ancien connu évoquant l’existence de ce fief est daté de 1343. Il se trouve aux Archives Nationales et nous disposons de sa transcription par Amblard de Guerry, historien originaire de Chavagnes-en-Paillers (7). C’est un aveu de Jean de Thouars à la baronnie de Montaigu, décrivant ses possessions à Saint-André-Goule-d’Oie : la moitié « du tènement au Droulin à Saint-André », d’autres domaines qu’on ne sait pas repérer : les tènements du Jai et de la Masure, et le fief de la Sestenbrèche tenu par Aimery Loriau. Ce dernier fief comprend le village de la Roche, les tènements de la Vallée et de la Maufrère et le fief de vigne de Saint-André. Le village de la Roche semble correspondre au lieu appelé plus tard la Roche Herpière, proche de la Javelière, disparu dans un document daté de 1550. En 1405 on constate que la Roche relève de la mouvance du Coin Foucaud, donc peut-être aussi ce petit fief de la Sestenbrèche. Quant à Aimery Loriau, il appartient à cette famille qui a donné son nom au fief du Coudray, appelé Coudray Loriau pendant tout l’Ancien Régime.

Philippe VI
Contrairement à l’usage, le seigneur de la Drollinière s’était réservé les redevances seigneuriales dues par les propriétaires et habitants dans le fief. Habituellement le suzerain concédait en effet un fief ou terre noble à un vassal en contrepartie d’un cadeau rituel ou symbolique, par exemple une paire d’éperons dorés à chaque changement de génération, ou plus souvent dans la contrée un « devoir » en argent de quelques sols. La concession de tenures ou terres roturières par ce vassal à divers particuliers avait en revanche une contrepartie économique significative avec des redevances en nature et en argent. Or dans le fief de Saint-André-Goule-d’Oie, le vassal ramassait des redevances pour son suzerain, mais celles-ci étaient d’un montant particulièrement faible.

L’aveu de 1343 est conservé aux Archives Nationales car il fut rendu au roi Philippe VI (roi de 1328 à 1350), qui venait de confisquer à son profit tous les biens, dont la baronnie de Montaigu, de Jeanne de Belleville, bannie du royaume après l’exécution pour félonie en août 1343 de son mari, Olivier IV de Clisson. Celui-ci avait pris parti pour le clan des Montfort à la succession du duché de Bretagne (mort du duc en 1341), à l’instigation du roi d’Angleterre, contre le clan des Blois-Châtillon soutenu par le roi de France, et alors que la guerre de Cent Ans entre les deux royaumes venait de commencer.

Le tènement au Droulin à Saint-André désigne le bourg, qui est un fief dont les droits sont tenus sur une moitié du terroir noblement de Montaigu par Jean de Thouars. L’autre moitié des droits est tenue par un Droulin, seigneur de la Drollinière (devenue Linières), noblement probablement, d’un suzerain non désigné. Jean de Thouars était le fils de Louis Ier de Thouars, vicomte de Thouars de 1333 à 1370. Ce fils est mort en 1355. Il tenait ces domaines à cause de sa ligence à l’Herbergement (près de Mormaison). Le mot de ligence se rapporte à une obligation de présence militaire en cette paroisse. L’aveu ne précise pas le temps de présence annuelle, mais d’autres ligences à Montaigu étaient généralement de 40 jours. Cette mouvance de la baronnie de Montaigu sur une partie, même faible ici, du territoire de Saint-André à cette date pose question. Car un siècle après tout le territoire de la paroisse est mouvant de la baronnie des Essarts. 

Le seigneur de la Drollinière était Maurice Droulin, connu par ailleurs par un aveu qu’il fit la même année 1343 au roi de France à cause de la baronnie de Montaigu, pour divers domaines dans la paroisse de Saint-Fulgent (8). Il est aussi connu par un partage qu’il fit en 1342, où il donna à Jean Droulin, son frère puîné, pour sa part dans les successions paternelle et maternelle, le fief de la Boutarlière et 25 livres 9 sols de rente (9). En 1365 Maurice Droulin mariera sa fille, Jeanne, avec Jean Cathus, seigneur du Bois Cathus (Saint-Gervais en Vendée). Les châtellenies de Saint-Fulgent firent partie de la dot de Jeanne Droulin, et passa au patrimoine des Cathus. Maurice Droulin avait marié son autre fille, Marie, en 1350 avec Guillaume Baritaud, seigneur de la Baritaudière (Chantonnay). La Drollinière et le fief de Saint-André firent partie de la dot de Marie Droulin, et passa au patrimoine des Baritaud. Puis Marguerite Baritaud épousa en 1381 Guillaume Foucher, d’où naquit Antoine Foucher, nouveau possesseur de la Drollinière et du fief de Saint-André.

Jean de Thouars déclare en 1343 pour sa moitié du fief de Saint-André des droits conformes à l’usage : une rente importante de 43 boisseaux de blé par an. Vers 1405 Antoine Foucher fait un aveu pour son fief de Saint-André à Jean de Sainte-Flaive, qui deviendra seigneur de Languiller (Chauché) en 1414 (10). Il déclare dans son fief la moitié de son étang de Linières et deux moulins, l’un à eau et l’autre à vent, avec droit de verolie (obligation de moudre au moulin) et destroit (juridiction). Il déclare que ce fief est tenu à foi et hommage, moitié par un nommé Michau, moitié par Gaschet à cause de Jeanne Micheau sa femme, aux devoirs de 104 sols 9 deniers et 1 poule de cens, plus de faibles droits de mottage et pasnage sur les cochons. Or en 1370 il fallait 10 deniers pour acheter 1 livre de beurre (11), et ces redevances correspondaient donc à environ 66 kg de beurre, soit la traite d’une vache pendant 5 à 10 mois, suivant un rendement retenu très faible de production de lait et de fabrication du beurre. Les redevances féodales ont donc baissé dans ce fief. Et contrairement à l’usage, le seigneur de la Drollinière s’était réservé les redevances seigneuriales dues par les propriétaires et habitants dans le fief. Habituellement le suzerain concédait en effet un fief ou terre noble à un vassal en contrepartie d’un cadeau rituel ou symbolique, par exemple une paire d’éperons dorés à chaque changement de génération, ou plus souvent dans la contrée un « devoir » en argent de quelques sols ou deniers. La concession de tenures ou terres roturières par ce vassal à un (ou des) particuliers avait en revanche une contrepartie économique significative avec des redevances en nature et en argent. Or dans le fief de Saint-André-Goule-d’Oie, le vassal amassait des redevances pour son suzerain, mais elles étaient d’un montant particulièrement faible comme on vient de le voir.

La glandée, Les très riches heures du duc
de Berry (1485), musée Condé, Chantilly
Il n’y avait pas de droit de terrage, ni de dîme seigneuriale non plus, dite « inféodée », fréquente à Saint-André pour les « menues dîmes » sur les veaux, agneaux et pourceaux. À la place on prélevait deux droits : un droit de « maussage » à la Pentecôte, calculé sur chaque cochon élevé par les habitants, se montant à une maille ou un demi denier par bête, et un droit de « panage » d’un denier, aussi sur chaque cochon, à la Saint-Michel-Archange (12). Ces droits sur les porcs uniquement renvoient à la pratique du pacage dans les forêts, antérieure à l’élevage dans des bauges. Elle suppose une importante surface boisée, parfaitement plausible quand on pense à ce qui restait de la forêt de l’Herbergement (l’Oie), de celle des Essarts, au bois du Vrignais, à la forêt du Coudray qui a donné son nom au village de la Forêt plus tard. Ce régime exceptionnel de faibles redevances classe le bourg parmi les bourgs francs, mais qu’on a généralement créés plutôt au 12e siècle suivant les historiens (13).

Après l’aveu de Jean de Thouars en 1343, le fief de Saint-André est entièrement possédé par le seigneur de la Drollinière. Ce dernier a donc allégé les redevances perçues pour y attirer ou garder des habitants. Et il a concédé le fief à des roturiers depuis une date non connue. Cet allègement des redevances, opéré entre 1343 et 1405, trouve sa cause dans les malheurs qui se sont abattus sur le royaume de France, et sur Saint-André-Goule-d’Oie.

La peste, d’origine asiatique, est revenue en force pendant l’hiver 1347/1348 en Provence puis dans tout le royaume, et décima villes et campagnes. Elle s’installa en Europe, se déployant en grandes vagues pendant un siècle (14). De plus, le climat avait changé depuis le début des années 1300, marqué par des hivers plus froids, ce qu’on a appelé le Petit Âge Glaciaire, avec des épisodes de printemps-été pluvieux. Le gel et la pluie ont détruit des récoltes et engendré des famines, parfois mortelles comme en 1315, et toujours propices aux maladies. On n’a pas de description de ces phénomènes pour le Poitou, où la culture de l’avoine et du sarrazin, plus résistants au froid humide, a dû favoriser une adaptation. Mais pas plus qu’ailleurs, les troupeaux, de moutons notamment, ont difficilement résisté aux rigueurs climatiques du temps. Les années 1340 virent le retour du couple maudit du gel et des pluies (15). La peste, d’origine accidentelle et s’étendant sur toute l’Europe, le Moyen Orient et le Caucase, est le facteur principal de la dépopulation à cette époque. De plus, la guerre de Cent Ans avait commencé en 1337 entre le roi d’Angleterre et le roi de France. Le Poitou relève du roi d’Angleterre et ses seigneurs, des Essarts à Montaigu comme ailleurs, vont devoir choisir leur camp. Cette guerre fut d’abord ponctuée par les désastres français à Crécy en 1346, à Poitiers en 1356, et par le traité de Brétigny en 1360 qui donna le Poitou au roi d’Angleterre, Saint-André devenant anglais et Chavagnes restant français. Ensuite Du Guesclin, qui vint se battre dans la région et à Benaston (Chavagnes), redressa pour un temps la situation du roi de France. Les campagnes militaires procédèrent par vagues comme la peste, touchant inégalement des provinces. Les bandes armées pillaient partout où elles passaient, quel que soit leurs commanditaires. Leurs dégâts aggravèrent les désastres pandémiques et climatiques, des familles disparaissant et des tenures tombant en déshérence. La famine et la peste touchaient les pauvres, mais la guerre a frappé toutes les strates de la population. Au total tout le royaume fut touché, la peste faisant perdre à elle seule le tiers de sa population environ en moyenne dans le royaume (soit 6 millions de morts). Et la situation se prolongeant, on verra à Saint-André-Goule-d’Oie des villages disparaître.

