Étang de Jarrie à Saligny
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C’est en 1561 que le seigneur de Saint-Fulgent acquit des droits seigneuriaux sur la Chevaleraye, la Boutinière et
la Javelière à Saint-André-Goule-d’Oie. Par la suite ses successeurs se
revendiquèrent seigneur des lieux à part entière, en concurrence avec les
successeurs du vendeur : les seigneurs de Languiller (Chauché). Le conflit
dura deux siècles, jusqu’à la veille de la Révolution ! Commençons par faire
connaissance avec l’acquéreur et le vendeur. En 1561 le seigneur de Saint-Fulgent s’appelle Gilles Chasteigner.
Les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller en 1561
Depuis que Jeanne Drouelin, fille
du dernier des Drouelin seigneur de Saint-Fulgent, s’était mariée en 1365 avec
Jean Cathus, le château de Saint-Fulgent était devenu une résidence secondaire
pour son propriétaire. Dès la génération suivante, la seigneurie de St Fulgent passa
par mariage en 1380 dans la famille, originaire de la banlieue nantaise, des « Rezay » (Rezé). Celle-ci avait
acquis les seigneuries de la Merlatière, de la Raslière (jouxtant le bourg de la
Merlatière), et de la Jarrie (Saligny), vivant dans cette dernière terre,
proche des deux premières et du château actuel de Rortheau.
Ces terres dépendaient du baron
des Essarts, avec qui les Rezay se fâchèrent pour une question de droit de
chasse. L’affaire alla loin, et en 1503 le parlement de Paris enleva les trois
seigneuries de la Merlatière, Jarrie et Raslière de la mouvance des Essarts
pour les rattacher directement au roi, lequel les mit dans la mouvance du duché de Thouars. Cinq générations après son entrée chez les Rezay de la
Merlatière, la seigneurie de Saint-Fulgent changea de mains par mariage. En effet,
Michelle de Rezay, dame de Saint-Fulgent, épousa vers 1500 Jean de Chasteigner.
Les Chasteigner habitaient Saint-Denis-la-Chevasse, où ils étaient seigneurs du Petit Châtenay (proche du bourg
vers l’ouest). Ils y demeuraient toujours en 1618, ou bien à Jarrie à d’autres
époques. C’est le petit-fils de Michelle de Rezay, Gilles Chasteigner, qui
reçut en donation en 1560 un droit de retrait sur des redevances féodales dues
à la Chevaleraye, la Boutinière et la Javelière. Était-ce une vraie donation,
c'est-à-dire sans aucune contrepartie ? Il semble que oui, mais cette
donation est bien particulière.
Dans
la réunion des trois États du Poitou pour l’adoption de la coutume du comté, le
procès-verbal du 15 octobre 1559, mentionne Gilles Chasteigner, seigneur de Saint-Fulgent, représenté par maître Louis Petit (1). Gilles Chasteigner avait
épousé le 21 janvier 1555 Gabrielle de la Nouhe au château de Puy-Greffier.
Celui-ci était situé à quatre kms du château de Saint-Fulgent, ce qui veut dire
que les liens avec les seigneurs de Puy-Greffier allaient plus loin que ceux
d’un bon voisinage. Quant au donataire des droits seigneuriaux, il était marié
à Jeanne du Bouchet, fille du seigneur de Puy Greffier. Il s’appelait Jules de
Belleville.
Les Belleville sont originaires
d’Angleterre, venus dans le Poitou se battre contre les Français pendant la
Guerre de Cent Ans. Leur ancêtre, Jean Harpedanne, changea de camp et se mit au
service du roi de France. Son fils reçut
par mariage les terres de Montaigu et Belleville. Son
petit-fils prit pour lui et sa descendance le nom de Belleville. Deux
générations après, Jean IV de Belleville (1480-1547) épousa vers 1506 Jacquette
de Sainte-Flaive, qui lui apporta en dot les seigneuries de Sigournais,
Chantonnay et Languiller. Trois de leurs petits-enfants se succédèrent dans la
possession de la seigneurie de Languiller ensuite. D’abord l’aîné des
petits-fils, Claude de Belleville. Quand il mourut vers 1563 à l’âge de 56 ans
à Sigournais, il avait des frères et sœurs plus jeunes que lui, et c’était alors
une règle propre au pays du Bas-Poitou, que d’attribuer le fief féodal aux
branches collatérales au décès de l’aîné. Et au décès du dernier de la fratrie, le
fief revenait aux descendants du frère aîné. C’est ce qu’on appelait dans la
coutume du Poitou le droit de viage et retour pour les biens immeubles nobles
(2). Après Claude, la seigneurie de Languiller passa ainsi à sa sœur Suzanne,
mariée à Charles
de Coucys, puis à Jules de Belleville.
Celui-ci était né avant 1528, probablement à Saint-Thomas-de-Conac en Gironde où ses ancêtres avaient acheté la seigneurie de
« Cosnac ». Puis, devenu
seigneur de Languiller, il vint y habiter, au point que certains de ses
contemporains lui donnèrent le surnom de « Languiller ». Sa résidence a même été qualifiée de « Chauché les Bordeaux », selon
l’historien Guy de Raignac.
