Les Eschallard (1604-1650)
L’aveu en
1605 de Languiller aux Essarts par Marie du Fou (v1550-1612)
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E. de Monbail : château de Mareuil
(lithographie 1843)
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Marie du Fou acheta les seigneuries de Belleville,
Languiller et ses fiefs annexes en juin 1604 d’Emmanuel des Prez dit « de
Savoie » (1). Elle était alors veuve de Charles Eschallard, après l’avoir
été de René de Talensac. Elle
possédait en propre les terres et seigneuries de Champdolent (Charente-Maritime) et Gauvinière.
Elle acquerra les baronnies de Mareuil et Vieille Tour de Louis Suriette le 2
mai 1605 (2). En 1595 elle avait acheté les 2/3 des Pacaudières. Et elle
avait l’usufruit des biens de son mari, Tour d’Oyré (Vienne), Châteaumur et la
Boulaie (à Saint-André-Treize-Vents) principalement. Riche, énergique, habile et lettrée, ainsi la qualifie
l’historien Paul Marchegay (3). Elle était en outre considérée non seulement
parmi ses coreligionnaires, mais aussi chez les catholiques. De nos jours sa
réputation a pris un autre tour comme on peut le voir sur internet, un vigneron
de Mareuil donnant son nom à une cuvée. Il faut dire qu’elle a partagé son
temps entre Fontenay et Mareuil à la fin de sa vie, Languiller à Chauché ne
comptant pour elle qu’à titre de placement de sa fortune.
Après l’achat de Languiller, Marie du Fou avait dû
faire sa foi et hommage au seigneur dont la seigneurie relevait, la baronne des
Essarts, dans un délai inférieur à un an et un jour suivant la coutume du
Poitou. Par l’acte de foi et hommage, Marie du Fou reconnaissait tenir d’elle la
seigneurie de Languiller avec ses fiefs annexes. Et dans un délai de quarante
jours après la foi et hommage, elle devait lui faire son aveu et dénombrement. Son
aveu, daté du 2 juillet 1605, a été rendu au nom de Marie du Fou par Abel
Pineau, son sénéchal de Belleville, auquel elle a donné procuration devant
Maurice Normandin et Daniel Varenne, notaires de la baronnie de Mareuil, le
même jour 2 juillet 1605. L’original de l’aveu est un cahier de parchemin de
quarante pages. Il a été rédigé en recopiant un dénombrement antérieur des
environs de 1550, fait par Claude de Belleville au seigneur des Essarts. C’est
ce que nous explique son transcripteur, G. de Raignac, qui a reproduit le texte
dans ses notes de travail (4).
Nous avons 2 copies d’un autre texte de projet d’aveu
portant la même date du 2 juillet 1605 pour le Coin Foucaud, et dont les noms
des personnes citées situent aussi le texte « dans les environs de
1550 », comme l’a écrit Guy de Raignac dans sa transcription de la 3e copie de l’aveu de
Languiller qui a été rendu. Or dans les archives de la Chapelle Begouin, on voit citée dans une
sentence arbitrale entre les seigneurs de
Languiller et de la Chapelle rendue par Percheron le 25 février 1700, une pièce
avec l’indication suivante : « Le présent dénombrement (pour la Chapelle, vassale de Languiller) rendu de ladite seigneurie de Languiller
par Claude de Belleville, écuyer seigneur baron dudit lieu, à la baronnie des
Essarts en l’année mil-cinq-cent-cinquante, et en le dix-huit de mars »
(5). Ce 18 mars est la date probable précise qui manquait à Guy de Raignac au
moment de sa transcription de l’aveu de Languiller. Et des indices concordants
vont dans le même sens pour dater les 3 copies de projet de l’aveu du Coin
Foucaud, pour la dernière fois celui-ci séparé de celui de Languiller, au 18
mars 1550. Pour des dénombrements aussi importants, la technique de la copie
d’un texte antérieur de près de 50 ans parait osée. Elle a été employée par le
sénéchal de Belleville, mal placé pour connaître les noms de lieux et de
personnes, laissant des blancs parfois. On se demande pourquoi en 1605 on
rédigea 3 projets d’aveu de présentations différentes.
Il existe un 4e projet de l'aveu du Coin Foucaud en
1605 connu seulement par les notes d’Amblard de Guerry, prises dans un
manuscrit d’un chercheur du 19 siècle, Charles Gourraud, qu’on n’a pas
retrouvé. Ce manuscrit puise lui-même ses informations dans un gros cahier de parchemins en mauvais
état au 19e siècle, le cartulaire du Coin Foucaud et du fief Goyau,
disparu lui aussi probablement (6). Pour
cela cette 4e copie semble la plus fidèle à la situation de 1550 et
la plus authentique. Elle indique un
droit de terrage à Saint-André partagé à moitié entre le seigneur de Languiller
et le prieur de Saint-André dans 10 villages de la paroisse. Dans les autres
copies de projet, celui
officiellement rendu, et dans les aveux postérieurs, le droit de terrage va
entièrement au seigneur. Il apparaît donc comme probable, à travers ces copies
différentes, que ce changement du droit de terrage est intervenu dans la 2e
moitié du 16e siècle, c’est-à-dire pendant les guerres de religion,
et alors que le seigneur de Languiller, Jules de Belleville, était un protestant
très engagé.
Marie du Fou et Charles Eschallard
Marie
du Fou était la fille de François du Fou et Louise Robertet. François du Fou était
baron de Vigean, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et chambellan de
Monsieur, frère du roi. Il fut aussi gouverneur et capitaine de la ville et
château de Lusignan en 1531. Chef influent du parti huguenot, il rejoignit le
prince de Condé à Orléans, mais il fut chargé plus tard par Charles IX
d'obtenir la soumission des Rochelais, qu’il ne put aboutir. Il fit son
testament avec sa femme le 19 décembre 1573, dans lequel ils partagèrent leurs
biens entre leurs trois filles, et il mourut avant le 26 octobre 1581. Il avait
épousé en 1540 Louise Robertet, fille de Florimond, baron d'Alluye, trésorier
de France et secrétaire des finances des rois Charles VIII Louis XII, et
François Ier, et de Michelle Gaillard de Longjumeau. Louise Robertet et
François du Fou eurent :
l°
Madeleine, qui épousa d'abord, le 6 février 1551, René de Montberon, baron
d'Archiac, puis, le 12 décembre 1559, François de Pons, chevalier baron de
Mirambeau ;
2°
Louise, mariée le 5 février 1512 à Joachim de Saint-Georges, marquis de Vérac
et baron de Couhé ;
3°
Marie, qui épousa d'abord, en 1577, René de Talensac, chevalier seigneur de
Loudrière, dont elle eut René, qui épousa en 1605 Françoise de Coligny,
petite-fille de l’amiral. La biographie de ce fils de Marie du Fou vient de
faire l’objet d’un livre récent (7). Celle-ci eut aussi une fille de son
premier mariage, Louise de Talensac, qui épousa le seigneur de Vieillevigne,
Rocheservière, Grand-lieu, Bouin, René de La Lande. Marie du Fou se remaria au
temple de la Rochelle le 30 décembre 1585 avec Charles Eschallard, chevalier
seigneur de la Boulaye à Saint-André-Treize-Vents.
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Henri III
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Le 3
juillet 1586, le roi Henri III écrivit à Louise et à Marie, ainsi qu'à leur
mère, leur donnant jusqu'au 31 décembre pour obéir à ses édits. Comme son mari,
Marie du Fou était une protestante zélée, et le restera, bravant l’injonction
royale de rejoindre le camp catholique. Le
mari de Marie du Fou, Charles Eschallard était un des meilleurs officiers du
roi de Navarre. Quand celui-ci obtint la capitulation de Fontenay-le-Comte en
1587, il lui confia le poste de gouverneur de la ville pour le compte des
protestants (7). Il y eut longtemps une plaque commémorative des réparations
effectuées par le gouverneur à la grosse tour du Pont Neuf à
Fontenay : « Dieu
me saura défendre. En l’an 1592 Charles Eschallard, seigneur de la Boulaye,
lieutenant pour le roi en cette ville et Bas-Poitou me fit refaire. » (8).
Le roi Henri IV le traitait en ami.
Les
ancêtres de Charles Eschallard, de la branche de la Boulaye, remontent à
Guillaume, marié à Florence Baudouin au milieu du 13e siècle. Le
père de Charles fut Honorat Eschallard, seigneur de la Boulaye, Maillé,
Barre-Sanglier, Tour d’Oiré et baron de Châteaumur, qui épousa Lucrèce de
Puyguyon. Une sœur de Charles, Renée, fut fille d’honneur de la reine de Navarre.
Charles Eschallard fut vice-amiral de Guyenne et gouverneur de
Fontenay-le-Comte et du Bas-Poitou de 1587 à 1594. Il fut fait chevalier de
l’ordre de Saint Michel par le duc d’Anjou en 1568. Il était capitaine de 50
hommes d’armes et conseiller du roi en son conseil privé.
Pendant les guerres de religion dans le camp
protestant Charles Eschallard participa à la prise du château de Montaigu à la
mi-mars 1580 et en fut nommé le commandant (9). Mais il dut le remettre au
début de l’année 1581 à Charles du Bourget, gouverneur de l’Anjou, commissionné
le 27 janvier 1581 à cet effet par le duc d’Anjou, frère du roi et du parti de
la ligue. Dans ses négociations à Fleix le 26 novembre 1580 avec les
protestants, ce dernier avait exigé la remise du château de Montaigu à ses
propriétaires (duc de la Trémoïlle) après qu’on eut rasé ses fortifications (10).
En octobre 1585 Condé envoya à Angers assiégé un renfort de près de 1 000
hommes à cheval sous le commandement de d’Aubigné, de Charles Eschallard et du
comte de Laval (11). En 1588 le roi de Navarre, partant de Luçon, vint à
Bournezeau où il joignit Charles Eschallard et sa compagnie de gendarmes, très
brillante alors, et la compagnie d’arquebusiers à cheval du capitaine de Nesde.
De Bournezeau ce corps coucha aux Essarts, où le roi apprit la retraite du duc
de Mercœur (du camp catholique adverse et propriétaire du château des Essarts),
ainsi que le placement du régiment de Gersay à Monnières (près de Nantes). Cela
détermina le prince à partir le lendemain de très bon matin, afin de surprendre
ce régiment. Passant par Montaigu, il emmena avec lui la garnison alors tenue
par des protestants. Puis il attaqua Nantes (12). Charles Eschallard mourut le 5 juin 1594. Sa tombe
était dans l’église de Saint-André-de- Treize-Vents qui fut démolie en 1861, et l’inscription gravée sur une
plaque de plomb a disparu lors de la reconstruction de l’église (13).
Avec
Marie du Fou il eut 7 enfants : Philippe, Suzanne (baptisée au temple de
la Rochelle le 26 avril 1587 avec pour parrain Henri de Bourbon, roi de
Navarre), François (baron de Champdolent, gouverneur de Marans en 1619, mort
sans enfant de Louise Constant dame de Chaliers), Claude, Madeleine, Catherine
et Antoinette (mortes jeunes). Par ses mariages et ceux de ses enfants, Marie
du Fou entretint de puissantes relations dans le royaume, avec Gabrielle
d’Estrées, maîtresse en titre du roi et sa tante, les Coligny, les Châtillon,
les Orange-Nassau (Stathouders des Pays-Bas) et les La Tremoïlle (duc de
Thouars).
Marie
du Fou reçu des aveux pour Languiller jusqu’en 1611 dans le chartrier de la
Rabatelière, et mourut 12 août 1612 au château de Mareuil (14).
Philippe Eschallard (v1586-1616)
et Marie Hurault
Philippe
Eschallard eut Georges Thompson
comme précepteur à Fontenay, un prédicateur protestant venu renforcer le ministre
du culte calviniste sur place, de La Vallade (15). Dans sa minorité le poste
de gouverneur de Fontenay fut immédiatement attribué par Henri IV à un autre
chef protestant, François de la Nouhes (16). Puis Philippe Eschallard fut guidon (premier officier), puis enseigne, puis lieutenant de la
compagnie de 200 gendarmes de la reine Marie de Médicis. Il mourut à Loudun le
13 avril 1616 à l’âge d’environ 30 ans (Beauchet-Filleau) d'une pleurésie (16), ou après le 6 août
1616 selon l’aveu 6 août 1616 de René Voyneau à Languiller pour la moitié des
terrages de Puyravault et la Vallée aux Essarts (17). Mais s’il s’agit d’une
copie de texte antérieur, ne permettant pas d’en tirer une conclusion certaine.
