Les terres concédées au Moyen Âge
par les seigneurs à des tenanciers leur rapportaient de moins en moins au fil du temps. La
partie fixe en argent des droits seigneuriaux, était devenue une valeur
symbolique à cause de la dévaluation des monnaies en circulation et des hausses
de prix. En revanche les terres du domaine direct, qui entouraient les logis ou
châteaux seigneuriaux, ont vu leurs profits bénéficier du retour à la prospérité
agricole après la fin du Moyen Âge. Elles étaient exploitées par des ouvriers
agricoles sous les ordres d’un régisseur. Mais de ce mode de faire valoir, nous
n’avons pas trouvé trace à Saint-André-Goule-d’Oie, probablement à cause d’une
documentation disponible trop récente. Celle-ci fait état d’exploitation par
métayage dans les domaines seigneuriaux au plus tôt vers la fin du 16e
siècle à la Roche Mauvin, par exemple.
Il s’en suit qu’on trouvait parfois
dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie une juxtaposition de métairies et de
petites propriétés sur le même tènement aux 17 et 18e siècles. C’est
ce que nous montre l’abondance de la documentation concernant la Porcelière. Au
17e siècle on a repéré plusieurs borderies de quelques hectares, et
le seigneur de la Rabatelière y possédait une métairie de 32 hectares. Nous
reparlerons de celle-ci plus loin, mais commençons par les petites
propriétées.
Quelques borderies de la Porcelière et un moulin à vent
D’abord on a la famille de
Vaugiraud (de Bazoges-en-Paillers) qui possédait par héritage une borderie à la
Porcelière. Elle avait été constituée au 17e siècle par petits achats
successifs à des propriétaires probablement dans le besoin. Jacques
Moreau acheta le 8 septembre 1633 à François Bourier et autres leurs parts et
portions qui leur appartenaient dans des terres au tènement de la Porcelière (1). Il acheta
aussi par arrentement des domaines non précisés à un nommé Béranger. En témoigne deux quittances des 23 avril et 10 juillet 1644 de 60
livres de paiement de sa rente (2). La fille de Jacques Moreau épousa en 1650
René de Vaugiraud, ce qui explique l’existence de cette borderie un siècle
après dans cette famille.
En 1750 Jean Gabriel de Vaugiraud, chevalier
seigneur de la Maigrière, demeurant à Mortagne, signe un bail en l’auberge du
Chêne-Vert dans le bourg de Saint-Fulgent, avec les fermiers qui sont Jean Roy
et sa femme Jeanne Brisseau. La borderie est affermée à prix d’argent moyennant
60 livres par an pour 7 ans (1751-1758). Les clauses sont celles habituelles des
notaires de Saint-Fulgent (3).
Dans les papiers de Pierre Moreau,
prieur-curé de Saint-André-Goule-d’Oie, on trouve des quittances
concernant des réparations pour un moulin à la Porcelière (4). Ici c’est
l’homme privé qui est propriétaire du moulin et non le prieur, frère de Jacques
Moreau, l’acheteur de terres évoqué ci-dessus. Malheureusement c’est la seule
fois dans nos recherches où il est fait mention d’un moulin à la Porcelière,
probablement à vent, et encore sur l’intitulé d’une pièce. On ne peut pas en
dire plus.
Atelier du sabotier |
On recense 19
déclarations roturières pour les années 1701 et 1702 faites par chaque
propriétaire à son suzerain, le seigneur de Languiller. Parmi eux, 11
déclarants possèdent moins d’un hectare, et les autres ont de petites
borderies. C’est qu’avec les héritages on divisait les propriétés, et pour
vivre avec de petites surfaces, ne serait-ce qu’un jardin ou un verger, on
pratiquait le louage de services ou l’artisanat. Les nombreux artisans, tisserands,
sabotiers, boulangers, tailleurs d’habits, etc. restaient habiter dans les
villages. D’autres habitants devenaient laboureurs à bras ou laboureurs à
bœufs. Ils se louaient, seuls ou avec un attelage de trait, pour les travaux
saisonniers dans les exploitations agricoles importantes. Non seulement
l’époque ignorait les formes modernes du commerce, mais aussi l’industrie
n’existait pas. Seuls les artisans fabriquaient les objets nécessaires à la vie
courante, comme les clous par exemple.
L’époque ignorait aussi les
formes modernes de la finance. On trouve par exemple Martin Herbreteau,
laboureur à bœufs demeurant à la Bordinière (Rabatelière), qui déclare une
rente de 5 livres. Il a arrenté une petite surface située à la Porcelière à son
neveu André Herbreteau, habitant aussi à la Bordinière. S’agissant d’un revenu
tiré sur un bien fonds, son bénéficiaire devait participer au paiement des
droits seigneuriaux du tènement. Rappelons que la pratique des rentes tenait
lieu de crédit qui n’existait pas à l’époque, sauf rares exceptions.
Concrètement, Martin Herbreteau avait vendu son bien à son neveu. Celui-ci
versait cette rente foncière (gagée sur le bien foncier acquis), annuelle et
perpétuelle pour payer son acquisition.
Elle était dite perpétuelle, mais
pouvait être rachetée moyennant un paiement comptant, montant à vingt fois sa
valeur annuelle (appelé le « denier
vingt »). Celle-ci représentait donc 5% de la valeur du bien acheté.