L'aveu en 1405 d’Antoine Foucher n’indique pas l’existence d’une métairie dans le fief de Saint-André. Nous n’apprenons son existence qu’à partir de 1453 dans un factum (mémoire judiciaire) de 1646 (16). La pauvreté de la documentation ne doit pas nous inciter à en conclure que la création de la métairie s’est faite après la concession du fief à un roturier. Les deux décisions sont probablement liées, et la création de la métairie remonterait à la deuxième moitié du 14e siècle. Elle s’est faite par amassage de parcelles foncières existantes, et non pas par défrichement, compte tenu de l’époque et du lieu. Sa description au 19e siècle montre les nombreuses petites surfaces la composant, même si rien ne prouve qu’elle remonte à 6 siècles auparavant. Cet amassage par le seigneur de Linières, ou par un roturier, s’est fait au détriment des anciens petits propriétaires ruinés par la guerre, la famine et les épidémies. Les bâtiments se trouvaient dans le bourg et elle appartenait en cette année 1453 à Colas Texier. Ce roturier la tenait avec le fief lui-même à foi et hommage plain (simple) et à droit de rachat. Les possesseurs dans son fief, tenant leurs biens de lui, étaient appelés localement des teneurs, dont Texier était le seigneur, mot générique correspondant pour les biens roturiers à ce qu’était le suzerain pour les biens nobles. À la différence des bourgs de Saint-Fulgent et des Essarts, créés près du château seigneurial, celui de Saint-André apparaît comme une transformation d’un habitat primitif autour d’une église avec des parcelles foncières de jardins, terres, prés et landes. Et on y constitua au 14e siècle une métairie. 

Étang de Linieres
Dans l’aveu en 1405 d’Antoine Foucher, il n’est pas question de possession à moitié avec un autre propriétaire et ses redevances concernent tout le fief. Cela veut dire que le seigneur de la Drollinière a pris possession de la moitié provenant de Jean de Thouars entre temps. Mais la moitié du seigneur de la Drollinière relevait de qui ? En 1405 c’est le seigneur du Coin pour la totalité du fief, et donc peut-être aussi en 1342 pour la moitié ne relevant pas de Montaigu. Dans l’aveu en 1405 de Jean de Sainte-Flaive, on apprend que le seigneur du Coin vivant en 1343 s’appelait Jean Allaire. De plus, on sait que le Coin a été vassal des Essarts depuis son origine (17). Bien sûr rien ne dit qu’il avait déjà en sa possession la mouvance de la moitié du fief de Saint-André en 1343, mais c’est l’hypothèse qui vient naturellement à l’esprit. Il ne faut pas cependant s’arrêter là, car on est alors en guerre et le traité de Brétigny de 1360 a mis le lieu du Coin sur territoire anglais et Chavagnes mouvant de Montaigu, qui le touche, en territoire français. Pierre de Sainte-Flaive, seigneur de Languiller, était du parti des Anglais et défendit en particulier le fort de Chitré (sud de Châtellerault) contre du Guesclin. Celui-ci confisqua alors une partie de ses biens, au profit des partisans à sa solde et cette confiscation fut confirmée en 1373. Pierre de Sainte-Flaive rendit néanmoins des aveux pour Languiller en 1380 et 1402. Les désastres dus à la guerre, aux épidémies et à la glaciation climatique élargissent le champ des possibles, et l’adverbe probablement, utilisé pour opérer des déductions, ignore les imprévus. Le château du Coin était en ruine en 1405. Alors il devient difficile de connaître le suzerain de l’autre moitié du fief et tènement de Saint-André en 1343, à côté de la baronnie de Montaigu, en l’absence de document. Néanmoins une autre observation doit être relevée avec Amblard de Guerry : le fief de Saint-André n’était pas le seul situé dans la partie sud de la mouvance de Montaigu et dans les territoires de Chauché : Puytesson, la Roche de Chauché et la Bleure (voir aussi leurs aveux de 1343) qui seront plus tard dans la mouvance des Essarts. Alors, la situation de 1342 était-elle accidentelle, ou un moment de l’évolution des relations vassaliques dans la contrée ? 

Les droits du seigneur de la Drollinière dans l’église paroissiale


La naissance de la paroisse médiévale au sens de territoire délimité, reprenant le nom du lieu de « Goule d’Oie » où est bâtie l’église paroissiale et son prieuré, se situe entre 1100 (l’abbaye de Nieul-sur-l’Autise, fondatrice du prieuré, a été créée en 1068) et 1300 (pouillé de l’évêché de Poitiers daté de 1306). L’abbé de Nieul-sur-l’Autise devait choisir à l’origine le titulaire de la paroisse de Goule d’Oie. Aux bâtiments du prieuré était rattachées à partir d’une époque non repérée, des terres dans le bourg et aux environs, formant une borderie d’environ 5 ha au 18e siècle.

On sait que le blason des seigneurs de la Drollinière se trouvait au sortir du Moyen Âge dans le chœur de l’église du bourg de Saint-André. Leurs ancêtres étaient enterrés à l’extérieur, mais dans un cimetière jouxtant le chœur de cette église, « dans laquelle ils ne pouvaient être mis à cause de sa petitesse sans empêcher le service divin » (18), et leur logis était situé à un km de distance. De là à faire des seigneurs de la Drollinière les patrons fondateurs de l’église, le pas parait difficile à franchir. Nous ne disposons pas d’un aveu de la Drollinière pour le vérifier. Le choix du desservant du prieuré par l’abbé de Nieul, comme patron ecclésiastique suivant le pouillé de Poitiers, le contredit. Le baron des Essarts, suzerain supérieur et ayant la haute justice sur la paroisse de Saint-André, se présentait lui-même dans ses aveux à Thouars comme « ayant droit de patronage et fondation tant dans ladite paroisse des Essarts autrement Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie » (19). Le seigneur de Saint-Fulgent déclarait le même droit, alors que le prieur de sa paroisse avait été à la présentation de l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes pendant un temps. Décidément ce titre de « patron », donnant le droit de choisir le desservant d’une église, était très prisé par les seigneurs. C’est qu’il ne se résumait pas qu’au droit de présentation du curé ou d’un chapelain, mais emportait aussi des honneurs personnels au cours des cérémonies, comme de se faire encenser par exemple ou de marcher en tête des processions. L’usage du mot, comme on le voit, n’a pas toujours répondu à la définition stricte du droit canon, car le seigneur des Essarts n’avait pas de droit de présentation au prieuré de Saint-André. Il n’en reste pas moins qu’au XVIIe siècle dans l’église de Saint-André, le seigneur de la Drollinière avait une place à part, reconnue, étant seigneur suzerain des lieux. Cela ne prouve pas pour autant que cette place remonte à l’époque de la création de la paroisse.

Mais un autre fait nous intrigue : le prieur de la paroisse rendait la foi et hommage et un aveu au seigneur du fief de Saint-André quelques années avant 1639 (20). Cette relation n’existait pas en 1405, elle a donc été créée après, imposée par le nouveau seigneur du fief, celui de la Boutarlière (voir plus loin).

De plus, on sait que beaucoup de paroisses ont été créées entre les XIe et XIIIe siècles. Elles agrégèrent les fidèles autour d’une église à laquelle fut associé un cimetière. Auparavant le territoire était moins délimité et moins organisé, même si la contrée autour de Saint-André-Goule-d’Oie fut évangélisée dès le 6e siècle (21). La réforme grégorienne de l’Église à partir du 11e siècle lui a permis de se construire progressivement des territoires au sens moderne du mot, incarnés notamment dans la fiscalité de la dîme. Les seigneurs ont dû composer avec cette réforme. On le constate dans la seigneurie du Coin Foucaud en 1405, où dans les tènements relevant d’elle à Saint-André, le droit de terrage était partagé par moitié avec le prieur de la paroisse. Cela équivalait, pour un prélèvement total de 1/6 des récoltes, à la grosse dîme réclamée par l’Église sur les céréales, qui était de 1/13 dans la contrée.

Le partage des fiefs de Saint-Fulgent, la Drollinière et de la Boutarlière au XIVe siècle et les nouveaux liens féodaux


Le mémoire de 1646 évoqué plus haut est précieux dans notre récit. Il est écrit sur 12 pages de papier endommagé par le temps, par deux scribes, et d’une lecture parfois difficile. Il a fait l’objet d’une analyse publiée dans les miscellanées du site internet des Archives de la Vendée, par T. Heckmann, sous le titre suivant : Pour l'honneur ou pour l'argent ? Rivalité à Saint-André-Goule-d'Oie au XVIIe siècleDans l’onglet « Découvrir », ouvrir « Dossiers thématiques » et « Seigneuries », pour y accéder. Y sont annexés la transcription et un examen paléographique du texte. Dans ce factum on voit le seigneur de Linières et celui de la Boutarlière se quereller notamment sur la prétention de ce dernier à porter le titre de seigneur de Saint-André-Goule-d’Oie. Et pour défendre chacun sa position, les deux protagonistes se renvoient leurs droits acquis et le passé, à la grande joie du chercheur naturellement. Suivons-les un instant dans ce passé.

Conciergerie de Linières construite vers 1880
À l’origine du suzerain du bourg on a la famille Droulin ou Droellin, qui apparaît dans des textes concernant l’abbaye de la Grainetière (Ardelay) pour la première fois en 1238. Ils sont seigneurs de Saint-Fulgent, la Drollinière et la Boutarlière. Saint-Fulgent est un château tenu de Tiffauges, comprenant plusieurs fiefs lui rendant hommage, situé sur la paroisse du même nom, dont le fief Drollin (situé près de la Valinière), la Clavelière, et surtout le Puy Greffier, le plus important. Mais on parlera, chez les notaires du lieu au 18e siècle, des châtellenies de Saint-Fulgent, car les seigneurs du lieu sont aussi suzerains au moins de la Thibaudière, châtellenie qui relèvait de Montaigu. La Drollinière possède un logis entouré d’une muraille en partie, joignant plus de 300 hectares de terre d’un seul tenant, le tout situé sur l’ancienne paroisse de la Chapelle de Chauché. Elle comprenait le domaine de la Boutarlière situé sur la même paroisse, jusqu’au tènement voisin de la Charillère encore plus au sud.

La Drollinière relève de la baronnie des Essarts à foi et hommage plain, à rachat le cas advenant, « et à une maille d’or », suivant l’aveu du baron des Essarts à Thouars en 1597 (22). En 1658, un aveu du même précise que la maille d’or est estimée à 24 sols tournois. Dans le mémoire de 1646 évoqué plus haut, l’auteur reprend l’affirmation du seigneur de Linières, indiquant que son hommage aux Essarts est « lige sans ligence, garde ni estage », ce qui qualifie l’hommage rendu au-dessus du simple hommage plain. En revanche la maille d’or est « appréciée à vingt sols de monnaie » (23). Voilà des détails qui portent à ne pas prendre pour argent comptant toutes les informations de l’auteur du mémoire de 1646. 