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Duc de Sully
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Il s’était
marié avec Marie Hurault en 1604, mais Marie du Fou continuait de recevoir des
déclarations pour Languiller au nom de son fils jusqu’en 1611. Marie Hurault prendra
la suite de sa belle-mère peu de temps après à cause de la mort du fils, et
reçu des déclarations de 1616 à 1627 (de manière attestée dans le chartrier de
la Rabatelière), puis géra Languiller probablement jusqu’en 1630 (18), voire
1653, comme on le verra plus loin, pour le compte de son fils. Elle était la
fille de François Hurault de Cheverny de Vibraye, seigneur de Chateaupers (Famille Hurault branche
des seigneurs de Veuil et du Marais), et de Rachel de Cochefilet. Devenue veuve
vers 1550, celle-ci se remaria avec Maximilien de Béthune, duc de Sully (le
célèbre surintendant des finances d’Henri IV). Avec Philippe Eschallard, Marie
Hurault eut : Maximilien, Louise (née en 1612, mariée en 1636 à Gabriel de
Quesnel marquis d’Alègre, sans enfants), Marie et Marguerite (religieuses). L’une
de ces dernières aurait été religieuse par lettre de cachet (19).
Marie Hurault habita à Fontenay au début de son veuvage. Elle
conserva le titre de gouvernante de la ville pendant la minorité de son fils,
qui lui fut confirmé par le roi, espérant ainsi la détacher du parti huguenot. Un
renfort de 50 hommes d’armes lui fut promit, mais qu’elle refusa (20). Calviniste zélée elle joua un double jeu, aidant officiellement à la pacification entre catholiques et
protestants dans la ville, donnant quelques fêtes où elle invitait des personnes
influentes des deux partis. En sous-main elle prenait une part active aux intrigues
des Rohan. Le synode provincial des protestants se rassembla en 1620 dans sa
demeure (21). Louis XIII finit par nommer à sa place le comte de la Rochefoucault, c’était
fait le 31 octobre 1621 (22).
Marie Hurault afferma Languiller le 4
juillet 1622 : « Marie Hurault, dame de la Boulaye, veuve de Philippe
Eschallard, seigneur de la Boulaye, la Tour d'Oiré et Languiller, gouverneur
pour le roi en cette ville et château de Fontenay, tutrice de leurs enfants,
afferme pour cinq ans à Michel Daviceau, sieur du Chiron, fermier de la terre
et seigneurie de Languiller paroisse de la Chapelle de Chauché, y demeurant, les maisons
nobles, terres et seigneuries de Languiller, Coing Foucault et les Bouschaux,
dont il jouit à titre de ferme, pour 2 100 livres par an » (23). Puis le
31 mai 1627, Marie Hurault, demeurant à
la tour d’Oyré, paroisse d’Availles-en-Châtellerault (Vienne), afferme la terre
de Languiller et dépendances à Jacques Coupé sieur de la Maigrière demeurant au
bourg de Saint-Fulgent et à Jacques Moreau sieur du Coudray demeurant au bourg
de Saint-André mandataire de François Moreau sieur de la Treille son père (24).
Après le décès de ce dernier Jacques Moreau continua la ferme de la seigneurie
de Languiller avec son frère René, puis seul après le décès de ce dernier. En
tant que fermiers Jacques et René Moreau ont peuplé l’étang de Languiller les 2
décembre 1637 et 26 mars 1638. La dernière ferme de Jacques Moreau est datée du
7 juin 1643 et il mourut l’année suivante. Ensuite son frère Pierre Moreau,
prieur de Saint-André-Goule-d’Oie, continua la gestion de la ferme jusqu’à son
terme au nom de ses neveux héritiers de leur père. Investisseur et brasseur
d’affaires, le prieur la reprit à son nom ensuite. À ce titre il paya le
montant de 1 600 livres par an de 1648 à 1653 à la dame de la Boulaye, Marie
Hurault. Mais il la sous-affermait, comme on le voit dans un bail du 11 mai
1646 signé pour 3 années à un nommé Fulneau (25). La terre et seigneurie de
Languiller fut vendue en 1650 à Pierre Le Geay, mais le bail en cours fut
continué jusqu’à son terme en 1653 avec l’ancien propriétaire. La baisse du
prix de la ferme de 2 100 livres par an en 1627 à 1 600 livres en 1648 (année
dont on connaît le bail) n’est pas explicable en l’absence des textes des baux
eux-mêmes, le premier élément à prendre en compte étant leur périmètre.
Maximilien Eschallard (1612-1683)
Il posséda, à l’âge de 4 ans,
l’office de gouverneur et capitaine de Fontenay, à la
suite de son père, les emplois publics étant souvent héréditaires. Mais alors
son oncle, René de Talensac, remplissait la fonction avec le titre de
lieutenant. Fontenay-le-Comte était à cette époque une place laissée aux
protestants, et c’est l’assemblé des protestants siégeant à La Rochelle qui
confirma cette nomination en avril 1616 (26). Maximilien
Eschallard fut marquis de la Boulaye, maréchal des camps
et armées du roi (titre honorifique pour un général) et
conseiller en son conseil d'État. Il épousa le 23 janvier 1633 Louise de La
Marck (27), fille et héritière d’Henri-Robert, comte de Braines, duc titulaire
de Bouillon en 1633. Il prit une part active à la Fronde. Dans son rapport,
Colbert dit de lui qu’il était catholique (converti en 1645) et qu’il avait
30 000 livres de rentes en fonds de terre dans le Poitou » (28). Il
ajoute : « Il
est un des plus intéressés et échauffés au dessèchement des marais du Poitou.
Il a épousé la fille du duc de Bouillon La Marck, qui a été seule cause qu'il a
pris le méchant parti pendant les premiers troubles (Fronde). De ce mariage il
a deux enfants : l'aîné adopté par ledit feu seigneur de Bouillon, qui lui a
fait porter le nom de comte de La Marck, qui a épousé une Saveuse, de laquelle
il a eu de grands biens ; mais ils sont présentement séparés. Le second est
appelé le chevalier de la Boulaye (Henri Louis). La terre et seigneurie de
Pierrefitte, élection de Thouars, de 3 000 livres de rente, lui appartient ; la
Tour aux Poupaux, qui est dans le Châtelleraudais, et la Tour d'Oiré, en la
même élection ». Maximilien Eschallard eut aussi 4 autres enfants, mais
l’aîné, Henri Robert comte de La Marck et de Braines, prince
de Jamets et de Florange, marquis de la Boulaye, mourut à la bataille de
Consarbrek (près de Trèves) en 1675.
Pendant les troubles de la Fronde le prévôt des marchands
et les échevins de Paris donnèrent commission à Maximilien Eschallard, le 9
janvier 1649, de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre
de l'amener dans la capitale. Il s'empressa d'obéir, et devint l'un des chefs
les plus turbulents de la Fronde. On connaît le procès qui lui fut intenté, en
décembre de la même année, pour avoir voulu faire assassiner sur le Pont-Neuf
le grand Condé, que les énergumènes du parti accusaient de tiédeur. Le
coadjuteur Paul de Gondi, le duc de Beaufort et le conseiller Broussel furent
impliqués dans cette malheureuse affaire. Au bas de son portrait, gravé par
Balthasar Moncornet, en format in-4, on lit : Messire Maximilien Eschallard,
chevalier, seigneur, marquis de la Boulaye, gouverneur pour le roi de la ville
et château de Fontenay-le-Comte (29).
Louis XIII logea 2 jours à Fontenay,
reçu par Marie Hurault, veuve de l’ancien gouverneur de la ville. En avril
1649, en l’absence de son mari, Louise de la Marck soutint
le siège du château de Fontenay contre Châteaubriant, seigneur des Roches-Baritaud,
qui s’était emparé de la ville. Il ne put jamais parvenir à se rendre maître du
château, à la tête des gentilshommes poitevins qui étaient comme lui contre le
parlement au temps de la Fronde. Madame de la Boulaye engagea les habitants à
prendre les armes pour repousser des Roche-Baritaud. Dans cet intervalle, Henri
de La Tremoïlle, duc de Thouars, auquel Madame de la Boulaye avait demandé du
secours, envoya un gentilhomme pour prendre le commandement de la place (30).
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Puy Greffier
(vestige d’une ruine du château 2019)
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Le
marquis de la Boulaye et Louise de La Marck sa femme, ont vendu vers 1567 la
Boulaye pour payer les dettes de leur oncle, René de Talensac seigneur de
Loudrière, moyennant le prix de 32 000 livres. Les acquéreurs eurent du
mal à payer. Ils avaient pour cautionnaire Nicolas Girard, seigneur de Puy
Greffier (Saint-Fulgent), dont on saisit les biens par arrêt de justice en 1678
(31). Ceux-ci furent adjugés en 1694 à Paul Sonnet d’Auzon, seigneur du Boupère,
pour 70 000 livres. Ils comprenaient principalement les seigneuries de la
Boulaye, de Puy Greffier, de la Marzelle (32). Déjà en 1647 Maximilien Eschallard avait vendu la baronnie de
Belleville pour 63 500 livres à Julien Aymon, seigneur des Forges-Petitières
et châtelain de Beaulieu-sous-la-Roche (33). Il vendit Languiller en 1650 pour 45 000 livres à Pierre Le
Geay, seigneur de la Getière (Saint-Georges-de-Montaigu) et à sa femme, cette
dernière l’acquérant en propre et la payant de ses deniers (34). Le prix
de l’acquisition sera payé en entier à divers créanciers des vendeurs désignés
dans l’acte. Pourquoi
ces ventes ?
Une décision du parlement de Paris du 22 février 1645 nous donne
la réponse. Au décès de René de Talensac en 1628, fils de Marie du Fou (la
grand-mère de Maximilien Eschallard), Marie Hurault avait d’abord accepté son
héritage sous bénéfice d’inventaire. Puis découvrant les dettes importantes de
la succession, elle se rétracta, et fut attaquée par les créanciers, qui
enclenchèrent une saisie féodale de ses biens situés près de Luçon. Son fils
Maximilien reprit l’affaire et au final s’arrangea avec eux, moyennant sa
promesse de garantir le paiement de 260 000 livres sur les terres de Mareuil,
Vieille Tour et Gauvinière. Cet arrangement fut entériné par un arrêt en la
cour suzeraine du duché de Thouars en 1644. Les officiers du duché de Thouars,
prenant prétexte que Mareuil et la Vielle Tour étaient mouvantes de Thouars,
réclamèrent le paiement des droits de rachats et lods et ventes en conséquence
de la main levée des biens saisis suite à l’arrangement. Maximilien et ses
conseils firent valoir que la main levée obtenue ne correspondait pas au cas de
mutation d’hommes sur la propriété des biens, prévu par la coutume et le droit
des fiefs. Le parlement de Paris confirma leur position :
« l’héritier bénéficiaire qui retient les biens et terres de la succession
pour une certaine somme, et qui le fait ainsi ordonner, ne doit point de quint
ni de lods et ventes, encore que lesdits biens fussent prêts à être adjugés par
décret » (35).
Pierre Le Geay
(-av1670)
Pierre
le Geay était le fils d’André Le Geay, seigneur de la Getière
et de la Cantaudière, et de Marie Pelletier. Son grand-père, Pierre Le Geay,
est resté célèbre pour avoir capturé les brigands Guillery. En témoigne un
texte encadré de nos jours dans le hall d’accueil du restaurant de la Getière à
Saint-Georges-de-Montaigu, sur les lieux mêmes de l’ancien château dont il
reste des vestiges. C’est un bref récit d’un tour joué en 1608 par « le fameux bandit
Guillery à messire Legay qui donnait un festin à des gentilshommes de la
contrée ». Il se termine par la phrase suivante : « Le 4
décembre de cette même année il fut pris et exécuté à Niort. Sa troupe se
dispersa et la plupart des bandits qui la composaient furent arrêtés et envoyés
au supplice ». Il existe plusieurs récits sur la bande à Guillery, mais la
réalité historique est la suivante. Ils étaient trois frères connus sous le nom
de Guillery qui se cachaient en de multiples endroits : forêt des Essarts,
château de Bois-Potuyeau à la Merlatière, etc. Ils avaient été soldats dans le
camp catholique sous les ordres du duc de Mercœur, le baron des Essarts.
Démobilisés après la fin des guerres de religion, ils organisèrent une bande de
plusieurs centaines de brigands qui ravagèrent la région pendant une dizaine
d’années. Le seigneur Le Geay tua un des frères en septembre 1608 et en arrêta
un autre à l’hôpital de Royan, qui fut roué vif à La Rochelle le 4 décembre
1608. « Avec son cheval Carabi, Guilleri est devenu un personnage
légendaire dont une vieille comptine rappelle les exploits » (36).
