lundi 1 juin 2020

Les seigneurs de Languiller (1604-1797)


Les Eschallard (1604-1650)


L’aveu en 1605 de Languiller aux Essarts par Marie du Fou (v1550-1612)


E. de Monbail : château de Mareuil 
(lithographie 1843)
Marie du Fou acheta les seigneuries de Belleville, Languiller et ses fiefs annexes en juin 1604 d’Emmanuel des Prez dit « de Savoie » (1). Elle était alors veuve de Charles Eschallard, après l’avoir été de René de Talensac. Elle possédait en propre les terres et seigneuries de Champdolent (Charente-Maritime) et Gauvinière. Elle acquerra les baronnies de Mareuil et Vieille Tour de Louis Suriette le 2 mai 1605 (2). En 1595 elle avait acheté les 2/3 des Pacaudières. Et elle avait l’usufruit des biens de son mari, Tour d’Oyré (Vienne), Châteaumur et la Boulaie (à Saint-André-Treize-Vents) principalement. Riche, énergique, habile et lettrée, ainsi la qualifie l’historien Paul Marchegay (3). Elle était en outre considérée non seulement parmi ses coreligionnaires, mais aussi chez les catholiques. De nos jours sa réputation a pris un autre tour comme on peut le voir sur internet, un vigneron de Mareuil donnant son nom à une cuvée. Il faut dire qu’elle a partagé son temps entre Fontenay et Mareuil à la fin de sa vie, Languiller à Chauché ne comptant pour elle qu’à titre de placement de sa fortune.

Après l’achat de Languiller, Marie du Fou avait dû faire sa foi et hommage au seigneur dont la seigneurie relevait, la baronne des Essarts, dans un délai inférieur à un an et un jour suivant la coutume du Poitou. Par l’acte de foi et hommage, Marie du Fou reconnaissait tenir d’elle la seigneurie de Languiller avec ses fiefs annexes. Et dans un délai de quarante jours après la foi et hommage, elle devait lui faire son aveu et dénombrement. Son aveu, daté du 2 juillet 1605, a été rendu au nom de Marie du Fou par Abel Pineau, son sénéchal de Belleville, auquel elle a donné procuration devant Maurice Normandin et Daniel Varenne, notaires de la baronnie de Mareuil, le même jour 2 juillet 1605. L’original de l’aveu est un cahier de parchemin de quarante pages. Il a été rédigé en recopiant un dénombrement antérieur des environs de 1550, fait par Claude de Belleville au seigneur des Essarts. C’est ce que nous explique son transcripteur, G. de Raignac, qui a reproduit le texte dans ses notes de travail (4).

Nous avons 2 copies d’un autre texte de projet d’aveu portant la même date du 2 juillet 1605 pour le Coin Foucaud, et dont les noms des personnes citées situent aussi le texte « dans les environs de 1550 », comme l’a écrit Guy de Raignac dans sa transcription de la 3e copie de l’aveu de Languiller qui a été rendu. Or dans les archives de la Chapelle Begouin, on voit citée dans une sentence arbitrale entre les seigneurs de Languiller et de la Chapelle rendue par Percheron le 25 février 1700, une pièce avec l’indication suivante : « Le présent dénombrement (pour la Chapelle, vassale de Languiller) rendu de ladite seigneurie de Languiller par Claude de Belleville, écuyer seigneur baron dudit lieu, à la baronnie des Essarts en l’année mil-cinq-cent-cinquante, et en le dix-huit de mars » (5). Ce 18 mars est la date probable précise qui manquait à Guy de Raignac au moment de sa transcription de l’aveu de Languiller. Et des indices concordants vont dans le même sens pour dater les 3 copies de projet de l’aveu du Coin Foucaud, pour la dernière fois celui-ci séparé de celui de Languiller, au 18 mars 1550. Pour des dénombrements aussi importants, la technique de la copie d’un texte antérieur de près de 50 ans parait osée. Elle a été employée par le sénéchal de Belleville, mal placé pour connaître les noms de lieux et de personnes, laissant des blancs parfois. On se demande pourquoi en 1605 on rédigea 3 projets d’aveu de présentations différentes.

Il existe un 4e projet de l'aveu du Coin Foucaud en 1605 connu seulement par les notes d’Amblard de Guerry, prises dans un manuscrit d’un chercheur du 19 siècle, Charles Gourraud, qu’on n’a pas retrouvé. Ce manuscrit puise lui-même ses informations dans un gros cahier de parchemins en mauvais état au 19e siècle, le cartulaire du Coin Foucaud et du fief Goyau, disparu lui aussi probablement (6). Pour cela cette 4e copie semble la plus fidèle à la situation de 1550 et la plus authentique. Elle  indique un droit de terrage à Saint-André partagé à moitié entre le seigneur de Languiller et le prieur de Saint-André dans 10 villages de la paroisse. Dans les autres copies de projet, celui officiellement rendu, et dans les aveux postérieurs, le droit de terrage va entièrement au seigneur. Il apparaît donc comme probable, à travers ces copies différentes, que ce changement du droit de terrage est intervenu dans la 2e moitié du 16e siècle, c’est-à-dire pendant les guerres de religion, et alors que le seigneur de Languiller, Jules de Belleville, était un protestant très engagé.

Marie du Fou et Charles Eschallard


Marie du Fou était la fille de François du Fou et Louise Robertet. François du Fou était baron de Vigean, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et chambellan de Monsieur, frère du roi. Il fut aussi gouverneur et capitaine de la ville et château de Lusignan en 1531. Chef influent du parti huguenot, il rejoignit le prince de Condé à Orléans, mais il fut chargé plus tard par Charles IX d'obtenir la soumission des Rochelais, qu’il ne put aboutir. Il fit son testament avec sa femme le 19 décembre 1573, dans lequel ils partagèrent leurs biens entre leurs trois filles, et il mourut avant le 26 octobre 1581. Il avait épousé en 1540 Louise Robertet, fille de Florimond, baron d'Alluye, trésorier de France et secrétaire des finances des rois Charles VIII Louis XII, et François Ier, et de Michelle Gaillard de Longjumeau. Louise Robertet et François du Fou eurent :
l° Madeleine, qui épousa d'abord, le 6 février 1551, René de Montberon, baron d'Archiac, puis, le 12 décembre 1559, François de Pons, chevalier baron de Mirambeau ;
2° Louise, mariée le 5 février 1512 à Joachim de Saint-Georges, marquis de Vérac et baron de Couhé ;
3° Marie, qui épousa d'abord, en 1577, René de Talensac, chevalier seigneur de Loudrière, dont elle eut René, qui épousa en 1605 Françoise de Coligny, petite-fille de l’amiral. La biographie de ce fils de Marie du Fou vient de faire l’objet d’un livre récent (7). Celle-ci eut aussi une fille de son premier mariage, Louise de Talensac, qui épousa le seigneur de Vieillevigne, Rocheservière, Grand-lieu, Bouin, René de La Lande. Marie du Fou se remaria au temple de la Rochelle le 30 décembre 1585 avec Charles Eschallard, chevalier seigneur de la Boulaye à Saint-André-Treize-Vents.

Henri III
Le 3 juillet 1586, le roi Henri III écrivit à Louise et à Marie, ainsi qu'à leur mère, leur donnant jusqu'au 31 décembre pour obéir à ses édits. Comme son mari, Marie du Fou était une protestante zélée, et le restera, bravant l’injonction royale de rejoindre le camp catholique. Le mari de Marie du Fou, Charles Eschallard était un des meilleurs officiers du roi de Navarre. Quand celui-ci obtint la capitulation de Fontenay-le-Comte en 1587, il lui confia le poste de gouverneur de la ville pour le compte des protestants (7). Il y eut longtemps une plaque commémorative des réparations effectuées par le gouverneur à la grosse tour du Pont Neuf à Fontenay : « Dieu me saura défendre. En l’an 1592 Charles Eschallard, seigneur de la Boulaye, lieutenant pour le roi en cette ville et Bas-Poitou me fit refaire. » (8). Le roi Henri IV le traitait en ami.

Les ancêtres de Charles Eschallard, de la branche de la Boulaye, remontent à Guillaume, marié à Florence Baudouin au milieu du 13e siècle. Le père de Charles fut Honorat Eschallard, seigneur de la Boulaye, Maillé, Barre-Sanglier, Tour d’Oiré et baron de Châteaumur, qui épousa Lucrèce de Puyguyon. Une sœur de Charles, Renée, fut fille d’honneur de la reine de Navarre. Charles Eschallard fut vice-amiral de Guyenne et gouverneur de Fontenay-le-Comte et du Bas-Poitou de 1587 à 1594. Il fut fait chevalier de l’ordre de Saint Michel par le duc d’Anjou en 1568. Il était capitaine de 50 hommes d’armes et conseiller du roi en son conseil privé. 

Pendant les guerres de religion dans le camp protestant Charles Eschallard participa à la prise du château de Montaigu à la mi-mars 1580 et en fut nommé le commandant (9). Mais il dut le remettre au début de l’année 1581 à Charles du Bourget, gouverneur de l’Anjou, commissionné le 27 janvier 1581 à cet effet par le duc d’Anjou, frère du roi et du parti de la ligue. Dans ses négociations à Fleix le 26 novembre 1580 avec les protestants, ce dernier avait exigé la remise du château de Montaigu à ses propriétaires (duc de la Trémoïlle) après qu’on eut rasé ses fortifications (10). En octobre 1585 Condé envoya à Angers assiégé un renfort de près de 1 000 hommes à cheval sous le commandement de d’Aubigné, de Charles Eschallard et du comte de Laval (11). En 1588 le roi de Navarre, partant de Luçon, vint à Bournezeau où il joignit Charles Eschallard et sa compagnie de gendarmes, très brillante alors, et la compagnie d’arquebusiers à cheval du capitaine de Nesde. De Bournezeau ce corps coucha aux Essarts, où le roi apprit la retraite du duc de Mercœur (du camp catholique adverse et propriétaire du château des Essarts), ainsi que le placement du régiment de Gersay à Monnières (près de Nantes). Cela détermina le prince à partir le lendemain de très bon matin, afin de surprendre ce régiment. Passant par Montaigu, il emmena avec lui la garnison alors tenue par des protestants. Puis il attaqua Nantes (12). Charles Eschallard mourut le 5 juin 1594. Sa tombe était dans l’église de Saint-André-de- Treize-Vents qui fut démolie en 1861, et l’inscription gravée sur une plaque de plomb a disparu lors de la reconstruction de l’église (13).

Avec Marie du Fou il eut 7 enfants : Philippe, Suzanne (baptisée au temple de la Rochelle le 26 avril 1587 avec pour parrain Henri de Bourbon, roi de Navarre), François (baron de Champdolent, gouverneur de Marans en 1619, mort sans enfant de Louise Constant dame de Chaliers), Claude, Madeleine, Catherine et Antoinette (mortes jeunes). Par ses mariages et ceux de ses enfants, Marie du Fou entretint de puissantes relations dans le royaume, avec Gabrielle d’Estrées, maîtresse en titre du roi et sa tante, les Coligny, les Châtillon, les Orange-Nassau (Stathouders des Pays-Bas) et les La Tremoïlle (duc de Thouars).

Marie du Fou reçu des aveux pour Languiller jusqu’en 1611 dans le chartrier de la Rabatelière, et mourut 12 août 1612 au château de Mareuil (14).

Philippe Eschallard (v1586-1616) et Marie Hurault


Philippe Eschallard eut Georges Thompson comme précepteur à Fontenay, un prédicateur protestant venu renforcer le ministre du culte calviniste sur place, de La Vallade (15). Dans sa minorité le poste de gouverneur de Fontenay fut immédiatement attribué par Henri IV à un autre chef protestant, François de la Nouhes (16). Puis Philippe Eschallard fut guidon (premier officier), puis enseigne, puis lieutenant de la compagnie de 200 gendarmes de la reine Marie de Médicis. Il mourut à Loudun le 13 avril 1616 à l’âge d’environ 30 ans (Beauchet-Filleau) d'une pleurésie (16), ou après le 6 août 1616 selon l’aveu 6 août 1616 de René Voyneau à Languiller pour la moitié des terrages de Puyravault et la Vallée aux Essarts (17). Mais s’il s’agit d’une copie de texte antérieur, ne permettant pas d’en tirer une conclusion certaine.