En 1342 c’est un Maurice Droulin, né vers 1310 et mort avant 1378, qui est « seigneur de Saint-Fulgent, Drollinière et la Boutarlière ». Le « mercredi avant la Madeleine de l’année 1342 », Maurice Droulin, donna à Jean Droulin, son frère puîné, pour sa part dans les successions paternelle et maternelle, la seigneurie de la Boutarlière et diverses rentes (24). Le tènement voisin de la Gandouinière, situé au nord de la Boutarlière, fit partie de la mouvance de cette dernière, alors que celui situé au sud, la Charillière, resta dans la mouvance de la Drollinière jusqu’à la Révolution (25). Néanmoins les teneurs de la Gandouinière reconnaissaient toujours en 1766 devoir « chaque année à la seigneurie de Saint-Fulgent à cause du fief Drolin (près de la Valinière à Saint-Fulgent) réuni à ladite seigneurie de Saint-Fulgent, la rente foncière annuelle et perpétuelle de 16 boisseaux de froment, mesure réduite des Essarts » (26).

Château des Essarts détruit 
lors de la Révolution
Pour éviter que le partage des fiefs comme ici, soit imposé au suzerain, on appliqua la règle de droit féodal de la garantie, dit « gariment », en parage. Un seul vassal, en l’occurrence le seigneur de la Drollinière, ferait un hommage unique aux Essarts pour les deux fiefs désormais distincts de la Drollinière et de la Boutarlière, se portant garant pour son frère. Cela donnait dans l’aveu du suzerain des Essarts à Thouars en 1597, le texte suivant : « sous lequel hommage (de la Drollinière) tient en parage messire René Gazeau chevalier seigneur de la Brandasnière, son hôtel noble de la Boutarlière avec ses appartenances et dépendances » (27).

Dans ce fief de la Drollinière en 1597 n’était pas compris le fief de Saint-André-Goule-d’Oie. Le seigneur de la Drollinière le tenait d’un seigneur différent de celui des Essarts, le seigneur du Coin Foucaud, suivant le factum de 1646Le château de celui-ci était en ruine en 1405 et la seigneurie avait été acquise par Jean de Sainte-Flaive peu de temps auparavant (28). ses droits de seigneurie constituent alors une annexe appartenant à la seigneurie de Languiller (Chauché). 70% du territoire de la paroisse de Saint-André relevait de sa mouvance, dont le territoire du bourg. La Drollinière lui rendait pour le fief de Saint-André « une foi et hommage plain, à l’abonni de quarante sols pour tout droit de rachat, cheval de service et autre droit de mutation » (29). Ici droit de rachat et cheval de service font synonymes, et ils sont payés régulièrement chaque année ou à chaque mutation suivant la convention passée, à la valeur de 40 sols. C’était la règle de l’abonnement (abonni).

Un moulin turquois
Dans l’aveu qui suit l’hommage, le vassal de la Drollinière devait normalement dénombrer ses domaines et ses redevances à son suzerain du Coin Foucaud. Mais, suivant le factum de 1646, il y avait le cas particulier de la moitié de l’étang de la Drollinière et des moulins à proximité, situés sur le territoire du fief de Saint-André dépendant du Coin Foucaud et non pas sur celui de la Drollinière. Le ruisseau de la Fontaine de la Haute Gandouinière faisait limite entre les deux fiefs de la Drollinière et de Saint-André. Situés à l’intérieur du fief de Saint-André, ces moulins et moitié d’étang appartenaient au seigneur de la Drollinière. C’est certainement avec l’accord du Coin Foucaud que le seigneur de la Drollinière creusa son étang, car le ruisseau de 2 mètres de large environ qui l’alimentait, prenait soudain avec l’étang une largeur de 50 mètres. Il convenait que sa moitié débordant sur le territoire relevant du Coin Foucaud y restât tenue de ce dernier. Quant au moulin à eau, il était construit du côté est sur le territoire du Coin Foucaud. De même pour le moulin à vent bâti encore plus loin vers l’est, dans un espace depuis appelé le champ du moulin. Logiquement, seule la moitié ouest de l’étang était située sur le domaine de la Drollinière et relevait des Essarts. Il paraît normal que le seigneur de la Drollinière n’ait pas concédé avec le fief de Saint-André ces deux moulins et la moitié d’étang, puisqu’il en conservait l’usage. Surtout, ils en constituaient aussi le chef d’hommage, qui était en droit féodal le lieu principal d’un fief, où en principe est porté l’hommage. S’il est situé hors du fief lui-même c’est une présomption de son démembrement, donnant le droit au suzerain d’en reprendre la possession (30). Le seigneur de la Drollinière ne pouvait pas désigner son logis comme chef d’hommage, car il était situé hors du fief et relevait des Essarts.

L'autonomie progressive de la Boutarlière à laquelle va se rattacher le fief de Saint-André (1350-1646)


Après le partage ayant attribué la Boutarlière en 1342 à son frère, Maurice Drouelin maria ses deux filles, et à partir de là, la Drollinière eut un destin différent de celui de Saint-Fulgent. En 1350 Marie Drouelin épousa Guillaume Baritaud, demeurant à Chantonnay et lui apportant la Drollinière en dot. La fille de ces derniers épousa en 1381 Guillaume Foucher, originaire des Herbiers, comme on l'a vu plus haut. Cette famille Foucher va conserver le domaine au nombre de ses possessions jusque vers 1550. Il passa ensuite par mariage à une famille du Berry, La Châtre.

La sœur de Marie, Jeanne Drouelin, épousa Jean Cathus en 1365, apportant dans sa dot la seigneurie de Saint-Fulgent à son mari. Puis ce bien passa par héritage dans la famille des Rezé, possesseur de la Merlatière, la Raslière (près le bourg de la Merlatière) et la Jarrie (Saligny), puis des Chasteigner, habitant Saint-Denis-la-Chevasse, vers 1500. Saint-Fulgent aussi ne connut plus pendant longtemps de seigneurs habitant sur place. Leur histoire a été reconstituée dans les trois récits publiés sur ce site à l’occasion de leur querelle avec les seigneurs de Languiller, au sujet du titre de seigneur de la Boutinière, Chevaleraye et Javelière, qui dura deux siècles. Le premier a été publié en novembre 2015 : Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1595-1649. Et en janvier 2016 : Les seigneurs de Saint-Fulgent au 18e siècleLe Bois Thibaud, situé au nord du Bois de Languiller, et à l’emplacement actuel des éoliennes les plus proches de la route D 37, avait été laissé en indivision entre les deux sœurs Drouelin, et en 1598 il était toujours en indivision entre la Drollinière et la Jarrie. Il en était de même du Bois du Vrignais proche de la Boutarlière (aveu en 1598 de la Merlatière, la Raslière et la Jarrie à Thouars, page 73). En 1779, le Bois Thibaud était un tènement en grande partie défriché, dont quelques propriétaires faisaient leur déclaration à Linières (31). Mais une partie laissée en bois taillis (30 boisselées en 1789) appartenait au seigneur de la Rabatelière, qui avait acheté la Jarrie (32).

Vouvant ancienne cité médiévale
Du côté de la Boutarlière, Catherine Drouelin épousa Guyon Bonnevin en 1490, et leur fille Louise Bonnevin épousa en 1519 Antoine Gazeau, seigneur de la Brandasnière, paroisse de Cezay dans la mouvance de Vouvant. Devenue veuve, la dame de la Boutarlière épousa en secondes noces François de La Muce, seigneur d’Aubigné et de Revroc (33). Une déclaration roturière de Jean Proust et Perrine Belin sa femme, est faite à François de La Muce, « seigneur du fief de Saint-André » le 16 mars 1543, pour 3 maisons et un four dans le bourg de Saint-André et diverses autres parcelles de terre et prés, sur un parchemin en partie illisibles à cause de grandes tâches (34).

Louise Bonnevin et Antoine Gazeau avait acquis en effet ce fief avec la métairie, des héritiers des Texier. Nous situons la date de cette acquisition entre 1534 (aveu de Pierre Brenier à la Drollinière), et 1542 (où François de La Muce est cité dans un jugement des Assises de Languiller) (34). Cette qualité de seigneur du fief de Saint-André était tout à fait normale, puisqu’il en rendait l’hommage à la Drollinière pour son épouse. François de La Muce fut condamné à mort aux environs de 1552, peut-être pour sa participation aux prémices des guerres de religion dans le camp protestant, et ses terres de Revroc et d’Aubigné furent confisquées (35).

En 1536, des habitants du Bourg sont poursuivis aux Assises de Languiller pour payer un droit de rivage de 12 sols par an (36). Il s’agit d’une initiative du seigneur de Languiller, Jean IV de Belleville probablement, car ce droit de rivage n’est pas mentionné dans les redevances tenues par la Boutarlière en 1517. En 1543, les mêmes assises de Languiller réclament directement aux teneurs du bourg leurs déclarations roturières (37). Elles court-circuitent le seigneur de Linières bénéficiaires des redevances, car le fief de Linières lui-même avait été saisi, faute pour son seigneur (Joachim de La Châtre), demeurant à la cour et dans le Berry, de remplir ses devoir féodaux envers son suzerain de Languiller. 

Après François de La Muce et Louise Bonnevin, la Boutarlière et leur nouveau fief de Saint-André-Goule-d’Oie passèrent à Jean II Gazeau (1520-1587), seigneur de la Brandasnière. Son fils, Léon Gazeau Ier, seigneur de la Brandasnière et de la Boutarlière, fut un marin éprouvé à qui le roi Henri III permit d’armer pour le prétendant au trône du Portugal, Antoine, soutenu contre le roi d’Espagne. Il épousa Isabeau de Plouer le 25 février 1580, laquelle était veuve en 1595. Elle appartenait à une famille bien implantée dans la contrée (Mouchamps, Sainte-Cécile), et elle épousa aussi les ambitions des Gazeau de la Brandasnière.

Elle obtint du présidial (tribunal supérieur) de Poitiers contre les habitants du bourg de Saint-André, la fin du chemerage que Louise Bonnevin avait acheté aux héritiers des Texier (38). On appelait ainsi le droit de celui des possesseurs des biens dans un fief, qui rendait l’aveu au suzerain pour lui et pour le compte des autres. Par exemple le titulaire du prieuré était un de ses copossesseurs dans le fief. La Boutarlière représentait ce dernier dans l’hommage au suzerain, et était appelé pour cela le « chemier ». Les Gazeau remplacèrent cette position de chemier parmi leurs pairs, par une autre, supérieure : ils seraient désormais leur seigneur à qui les autres possesseurs dans le fief rendraient leur déclaration, voire un aveu en ce qui concernait le prieur. C’est ainsi que le prieur Pierre Baudry fit une déclaration au seigneur de la Boutarlière, avant 1639, par laquelle il déclare tenir de lui noblement à droit de rachat son presbytère et autres domaines dans le bourg (39).