Mais il ne faudrait pas que 4
siècles après, la réputation du bandit éclipsât celle de Pierre Le Geay. Il était Grand
prévôt général du Poitou, office s’occupant de police à l’époque. Pour chasser les pillards et les gens de
guerre, des offices de prévôts provinciaux avaient été créés au début du 16e
siècle par le roi. Rendant la justice à l'encontre des criminels pourchassés, ils
faisaient concurrence aux sénéchaux en place. Henri II les supprima ensuite
pour cette raison, laissant subsister des prévôts généraux, attachés aux
maréchaux et aux gouverneurs des provinces. Mais ses réformes furent appliquées
différemment selon les provinces (37). Le Poitou eut son prévôt général,
assisté d'archers sous ses ordres (38). Pierre Le Geay fut anobli par Henri IV
en juin 1609 (39) et transmit son office à son fils André, et dont son
petit-fils Pierre hérita.
Le
nouveau seigneur de Languiller en 1650, Pierre Le Geay, s’est marié avec Elizabeth
Davy, (patronyme écrit ensuite : David). Nous ne savons rien d’eux, sinon
qu’au moment de la première vente définitive de Languiller en avril 1671, ils
étaient tous deux décédés, depuis quelques années pour Pierre Le Geay, et sans
postérité.
En
1652 le sénéchal de Languiller était Pierre Moreau, sieur du Coudray, demeurant
dans le bourg de Saint-André-Goule-d’Oie (40). Et, on l’a vu, son oncle Pierre
Moreau, prieur de la paroisse, fut le dernier de la famille ayant pris à ferme
la seigneurie de Languiller. Plus que le seigneur toujours absent, les gens de
Saint-André avait donc à faire au prieur pour payer leurs redevances
féodales. C’est peut-être une explication au relâchement en ce domaine qu’on
constatera plus tard.
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La
Getière
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Le
17 juin 1660 Pierre Le Geay et sa femme, demeurant à Montaigu, vendirent à René
Langlois, seigneur de la Verrie et gendre du seigneur de Linières (Chauché),
demeurant chez ce dernier, la seigneurie de Languiller, avec les 2
métairies attenantes, le fief des Bouchauds, le Coin Foucaud, le fief Pothé et
autres fiefs annexes, telle qu’ils l’avaient acquise du marquis de la Boulaye,
à la réserve de ce qui était tenu du chapitre de Montaigu (domaines et rentes à
Chavagnes). S’y ajoutait le fief de la Ramée acquis par Pierre Le Geay des
seigneurs de la Garnerie. Le prix était de 53 000 livres soit 8 000
comptants, le reste par moitié à noël et la Toussaint suivants en la ville de
Nantes, en deniers ou constitution de rente passée en Bretagne pour la sûreté
de la somme de 45 000 livres. L’acte fut passé à Linières par devant
Benoist, notaire des Essarts (41). René Langlois avait épousé Catherine
Legras, baptisée à Saint-André-Goule-d’Oie le 26 novembre 1635 (vue 91 sur le
registre paroissial accessible sur le site des Archives de Vendée), fille d’Anne
Legras, seigneur du Plessis Clain
et la Drollinière (Linières), et Jeanne Olivereau. L’épouse du seigneur de la Verrie
est venue accoucher à Linières en mars 1662, comme on le voit par le baptême de
sa fille Jeanne sur le registre de Chauché le 2 avril 1662 (vue 119 aux
Archives de Vendée). Sur l’acte, René
Langlois est qualifié de chevalier, seigneur de la Verrie et de Languiller. Le
transport de la propriété au nouvel acquéreur ne se fit pas tout de suite, puisqu’on
a plus de 20 déclarations faites en 1664 sur des terroirs de Saint-André à
Pierre Le Geay comme seigneur de Languiller, et même 3 au printemps 1666. Et
sans doute ne se fit-il jamais à cause de retards dans le paiement de
l’acquisition. En marge de l’acte d’acquêt de 1660, l’historien Gourraud
a noté que cette vente n’a pas été maintenue, mais sans plus de précisions (41).
Pierre Le Geay mourut en octobre 1666 (42) et sa femme peu après, avant d’avoir trouvé
un nouvel acquéreur à Languiller. Ce sont leurs héritiers qui y parvinrent en
la personne de Philippe Chitton.
Les Chitton (1671-1745)
Philippe Chitton
(v1633-v1713)
Avec sa femme, Philippe Chitton acheta Languiller
en deux temps aux héritiers de Pierre Le Geay et d’Elizabeth Davy (43) :
-
D’abord le 25 août 1671 il fit un échange avec Pierre
Le Geay (un neveu) apothicaire à Saumur, qui agissait pour lui et sa mère,
Rachel Davy, héritière en partie de feue Elizabeth Davy, sa sœur, veuve de
Pierre Le Geay seigneur de Languiller. Dans cet échange les Chitton acquirent
les chefs d’hommages de Languiller avec ses fiefs annexes et la moitié du lieu et
redevances de Languiller.
Puis il acquit l’autre moitié le 23 avril 1674 appartenant par indivis à Jacques Lardeau et Isaac Lardeau et leurs femmes (Madeleine Caillé et Esther Le Nain).
On n’a pas compris pourquoi le fils aîné de Pierre Le Geay, Charles Le Geay, n’apparaît pas dans cette vente de Languiller. Il passait pourtant une transaction en novembre 1679 dans une vente qualifiée de frauduleuse dans un mémoire vers 1683 en faveur de Philippe Chitton (44).
Le nouveau possesseur de Languiller est un personnage important dans l’histoire
de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, au même titre que Jules de
Belleville un siècle plus tôt. Ce dernier avait vendu des droits seigneuriaux,
P. Chitton défendit ceux qui restaient avec ardeur. Les 8 seigneuries annexes
de Languiller (ou chefs d’hommage particuliers) étaient connues depuis le milieu du 14e
siècle pour le Coin Foucaud (à Saint-André par hommage plain), depuis1437 pour les
Bouchauds (aux Essarts par hommage lige), depuis des dates mal situées, pour le fief
Pothé (aux Essarts, par hommage lige), la Ramée (aux Essarts par hommage lige),
Vignault (aux Essarts par hommage plain), Touroil (rentes, cens et
terrages aux Essarts par hommage plain), Maitre Mille (aux Essarts par hommage plain,
une dépendance du fief des Bouchauds (45)), et probablement aussi la rente de
12 setiers d’avoine appelés avenage de Chauché (par hommage plain). Il s’agit là de la liste des
fiefs fréquemment indiqués dans les actes notariés, mais incomplète, il faut y
ajouter Maurepas par exemple à Chauché.
Philippe Chitton est né vers 1633 à Niort. Ses parents, Jacques Chitton et
Renée Métivier s’était mariés le 2 mars 1631 dans cette ville, étant
protestants (vue 86 dans le registre numérisé 2 MI 9 des mariages protestants
de Niort sur le site internet des Archives départementales des Deux-Sèvres).
Jacques Chitton fut reçu le 27 février 1632 échevin de la ville de Niort
(magistrat municipal), puis maire. Il déclara au greffe de l'Élection son
intention de vivre noblement à l'avenir, cette qualité d'échevin et maire
conférant la noblesse. Plus tard il porta le titre d’écuyer, seigneur de Montlaurier, Landraudière
(Saint-Gaudent dans la Vienne) (46). Dans
son rapport au roi Louis XIV, Colbert de Croissy dit beaucoup de mal de cette
noblesse par échevinage : « On compte à peu près 1 500 maisons
de gentilshommes dans le Poitou ; mais il y a beaucoup de noblesse, qui n’est
pas fort illustre, qui vient des maires de Poitiers, Niort et La
Rochelle ». La noblesse était entre autres affaire d’ancêtres, donc les
nouveaux venus étaient moins bien considérés par les plus anciens.
Les
parents de Jacques Chitton avaient eu 3 enfants et lui-même en eut 5. On trouve
des Chitton en Vendée au début du 17e siècle, avec Renée Chitton, épouse
de François Moreau, sieur du Coudray demeurant à Saint-André-Goule-d’Oie au
tout début du 17e siècle. De même une Marie Anne Chitton
épousa en 1618 Étienne de Barrière, écuyer seigneur de Portault et avocat en
parlement. Elle était fille de
Laurent Chitton, sieur de la Boulaye (à l’Herbergement-Ydreau devenu l’Oie), et de Louise Varenne, demeurant au bourg
de Mouchamps (47). Devenue veuve, Marie Anne Chitton se remaria le 5 juillet 1628 avec Pierre de la Bussière, écuyer seigneur de la Flottière et de la
Vrignonnière (aux Essarts, seigneurie mouvante de Languiller), fils aîné de Pierre de la Bussière et de Louise Bertrand (48). Ce fut
un mariage protestant.
Élevé
dans le protestantisme Philippe Chitton se convertit au catholicisme après son mariage, « étant
rentré dans l’Eglise et en faisant sincèrement profession », fera-t-il
écrire dans un mémoire au sujet de la chapelle de Fondion de Saint-André (49).
Il épousa le 28 novembre 1665 Bénigne de la Bussière, fille de Pierre de la
Bussière, seigneur de la Vrignonnière, et de Marie Anne Chitton (voir ci-dessus). Elle
était la sœur de Pierre de la Bussière (fils) marié avec Jeanne de Goulaine.
Philippe Chitton versa en deux fois au trésor
royal, les 1er septembre 1667 et 22 novembre 1692, la somme de 3 500 livres
pour jouir des privilèges de la noblesse obtenus par son père comme échevin de
la ville de Niort, et dans laquelle son fils Charles-Auguste et lui furent
confirmés par M. de Maupeou le 5 août 1700. Philippe Chitton possédait en 1694
l’emploi de capitaine au régiment de Bellegarde-Cavalerie, et celui de Grand
prévôt général des généralités de Poitiers et de La Rochelle, charge qu'il
occupait dès 1685 (50).
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Archer de la maréchaussée
royale vers 1695
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Ainsi avait-il la même charge de Grand prévôt général
que Pierre Le Geay, mais on a peu d’informations sur son action en ce domaine.
On en a une trace dans le registre paroissial de Chauché avec l’inhumation le
26 avril 1694 de François Chaillou, sieur de la Robinerie et « archer du Grand prévôt
du Poitou » (vue 22). Et puis on a une lettre du 12 décembre 1686
d’un nommé Labergeril à Philippe Chitton, adressée à « Languiller près
Saint-Fulgent en Bas-Poitou », pour dénoncer deux déserteurs. Labergeril
lui demande de les faire rechercher en même temps qu’il saisit le tribunal.
L’un s’appelle Claude Guerin, dit Saint-Georges, âgé de 27 ans, qui a fui à
Pouzauges. L’autre s’appelle André Bouacheau et se cache après son enrôlement
de 5 ans dans l’armée le 7 janvier 1686 à l’Herbergement-Entier (près de la
Rocheservière) (51).
Sur
un conflit judiciaire pour la seigneurie des Bouchauds, annexe de Languiller,
en cours au présidial de Poitiers, Philippe Chitton obtint que l’instance soit
déplacée au présidial de La Rochelle. Il avait réclamé ce dépaysement
judiciaire en vertu du privilège accordé aux prévôts généraux des provinces par
le roi dans sa déclaration du 6 mai 1692, laquelle leur donnait entre autres le
droit d’être jugé au présidial le plus proche de leur domicile, où ils avaient
par ailleurs un rang prioritaire. À La Rochelle Chitton gagna son procès par sentence
du 23 mai 1698 (52). À la page 43 de la sentence, il invoque en effet :
« la déclaration du roi qui confirme à perpétuité les officiers des
maréchaussées du royaume dans leurs exemptions, privilèges et prérogatives
donnée à Versailles le 6 mai 1692 ». Cette déclaration du roi indiquait
notamment : « voulons pareillement que tous les procès et différents
des officiers tant civils que criminels, soit en demandant ou en défendant,
soit jugé par le présidial le plus proche de leur résidence, pourvu qu’il soit
du ressort du même parlement .... le tout en nous payant par les dits officiers
les sommes dans lesquelles ils seront compris dans les rôles qui en seront
arrêtés en notre Conseil .... ». La vente d’un privilège de juridiction
pour renflouer le trésor royal était un moyen très répandu, non qu’on trouvât
cela normal, mais nécessité faisait loi.
Il ne semble pas que Philippe Chitton ait abusé de
ce privilège d’aller au présidial de La Rochelle. En revanche il se répandit en
de nombreux procès tous azimuts, surtout à la cour de la baronnie des Essarts,
au tribunal du roi à Fontenay et au présidial de Poitiers, concernant les
propriétaires des redevances féodales. Pour la seule paroisse de Saint-André
près de la moitié des tènements dans sa mouvance furent touchés par sa frénésie
de procès. Il s’attaqua aussi à son suzerain des Essarts à propos de la
seigneurie des Bouchauds, dont il partageait avec lui la moitié des redevances.