Duc de Sully
Il s’était marié avec Marie Hurault en 1604, mais Marie du Fou continuait de recevoir des déclarations pour Languiller au nom de son fils jusqu’en 1611. Marie Hurault prendra la suite de sa belle-mère peu de temps après à cause de la mort du fils, et reçu des déclarations de 1616 à 1627 (de manière attestée dans le chartrier de la Rabatelière), puis géra Languiller probablement jusqu’en 1630 (18), voire 1653, comme on le verra plus loin, pour le compte de son fils. Elle était la fille de François Hurault de Cheverny de Vibraye, seigneur de Chateaupers (Famille Hurault branche des seigneurs de Veuil et du Marais), et de Rachel de Cochefilet. Devenue veuve vers 1550, celle-ci se remaria avec Maximilien de Béthune, duc de Sully (le célèbre surintendant des finances d’Henri IV). Avec Philippe Eschallard, Marie Hurault eut : Maximilien, Louise (née en 1612, mariée en 1636 à Gabriel de Quesnel marquis d’Alègre, sans enfants), Marie et Marguerite (religieuses). L’une de ces dernières aurait été religieuse par lettre de cachet (19).

Marie Hurault habita à Fontenay au début de son veuvage. Elle conserva le titre de gouvernante de la ville pendant la minorité de son fils, qui lui fut confirmé par le roi, espérant ainsi la détacher du parti huguenot. Un renfort de 50 hommes d’armes lui fut promit, mais qu’elle refusa (20). Calviniste zélée elle joua un double jeu, aidant officiellement à la pacification entre catholiques et protestants dans la ville, donnant quelques fêtes où elle invitait des personnes influentes des deux partis. En sous-main elle prenait une part active aux intrigues des Rohan. Le synode provincial des protestants se rassembla en 1620 dans sa demeure (21). Louis XIII finit par nommer à sa place le comte de la Rochefoucault, en 1621 (22).

Marie Hurault afferma Languiller le 4 juillet 1622 : « Marie Hurault, dame de la Boulaye, veuve de Philippe Eschallard, seigneur de la Boulaye, la Tour d'Oiré et Languiller, gouverneur pour le roi en cette ville et château de Fontenay, tutrice de leurs enfants, afferme pour cinq ans à Michel Daviceau, sieur du Chiron, fermier de la terre et seigneurie de Languiller paroisse de la Chapelle de Chauché, y demeurant, les maisons nobles, terres et seigneuries de Languiller, Coing Foucault et les Bouschaux, dont il jouit à titre de ferme, pour 2 100 livres par an » (23). Puis le 31 mai 1627, Marie Hurault, demeurant à la tour d’Oyré, paroisse d’Availles-en-Châtellerault (Vienne), afferme la terre de Languiller et dépendances à Jacques Coupé sieur de la Maigrière demeurant au bourg de Saint-Fulgent et à Jacques Moreau sieur du Coudray demeurant au bourg de Saint-André mandataire de François Moreau sieur de la Treille son père (24). Après le décès de ce dernier Jacques Moreau continua la ferme de la seigneurie de Languiller avec son frère René, puis seul après le décès de ce dernier. En tant que fermiers Jacques et René Moreau ont peuplé l’étang de Languiller les 2 décembre 1637 et 26 mars 1638. La dernière ferme de Jacques Moreau est datée du 7 juin 1643 et il mourut l’année suivante. Ensuite son frère Pierre Moreau, prieur de Saint-André-Goule-d’Oie, continua la gestion de la ferme jusqu’à son terme au nom de ses neveux héritiers de leur père. Investisseur et brasseur d’affaires, le prieur la reprit à son nom ensuite. À ce titre il paya le montant de 1 600 livres par an de 1648 à 1653 à la dame de la Boulaye, Marie Hurault. Mais il la sous-affermait, comme on le voit dans un bail du 11 mai 1646 signé pour 3 années à un nommé Fulneau (25). La terre et seigneurie de Languiller fut vendue en 1650 à Pierre Le Geay, mais le bail en cours fut continué jusqu’à son terme en 1653 avec l’ancien propriétaire. La baisse du prix de la ferme de 2 100 livres par an en 1627 à 1 600 livres en 1648 (année dont on connaît le bail) n’est pas explicable en l’absence des textes des baux eux-mêmes, le premier élément à prendre en compte étant leur périmètre.

Maximilien Eschallard (1612-1683)


Il posséda, à l’âge de 4 ans, l’office de gouverneur et capitaine de Fontenay, à la suite de son père, les emplois publics étant souvent héréditaires. Mais alors son oncle, René de Talensac, remplissait la fonction avec le titre de lieutenant. Fontenay-le-Comte était à cette époque une place laissée aux protestants, et c’est l’assemblé des protestants siégeant à La Rochelle qui confirma cette nomination en avril 1616 (26). Maximilien Eschallard fut marquis de la Boulaye, maréchal des camps et armées du roi (titre honorifique pour un général) et conseiller en son conseil d'État. Il épousa le 23 janvier 1633 Louise de La Marck (27), fille et héritière d’Henri-Robert, comte de Braines, duc titulaire de Bouillon en 1633. Il prit une part active à la Fronde. Dans son rapport, Colbert dit de lui qu’il était catholique (converti en 1645) et qu’il avait 30 000 livres de rentes en fonds de terre dans le Poitou » (28). Il ajoute : « Il est un des plus intéressés et échauffés au dessèchement des marais du Poitou. Il a épousé la fille du duc de Bouillon La Marck, qui a été seule cause qu'il a pris le méchant parti pendant les premiers troubles (Fronde). De ce mariage il a deux enfants : l'aîné adopté par ledit feu seigneur de Bouillon, qui lui a fait porter le nom de comte de La Marck, qui a épousé une Saveuse, de laquelle il a eu de grands biens ; mais ils sont présentement séparés. Le second est appelé le chevalier de la Boulaye (Henri Louis). La terre et seigneurie de Pierrefitte, élection de Thouars, de 3 000 livres de rente, lui appartient ; la Tour aux Poupaux, qui est dans le Châtelleraudais, et la Tour d'Oiré, en la même élection ». Maximilien Eschallard eut aussi 4 autres enfants, mais l’aîné, Henri Robert comte de La Marck et de Braines, prince de Jamets et de Florange, marquis de la Boulaye, mourut à la bataille de Consarbrek (près de Trèves) en 1675.

Pendant les troubles de la Fronde le prévôt des marchands et les échevins de Paris donnèrent commission à Maximilien Eschallard, le 9 janvier 1649, de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre de l'amener dans la capitale. Il s'empressa d'obéir, et devint l'un des chefs les plus turbulents de la Fronde. On connaît le procès qui lui fut intenté, en décembre de la même année, pour avoir voulu faire assassiner sur le Pont-Neuf le grand Condé, que les énergumènes du parti accusaient de tiédeur. Le coadjuteur Paul de Gondi, le duc de Beaufort et le conseiller Broussel furent impliqués dans cette malheureuse affaire. Au bas de son portrait, gravé par Balthasar Moncornet, en format in-4, on lit : Messire Maximilien Eschallard, chevalier, seigneur, marquis de la Boulaye, gouverneur pour le roi de la ville et château de Fontenay-le-Comte (29).

Louis XIII logea 2 jours à Fontenay, reçu par Marie Hurault, veuve de l’ancien gouverneur de la ville. En avril 1649, en l’absence de son mari, Louise de la Marck soutint le siège du château de Fontenay contre Châteaubriant, seigneur des Roches-Baritaud, qui s’était emparé de la ville. Il ne put jamais parvenir à se rendre maître du château, à la tête des gentilshommes poitevins qui étaient comme lui contre le parlement au temps de la Fronde. Madame de la Boulaye engagea les habitants à prendre les armes pour repousser des Roche-Baritaud. Dans cet intervalle, Henri de La Tremoïlle, duc de Thouars, auquel Madame de la Boulaye avait demandé du secours, envoya un gentilhomme pour prendre le commandement de la place (30).


Puy Greffier (vestige d’une ruine du château 2019)
Le marquis de la Boulaye et Louise de La Marck sa femme, ont vendu vers 1567 la Boulaye pour payer les dettes de leur oncle, René de Talensac seigneur de Loudrière, moyennant le prix de 32 000 livres. Les acquéreurs eurent du mal à payer. Ils avaient pour cautionnaire Nicolas Girard, seigneur de Puy Greffier (Saint-Fulgent), dont on saisit les biens par arrêt de justice en 1678 (31). Ceux-ci furent adjugés en 1694 à Paul Sonnet d’Auzon, seigneur du Boupère, pour 70 000 livres. Ils comprenaient principalement les seigneuries de la Boulaye, de Puy Greffier, de la Marzelle (32). Déjà en 1647 Maximilien Eschallard avait vendu la baronnie de Belleville pour 63 500 livres à Julien Aymon, seigneur des Forges-Petitières et châtelain de Beaulieu-sous-la-Roche (33). Il vendit Languiller en 1650 pour 45 000 livres à Pierre Le Geay, seigneur de la Getière (Saint-Georges-de-Montaigu) et à sa femme, cette dernière l’acquérant en propre et la payant de ses deniers (34). Le prix de l’acquisition sera payé en entier à divers créanciers des vendeurs désignés dans l’acte. Pourquoi ces ventes ?

Une décision du parlement de Paris du 22 février 1645 nous donne la réponse. Au décès de René de Talensac en 1628, fils de Marie du Fou (la grand-mère de Maximilien Eschallard), Marie Hurault avait d’abord accepté son héritage sous bénéfice d’inventaire. Puis découvrant les dettes importantes de la succession, elle se rétracta, et fut attaquée par les créanciers, qui enclenchèrent une saisie féodale de ses biens situés près de Luçon. Son fils Maximilien reprit l’affaire et au final s’arrangea avec eux, moyennant sa promesse de garantir le paiement de 260 000 livres sur les terres de Mareuil, Vieille Tour et Gauvinière. Cet arrangement fut entériné par un arrêt en la cour suzeraine du duché de Thouars en 1644. Les officiers du duché de Thouars, prenant prétexte que Mareuil et la Vielle Tour étaient mouvantes de Thouars, réclamèrent le paiement des droits de rachats et lods et ventes en conséquence de la main levée des biens saisis suite à l’arrangement. Maximilien et ses conseils firent valoir que la main levée obtenue ne correspondait pas au cas de mutation d’hommes sur la propriété des biens, prévu par la coutume et le droit des fiefs. Le parlement de Paris confirma leur position : « l’héritier bénéficiaire qui retient les biens et terres de la succession pour une certaine somme, et qui le fait ainsi ordonner, ne doit point de quint ni de lods et ventes, encore que lesdits biens fussent prêts à être adjugés par décret » (35).


Pierre Le Geay (-av1670)

Pierre le Geay était le fils d’André Le Geay, seigneur de la Getière et de la Cantaudière, et de Marie Pelletier. Son grand-père, Pierre Le Geay, est resté célèbre pour avoir capturé les brigands Guillery. En témoigne un texte encadré de nos jours dans le hall d’accueil du restaurant de la Getière à Saint-Georges-de-Montaigu, sur les lieux mêmes de l’ancien château dont il reste des vestiges. C’est un bref récit d’un tour joué en 1608 par « le fameux bandit Guillery à messire Legay qui donnait un festin à des gentilshommes de la contrée ». Il se termine par la phrase suivante : « Le 4 décembre de cette même année il fut pris et exécuté à Niort. Sa troupe se dispersa et la plupart des bandits qui la composaient furent arrêtés et envoyés au supplice ». Il existe plusieurs récits sur la bande à Guillery, mais la réalité historique est la suivante. Ils étaient trois frères connus sous le nom de Guillery qui se cachaient en de multiples endroits : forêt des Essarts, château de Bois-Potuyeau à la Merlatière, etc. Ils avaient été soldats dans le camp catholique sous les ordres du duc de Mercœur, le baron des Essarts. Démobilisés après la fin des guerres de religion, ils organisèrent une bande de plusieurs centaines de brigands qui ravagèrent la région pendant une dizaine d’années. Le seigneur Le Geay tua un des frères en septembre 1608 et en arrêta un autre à l’hôpital de Royan, qui fut roué vif à La Rochelle le 4 décembre 1608. « Avec son cheval Carabi, Guilleri est devenu un personnage légendaire dont une vieille comptine rappelle les exploits » (36). 