Entrée du château des Essarts
Ce changement ne concernait pas la relation au suzerain de la Drollinière. Mais la même Isabeau de Plouer obtint aussi un petit changement dans cette relation, en la cour de haute justice seigneuriale de la baronnie des Essarts, le 23 mai 1603. Au lieu d’être tenu en gariment (sous la garantie) de Linières, le fief de la Boutarlière sera tenu désormais pleinement de lui, déclarant le parage de 1342 fini. Cela concernait les fiefs de la Boutarlière et de la Drollinière dans la mouvance des Essarts, mais ce changement devait recevoir l’accord du suzerain des Essarts. Néanmoins il faudra attendre longtemps avant que les officiers des Essarts enregistrent ce changement dans les aveux des Essarts à Thouars. Rien de changé en 1658, et ce n’est qu’en 1718 qu’on voit écrit dans un aveu que le parage de la Boutarlière est fini. Quant aux teneurs dans le fief lui-même de Saint-André, on a des signes d’opposition dans les papiers de la famille Moreau, de riches bourgeois habitant dans le bourg. Opposition à quoi ? On ne sait pas. François Moreau, avec d’autres, fit une procuration datée du 2 avril 1617 « par laquelle ils connaissent le fief dudit Saint-André être mouvant de la Boutarlière », est-il écrit sur un relevé des papiers de famille lors d’un inventaire. Un autre relevé fait état d’un procès au sujet de la justice foncière et « de la qualité du domaine de Saint-André » (40). Malheureusement nous ne savons pas ce que disent ces papiers relevés par leur titre dans un inventaire.

Le fils d’Isabeau de Plouer, Léon II Gazeau, né en 1585, épousa le 24 avril 1613 Marie du Vergier, elle aussi de l’Église réformée. Il fut déclaré noble en 1624. Et leur fils, René Gazeau (1620-1662), épousa en 1644 Renée Bonnevin. Ce dernier était un fameux protestant, qui, selon les rumeurs répandues dans le pays, se déguisa en prêtre, alla à Paris où il dit plusieurs messes par jour pour cacher sa véritable identité (41). Il est décédé le 21 janvier 1662 à l’âge de 42 ans. Une partie de sa pierre tombale était encore visible en 1967 sur une maison de la Charillère (Chauché), récupérée dans un champ près de la maison de la Boutarlière (42). C’est lui qui chercha querelle au seigneur de la Drollinière dans les mois qui suivirent son mariage en 1644 et sa prise de possession de la Boutarlière ensuite.

Revenons à la Drollinière. Dans la période de la fin du 16e siècle et le début du 17e siècle, la terre de la Drollinière fut vendue plusieurs fois. De la famille La Châtre elle passa aux Bruneau (Rabatelière), puis aux Garreau. Gedéon Garreau, écuyer sieur de Lespine, et Renée de Gastinière sa femme, ont vendu le 2 novembre 1619 le domaine à maître René Pidoux, magistrat au parlement de Paris et abbé de Valence. En 1621 le domaine de la Drollinière était à nouveau en vente par adjudication à la criée en la cour de Poitiers (43). Visiblement nous sommes en période de difficultés, mais sans que nous sachions si c’est le domaine qui coûte plus qu’il ne rapporte, ou si ce sont les propriétaires qui ne sont pas à la hauteur des exigences de gestion d’alors. Il ne faut pas écarter non plus les conséquences des pillages et destructions qui sévirent dans la région pendant les guerres de religion. Pour Linières nous ne savons rien à ce sujet, mais nous connaissons les travaux au château des Essarts en 1570 pour réparer les dégâts des huguenots (44). On sait aussi que le logis de la Boutarlière est un ensemble fortifié de la fin du 16e siècle, bâti pour se garantir contre l’insécurité à cette période. Son cadran solaire date de 1620 (45). Le chœur de l’église de Chavagnes-en-Paillers fut incendié par des protestants conduits par Gilles Durcot, seigneur de l’Etang à Chavagnes, et fut réparé par le seigneur de la Rabatelière (46).

On n’est pas étonné dans ce contexte de voir à nouveau les Assises de Languiller réclamer directement en 1610 à 10 teneurs du bourg leurs déclarations roturières (47). En 1617 le tribunal entame une procédure de saisie féodale de Linières (48).

La Boutarlière
C’est après l’année 1621 qu’apparût un nouveau propriétaire de Linières, Élie de Goulaine, qui avait épousé en 1611 Marie Olympe Garreau, dame de la Drollinière. Sa présence fut courte. Après lui le nouveau propriétaire est Anne Legras, sieur du Plessis Clain, qui viendra habiter sur place. En 1626 il donne procuration pour l’assise de Languiller (49) (tribunal où l’on présente ses hommages et aveux). Et on a sa première trace sur le registre de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie le 26 novembre 1635 (vue 91 sur le registre numérisé accessible sur le site internet des Archives de la Vendée), date du baptême de sa fille Catherine. Anne Legras, se disant seigneur du Plessis Clain, est en effet le premier seigneur des lieux depuis longtemps à venir habiter la Drollinière vers 1630. C’est lui qui simplifia le nom de la Drollinière en celui de Linières à cette époque. Nous écrivons ce dernier mot avec un « s » selon un usage né au 19e siècle, mais à l’origine le mot s’écrivait sans « s ». C’était un faux noble qui usurpait le titre de baron. Son fils, Claude Legras, fut déclaré roturier et condamné à 5 000 livres d’amende en 1667 (50). Il faut probablement faire un lien entre ce changement de nom et le titre usurpé, pour brouiller les pistes remontant du passé. Anne Legras dut affronter l’ambition de René Gazeau de la Brandasnière, seigneur de la Boutarlière. Celui-ci voulait être reconnu seigneur de Saint-André-Goule-d’Oie, et non pas simplement seigneur du fief de Saint-André-Goule-d’Oie.

La querelle de 1646 entre la Boutarlière et Linières


Le factum de décembre 1646, qui nous révèle leurs conflits, a été écrit après les assises de la seigneurie de Linières siégeant dans les mois précédents apparemment. Ainsi nommait-on le tribunal des seigneurs autrefois. Le procureur fiscal des assises (représentant le seigneur) dénia à René Gazeau la qualité de seigneur de Saint-André-Goule-d’Oie, et la cour le condamna à régler ses arrérages de redevances seigneuriales. De plus, le procureur lui interdit de continuer à utiliser un droit de passage sur le chemin qui allait de la Boutarlière à la Guerinière. La cour lui laissa néanmoins un délai pour présenter sa défense. Et c’est dans ce but que le factum, dont nous avons une copie, a été rédigé pour le compte de la dame de Languiller, Marie Hurault, mère de Maximilien Eschallard. Le seigneur de Linières avait en effet sollicité l’aide de son suzerain, comme il était d’usage en pareille circonstance.

Pour fonder ses dires, il s’appuya notamment sur la contenance du fief du bourg de Saint-André. Que dans son enclos il existât un bien foncier relevant d’un autre régime juridique, voire d’un autre seigneur, s’était rencontré ailleurs dans la paroisse. Dans le tènement de la Bergeonnière, le fief Chevillon relevait de la Mancellière à l’origine, alors que la Bergeonnière relevait du Coudray. Dans le fief de la Jaumarière, qui relevait du Coin Foucaud, le fief des Segoninières relevait des Bouchauds. Néanmoins l’existence des deux moulins et moitié d’étang dans le fief de Saint-André-Goule-d’Oie, mais appartenant à Linières, va servir de prétexte au seigneur de la Boutarlière pour se quereller avec celui de Linières, pourtant son suzerain. Cet enclos de moitié d’étang et deux moulins n’avait pas de nom comme le fief Chevillon ou le fief des Segoninières, et on le désignait par sa description sommaire, comme un fief anonyme.

Bourg de Saint-André-Goule-d’Oie
On aimerait lire un aveu de Linières au Coin Foucaud pour le fief de Saint-André, afin de bien comprendre comment la situation était présentée, mais nous n’en avons pas trouvé. À défaut on a un aveu du suzerain, le seigneur du Coin Foucaud (Languiller) à la baronnie des Essarts en 1605 (51). Sous un même hommage, l’objet du fief est décrit en deux parties distinctes : d’abord « le fief de Saint André de Gouledois dans lequel ladite dame (de Linières) tient à son domaine la moitié de son étang de la Drouellinière, avec …. ses dits deux moulins à vent et à eau … ». Autrement dit, la moitié d’étang et les deux moulins font partie du fief de Saint-André tout en étant rattachés à la Drollinière. Ensuite la dame de Linières avoue tenir sous le même hommage au Coin Foucaud, la « damoiselle Louise Bonnevin dame de la Boutarlière, et auparavant le soulait tenir les Michaux et Texier, c’est à savoir le fief dudit Saint André, ses appartenances et dépendances et les devoirs qui s’en suivent tant pour elle que pour ses parsonniers… ». L’aveu de 1605 reprend en réalité ici la situation décrite dans un aveu de 1550, n’en étant qu’une simple copie. Dans le mémoire de 1646, le seigneur de Linières va plus loin et fait préciser que le fief de Saint-André est tenu de lui à cause du chef d’hommage sans nom, comme anonyme, constitué par la moitié d’étang et les deux moulins.

Le procureur fiscal de Linières s’oppose à la qualité revendiquée de « seigneur de Saint-André » prise par le sieur de La Brandasnière, quoiqu’il reconnaisse qu’il a un fief au bourg de Saint-André, qui s’appelle le « fief de Saint-André ». Il peut donc se dire seigneur du fief, mais il ne peut pour autant se dire seigneur de Saint-André, n’étant pas patron ni fondateur de l’église paroissiale, et son fief ne s’étendant pas au total de la paroisse. Ce serait au préjudice du sieur de Linières, seigneur supérieur qui a fief et domaine en ladite paroisse. On relèvera que cette accusation d’usurper un titre, faite à la Boutarlière par le seigneur de Linières, lui-même faux baron, ne manque pas de piquant.

M. de la Brandasnière prétendit que pour la moitié d’étang de Linières, les deux moulins et maisons alentours, le seigneur de Linières devait rendre son aveu à la Boutarlière, possesseur désormais du fief de Saint-André, au lieu d’en servir Languiller. Ce faisant, cette partie devait contribuer au paiement du cens dû à Linières. Et partant, payer ses droits de lods et ventes (droits de mutation), en cas de vente de Linières, à la Boutarlière plutôt qu’à Languiller. À cet égard, M. de la Brandasnière réclamait le paiement de ces lods et vente pour la dernière acquisition du domaine de Linières par René Pidoux en 1619. Ils représentaient en Poitou habituellement le 1/6 de la valeur des biens. Ce droit de fief lui donnait aussi celui de retrait féodal en cas de vente des moulins et moitié d’étang. Et puis, étant seigneur foncier dans le bourg, donc de l’église, il se prétendait son patron fondateur, et partant de là pouvait porter la qualité de seigneur de la paroisse.

M. de Plessis Clain rappela que le fief de Saint-André avait d’abord été une possession du seigneur de Linières tenue du Coin Foucaud (lequel est devenu annexe de Languiller). Puis les seigneurs de Linières l’avaient concédé aux Texier, « gens roturiers et de basse condition », dont maintenant M. de la Brandasnière avait les droits, mais à la réserve des droits seigneuriaux sur le bourg, de la fondation et prééminence d’église, qui sont « des droits de supériorité venant de ladite moitié d’étang, des moulins et maisons ». Il y a très probablement une exagération sur son droit de prééminence dans l’église, comme de la part de son adversaire d’ailleurs. L’un était catholique et l’autre protestant, mais avec ce droit honorifique il y avait un titre et ses redevances financières. M. de la Brandasnière avait néanmoins été débouté en 1621 par la cour de Poitiers de sa demande de faire contribuer l’adjudicataire de Linières au paiement du cens, car non fondée sur aucun acte récent modifiant la situation décrite dans les aveux antérieurs (52).