Anciennes ruines du château de Puy-Greffier
à Saint-Fulgent |
Naturellement il trouva sa femme à proximité, au
château de Puy-Greffier, et il épousa en premières noces Jeanne du Bouchet. Nous
n’avons pas son certificat de baptême, mais celle-ci est vraisemblablement fille de Charles du Bouchet, seigneur de
Puy-Greffier, et de sa première femme, Jeanne du Bellay. Parmi ses parents on trouve son oncle Tanneguy du
Bouchet, célèbre chef protestant tué en 1569 à la bataille de Moncontour,
réputé pour sa rigueur morale et sa bravoure. On a Lancelot du
Bouchet, aussi farouche capitaine que son oncle dans le camp protestant, un demi-frère de Jeanne. Rappelons qu’il y eut huit conflits armés entre 1562 et 1598 en France, appelés
guerres de religion par les historiens, opposant protestants et catholiques.
Beaucoup de nobles de la région prirent le parti protestant, notamment les
Bouchet de Puy-Greffier et les Bertrand de Saint-Fulgent, et aussi Jules de
Belleville, le baron des Essarts restant catholique.
Jules de Belleville batailla avec Tanneguy et Lancelot du Bouchet. En 1567, il escorta le prince de Condé dans sa
fuite de Verneuil à la Rochelle. Il fut un temps gouverneur de Fontenay-le-Comte, ville prise par
Soubise. En 1575 il est à la Rochelle, où il constitue
comme procureur spécial devant un notaire de la ville, Me René Daviau, pour le
représenter dans une vente de droit de rachat du fief de la Blaire, paroisse de
l’Airière, devenue la Ferrière (3). Il n’eut pas d’enfant avec Jeanne du Bouchet, comme avec sa
seconde épouse Anne Goulard.
C’est lui qui vendit les droits
seigneuriaux dépendant des seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud, dans
beaucoup de tènements et fiefs de Saint-André-Goule-d’Oie. Il était propriétaire
de ces seigneuries, gérées alors comme des annexes de Languiller, et avait
besoin d’argent.
Le seigneur de Saint-Fulgent acquiert en 1561 les droits seigneuriaux sur la Boutinière, Chevaleraye et Javelière
La donation de Jules de Belleville en 1560 au seigneur
de Saint-Fulgent concerne un droit de retrait sur des droits seigneuriaux déjà vendus
les années d’avant. Le don n’est donc pas coûteux pour le donataire, et le
seigneur de Saint-Fulgent a dû payer le même prix que l’acquéreur précédent pour rembourser
ce dernier. Dans l’acte notarié le don est motivé par « les bons et agréables plaisirs que lui a par
ci-devant faits ledit Chasteigner, et qu’il espère qu’il lui fera à l’avenir »
(4). Nous avons relevé qu’en 1557 Gilles Chasteigner avait représenté Jules de
Belleville dans la vente des droits de fief du Pin et de la Baritaudière (Saint-André), étant son fondé de pouvoir à cette occasion (5). Ils étaient amis et se
rendaient des services. Faut-il insister sur cette relation d’amitié, valeur forte
à cette époque, dont le sens est à restituer dans des catégories de pensée
quelque peu différentes des nôtres ? Ce n’est pas avec cette simple phrase qu’on
peut explorer plus avant ces mœurs du 16e siècle. Mais entrons dans le détail des acquisitions.
Jules de Belleville a d’abord fait
trois ventes au même acquéreur, Pierre Crespeau, marchand demeurant au bourg de Saint-Fulgent. On a déjà vu ce dernier servir de banquier à des habitants de la
Machicolière.
Archives de la Vendée :
extrait du contrat à Crespeau du 26-6-1559
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La première vente du 1e
mai 1554 concernait une rente de 40 boisseaux de seigle et 4 ras d’avoine à
prendre sur le village de la Chevaleraye, pour le prix de 120 livres. Une
clause particulière de réméré avait été inscrite dans le contrat. C’est une
formule juridique, qui existe toujours dans notre code civil, par laquelle le
vendeur se réserve de reprendre la chose vendue, moyennant la restitution du
prix principal à l’acquéreur. C’est une sorte de vente à l’essai, désormais
très peu pratiquée à cause de l’inventivité des banquiers pour résoudre les
difficultés financières des vendeurs. Et c’est cette faculté de rachat, ou
droit de retrait, que Jules de Belleville a donné à Gilles de Chasteigner. Il
aurait pu la lui vendre, mais il la lui donna, même si son prix n’aurait pas
été élevé. D’ailleurs il vendit cette faculté de retrait aussi pour le Pin et la
Baritaudière.
Le réméré avait l’avantage de
pouvoir être exercé par quiconque, alors qu’existaient dans le droit féodal
d’autres facultés de retrait, mais limitées dans la définition des bénéficiaires.
Ainsi le retrait féodal pouvait être exercé par le seigneur d’un bien vendu
dans sa mouvance, prescrit par 30 ans. Le retrait lignager pouvait être exercé
par le parent du vendeur pendant un an et un jour après la vente.
Dans la deuxième vente du 25
juillet 1554, Jules de Belleville vendit les droits de terrages à prendre au
village de la Boutinière. Il les tenait au titre de la seigneurie des
Bouchauds, relevant de la baronnie des Essarts, avec qui, de plus, il
partageait ces terrages.