Il poursuivit le seigneur de la Rabatelière, faisant une saisie féodale de ses
terres dans sa mouvance, en concurrence avec d’autres créanciers. Dans une
affaire au Pin (Saint-André) il n’hésita pas à s’opposer au tribunal à la nièce
de sa femme, Louise de la Bussière, qui habitait sous son toit. Il fit
pratiquer aussi une saisie des biens de ses propres neveux à cause d’une
créance qu’il avait sur un de ses frères. Visiblement la défense de son
patrimoine passait avant les solidarités familiales. On voit là bien sûr quelques dispositions
naturelles du personnage à la chicane et une certaine avidité de possédant,
mais il faut interroger aussi les mœurs de l’époque. Ainsi celles-ci mettaient
fréquemment l’intérêt des patrimoines en avant dans la formation des couples.
Les sentiments avaient une place dans le cœur des hommes à Languiller au temps
de Louis XIV, plus difficile à étudier que dans les œuvres de Racine, son contemporain. Il faut
aussi reconnaître l’importance de la justice dans la vie quotidienne et dans la
morale spontanée des mentalités anciennes durant l’ancien Régime. La vie humaine
apparaît alors comme une longue procédure où chaque action est sanctionnée par
un acte de justice ou tout au moins de gens de justice, et comme dans un livre de
compte enregistrant le mal et le bien (53).
Il y a une
autre raison pour laquelle le procès apparaît comme une forme parfois normale
des rapports sociaux à cette époque : une certaine propension ambiante à
la malhonnêteté. On a ainsi l’exemple du fils de Philippe Chitton qui, en 1720,
s’entendit avec le seigneur de la Rabatelière, possesseur du fief-métairie de
la Martinière, pour dépouiller le seigneur de la Guichardière de ses droits
seigneuriaux sur cette métairie. La Guichardière relevait du seigneur de
Languiller, lequel demanda au seigneur de la Rabatelière de lui rendre
l’hommage de la Martinière directement, en lui faisant cadeau du droit de
rachat. L’opération ne coûtait rien aux deux protagonistes malhonnêtes et
rapportait l’extension de sa mouvance au premier, et l’exonération du paiement
du rachat au second (54). Le seigneur
de la Rabatelière demanda en 1746 à son procureur à Poitiers le nom de son juge
pour lui écrire afin de lui « recommander » son affaire (55).
Dans
certaines affaires s’étale une sensibilité appuyée aux privilèges de son ordre.
Ce fut le cas quand il réclama l’exercice de son droit de patronage à la
chapelle de Fondion à Saint-André. Celle-ci était une annexe du prieuré de
Saint-André, dont le prieur était traditionnellement le chapelain, à la
présentation de l’abbé de Nieul-sur-l’Autise. Il finit par avoir gain de cause,
en faisant nommer un chapelain différent, puis son fils abandonna la partie.
Dans l’église de la Chapelle de Chauché il réclamait un droit de sépulture pour
sa famille, alors que celui-ci était réservé aux seigneurs des lieux. En tant
que suzerain il estimait posséder ce droit, et il y fit inhumer son épouse,
déplaçant même à cet effet un corps inhumé. Un juge lui donna gain de cause à
condition de remettre le corps à sa place antérieure. Dans un conflit avec la
dame de Saint-Fulgent, celle-ci, redoutant son esprit retord dont son fils
avait hérité, fit une démarche inhabituelle en se déplaçant chez ce dernier
pour lui offrir sa foi et hommage. Ce type d’acte était depuis longtemps seulement
écrit sur parchemin par des notaires. Dans l’après-midi du 13 avril 1711 elle
alla à Languiller accompagnée d’un aréopage de quatre personnes. Outre son notaire, elle avait deux témoins,
maître Pierre
Arnaudeau, 72 ans et ancien notaire et greffier de Saint-Fulgent, et maître
Augustin Thoumazeau sieur de Grandchamps, un notable habitant aussi le bourg de
Saint-Fulgent. De plus, elle s’était fait assister par messire Gabriel Suzannet
seigneur de la Chardière (Chavagnes), « gentilhomme choisi par elle ». La dame de Saint-Fulgent a « offert par elle-même et en sa personne, et au
cas de refus dudit seigneur de Languiller par moi notaire royal soussigné
assisté de … témoins », de « faire
la foi et hommage plain, baiser et serment de fidélité » au seigneur
de Languiller. Les femmes étaient normalement dispensées de faire l’offre de
foi et hommage et encore plus le baiser, malgré le sens devenu tout à fait
« patrimonial » de l’acte, loin des cérémonies de la chevalerie du
début du millénaire. Mais les mots étaient restés, ambigus pour les femmes
mariées ne devant fidélité qu’à leurs maris. Sauf qu’autour de Philippe Chitton
on devait apparemment faire attention au moindre détail pour éviter une
condamnation judiciaire, et les exemples ne manquaient pas.
Il faut dire que Philippe Chitton a gagné beaucoup de
contentieux. La perception des redevances seigneuriales exigeait une rigueur,
que les fermiers qui en étaient chargés n’avaient pas dû toujours avoir. Notre
impression est que s’était installé en ce milieu du 17e siècle du
laisser-aller dans la contrée sur les droits du seigneur de Languiller. Les épidémies, les
ravages laissés par les guerres de religion et les accidents climatiques, ont
certainement rendu impossible temporairement certains prélèvements, sans même
mettre en cause le comportement des receveurs des droits, ni penser
à un état d’esprit de jacquerie. Philippe Chitton voulut
reconstituer un terrier (recueil des redevances) qui fasse autorité et qui soit
digne de ce nom, établit par les déclarations des teneurs (tenanciers). Il obtint
du tribunal de Fontenay-le-Comte des lettres de terrier pour vérifier ses
droits dans l’étendue des seigneuries qu’il possédait. En vertu de ces lettres
il désigna deux notaires de Saint-Fulgent, Proust et Arnaudeau, pour écrire des
déclarations dans toutes ses possessions. Ces déclarations étaient en plus
conformes aux exigences de la coutume, indiquant, contrairement à la pratique
d’avant, les domiciles et professions des teneurs et l’antériorité des
possessions. Et elles rappelaient les droits seigneuriaux en la matière :
solidarité entre les débiteurs de chaque redevance, lods et ventes, rachats (droits de
mutations), « amendes
et offenses de la manière que seigneur moyen et bas justicier a accoutumé ».
Ce rappel n’était pas juridiquement nécessaire, mais il est révélateur de le
voir mentionné sur les nouvelles déclarations des deux notaires de
Saint-Fulgent à l’époque de Philippe Chitton.
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Languiller
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Il habita à Languiller, reprenant une habitude
perdue depuis Jules de Belleville, qui un siècle plus tôt y avait fait sa
demeure. On le trouve exceptionnellement habiter le bourg de
Saint-André-Goule-d’Oie en 1683, où il devait y posséder une maison (56). Il
fit construire en 1697 le logis de Languiller ancêtre de celui que nous
connaissons. Les couvertures étaient en ardoises, sauf un pavillon en tuiles
plates. L’architecte n’était certainement pas un chauchéen, car le mur du côté
de la rivière comportait seulement une clôture en lattes à son sommet pour
protéger la charpente. Elle laissa passer la pluie et fut la cause d’une
dégradation rapide du corps de bâtiment du château et de deux pavillons
attenants. En 1763 on dut consolider les murs, réparer leurs
« lisardures », changer la charpente qui menaçait de tomber, en
refaire une plus légère, et remplacer les ardoises par des tuiles creuses (57). Les archives seigneuriales, notamment le
cartulaire du Coin Foucaud
remontant au 14e
siècle, qu’on
trouvera abîmée au 19e
siècle au château de la Rabatelière, ont peut-être eu à souffrir
de la situation. On peut voir quelques photos des lieux sur internet, exposées par les
propriétaires anglais des chambres d’hôtes, de son potager et de sa piscine
chauffée.
Nous ne connaissons pas la date exacte de la mort
de Philippe Chitton. La dernière déclaration roturière le concernant est de
1694. Pour 1698, le nom du seigneur de Languiller est laissé en blanc (moulin
de la Boutinière), mais Philippe Chitton fut présent à l’inhumation de son
épouse dans la chapelle Begouin le 23 septembre 1698. Le 26 janvier 1700 il
déclara devant notaire le transfert de la propriété de Languiller à son fils
Charles Auguste Chitton. Le nouveau propriétaire en fit le 9 juillet 1700 les
hommages qu’il devait à la baronnie des Essarts (58). Meaupou a confirmé le
père et le fils dans la noblesse le 5 août 1700. Le 30 mars 1712 Philippe
Chiton est parrain au baptême de sa petite fille Marie Bénigne et signe d’une
main tremblante, et il est mort après 1712. Dans une lettre de lui écrite à
Paris le 13 mai 1702, on remarque également son écriture tremblante. Alors
qu’il a passé la main à son fils, il traite toujours des contentieux en cours,
notamment celui contre la baronne des Essarts, madame royale de Savoie, avec
ses représentants à Paris. Il écrit dans sa lettre de 1702 à son avocat de
Poitiers : « Je tâche à rétablir un peu mes forces pour m’en
retourner incessamment afin de reprendre ma santé ne jugeant pas la pouvoir
rétablir ici » (59). Sa maladie ne paraît pas avoir amoindrie ses facultés
intellectuelles ni sa combativité dans les dernières années de sa vie. À Paris il avait de la famille, comme on le voit dans son contrat de
mariage en 1665, où un parent de sa femme, Jean Chitton, écuyer seigneur de la
Davière, y demeurait, paroisse de Saint-André-des-Arts (60).
Charles-Auguste
Chitton (1668-1733) et Charles Louis Chitton (1714-1745)
Fils unique, Charles Auguste succéda à son père dans la charge
de Grand prévôt général du Poitou en 1711. Le 5 février 1715, il obtint une
maintenue de noblesse de M. de Richebourg, intendant de la province. Il avait
épousé le 31 janvier 1709 Élisabeth de Châteauneuf, fille de Jacques, écuyer
seigneur de Pierre-Levée, ancien maire perpétuel de Niort, et de Marie-Anne
Guérin de la Vergne.
Il poursuivit la mise à jour du terrier de Languiller et les nombreux
procès initiés par son père, apparemment avec la même pugnacité et comme lui en
bon connaisseur du droit. Peut-être avait-il la manière plus ronde au vu de
certaines de ses lettres. Revenir sur son activité de plaideur n’ajouterait
rien à ce qu’on a pu découvrir avec son père. Parmi leurs nombreuses victimes
on compte les Moreau, dont le père Pierre Moreau a été repéré sénéchal de
Languiller en 1652. On ne sait pas combien de temps ce dernier a occupé l’emploi où des
conflits d’intérêt pouvaient surgir le concernant. C’était un important
bourgeois propriétaire, entre autres de redevances féodales, et qui devait des
fois et hommages à Languiller. Il est décédé en 1687 au temps des foudres
judiciaires du seigneur de Languiller. Après lui sa veuve et son fils, Claude
Moreau (1673-1729), durent continuer le combat, qu’ils perdirent, victime d’une
arme efficace à la disposition des Chitton : la saisie féodale sur les
biens récemment acquis. Il reste aux chercheurs en Histoire à remercier Charles-Auguste Chitton, avec son
père, pour les nombreuses reconnaissances de droits féodaux que leur activité
judiciaire nous a laissées. Et aussi pour nous permettre d’entrer dans les
arcanes de la propriété féodale et la vie dans les villages dépendant de
Languiller, principalement à Chauché, les Essarts et Saint-André-Goule-d’Oie. Et
ceci non sans un sentiment de compassion envers tous les ancêtres de la
contrée, humbles tenanciers, bourgeois, ecclésiastiques, nobles, voire
princesse aux Essarts, que ces messieurs Chitton ont irrité, voire plus. Et dans
leur sillage, les notaires de Saint-Fulgent ont beaucoup travaillé, et beaucoup
amassé.
En 1701 le seigneur de Languiller a entrepris de
dessécher le « Grand étang de Languiller » qui se trouvait au nord du
logis, voulant le rendre « en terre labourable ou nature de pré ». Au
préalable il fit assigner les tenanciers des Petites et Grandes Roussières à
assister au procès-verbal de bornage des prés leur appartenant, au long de l’étendue
d’eau (61). Les sources
« du ruisseau qui descend de l’étang de Languiller », se dirigeant
vers la Porcelière puis la Petite Maine, se trouvaient très probablement au
fond de l’étang, et elles ont continué d’alimenter le ruisseau à partir d’un
étang plus petit qui n’a pas été entièrement asséché. Ce grand étang n’est pas
à confondre avec « le petit étang situé en bas du lieu de
Languiller » qui existait toujours en 1779 (62).