Chemin de la Boutarlière à la Guerinière
Sur ces querelles essentielles de titre et de redevances, on ajouta une autre querelle plus subalterne de droit de passage. Les habitants de la Boutarlière utilisaient le chemin qui mène de chez eux au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, en passant sur les terres de la Guérinière, métairie appartenant à Linières. Le chemin existe toujours, comme il existait déjà en 1342 quand Maurice Droullin donna la Boutarlière à son frère puîné. Le procureur fiscal des assises de Linières signifia au seigneur de la Boutarlière la défense « de plus passer ni repasser, lui, ses gens et serviteurs, au bas de la métairie de la Guérinière qui dépend de Linières, comme ils ont accoutumé faire, cela n’ayant été accordé que par souffrance et tolérance ». Le seigneur de la Boutarlière répondit que ce chemin avait toujours été emprunté pour aller de la Boutarlière à la Guérinière, Saint-André et autres lieux, qu’il était fort large de 30 pieds (environ 10 mètres), ayant de chaque côté haies et fossés dans la partie entre la Boutarlière et la Guérinière. Il insista : « Les précédents sieurs de Linières qui assistaient aux enterrements des gens de la Boutarlière, ont toujours vu passer leurs corps par ledit chemin et non par autre. De même ils ont assisté aux épousailles des filles de la maison de la Boutarlière et les ont conduites par le même chemin, sans jamais de querelle ni d’empêchement ». À son avis, Maurice Droullin n’avait pas parlé de ce droit de passage dans son partage de 1342, faute de le juger nécessaire (48). Le chemin de Saint-André aux Essarts existait déjà alors (53). Il permettait d’accéder comme maintenant au domaine de la Boutarlière directement, sans passer par la Guérinière. Il est vrai que les épousailles des filles de la Boutarlière constituent dans l’argumentaire une évocation percutante, qui ne perd pas de sa force affective en parcourant les siècles, mais de faible poids entre voisins qui se détestent.

On tenta un arbitrage « pour accommoder l’affaire par la douceur » (54).  Mais on ne connaît pas la suite immédiate qui fut donnée à ces querelles entre les deux seigneurs, par accord amiable ou par décision judiciaire. À voir les documents dans la suite du temps, la Boutarlière oublia le titre, tout en gardant le droit de fief sur le bourg, mais vendit sa métairie. On doute qu’elle fit participer Linières au paiement du cens néanmoins, et le droit de passage existe toujours.

Successions et mutations à Saint-André, la Drollinière et la Boutarlière, XVIIe-XVIIIe siècles


On observe que le frère cadet du seigneur de la Boutarlière désigné dans le mémoire de 1646, David Gazeau, seigneur de Bois Saint Martin à Saint-Martin-des-Noyers, se fit appeler seigneur de Saint-André-Goule-d’Oie. Puis René Gazeau et sa femme Renée Bonnevin n’eurent qu’une fille, Marie, qui fit un beau mariage en 1653 avec Philippe de Joncourt, authentique baron de la Forêt-sur-Sèvre. La Boutarlière finit même au siècle suivant, grâce à d’heureux mariages en milieu catholique, par appartenir au prince de Robech, qui plus est Grand d’Espagne ! C’est peu dire que la qualité de seigneur de Saint-André-Goule-d’Oie était sans intérêt pour un prince et un Grand d’Espagne.

Le prince de Robech vendit la seigneurie en 1770 à Jacques Grégoire Boutillier (1717-1789), sieur du Coin (Coin des Pierres Blanches à Saint-Martin-de-Beaupréau dans le Maine-et-Loire), bourgeois habitant Mortagne-sur-Sèvre (55). Dans une transaction de 1776 chez le notaire de Saint-Fulgent, il se présente comme « seigneur de la Boutarlière, fiefs de Saint-André et autres lieux » (56). Mais dans la suite du texte on repère quelques exagérations.

Dans cette transaction il règle un différend avec François Chevreux, prieur-curé de Saint-André. Ils étaient en procès au présidial de Poitiers pour des domaines dans le bourg dépendant du prieuré. Ceux-ci étaient « tenus noblement à foi et hommage plain et à rachat par mutation dudit sieur prieur, et à 5 sols de cens et devoir noble rendable par chacun an audit lieu de la Boutarlière, jour et fête de Saint-Jean-Baptiste, comme étant ledit seigneur de la Boutarlière fondateur et patron de l’église dudit lieu de Saint-André ». Sans reprendre l’analyse de l’extrait on appréciera qu’avec le temps on prenait ses aises avec la réalité historique du côté de la Boutarlière. Mais le prieur Chevreux
La Boutarlière
accepta ce contenu, faisant préciser que le prieuré relevait du seigneur du fief de Saint-André-Goule-d’Oie. On mélangea donc le vrai et le faux dans cette transaction, dispensant pour cette fois le prieur de faire sa foi et hommage, et lui donnant 3 mois pour rendre son aveu et dénombrement. Dans le même délai le prieur s’engagea à payer le rachat, dû à cause de son entrée en possession et jouissance du prieuré (en 1760), lequel fut convenu à la somme de 120 livres. C’était l’époque des bénéfices ecclésiastiques, où le clergé était rémunéré par les revenus d’un patrimoine donné temporairement à ses membres. S’agissant d’un bien d’Église inaliénable, l’enjeu de la querelle n’avait pas une grande portée financière. On la croit davantage motivée par une question d’honneur : le patron fondateur avait le droit de se faire encenser et bénir pendant les cérémonies religieuses, par exemple. On aimerait lire l’aveu du prieur pour connaître le détail des biens fonciers, en particulier pour situer le moulin du prieuré. Ambard de Guerry a noté que le prieur payait 2 sols de cens au Coin pour lui, et il le situe dans le fief du bourg (57).

Les autres propriétaires dans le bourg rendaient une déclaration roturière à la Boutarlière à cause de son fief de Saint-André. On le constate lors de l’achat en 1788 d’une pièce de jardin, où l’acquéreur doit un denier de cens payable annuellement à noël, au receveur de la Boutarlière (58). Dans une déclaration roturière en date du 18 octobre 1774, Jean Bordron, serrurier au bourg de Saint-André et fabriqueur de la paroisse, avoue devoir chaque année au terme de noël à la recette de la Boutarlière, 101 sols et 1 géline de cens en solidarité avec tous les propriétaires du fief. On a aussi une autre déclaration analogue du 12 octobre 1774 de Jean Charpentier, bordier au bourg de Saint-André (59). On reconnaît le montant du cens fixé à la fin du 14e siècle.

Du côté du suzerain du fief de Saint-André, c’est-à-dire de Linières, nous sommes peu informés. Le fils d’Anne Legras, Claude, se maria en 1677 avec Françoise Charbonneau. Il mourut peu de temps après, sans postérité. Mais le domaine de Linières avait été saisi pour la première fois en 1675 à cause des dettes de son propriétaire, (60) et à nouveau suite à une décision du parlement de Paris sur appel en 1679 (61). Le domaine resta saisi plusieurs années. C’est ainsi que le « commissaire receveur général aux criées des deniers et des saisies réelles à Poitiers », donna procuration au sieur du Coudray, Pierre Moreau, d’offrir la foi et hommage à Languiller. Ce dernier le fit le 16 mars 1686 à Philippe Chitton, le nouveau seigneur de Languiller depuis 1671, « pour raison de la moitié de l’étang de Linière, alias Drollinière, moulin à vent et à eau en dépendant à cause du fief du Coin Foucaud…  » (62). C’est seulement le chef d’hommage qui est ici mentionné. Et dans l’aveu qui a suivi, que nous ne connaissons pas, le seigneur de Linières a dû détailler l’objet de cet hommage, décrivant le fief de Saint-André et ses redevances perçues par lui.

Les moulins et la métairie du bourg de Saint-André


En 1796, quand la châtelaine de Linières racheta le domaine comme bien national, on lit dans l’acte qu’il existe à Linières une « vieille tonnelle de moulin avec la cour y joignant d’une boisselée trois quart ». C’est la ruine du moulin à vent, et le moulin à eau n’est même pas évoqué. Lors de la saisie de Linières en 1675, le moulin à eau n’est pas mentionné, signe probable de l’arrêt de son activité, alors qu’on cite le moulin à vent, sans être sûr de son activité à cette date. On sait que l’étang s’est envasé au 18e siècle et qu’il avait laissé la place à des broussailles dans le cadastre de 1838. Il a été recreusé comme nous le connaissons maintenant vers 1872. L’emplacement du moulin à vent est indiqué dans le cadastre napoléonien de Saint-André-Goule-d’Oie en 1838, section E 2, près du village de la Forêt (parcelle no 198). Il était alors toujours en ruine, sans les maisons qui s’y trouvaient auparavant avec leurs voies d’accès et cours attenantes.

La métairie du bourg de Saint-André fut acquise par les Chitton de Languiller dans la première moitié du 18e siècle. Elle fit partie de l’héritage de Marie Bénigne Chitton, fille de Charles Auguste Chitton et d’Élisabeth de Châteauneuf, qui épousa Charles Seghin de Brilhac de Nouzières, puis se remaria avec Louis Auguste Pascault de Villars de Pauléon. Leur fille, Marie Geneviève, épousa en 1770 Charles Antoine Brilhac de la Laurencie. Elle conserva la métairie jusqu’en 1791 (63).

Entre le bourg de Saint-André et Linières
En 1778 celle-ci était affermée par Jean Bordron fils (1748-1813), maréchal-serrurier dans le bourg, le futur premier maire de la commune. Lui-même la sous-affermait à Pierre Guesdon, laboureur, et ceux de sa communauté. Le 2 janvier 1778 il régularisa par écrit devant notaire le bail déjà bien commencé depuis la Saint-Georges 1775, pour 5 ans (64). La ferme était à partage de fruits par moitié entre le bailleur et les preneurs, concernant les récoltes, les fruits de hautes branches, les semences, les cens, rentes, impôts, et la fourniture des bestiaux avec leurs profits et leurs pertes éventuelles. Le revenu annuel de la ferme est estimé chez le notaire à 170 livres, ce qui fait une métairie de petite taille. En 1815 elle totalisait 24 hectares. Les bâtiments de la ferme se trouvaient à côté de l’église actuelle donnant sur un chemin appelé aujourd’hui rue de la Madone, selon le cadastre de 1838 (parcelle no 162). On peut les voir sur le cadastre napoléonien accessible sur le site internet des Archives de la Vendée dans la section D 6 du bourg, et tableaux indicatifs, vues 122 à 128.