Mais cette rente ne concernait que le paiement des intérêts annuels de 5 %, et il
fallait rembourser d’un coup la totalité du capital pour faire cesser le
paiement de la rente perpétuelle, quel que soit le moment où l’on rachetait la
rente. Voilà qui constituait un bon rapport pour le « rentier », car,
avec une faible inflation, le capital ne perdait pas beaucoup de sa valeur. Le
mot rentier va d’ailleurs prendre un sens péjoratif au fil du temps. C’était en partie la
conséquence de l’interdit moral édicté par l’Église contre les usuriers et le
discrédit qu’elle jetait sur le commerce de l’argent. De l’intention, ici morale et religieuse contre l'usure, au résultat obtenu de la
promotion des rentiers, on vérifie à nouveau que les bonnes intentions
rigidifiées dans les principes pavent le chemin de l’enfer. Cette pratique palliait l’absence
d’institution financière, laquelle constituait un frein au
développement de l’activité économique. Néanmoins l’Église ne considérait
pas la richesse comme illégitime, à condition de la sanctifier par des dons aux
pauvres et aux institutions ecclésiastiques, comme on le voit dans la pratique
des testaments. Dès le Moyen Âge, il existait une activité financière dans les
grandes villes, et pas seulement réservée aux juifs, comme en témoignent les
marchands lombards. C’est la carence d’une demande, liée aux modes d’activités
économique, qu’il faudrait interroger, autant que les préceptes religieux, pour
comprendre l’absence des banquiers dans les campagnes.
On a en 1701 des propriétaires
extérieurs à la Porcelière, soit parce que les mariages emmenaient certains
enfants vivre chez leurs conjoints, soit qu’on allait chercher du travail
ailleurs. Les propriétaires de fonds non-résidents sur la Porcelière, avaient
des métiers divers : meunier pour Pierre Rauturier à la Rabatelière,
charpentier pour Jean Charrier à la Bordinière, laboureur à bœufs à Saint-Martin-des-Noyers pour André Guereau, tisserand pour Mathurin Michelet au Landreau, ou
marchand pour Pierre Bleteau du Landreau, etc. Au village de la Porcelière on
trouve, soit laboureur soit journalier : Daniel Martineau, Pierre Gréau,
Antoine Bordet, Jacques Maindron.
Porcelière |
D’autres déclarations d’habitants
concernent des communautés familiales en indivision : Jacques Gallot avec
André et Jean Caillé ses beaux-frères ; Étienne Metereau, fils de Julien,
avec ses frères et sœurs Marie Perrine, Françoise, Pierre, Marie
Metereau ; Mathurin Gallot avec les enfants mineurs de sa sœur Charlotte
Gallot, décédée, et de Pierre Bertrand, Jean Gallot, les enfants de Marie
Gallot, décédée, et de Pierre Richard (journalier demeurant au village de la
Bourolière), et enfin pour finir de compter les membres de cette importante
indivision, Augustin et Joseph Rauturier, « lesquels dits domaines ne sont (pas) partagés et divisés entre nous », indique le texte.
Les déclarations roturières, qui
nous ont servi à constater le morcellement du foncier, ne disent qu’une partie
de la réalité d’alors. Une borderie ou métairie pouvait se constituer par
regroupements de pièces de terres situées sur un même tènement ou sur plusieurs
tènements voisins. Pour les détecter, il reste alors les archives des notaires,
actant les ventes de domaines.
Bourolière |
On le constate lors de la vente
du 4 juillet 1790 d’un sixième d’une
petite borderie composée de maison et terres à la Porcelière et Bourolière, par
Jean Herbreteau, bordier demeurant au Cormier (Chavagnes) à Mathurin Trotin,
bordier demeurant au Landreau (Chauché). Le vendeur était propriétaire à titre
successif de sa mère Marie Millasseau (5). Il y avait des Millasseau à la
Bourolière en effet, et par héritage une petite borderie s’est constituée de
quelques champs situés sur les deux tènements de la Bourolière et de la
Porcelière et d’une maison dans ce dernier village. La borderie n’atteignait
pas au total les 4 hectares, et l’un des héritiers vend ainsi sa part « par forme de licitation entre copartageants ».
La formule était très pratiquée pour éviter de partager une exploitation déjà
bien petite. Comme maintenant, la vente à titre de
licitation concernait un bien qui était en indivision entre plusieurs propriétaires, alors que la fin de
l’indivision n’était pas aussi facile que maintenant à mettre en œuvre.
Dans le même genre on trouve une autre vente en
1791 d’une partie de maison à la Porcelière, pour 10 livres ! Le
vendeur est Étienne Blandin, farinier demeurant à la Templerie (Bazoges), qui
avait hérité d’une cousine, Renée Gautron, de cette maison avec un jardin, avec
ses frères et sœurs. Sa part n’est que d’un sixième et il l’a vend, pas cher il
est vrai. L’acheteur est un voisin de la Porcelière, Mathurin Herbreteau, qui
achètera les autres parts, est-il précisé dans l’acte (6).
En 1790 s’était vendue une autre
borderie à la Porcelière, dont le fermier s’appelait Jacques Gallot. Comme
d’habitude, l’acte notarié la décrit ainsi : « maison, grange,
toits, rue, ruages, quaireux, terres labourables et non labourables », sans indication de surface (7). Son prix est de 462
livres, payé comptant. Il représente une exploitation d’environ 4 hectares.
C’est une vente à réméré, dont la « grâce »
est fixée à trois ans. Pendant ce délai (la
« grâce »), le vendeur se réserve un droit de retrait sans frais,
c’est-à-dire la possibilité d’annuler la vente et de reprendre son bien en
remboursant l’acquéreur. Faute d’offre bancaire à l’époque, cela permettait de
trouver de la trésorerie, dans l’attente d’un retour espéré à meilleure
fortune.