Mais il ne faudrait pas que 4 siècles après, la réputation du bandit éclipsât celle de Pierre Le Geay. Il était Grand prévôt général du Poitou, office s’occupant de police à l’époque. Pour chasser les pillards et les gens de guerre, des offices de prévôts provinciaux avaient été créés au début du 16e siècle par le roi. Rendant la justice à l'encontre des criminels pourchassés, ils faisaient concurrence aux sénéchaux en place. Henri II les supprima ensuite pour cette raison, laissant subsister des prévôts généraux, attachés aux maréchaux et aux gouverneurs des provinces. Mais ses réformes furent appliquées différemment selon les provinces (37). Le Poitou eut son prévôt général, assisté d'archers sous ses ordres (38). Pierre Le Geay fut anobli par Henri IV en juin 1609 (39) et transmit son office à son fils André, et dont son petit-fils Pierre hérita.

Le nouveau seigneur de Languiller en 1650, Pierre Le Geay, s’est marié avec Elizabeth Davy, (patronyme écrit ensuite : David). Nous ne savons rien d’eux, sinon qu’au moment de la première vente définitive de Languiller en avril 1671, ils étaient tous deux décédés, depuis quelques années pour Pierre Le Geay, et sans postérité.

En 1652 le sénéchal de Languiller était Pierre Moreau, sieur du Coudray, demeurant dans le bourg de Saint-André-Goule-d’Oie (40). Et, on l’a vu, son oncle Pierre Moreau, prieur de la paroisse, fut le dernier de la famille ayant pris à ferme la seigneurie de Languiller. Plus que le seigneur toujours absent, les gens de Saint-André avait donc à faire au prieur pour payer leurs redevances féodales. C’est peut-être une explication au relâchement en ce domaine qu’on constatera plus tard.

La Getière
Le 17 juin 1660 Pierre Le Geay et sa femme, demeurant à Montaigu, vendirent à René Langlois, seigneur de la Verrie et gendre du seigneur de Linières (Chauché), demeurant chez ce dernier, la seigneurie de Languiller, avec les 2 métairies attenantes, le fief des Bouchauds, le Coin Foucaud, le fief Pothé et autres fiefs annexes, telle qu’ils l’avaient acquise du marquis de la Boulaye, à la réserve de ce qui était tenu du chapitre de Montaigu (domaines et rentes à Chavagnes). S’y ajoutait le fief de la Ramée acquis par Pierre Le Geay des seigneurs de la Garnerie. Le prix était de 53 000 livres soit 8 000 comptants, le reste par moitié à noël et la Toussaint suivants en la ville de Nantes, en deniers ou constitution de rente passée en Bretagne pour la sûreté de la somme de 45 000 livres. L’acte fut passé à Linières par devant Benoist, notaire des Essarts (41). René Langlois avait épousé Catherine Legras, baptisée à Saint-André-Goule-d’Oie le 26 novembre 1635 (vue 91 sur le registre paroissial accessible sur le site des Archives de Vendée), fille d’Anne Legras, seigneur du Plessis Clain et la Drollinière (Linières), et Jeanne Olivereau. L’épouse du seigneur de la Verrie est venue accoucher à Linières en mars 1662, comme on le voit par le baptême de sa fille Jeanne sur le registre de Chauché le 2 avril 1662 (vue 119 aux Archives de Vendée). Sur l’acte, René Langlois est qualifié de chevalier, seigneur de la Verrie et de Languiller. Le transport de la propriété au nouvel acquéreur ne se fit pas tout de suite, puisqu’on a plus de 20 déclarations faites en 1664 sur des terroirs de Saint-André à Pierre Le Geay comme seigneur de Languiller, et même 3 au printemps 1666. Et sans doute ne se fit-il jamais à cause de retards dans le paiement de l’acquisition. En marge de l’acte d’acquêt de 1660, l’historien Gourraud a noté que cette vente n’a pas été maintenue, mais sans plus de précisions (41). Pierre Le Geay mourut en octobre 1666 (42) et sa femme peu après, avant d’avoir trouvé un nouvel acquéreur à Languiller. Ce sont leurs héritiers qui y parvinrent en la personne de Philippe Chitton.


Les Chitton (1671-1745)

Philippe Chitton (v1633-v1713)


Avec sa femme, Philippe Chitton acheta Languiller en deux temps aux héritiers de Pierre Le Geay et d’Elizabeth Davy (43) :
-          D’abord le 25 août 1671 il fit un échange avec Pierre Le Geay (un neveu) apothicaire à Saumur, qui agissait pour lui et sa mère, Rachel Davy, héritière en partie de feue Elizabeth Davy, sa sœur, veuve de Pierre Le Geay seigneur de Languiller. Dans cet échange les Chitton acquirent les chefs d’hommages de Languiller avec ses fiefs annexes et la moitié du lieu et redevances de Languiller.
  Puis il acquit l’autre moitié le 23 avril 1674 appartenant par indivis à Jacques Lardeau et Isaac Lardeau et leurs femmes (Madeleine Caillé et Esther Le Nain).
On n’a pas compris pourquoi le fils aîné de Pierre Le Geay, Charles Le Geay, n’apparaît pas dans cette vente de Languiller. Il passait pourtant une transaction en novembre 1679 dans une vente qualifiée de frauduleuse dans un mémoire vers 1683 en faveur de Philippe Chitton (44). 

Le nouveau possesseur de Languiller est un personnage important dans l’histoire de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, au même titre que Jules de Belleville un siècle plus tôt. Ce dernier avait vendu des droits seigneuriaux, P. Chitton défendit ceux qui restaient avec ardeur. Les 8 seigneuries annexes de Languiller (ou chefs d’hommage particuliers) étaient connues depuis le milieu du 14e siècle pour le Coin Foucaud (à Saint-André par hommage plain), depuis1437 pour les Bouchauds (aux Essarts par hommage lige), depuis des dates mal situées, pour le fief Pothé (aux Essarts, par hommage lige), la Ramée (aux Essarts par hommage lige), Vignault (aux Essarts par hommage plain), Touroil (rentes, cens et terrages aux Essarts par hommage plain), Maitre Mille (aux Essarts par hommage plain, une dépendance du fief des Bouchauds (45)), et probablement aussi la rente de 12 setiers d’avoine appelés avenage de Chauché (par hommage plain). Il s’agit là de la liste des fiefs fréquemment indiqués dans les actes notariés, mais incomplète, il faut y ajouter Maurepas par exemple à Chauché.

Philippe Chitton est né vers 1633 à Niort. Ses parents, Jacques Chitton et Renée Métivier s’était mariés le 2 mars 1631 dans cette ville, étant protestants (vue 86 dans le registre numérisé 2 MI 9 des mariages protestants de Niort sur le site internet des Archives départementales des Deux-Sèvres). Jacques Chitton fut reçu le 27 février 1632 échevin de la ville de Niort (magistrat municipal), puis maire. Il déclara au greffe de l'Élection son intention de vivre noblement à l'avenir, cette qualité d'échevin et maire conférant la noblesse. Plus tard il porta le titre d’écuyer, seigneur de Montlaurier, Landraudière (Saint-Gaudent dans la Vienne) (46). Dans son rapport au roi Louis XIV, Colbert de Croissy dit beaucoup de mal de cette noblesse par échevinage : « On compte à peu près 1 500 maisons de gentilshommes dans le Poitou ; mais il y a beaucoup de noblesse, qui n’est pas fort illustre, qui vient des maires de Poitiers, Niort et La Rochelle ». La noblesse était entre autres affaire d’ancêtres, donc les nouveaux venus étaient moins bien considérés par les plus anciens.

Les parents de Jacques Chitton avaient eu 3 enfants et lui-même en eut 5. On trouve des Chitton en Vendée au début du 17e siècle, avec Renée Chitton, épouse de François Moreau, sieur du Coudray demeurant à Saint-André-Goule-d’Oie au tout début du 17e siècle. De même une Marie Anne Chitton épousa en 1618 Étienne de Barrière, écuyer seigneur de Portault et avocat en parlement. Elle était fille de Laurent Chitton, sieur de la Boulaye (à l’Herbergement-Ydreau devenu l’Oie), et de Louise Varenne, demeurant au bourg de Mouchamps (47). Devenue veuve, Marie Anne Chitton se remaria le 5 juillet 1628 avec Pierre de la Bussière, écuyer seigneur de la Flottière et de la Vrignonnière (aux Essarts, seigneurie mouvante de Languiller), fils aîné de Pierre de la Bussière et de Louise Bertrand (48). Ce fut un mariage protestant.

Élevé dans le protestantisme Philippe Chitton se convertit au catholicisme après son mariage, « étant rentré dans l’Eglise et en faisant sincèrement profession », fera-t-il écrire dans un mémoire au sujet de la chapelle de Fondion de Saint-André (49). Il épousa le 28 novembre 1665 Bénigne de la Bussière, fille de Pierre de la Bussière, seigneur de la Vrignonnière, et de Marie Anne Chitton (voir ci-dessus). Elle était la sœur de Pierre de la Bussière (fils) marié avec Jeanne de Goulaine.

Philippe Chitton versa en deux fois au trésor royal, les 1er septembre 1667 et 22 novembre 1692, la somme de 3 500 livres pour jouir des privilèges de la noblesse obtenus par son père comme échevin de la ville de Niort, et dans laquelle son fils Charles-Auguste et lui furent confirmés par M. de Maupeou le 5 août 1700. Philippe Chitton possédait en 1694 l’emploi de capitaine au régiment de Bellegarde-Cavalerie, et celui de Grand prévôt général des généralités de Poitiers et de La Rochelle, charge qu'il occupait dès 1685 (50).

Archer de la maréchaussée
royale vers 1695
Ainsi avait-il la même charge de Grand prévôt général que Pierre Le Geay, mais on a peu d’informations sur son action en ce domaine. On en a une trace dans le registre paroissial de Chauché avec l’inhumation le 26 avril 1694 de François Chaillou, sieur de la Robinerie et « archer du Grand prévôt du Poitou » (vue 22). Et puis on a une lettre du 12 décembre 1686 d’un nommé Labergeril à Philippe Chitton, adressée à « Languiller près Saint-Fulgent en Bas-Poitou », pour dénoncer deux déserteurs. Labergeril lui demande de les faire rechercher en même temps qu’il saisit le tribunal. L’un s’appelle Claude Guerin, dit Saint-Georges, âgé de 27 ans, qui a fui à Pouzauges. L’autre s’appelle André Bouacheau et se cache après son enrôlement de 5 ans dans l’armée le 7 janvier 1686 à l’Herbergement-Entier (près de la Rocheservière) (51). 

Sur un conflit judiciaire pour la seigneurie des Bouchauds, annexe de Languiller, en cours au présidial de Poitiers, Philippe Chitton obtint que l’instance soit déplacée au présidial de La Rochelle. Il avait réclamé ce dépaysement judiciaire en vertu du privilège accordé aux prévôts généraux des provinces par le roi dans sa déclaration du 6 mai 1692, laquelle leur donnait entre autres le droit d’être jugé au présidial le plus proche de leur domicile, où ils avaient par ailleurs un rang prioritaire. À La Rochelle Chitton gagna son procès par sentence du 23 mai 1698 (52). À la page 43 de la sentence, il invoque en effet : « la déclaration du roi qui confirme à perpétuité les officiers des maréchaussées du royaume dans leurs exemptions, privilèges et prérogatives donnée à Versailles le 6 mai 1692 ». Cette déclaration du roi indiquait notamment : « voulons pareillement que tous les procès et différents des officiers tant civils que criminels, soit en demandant ou en défendant, soit jugé par le présidial le plus proche de leur résidence, pourvu qu’il soit du ressort du même parlement .... le tout en nous payant par les dits officiers les sommes dans lesquelles ils seront compris dans les rôles qui en seront arrêtés en notre Conseil .... ». La vente d’un privilège de juridiction pour renflouer le trésor royal était un moyen très répandu, non qu’on trouvât cela normal, mais nécessité faisait loi.