La troisième en date du 26 juin
1559 a fait l’objet d’un acte de vente passé devant Arnaudeau, notaire de Saint-Fulgent, d’une rente noble, foncière, féodale, perpétuelle due à titre de cens de
3 septiers et demi de seigle, mesure des Essarts, rendables au logis de
Languiller chaque année. Elle était due par les propriétaires de la Javelière
pour 48 boisseaux, et par ceux du tènement attenant de la Roche Herpière pour 8
boisseaux. Pierre Crespeau achète cette rente pour le prix de 220 livres. Son origine
remonte à Jeanne des Bouchauds, qui l’avait vendue à la seigneurie du Coin
Foucaud, celle-ci possédée en 1599 par le seigneur de Belleville, à une date non
indiquée mais remontant plus tôt, à la fin du Moyen-Âge.
Les deux dernières ventes ont
fait aussi l’objet d’une clause de rachat éventuel. Et par donation faite par acte notarié du 13 décembre 1560, le
seigneur de Languiller à transmis au seigneur de Saint-Fulgent cette faculté de
rachat. En même temps il donnait encore 5 sols de rente à lui due par les
teneurs de la Javelière à noël, plus 2 sols 6 deniers à la Saint-Jean-Baptiste, et
une dîme annuelle de 2 agneaux.
Et enfin, par une dernière
clause, le seigneur de Languiller donne encore à celui de Saint-Fulgent « tous droits de fiefs à lui appartenant sur
les choses mentionnées par les contrats ci-dessus » (6). C’est sur
cette dernière phrase citée que les successeurs des seigneurs de Languiller et
de Saint-Fulgent vont se battre pendant deux siècles. Pour les premiers elle
voulait dire que l’acquéreur possédait les biens nobles qu’étaient les rentes,
cens, et terrages, mais le vendeur gardait la mouvance et le droit de fief,
pour lequel il rendait hommage au seigneur suzerain des Essarts. Pour les
deuxièmes, elle voulait dire que l’acquéreur possédait la mouvance et le droit
de fief, devenant le véritable seigneur de la Boutinière, la Chevaleraye et la
Javelière.
Le seigneur de Saint-Fulgent mit en
œuvre la faculté de retrait en effet peu de temps après le contrat de donation,
en 1561, car cette faculté était bien sûr limitée dans le temps, « le temps de la grâce », disait-on. C’était
une durée définie dans chaque contrat à cette époque. La locution est obscure
pour les non-initiés, suivant une solide habitude des jurisconsultes, mais
emprunte de poésie, une fois n’est pas coutume. Gilles de Chasteigner entra donc
en possession des cens, rentes et autres devoirs seigneuriaux, en dédommageant
Pierre Crespeau.
Dans les actes de vente à ce
dernier, Jules de Belleville s’était réservé un devoir de 5 sols de cens qui
lui était dû à noël, en précisant que les droits seigneuriaux vendus étaient
tenus sous l’hommage qu’il en faisait au suzerain des Essarts en tant que
seigneur du Coin Foucaud, dont dépendaient les tènements de la Chevaleraye et
de la Javelière. Ce devoir au montant symbolique matérialisait le lien féodal
maintenu sur ces deux tènements par Languiller.
Logis de Languiller
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La vente au tènement de la
Boutinière n’avait pas été faite avec cette clause particulière de devoir de 5
sols. Le tènement dépendait de la seigneurie des Bouchauds, appartenant elle
aussi en partie à cette époque à Jules de Belleville en tant que seigneur de
Languiller. Et cette seigneurie des Bouchauds, dépendait elle-même du baron des
Essarts, qui en avait vendu une partie seulement. On a là une situation
compliquée, si l’on veut.
Les notions de redevances seigneuriales et de directe seigneurie
La querelle pour savoir qui de
Languiller ou de Saint-Fulgent possédait le droit de fief ou « directe seigneurie », comme on
disait à l’époque, sur ces trois villages, comportait un enjeu financier et un
enjeu politique. L’enjeu financier résidait principalement dans le droit de
lods et ventes, appelé aussi « ventes
et honneurs ». C’était le paiement par le nouveau propriétaire (par achat, succession ou dot) d’un bien
immeuble, d’1/6 de sa valeur en Poitou, au seigneur
direct. Ce droit avait été instauré il y a longtemps pour que les domaines
fonciers concédés à bail, puissent être transmis par les tenanciers. Il
représentait le droit de propriété lui-même.
L’enjeu
politique, lié au statut même de seigneur, avait perdu de son importance réelle
au fil du temps, grignoté par la montée en puissance des prérogatives royales.
Mais voyons les mots employés, inscrits dans les formules immémoriales des
notaires. Quand en 1635 le seigneur de la Rabatelière acheta les seigneuries
de la Jarrie, Merlatière et Raslière, le notaire énuméra ainsi la consistance
des biens : « châteaux,
chefs d’hommage, fiefs, maisons et préclôtures, terres, châtellenies et
seigneuries de la Jarrie, Merlatière et Raslière, hommes, vassaux et sujets
tant nobles que roturiers en le bourg de Saligny, Boulogne et autres… » (7).
Les hommes étaient donc des sujets compris dans les biens vendus. Sauf qu’en
réalité la condition de serfs avait disparue depuis bien longtemps en Poitou et
qu’il ne faut pas lire le texte avec nos définitions contemporaines des mots.
Mais il est intéressant à connaître pour comprendre l’organisation de la
société.