En 1788 on a une autre vente de
borderie à la Porcelière pour le prix de 1600 livres, qu’on peut estimer d’une
surface d’environ 15 hectares à cette époque à cause du prix. Elle avait été acquise
deux ans plus tôt pour le même prix par les frères Jacques et Pierre Guesdon (Plessis-le-Tiers) et leur beau-frère Jean Marchand (Bordinière). Et ils la revendent à Mathurin et Jean Herbreteau, bordiers demeurant
séparément à la Porcelière (8). Ceux-ci ne sont pas à confondre avec les
frères Mathurin et Jean
Herbreteau habitant Linières à la même période. Néanmoins ces derniers sont cousins germains de la future
épouse d’André Herbreteau de la Porcelière, Jeanne Rondeau, lors de la
signature du contrat de mariage de ces derniers le 15 janvier 1767 (9). Les généalogistes qui
travaillent sur le nom d’Herbreteau dans la contrée méritent notre encouragement !
En 1768, Pierre Fonteneau, bordier demeurant à la
Porcelière, a acheté à André You, bordier demeurant à l’Hopitaud (Chavagnes), la
moitié d’une petite borderie aux tènements de la Porcelière, Barbries,
Chopinière et Canteteau, composée au total d’une maison avec ses ruages devant
et derrière contenant 4 gaulées, et de 14 boisselées 77 gaulées tant de jardin
que de terre labourable (10). Il paye l’achat au moyen d’une rente perpétuelle
de 4 livres par an, quitte des impôts royaux (10e et 20e
et 2 sols pour livre du 10e). Fonteneau, le preneur, fera les certes
et obéissance au seigneur de la Rabatelière pour les Chopinières, et à
Languiller pour la Porcelière, Barbries et Canteteau, dont le tout est
roturièrement mouvant. Et au seigneur de Languiller il paiera le terrage sur
les trois tènements qui le concernent. Le bien-fonds de la totalité de la
borderie n’est que de 180 livres pour une surface réduite de 1,8 hectare. La boisselée vaut en moyenne 12 livres.
Le bail d’une borderie en 1744 à la Porcelière
attire notre attention. Il est conclu pour trois ans au bénéfice de Jean Brisseau,
demeurant dans le village, par Jean Chacun et sa femme Marianne Herbreteau,
demeurant à la Bergeonnière (11). Le prix annuel est de 27 livres, ce qui permet
de supputer sa surface à environ 4 hectares.
On lit les clauses habituelles des baux des
borderies ou métairies de cette époque :
-
Le
preneur doit jouir en bon père de famille sans commettre ni tolérer qu’il soit
commis aucune dégradation ni malversation des biens.
-
Il
n’abattra aucun arbre sur pied sans l’accord express du bailleur. Il n’émondera
que ceux qui ont l’habitude de l’être en temps et saisons « convenables », attendant que les
gis aient atteint l’âge de 5 ans.
-
Il
paiera les cens, rentes et devoirs seigneuriaux seulement.
-
Il
fera refaire les toitures des bâtiments une fois pendant le bail, allant
chercher les matériaux nécessaires fournis par le bailleur à une lieue ou
environ.
-
La
dernière année il pourra se fournir de fumier, paille et chaume jusqu’au jour
de son départ.
Mur en bousillage
|
On trouve aussi une clause particulière concernant
la maison. Les parties s’accordent pour construire un étage sur la principale
pièce du rez de chaussée pour y entreposer des grains. La maison sera donc
surélevée. Le bailleur s’occupera du montage d’une charpente et le preneur fera
faire le « bousillage »,
dont les frais seront imputés sur le prix de la ferme. On a peu l’occasion de
voir comment était construit l’étage de certaines maisons au 18e
siècle dans la région, et cet acte est donc précieux à cet égard. On appelait
bousillage un mélange de terre détrempée et de chaume.
La métairie de la Porcelière
La première mention de cette
métairie se rencontre dans une déclaration noble de Gilles Giguet à Languiller
en 1619. Parmi les propriétaires de la Porcelière est citée alors la veuve de
Jacques Bruneau, celui-ci appelé « monsieur
de la Giroulière » (12). On ignore les liens
familiaux entre Jacques Bruneau et le seigneur de la Rabatelière d’alors,
Charles II Bruneau, fils de Renée de la Mothe et de Charles Ier Bruneau. Or
quelques dizaines d’années plus tard, la métairie de la Porcelière était
devenue la propriété du seigneur de la Rabatelière, peut-être par acquisition.
Description
Comme à la Roche Mauvin, cette
métairie a fait l’objet d’un arpentement en 1659, nous permettant une brève
description (13). Elle occupait une surface totale de 33 hectares, à comparer
aux 38 hectares de la Roche Mauvin, c’est-à-dire une surface importante, la
classant parmi les grandes métairies de l’époque dans la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, née à une époque difficile à déterminer.
Archives départementales de la
Vendée :
assignation aux teneurs
des Petites et Grandes Roussières
|
Les 5 prairies naturelles, dont
nous savons l’importance pour l’élevage, occupent une surface de 3,6 hectares.
Elles bénéficient « du ruisseau qui
descend de l’étang de Languiller ».
Indiquons ici que le « Grand Étang de Languiller » a été
asséché par le seigneur de Languiller en 1701. Celui-ci avait au préalable fait
assigner les tenanciers des Petites et Grandes Roussières à assister au
procès-verbal de bornage des prés leur appartenant, au long de l’étendue d’eau.
Dans l’acte d’assignation, on lit que le seigneur de Languiller a dessein de
dessécher « un étang très
considérable, le rendre en terre labourable ou nature de pré » (14). Ce grand
étang n’est pas à confondre avec « le petit étang situé en bas du lieu de
Languiller » qui existait toujours en 1779 (15). Les sources du ruisseau se trouvaient très probablement au fond de l’étang, et
elles ont continué d’alimenter le ruisseau.