Il ne semble pas que Philippe Chitton ait abusé de ce privilège d’aller au présidial de La Rochelle. En revanche il se répandit en de nombreux procès tous azimuts, surtout à la cour de la baronnie des Essarts, au tribunal du roi à Fontenay et au présidial de Poitiers, concernant les propriétaires des redevances féodales. Pour la seule paroisse de Saint-André près de la moitié des tènements dans sa mouvance furent touchés par sa frénésie de procès. Il s’attaqua aussi à son suzerain des Essarts à propos de la seigneurie des Bouchauds, dont il partageait avec lui la moitié des redevances. Il poursuivit le seigneur de la Rabatelière, faisant une saisie féodale de ses terres dans sa mouvance, en concurrence avec d’autres créanciers. Dans une affaire au Pin (Saint-André) il n’hésita pas à s’opposer au tribunal à la nièce de sa femme, Louise de la Bussière, qui habitait sous son toit. Il fit pratiquer aussi une saisie des biens de ses propres neveux à cause d’une créance qu’il avait sur un de ses frères. Visiblement la défense de son patrimoine passait avant les solidarités familiales. On voit là bien sûr quelques dispositions naturelles du personnage à la chicane et une certaine avidité de possédant, mais il faut interroger aussi les mœurs de l’époque. Ainsi celles-ci mettaient fréquemment l’intérêt des patrimoines en avant dans la formation des couples. Les sentiments avaient une place dans le cœur des hommes à Languiller au temps de Louis XIV, plus difficile à étudier que dans les œuvres de Racine, son contemporain. Il faut aussi reconnaître l’importance de la justice dans la vie quotidienne et dans la morale spontanée des mentalités anciennes durant l’ancien Régime. La vie humaine apparaît alors comme une longue procédure où chaque action est sanctionnée par un acte de justice ou tout au moins de gens de justice, et comme dans un livre de compte enregistrant le mal et le bien (53). 

Il y a une autre raison pour laquelle le procès apparaît comme une forme parfois normale des rapports sociaux à cette époque : une certaine propension ambiante à la malhonnêteté. On a ainsi l’exemple du fils de Philippe Chitton qui, en 1720, s’entendit avec le seigneur de la Rabatelière, possesseur du fief-métairie de la Martinière, pour dépouiller le seigneur de la Guichardière de ses droits seigneuriaux sur cette métairie. La Guichardière relevait du seigneur de Languiller, lequel demanda au seigneur de la Rabatelière de lui rendre l’hommage de la Martinière directement, en lui faisant cadeau du droit de rachat. L’opération ne coûtait rien aux deux protagonistes malhonnêtes et rapportait l’extension de sa mouvance au premier, et l’exonération du paiement du rachat au second (54). Le seigneur de la Rabatelière demanda en 1746 à son procureur à Poitiers le nom de son juge pour lui écrire afin de lui « recommander » son affaire (55).

Dans certaines affaires s’étale une sensibilité appuyée aux privilèges de son ordre. Ce fut le cas quand il réclama l’exercice de son droit de patronage à la chapelle de Fondion à Saint-André. Celle-ci était une annexe du prieuré de Saint-André, dont le prieur était traditionnellement le chapelain, à la présentation de l’abbé de Nieul-sur-l’Autise. Il finit par avoir gain de cause, en faisant nommer un chapelain différent, puis son fils abandonna la partie. Dans l’église de la Chapelle de Chauché il réclamait un droit de sépulture pour sa famille, alors que celui-ci était réservé aux seigneurs des lieux. En tant que suzerain il estimait posséder ce droit, et il y fit inhumer son épouse, déplaçant même à cet effet un corps inhumé. Un juge lui donna gain de cause à condition de remettre le corps à sa place antérieure. Dans un conflit avec la dame de Saint-Fulgent, celle-ci, redoutant son esprit retord dont son fils avait hérité, fit une démarche inhabituelle en se déplaçant chez ce dernier pour lui offrir sa foi et hommage. Ce type d’acte était depuis longtemps seulement écrit sur parchemin par des notaires. Dans l’après-midi du 13 avril 1711 elle alla à Languiller accompagnée d’un aréopage de quatre personnes. Outre son notaire, elle avait deux témoins, maître Pierre Arnaudeau, 72 ans et ancien notaire et greffier de Saint-Fulgent, et maître Augustin Thoumazeau sieur de Grandchamps, un notable habitant aussi le bourg de Saint-Fulgent. De plus, elle s’était fait assister par messire Gabriel Suzannet seigneur de la Chardière (Chavagnes), « gentilhomme choisi par elle ». La dame de Saint-Fulgent a « offert par elle-même et en sa personne, et au cas de refus dudit seigneur de Languiller par moi notaire royal soussigné assisté de … témoins », de « faire la foi et hommage plain, baiser et serment de fidélité » au seigneur de Languiller. Les femmes étaient normalement dispensées de faire l’offre de foi et hommage et encore plus le baiser, malgré le sens devenu tout à fait « patrimonial » de l’acte, loin des cérémonies de la chevalerie du début du millénaire. Mais les mots étaient restés, ambigus pour les femmes mariées ne devant fidélité qu’à leurs maris. Sauf qu’autour de Philippe Chitton on devait apparemment faire attention au moindre détail pour éviter une condamnation judiciaire, et les exemples ne manquaient pas.

Il faut dire que Philippe Chitton a gagné beaucoup de contentieux. La perception des redevances seigneuriales exigeait une rigueur, que les fermiers qui en étaient chargés n’avaient pas dû toujours avoir. Notre impression est que s’était installé en ce milieu du 17e siècle du laisser-aller dans la contrée sur les droits du seigneur de Languiller. Les épidémies, les ravages laissés par les guerres de religion et les accidents climatiques, ont certainement rendu impossible temporairement certains prélèvements, sans même mettre en cause le comportement des receveurs des droits, ni penser à un état d’esprit de jacquerie. Philippe Chitton voulut reconstituer un terrier (recueil des redevances) qui fasse autorité et qui soit digne de ce nom, établit par les déclarations des teneurs (tenanciers). Il obtint du tribunal de Fontenay-le-Comte des lettres de terrier pour vérifier ses droits dans l’étendue des seigneuries qu’il possédait. En vertu de ces lettres il désigna deux notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, pour écrire des déclarations dans toutes ses possessions. Ces déclarations étaient en plus conformes aux exigences de la coutume, indiquant, contrairement à la pratique d’avant, les domiciles et professions des teneurs et l’antériorité des possessions. Et elles rappelaient les droits seigneuriaux en la matière : solidarité entre les débiteurs de chaque redevance, lods et ventes, rachats (droits de mutations), « amendes et offenses de la manière que seigneur moyen et bas justicier a accoutumé ». Ce rappel n’était pas juridiquement nécessaire, mais il est révélateur de le voir mentionné sur les nouvelles déclarations des deux notaires de Saint-Fulgent à l’époque de Philippe Chitton.

Languiller
Il habita à Languiller, reprenant une habitude perdue depuis Jules de Belleville, qui un siècle plus tôt y avait fait sa demeure. On le trouve exceptionnellement habiter le bourg de Saint-André-Goule-d’Oie en 1683, où il devait y posséder une maison (56). Il fit construire en 1697 le logis de Languiller ancêtre de celui que nous connaissons. Les couvertures étaient en ardoises, sauf un pavillon en tuiles plates. L’architecte n’était certainement pas un chauchéen, car le mur du côté de la rivière comportait seulement une clôture en lattes à son sommet pour protéger la charpente. Elle laissa passer la pluie et fut la cause d’une dégradation rapide du corps de bâtiment du château et de deux pavillons attenants. En 1763 on dut consolider les murs, réparer leurs « lisardures », changer la charpente qui menaçait de tomber, en refaire une plus légère, et remplacer les ardoises par des tuiles creuses (57). Les archives seigneuriales, notamment le cartulaire du Coin Foucaud remontant au 14e siècle, qu’on trouvera abîmée au 19e siècle au château de la Rabatelière, ont peut-être eu à souffrir de la situation. On peut voir quelques photos des lieux sur internet, exposées par les propriétaires anglais des chambres d’hôtes, de son potager et de sa piscine chauffée.

Nous ne connaissons pas la date exacte de la mort de Philippe Chitton. La dernière déclaration roturière le concernant est de 1694. Pour 1698, le nom du seigneur de Languiller est laissé en blanc (moulin de la Boutinière), mais Philippe Chitton fut présent à l’inhumation de son épouse dans la chapelle Begouin le 23 septembre 1698. Le 26 janvier 1700 il déclara devant notaire le transfert de la propriété de Languiller à son fils Charles Auguste Chitton. Le nouveau propriétaire en fit le 9 juillet 1700 les hommages qu’il devait à la baronnie des Essarts (58). Meaupou a confirmé le père et le fils dans la noblesse le 5 août 1700. Le 30 mars 1712 Philippe Chiton est parrain au baptême de sa petite fille Marie Bénigne et signe d’une main tremblante, et il est mort après 1712. Dans une lettre de lui écrite à Paris le 13 mai 1702, on remarque également son écriture tremblante. Alors qu’il a passé la main à son fils, il traite toujours des contentieux en cours, notamment celui contre la baronne des Essarts, madame royale de Savoie, avec ses représentants à Paris. Il écrit dans sa lettre de 1702 à son avocat de Poitiers : « Je tâche à rétablir un peu mes forces pour m’en retourner incessamment afin de reprendre ma santé ne jugeant pas la pouvoir rétablir ici » (59). Sa maladie ne paraît pas avoir amoindrie ses facultés intellectuelles ni sa combativité dans les dernières années de sa vie. À Paris il avait de la famille, comme on le voit dans son contrat de mariage en 1665, où un parent de sa femme, Jean Chitton, écuyer seigneur de la Davière, y demeurait, paroisse de Saint-André-des-Arts (60).


Charles-Auguste Chitton (1668-1733) et Charles Louis Chitton (1714-1745)



Fils unique, Charles Auguste succéda à son père dans la charge de Grand prévôt général du Poitou en 1711. Le 5 février 1715, il obtint une maintenue de noblesse de M. de Richebourg, intendant de la province. Il avait épousé le 31 janvier 1709 Élisabeth de Châteauneuf, fille de Jacques, écuyer seigneur de Pierre-Levée, ancien maire perpétuel de Niort, et de Marie-Anne Guérin de la Vergne.

Il poursuivit la mise à jour du terrier de Languiller et les nombreux procès initiés par son père, apparemment avec la même pugnacité et comme lui en bon connaisseur du droit. Peut-être avait-il la manière plus ronde au vu de certaines de ses lettres. Revenir sur son activité de plaideur n’ajouterait rien à ce qu’on a pu découvrir avec son père. Parmi leurs nombreuses victimes on compte les Moreau, dont le père Pierre Moreau a été repéré sénéchal de Languiller en 1652. On ne sait pas combien de temps ce dernier a occupé l’emploi où des conflits d’intérêt pouvaient surgir le concernant. C’était un important bourgeois propriétaire, entre autres de redevances féodales, et qui devait des fois et hommages à Languiller. Il est décédé en 1687 au temps des foudres judiciaires du seigneur de Languiller. Après lui sa veuve et son fils, Claude Moreau (1673-1729), durent continuer le combat, qu’ils perdirent, victime d’une arme efficace à la disposition des Chitton : la saisie féodale sur les biens récemment acquis. Il reste aux chercheurs en Histoire à remercier Charles-Auguste Chitton, avec son père, pour les nombreuses reconnaissances de droits féodaux que leur activité judiciaire nous a laissées. Et aussi pour nous permettre d’entrer dans les arcanes de la propriété féodale et la vie dans les villages dépendant de Languiller, principalement à Chauché, les Essarts et Saint-André-Goule-d’Oie. Et ceci non sans un sentiment de compassion envers tous les ancêtres de la contrée, humbles tenanciers, bourgeois, ecclésiastiques, nobles, voire princesse aux Essarts, que ces messieurs Chitton ont irrité, voire plus. Et dans leur sillage, les notaires de Saint-Fulgent ont beaucoup travaillé, et beaucoup amassé.

En 1701 le seigneur de Languiller a entrepris de dessécher le « Grand étang de Languiller » qui se trouvait au nord du logis, voulant le rendre « en terre labourable ou nature de pré ». Au préalable il fit assigner les tenanciers des Petites et Grandes Roussières à assister au procès-verbal de bornage des prés leur appartenant, au long de l’étendue d’eau (61). Les sources « du ruisseau qui descend de l’étang de Languiller », se dirigeant vers la Porcelière puis la Petite Maine, se trouvaient très probablement au fond de l’étang, et elles ont continué d’alimenter le ruisseau à partir d’un étang plus petit qui n’a pas été entièrement asséché. Ce grand étang n’est pas à confondre avec « le petit étang situé en bas du lieu de Languiller » qui existait toujours en 1779 (62).