Dans le Poitou il y avait très
peu de terres libres, appelées alleux. En dehors des biens d’Église, les
domaines étaient tenus noblement ou roturièrement, dans le premier cas par foi
et hommage et aveu, et dans le deuxième cas par simple déclaration, toujours
faits au seigneur de qui les domaines étaient tenus. La nature du bien
déterminait le rapport entre les hommes, un noble pouvant tenir un bien
roturier et un roturier pouvant tenir un bien noble, et un ecclésiastique
pouvant tenir un bien noble ou roturier.
La Raslière au bourg de la
Merlatière
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Les jurisconsultes du Moyen Âge
avaient inventé une conception de la propriété divisée en deux notions, à
la fois distinctes et associées, un peu comme de nos jours le sont la
nue-propriété et l’usufruit. La première était la propriété « éminente » du seigneur, de qui était
tenu le bien, justifiant les droits seigneuriaux. La deuxième était la
propriété « utile » du
tenancier du bien, qui l’exploitait, en touchait les revenus et le transmettait
par vente ou héritage ou dot ou don. La suppression des droits seigneuriaux alla
de pair avec une nouvelle conception de la propriété, toute exclusive au profit
du tenancier ou « teneur »
du bien. Intellectuellement cette suppression fut donc une révolution, même si
ce mot a un sens plus large pour les historiens. On comprend que la propriété moderne
fut érigée en droit de l’homme en 1789, mettant fin à un millénaire de
propriété féodale.
La seigneurie ou droit de directe
seigneurie, ou droit de fief, ou droit de mouvance, entraînait le droit de
juridiction foncière automatique en Poitou ou juridiction basse au minimum
(article 17 de la coutume). Et quiconque avait droit de juridiction avait droit
de tenir assise (article 18 de la coutume), c’est à dire de convoquer les
propriétaires devant une cour de justice pour y « exhiber » (communiquer) leurs contrats d’achats et y faire
leurs aveux ou déclarations roturières. La propriété éminente emportait donc droit de justice,
exercé par le propriétaire et non par un tiers. Le seigneur pouvait aussi exercer son
droit de saisie féodale par « puissance de
fief », (confiscation des revenus du bien concédé en cas de
défaut de devoirs dus par le vassal), mais cette fois-ci dans des cas et conditions de plus en plus contrôlés par la
justice royale au fur et à mesure qu’on avance dans le temps.
Pour employer des concepts
contemporains, on peut dire en simplifiant que la féodalité était une société
politique où les seigneurs avaient acquis des prérogatives politiques à titre
privé. Cette civilisation féodale, développée dans les États de l’ancien empire
de Charlemagne et l’Angleterre, a évolué, chacun à sa manière suivant les pays,
pour libérer son espace politique des tutelles seigneuriales. Par ailleurs
vivant dans la confusion du temporel et du spirituel, cette civilisation a
évolué, là aussi chacun à sa manière, vers la séparation de la vie religieuse
et de la sphère politique.
Dans un premier conflit vers 1600, le seigneur de Saint-Fulgent recule
Revenons en 1561. Le seigneur de Saint-Fulgent a donc franchi le ruisseau du Vendrenneau et est devenu propriétaire sur le territoire de la paroisse de Saint-André de droits seigneuriaux à la Boutinière, avec ses moulins, à la Chevaleraye et à
la Javelière. Que s’est-il passé ensuite ? Les
documents légués à la postérité par la seigneurie de Languiller, les seuls qui
sont parvenus jusqu’à nous, ne commencent qu’en 1595. Nous en faisons le
constat partout ailleurs à Saint-André-Goule-d’Oie. De plus, les premiers aveux
d’importance conservés actuellement, concernant la seigneurie de Languiller elle-même et celle du Coin
Foucaud, ne sont que des copies de texte datés de 1550. Il a existé un cartulaire du Coin comprenant des
textes antérieurs du 15e siècle. Ils ont fait l’objet de
transcriptions au 19e siècle par Charles Constant Gourraud, notaire
de Chavagnes-en-Paillers, désigné « manuscrit Gourraud » par A. de
Guerry, qui y a eu accès et en a pris des notes. À son époque Gourraud note le
cartulaire « en mauvais état » déjà. Le manuscrit Gourraud est en partie
conservé aux Archives départementales de la Vendée dans le fonds Mignen.
Le 7 juillet 1595, un notaire des
Essarts rédige et signe une déclaration roturière au seigneur de Languiller
pour le compte de Maurice Rabereul. Ce dernier habite au Coudray et possède en
indivision le tiers d’un moulin à vent à la Boutinière. Pour cela il doit
« 2 sols 6 deniers de cens par an
rendables en votre châtel du lieu de Languiller en chacune fête de Saint-Jean-Baptiste », et aussi « 2
chapons que prend et a accoutumé lever le seigneur baron des Essarts »
(8). Souvenons-nous que la Boutinière dépendait de la seigneurie des Bouchauds,
dont les revenus étaient partagés par moitié entre son propriétaire
(Languiller) et son suzerain (les Essarts).