Le 25 avril 1791 on trouve deux étranges fermiers à moitié entre eux, de la métairie du bourg : le prieur de Saint-André et le métayer de Linières. Ces derniers signèrent ensemble un bail de 9 ans devant commencer le 23 avril 1792, moyennant le paiement de 800 livres par an pour les deux métairies du bourg de Saint-André et des Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers). Ces deux fermiers devaient ensuite sous-affermer à des laboureurs. Dans ce bail, le bailleur est Charles Antoine de la Laurencie, l’époux de Marie Geneviève Brilhac de Nouzières, représenté par Charles Augustin de Lespinay, propriétaire de Linières (65). Les preneurs paraissent comme des prête-noms, à cause des discussions en cours pour l’achat des deux métairies par Charles Augustin de Lespinay. L’achat se fit le 10 juin suivant (66). L’émigration de Charles Antoine de la Laurencie au mois de septembre suivant pourrait expliquer ces deux actes successifs. Pour la métairie, c’était un retour au domaine de Linières renouant avec son origine au Moyen Âge. 

Elle faisait partie de ce domaine quand celui-ci fut racheté en 1796 comme bien national par Mme de Lespinay. Le métayer s’appelait alors Pierre Texier (quelle coïncidence de noms avec 1453 !), et les bâtiments dans le bourg avaient été incendiés lors de la guerre de Vendée (67). En 1804, la métairie était affermée pour 3 ans à Jean et Jacques Herbreteau, venant de la Bergeonnière. Dans la description du bien loué les dégâts ont disparu : « maison, grange, toit, toiteries, ruages (abords immédiats des bâtiments), jardin, prés, pâtis, terres labourables et non labourables ». Le propriétaire est alors le deuxième mari de Mme de Lespinay, Joseph Guyet, qui avait donné pouvoir à son régisseur sur place de gérer le domaine, son cousin Jean Guyet (68). Désormais la ferme est à prix d’argent, 380 F par an. De façon peu fréquente, le père des deux preneurs, demeurant dans le bourg de Saint-André, s’est porté caution pour ses enfants. Dans cette ferme les métayers devaient fournir les bestiaux garnissant les lieux, ce qui n’était pas à la portée de tous les laboureurs, particulièrement après les ruines de la guerre de Vendée. Ils se sont transportés pour signer le bail à l’Oie « en la demeure du citoyen Pignard », Jean Guyet demeurant alors dans le bourg de Saint-Fulgent. Les notaires choisis étaient de Sainte-Cécile, dont l’un parent du régisseur. Il n’y avait pas encore de notaires à Saint-Fulgent après leurs disparitions au début de la guerre de Vendée.

Pré de la métairie du 
bourg de Saint-André
En 1824 on a un autre bail, où le métayer sortant s’appelle Jean Fonteneau et le nouveau François Landrieau, avec ses parents Pierre Landrieau et Agathe Chapleau, cultivateurs demeurant au village de Villeneuve commune de Chauché. Le bail est de 5 ans (1825-1830), pour le prix annuel de 600 F. L’importance de l’augmentation est inhabituelle à cette période dans les métairies de Joseph Guyet. Les prix de ferme n’étaient pas indexés dans le cours du bail, car on était entré dans une longue période de stabilité financière depuis 1800. À partir des années 1820, les prix des fermes de l’amenage de Linières ont augmenté de 1,2% et 1,8 % après cinq ans, jusqu’à 5% à 6% après 10 années du même prix. Apparemment c’est donc le prix de 1804 qui était sous-évalué, et celui de 1825 résulte d’une mise à niveau. Là encore on voit une séquelle de la guerre civile. Contrairement au bail de 1804, le propriétaire prélève désormais des menus suffrages : 6 kg de beurre de bonne qualité au mois de mai ou à son choix la somme de six francs, 2 kg de fil de lin ou à son choix douze francs, et la moitié du produit des ruches en cire et en miel. La contenance de la métairie comporte des réserves : « il est observé 1° que le pré dit de la Queue de l’Etang Quesnard est réservé au bailleur 2° que le fermier aura la jouissance de deux champs de la Croix du Pin qui ont été retirés de la ferme des Noues 3° Il jouira en plus du pré de la Bergeonnière qui dépend actuellement de la métairie de la Porte à Linières, exploitée par Pierre Charpentier et consorts, à l’exception du petit bois taillis qui joint le dit pré dont le propriétaire se réserve la jouissance » (69).

Le bail sera renouvelé en 1828 avec les mêmes métayers pour la période 1830-1835, et pour le prix de 612 F (70). Il a été signé le 30 septembre 1828 au château de Linières par Landrieau le jeune, avec procuration de ses parents. Mais le régisseur était absent, il mourra le 31 octobre suivant. Le bailleur, demeurant à Paris, n’est pas venu signer tout de suite, et il est mort le 30 mai 1830. C’est son fils et unique héritier, Marcellin Guyet-Desfontaines, qui le signera dans le bourg de Saint-Fulgent le 5 septembre 1830. Dans le corps du bail on relève que « M. Guyet se réserve comme par le passé le petit bois taillis qui existe dans le pré dit de la Bergeonnière. Dans le cas où il conviendrait de le faire arracher, le fermier aurait la jouissance des récoltes à la condition qu’il mettrait le terrain en nature de pré deux ans au moins avant l’expiration du bail ». On était en période de reprise des défrichements sous l’impulsion de Joseph Guyet. Il voulait aussi avoir de belles haies, et comme dans le précédent bail il ajoute cette clause : « les fermiers s’obligent à planter, soigner et entretenir par chaque année du présent bail la quantité de dix pieds d’arbres ». Et il créa de nouvelles haies comme dans l’exemple ci-dessus : « les preneurs s’obligent de faire faire, dès cette année, à leurs frais, sans répétition contre M. Guyet, un fossé pour mettre en deux parties égales le champ du Martinet dont ils jouissent. Ce fossé aura trois pieds d’ouverture et trois pieds de profondeur …….. sera fermé à sept pieds de haut, et il sera garni et couvert … de gazon, comme aussi il sera fourni dans toute sa longueur de plants d’aubépines en suffisante quantité. Il sera planté aussi en jet des arbres de bonne semence à 10 pieds de distance. Les fermiers feront à saison convenable greffe à bons fruits des rejets ainsi plantés ; ils cultiveront, bêcheront, soigneront tant le fossé que le plan d’un lopin avec leurs arbres de manière à laisser le tout en bon état à l’expiration du bail ». Dans la déclaration de la succession de Joseph Guyet au bureau de Montaigu, on lit que la métairie du bourg comptait 31 hectares en 1830, s’étendant sur Saint-André et aussi sur Chauché. Dans les années 1890, au temps de Gaston de Marcillly, avant-dernier propriétaire du domaine de Linières, elle fut vendue à un nommé Maixent Girard.

Métairie, prieuré-cure et logis du bourg de Saint-André, un effacement progressif jusqu'à nos jours



Rue de la Madone à 
Saint-André-Goule-d’Oie
La métairie disparaîtra au 20e siècle. Son logement et ses bâtiments d’exploitation furent remplacés par des maisons et des jardins, dont aujourd’hui celle de feue Honorine Sorin et celle de Marcel Gilbert. Ses terres ont été achetées pour certaines par Eugène Grolleau du Coudray. Déjà son propriétaire de Linières avait distrait du terrain pour construire l’école des garçons, le donnant à la commune (valeur 3 000 F) en 1873 (71). Il jouxtait vers l’est le logis des de Tinguy. Il est vrai qu’il avait été élu maire en 1870, et, quoique parisien et mondain dans l’âme, il s’était pris au jeu dans ses nouvelles fonctions. Il s’agit de Marcel de Brayer, un poète tombé amoureux de la campagne autour de Linières, mort prématurément à l’âge de 33 ans, la construction de son nouveau château de Linières tout juste achevée.

L’église actuelle, construite en 1875/1876 et bénite en 1877 (72), a remplacé une antique église plus petite, située au même endroit quand on regarde le cadastre de la commune en 1838. Les anciens bâtiments du prieuré-cure, le jardin et ses dépendances, devenus propriété de la commune par la loi de 1905, se trouvaient à droite de l’entrée principale de l’église actuelle, sur le terrain occupé maintenant par une place publique (square Marie Charrieau). Derrière, vers l’est, était l’ancienne mairie, construite et aménagée dans les dépendances de l’ancien prieuré, après échange avec Eugène Grolleau. Des ruines de cette vieille cure, où le dernier habitant était le sacristain Joseph Remaud, furent démolies en avril 1949 (73). Les pierres ont servi à l’empierrement d’une rue dans le village du Coudray (74). L’ancien cimetière, « près le chœur de l’église » quand on y enterrait les Droullin seigneurs de la Drollinière, devait aussi jouxter cet espace, probablement vers le nord. Sur le cadastre napoléonien de 1838 le nouveau cimetière était déjà aménagé à l’extérieur du bourg le long du chemin conduisant à la Machicolière.

                                          
                                      Square Marie Charrieau
Ancienne mairie

On a une description du presbytère au moment de sa vente comme bien national en 1796 : « la maison ci-devant curiale de la commune de André-Goule-d’Oie consiste dans une cuisine, une chambre, un four, un salon, une chambre au-dessus et une cabine à côté, un cellier et une chambre par-dessus, une cour, deux petites écuries, une poulaillerie et un toit, un jardin, une grange-grenier par-dessus, ensemble (en plus) la ci-devant église dudit lieu, sacristie et ballet (auvent) en dépendant, le tout se joignant, contenant le total environ 2 boisselées de terre (2 430 m2), y compris quelques bâtiments et servitudes qui ont été incendiés. Plus une ouche contenant environ une boisselée appelée les Trois Carrières tenant au chemin qui conduit à Florence » (75). Voir notre article publié sur ce site en mars 2017 : La vente des biens du clergé à Saint-André-Goule-d’Oie. Cette description du presbytère en 1796 correspond à peu près au constat fait lors d’un inventaire après-décès du curé de Saint-André en 1666. Les incendies des « bleus » ont touché les bâtiments de la métairie et une partie du prieuré, aussi le logis de Vaugiraud et une maison d’André Bordron dans le bourg. On a une liste de 53 maisons incendiées dans la commune, incomplète, dressée par le maire en 1810, mais seulement avec le nom de leurs propriétaires et sans indication du lieu, ce qui rend notre inventaire des incendies dans le bourg peut-être insuffisant (76).  

La première école des garçons a été bénite en 1853 par l’évêque, mais très probablement existant depuis plusieurs années. C’était une classe aménagée dans les bâtiments du vieux prieuré. La première école des filles a été construite et ouverte en 1849, tenue dès l’origine par les sœurs de Mormaison. Elle se trouvait au milieu des maisons du bourg proches de la route des Essarts et de la route de Chauché. Vers 1902 elle déménagea dans une construction neuve, rue Amaury-Duval.  