Charles Auguste Chillon et Françoise Elizabeth de Châteauneuf ont eu :
-      Françoise Madeleine née le 3 juillet 1710, mariée à Pierre René Gabriel de Vaugiraud.
-      Françoise baptisée le 18 mars 1711 et décédée le 20 mars suivant, enterrée à la Chapelle de Chauché (vue 116).
-      Bénigne baptisée le 18 mars 1711 et décédée le 19 mars suivant, enterrée à la Chapelle de Chauché (vue 116).
-      Marie Bénigne baptisée le 30 mars 1712. Son grand-père Philippe Chitton est parrain.
-      Charles Louis baptisé le 26 octobre 1714. Sa marraine est Louise de la Bussière, dame de la Ruffelière, qui avait épousé Samuel de Lespinay. Leur petit-fils, Alexis Samuel de Lespinay, épousera en 1750 Marie Félicité Cicoteau, dame de Linières. On voit ici que la poursuite judiciaire n’avait quand même pas rompu les liens familiaux avec la marraine. Ces liens avaient la force du sang, sinon celle des sentiments. Pour le sang on se respectait, alors que pour les sentiments on peut se fâcher c’est bien connu.

W. Hoggart : le contrat de mariage 
(National Gallery)
Françoise Madeleine Chitton épousa Pierre René Gabriel de Vaugiraud à Chauché le 18 février 1732 (vue 12), dans la chapelle Begouin. Se marier dans « sa » chapelle constituait un privilège pour les nobles, afin d’y nouer des liens du sang. Et le nouveau propriétaire de la Chapelle ne s’en choqua pas à notre connaissance. C’était désormais le seigneur de la Rabatelière, qui habitait Nantes et approchait les princes. On en déduit ici que la chapelle de Languiller que nous avons vue au temps de Guy de Sainte-Flaive en 1491, n’existait plus. Pierre René Gabriel de Vaugiraud était le fils de Pierre de Vaugiraud et de Marie Desnos, et étudiait au séminaire de Luçon quand son frère aîné est décédé en 1727. Avec un père âgé alors de 70 ans, il devint le futur chef de famille et démissionna de son état de clerc tonsuré pour en assumer la charge. Dans le contrat de mariage du 20 janvier 1732 la dot du futur époux comprenait certains biens sur Saint-André que possédait la famille de Vaugiraud depuis longtemps. La dot de Françoise Madeleine Chitton était constituée de la jouissance de la maison noble et métairie de la Donier (Aizenay) avec les bestiaux qui étaient de la valeur de 250 livres, de la métairie des Bouligneaux (Saint-Martin-des-Noyers) avec le droit de terrage qui en dépendait, et de la métairie du Guereaux, située au Moret (Saint-Jean-de-Monts) (63). Pierre René Gabriel de Vaugiraud et Madeleine Chitton vécurent à la Logerie de Bazoges et n’eurent pas d’enfants. Le seigneur de Logerie mourut le 17 août 1743. Devenue veuve, Madeleine Chitton fit sa demeure dans la paroisse Saint-Pierre des Herbiers (64), et ne s’est pas remariée. Sa sœur hérita de ses biens (65), après son décès survenu le 4 mai 1747 (66).

Marie Bénigne Chitton s’est mariée le 25 octobre 1728 (vue 175 à Chauché) avec Charles Seguin Brilhac, seigneur de Nouzières, de Grandjean, (dont il était originaire, situé au sud de Saint-Jean-d’Angély, où ils demeuraient), de Fenioux, Beaulieu et La Foy. Elle mit au monde une fille à Languiller, baptisée à Chauché le 2 septembre 1730 (vue 198), prénommée Madeleine Louise. Une autre fille, Marie Geneviève Brilhac, épousa Charles Antoine Seguin de Brilhac de la Laurencie de Chadurie. C’est elle qui hérita de la métairie du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, qu’elle garda jusqu’en 1791 et qu’elle vendit au seigneur de Linières.

Charles Auguste Chitton devint veuf le 24 mars 1725. Il mourut le 20 mars 1733 à l’âge de 65 ans, et fut inhumé dans « le chœur de l’église de la Chapelle de cette paroisse [de la Chapelle de Chauché] du côté de l’épître près de la muraille », suivant ce qu’on peut lire sur le registre paroissial de Chauché (vue 25).

Son fils, Charles Louis Chitton, lui succéda et mourut le 5 mai 1745 à Languiller (vue 3 du registre de Chauché) à l’âge de 31 ans, sans postérité. Il fut inhumé dans l’église du bourg. Il avait vendu Languiller et ses fiefs annexes le 7 mars 1745 au seigneur de la Rabatelière, René III Montaudouin, moins les domaines constituant les parts de ses sœurs. Le prix fut de 20 000 francs comptant, dont 8 000 francs payables en un an au sieur Pierre Pottier, à qui le vendeur en fait don, sans préjudice de ce qu’il peut lui devoir. S’ajoutait une rente perpétuelle de 3 600 livres que l’acquéreur pouvait racheter à sa volonté en 3 termes. La récolte était réservée au vendeur, mais s’il décédait avant la moisson (c’est ce qui arriva) elle serait à l’acquéreur. Celui-ci paya en outre 7 000 livres pour les arrérages échus, compris dans la vente, des cens et autres devoirs dus (67). L’importance de cette somme montre des difficultés financières du vendeur dont on ignore la cause précise.

Dans une transaction de 1720, Pierre Bruneau, le dernier descendant des Bruneau de la Rabatelière, avait transigé avec Charles Auguste Chitton pour mettre fin aux saisies féodales de Philippe Chitton en 1677 et 1695. Dans notre récit de La saisie féodale de la Mancellière à Saint-André-Goule d’Oie, publié sur ce site en juin 2015, nous avons raconté l’histoire des seigneurs de la Rabatelière de la fin du 16e siècle au début du 18e siècle, auxquels succéda la famille Montaudouin.

Dans les comptes du château de la Rabatelière, on voit que les Montaudouin payaient une rente foncière annuelle et perpétuelle de 3 600 livres, encore en 1788 à Louis Auguste Pascault de Villars de Pauléon (68). Celui-ci était le deuxième mari de Marie Bénigne Chitton. Le montant est important, représentant une grande part des revenus de la terre.

  
Les Montaudouin (1745-1797)

Renée III Montaudouin (1708-1755)


Il était le fils de René II Montaudouin (1673-1731) et de Marie Bertrand. Ces derniers avaient acheté la vicomté de la Rabatelière en 1725, avec les seigneuries de Chavagnes, la Robretière et la Mancellière, en 1726 les fiefs de la Grassière, Martelière et Battay (Chavagnes). En 1729 ils achetèrent les vicomtés de la Jarrie (Saligny), Merlatière et Raslière (Merlatière), et les seigneuries de la Chapelle de Chauché, de la Jaunière (Roche-sur-Yon), du Chaigneau (Bourg-sous-la-Roche), de Montorgueil, (Champ Saint-Père), deux métairies à Champ-Saint-Père et Saint-André-d’Ornay, et les 2/3 de la forêt de Gralas au comte de Juigné. En 1730 ils ajoutèrent la métairie et fief de la Roche de Chauché et la métairie de la Bleure (Rabatelière). 

La plupart des droits féodaux perçus à Saint-André-Goule-d’Oie par les fermiers de la seigneurie de Languiller, allèrent désormais au seigneur de la Rabatelière (demeurant à Nantes et Paris), au lieu du seigneur de la Getière (Boissière-de-Montaigu) et avant lui des seigneurs Eschallard (aussi étrangers à Saint-André). Le seigneur de la Rabatelière possédait déjà quelques rentes sur plusieurs tènements de la paroisse et aussi quatre grandes métairies : Mancellière, Roche Mauvin, Porcelière et Racinauzière

Les guerres de religion
Ses prédécesseurs les avaient acquises dans la première moitié du 17e siècle, provenant auparavant des domaines et fiefs annexes de Languiller. On voit cette dernière seigneurie s’appauvrir en métairies au fil des siècles, et aussi en droits féodaux vendus par Jules de Belleville pour financer ses combats pendant les guerres de religion. La lutte acharnée des Chitton pour sauvegarder certains de ces droits féodaux à la fin du 17e siècle parait vaine après coup, alors que leur valeur même s’était réduite en « peau de chagrin » à cause de l’inflation monétaire. Il eut mieux valu investir dans des métairies, ce qu’ils firent très peu en achetant seulement dans la contrée la métairie du bourg de Saint-André, mais les occasions étaient rares et la concurrence rude. Les charges financières des seigneuries devinrent de plus en plus lourdes, entrainant leurs ventes. Les seigneuries se transformèrent en charges financières trop lourdes, entraînant leurs ventes en cette fin du 17e siècle et début du 18e siècle partout dans la contrée, des petites comme Linières, aux plus importantes comme les Essarts, Saint-Fulgent, la Rabatelière et Languiller. On assista à des regroupements au profit de grands seigneurs plus fortunés, parfois de nouveaux riches issus du négoce nantais comme à Saint-Fulgent ou à la Rabatelière. Mais le droit féodal et le corporatisme des officiers seigneuriaux empêcha d’opérer des fusions absorptions dans la constitution des plus grandes seigneuries, comme le capitalisme moderne sait le faire à notre époque, pour réaliser des économies d’échelle. Et les nouveaux nobles, tout autant que les anciennes familles, continuèrent de s’attacher à des droits à forte valeur de prestige et à faible valeur financière. Ils auraient pu les racheter comme leurs ancêtres l’avaient fait pour les corvées au sortir du Moyen Âge dans la contrée, afin de réinvestir leur fortune plus judicieusement. Une évolution des mentalités eut été nécessaire pour cela, qui n’eut pas lieu, aboutissant à une révolution politique en 1789. Mais le seigneur de la Rabatelière n’était pas seul à Saint-André-Goule-d’Oie, d’autres grandes métairies appartenaient aux seigneurs de Linières ou de Saint-Fulgent, ou à des bourgeois ou paysans aisés. Propriétaire parmi d’autres, le châtelain de la Rabatelière n’était pas connu personnellement à Saint-André, seulement ses officiers et ses fermiers.

L’ascension sociale des Montaudouin avait commencé à Nantes avec René Ier Montaudouin (1641-1691), qui, petit-fils d’un cordonnier venu de Paris, s’était lancé dans le commerce et l’armement de bateaux, et épousé une femme riche et entreprenante, Isabelle Bureau. René II Montaudouin avait dans la suite hissé son armement à la tête des plus importants dans le port de Nantes (69). Il avait lui aussi épousé un membre d’une importante famille de la ville en la personne de Marie Bertrand. Sa fortune doit beaucoup à la traite des êtres humains (achetés en Afrique et vendus aux Antilles), et à l’armement corsaire. La guerre de succession d’Espagne (1702-1713) permit à René II Montaudouin de se mettre en avant dans les allées du pouvoir tout en faisant fortune. Après avoir été juge consulaire et échevin de Nantes (1709-1711), il acheta une charge de secrétaire du roi près le Parlement de Bretagne, permettant d’être anobli. Mais pour accompagner son accession dans l’ordre de la noblesse (écuyer) il lui fallait posséder des fiefs nobles. Il avait acheté en 1718 la terre et seigneurie de la Clartière sur les paroisses de Sainte-Croix de Machecoul et de Fresnay dans le pays de Retz (Loire-Atlantique). Il acquit aussi à proximité le fief des Huguetières puis les Basse-Terre (Saint-Hilaire-de-Chaléons). Mais contrairement à d’autres de ses frères des branches de Launay, Robretière, de la Touche, qui continuèrent dans le commerce et l’armement, il se dégagea de ses activités de négociant pour vivre noblement, c’est à dire gérer ses patrimoines fonciers. Ce fut désormais la vocation des Montaudouin de la branche de la Clartière, notamment à la Rabatelière.

René III Montaudouin hérita de la Rabatelière sous réserve des domaines attribués à sa mère au titre de son douaire, jusqu’à la mort de celle-ci en 1751 (dont la Chapelle de Chauché, la forêt de Gralas, etc. (70). Il se consacra à la gestion de ses domaines. Il épousa le 9 octobre 1734 Jeanne Picot d’Espremenil, mais leurs deux enfants, Marie Michelle (née en 1735) et René Jacques (né en 1737), moururent en bas âge (71). Il demeura principalement à la Rabatelière dans les dernières années de sa vie, après le décès de son épouse en 1737. C’est lui, et non le régisseur, qui tint les comptes du château à partir de mai 1740 jusqu’à sa mort en mai 1755 (72).