Charles Auguste Chillon et Françoise
Elizabeth de Châteauneuf ont eu :
-
Françoise Madeleine née le 3 juillet 1710,
mariée à Pierre René Gabriel de Vaugiraud.
-
Françoise baptisée le 18 mars 1711 et
décédée le 20 mars suivant, enterrée à la Chapelle de Chauché (vue 116).
-
Bénigne baptisée le 18 mars 1711 et
décédée le 19 mars suivant, enterrée à la Chapelle de Chauché (vue 116).
-
Marie Bénigne baptisée le 30 mars 1712.
Son grand-père Philippe Chitton est parrain.
-
Charles Louis baptisé le 26 octobre 1714.
Sa marraine est Louise de la Bussière, dame de la Ruffelière, qui avait épousé
Samuel de Lespinay. Leur petit-fils, Alexis Samuel de Lespinay, épousera en
1750 Marie Félicité Cicoteau, dame de Linières. On voit ici que la poursuite
judiciaire n’avait quand même pas rompu les liens familiaux avec la marraine. Ces
liens avaient la force du sang, sinon celle des sentiments. Pour le sang on se
respectait, alors que pour les sentiments on peut se fâcher c’est bien connu.
 |
W. Hoggart : le
contrat de mariage
(National Gallery)
|
Françoise Madeleine Chitton épousa Pierre
René Gabriel de Vaugiraud à Chauché le 18
février 1732 (vue 12), dans la chapelle Begouin. Se marier dans « sa »
chapelle constituait un privilège pour les nobles, afin d’y nouer des liens du
sang. Et le nouveau propriétaire de la Chapelle ne s’en choqua pas à notre
connaissance. C’était désormais le seigneur de la Rabatelière, qui habitait
Nantes et approchait les princes. On en déduit ici que la chapelle de
Languiller que nous avons vue au temps de Guy de Sainte-Flaive en 1491,
n’existait plus. Pierre René Gabriel de Vaugiraud
était
le fils de Pierre de Vaugiraud et de Marie Desnos, et étudiait au séminaire de
Luçon quand son frère aîné est décédé en 1727. Avec un père âgé alors de 70
ans, il devint le futur chef de famille et démissionna de son état de clerc
tonsuré pour en assumer la charge. Dans le contrat de mariage du 20 janvier
1732 la dot du futur époux comprenait certains biens sur Saint-André que
possédait la famille de Vaugiraud depuis longtemps. La dot de Françoise Madeleine Chitton était constituée de la jouissance de
la maison noble et métairie de la Donier (Aizenay) avec les bestiaux qui
étaient de la valeur de 250 livres, de la métairie des Bouligneaux
(Saint-Martin-des-Noyers) avec le droit de terrage qui en dépendait, et de la
métairie du Guereaux, située au Moret (Saint-Jean-de-Monts) (63). Pierre René
Gabriel de Vaugiraud et Madeleine Chitton vécurent à la Logerie de Bazoges et
n’eurent pas d’enfants. Le seigneur de Logerie mourut le 17 août 1743. Devenue
veuve, Madeleine Chitton fit sa demeure dans la paroisse Saint-Pierre des Herbiers (64), et ne s’est pas remariée. Sa sœur hérita de ses biens (65), après
son décès survenu le 4 mai 1747 (66).
Marie Bénigne Chitton s’est mariée le 25
octobre 1728 (vue 175 à Chauché) avec Charles Seguin Brilhac, seigneur de
Nouzières, de Grandjean, (dont il était originaire, situé au sud de Saint-Jean-d’Angély, où ils demeuraient),
de Fenioux, Beaulieu et La Foy. Elle mit au monde une fille à Languiller,
baptisée à Chauché le 2 septembre 1730 (vue 198), prénommée Madeleine Louise. Une autre fille, Marie Geneviève Brilhac, épousa Charles Antoine Seguin de
Brilhac de la Laurencie de Chadurie. C’est elle qui hérita de la métairie du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie,
qu’elle garda jusqu’en 1791 et qu’elle vendit au seigneur de Linières.
Charles Auguste Chitton devint veuf
le 24 mars 1725. Il mourut le 20 mars 1733 à l’âge de 65 ans, et fut
inhumé dans « le chœur de l’église de la Chapelle de cette paroisse [de la
Chapelle de Chauché] du côté de l’épître près de la muraille », suivant ce
qu’on peut lire sur le registre paroissial de Chauché (vue 25).
Son fils, Charles Louis Chitton, lui
succéda et mourut le 5 mai 1745 à Languiller (vue 3 du
registre de Chauché) à l’âge de 31 ans, sans postérité. Il fut inhumé dans
l’église du bourg. Il avait vendu Languiller et ses fiefs annexes le 7 mars
1745 au seigneur de la Rabatelière, René III Montaudouin, moins les domaines
constituant les parts de ses sœurs. Le prix fut de 20 000
francs comptant, dont 8 000 francs payables en un an au sieur Pierre Pottier, à
qui le vendeur en fait don, sans préjudice de ce qu’il peut lui devoir. S’ajoutait
une rente perpétuelle de 3 600 livres que l’acquéreur pouvait racheter à
sa volonté en 3 termes. La récolte était réservée au vendeur, mais s’il décédait
avant la moisson (c’est ce qui arriva) elle serait à l’acquéreur. Celui-ci paya
en outre 7 000 livres pour les arrérages échus, compris dans la vente, des
cens et autres devoirs dus (67). L’importance de cette somme montre des
difficultés financières du vendeur dont on ignore la cause précise.
Dans une transaction de 1720, Pierre Bruneau, le
dernier descendant des Bruneau de la Rabatelière, avait transigé avec Charles
Auguste Chitton pour mettre fin aux saisies féodales de Philippe Chitton en
1677 et 1695. Dans notre récit de
La saisie féodale de la Mancellière à Saint-André-Goule d’Oie, publié sur ce site en juin
2015, nous avons raconté l’histoire des seigneurs de la Rabatelière de la fin
du 16
e siècle au début du 18
e siècle, auxquels succéda la
famille Montaudouin.
Dans les comptes du château de la
Rabatelière, on voit que les Montaudouin payaient une rente foncière annuelle
et perpétuelle de 3 600 livres, encore en 1788 à Louis Auguste Pascault
de Villars de Pauléon (68). Celui-ci était le deuxième mari de Marie Bénigne
Chitton. Le montant est important, représentant une grande part
des revenus de la terre.
Les Montaudouin (1745-1797)
Renée III
Montaudouin (1708-1755)
Il était le fils de René II Montaudouin (1673-1731)
et de Marie Bertrand. Ces derniers avaient acheté la vicomté de la Rabatelière
en 1725, avec les seigneuries de Chavagnes, la Robretière et la Mancellière, en
1726 les fiefs de la Grassière, Martelière et Battay (Chavagnes). En 1729 ils
achetèrent les vicomtés de la Jarrie (Saligny), Merlatière et Raslière (Merlatière),
et les seigneuries de la Chapelle de Chauché, de la Jaunière (Roche-sur-Yon),
du Chaigneau (Bourg-sous-la-Roche), de Montorgueil, (Champ Saint-Père), deux
métairies à Champ-Saint-Père et Saint-André-d’Ornay, et les 2/3 de la forêt de
Gralas au comte de Juigné. En 1730 ils ajoutèrent la métairie et fief de la
Roche de Chauché et la métairie de la Bleure (Rabatelière).
La plupart
des droits féodaux perçus à Saint-André-Goule-d’Oie par les fermiers de la
seigneurie de Languiller, allèrent désormais au seigneur de la Rabatelière
(demeurant à Nantes et Paris), au lieu du seigneur de la Getière
(Boissière-de-Montaigu) et avant lui des seigneurs Eschallard (aussi étrangers
à Saint-André). Le seigneur de la Rabatelière possédait déjà quelques rentes
sur plusieurs tènements de la paroisse et aussi quatre grandes métairies :
Mancellière, Roche Mauvin, Porcelière et Racinauzière.
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Les guerres de religion |
Ses prédécesseurs les avaient acquises dans la
première moitié du 17e siècle, provenant auparavant des domaines et
fiefs annexes de Languiller. On voit cette dernière seigneurie s’appauvrir en
métairies au fil des siècles, et aussi en droits féodaux vendus par Jules de
Belleville pour financer ses combats pendant les guerres de religion. La lutte
acharnée des Chitton pour sauvegarder certains de ces droits féodaux à la fin
du 17e siècle parait vaine après coup, alors que leur valeur même
s’était réduite en « peau de chagrin » à cause de l’inflation
monétaire. Il eut mieux valu investir dans des métairies, ce qu’ils firent très
peu en achetant seulement dans la contrée la métairie du bourg de Saint-André,
mais les occasions étaient rares et la concurrence rude. Les charges
financières des seigneuries devinrent de plus en plus lourdes, entrainant leurs
ventes. Les seigneuries se
transformèrent en charges financières trop lourdes, entraînant leurs ventes en cette
fin du 17e siècle et début du 18e siècle partout dans la
contrée, des petites comme Linières, aux plus importantes comme les Essarts,
Saint-Fulgent, la Rabatelière et Languiller. On assista à des regroupements au
profit de grands seigneurs plus fortunés, parfois de nouveaux riches issus du
négoce nantais comme à Saint-Fulgent ou à la Rabatelière. Mais le droit féodal
et le corporatisme des officiers seigneuriaux empêcha d’opérer des fusions absorptions dans
la constitution des plus grandes seigneuries, comme le capitalisme moderne sait
le faire à notre époque, pour réaliser des économies d’échelle. Et les nouveaux
nobles, tout autant que les anciennes familles, continuèrent de s’attacher à
des droits à forte valeur de prestige et à faible valeur financière. Ils
auraient pu les racheter comme leurs ancêtres l’avaient fait pour les corvées
au sortir du Moyen Âge dans la contrée, afin de réinvestir leur fortune plus
judicieusement. Une évolution des mentalités eut été nécessaire pour cela, qui
n’eut pas lieu, aboutissant à une révolution politique en 1789. Mais le
seigneur de la Rabatelière n’était pas seul à Saint-André-Goule-d’Oie, d’autres
grandes métairies appartenaient aux seigneurs de Linières ou de Saint-Fulgent, ou
à des bourgeois ou paysans aisés. Propriétaire parmi d’autres, le châtelain de
la Rabatelière n’était pas connu personnellement à Saint-André, seulement ses
officiers et ses fermiers.
L’ascension sociale des Montaudouin avait commencé à Nantes avec René Ier Montaudouin (1641-1691), qui, petit-fils d’un cordonnier venu de Paris, s’était lancé dans le commerce et l’armement de bateaux, et épousé une femme riche et entreprenante, Isabelle Bureau. René II Montaudouin avait dans la suite hissé son armement à la tête des plus importants dans le port de Nantes (69). Il avait lui aussi épousé un membre d’une importante famille de la ville en la personne de Marie Bertrand. Sa fortune doit beaucoup à la traite des êtres humains (achetés en Afrique et vendus aux Antilles), et à l’armement corsaire. La guerre de succession d’Espagne (1702-1713) permit à René II Montaudouin de se mettre en avant dans les allées du pouvoir tout en faisant fortune. Après avoir été juge consulaire et échevin de Nantes (1709-1711), il acheta une charge de secrétaire du roi près le Parlement de Bretagne, permettant d’être anobli. Mais pour accompagner son accession dans l’ordre de la noblesse (écuyer) il lui fallait posséder des fiefs nobles. Il avait acheté en 1718 la terre et seigneurie de la Clartière sur les paroisses de Sainte-Croix de Machecoul et de Fresnay dans le pays de Retz (Loire-Atlantique). Il acquit aussi à proximité le fief des Huguetières puis les Basse-Terre (Saint-Hilaire-de-Chaléons). Mais contrairement à d’autres de ses frères des branches de Launay, Robretière, de la Touche, qui continuèrent dans le commerce et l’armement, il se dégagea de ses activités de négociant pour vivre noblement, c’est à dire gérer ses patrimoines fonciers. Ce fut désormais la vocation des Montaudouin de la branche de la Clartière, notamment à la Rabatelière.
René III
Montaudouin hérita de la Rabatelière sous réserve des domaines attribués à sa
mère au titre de son douaire, jusqu’à la mort de celle-ci en 1751 (dont la
Chapelle de Chauché, la forêt de Gralas, etc. (70). Il se consacra à la gestion
de ses domaines. Il épousa le 9
octobre 1734 Jeanne Picot d’Espremenil, mais leurs deux enfants, Marie Michelle
(née en 1735) et René Jacques (né en 1737), moururent en bas âge (71). Il
demeura principalement à la Rabatelière dans les dernières années de sa vie,
après le décès de son épouse en 1737. C’est lui, et non le régisseur, qui tint
les comptes du château à partir de mai 1740 jusqu’à sa mort en mai 1755 (72).