La métairie comprend aussi une
vigne de 1,3 hectare, et une importante surface bâtie importante avec ses jardins. Ses 27 hectares de terre se répartissaient
sur 39 parcelles, dont :
-
surface inférieure à 1 boisselée : 4
parcelles de champs
-
surface de 1 à 4,99 boisselées : 15 champs
-
surface de 5 à 9,99 boisselées : 13 champs
-
surface de 10 boisselées et plus : 7 champs
(dont le plus grand faisait 25,25 boisselées)
Les 35 champs d’au moins 1
boisselée, ont une surface moyenne de 6,4 boisselées. Cette dispersion en de
nombreuses parcelles s’explique probablement par les achats successifs réalisés
pour constituer la métairie. À la différence de la Roche Mauvin, il ne semble pas
qu’il ait existé un domaine direct seigneurial à la Porcelière à l’origine. Et à la
différence de la Roche Mauvin, qui était une métairie noble, la Porcelière
n’était pas classée dans cette catégorie dans un partage de succession en 1779
du seigneur de la Rabatelière (15). Ces
achats ont dû, comme en Gâtine Poitevine, être facilités par l’appauvrissement
des tenanciers et l’extrême parcellisation de leurs tenures. Nous avons aussi
vu ce phénomène à la Milonnière (voir notre article publié sur ce site en avril
2016 : La Milonnière de St André Goule d'Oie sous l'Ancien Régime.
En 1659 la métairie est évaluée
par experts à un montant total de 2631 livres comme bien roturier. La valeur
des terres varie de 4 à 13,7 livres pour une boisselée, selon les champs. On constate des valeurs inférieures à celles rencontrées à la Roche
Mauvin, dues à la qualité inférieure de la terre. Le prix moyen d’une boisselée
de terre y est de 6,2 livres, d’une boisselée de pré de 20,5 livres et d’une
boisselée de vigne de 17 livres. Le
prix moyen d’une boisselée de jardin est de 42,7 livres. Les bâtiments
et jardins sont estimés à 393 livres. Toutes natures de terres confondues et y compris
les bâtiments, la boisselée vaut 9,7 livres en moyenne (13). À la même époque
le prix de ferme moyen d’une boisselée de cette métairie de 272 boisselées au
total (33 ha) est de 0,5 livre. Cela
fait un rendement de 5% en capital de bien-fonds.
Toutes natures de surfaces confondues, on a une
valeur moyenne en bien-fonds de la boisselée en 1659 qui est de 9,7 livres à la
Porcelière, 11 livres à la Roche Mauvin et 13 livres à la Racinauzière. À la
même époque la valeur moyenne d’une boisselée est affermée 0,5 livre à la
Porcelière, 0,74 livre à la Roche Mauvin et 1 livre à la Racinauzière. Cela
fait un rendement financier à la boisselée respectivement de 5 % à la
Porcelière, 6,7 % à la Roche Mauvin et 7,7 % à la Racinauzière. L’estimation
des biens-fonds parait très sérieuse au vu de ses motifs et de ses protagonistes.
Mais les prix de ferme tenaient compte des droits féodaux et rentes foncières
dus sur la métairie et payés par le métayer, incorporés dans le prix de la ferme. Néanmoins, le rapport constaté ici
entre les valeurs des fermes et celles des biens-fonds apportent du crédit aux
résultats. Quitte à relativiser quelque peu les valeurs des prix de ferme.
En 1651 la métairie était
affermée à moitié de tous fruits, c’est à dire que les pertes et profits des
revenus de l’exploitation étaient partagés à moitié entre le bailleur et les
preneurs.
À cela s’ajoutait comme
d’habitude la livraison ou le paiement des menus suffrages : 1 chevreau, 6
poulets, 2 oisons, 20 livres de beurre net, 2 chapons, 6 livres pour un
pourceau, la façon et le charroi d’un demi-millier de fagots.
Et comme à la Mancellière, à la
Roche Mauvin, à la Racinauzière, et pour toutes les métairies proches du
château, à Chauché, Chavagnes et la Rabatelière, le métayer devait en plus
cultiver son quartier de la vigne du château de la Rabatelière, située en bas
du jardin. C’était la forme des corvées de métayages adoptée par les châtelains
des lieux. Cette vigne du château était
importante avec ses 3 hectares environ, mais ils étaient de l’ordre d’une
douzaine de métayers astreints à sa culture (16).
Une autre façon de mieux
connaître la métairie est de consulter le procès-verbal de la visite faite en
1700 par deux experts : Pierre Navarre, charpentier, Denis Carré, maçon,
« demeurant les deux séparément au
village de la Brenenière paroisse de Chavagnes ». Pour rédiger le
procès-verbal, on avait désigné Me
Christophe Basty « notaire de la
vicomté et châtellenie de la Rabatelière, demeurant à l’Aizinière (peut-être l'Oiselière) paroisse de
Chauché ». La Rabatelière était alors gérée par un fermier judiciaire,
nommé après décision du parlement de Paris, lequel avait réclamé le droit de
faire faire des réparations au château et dans les bâtiments de quelques
métairies. Ceux de la Porcelière en faisait partie.
Les experts y sont venus en août
1700 et ont détaillé les travaux à entreprendre : la maison d’habitation
du métayer a un mur « creusé de la
grandeur de 2 toises » (1 toise = 1,95 m). Le four « est tout ruiné et il le faut tout refaire ».