On comprend, qu’étant sur place, il ait conclu l’achat de Languiller. Il élargit alors le bail du fermier de la Chapelle de Chauché à son nouveau domaine de Languiller. En 1745 c’était Nicolas Cailleteau (1689-1755), qui avait épousé le 8 juillet 1727 à Chauché Jeanne Suzanne Orion. Elle était la fille de Pierre Orion (1678-1735) qui avait été régisseur au château de la Rabatelière et fermier de la Chapelle (73). Leurs baux ont été régulièrement renouvelés. En 1753, la ferme annuelle était de 3 900 livres, pour la terre de Languiller, les bois, deux étangs, les cens et rentes seigneuriales (dues et à devoir), et une souche réelle de bestiaux évaluée à 5 354 livres, alors que la souche morte était de 4 550 livres. La terre de Languiller comprenait la borderie de la porte, la borderie de Maurepas (Chauché), plus tard réservée dans le bail propre de la Chapelle, la grande métairie de Languiller et les métairies de la Jutière (Essarts), la Fortière (Essarts) et la Girardière (Chauché). Le 29 mai 1761 le bail a été renouvelé pour 5 nouvelles années, au même prix et conditions avec Pierre Cailleteau. Et encore en 1767 avec le même fermier (74).

Les frères Montaudouin (1755-1779)


Morlot : Épouse d’un négociant armateur
(château des ducs de Bretagne à Nantes)
La succession de René Montaudouin resta jusqu’en 1779 en indivision entre ses héritiers en ce qui concerne Languiller et la Rabatelière. Ceux-ci étaient :
-                 -           Nicolas Montaudouin (1709-1762), l’ainé après son frère René, qui avait hérité de la Clartière (75). Il abandonna l’armement après la mort de sa mère et se maria trois fois : en 1740 avec Françoise Darquistade, puis avec Marie Thérèse Le Roux, et enfin avec Anne Montaudouin (cousine germaine et fille de Thomas Montaudouin de la Touche et d’Anne Bouette). Il eut 7 enfants dont 2 survécurent à l’âge adulte.
-          Thomas Montaudouin (1711-1768), seigneur de la Bonnetière et des Bouchaux (Machecoul), chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien capitaine et commandant au régiment du colonel général dragons. Il se maria avec Anastase Clarck et eut 7 enfants.
-      Marie Rosalie Montaudouin, qui épousa René de Montboucher, comte de Bethon, baron d’Aubigné et seigneur de la Maignanne-en-Andouillé (tous en Ille-et-Vilaine), président à mortier du parlement de Bretagne. Elle avait hérité de forêts et de fiefs en Ille-et-Vilaine (76).
-        Elizabeth Montaudouin, qui épousa Charles du Plessis, comte de Grenédan. Leur fille, Thérèse Ursule, épousa René Henri de Tinguy, seigneur de la Clavelière (Saint-Fulgent) et fils d’Abraham de Tinguy et de Perrine Bruneau. Le marié était né à Saint-Fulgent le 17 avril 1750 (vue 3), vécut enfant à la Chevaleraye (Saint-André), et mourut supplicié en janvier 1794 en tant que gouverneur de Noirmoutier nommé par Charette pendant la guerre de Vendée.
-          Bonne Montaudouin (1712-1790), dame de la Touche Gerbault, la Basse Ville et autres lieux, célibataire.
-       Marie Anne Elizabeth Montaudouin (1715-1784), qui épousa d’abord en 1741 Guillaume Guichardy seigneur de Martigné, puis en 1745 Joseph Michel René du Dresnay seigneur de Kerlaudy, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis.

Dans les actes notariés de cette période d’indivision, celle-ci fut représentée d’abord par Nicolas, puis son frère Thomas, puis Mathurin Thoumazeau (procureur fiscal de la Rabatelière, Languiller et autres, et régisseur au château), et enfin par Anne Montaudouin, veuve de Nicolas. 

Aucun d’eux ne vécut au château de la Rabatelière, n’y faisant que de brefs séjours. Ils avaient un homme d’affaires à Nantes, P. Bouin de Beaupré, qui servait d’intermédiaire avec le régisseur sur place. Après la mort en 1754 de René Montaudouin il transmit les instructions de la famille à Mathurin Thoumazeau, alors procureur fiscal de la Rabatelière. Le 12 décembre 1754 il écrit à ce dernier : « On parait un peu surpris ici que messieurs les curés, dont M. Montaudouin était seigneur (des paroisses où il avait des domaines), attendent des nouvelles de la famille pour faire prier Dieu pour lui et faire des services ». Grâce au procureur fiscal, les curés firent leur service suivant l’usage, mais leur peu d’empressement s’explique sans doute par le défaut d’informations (pas de faire-part officiel semble-t-il). Et il écrit à nouveau le 28 décembre : « j’ai communiqué à ces messieurs, qui ont été extrêmement sensibles à votre attention pour la mémoire du respectable défunt, qui, suivant les apparences, n’est pas si chère à messieurs les curés qu’on l’aurait cru. Plut à Dieu qu’ils puissent retrouver un seigneur qui leur fasse autant de bien. Ils ne l’ont pas senti sans doute, puisque c’est à vos bons soins et à vos avertissements qu’ils se sont enfin portés à faire faire un service qu’ils auraient dû faire bien plus tôt ... » (77). Voilà un bourgeois nantais peu au fait de la mentalité vendéenne. Dans son testament le défunt avait donné « 2 000 livres aux pauvres honteux (ils n’osent pas quémander) de la paroisse de Saint-Nicolas (sa paroisse à Nantes), laquelle sera remise aux mains des dames de la Charité pour être par elles distribuées ». Pour les curés des 16 paroisses vendéennes où il possédait des propriétés, il légua aussi 2 000 livres de dons aux pauvres. Ainsi le curé de Saint-André-Goule-d’Oie eut une part de 230 livres (78). C’est tout un fonctionnement social que l’on voit à l’œuvre ici, qu’il faut s’abstenir de regarder avec nos yeux d’aujourd’hui si on veut le comprendre. La foi religieuse de ces hommes du 18e siècle n’était pas plus élevée que celle des croyants du 21e siècle. En revanche la société dont ils faisaient partie obéissait à des normes maintenant oubliées, l’ordre social de la noblesse n’existe plus, l’Église a changé de statut dans la société, et la charité, qui a changé de nature, a été répartie entre l’État et des initiatives individuelles, y compris catholiques.

À l’occasion de l’offre de foi et hommage à faire par les héritiers au suzerain des Essarts, on tenta d’obtenir de celui-ci la réunion des fiefs annexes en un seul hommage pour Languiller. Les héritiers soutinrent que la réunion en avait été faite au moment de l’acquisition de la terre de Languiller en 1745 (79). Mais devant la résistance du suzerain (plutôt de ses officiers probablement), ils cédèrent et la situation resta en l’état jusqu’au terme du régime féodal, qui n’allait pas tarder. Et il y eut bien entendu des vassaux qu’il fallut poursuivre pour faire respecter ses droits de rachats (en cas de mutation chez le suzerain). On a parfois dit que les gens de la contrée aimaient la chicane à l’époque. On ne sait pas, mais ce qui apparaît, c’est que ce droit féodal, à la fois contraignant et manquant parfois de sûretés, offrait des tentations à ceux qui voulaient s’en échapper. Il fallut attendre dix années après le décès du seigneur de Languiller et de la Rabatelière pour que le procureur fiscal voit la fin des reconnaissances de propriété. Dans une lettre de 1766 à l’avocat de la famille à Poitiers, il écrit : « Vous ferez bien monsieur de tirer un mémoire de tout ce qui peut vous être dû par la succession de feu monsieur Montaudouin et par ses héritiers par rapport aux différentes instances qu’ils ont eu, afin que je vous fasse payer pendant que nous avons des deniers communs à cette succession et à tous les copartageants. » (80).

Château de la Rabatelière
Le régisseur qui prit les rênes du château de la Rabatelière après le décès de René III Montaudouin s’appelait Edme Courtaut, surnommé Joigny. Il était sur place depuis les années 1730 et secondait le propriétaire. Ses gages annuels de régisseur étaient de 250 livres, auxquels s’est ajoutée une rente viagère de 150 livres par an, créée par René Montaudouin dans son testament. Il tint à ce titre le livre de comptes de la maison jusqu’en 1760. À partir de 1761 c’est le procureur fiscal qui prit la charge de régisseur, tout en gardant son emploi de notaires et de contrôleur des actes à Saint-Fulgent, Mathurin Thoumazeau, sieur de la Babinière (Saint-Georges-de-Montaigu). Il occupait au château de la Rabatelière un bureau au rez-de-chaussée « ayant vue sur le jardin, joignant le pavillon du côté de la basse-cour où est la grange et les toits à bestiaux ». Ses gages annuels de régisseur étaient de 360 livres en 1761, passant à 400 livres en 1773 (81). Il resta fidèle au poste jusqu’à sa mort en 1785. Après quoi il fut remplacé par son collègue et neveu, notaire à Saint-Fulgent, Claude Joseph Frappier comme fondé de pouvoir et procureur fiscal. Mais le propriétaire d’alors reprit lui-même la tenue des comptes et suivit de près un régisseur sur place nommé Lapierre (82).

À Languiller le fermier Nicolas Cailleteau est mort en 1755, la même année que René Montaudouin. Sa veuve, Jeanne Orion, continua le bail avec ses enfants, comprenant toujours la Chapelle de Chauché en même temps. Puis en 1759, le bail de la Chapelle fut consenti à part à un gendre de « maîtresse Cailleteau », comme on lit sur les comptes du régisseur, René Bossard, marié à Marie Anne Cailleteau. Cette appellation de « maître » était donnée par les métayers à leurs bailleurs, qu’ils soient propriétaires ou eux-mêmes fermiers. Elle signe le rapport de dépendance, ou plutôt de hiérarchie dans le Bocage vendéen, distinction à faire ici, dans les relations professionnelles, et non pas dans les rapports entre roturiers et nobles, contrairement à une confusion trop répandue. Plus tard, le fils de René Bossard, Pierre Nicolas Bossard, continuera le bail de la Chapelle. René Bossard fut agent de Chauché (maire) sous le Directoire, et un autre de ses fils, François Bossard, fut capitaine de la garde nationale de Chauché à fin 1791, puis président de la municipalité du canton de Saint-Fulgent en 1799 (d’obédience républicaine). C’est le fermier qui percevait les droits féodaux annuels faisant partie de sa ferme : cens, rentes et autres. Les lods et ventes (droits de mutations) étaient directement payés à la recette du château de la Rabatelière. En cas de problèmes sur ces droits, le fermier faisait appel au procureur fiscal de Languiller qui pouvait enclencher des procédures judiciaires contre les récalcitrants (83). À cette époque le procureur fiscal de Languiller était le même que celui de la Rabatelière, Mathurin Thoumazeau. En 1787 la ferme de Languiller s’élevait à 4 000 livres par an, dont 650 livres pour les terrages, 1 173 livres pour les rentes et devoirs féodaux et 2177 livres pour 5 métairies et le château (84).

En 1766 le bail de Languiller fut signé par le fils de Jeanne Orion, Pierre Cailleteau. L’année d’après les enfants vivant encore au château de Languiller avec leur mère Jeanne Orion mirent fin à leur communauté de biens meubles constituée entre eux : Pierre Cailleteau, sa femme Anne Roy, Louise Cailleteau (mineure qui épousera Joseph Basty), et Jacques Cailleteau (qui venait d’épouser Marie Bordron, cousine du premier maire de Saint-André, et venait de quitter Languiller). Ils ne possédaient pas les bestiaux des fermes de Languiller, mais le profit qui leur en revenait au jour du partage s’élevait à 1 557 livres. De plus ils en possédaient à la Brosse Veilleteau, au Plessis Cougnon et à la Chapelle de Chauché, pour 889 livres. Cela représentait un montant de 2 446 livres à partager entre eux. À quoi s’ajoutait une valeur de 280 livres de ferrures, outils, charrettes et charrues en commun. Pierre Cailleteau a acheté les parts de sa mère, de sa sœur Louise et de son frère Jacques (85). Son fils Pierre sera un républicain agent de Chauché en 1799 et maire orléaniste après 1830. Sa fille Adélaïde épousera un chef des armées vendéennes, Pierre Rezeau. Un autre fils, Pierre Louis, participa au soulèvement royaliste de 1814 contre Napoléon.  