On comprend,
qu’étant sur place, il ait conclu l’achat de Languiller. Il élargit alors le
bail du fermier de la Chapelle de Chauché à son nouveau domaine de Languiller.
En 1745 c’était Nicolas Cailleteau (1689-1755), qui avait épousé le 8
juillet 1727 à Chauché Jeanne Suzanne Orion. Elle
était la fille de Pierre Orion (1678-1735) qui avait été régisseur au château de
la Rabatelière et fermier de la Chapelle (73). Leurs baux ont été régulièrement
renouvelés. En 1753, la ferme annuelle était de 3 900 livres, pour la
terre de Languiller, les bois, deux étangs, les cens et rentes seigneuriales
(dues et à devoir), et une souche réelle de bestiaux évaluée à 5 354 livres,
alors que la souche morte était de 4 550 livres. La terre de Languiller
comprenait la borderie de la porte, la borderie de Maurepas (Chauché), plus
tard réservée dans le bail propre de la Chapelle, la grande métairie de
Languiller et les métairies de la Jutière (Essarts), la Fortière (Essarts) et
la Girardière (Chauché). Le 29
mai 1761 le bail a été renouvelé pour 5 nouvelles années, au même prix et
conditions avec Pierre Cailleteau. Et encore en 1767 avec le même fermier (74).
Les frères Montaudouin (1755-1779)
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Morlot : Épouse d’un négociant armateur
(château
des ducs de Bretagne à Nantes)
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La succession
de René Montaudouin resta jusqu’en 1779 en indivision entre ses héritiers en ce
qui concerne Languiller et la Rabatelière. Ceux-ci étaient :
- - Nicolas Montaudouin (1709-1762), l’ainé
après son frère René, qui avait hérité de la Clartière (75). Il abandonna
l’armement après la mort de sa mère et se maria trois fois : en 1740 avec
Françoise Darquistade, puis avec Marie Thérèse Le Roux, et enfin avec
Anne Montaudouin (cousine germaine et fille de Thomas Montaudouin de la Touche
et d’Anne Bouette). Il eut 7 enfants dont 2 survécurent à l’âge adulte.
-
Thomas Montaudouin (1711-1768), seigneur de la
Bonnetière et des Bouchaux (Machecoul), chevalier de l’ordre royal et militaire
de Saint-Louis, ancien capitaine et commandant au régiment du colonel général
dragons. Il se maria avec Anastase Clarck et eut 7 enfants.
- Marie Rosalie Montaudouin, qui épousa René de
Montboucher, comte de Bethon, baron d’Aubigné et seigneur de la Maignanne-en-Andouillé
(tous en Ille-et-Vilaine), président à mortier du parlement de Bretagne. Elle avait hérité de forêts et de
fiefs en Ille-et-Vilaine (76).
- Elizabeth Montaudouin, qui épousa Charles du
Plessis, comte de Grenédan. Leur fille, Thérèse Ursule, épousa René Henri de
Tinguy, seigneur de la Clavelière (Saint-Fulgent) et fils d’Abraham de Tinguy
et de Perrine Bruneau. Le marié était né à Saint-Fulgent le 17 avril 1750 (vue
3), vécut enfant à la Chevaleraye (Saint-André), et mourut supplicié en janvier
1794 en tant que gouverneur de Noirmoutier nommé par Charette pendant la guerre
de Vendée.
-
Bonne Montaudouin (1712-1790), dame de la Touche
Gerbault, la Basse Ville et autres lieux, célibataire.
- Marie Anne Elizabeth Montaudouin (1715-1784), qui
épousa d’abord en 1741 Guillaume Guichardy seigneur de Martigné, puis en 1745 Joseph
Michel René du Dresnay seigneur de Kerlaudy, chevalier de l’ordre royal et
militaire de Saint-Louis.
Dans les actes
notariés de cette période d’indivision, celle-ci fut représentée d’abord par
Nicolas, puis son frère Thomas, puis Mathurin Thoumazeau (procureur fiscal de
la Rabatelière, Languiller et autres, et régisseur au château), et enfin par
Anne Montaudouin, veuve de Nicolas.
Aucun d’eux ne
vécut au château de la Rabatelière, n’y faisant que de brefs séjours. Ils
avaient un homme d’affaires à Nantes, P. Bouin de Beaupré, qui servait
d’intermédiaire avec le régisseur sur place. Après la mort en 1754 de René
Montaudouin il transmit les instructions de la famille à Mathurin Thoumazeau,
alors procureur fiscal de la Rabatelière. Le 12 décembre 1754 il écrit à ce
dernier : « On parait un peu surpris ici que messieurs les
curés, dont M. Montaudouin était seigneur (des paroisses où il avait des
domaines), attendent des nouvelles de la famille pour faire prier Dieu pour lui
et faire des services ». Grâce au procureur fiscal, les curés firent leur
service suivant l’usage, mais leur peu d’empressement s’explique sans doute par
le défaut d’informations (pas de faire-part officiel semble-t-il). Et il écrit
à nouveau le 28 décembre : « j’ai communiqué à ces messieurs, qui ont
été extrêmement sensibles à votre attention pour la mémoire du respectable
défunt, qui, suivant les apparences, n’est pas si chère à messieurs les curés
qu’on l’aurait cru. Plut à Dieu qu’ils puissent retrouver un seigneur qui leur
fasse autant de bien. Ils ne l’ont pas senti sans doute, puisque c’est à vos
bons soins et à vos avertissements qu’ils se sont enfin portés à faire faire un
service qu’ils auraient dû faire bien plus tôt ... » (77). Voilà
un bourgeois nantais peu au fait de la mentalité vendéenne. Dans son testament le défunt avait
donné « 2 000 livres aux pauvres honteux (ils n’osent
pas quémander) de la paroisse de
Saint-Nicolas (sa paroisse à Nantes), laquelle sera remise aux mains des dames
de la Charité pour être par elles distribuées ». Pour les curés des 16
paroisses vendéennes où il possédait des propriétés, il légua aussi 2 000
livres de dons aux pauvres. Ainsi le curé de Saint-André-Goule-d’Oie eut une
part de 230 livres (78). C’est tout un fonctionnement social que l’on voit à
l’œuvre ici, qu’il faut s’abstenir de regarder avec nos yeux d’aujourd’hui si
on veut le comprendre. La foi religieuse de ces hommes du 18e siècle
n’était pas plus élevée que celle des croyants du 21e siècle. En
revanche la société dont ils faisaient partie obéissait à des normes maintenant
oubliées, l’ordre social de la noblesse n’existe plus, l’Église a changé de
statut dans la société, et la charité, qui a changé de nature, a été répartie entre l’État et des
initiatives individuelles, y compris catholiques.
À l’occasion de l’offre de foi et hommage à faire
par les héritiers au suzerain des Essarts, on tenta d’obtenir de celui-ci la
réunion des fiefs annexes en un seul hommage pour Languiller. Les héritiers
soutinrent que la réunion en avait été faite au moment de l’acquisition de la
terre de Languiller en 1745 (79). Mais devant la résistance du suzerain (plutôt
de ses officiers probablement), ils cédèrent et la situation resta en l’état
jusqu’au terme du régime féodal, qui n’allait pas tarder. Et il y eut bien
entendu des vassaux qu’il fallut poursuivre pour faire respecter ses droits de
rachats (en cas de mutation chez le suzerain). On a parfois dit que les gens de
la contrée aimaient la chicane à l’époque. On ne sait pas, mais ce qui
apparaît, c’est que ce droit féodal, à la fois contraignant et manquant parfois
de sûretés, offrait des tentations à ceux qui voulaient s’en échapper. Il
fallut attendre dix années après le décès du seigneur de Languiller et de la
Rabatelière pour que le procureur fiscal voit la fin des reconnaissances de
propriété. Dans une lettre de 1766 à l’avocat de la famille à Poitiers, il
écrit : « Vous ferez bien monsieur de tirer un mémoire de tout ce qui
peut vous être dû par la succession de feu monsieur Montaudouin et par ses
héritiers par rapport aux différentes instances qu’ils ont eu, afin que je vous
fasse payer pendant que nous avons des deniers communs à cette succession et à
tous les copartageants. » (80).
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Château de la Rabatelière
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Le régisseur qui prit les rênes du château de la
Rabatelière après le décès de René III Montaudouin s’appelait Edme Courtaut,
surnommé Joigny. Il était sur place depuis les années 1730 et secondait le
propriétaire. Ses gages annuels de régisseur étaient de 250 livres, auxquels
s’est ajoutée une rente viagère de 150 livres par an, créée par René
Montaudouin dans son testament. Il tint à ce titre le livre de comptes de la
maison jusqu’en 1760. À partir de 1761 c’est le procureur fiscal qui prit la
charge de régisseur, tout en gardant son emploi de notaires et de contrôleur
des actes à Saint-Fulgent, Mathurin Thoumazeau, sieur de la Babinière
(Saint-Georges-de-Montaigu). Il occupait au château de la Rabatelière un bureau
au rez-de-chaussée « ayant vue sur le jardin, joignant le pavillon du côté
de la basse-cour où est la grange et les toits à bestiaux ». Ses gages
annuels de régisseur étaient de 360 livres en 1761, passant à 400 livres en
1773 (81). Il resta fidèle au poste jusqu’à sa mort en 1785. Après quoi il fut
remplacé par son collègue et neveu, notaire à Saint-Fulgent, Claude Joseph
Frappier comme fondé de pouvoir et procureur fiscal. Mais le propriétaire
d’alors reprit lui-même la tenue des comptes et suivit de près un régisseur sur
place nommé Lapierre (82).
À
Languiller le fermier Nicolas Cailleteau est mort en 1755, la même année que
René Montaudouin. Sa veuve, Jeanne Orion, continua le bail avec ses enfants,
comprenant toujours la Chapelle de Chauché en même temps. Puis en 1759, le bail
de la Chapelle fut consenti à part à un gendre de « maîtresse Cailleteau »,
comme on lit sur les comptes du régisseur, René Bossard,
marié à Marie Anne
Cailleteau. Cette
appellation de « maître » était donnée par les métayers à leurs
bailleurs, qu’ils soient propriétaires ou eux-mêmes fermiers. Elle signe le
rapport de dépendance, ou plutôt de hiérarchie dans le Bocage vendéen,
distinction à faire ici, dans les relations professionnelles, et non pas dans
les rapports entre roturiers et nobles, contrairement à une confusion trop
répandue. Plus tard, le fils de René Bossard, Pierre Nicolas Bossard,
continuera le bail de la Chapelle. René Bossard fut agent de Chauché (maire)
sous le Directoire, et un autre de ses fils, François Bossard, fut capitaine de
la garde nationale de Chauché à fin 1791, puis président de la municipalité du
canton de Saint-Fulgent en 1799 (d’obédience républicaine). C’est le fermier
qui percevait les droits féodaux annuels faisant partie de sa ferme :
cens, rentes et autres. Les lods et ventes (droits de mutations) étaient
directement payés à la recette du château de la Rabatelière. En cas de
problèmes sur ces droits, le fermier faisait appel au procureur fiscal de
Languiller qui pouvait enclencher des procédures judiciaires contre les
récalcitrants (83). À cette époque le procureur fiscal de Languiller était le
même que celui de la Rabatelière, Mathurin Thoumazeau. En 1787 la ferme de
Languiller s’élevait à 4 000 livres par an, dont 650 livres pour les terrages,
1 173 livres pour les rentes et devoirs féodaux et 2177 livres pour 5 métairies
et le château (84).
En
1766 le bail de Languiller fut signé par le fils de Jeanne Orion, Pierre
Cailleteau. L’année d’après les enfants vivant encore au château de Languiller
avec leur mère Jeanne Orion mirent fin à leur communauté de biens meubles constituée
entre eux : Pierre Cailleteau, sa femme Anne Roy, Louise Cailleteau
(mineure qui épousera Joseph Basty), et Jacques Cailleteau (qui venait
d’épouser Marie Bordron, cousine du premier maire de Saint-André, et venait de
quitter Languiller). Ils ne possédaient pas les bestiaux des fermes de
Languiller, mais le profit qui leur en revenait au jour du partage s’élevait à
1 557 livres. De plus ils en possédaient à la Brosse Veilleteau, au
Plessis Cougnon et à la Chapelle de Chauché, pour 889 livres. Cela représentait
un montant de 2 446 livres à partager entre eux. À quoi s’ajoutait une valeur
de 280 livres de ferrures, outils, charrettes et charrues en commun. Pierre
Cailleteau a acheté les parts de sa mère, de sa sœur Louise et de son frère
Jacques (85). Son fils Pierre sera un républicain agent de Chauché en 1799 et
maire orléaniste après 1830. Sa fille Adélaïde épousera un chef des armées
vendéennes, Pierre Rezeau. Un autre fils, Pierre Louis, participa au
soulèvement royaliste de 1814 contre Napoléon.