Des murs du toit aux bœufs et du toit aux brebis sont à reprendre sur 10 toises
de longueur. Il faut remplacer 9 chevrons de la toiture de la grange. Au total
il faut deux nouvelles portes, deux milliers de tuiles, deux milliers de
lattes, et un millier de clous, pour un coût des réparations estimé à 90
livres. À cause de la longue querelle entre les héritiers de Charles II Bruneau
de la Rabatelière, mort en 1650, et la poursuite de divers
créanciers, les biens de la seigneurie avaient souffert d’un manque
d’entretien.
L’obligation d’entretien des couvertures des toits par les
métayers est mentionnée dans un bail de 1758, suivant une clause systématique
qu’on trouve dans la région. Elle était liée à la nature des couvertures :
chaume ou autre végétal séché. Nous savons qu’à la métairie de la Porcelière
certains bâtiments avaient un toit en tuiles, probablement la maison
d’habitation. Mais ce ne devait pas être le cas de tous, en raison de la
fréquence de l’entretien du toit : en général tous les cinq ans. D’ailleurs on
précise en 1766 que cela ne concerne que les « bâtiments sujets à couverture ». On relève une particularité
dans le bail de 1758 : on fera appel à un ouvrier couvreur.
Ces précisions pour la métairie de la Porcelière nous sont
précieuses pour faire le point sur la couverture des bâtiments. Dès la fin du
17e siècle on utilisait la tuile, mais pas pour tous les bâtiments
de la ferme. On a la preuve aussi de l’utilisation des tuiles à cette époque à
la Racinauzière, la Mancellière et la Roche Mauvin. Mais nous savons que dans
les années 1870, il y avait toujours des maisons dont le toit était couvert de
chaumes dans les environs de Linières, suivant un texte de Marcel de Brayer,
châtelain des lieux. On relève aussi sur le cadastre de 1838 de Saint-André-Goule-d’Oie, l’existence d’une tuilerie près de Fondion, au lieu-dit le Chêne Coupé
(voir le tableau d’assemblage du cadastre, accessible sur le site internet des
Archives de la Vendée). De même
y avait-il avant la Révolution une tuilerie à Languiller, et une autre à la
Brossette (Chauché), appartenant au seigneur de Puytesson. Ainsi pendant plusieurs siècles ont coexisté les deux
types de matériaux pour couvrir les toits : tuiles et végétal séché. C’est
par arrêté du maire de Saint-André-Goule-d’Oie du 15 décembre 1907, en
application d’une loi de 1902, que l’utilisation des pailles a été interdites
dans les constructions neuves (vue 43 des délibérations municipales numérisées
de la commune dans les Archives de la Vendée). Il est intéressant de noter
cette date récente dans l’arrêt de cette pratique, même s’il est probable qu’elle
était alors devenue rare.
Encyclopédie des Sciences, des Arts et des Métiers |
Nous n’avons pas réussi à savoir avec
certitude quel végétal on utilisait à Saint-André. À
Chauché on relève l’utilisation de genêts en 1611 (17). La
tradition orale récente indique aussi l’utilisation de fougère et de genêts. Nous sommes dans le Bocage, et
rien ne dit qu’on pratiquait comme dans les pays de marais. À défaut on peut se
référer à la célèbre Encyclopédie de d’Alembert au 18e siècle. On y
lit qu’« à la campagne, on couvre de
chaume ou de paille de seigle non battue au fléau ; après que les faîtes
et sous-faîtes sont posées, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes
de coudrier etc. de grandes perches de chênes, à trois piés de distance [environ
un mètre] ; on lie ces perches avec
de plus petites qu’on met en travers, et l’on applique là-dessus le chaume ou
la paille qu’on fixe avec de bons liens. »
Métayers
En 1659, le métayer s’appelait
Jacques Trotin (10), et en 1700 Jean Cousneau (18). En 1728 la métairie de la Porcelière est
affermée à Jean Brisseau pour 5 ans, moyennant un prix de ferme annuelle de 110
livres. C’est sa veuve, Renée Deniau, qui paye la ferme en 1733. En 1735 celle-ci a été remplacée par Pierre Fonteneau et sa femme Marie
Deniau. La ferme sera renouvelée en 1738 au même prix avec Pierre Fonteneau. En
1745 est signé un nouveau bail, toujours au même prix, avec André Herbreteau,
qu’on retrouve dans les livres de comptes du propriétaire jusqu’en 1768 (19).
Si on compare les prix de la
ferme à la même date de 1720, entre les métairies de la Roche Mauvin (220
livres pour 38 hectares) et de la Porcelière (110 livres pour 32 hectares), la
surface ne peut pas à elle seule expliquer la différence. Nous savons que la
qualité comparée des terres, faite par estimation de leurs valeurs par les
mêmes experts en 1659, est un deuxième facteur d’explication. Et il y en a un
troisième à la Porcelière : le poids des rentes supportées sur la métairie
par le métayer, plus élevé qu’à la Roche Mauvin, même si une partie est due à
la même personne que le bailleur. Néanmoins, en additionnant ces trois facteurs
de différenciation, on a du mal à croire qu’ils puissent justifier ensemble cet
écart de 100 livres entre les deux prix de ferme.
Le 28 mai 1758, le métayer
s’appelle André Herbreteau. Ce jour-là il signe un renouvellement de son bail
pour cinq nouvelles années (1759-1764), dont le prix est toujours de 110 livres
(20). Il payait sa ferme à terme échu à la Saint-Georges. Les menus suffrages
avaient diminué : 10 livres de beurre et 4 poulets au mois de mai, et 2
chapons à la Toussaint.
La culture du quartier de vigne
du château de la Rabatelière existe toujours, et le sera encore longtemps.