Le presbytère a été transféré dans le logis du bourg en 1898 (77). Celui-ci a été acheté l’année d’avant par le curé Charles Veron, au propriétaire de Linières, lequel l’avait acquis de la famille de Tinguy dans les années 1880/1890. Cette possession par un particulier a permis d’éviter sa nationalisation au moment de la loi de 1905 de séparation de l’Église et de l’État, qui a confisqué les biens des fabriques. Le curé le revendit à un particulier qui le conserva jusqu’en 1954, date où il en fit l’apport à une association diocésaine de gestion immobilière des biens d’Église. Les bâtiments de l’ancien prieuré adossé à l’église sont devenus propriété de la commune par la loi de 1905, toujours inhabités et en ruines en 1931. Le logis du bourg, devenu nouveau presbytère, était un bâtiment à deux étages, recouvert de tuiles, comprenant 4 pièces au rez de chaussée et 6 chambres au-dessus. Il avait un jardin au-devant, enclos de murs, et longeant au nord le chemin de Saint-Fulgent aux Essarts, devant l’église. Le jardin est devenu la place des Tilleuls dans les années 1970, et le logis-presbytère a été vendu en 1988 à la commune par l’association diocésaine propriétaire. En 1576 ce jardin, qui existait déjà, était en indivision entre plusieurs propriétaires, comme il était d’usage souvent entre les habitants des villages et des bourgs. C’est ce qu’on constate par un achat effectué cette année-là, dans un acte où on relève ce bout de phrase : « les choses étant au fief de Saint-André … au pied duquel est la quittance de Jean Gazeau seigneur de la Boutarlière » (78). La quittance était celle du paiement des lods et ventes (droit de mutation).

À côté de l’ancien logis 
du bourg de Saint-André
On a une information intéressante sur une maison en 1776, située à la place de l’ancien café Fonteny, c’est-à-dire à l’angle de la route de Saint-Fulgent aux Essarts et de l’allée des Tilleuls. Elle était en ruine et composée autrefois de 3 pièces au rez-de-chaussée et d’une à l’étage, avec un petit jardin y joignant. En face de l’église on imagine le tableau de désolation offert à la vue ! Elle fut vendue par son propriétaire, un frère de Jean Aimé de Vaugiraud, Auguste, qui habitait ordinairement dans le bourg des Essart, à Charles Trotin, cabaretier dans le bourg de Saint-André. La vente s’est faite sous forme d’un arrentement, consistant pour l’acquéreur à payer une rente annuelle et perpétuelle de 18 livres par an. Il prit l’obligation de « rétablir en maison la masure en tout ou partie, afin que le fonds sujet à la rente puisse toujours en répondre ». Le notaire rappelle l’obligation de faire les « certes et obéissances » au seigneur de la Boutarlière, dont relève roturièrement le domaine. La valeur de 18 livres valorise le bien fonds acheté à 360 livres, ce qui fait un bien entretenu de la valeur d’au moins le double (environ 800 livres), bien situé et spacieux pour l’époque (79). 

Probablement la maison avait-elle fait partie des achats des ancêtres Moreau des de Vaugiraud. En effet, Jacques et René Moreau avaient effectué 5 achats dans la seule année 1631 dans le bourg de Saint-André (80), comme ils en firent beaucoup d’autres aussi en 1631 aux villages des Gâts et de Villeneuve, toujours concernant de petites surfaces ou masures. Beaucoup de petits propriétaires ont certainement été obligés de vendre cette année-là leurs modestes biens pour survivre. On sait que les moissons ratées de 1630/1631 pour cause d’humidité excessive, ont causé une famine et aggravé une épidémie de peste, expliquant « l’extraordinaire poussée de la mort au printemps 1631 à Nantes et dans les zones limitrophes du Poitou » (81). Le vicaire de Mouchamps avait baptisé le 26 juillet 1629 Honoré Frappier dans la chapelle de la commanderie de Launay à Sainte-Cécile, pour cause de maladie contagieuse sévissant dans le bourg de Sainte-Cécile (82). Avec la veuve de son frère René, Jacques Moreau fit deux autres petits achats dans le bourg en 1644 (83). Et ensemble ils achetèrent en 1640 et 1643 des biens dans le bourg à Samuel et Pierre Proust, à chaque fois pour 400 livres (84). Les sommes sont importantes, mais on n’en sait pas davantage puisque ce sont des relevés d’inventaires de papiers de la famille que nous lisons, et non pas les documents eux-mêmes. Mais on se demande si ces deux achats ne sont pas à l’origine de l’ancien logis du bourg. 

Le logis du bourg était la demeure de Jean Aimé de Vaugiraud un peu avant la Révolution, jusqu’à sa mort en 1814. Il en avait hérité de son père dans les années 1770, puisqu’en 1776, le partage de la succession était déjà fait (85). Nous avons des indices forts pour penser que ce logis était celui des Moreau déjà à la fin du 17e siècle (86). En 1726 il était estimé à une somme importante de 4000 livres, comprenant avec le jardin, une prairie au derrière et une autre maison et jardin dans le bourg (87). Voir les articles publiés sur ce site en avril 2012 : M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie, et en juin 2014 : Les Moreau de Saint-André-Goule-d’Oie du 16e au 18e siècles. Le logis date au moins des années 1650, et le Pierre Moreau qui offrit la foi et hommage de Linières à Languiller le 16 mars 1686 (voir ci-dessus), devait y habiter.

Amblard de Guerry a relevé dans les minutes du notaire Gouraud de Chavagnes, qu’un inventaire des meubles d’Aimé de Vaugiraud a été effectué le 10 novembre 1814. Après le décès intervenu le 7 septembre précédent d’Aimé de Vaugiraud, son logis du bourg et sa borderie du bourg de 200 boisselées (24 ha), allèrent à son cousin des Sables-d’Olonne, Pierre René Marie de Vaugiraud (88). Peu de temps après c’est sa fille, Marie Renée Marguerite de Vaugiraud, qui en devint propriétaire, épouse du baron de Fériet.

En 1822 Marie Anne Quantin et son mari Edward Dillon achetèrent « une maison de maître avec un grand jardin et une prairie entourée de vieux murs et une haie (plus pièces de terres) sis au bourg de Saint-André » (89). Ce dernier était « député commissaire général de sa majesté britannique », un officier supérieur, né à Londres en 1764 d’Étienne Dillon et d’Élisabeth McCarthy. Les nouveaux propriétaires vinrent habiter au logis du bourg, et Édouard Dillon y mourut le 26 décembre 1825 (vue 43 du registre d’état-civil). Marie Anne Quantin devint l’héritière de son mari par son testament daté de Lisbonne le 11 septembre 1816, écrit en anglais. Elle quitta Saint-André et vendit en 1829 le logis à Léon Auguste de Tinguy du Pouët et Élisa Adélaïde de Buor de la Voye son épouse, demeurant à la Clavelière. Ces derniers acquirent la même année des terres sur Saint-André qu’avaient gardé M. de Fériet (90) 

Léon de Tinguy du Pouët, qui fut maire de la commune brièvement en 1829 et 1830, habita au logis du bourg. À la mort de son épouse en août 1834, un inventaire des meubles de sa succession et de la communauté d’avec son mari fut effectué par le notaire de Saint-Fulgent en janvier 1835. C’est l’occasion de découvrir la composition du logis : au rez de chaussée une cuisine, une salle à manger, un salon de compagnie, un corridor et une laiterie. À l’étage il y avait 6 chambres, dont 2 avec une cheminée. Les communs comprenaient autour d’une cour à l’arrière du logis (côté sud), où s’entassait les fagots de bois pour l’hiver, divers bâtiments : un cellier, une sellerie, une écurie, un grenier, une remise, une écurie, une boulangerie, une grange et une étable aux vaches (90).

Conclusions


L’histoire connue des sept siècles du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie est marquée par l’inconnue de son origine, comme les autres villages de la commune, mais elle y est moins forte cependant. On peut approcher sa nature particulière de bourg franc et son régime seigneurial presque d’origine.   
           
C’est un des avantages des procès féodaux que de chercher des preuves dans le passé pour légitimer le présent. Celui ayant opposé les seigneurs de Linières et de la Boutarlière autour de 1646 nous donne la chance de remonter ainsi jusqu’à 1342 dans l'histoire du bourg, en complément des découvertes d’Amblard de Guerry. Cette querelle entre seigneurs n’est pas un phénomène réservé au bourg à Saint-André. Les villages de la Boutinière, Chevaleraye et Javelière l’ont connu aussi entre les seigneurs de Languiller et de Saint-Fulgent pendant près de deux siècles, de 1595 à 1770, et avec l’intervention du baron des Essarts. Le Coin et le Pin n’ont pas été épargnés non plus, et d’autres querelles ont impliqués des bourgeois comme à la Bergeonnière et à la Porcelière. La même motivation revient toujours, inhérente à la propriété féodale des terres nobles, pour l’honneur ou (et) pour l’argent. Les sources d’informations disponibles, le chartrier de la seigneurie de la Rabatelière principalement, nous offrent malheureusement trop peu d’informations sur la masse de la population appartenant au tiers-état. C’est important de le rappeler quand il faut souligner que ce monde féodal s’est effondré d’un coup avec la Révolution de 1789.

La métairie du bourg, née comme d’autres (la Roche Mauvin) dans la fin du Moyen Âge, a traversé les siècles dans l’immuabilité des techniques agricoles du bocage vendéen. Elle a bénéficié de l’attention de ses propriétaires de Linières au cours du 19e siècle, et certainement a dû profiter comme les autres métairies de la révolution des techniques agricoles au milieu de ce siècle avec l’arrivée de la chaux comme engrais et de l’acier dans de nouveaux outils. Puis elle s’est effacée au 20e siècle, n’ayant plus alors sa place dans l’urbanisme moderne d’un bourg.

Église de Saint-André-Goule-d’Oie
Reste l’église paroissiale et son prieuré-cure, le cœur du bourg, en faisant sa caractéristique essentielle et distinctive tout au long de son histoire. Notamment la communauté des habitants de Saint-André-Goule-d’Oie a défendu la religion lors de la Révolution Française pour se défendre elle-même. On a vu alors que cette communauté était celle de tous les villages autour de son clocher, depuis celui de la Brossière, le plus ouvert à toutes les communications vers le dehors, au plus caché d’entre eux, la Maigrière, les deux servant de refuges à des prêtres réfractaires au serment.

Maintenant la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie est devenue un relais de la nouvelle paroisse de Saint-Jean-Les-Paillers en 1997. La commune de Saint-André-Goule-d’Oie avec ses voisines, est désormais enserrée en partie entre deux nouvelles communes nées de regroupements : Montaigu-Vendée (20 000 habitants), et Les Essart-en-Bocage (8 500 habitants). Avec des communications routières rapides et internet, les villages et le bourg de Saint-André deviennent résidentiels dans une région créatrice d’activités économiques, voyant sa population accueillir de nouveaux habitants depuis peu. Cette adaptation voulue ouvre un nouveau chapitre de son histoire, y compris dans la définition des territoires. Puisque tout change, tout bouge, nous apprennent les pages que l’on vient de tourner.