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Four à chaux (encyclopédie Diderot)
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La tuilerie de la Vrignonnière près de Languiller
appartenait à un particulier. En 1785 c’était Jeanne Marie Le Roy, veuve de
Joseph Bousseau, sieur de la Robinerie, demeurant au bourg de Chauché. Elle
l’afferma pour 7 ans cette année-là à Jacques Lord, tuilier demeurant à la
Grande Renaudière, paroisse de la Gaubretière, remplaçant un nommé Guesdon. La
ferme était de 75 livres par an pour la maison où logeait ordinairement le
tuilier, le four à tuile et à chaux, le jardin et terres en dépendant. Il pouvait
se fournir en bois de branchage des chênes têtards et des haies du champ voisin
de landes appelé le Champ de la Pitière (86). La tuilerie a fourni des tuiles,
des carreaux et de la chaux, notamment aux châtelains de la Rabatelière pour
l’entretien des bâtiments dans les métairies et leurs logements, en particulier
les travaux de grande réfection du logis de Languiller et du château de la
Rabatelière. D’autres tuileries les fournissaient aussi, à la Brossette et à
Guillerie (Chauché), alors que le four de la Parnière parait à l’époque dédié
surtout aux poteries, comme on le voit dans les comptes du régisseur de la
Rabatelière. On ne sait pas à quand remontait cette tuilerie de Languiller, au
moins avant 1683, car elle est citée à cette date dans les confrontations d’une
parcelle foncière du tènement de la Vrignonnière (87).
Jacques Lord, le
tuilier de la Vrignonnière, était né à La Gaubretière où il s’était marié avec
Marie Anne Bigot, Ils eurent trois enfants qui naquirent à la Vrignonnière
(1789, 1791 et 1793). Jacques
Lord est décédé à Chauché, au Boucholet, le 24 mars 1793 (vue 2/043), des
suites de blessures reçues au combat de pont Gravereau (ou la Guérinière) le 20
mars 1793. Son épouse obtint une pension au titre de veuve d’ancien
combattant (88). Elle avait déclaré alors être filandière, à Chauché, où elle
est décédée le 26 octobre 1821 (vue 154/377).
Thomas René
Montaudouin (1751-1802)
Il était le fils aîné de Nicolas Montaudouin,
lequel était devenu, après la mort de son frère aîné René III Montaudouin,
l’héritier principal de ce dernier. Quand Nicolas Montaudouin est décédé à son
tour en 1762, son fils aîné n’avait que 11 ans. À l’âge de 22 ans on le voit
émancipé d’âge lors de la signature d’un bail d’une métairie à la Roche de
Chauché (acte dans le fonds Boisson), la majorité étant alors à 25 ans. C’est
en 1779 que la famille procéda au partage de la succession de René III
Montaudouin, sans sa sœur Marie Rosalie, épouse du comte de Monboucher, qui
avait dû sortir de l’indivision auparavant avec une dot. Les copartageants étaient deux
sœurs de René III (Elizabeth, marquise douairière de Grenédan, et Bonne,
célibataire), la veuve de son frère Nicolas (Anne Montaudouin), les deux
enfants de cette dernière (Thomas René et Thérèse), les trois enfants survivants
du frère Thomas (Thomas, Patrice et Anastase), et les trois enfants de la sœur
Marie Anne, épouse de Guichardy et du Dresnay (Guillaume Guichardy, Anne et
Joseph du Dresnay). Les domaines étaient importants et la part de chacun fut
conséquente, la grosse part allant au fils ainé suivant les règles de
succession d’alors (article 289 de la coutume du Poitou). Et dans cette part de
l’aîné, en indivision avec sa sœur, se trouvait Languiller, avec une grande
partie des terres de la Rabatelière, dont le château (89). Le frère et la sœur ont d’abord
laissé en indivision entre eux la succession de leurs parents, y mettant fin
par un partage sous seing privé le 26 mars 1788.
Thomas René Montaudouin gérait à la Rabatelière,
avec son régisseur, non seulement ses biens propres, mais aussi ceux échus à
d’autres membres de la famille, comme la métairie de la Porcelière par exemple
ou la Chapelle de Chauché. Dans un acte de 1786 il est ainsi présenté : « Nous
soussignés Thomas René Montaudouin, seigneur de la Clartière, de Sainte-Croix,
de Machecoul, des vicomtés et châtellenies de la Rabatelière, Jarrie, Raslière,
Languiller, les Bouchauds, Coin Foucault et autres lieux, demeurant ordinairement
en notre hôtel à Nantes, paroisse de Saint-Jean et Saint-Pierre ». Il
habitait rue Chauvin près de la cathédrale. C’est son beau-frère, René de
Martel, qui fit construire en 1883 l'hôtel Montaudouin ou des Colonnes (classé aux monuments historiques), sur
l'actuelle place Maréchal-Foch. Son
porche enjambe la rue Chauvin.
Thomas René Montaudouin avait épousé le 7 avril
1778 dans la paroisse Saint-Nicolas de Nantes Anastase Claire Montaudouin sa
cousine germaine, fille de Thomas Montaudouin et d’Anastase Clarck. Deux ans
plus tard, le 25 juillet 1780, sa sœur Thérèse épousa dans la paroisse
Sainte-Croix René Elizabeth de Martel. Ce dernier mourut en 1786 à l’âge de 32
ans, laissant une fille qui mourut peu après.
Thomas René Montaudouin eut quatre enfants nés
à Nantes (90) :
-
René Luc, baptisé le 6 mars 1780 à Sainte-Croix
et décédé le 8 avril 1782 dans la même paroisse.
-
Thomas baptisé le 4 mars et décédé le 1e avril
suivant (paroisse Sainte-Croix).
-
Thomas Pierre baptisé le 19 décembre 1785 et
décédé le 10 mars 1791 (paroisse Saint-Jean)
-
Françoise baptisée le 14 février 1789 et décédée
le 25 février 1791 (paroisse Saint-Jean)
Thomas René Montaudouin émigra, probablement en
1792 (91), et ses biens lui furent confisqués. Les bâtiments de Languiller
subirent l’incendie d’une colonne militaire au début de 1794.
Les
autorités propriétaires des biens nationaux, méfiantes, ne voulurent pas tenir
compte du partage de leurs biens opérés en 1788 entre le futur émigré et sa sœur
Thérèse, et les considérèrent toujours en indivision. Elles demandèrent en
conséquence le 5 novembre 1796 à deux experts de refaire ce partage suivant les
règles en vigueur sous l’Ancien Régime, pour être assurées d’entrer en
possession de la totalité de la part des biens confisqués de Thomas René
Montaudouin (en tant qu’aîné il avait droit aux 2/3, part dont la République ne
voulait pas se priver).
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Procès-verbal
d’estimation
du château de la Rabatelière en 1797
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À cet effet elles désignèrent pour représenter le
département Étienne Sorin, propriétaire et juge à Montaigu. Thérèse Montaudouin
désigna Jacques Rousseau, fermier à Chavagnes, pour la représenter. Ils firent
l’inventaire et estimation des biens nobles et non nobles et en formèrent trois
lots égaux, dont deux devaient revenir à la République, aux droits du fils aîné
noble héritier. Le préciput (château de la Rabatelière et ses enclôtures d’une
surface de 3 septerées selon la coutume du Poitou) s’ajoutait à la part de
l’aîné. Le tirage au sort du 22 janvier 1797 attribua les deux lots revenant à
la République et celui revenant à Thérèse Montaudouin. Languiller tomba
dans la part de la République et fut vendu comme bien national. Le château, la
borderie de la porte et le bois de Languiller furent adjugés le 18 pluviôse an
6 (6 février 1798) à René
Fabre et Vincent Luminais demeurant à Nantes pour la somme de 420 200 F (92).
L’estimation préalable qui en avait été faite 2 mois plus tôt indiquait :
« Maison et
borderie partie en ruine consistant en 5 chambres basses et hautes, dont 1
basse et 1 haute incendiées, la galerie, la gerberie, la grange et 2 pavillons
aussi incendiés. Plus la haute cour avec la basse-cour auquel il existe la
boulangerie, 2 écuries et des greniers au-dessus, 1 charnerie avec 1 chambre à
cheminée au-dessus (le tout occupant une surface de 6 boisselées), plus jardin, charmille et terrasse
renfermée de murs en partie carrelée (11 boisselées). Les terres totalisaient
218 boisselées (26,5 ha) en 18 champs, les 4 prés totalisaient 162 boisselées
(19,7 ha) dont l’ancien étang en nature de prairie de 110 boisselées (13 ha),
puis un petit étang de 3 boisselées. Le bois de Languiller occupait une surface
de 700 boisselées (85 ha) en taillis et futaie (93). Les autres
métairies dépendant de Languiller autrefois furent aussi vendues, mais séparément. Étienne Sorin, l’expert pour le compte des autorités révolutionnaires, devint
après les ventes des domaines par le département, fondé de pouvoir de la
châtelaine de la Rabatelière (voir sa biographie dans le dictionnaire des Vendéens).
René Pierre Forestier acquit vers le début des
années 1800 de Fabre et Luminais le logis de Languiller avec sa borderie et le
bois de Languiller (94). Il possédait la Parnière (Brouzils) et avait épousé le
4 juillet 1785 à Chauché Marie Anne Cailleteau, fille de Pierre Cailleteau et
d’Anne Roy évoqués plus haut, anciens fermiers de Languiller. Elle était née à
Languiller en 1759 et mourut à la Parnière en 1803. De la fille du fermier
général elle était devenue la femme du propriétaire ! Son mari René
Forestier étant un « pataud » (bourgeois républicains) poursuivi par
les révoltés vendéens, elle dû le suivre dans son refuge de la Chapelle-Thémer
dans la plaine du sud Vendée pendant la guerre de Vendée, où elle mit au monde
deux de ses enfants en 1795 et 1796.
La belle-famille de René Forestier, les Cailleteau de Languiller, nous donne un exemple
d’engagements politiques opposés pendant la guerre civile : un fils maire
républicain de Chauché (Jean Marie), l’autre soldat aux Cent Jours pour le roi
(Pierre Louis), une fille qui épouse un chef des armées vendéennes, Pierre
Rezeau (Adélaïde). De plus, Languiller servit de refuge en 1795 à l’abbé
Brumault de Beauregard, vicaire général de l’évêque de Luçon en exil. Avec lui
se trouvaient alors trois infirmières, une religieuse, deux dames nobles et un jeune enfant.
Mais ayant été repérés ils durent prendre la fuite. Dans ses mémoires monseigneur de
Beauregard (devenu évêque d'Orléans) cite les « fermières » qui avaient accueilli les réfugiés.
Il s’agit d’Anne Roy et ses filles (95).
La veuve
Cailleteau avait acheté en 1792 par adjudication la métairie de la
Coutinière à Chauché pour un peu plus de 14 000 livres. Prétendant avoir
été trompée, elle réclama une nouvelle adjudication, où la métairie fut adjugée
à plus de 9 000 livres à quelqu’un d’autre. Elle devait néanmoins payer au
département la différence, soit 5 000 livres, mais elle voulut avoir la faculté
de payer dans 12 mois, comme les acquéreurs de biens nationaux. Le département
refusa sa demande et elle porta l’affaire devant le tribunal civil de Montaigu.
Le commissaire du roi était Jean Victor Goupilleau, le frère du député jacobin.
Il fit suspendre la décision du tribunal, pensant que le département avait mal
interprété la loi, et saisit la Convention à Paris en en informant son frère, l’un
de ses membres (96). On ne sait pas la suite donnée à cette intervention.
Revenu
d’émigration, René Thomas Montaudouin a été radié de la liste des émigrés le 22
novembre 1801. Il prêta entre les mains du préfet de Loire-Atlantique le
serment prescrit par le sénatus-consulte de fidélité à la République. Nous
avons une lettre de sa sœur, non datée, au ministre de la police générale, où
elle fait état du « dérangement de sa santé et de sa fortune (qui) le met
dans une position pénible et digne de pitié » (97). Il avait alors 50 ans,
indiquant comme profession : agriculteur. Ruiné et malade, il enterra sa
femme le 20 floréal an 10 (10 mai 1802) à Nantes. Lui-même est mort le 28
vendémiaire an 11 (20 octobre 1802), à son
domicile de la rue Chauvin, proche de la place de la Liberté à Nantes (98).
(1) Vidimus faits en 1664 des titres de propriété du
seigneur de la Rabatelière, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière : 150 J/G 49, page 88.
(2) Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des
familles du Poitou, 2e édition, T 3, 1905. Voir Gallica : Identifiant : ark:/12148/bpt6k6560296n, page 506 pour du Fou et page 278
pour Eschallard.