André Herbreteau, s’était marié à Saint-André le 27 juin 1746 (vue 42 du registre paroissial
accessible sur le site internet des Archives de la Vendée) avec Marguerite Robin, originaire de
Chauché. Ils avaient eu six enfants : Marie (décédée 7 jours après la
naissance), André, Mathurin, Jean, Marie, et Charles. André Herbreteau est mort
à l’âge de 56 ans à Saint-André le 10 juin 1761 (vue 192).
Sa femme était restée sur la métairie, aidée de son fils
aîné, âgé de 13 ans à la mort de son père. Elle signe un nouveau bail le 1e
octobre 1766, s’engageant avec son fils André en communauté, pour cinq ans
(1766-1771). Le prix de la ferme est toujours le même : 110 livres (21).
Comme d’habitude il est signé avec effet rétroactif à la Saint-Georges précédente
(23 avril). La raison tient à la présence épisodique des bailleurs dans leur
château de la Rabatelière, habitant plutôt leur résidence principale à Nantes
ou à la Clartière près de Machecoul, dont ils étaient aussi seigneurs.
Appareil pour brayer le lin |
Dans le bail du 10 juillet 1771 aux mêmes Marguerite Robin
et à son fils André Herbreteau, on remarque deux nouveautés (22). Le prix de la
ferme a changé : 130 livres par an, mais les menus suffrages restent
inchangés. Sa durée aussi a changé : 7 années (1771-1778) au lieu de 5. À une époque où la précarité des métayers sur leur exploitation était fréquente,
cela vaut la peine d’être relevé en faveur de Marguerite Robin et de son fils.
Il ne suffisait pas d’être chargé de famille pour rester sur la métairie, il
fallait « qu’elle tourne », surtout avec les obligations habituelles
du bail comme la culture de la vigne « qui
est au bas du jardin du château de la Rabatelière ». Et face
aux dures nécessités de la vie, on voit que la veuve devenait chef de famille
dans ce rôle normalement réservé aux hommes. Elle n’a pas besoin de tuteur juridique pour cela. Alors qu’en 1823,
les deux veuves Chaigneau et Godard, qui tenaient la métairie de la Mauvelonnière
(Chauché), ont dû donner une procuration à un oncle pour qu’il signe en leur
nom le renouvellement de leur bail (23). Entre temps, Napoléon était passé par là avec son nouveau code civil.
Il y avait dans chaque bail une clause pour l’habituelle corvée des métayers, alors que les corvées seigneuriales avaient disparu depuis longtemps à la Porcelière, comme nous le
savons. En 1771 le texte du bail devient plus précis pour cette métairie, alors
que les bailleurs n’habitent pas sur place, mais il y a les officiers et le
régisseur. Les femmes sont appelées au château de la Rabatelière « à venir y faire les lessives, les laver,
brayer les lins, pesseler et peigner, seront aussi tenus à tous charrois dont
sera besoin pour la démolition et rétablissement des bâtiments de ladite
métairie ». Le brayage du lin, exécuté après le rouissage des fibres
dans l’eau, avait pour but de les assouplir en les isolants de leur partie
ligneuse. Elles étaient ensuite peignées avec des peignes de plus en plus fins
pour les séparer entre elles.
Le 12 mars 1781, René Thomas
Montaudouin écrit un billet pour le notaire de Saint-Fulgent, Mathurin Thoumazeau,
en vue de rédiger le nouveau bail de la métairie de la Porcelière, fixant ses
instructions (24). Il prévoit un bail de 9 ans (1781-1790) pour le prix de
ferme annuel de 250 livres. La hausse est rude mais probablement en partie artificielle,
due à un regroupement de lignes sur les recettes de la métairie. Au lieu d’en
avoir deux, l’une pour la part des rentes seigneuriales et l’autre pour le prix
de ferme, il a dû tout regrouper sur la deuxième ligne. À la veille de la
suppression des droits seigneuriaux, la mesure est intelligente, néanmoins qui
pouvait prévoir l’évènement ? Il termine en écrivant :
« M. Thoumazeau notaire à Saint-Fulgent fera la ferme de la métairie ci-dessus aux conditions susdites et autres
usitées, que je signerai à mon premier voyage à la Rabatelière ».
Dans la continuité, les fermiers
sont André Herbreteau, que nous avons vu à l’âge 13 ans aider sa mère sur la
métairie. Il s’est marié à Saint-André avec Jeanne Rondeau le 11 février 1767 (vue 248). Il est en communauté avec son frère Mathurin Herbreteau. Ce dernier s’est
marié à la Rabatelière le 25 février 1778 (vue 130) , avec Marie Allain.
Acquisition par les métayers
La métairie avait échu au lot
d’Élisabeth Montaudouin, épouse de Charles du Plessis, seigneur de Grenedan,
dans un partage au sein de la famille en 1779. Elle en avait confié la gestion
à son neveu sur place, René Thomas Montaudouin. Le regroupement des
redevances et de la ferme en un même montant s’expliquerait par l’attribution
des mêmes objets dans le lot de la succession au même propriétaire. La
succession des biens d’Élisabeth Montaudouin se compliqua plus tard à cause
de l’émigration de certains de ses fils et de ses petits-fils, dont les biens
furent confisqués. Pour la régler, il fallut opérer un partage des biens entre
les cohéritiers restés en France, et la République étant aux droits des héritiers émigrés. Or la loi du 1e floréal de l’an III
déclarait seul compétent le département du domicile de l’émigré ou son parent,
pour les successions indivises avec les émigrés. Ainsi le comité de législation de
la Convention Nationale, saisi par le « citoyen Duplessis »,
ayant des biens indivis avec des émigrés, pour fixer un lieu central de partage
de 8 successions composées de biens situées en plus de 20 districts, décida le
29 prairial l’an III (17-6-1795) que le département d’Ille-et-Vilaine serait le
seul compétent pour les successions indivises avec le citoyen Duplessis et
autres cohéritiers. Les autres départements concernés étaient la Vendée,
la Loire-Inférieure, le Morbihan, le Finistère, les Côtes-du-Nord, et Paris. Les
opérations nombreuses de recensement et d’évaluation des biens situés dans les
sept départements concernés furent pilotées de Rennes. La métairie de la
Porcelière ne fut pas comprise dans les lots échus aux héritiers de la famille.