Porche de l’ancienne église de
Belleville
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À cette date la déclaration est
rendue à « messire Léonor Chabot de
Saint-Gelais chevalier seigneur de Jarnac au nom et comme tuteur ordonné par écrit
de la personne et biens de demoiselle Marguerite de Belleville, comtesse de
Cosnac, Belleville et Languiller ». Celle-ci était sous la tutelle du
deuxième mari de sa tante, Marguerite de Durfort-Duras, cette dernière ayant
épousé en premières noces un de ses oncles, Philippe de Belleville. Elle était
devenue dame de Belleville et Languiller à la suite de son père, Charles de
Belleville (1540-1583),
qui lui-même avait succédé à Jules de Belleville. Charles de Belleville
était le fils aîné du frère aîné de Jules de Belleville, Claude
de Belleville (1507-1563). Néanmoins toutes les possessions de Languiller ne
lui appartenaient pas, certains domaines étant toujours restés à la veuve de
Jules de Belleville, Anne Goulard, faisant partie de son douaire probablement.
Marguerite de Belleville se maria
peu de temps après cet aveu avec Emmanuel des Prez, marquis de Villars, dit de « Savoie »
à cause de sa mère, celle-ci étant la fille d’Honorat II de Savoie, ayant épousé en 2e noces le chef de la Ligue catholique
après 1588, Charles de Mayenne. Ce mariage consacrait
le retour des Belleville dans les rangs catholiques, où combattait le mari.
Malheureusement la jeune mariée
mourut sans postérité le 3 septembre 1599. Son mari vendit Belleville,
Languiller et ses fiefs annexes (Les Bouchauds, le Coin Foucaud, etc.) en 1604
à une habitante de Fontenay-le-Comte, Marie du Fou. Au final, celle-ci récupéra
semble-t-il tous les domaines ayant fait partie du Coin Foucaud et des
Bouchauds.
En 1607, le seigneur de Saint-Fulgent fit à cette dernière une offre de foi et hommage pour ses droits à la
Boutinière (9). Il s’agit de Jacques Bertrand « fils émancipé de Christophe Bertrand écuyer seigneur du Chastenay fils
aîné et principal héritier de défunte demoiselle Charlotte Chasteigner ».
Cela veut dire qu’il n’avait pas encore 25 ans. Il était le petit-fils de
Gilles Chasteigner, le bénéficiaire de la donation de 1560. Sa mère s’était
mariée en 1579 avec Christophe Bertrand, descendant d’une famille ancienne de
nobles, ayant habité dans un village de Chauché, maintenant Saint-Denis-la-Chevasse, la
Roche Boursaut (10) liée avec les gentilshommes verriers du même nom établis à Dompierre-sur-Yon.
Jacques Bertrand était aussi
seigneur en 1618 de la Vergne-Ortie, (acquise de la famille de Saint-Savin), située à Chauché, année où le seigneur de
la Rabatelière lui rendit un aveu pour ses possessions dépendant de la métairie
de la Fesselière, et incluses dans le tènement de la Landouinière de Chauché (11).
En 1600 la seigneurie de Saint-Fulgent était passée à René Aubert, seigneur de Garnaut,
époux de Jeanne Chasteigner, la sœur de Charlotte Chasteigner. Dès 1606 elle revint à Jacques Bertrand, fils de cette
dernière. Mais le changement ne fut définitif que par un acte de partage des biens
avec Jeanne Chasteigner, fille puînée de Gilles Chasteigner, le 2 mars 1624.
L’acte de foi et hommage de Jacques Bertrand en
parchemin de 1607 n’est pas totalement lisible à cause d’une grande tache en
son milieu, mais on comprend qu’un problème existe entre le vassal et le
suzerain. L’offre d’hommage est faite sous condition d’une main levée de biens
saisis. Une allusion à un hommage antérieure à Anne Goulard, la deuxième épouse
de Jules de Belleville est en partie indéchiffrable. Il y a un problème, même
si on ne comprend pas bien de quoi il s’agit. Il a peut-être été aplani trois
semaines plus tard, si l’on en croit l’aveu rédigé par Arnaudeau, le notaire de Saint-Fulgent, fait par le même Jacques Bertrand à la même Marie du Fou.
La Boutinière
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Il y affirme qu’il « tient et avoue tenir à foi et hommage plain
et à rachat quand le cas y advient par muance (changement) d’hommes selon la coutume du Poitou »
les choses qui suivent : les droits de terrage à la Boutinière sur des
champs qu’il énumère s’élevant au 1/6 des récoltes, les rentes de 40 boisseaux
de seigle et 4 ras d’avoine à la Chevaleraye et trois septiers une mine de
seigle, deux agneaux et autres droits sur la Javelière. Nous reconnaissons les
redevances acquises en 1561, mais on remarque une précision : sur ces
choses « ledit Bertrand tient et
avoue tenir tout droit de basse juridiction et choses qui en dépendent »
(12). Voilà qui consiste à affirmer sa seigneurie directe sur ces trois
villages. Cet aveu a donc été « blâmé et rejeté » par Marie du Fou
(13).
Et pendant ce temps comment réagissaient
les tenanciers des biens roturiers ou censifs ? Dans une déclaration
roturière de 1606, rédigée par deux notaires des Essarts, ils sont sept
importants propriétaires à déclarer leurs domaines et les droits seigneuriaux
auxquels ils sont assujettis. Leurs domaines sont situés à la Boutinière et à
la Chevaleraye, mais aussi sur deux petits tènements voisins : les Suries
et les Bruères (Voir les articles publiés en septembre 2015 : La Boutinière à St André Goule d'Oie,
et octobre 2015 : La Chevaleraye et la Javelière). Pierre et Maurice Rabereul, Michel Chatry, Jacques
Robin, Nicolas Cougnon, Florence Bergereau veuve de François Chatry, et
Paynaud, déclarent leurs redevances dues au seigneur de Languiller.