Four à chaux (encyclopédie Diderot)
La tuilerie de la Vrignonnière près de Languiller appartenait à un particulier. En 1785 c’était Jeanne Marie Le Roy, veuve de Joseph Bousseau, sieur de la Robinerie, demeurant au bourg de Chauché. Elle l’afferma pour 7 ans cette année-là à Jacques Lord, tuilier demeurant à la Grande Renaudière, paroisse de la Gaubretière, remplaçant un nommé Guesdon. La ferme était de 75 livres par an pour la maison où logeait ordinairement le tuilier, le four à tuile et à chaux, le jardin et terres en dépendant. Il pouvait se fournir en bois de branchage des chênes têtards et des haies du champ voisin de landes appelé le Champ de la Pitière (86). La tuilerie a fourni des tuiles, des carreaux et de la chaux, notamment aux châtelains de la Rabatelière pour l’entretien des bâtiments dans les métairies et leurs logements, en particulier les travaux de grande réfection du logis de Languiller et du château de la Rabatelière. D’autres tuileries les fournissaient aussi, à la Brossette et à Guillerie (Chauché), alors que le four de la Parnière parait à l’époque dédié surtout aux poteries, comme on le voit dans les comptes du régisseur de la Rabatelière. On ne sait pas à quand remontait cette tuilerie de Languiller, au moins avant 1683, car elle est citée à cette date dans les confrontations d’une parcelle foncière du tènement de la Vrignonnière (87).

Jacques Lord, le tuilier de la Vrignonnière, était né à La Gaubretière où il s’était marié avec Marie Anne Bigot, Ils eurent trois enfants qui naquirent à la Vrignonnière (1789, 1791 et 1793). Jacques Lord est décédé à Chauché, au Boucholet, le 24 mars 1793 (vue 2/043), des suites de blessures reçues au combat de pont Gravereau (ou la Guérinière) le 20 mars 1793. Son épouse obtint une pension au titre de veuve d’ancien combattant (88). Elle avait déclaré alors être filandière, à Chauché, où elle est décédée le 26 octobre 1821 (vue 154/377).


Thomas René Montaudouin (1751-1802)


Il était le fils aîné de Nicolas Montaudouin, lequel était devenu, après la mort de son frère aîné René III Montaudouin, l’héritier principal de ce dernier. Quand Nicolas Montaudouin est décédé à son tour en 1762, son fils aîné n’avait que 11 ans. À l’âge de 22 ans on le voit émancipé d’âge lors de la signature d’un bail d’une métairie à la Roche de Chauché (acte dans le fonds Boisson), la majorité étant alors à 25 ans. C’est en 1779 que la famille procéda au partage de la succession de René III Montaudouin, sans sa sœur Marie Rosalie, épouse du comte de Monboucher, qui avait dû sortir de l’indivision auparavant avec une dot. Les copartageants étaient deux sœurs de René III (Elizabeth, marquise douairière de Grenédan, et Bonne, célibataire), la veuve de son frère Nicolas (Anne Montaudouin), les deux enfants de cette dernière (Thomas René et Thérèse), les trois enfants survivants du frère Thomas (Thomas, Patrice et Anastase), et les trois enfants de la sœur Marie Anne, épouse de Guichardy et du Dresnay (Guillaume Guichardy, Anne et Joseph du Dresnay). Les domaines étaient importants et la part de chacun fut conséquente, la grosse part allant au fils ainé suivant les règles de succession d’alors (article 289 de la coutume du Poitou). Et dans cette part de l’aîné, en indivision avec sa sœur, se trouvait Languiller, avec une grande partie des terres de la Rabatelière, dont le château (89). Le frère et la sœur ont d’abord laissé en indivision entre eux la succession de leurs parents, y mettant fin par un partage sous seing privé le 26 mars 1788.

Thomas René Montaudouin gérait à la Rabatelière, avec son régisseur, non seulement ses biens propres, mais aussi ceux échus à d’autres membres de la famille, comme la métairie de la Porcelière par exemple ou la Chapelle de Chauché. Dans un acte de 1786 il est ainsi présenté : « Nous soussignés Thomas René Montaudouin, seigneur de la Clartière, de Sainte-Croix, de Machecoul, des vicomtés et châtellenies de la Rabatelière, Jarrie, Raslière, Languiller, les Bouchauds, Coin Foucault et autres lieux, demeurant ordinairement en notre hôtel à Nantes, paroisse de Saint-Jean et Saint-Pierre ». Il habitait rue Chauvin près de la cathédrale. C’est son beau-frère, René de Martel, qui fit construire en 1883 l'hôtel Montaudouin ou des Colonnes (classé aux monuments historiques), sur l'actuelle place Maréchal-Foch. Son porche enjambe la rue Chauvin.

Thomas René Montaudouin avait épousé le 7 avril 1778 dans la paroisse Saint-Nicolas de Nantes Anastase Claire Montaudouin sa cousine germaine, fille de Thomas Montaudouin et d’Anastase Clarck. Deux ans plus tard, le 25 juillet 1780, sa sœur Thérèse épousa dans la paroisse Sainte-Croix René Elizabeth de Martel. Ce dernier mourut en 1786 à l’âge de 32 ans, laissant une fille qui mourut peu après.

Thomas René Montaudouin eut quatre enfants nés à Nantes (90) :
-          René Luc, baptisé le 6 mars 1780 à Sainte-Croix et décédé le 8 avril 1782 dans la même paroisse.
-          Thomas baptisé le 4 mars et décédé le 1e avril suivant (paroisse Sainte-Croix).
-          Thomas Pierre baptisé le 19 décembre 1785 et décédé le 10 mars 1791 (paroisse Saint-Jean)
-          Françoise baptisée le 14 février 1789 et décédée le 25 février 1791 (paroisse Saint-Jean)

Thomas René Montaudouin émigra, probablement en 1792 (91), et ses biens lui furent confisqués. Les bâtiments de Languiller subirent l’incendie d’une colonne militaire au début de 1794.

Les autorités propriétaires des biens nationaux, méfiantes, ne voulurent pas tenir compte du partage de leurs biens opérés en 1788 entre le futur émigré et sa sœur Thérèse, et les considérèrent toujours en indivision. Elles demandèrent en conséquence le 5 novembre 1796 à deux experts de refaire ce partage suivant les règles en vigueur sous l’Ancien Régime, pour être assurées d’entrer en possession de la totalité de la part des biens confisqués de Thomas René Montaudouin (en tant qu’aîné il avait droit aux 2/3, part dont la République ne voulait pas se priver). 

Procès-verbal d’estimation 
du château de la Rabatelière en 1797
À cet effet elles désignèrent pour représenter le département Étienne Sorin, propriétaire et juge à Montaigu. Thérèse Montaudouin désigna Jacques Rousseau, fermier à Chavagnes, pour la représenter. Ils firent l’inventaire et estimation des biens nobles et non nobles et en formèrent trois lots égaux, dont deux devaient revenir à la République, aux droits du fils aîné noble héritier. Le préciput (château de la Rabatelière et ses enclôtures d’une surface de 3 septerées selon la coutume du Poitou) s’ajoutait à la part de l’aîné. Le tirage au sort du 22 janvier 1797 attribua les deux lots revenant à la République et celui revenant à Thérèse Montaudouin. Languiller tomba dans la part de la République et fut vendu comme bien national. Le château, la borderie de la porte et le bois de Languiller furent adjugés le 18 pluviôse an 6 (6 février 1798) à René Fabre et Vincent Luminais demeurant à Nantes pour la somme de 420 200 F (92). L’estimation préalable qui en avait été faite 2 mois plus tôt indiquait : « Maison et borderie partie en ruine consistant en 5 chambres basses et hautes, dont 1 basse et 1 haute incendiées, la galerie, la gerberie, la grange et 2 pavillons aussi incendiés. Plus la haute cour avec la basse-cour auquel il existe la boulangerie, 2 écuries et des greniers au-dessus, 1 charnerie avec 1 chambre à cheminée au-dessus (le tout occupant une surface de 6 boisselées), plus jardin, charmille et terrasse renfermée de murs en partie carrelée (11 boisselées). Les terres totalisaient 218 boisselées (26,5 ha) en 18 champs, les 4 prés totalisaient 162 boisselées (19,7 ha) dont l’ancien étang en nature de prairie de 110 boisselées (13 ha), puis un petit étang de 3 boisselées. Le bois de Languiller occupait une surface de 700 boisselées (85 ha) en taillis et futaie (93). Les autres métairies dépendant de Languiller autrefois furent aussi vendues, mais séparément. Étienne Sorin, l’expert pour le compte des autorités révolutionnaires, devint après les ventes des domaines par le département, fondé de pouvoir de la châtelaine de la Rabatelière (voir sa biographie dans le dictionnaire des Vendéens).

René Pierre Forestier acquit vers le début des années 1800 de Fabre et Luminais le logis de Languiller avec sa borderie et le bois de Languiller (94). Il possédait la Parnière (Brouzils) et avait épousé le 4 juillet 1785 à Chauché Marie Anne Cailleteau, fille de Pierre Cailleteau et d’Anne Roy évoqués plus haut, anciens fermiers de Languiller. Elle était née à Languiller en 1759 et mourut à la Parnière en 1803. De la fille du fermier général elle était devenue la femme du propriétaire ! Son mari René Forestier étant un « pataud » (bourgeois républicains) poursuivi par les révoltés vendéens, elle dû le suivre dans son refuge de la Chapelle-Thémer dans la plaine du sud Vendée pendant la guerre de Vendée, où elle mit au monde deux de ses enfants en 1795 et 1796.

La belle-famille de René Forestier, les Cailleteau de Languiller, nous donne un exemple d’engagements politiques opposés pendant la guerre civile : un fils maire républicain de Chauché (Jean Marie), l’autre soldat aux Cent Jours pour le roi (Pierre Louis), une fille qui épouse un chef des armées vendéennes, Pierre Rezeau (Adélaïde). De plus, Languiller servit de refuge en 1795 à l’abbé Brumault de Beauregard, vicaire général de l’évêque de Luçon en exil. Avec lui se trouvaient alors trois infirmières, une religieuse, deux dames nobles et un jeune enfant. Mais ayant été repérés ils durent prendre la fuite. Dans ses mémoires monseigneur de Beauregard (devenu évêque d'Orléans) cite les « fermières » qui avaient accueilli les réfugiés. Il s’agit d’Anne Roy et ses filles (95). 

La veuve Cailleteau avait acheté en 1792 par adjudication la métairie de la Coutinière à Chauché pour un peu plus de 14 000 livres. Prétendant avoir été trompée, elle réclama une nouvelle adjudication, où la métairie fut adjugée à plus de 9 000 livres à quelqu’un d’autre. Elle devait néanmoins payer au département la différence, soit 5 000 livres, mais elle voulut avoir la faculté de payer dans 12 mois, comme les acquéreurs de biens nationaux. Le département refusa sa demande et elle porta l’affaire devant le tribunal civil de Montaigu. Le commissaire du roi était Jean Victor Goupilleau, le frère du député jacobin. Il fit suspendre la décision du tribunal, pensant que le département avait mal interprété la loi, et saisit la Convention à Paris en en informant son frère, l’un de ses membres (96). On ne sait pas la suite donnée à cette intervention.

En 1797, Anne Roi acheta la métairie du bourg de Chauché et ses dépendances, plus une maison dans le bourg et ses pièces de terre en dépendant, deux rentes et une gîte, moyennant le prix de 7 600 F. Elle l’acheta en communauté avec ses enfants demeurant avec elle à Languiller, Jean Marie Cailleteau, Aimée Adélaïde Cailleteau, et Louis Pierre Cailleteau. Sa fille Anne Louise Cailleteau, veuve d’Augustin Beneteau, s’ajouta à la communauté pour en acheter la valeur d’un dixième (97).

Revenu d’émigration, René Thomas Montaudouin a été radié de la liste des émigrés le 22 novembre 1801. Il prêta entre les mains du préfet de Loire-Atlantique le serment prescrit par le sénatus-consulte de fidélité à la République. Nous avons une lettre de sa sœur, non datée, au ministre de la police générale, où elle fait état du « dérangement de sa santé et de sa fortune (qui) le met dans une position pénible et digne de pitié » (98). Il avait alors 50 ans, indiquant comme profession : agriculteur. Ruiné et malade, il enterra sa femme le 20 floréal an 10 (10 mai 1802) à Nantes. Lui-même est mort le 28 vendémiaire an 11 (20 octobre 1802), à son domicile de la rue Chauvin, proche de la place de la Liberté à Nantes (99).