(3) P. Marchegay, Recherches historiques par canton, Archives de Vendée, annuaire de la société
d’Émulation de la Vendée, 1858, page 136 (vue 70).
(4) Aveu de
Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605, Archives de Vendée,
Travaux de G. de Raignac : 8 J 101, page 72 et s.
(5) Sentence du 25-2-1700 sur le droit de sépulture
à la Chapelle, Archives de Vendée,
chartrier de la Rabatelière, seigneurie de la Chapelle Begouin : C 84.
(6) Note no 5 sur le Coin à
Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(7)
Laurent Blanchard, À La Rochelle, entre sa foi et son roi, Monsieur de
Loudrière (c.1580-1628), Éditions Ampelos, 2018.
(8) R.
Valette, Essais d’épigraphie vendéenne, Revue du Bas-Poitou, 1896, page
401, vue 17.
(9) La Vendée
au temps des guerres de religion, éditée par M. N. Baudouin-Matuszek, Éditions du CVRH,
2013, page 293.
(10) A.
de Goué, Le démantèlement de Montaigu (1581-1588), Revue du Bas-Poitou,
1910, page 49, vue 28.
(11)
Ibidem, page 399.
(12) Ibidem, page 403.
(13) Idem (8).
(14) Idem (2).
(15) B.
Fillon et O. de Rochebrune, Poitou et Vendée études historiques et
artistiques, réimpression de Laffitte en 1981 de l’édition de 1887, T. 1, page
66, 67 et 68.
(16) B.
Fillon et O. de Rochebrune, Pasteurs de l’église réformée de Fontenay, pages
79 et 86, dans « Poitou et Vendée, études historiques et artistiques »,
réimpression par Laffitte en 1981 de l’édition originale de 1887.
(17) Aveu
6-8-1616 de René Voyneau à Languiller pour la 1/2 des terrages de Puyravault et
la Vallée, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 5.
(18)
Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière, dossier de Linières : 150
J/C 17.
(19)
Eugène Haag, La France protestante, (1853) T 4, page 543.
(20) Idem
(16).
(21) Idem
(15).
(22) Journal d’un capitaine huguenot Paul de Vendée, Éditions
Ampelos, 2012, édition originale 1880, note de la page 135.
(23) Ferme
de Languiller du 24-7-1622 de Marie Hurault à Daviceau, Archives de Vendée, notaire Jehan Robert : 3 E 37/301, année 1622, vue 300/637.
(24) Note no 31 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(25) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier,
vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de
Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 41, 83, 84, 111, 132, 140 et
144.
(26) Idem (7), page 45.
(27), Maurice Maupilier, Trois aigles d’azur au cœur profond de la Vendée, histoire de
Mareuil-sur-Lay, Le cercle d’or Jean Huguet, 1979.
(28)
M. C. Verger, aveu de Poiroux du 24 juin 1642, Archives de Vendée, société
d’émulation de la Vendée, 1881, page 9 (vue 26).
(29) Colbert de Croissy, État du Poitou sous Louis XIV : Rapport au roi et mémoire sur le clergé ...
publié en 1865 par Dugast-Matifeux, page 111
(publié dans Gallica.fr).
(30). E. de
Monbail, Notes et croquis sur la Vendée, Laffitte Reprints à Marseille, réimpression
en 1978 de l’édition de 1843, page 40.
(31)
G. de Raignac, Dépouillements d'archives
publiques et privées concernant les familles vendéennes, vol. 12, 8 J
103, pages 85 et 86.
(32) Les seigneurs de Puy
Greffier, Archives du diocèse de Luçon, fonds Boisson : 7 Z 18-2.
(33) Revue des provinces de l'Ouest (Nantes) A. Guéraud (Nantes)
1854, n° 1, 6e année, page 206.
(34) Notes no 35 et 37 sur Languiller à Chauché, Archives d'Amblard de Guerry : CH 3.
(35)
Journal du Palais, Maximilien Eschallard contre duché de Thouars, 1686, 10e
partie, pages 145 à 150.
(36) Jérôme Biteau, Mémoire en images le canton des Essarts,
éditions Sutton, 2010, page 33.
(37) Gaston Zeller, Les Institutions de la France
au 16e siècle, PUF, 1948, page 198.
(38) Charles de Chergé, Guide du voyageur à
Poitiers et aux environs, l’Etang, 1872.
(39) Archives de Vendée, société d’émulation de la Vendée (1876), C.
Gourraud, Notes historiques sur Chavagnes,
la Chardière : page 140 vue 52.
Cet auteur attribue l’anoblissement à André Le Geay, fils de Pierre. Nous
retenons la thèse de G. de Raignac l’attribuant à Pierre.
(40) Sentence du 25 juin 1652 de Pierre Moreau,
sieur du Coudray et sénéchal de Languiller pour l’exécution de saisies. Archives
de Vendée, chartrier de la Rabatelière : J 150/A 12-1.
(41) Notes no 39 à 41 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(42)
Ibidem, et note no 42. Et mémoire vers 1683 sur la vente frauduleuse de 2
rachats par C. Le Geay, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/I 44.
(43) Mémoire du 20-1-1683 de P. Chitton au
parlement de Paris, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150
J/G 49, page 5.
(44) Et mémoire vers 1683 sur la vente frauduleuse de 2
rachats par C. Le Geay, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/I 44.
(45) Déclaration roturière du 27-2-1701 des Landes
Gâteaux (Essarts), par Anne Merland à Languiller, Archives de la Vendée,
chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 12-1, page 1.
(46) Beauchet-Filleau, Dictionnaire historique et généalogique des familles de Poitou, 2e
édition, T. 2, 1895, famille Chitton, pages 479 et s.
(47)
G. de Raignac, Dépouillements d'archives publiques et privées
concernant les familles vendéennes, vol 12, Archives de Vendée : 8 J 101.
(48) Contrat de mariage du 5-7-1628 de Pierre de la Bussière avec Anne Chitton, Archives de Vendée, Fonds Mignen : 36 J 357.
(49) Mémoire du seigneur de Languiller sur la
chapelle de Fondion, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150
J/G 66.
(50) Idem (46).
(51) Chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 11,
pièce 59, lettre du 12-12-1686 de Labergeril à Philippe Chitton, prévôt général
du Poitou, pour dénoncer deux déserteurs, affaire Guillaume Moreau.
(52) Chartrier de la
Rabatelière : 150 J/A 11, sentence du 23-5-1698 du présidial de La
Rochelle, condamnant Masson à payer à Chitton la moitié des terrages du fief de
la Chemillière (Essarts).
(53) Philippe
Ariès, L’homme devant la mort, Seuil, 1977, page 105.
(54) Mémoire en avril 1750 de Gourdin contre les
Montaudouin et Brillac, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/F 23, procédure la Martinière. Et ibidem :
avis du 15-12-1746 en faveur des Montaudouin.
(55) Lettre du 26-10-1746 de Montaudouin à Gaschet, Archives de Vendée,
chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 23.
(56) Chartrier de la
Rabatelière : 150 J/A 14, attestation de présence aux Essarts du 26-6-1683
de Boursaud procureur de Philippe Chitton.
(57) Visite du 18-8-1763 et inventaire des
réparations à faire au château de Languiller, Archives de la Vendée, notaires
de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/3. Et travaux à Languiller, chartrier
de la Rabatelière : 150 J/K6.
(58) Note no 53 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(59) 150 J/A 11, pièce
92, affaire du chemerage de la seigneurie des Bouchauds à la Vrignonnière et
Ansonnière.
(60) Contrat
de mariage du 28-11-1665 de Philippe Chitton avec Bénigne de la Bussière,
Archives de Vendée, Fonds Mignen : 36 J 357.
(61) 150 J/A 12-5, assignation du 27-11-1700 pour
le bornage des terres avant l’assèchement du grand étang de Languiller.
(62) 150
J/C 68, partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur
de la Rabatelière, page 27.
(63)
Contrat de mariage de Pierre René de Vaugiraud et de Madeleine Françoise
Chitton du 20-1-1732, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille
de Vaugiraud : 22 J 1.
(66) Requête
du 1-7-1747 contre les Brillac pour reprendre le procès, ibidem : 150 J/F 23.
(67) Note no 64 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(68) Livre des recettes et dépenses du
château de la Rabatelière d’août 1787 à février 1789 tenu par René Thomas
Montaudouin, page 27, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/I 55.
(69) A. Perret, René Montaudouin, armateur et négrier
nantais (1673-1731), Nantes 1949, brochure aux Archives départementales de
Loire Atlantique.
(70) 150 J/K 2, livre des recettes et mises pour
Mme la douairière (1736-1749), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière.
(71) Les
Montaudouin, arbre
généalogique de René III Montaudouin, Archives du diocèse de Luçon, fonds de
l’abbé Boisson : 7 Z
64.
(72) 150 J/K 3, livre des recettes et dépenses
(1735-1755), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière.
(73) 150 J/K 6, livre des comptes
de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, 2e et 8e
feuille non paginée à la fin du registre.
(74) 150
J/E 37, ferme du 28 mai 1752 de la terre de Languiller, et estimation des bestiaux du 26
avril 1753 de la terre de Languiller (avec des notes de
renouvellement).
(75) Offre de foi et hommage du 4-2-1755, par Thoumazeau, de Languiller
aux Essarts, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E
27.
(76) Minu
du 26-10-1751 de Nicolas Montaudouin au roi pour des domaines et droits du fief
de la Clartière. Et minu du 23-11-1751 de Montbourcher au roi pour la ½
de la forêt d’Hiré et fief Morblé, Archives de Loire-Atlantique, titres de
famille avant 1790, 3e série Montaudouin : 2 E 3505.
(77) 150 J/E 27, lettre du 28-12-1754
de F. Beaupré à Thoumazeau sur les services religieux et le droit de rachat.
(78) Les
Montaudouin, testament du 28
et 29 novembre 1754 de M. Montaudouin de la Rabatelière, Archives du diocèse de
Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7
Z 64.
(79) 150 J/E 27, procuration du 1-2-1755 de Nicolas
Montaudouin à Thoumazeau pour l’hommage de Languiller, et offre de foi et
hommage du 4-2-1755, par Thoumazeau, de Languiller aux Essarts.
(80) 150 J/E 27, lettre du 31-8-1766 de Thoumazeau
à Gaschet.
(81) Rabatelière, administration et prix de
produits de base, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson :
7 Z 58-8.
(82) 150 J/I 55, recettes et dépenses du château de
la Rabatelière de septembre 1785 à avril 1786, page 10.
(83)
Amortissement du 28-3-1761 d’une
rente foncière due à M. de Montaudoin, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3
E 30/3.
(84) 150 J/I 55, livre des recettes et dépenses du château de la Rabatelière d’août 1787
à février 1789 tenu par René Thomas Montaudouin, page 24.
(85) Partage du 29-7-1767 de la communauté
Cailleteau à Languiller, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent,
Thoumazeau : 3 E 30/119.
(86) Lieux-dits
de Chauché, Archives
du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2, page 1.
(87)
150 J/F 28, déclaration roturière du 12-3-1683 de Catherine Javelle à
Languiller (Philippe Chitton), à cause des seigneuries de Languiller et des
Bouchauds, de domaines situés au village et tènement de la
Vrignonnière-Girardeau, page 1.
(88) Archives
de Vendée, pensions aux anciens combattants et veuves : SH XU 39-5 – XU
39/8 vue 6/7 ; aussi XU 39-6 vue 1 et 39-8 vue 6/7 n° ordre 751). Informations
communiquées par M. Joseph Gris en octobre 2020.
(89) Partage de succession Montaudouin arrêté le 29
octobre 1779, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(90) Ibidem
fonds Boisson : 7 Z 64, les Montaudouin, arbre généalogique de
Thomas René Montaudouin
(91) Notes intitulées : À la Rabatelière en décembre 1793,
dans Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 46-2, les
débuts de l’insurrection et l’année 1793.
(92) 150
J/C 68, adjudication du château, borderie et bois de Languiller du 18 pluviôse
an 6.
(93) 150
J/C 68, estimation du 24 frimaire an 6 du château et borderie de Languiller
avec ses bois.
(94)
150 J/C 68, jugement du 15-7-1812 du tribunal de Napoléon-Vendée contre
Forestier.
(95)
Georges du Tessay, Histoire des moines et des évêques de Luçon (volume 3), p. 411. Information donnée
par Monsieur Joseph Gris en octobre 2020.
(97) Ibidem
fonds Boisson : 7 Z
64, les Montaudouin, lettre de Mme
de Martel au ministre de la police.
(98) Idem
(86). Et extrait d’acte de décès
de Thomas René Montaudouin du 20-10-1802, Archives de Vendée, chartrier de la
Rabatelière : 150 J/F 9.
Emmanuel
François, tous droits réservés
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