(1) Eugène Aillery, Pouillé de l’évêché de Luçon (1860) page 86, (d’après le pouillé de l’évêché de Poitiers).
(2) Gaston Roupnel, Histoire de la campagne française, Tallandier, 2017, page 107.
(3) Joël Bibonne, Histoire de la famille de Vivonne, A. C. V. B. Tome 1, 2018, pages 42 et 446 note 66. De tout temps et souvent, les hommes ont donné aux lieux où ils vivaient en fonction des éléments les plus caractéristiques visibles dans le paysage : une colline, un ruisseau, etc. Ce nom était dans la langue parlée à cet endroit à l’époque en question. Par conséquence beaucoup des toponymes utilisés chez nous sont d’origine celte, traduits en latin dans les premiers textes écrits par des moines ou des secrétaires des seigneuries, puis conservés dans une francisation plus tard à l’orthographe incertain, guidée par des sonorités proches (note personnelle). 
(4) Charles Farcinet, Hugues IX de Lusignan et les comtes de la Marche, Revue du Bas-Poitou, 1896, pages 156 à 164.
(5) A. de Guerry, Histoire et Légende, dans Recherches Vendéennes autour de l’œuvre d’Amblard de Guerry, no 25, 2020, page 25. 
(6) Note d'Amblard de Guerry pour une présentation générale sur Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1.
(7) Aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu (roi de France) pour des domaines à Saint-André, no 389, Archives Amblard de Guerry : classeur d’aveux copiés aux Archives Nationales.
(8) Aveu en 1343 de Saint-Fulgent à Montaigu, copie d’Amblard de Guerry dans son classeur d’aveux.
(9) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2, lieux-dits de Chauché, la Boutarlière.
(10) Notes no 5 et 17 sur le bourg à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(11) Quelques prix pratiqués dans la seigneurie de Palluau en 1371, Archives de la Vendée, annuaire de la société d’émulation, 1867, vue 116.
(12) Idem (10) et aveu de Languiller pour le Coin Foucaud à la baronnie des Essarts du 2-7-1605 copiant un aveu de 1550, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61.
(13) Louis Brochet, la Vendée à travers les âges (1902) : histoiredevendee.com
(14) Histoire de la France rurale tome II, Hugues Neveux, Déclin et reprise fluctuation biséculaire 1350-1560, Seuil, 1975, page 42.
(15) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard, 2004, tome I, page 31 et s.
(16) Positions contradictoires sur la dépendance de Saint-André-Goule-d’Oie à Linières et factum de M. du Plessis Clain contre M. de La Brandasnière dans un mémoire de 1646, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 17. Texte et images en ligne sur le site des Archives départementales de la Vendée (rubriques à ouvrir : Découvrir, Dossiers thématiques, Seigneuries)
(17) Lettre de Proust du 8-2-1729 à M. Volluette avocat parisien de M. Descazeaux, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40.
(18) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16).
(19) Aveu des Essarts à Thouars du 13-6-1639, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1136.
(20) Inventaire du 30-10-1787 des titres et papiers du prieuré et de la fabrique de Saint-André-Goule-d’Oie par Pierre Baudry, page 4, Archives de Vendée, commune de Saint-André-Goule-d’Oie : 139 G 3 et 4. La date de 1677 indiquée dans cet inventaire est erronée, Pierre Baudry ayant été curé de Saint-André jusqu’en 1639.
(21) Abbé Auber, Saint-Martin-de-Vertou, Société des Antiquaires de l’Ouest (1868), page 48 et s.
(22) Aveu du 16-4-1597 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(23) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16).
(24) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16), et autre référence : Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2, la Boutarlière.
(25) Partage du 22-10-1774 de 7,5 boisselées à la Gandouinière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(26) Reconnaissance du 6-1-1766 d’une rente à la Gandouinière au seigneur de Saint-Fulgent, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119.
(27) Cf. aveu des Essarts à Thouars, 1597, idem (22).
(28) Note no 15 sur le Coin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(29) Idem (10).
(30) Lettre du 14-3-1729 de Proust à Volluette, avocat parisien de Descazeaux, Archives de Vendée, Chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 40.
(31) Déclaration roturière du 15-4-1779 de 9 teneurs du Bois Thibaud, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/126.
(32) Archives de la Vendée, domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partage Montaudouin et République du 3 pluviôse an 5 (22-1-1797).
(33) Guy de Raignac, De châteaux en logis, itinéraires des familles de la Vendée, E. Bonnefonds (1990) T 2 page 112 : la Boutarlière.
(34) Archives de Vendée, G. de Raignac, Quelques familles anciennes du Bas-Poitou depuis longtemps éteintes, 2e série, (famille de La Muce) : 8 J 2, page 161. Et Assises de Languiller et fiefs annexes en 1542, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 22, pages 774 et 842.
(35) Fonds Boisson: 7 Z 29-2.
(36) Assises de Languiller en 1536, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 22, pages 456 et 491.
(37) Assises de Languiller en 1543, Ibidem : 150 J/M 22, page 922. 
(38) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16).
(39) Cf. inventaire des titres du prieuré, 1787, idem (20)
(40) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 153.
(41) Fonds Boisson : 7 Z 29-2.
(42) Notes sur la famille Gazeau, fonds Boisson : 7 Z 18-2.
(43) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16).
(44) Comptes de la ferme des Essarts arrêtés au 17 mai 1572, Archives de Vendée, baronnie des Essarts-Brosse et Luxembourg (1435-1642) : 19 J 1.
(45) Fonds Boisson : 7 Z 29-2.
(46) Fonds Boisson : 7 Z 63.
(49) Procuration du 15-7-1626 d’Anne Legras pour l’assise de Languiller, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 17.
(50) État du Poitou sous Louis XIV. Rapport au roi et mémoire sur le clergé, la noblesse, la justice et les finances par Charles Colbert de Croissy, Catalogue alphabétique des nobles dressé par Jacques Honoré Barentin … annotés et publiés par Charles Dugast-Matifeux, Fontenay, 1865, page 445 et 507 [https://books.google.fr]
(51) Aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts, deuxième copie : 150 J/G 61, reprenant le texte d’un aveu de 1550.
(52) Positions contradictoires en 1646 ... op. cité (16).
(53) Déclaration roturière du 9-4-1653 de René Gazeau à Languiller pour des terres proches de la Boutarlière : 150 J/C 9.
(54) Lettre du 12-12-1646 de Fournier au sieur de l’Auberdière sur les conflits entre Linières et la Boutarlière : 150 J/C 17.
(55) Xavier Aimé, La Boutarlière ou le passé retrouvé, édité par l’auteur. Archives de la Vendée : BIB MEM 455.
(56) Transaction du 8-5-1776 sur l’hommage du prieuré de Saint-André à la Boutarlière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(57) Note no 4 sur le bourg de Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry: S-A 3.
(58) Achat d’un canton de jardin du 7-6-1788 dans le bourg de Saint-André par André Bordron, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12.

(59) Conclusions motivées vers 1844 au tribunal de la section du bourg édifices et services publics, mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.

(60) Saisie du 28-9-1675 de Linières appartenant à Claude Legras, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 17.
(61) Déclaration de la criée aux enchères du domaine de Linières prévue en mai et juillet 1783, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 17.
(62) Foi et hommage du 16-3-1686 de Linières à Languiller pour les moulins et la moitié de l’étang, Ibidem : 150 J/C 17.
(63) Achat des métairies des Bouligneaux et du bourg de Saint-André le 10-6-1791 de C.A. de Lespinay à La Laurencie, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13.
(64) Ferme du 2-1-1778, de la métairie du bourg de Saint-André par Bordron, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/123.
(65) Ferme du 25 avril 1791 des métairies du bourg de Saint-André et des Bouligneaux à Allain (prieur) et Jean Herbreteau (Linières) par moitié entre eux, par Charles Antoine de la Laurencie, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 73-1, généralités sur Saint-André-Goule-d’Oie.
(66) Achat des Bouligneaux et de la métairie du bourg de Saint-André par Charles de Lespinay le 10 juin 1791, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13.
(67) Archives de Vendée, vente des biens nationaux, dossier de l’achat de Linières : 1 Q 240 no 317.
(68) Bail de la métairie du Bourg du 15-2-1804 de J. Guyet à Herbreteau, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, papiers Guyet : 3 E 30/138.
(69) Bail de la métairie du Bourg du 15-5-1824 de J. Guyet à Landrieau, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, papiers Guyet : 3 E 30/138.
(70) Bail de la métairie du Bourg du 30-9-1828 de J. Guyet à Landrieau, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, papiers Guyet : 3 E 30/138.
(71) Délibération du conseil municipal de Saint-André-Goule-d’Oie du 27-7-1873, Archives de la Vendée, délibérations municipales, registre numérisé accessible par internet : vue 35.
(72) Chronique paroissiale p 280 abbé Aillery T1 1892, bénédiction de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie le 19-8-1877.
(73) Fonds Boisson : 7 Z 73-1
(74) Témoignage de Marcel Soulard, qui participa au charroie des pierres.
(75) Estimation le 24-7-1796 du presbytère et de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de la Vendée, ventes des biens nationaux : 1 Q 218 no 190.
(76) Archives de la Vendée, destructions immobilières pendant la guerre de Vendée : 1 M 392, commune de Saint-André-Goule-d'Oie.
(77) Vente du 1-3-1988 du presbytère à la commune de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie : carton no 38, chemise transfert de villages.
(78) Inventaire après-décès en 1666 des papiers Moreau : 22 J 29, page 137.
(79) Cf. arrentement de 1776, 3 E 30/121
(80) Inventaire des papiers de Moreau : 22 J 29, page 119 et 120.
(81) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard, tome 1, 2044, page 346 et s. Aussi M. Perraudeau, Deux sorcières en Bas-Poitou, Geste Éditions, 2016, page 98.
(82) famillesdevendée.fr, famille Frappier.
(83) Inventaire des papiers de Moreau : 22 J 29, pages 120 et 122.
(84) Inventaire des papiers de Moreau : 22 J 29, page 136.
(85) Arrentement du 7-5-1776 d’une maison dans le bourg de Saint-André par de Vaugiraud, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(86) Ibidem.
(87) Sentence d’ordre du 9-9-1727 des syndics des créanciers de Moreau et Menard (copie du 9-3-1754), Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29.
(88) Archives de Vendée, déclaration de succession au bureau de Montaigu du comte de Vaugiraud en 1820, vue 101.
(89) Notes no 14, 15 et 16 sur le bourg à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(90) Inventaire des 5 et 6 janvier 1835 à la requête de Léon Auguste de Tinguy, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Pertuzé : 3 E 30-27.


Emmanuel François, tous droits réservés
Octobre 2018, complété en janvier 2023

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