(1) Vidimus faits en 1664 des titres de propriété du seigneur de la Rabatelière, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 49, page 88.
(2) Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, 2e édition, T 3, 1905. Voir Gallica : Identifiant : ark:/12148/bpt6k6560296n, page 506 pour du Fou et page 278 pour Eschallard.
(3) P. Marchegay, Recherches historiques par canton, Archives de Vendée, annuaire de la société d’Émulation de la Vendée, 1858, page 136 (vue 70).
(4) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605, Archives de Vendée, Travaux de G. de Raignac : 8 J 101, page 72 et s.
(5) Sentence du 25-2-1700 sur le droit de sépulture à la Chapelle, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière, seigneurie de la Chapelle Begouin : C 84.
(6) Note no 5 sur le Coin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(7) Laurent Blanchard, À La Rochelle, entre sa foi et son roi, Monsieur de Loudrière (c.1580-1628), Éditions Ampelos, 2018.
(8) R. Valette, Essais d’épigraphie vendéenne, Revue du Bas-Poitou, 1896, page 401, vue 17.
(9) La Vendée au temps des guerres de religion, éditée par M. N. Baudouin-Matuszek, Éditions du CVRH, 2013, page 293.
(10) A. de Goué, Le démantèlement de Montaigu (1581-1588), Revue du Bas-Poitou, 1910, page 49, vue 28.
(11) Ibidem, page 399.
(12) Ibidem, page 403.
(13) Idem (8).
(14) Idem (2).
(15) B. Fillon et O. de Rochebrune, Poitou et Vendée études historiques et artistiques, réimpression de Laffitte en 1981 de l’édition de 1887, T. 1, page 66, 67 et 68.
(16) B. Fillon et O. de Rochebrune, Pasteurs de l’église réformée de Fontenay, pages 79 et 86, dans « Poitou et Vendée, études historiques et artistiques », réimpression par Laffitte en 1981 de l’édition originale de 1887.
(17) Aveu 6-8-1616 de René Voyneau à Languiller pour la 1/2 des terrages de Puyravault et la Vallée, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 5.
(18) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière, dossier de Linières : 150 J/C 17.
(19) Eugène Haag, La France protestante, (1853) T 4, page 543.
(20) Idem (16).
(21) Idem (15).
(22) Journal d’un capitaine huguenot Paul de Vendée, Éditions Ampelos, 2012, édition originale 1880, note de la page 135. 
(23) Ferme de Languiller du 24-7-1622 de Marie Hurault à Daviceau, Archives de Vendée, notaire Jehan Robert : 3 E 37/301, année 1622, vue 300/637.
(24) Note no 31 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(25) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 41, 83, 84, 111, 132, 140 et 144.
(26) Idem (7), page 45.
(27), Maurice Maupilier, Trois aigles d’azur au cœur profond de la Vendée, histoire de Mareuil-sur-Lay, Le cercle d’or Jean Huguet, 1979.
(28) M. C. Verger, aveu de Poiroux du 24 juin 1642, Archives de Vendée, société d’émulation de la Vendée, 1881, page 9 (vue 26).
(29) Colbert de Croissy, État du Poitou sous Louis XIV : Rapport au roi et mémoire sur le clergé ... publié en 1865 par Dugast-Matifeux, page 111 (publié dans Gallica.fr).
(30). E. de Monbail, Notes et croquis sur la Vendée, Laffitte Reprints à Marseille, réimpression en 1978 de l’édition de 1843, page 40.
(31) G. de Raignac, Dépouillements d'archives publiques et privées concernant les familles vendéennes, vol. 12, 8 J 103, pages 85 et 86.
(32) Les seigneurs de Puy Greffier, Archives du diocèse de Luçon, fonds Boisson : 7 Z 18-2.
(33) Revue des provinces de l'Ouest (Nantes) A. Guéraud (Nantes) 1854, n° 1, 6e année, page 206.
(34) Notes no 35 et 37 sur Languiller à Chauché, Archives d'Amblard de Guerry : CH 3.
(35) Journal du Palais, Maximilien Eschallard contre duché de Thouars, 1686, 10e partie, pages 145 à 150.
(36) Jérôme Biteau, Mémoire en images le canton des Essarts, éditions Sutton, 2010, page 33.
(37) Gaston Zeller, Les Institutions de la France au 16e siècle, PUF, 1948, page 198.
(38) Charles de Chergé, Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, l’Etang, 1872.
(39) Archives de Vendée, société d’émulation de la Vendée (1876), C. Gourraud, Notes historiques sur Chavagnes, la Chardière : page 140 vue 52. Cet auteur attribue l’anoblissement à André Le Geay, fils de Pierre. Nous retenons la thèse de G. de Raignac l’attribuant à Pierre.
(40) Sentence du 25 juin 1652 de Pierre Moreau, sieur du Coudray et sénéchal de Languiller pour l’exécution de saisies. Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : J 150/A 12-1.
(41) Notes no 39 à 41 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(42) Ibidem, et note no 42. Et mémoire vers 1683 sur la vente frauduleuse de 2 rachats par C. Le Geay, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 44.
(43) Mémoire du 20-1-1683 de P. Chitton au parlement de Paris, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 49, page 5.
(44) Et mémoire vers 1683 sur la vente frauduleuse de 2 rachats par C. Le Geay, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 44.
(45) Déclaration roturière du 27-2-1701 des Landes Gâteaux (Essarts), par Anne Merland à Languiller, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-1, page 1.
(46) Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles de Poitou, 2e édition, T. 2, 1895, famille Chitton, pages 479 et s.
(47) G. de Raignac, Dépouillements d'archives publiques et privées concernant les familles vendéennes, vol 12, Archives de Vendée : 8 J 101.
(48) Contrat de mariage du 5-7-1628 de Pierre de la Bussière avec Anne Chitton, Archives de Vendée, Fonds Mignen : 36 J 357.
(49) Mémoire du seigneur de Languiller sur la chapelle de Fondion, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 66.
(50) Idem (46).
(51) Chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11, pièce 59, lettre du 12-12-1686 de Labergeril à Philippe Chitton, prévôt général du Poitou, pour dénoncer deux déserteurs, affaire Guillaume Moreau.  
(52) Chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11, sentence du 23-5-1698 du présidial de La Rochelle, condamnant Masson à payer à Chitton la moitié des terrages du fief de la Chemillière (Essarts).
(53) Philippe Ariès, L’homme devant la mort, Seuil, 1977, page 105.
(54) Mémoire en avril 1750 de Gourdin contre les Montaudouin et Brillac, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 23, procédure la Martinière. Et ibidem : avis du 15-12-1746 en faveur des Montaudouin.
(55) Lettre du 26-10-1746 de Montaudouin à Gaschet, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 23. Le présidial siégeait dans le palais des comtes de Poitiers, témoignage médiéval du style
architectural du gothique angevin, reconstruit en partie au temps du duc Jean 1er de Berry. Le donjon, ou tour Maubergeon, eut une fonction de palais de justice dès le 13e siècle (J. C. Cassard, 1180-1328, L’âge d’or capétien, Gallimard, Folio histoire de France, 2021, page 433).
(56) Chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 14, attestation de présence aux Essarts du 26-6-1683 de Boursaud procureur de Philippe Chitton.
(57) Visite du 18-8-1763 et inventaire des réparations à faire au château de Languiller, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/3. Et travaux à Languiller, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K6.  
(58) Note no 53 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(59) 150 J/A 11, pièce 92, affaire du chemerage de la seigneurie des Bouchauds à la Vrignonnière et Ansonnière.
(60) Contrat de mariage du 28-11-1665 de Philippe Chitton avec Bénigne de la Bussière, Archives de Vendée, Fonds Mignen : 36 J 357.
(61) 150 J/A 12-5, assignation du 27-11-1700 pour le bornage des terres avant l’assèchement du grand étang de Languiller.
(62) 150 J/C 68, partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 27.
(63) Contrat de mariage de Pierre René de Vaugiraud et de Madeleine Françoise Chitton du 20-1-1732, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille de Vaugiraud : 22 J 1.
(66) Requête du 1-7-1747 contre les Brillac pour reprendre le procès, ibidem : 150 J/F 23.
(67) Note no 64 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(68) Livre des recettes et dépenses du château de la Rabatelière d’août 1787 à février 1789 tenu par René Thomas Montaudouin, page 27, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(69) A. Perret, René Montaudouin, armateur et négrier nantais (1673-1731), Nantes 1949, brochure aux Archives départementales de Loire Atlantique.
(70) 150 J/K 2, livre des recettes et mises pour Mme la douairière (1736-1749), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière.
(71) Les Montaudouin, arbre généalogique de René III Montaudouin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(72) 150 J/K 3, livre des recettes et dépenses (1735-1755), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière.
(73) 150 J/K 6, livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, 2e et 8e feuille non paginée à la fin du registre.
(74) 150 J/E 37, ferme du 28 mai 1752 de la terre de Languiller, et estimation des bestiaux du 26 avril 1753 de la terre de Languiller (avec des notes de renouvellement).
(75) Offre de foi et hommage du 4-2-1755, par Thoumazeau, de Languiller aux Essarts, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E 27. 
(76) Minu du 26-10-1751 de Nicolas Montaudouin au roi pour des domaines et droits du fief de la Clartière. Et minu du 23-11-1751 de Montbourcher au roi pour la ½ de la forêt d’Hiré et fief Morblé, Archives de Loire-Atlantique, titres de famille avant 1790, 3e série Montaudouin : 2 E 3505.
(77) 150 J/E 27, lettre du 28-12-1754 de F. Beaupré à Thoumazeau sur les services religieux et le droit de rachat.
(78) Les Montaudouin, testament du 28 et 29 novembre 1754 de M. Montaudouin de la Rabatelière, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(79) 150 J/E 27, procuration du 1-2-1755 de Nicolas Montaudouin à Thoumazeau pour l’hommage de Languiller, et offre de foi et hommage du 4-2-1755, par Thoumazeau, de Languiller aux Essarts.
(80) 150 J/E 27, lettre du 31-8-1766 de Thoumazeau à Gaschet.
(81) Rabatelière, administration et prix de produits de base, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 58-8.
(82) 150 J/I 55, recettes et dépenses du château de la Rabatelière de septembre 1785 à avril 1786, page 10.
(83) Amortissement du 28-3-1761 d’une rente foncière due à M. de Montaudoin, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/3.
(84)  150 J/I 55, livre des recettes et dépenses du château de la Rabatelière d’août 1787 à février 1789 tenu par René Thomas Montaudouin, page 24.
(85) Partage du 29-7-1767 de la communauté Cailleteau à Languiller, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119.
(86) Lieux-dits de Chauché, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2, page 1.
(87) 150 J/F 28, déclaration roturière du 12-3-1683 de Catherine Javelle à Languiller (Philippe Chitton), à cause des seigneuries de Languiller et des Bouchauds, de domaines situés au village et tènement de la Vrignonnière-Girardeau, page 1.
(88) Archives de Vendée, pensions aux anciens combattants et veuves : SH XU 39-5 – XU 39/8 vue 6/7 ; aussi XU 39-6 vue 1 et 39-8 vue 6/7 n° ordre 751). Informations communiquées par M. Joseph Gris en octobre 2020.
(89) Partage de succession Montaudouin arrêté le 29 octobre 1779, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(90) Ibidem fonds Boisson : 7 Z 64, les Montaudouin, arbre généalogique de Thomas René Montaudouin
(91) Notes intitulées : À la Rabatelière en décembre 1793, dans Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 46-2, les débuts de l’insurrection et l’année 1793.
(92) 150 J/C 68, adjudication du château, borderie et bois de Languiller du 18 pluviôse an 6.
(93) 150 J/C 68, estimation du 24 frimaire an 6 du château et borderie de Languiller avec ses bois.
(94) 150 J/C 68, jugement du 15-7-1812 du tribunal de Napoléon-Vendée contre Forestier.
(95) Georges du Tessay, Histoire des moines et des évêques de Luçon (volume 3), p. 411. Information donnée par Monsieur Joseph Gris en octobre 2020.
(96) Lettre de J. V. Goupilleau du 24-2-1793 dans M. Ehlermann-Gandrillon, L’Aveuglement. Lettres du révolutionnaire vendéen Jean Victor Goupilleau 1791-1795, Éditions du CVRH, 2023, page 271.
(98) Ibidem fonds Boisson : 7 Z 64, les Montaudouin, lettre de Mme de Martel au ministre de la police.
(99) Idem (86). Et extrait d’acte de décès de Thomas René Montaudouin du 20-10-1802, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 9.

Emmanuel François, tous droits réservés
Juin 2020, complété en mars 2024

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