Pour le tènement de la Boutinière
dépendant des Bouchauds, ces « devoirs »,
comme on disait aussi, sont partagés par moitié entre Languiller et le baron
des Essarts : 40 sols à la Saint-Jean-Baptiste, 4 boisseaux de seigle à la
mi-août, 32 ras d’avoine à noël et 4 sols de rivage à Notre-Dame de septembre. Les
teneurs rappellent le droit de terrage qu’ils payent au baron des Essarts et au
seigneur de Saint-Fulgent par moitié.
Pour le tènement de la
Chevaleraye dépendant du Coin Foucaud, les propriétaires déclarent pour mémoire
la rente due au seigneur de Saint-Fulgent. Pour le tènement des Suries, dépendant
aussi du Coin, ils déclarent une rente de 20 boisseaux de seigles, due alors à
l’un des teneurs : Rabereul. Ce dernier la vendra plus tard à Pierre
Moreau, son voisin du Coudray. Et pour le tènement des Bruères, dépendant aussi
du Coin, on déclare une rente de 16 ras d’avoine due au seigneur de Languiller (14).
Dans cette déclaration roturière, chaque seigneur est reconnu pour ses droits
respectifs et ne s'y révèle pas de querelle entre eux.
Celle-ci apparaît après le rejet
de l’aveu du seigneur de Saint-Fulgent au seigneur de Languiller en 1607. Aux
assises de Languiller du début 1611, le premier reçut l’injonction de présenter
une nouvelle déclaration. Il risquait la saisie et s’y résolut dans un texte du
8 juin 1611 (13). Et il cède du terrain, même s’il y rappelle, après avoir
énumérer ses redevances et ses domaines, que ceux-ci sont tenus « avec tous droits de fiefs sur lesdites
choses et lieux », faisant référence ensuite à la donation de 1560. Mais
il qualifie son texte de « déclaration
noble ». L’expression désignait la déclaration de biens nobles tenus sans
foi et hommage du déclarant, qui n’était ni un aveu (pour des biens nobles tenus à foi et hommage par le
déclarant), ni une simple déclaration roturière (pour des biens non nobles). Dans
cette déclaration noble, le déclarant avouait tenir son bien noble sous
l’hommage que rend son seigneur dominant (ici Languiller) au suzerain du fief
(ici les Essarts). Par ces deux mots de « déclaration noble », le seigneur de Saint-Fulgent reculait dans
ses prétentions à la possession de la seigneurie directe sur la Boutinière, la
Chevaleraye et la Javelière. Celle-ci ne pouvait être déclarée
en effet que dans un aveu.
Dans cette déclaration, le
seigneur de Saint-Fulgent n’a toujours pas atteint l’âge de sa majorité et il a
pour représentant spécial le notaire de Saint-Fulgent, maître Michel Arnaudeau. En
face de lui, il y a la puissante Marie du Fou et ses conseillers de la baronnie
de Mareuil, où elle séjournait quand elle n’était pas à Fontenay-le-Comte.
Faisons connaissance avec elle.
Son père, François du Fou, avait
été gouverneur et capitaine de la ville et château de Lusignan en 1531. Chef
influent du parti huguenot, il rejoignit le prince de Condé à Orléans puis changea
de camp. Il fut chargé plus tard par le roi Charles IX d'obtenir la soumission
des Rochelais, mais il ne put aboutir.
Marie du Fou, qui avait deux
sœurs, épousa d'abord en 1577, René de Talensac, seigneur de Loudrière, dont elle eut 2
enfants : René (marié en 1602 avec Françoise de Coligny, petite-fille de
l’amiral), et Louise de Talensac (mariée en 1596
à René de La Lande) (15). Devenue veuve, Marie du Fou se remaria au temple de la Rochelle le 30 décembre 1585 avec
Charles Eschallard, baron de Châteaumur et seigneur de la Boulaie (Treize
Vents). Avec lui elle eut cinq enfants, dont l’aîné Philippe, qui lui succéda
dans la possession de la seigneurie de Languiller.
Émilien Rorthay de
Monbail :
Ruines du château de la Boulaye (Musée municipal de Fontenay-le-Comte) |
Charles Eschallard fut un ami
d’enfance du roi de Navarre. Il a été gouverneur de Fontenay et pays du
Bas-Poitou dans le camp protestant de 1585 jusqu’à sa mort en 1594, et vice-amiral de Guyenne. Henri IV le couvrit
d’honneurs et de récompenses : chevalier de l’ordre du roi, capitaine de
50 hommes d’armes de ses ordonnances, « conseiller
du roi en tous ses conseils » et chambellan de sa
majesté. Il mourut en juin 1594, en pleine reconquête du Bas-Poitou par
les protestants.
Marie du Fou possédait en propre
les terres et seigneuries de Champdolent (Charentes maritimes), Tour d’Oiré
(Vienne) et Gauvinière. Elle avait l’usufruit des biens de son mari,
Châteaumur et la Boulaie principalement. Après son achat de Belleville et
Languiller, elle acheta en 1605 la baronnie de Mareuil et de la Vieille Tour. Elle était riche,
énergique, habile et lettrée. Elle était en outre considérée non seulement
parmi ses coreligionnaires, mais aussi chez les catholiques. Elle mourut à
Mareuil le 12 août 1612.