On en déduit qu’elle passa entre les mains de la République (25).
Mais la documentation conservée
ne décrit pas le lot attribué à la République. Et le 25 novembre 1799, eut lieu
à Montaigu la mise en adjudication par enchère publique du bail de trois ans de
la borderie de la Porcelière « provenant
de Montaudouin émigré » (26). Ce texte n’est pas à prendre au pied de
la lettre, car la métairie n’avait pas été partagée en 1779 au sein de la
famille Montaudouin pour créer une borderie détachée de la métairie. Nous avons
un bail de 1781 qui le prouve. Mais à Montaigu on ne connaissait que Montaudouin,
les du Plessis étant d’Ille-et-Vilaine. C’est Jean Bordron fils qui l’emporta
pour un fermage annuel de 100 F par an, « payé en numéraire, grains ou fourrages ». Le prix est
particulièrement faible ! On a l’exemple des fermes du bourg de Saint-André
et de la Gagnolière (Essarts) qui, à la même période, se louaient à un niveau
de prix quatre fois plus élevé. Pour ce prix il convenait de la désigner comme
borderie plutôt que métairie sans doute. Surnommé « la couette », Jean Bordron était le fils du premier maire de Saint-André-Goule-d’Oie
en 1791. Il vivait ses dernières semaines d’agent communal de Saint-André (maire),
nommé à ce poste par les autorités républicaines du canton de Saint-Fulgent en septembre 1797. François
Bossard de Chauché s’était porté caution pour obtenir cette ferme. Lui-même
avait obtenu une caution de Joseph Guyet (châtelain de Linières) pour un achat
de bien national à Chauché. C’est que la caution était obligatoire et on devait
s’arranger pour cela entre acheteurs de biens nationaux, peu nombreux dans la contrée.
Mais il dut y avoir des
contestations des membres de la famille ayant abouti favorablement, ou des
échanges, puisque la métairie de la Porcelière faisait partie de la succession
d’Agathe du Plessis lors de son partage de 1804. Celle-ci était la fille d’Élisabeth Montaudouin (sœur de
René III Montaudouin) et de Charles Marie René du Plessis de Grenedan. Et la
fille d’Agathe du Plessis, Marie
Anne Caroline du Plessis de Grenedan, épouse de Marie Ange du Breil de
Portbriand, vendit la métairie de la Porcelière le 30 floréal an 13 (20
mai 1805) à ses métayers. Habitant Rennes, elle donna une procuration à cet
effet au fidèle Pierre Maindron (de la Chapelle de Chauché) pour la
représenter chez le notaire Bouron de Chavagnes (27). Les métayers payèrent comptant
1es 10 000 F du prix d’acquisition, plus la charge d’une rente due sur la
métairie par le propriétaire, et convenue lors d’un partage de succession de
l’année précédente dans la famille du Plessis. Les métayers acquéreurs sont
trois :
-
André Herbreteau et ses enfants pour 2/5
-
Mathurin Herbreteau et ses enfants pour 2/5
-
Marie Herbreteau pour 1/5
André Herbreteau
est décédé à Saint-André le 26 juillet 1816 (vue 282), et son frère Mathurin
est décédé le 27 octobre 1823 (vue 341).
Les droits féodaux et la Révolution
Élargissons maintenant notre récit au-delà de la seule métairie de la Porcelière. La déclaration fiscale de 1783 du châtelain de la Rabatelière, pour l’impôt dit du vingtième, est instructive (28). Ses revenus déclarés sont agrégés par nature et par paroisse comprenant toutes ses métairies. En se concentrant sur les quatre paroisses où se trouvaient 7 métairies et 10 borderies, on en tire des informations sur la répartition relative des natures de revenus. Les quatre paroisses sont la Rabatelière, Chavagnes, Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie.
David : Serment du Jeu de Paume |
On sait que les grosses rentes équivalent aux
terrages dans leur nature, et sont les principales redevances seigneuriales,
totalisant 30 % à elles deux du total des revenus. D’ailleurs quand elles sont plus
faibles comme à Chauché (19 % du total), c’est au profit du fermage. Le prix de
ce dernier en tenait compte comme on sait. Les fermages et rentes-terrages
totalisent 90 % des revenus.
Les lods et ventes, liés aux transferts de
propriétés, rapportent peu cette année-là : 2,2 %.
Les autres devoirs féodaux paraissent ici
élevés (7,8 %), mais à cause des revenus du château, moulins et complants de
vigne qui y sont regroupés sur la Rabatelière. Si on enlève ces trois derniers
éléments, il reste les cens et petites rentes, qui ne représentent que 1,9 % du
total des revenus.
C’est l’occasion de rappeler ici que la suppression
des droits seigneuriaux n’a eu qu’un faible impact financier de manière
générale, et il ne fut effectif qu’à partir de 1792. Et ceci sauf dans des régions
comme la nôtre à cause des terrages (ou champart) aux montants importants. Sa
suppression a bénéficié aux propriétaires exploitant leurs terres, car l’impôt
foncier le remplaçant était nettement moins élevé. Quant aux propriétaires
louant leurs terres, ils répercutèrent dans les fermages la diminution des
rentes et terrages. Au final, les possesseurs de redevances
seigneuriales qui ont significativement perdu dans notre région à terrage élevé, sont ceux qui n’avaient que des
redevances et pas de métairies.