Son fils, Philippe Eschallard, succéda à son
père officiellement au poste de gouverneur de Fontenay avant sa majorité. Mais
en réalité un lieutenant exerçait la fonction à sa place. On était au temps des
offices publics, achetés et héréditaires. Sa mère Marie du Fou recevait les
aveux et déclarations au nom de son fils, comme tutrice.
Rubens : couronnement de Marie de Médicis
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Celui-ci fut lieutenant d’une
compagnie de gendarmes de la reine Marie de Médicis, et « conseiller
du roi en ses conseils d’État » (16). Il se maria avec Marie Hurault en 1604, fille de François et de
Rachel de Cochefilet, celle-ci remariée ensuite au futur duc de Sully. Philippe Eschallard mourut tôt à Loudun le 13 avril 1616. Il avait eu Maximilien,
Louise (mariée à Gabriel du Quesnel, marquis d’Allègre, sans enfant), Marie et
Marguerite (religieuses par lettre de cachet au moins pour l’une d’elle). Ils
étaient toujours protestants, et avec la disparition d’Henri IV les conflits
reprirent. Les protestants devinrent de plus en plus en butte aux persécutions
du pouvoir royal (17).
En 1614 le seigneur de Saint-Fulgent est seigneur de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière
Après le décès de son mari, Marie
Hurault le remplaça pour recevoir les aveux et déclarations au nom et comme
tutrice de son fils aîné Maximilien Eschallard.
Tout se passe comme si le
seigneur de Saint-Fulgent en profita pour pousser son avantage. En 1614 il a
atteint l’âge de la majorité et reçoit une déclaration de trois meuniers
habitant le Coudray, et propriétaires d’un des deux moulins de la Boutinière.
Il s’y affirme seigneur des fiefs de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière
(18). Certes, le seigneur de Languiller n’étant pas présent à l’acte, la
manœuvre est facile. Et nos trois déclarants, Pierre Netraud, Maurice Rabereul
et Pierre Ardouin n’avaient pas à s’occuper de la querelle des seigneurs.
En 1617, le seigneur de Saint-Fulgent demanda un
délai, qui lui fut accordé, à l’Assise de Languiller, pour faire sa foi et
hommage à Marie Hurault (19). Puis dans son aveu de 1618 il maintint sa position. Il
fait écrire le texte par son notaire de Saint-Denis-la-Chevasse. Il y avoue tenir
noblement ses domaines dans les trois tènements en question de Saint-André-Goule-d’Oie, « à foi et hommage plain et à
rachat …. et à 6 deniers de service payables annuellement en chacune fête de Notre-Dame en août ». Ce n’est plus une déclaration noble, mais un
aveu et dénombrement. Imperturbable, il énumère ses droits et leur provenance
du don de 1560, comme un vrai possesseur de biens nobles que seraient devenus
les tènements de la Chevaleraye, Javelière et Boutinière (20).
On ne connaît pas la réaction de
Marie Hurault, et si elle émit un blâme comme l’avait fait sa belle-mère Marie
du Fou sept ans plus tôt en 1611. On n’est pas sûr qu’elle se soit impliquée
elle-même dans l’affaire. Elle affermait, comme c’était l’usage chez les
nobles, sa seigneurie de Languiller et les seigneuries annexes des Bouchauds et
du Coin à un bourgeois. C’est ce dernier qui gérait les droits seigneuriaux. Il
payait un prix fixe convenu d’avance avec le seigneur, payable annuellement, et se
chargeait sur la base du terrier et des papiers censaires, où tous ces droits
étaient inscrits, de recouvrer les redevances. Au besoin il engageait des
poursuites judiciaires à ses frais (Voir l’article publié sur ce site en mars
2014 : La ferme des Essarts (1570-1577). On a trouvé chez un notaire de Fontenay-le-Comte un bail à
ferme en date du 4 juillet 1622, d’une durée de cinq années pour les seigneuries
de Languiller, le Coin Foucaud et les Bouchauds. Le fermier est Michel Daviceau, sieur du Chiron, et le prix à payer est de
2 100 livres par an. C’est à lui qu’avaient affaire la presque totalité
des habitants de Saint-André-Goule-d’Oie pour payer leurs droits seigneuriaux.
Ce
n’est pas le fils aîné de Marie Hurault, Maximilien Eschallard, nouveau seigneur de Languiller et fiefs annexes, qui
s’impliqua davantage à défendre ses droits face au seigneur de Saint-Fulgent. Lui
aussi fut gouverneur et capitaine de Fontenay, puisque l’emploi
était héréditaire. Il se converti au catholicisme, mais il n’est pas sûr qu’il
faille donner à l’évènement une dimension religieuse profonde. Les pressions du
roi devenaient de plus en plus fortes pour forcer les protestants à
l’abjuration. Il y allait de leur maintien dans les emplois publics, par
exemple. Dans son Rapport au roi sur
l’état du Poitou, Colbert de Croissy écrit en 1664 : « Le marquis de La Boulaye, chef du nom
d'Eschallard, a bien 30,000 livres de rente en fonds de terre en Poitou. Il est
catholique et un des plus intéressés et échauffés au dessèchement des marais du
Poitou. Il a épousé (1633) la
fille du duc de Bouillon La Marck, qui a été seule cause qu'il a pris le
méchant parti pendant les premiers troubles. De ce mariage il a deux enfants :
l'aîné adopté par ledit feu seigneur de Bouillon, qui lui a fait porter le nom
de comte de La Marck, qui a épousé une Saveuse, de laquelle il a eu de grands
biens ; mais ils sont présentement séparés. Le second est appelé le chevalier
de La Boulaie. »
P. Mignard : portrait
deMazarin (musée de Chantilly)
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Les troubles évoqués ici sont ceux de la
Fronde qui opposa une partie de la noblesse et le parlement de Paris à Mazarin,
premier ministre du royaume.