Mais alors est-ce à dire qu’on a exagéré l’impact
de cette suppression des droits seigneuriaux ? D’abord ceux-ci ne se résumaient
pas qu’à des redevances et à leur aspect financier. D’autres droits, honorifiques
et autres, donnaient à son possesseur une place à part et privilégiée dans la
société, notamment le droit de juridiction lié à ces droits. Citons à titre d’exemple
le droit de ban de vin, qui donnait au seigneur l’exclusivité pendant 40 jours
de la vente de son vin, à partir d’une date qu’il fixait lui-même. Plus que les redevances, c’est surtout le pouvoir
seigneurial qu’on rejeta.
Ensuite l’aspect humain de la question compte. Il
est significatif de constater que dans le Bas-Poitou les relations des gens de
la noblesse avec le reste de la population ne soulevaient généralement pas de difficultés,
que le noble habite sur place comme Jean de Vaugiraud dans le bourg de Saint-André,
ou qu’il habite à Nantes comme Thomas René de Montaudouin, seigneur de la Rabatelière.
On sait que dans d’autres régions ces relations se sont révélées très tendues
et qu’on a brûlé des châteaux pour accompagner la suppression des privilèges de
la noblesse.
Mais le plus important est sans doute dans les circonstances. La
grande peur de l’été 1789 ne fut pas générale, et la contrée ne la connut pas
autour du château de la Rabatelière, ni probablement autour de ceux des Essarts
et de Saint-Fulgent (leurs archives ont brûlé avec eux pendant la guerre de
Vendée). L’idée de complot aristocratique qui animait cette panique fut ignorée
à la Porcelière et aux alentours.
(1)
Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de
Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau
: 22 J 29, page 121.
(2) Ibid.
page 151.
(3) Ferme
du 11-12-1750 de la borderie de la Porcelière, Archives de Vendée, notaires de
Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/113.
(4) Inventaire après-décès, ibid. page 144
(5) Archives de la
Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13, vente du 4-7-1790
d’une portion de borderie à la Bourolière et Porcelière de Jean Herbreteau à
Mathurin Trotin.
(6) 3 E 30/13, achat de 1/6 de
maison à la Porcelière par M. Herbreteau à Blandin le 27-11-1791.
(7) 3 E 30/13, vente à réméré du 25-6-1790 d’une
petite borderie à la Porcelière de Joseph Herbreteau à André Herbreteau.
(8) 3 E 30/12, vente du 3-1-1788 d’une petite
borderie à la Porcelière par Jean Marchand, Jacques et Pierre Guesdon, à
Mathurin et Jean Herbreteau.
(9) Contrat
de mariage du 15-1-1767 d’André Herbreteau et Jeanne Rondeau, Archives de
Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/119.
(10) Arrentement du 31-1-1768 d’une ½ de
borderie à la Porcelière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent,
Thoumazeau : 3 E 30/120.
(11) 3 E 30/2, ferme du 6-12-1744 d’une borderie à
la Porcelière de Jean Chacun à Jean Brisseau.
(12) Guy de Raignac, De châteaux en logis, itinéraire des familles
de la Vendée, Éditions Bonnefonds (1989).
(13) Archives de la
Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 13-4, arpentements et
estimations en octobre 1659 du château de la Rabatelière et autres terres
jointes.
(14) 150 J/A 12-5, assignation du 27-11-1700 pour le
bornage des terres avant l’assèchement du grand étang de Languiller.
(17) Dénombrement du 15-6-1611 de la métairie de la Robinerie, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 41.
(18) 150 J/A 12-10, visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(15) Partage du 18-10-1779 de la
succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 27, Archives
de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(16) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds
de l’abbé Boisson : 7 Z 58-12, Rabatelière, partage Montaudouin en 1779.(17) Dénombrement du 15-6-1611 de la métairie de la Robinerie, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 41.
(18) 150 J/A 12-10, visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(19) Livre de recettes en argent de la
Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/K 1, page 12.
(20) 150 J/E 29, ferme du 28-5-1758 de la Porcelière à André Herbreteau.
(20) 150 J/E 29, ferme du 28-5-1758 de la Porcelière à André Herbreteau.
(21) 150 J/E 29, ferme du 1-10-1766 de la Porcelière à
Marguerite Robin et André Herbreteau fils.
(22) 150 J/E 29, ferme du
10-7-1771 de la Porcelière à Marguerite Robin et André Herbreteau fils.
(23) Bail du 9-11-1823 à Chatry et communauté Godard pour la
Mauvelonnière, Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, papiers
Guyet : 3 E 30/138.
(24) 150 J/E 29, billet du
12-3-1781 fixant les conditions de la ferme de la Porcelière à André et
Mathurin Herbreteau.
(25) Archives de la Vendée,
domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partages Montaudouin/Duplessis et
République de 1796 et 1797.
(26) Archives de Vendée, baux des
biens nationaux : 1 Q 760 no 97, ferme d’une borderie à la Porcelière de Saint-André-Goule-d’Oie le quatre frimaire an huit (25-11-1799).
(27) Achat du 20-5-1805 de la métairie de la
Porcelière par les Herbreteau, Archives de Vendée, notaires de
Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/22.
(28) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds
de l’abbé Boisson : 7 Z 57-2, Rabatelière, revenus du château en 1783.
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