Le prévôt des marchands et les échevins de
Paris demandèrent à Maximilien Eschallard, le 9
janvier 1649, de lever un régiment de mille chevaux en Bas-Poitou, avec ordre
de l'amener dans la capitale. Mazarin avait fui la capitale et emmené la
reine-mère et le jeune roi se réfugier à Saint-Germain quelques jours auparavant.
Eschallard s'empressa d'obéir, et devint l'un des chefs les plus turbulents de
la Fronde. Il fut même accusé d’avoir voulu assassiner le
grand Condé sur le Pont Neuf.
Il vendit Languiller, ouvrant ainsi un nouveau
chapitre dans la longue histoire des relations tumultueuses des seigneurs de
Languiller et de Saint-Fulgent.
À suivre.
(1) Charles du
Moulin, Le grand coutumier général, 1576, tome 2, Édition Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général du Poitou,
1724, page 820.
(2) Archives de Vendée, G. de Raignac 8 J 100,
dépouillement d’archives publiques et privées concernant les familles
vendéennes vol. 4 vue 27 à 29/238.
(3) 150 J/A 12-7, abonnement du
25-6-1567 des droits de rachat du fief de la Blaire, tenu sous l’hommage de
Languiller, au profit de Louis Chauvière, sieur de Beaupuy.
(4) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière :
150 J/G 40, donation du 13-10-1560 du droit de retrait par Jules de Belleville
à G. Chasteigner concernant la Boutinière et autres.
(5) 150 J/G 14, requête du
7-2-1697 de Marie Gazeau au tribunal de Fontenay, concernant le droit de fief
du Pin.
(6) 150 J/G 40, donation de 1560
de J. de Belleville et aveu de Saint-Fulgent (Bertrand) en 1618 à Languiller à
cause du Coin Foucaud et des Bouchauds pour les biens donnés.
(7) 150 J/B 3, acquisition du
25-8-1635 de Jarrie, Merlatière et Raslière par échange entre la Rochefoucauld et
le seigneur de la Rabatelière.
(8) 150 J/G 58, déclaration roturière
du 7-6-1595 de Maurice Rabereul à Languiller pour un moulin à vent de la
Boutinière à cause du fief des Bouchauds.
(9) 150 J/G 40, offre de foi et
hommage du 22-11-1607 de Saint-Fulgent à Languiller pour la Boutinière, mouvante
des Bouchauds.
(10) Archives historiques du
diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 18-2, notes sur les
Bertrand de Saint-Fulgent et de la Grassière.
(11) 150 J/C 24, aveu et
dénombrement du 4-6-1618 de Charles Bruneau, seigneur de la Rabatelière, au
seigneur de Saint-Fulgent, Chastenay et Vergne Ortie (Jacques Bertrand), à cause
du fief de la Vergne Ortie (Chauché), pour raison du tènement de Landouinière
(Chauché).
(12) 150 J/G 40, aveu du
15-12-1607 de Saint-Fulgent à Languiller pour droits à la Boutinière, Chevaleraye
et Javelière, à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(13) 150 J/G 40, avis du 18-12-1713 actant un blâme du seigneur de
Languiller sur l’aveu de 1607, et, aveu du 8-6-1611
de Saint-Fulgent à Languiller à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(14) 150 J/G 58, déclaration
roturière du 1-6-1606 de 7 teneurs à la Boutinière, Chevaleraye, Suries et
Bruères à cause du Coin Foucaud et des Bouchauds.
(15) Laurent Blanchard, À La Rochelle entre sa foi et son roi, Monsieur de Loudrière (c.1580-1628), Éditions Ampelos, 2018, page 11 et s.
(15) Laurent Blanchard, À La Rochelle entre sa foi et son roi, Monsieur de Loudrière (c.1580-1628), Éditions Ampelos, 2018, page 11 et s.
(16) 150 J/G 113, aveu du
9-9-1622 de Sébastien Masson à Languiller pour la Jaumarière et les
Ségoninières.
(17) Eugène et Émile Haag, La France
protestante, 1853, tome 4, page 543.
(18) 150 J/G 58, déclaration
roturière du 2-7-1614 de 3 teneurs à Saint-Fulgent pour un moulin à vent de la
Boutinière à cause des fiefs de la Chevaleraye et Boutinière (sic).
(20) 150 J/G 40, aveu du
27-3-1618 de Saint-Fulgent à Languiller pour ses droits seigneuriaux sur la
Boutinière, Chevaleraye et Javelière.
Emmanuel François, tous droits réservés