mardi 1 août 2017

La Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie

La position géographique avantageuse du village


La Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie a été en 1872 le plus important village de la commune, comptant même, avec ses 222 habitants, 36 personnes de plus que le bourg. Bien sûr, on explique ce constat par la position du village sur la route nationale de Nantes à la Rochelle, propice pour profiter des facilités de circulation des marchandises, et donc pour favoriser les activités marchandes et artisanales.

la Brossière
Dès l’antiquité on sait que la voie romaine Nantes/Saintes par Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu, avait, à partir de Chavagnes-en-Paillers, deux parcours différents. L’un passait par Saint-Fulgent à la Chaunière, puis par la Boutinière (Saint-André-Goule-d’Oie), située sur la crête d’une colline, et continuait vers les Quatre-Chemins par la Brossière (1). Cette voie romaine n’empruntait pas le même tracé entre la Boutinière et la Brossière que le grand chemin de Montaigu à Chantonnay hérité du Moyen Âge. Celui-ci venait directement du bourg de Saint-Fulgent par le champ du Girouard et apparaît dans les confrontations des parcelles du tènement de la Javelière, préfigurant la route construite au temps de Louis XV, et devenue la route nationale indiquée plus haut.

Le chemin de Saint-Fulgent à Sainte-Florence avait deux tracés, l’un qui passait par le bourg de Saint-André, et l’autre qui longeait la forêt de l’Herbergement, passant à proximité de la Brossière. Ce village a ainsi toujours été ouvert sur l’extérieur, à la différence d’autres dans la paroisse de Saint-André, plus à l’écart des grands chemins.

Souvent tous ces villages étaient peuplés de plusieurs dizaines de personnes au 17e siècle, quand on a pu approcher cette réalité. Cela veut dire qu’une vie sociale y existait, autour de sa fontaine, s’ajoutant à celle de la paroisse avec son église paroissiale et ses assemblées des chefs de feu. À cet égard les célèbres développements d’André Siegfried (1875-1959) sur la sociologie comparée du bocage et de la plaine en Vendée, peuvent faire sourire sur certains de ses aspects (2). L’auteur décrit le bocage granitique avec des habitats isolés autour de nombreux point d’eau. Il en déduit que les habitants vivaient dans une vie sociale réduite, donc dépendants socialement, alors que la plaine calcaire du sud de la Vendée, aux habitats regroupés, favoriserait les échanges et rendrait les habitants plus autonomes dans leurs convictions ! Ce qui compte aussi pour considérer l’isolement des habitats, c’est la proximité d’une ville, d’un gros bourg et des grands axes de circulation. Sur ce point, le village de la Brossière sur le Grand Chemin de Nantes à la Rochelle était moins isolé que bien des villages éloignés de tout dans la plaine. Certes, le pays était difficilement pénétrable aux étrangers à cause des innombrables chemins qui le parcouraient, sans indications de lieux ni de directions, et à une époque où n’existait aucune carte. Mais ceci est autre réalité.

Déduire l’importance du village de la Brossière uniquement de sa position le long d’un grand chemin, serait cependant une erreur. D’abord son existence est due à un carrefour, avec le chemin conduisant à Saint André, et celui conduisant à Vendrennes. Mais l’importance du village résulte de l’importance de son environnement agraire, matérialisé par les nombreux fiefs qui l’entouraient. La richesse et l’étendue de ses territoires ont fait aussi le nombre d’habitants du village. La traversée du village par le ruisseau du Vendrenneau a constitué un atout pour l’artisanat de la tannerie. Dans le livre de raison de Julien de Vaugiraud, seigneur de Logerie (Bazoges-en-Paillers), on le voit donner la peau d’une vache qu’il a fait tuer, à un tanneur de la Brossière en la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie (3). C’était le 30 octobre 1590, seule trace trouvée de tanneurs à la Brossière. 

Les documents disponibles dans le chartrier de la Rabatelière ne concernent pas le tènement de la Brossière proprement dit. Les destructions du temps ont frappé au hasard, nous privant de l’histoire du village et de son territoire en dépendant directement. Très peuplé probablement aussi sous l’Ancien Régime, son tènement comprenait la partie la plus importante du village et s’étendait en limite des tènements des Gasts et des Landes du Pin au sud, au long du « ruisseau d’eau qui descend de l’étang de Fondion » à l’est. Cet étang a été asséché depuis, mais le ruisseau coule toujours, allant se jeter dans le « ruisseau d’eau qui descend de l’étang du Vendrenneau vers le pont Boutin ».

Un découpage féodal des territoires antérieur à celui des paroisses 


Situation des fiefs de la Brossière
À côté du tènement proprement dit de la Brossière il y avait 11 petits fiefs sans habitats, et qui sont documentés dans les archives. L’un d’eux possédait même 4 boisselées de surface sur le village même de la Brossière, et la plupart de leurs propriétaires y habitaient. 8 de ces fiefs, dont nous pouvons raconter l’histoire, sont situés sur la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie : Mauvinière, Bequetière, Lautruère Loriau, Giroisières, Toillet, Bignon, Drillay, Prieuré. Ils sont voisins du tènement de la Brossière, et si ce n’étaient les limites officielles des tènements, on pourrait les confondre avec lui. 3 autres de ces fiefs étaient situés sur la paroisse de Vendrennes : Guierche, Landes Borgères et Burettes.

Ailleurs à Saint-André-Goule-d’Oie, on a des tènements avec leurs villages, de plusieurs dizaines d’hectares, où souvent les métairies avaient été constituées à côté de petites borderies. Ou bien le tènement et la métairie ne faisaient qu’un, comme à la Roche Mauvin, la Racinauzière, et probablement aux Noues. Ces 30 à 50 hectares en moyenne paraissent avoir constitué des ensembles de défrichement, probablement tantôt à partir de rien, tantôt à partir d’habitats préexistants. À la Brossière, le village pourrait avoir existé au moins depuis l’époque gallo-romaine. Ensuite, on a l’impression d’un découpage de la propriété en petits fiefs d’une dizaine d’hectares au cours du Moyen Âge. Nous n’avons rencontré cette particularité qu’à la Brossière et au Plessis-le-Tiers pour Saint-André-Goule-d’Oie.

Mais à Saint-Fulgent il en était de même sur les tènements proches de la Brossière, de la Simonière et de la Gatolière. Quatre petits tènements voisinaient avec ces deux derniers : les Sept Septiers, les Pierres Bizes, le Corniou et le fief Chableau (4). Il y a là une particularité propre à ce petit endroit dans la région, au-delà des limites des paroisses. Or dans le village de la Gatolière, l’historien Maurice Maupilier émet l’hypothèse d’une ancienne demeure du seigneur de Saint-Fulgent, Drouelin, remontant au moins à l’époque du 12e siècle (5). Il se base sur l’observation des lieux : les traces d’une maison de maître sur un lieu un peu surélevé. Voilà qui excite l’imagination pour nous entraîner dans la période de l’an mil et avant, et la naissance de la féodalité. Et tous ces petits fiefs auraient perduré jusqu’à la période qui est enfin documentée. Mais il nous manque des preuves pour aller plus loin dans cette voie.

Autre particularité allant dans le même sens : le tènement de la Brossière avait des terres situées sur la paroisse de Vendrennes (6). Cela veut dire, qu’à la création de cette paroisse et de celle de Saint-André-Goule-d’Oie, on a fixé leurs limites avec le ruisseau du Vendrenneau, sans tenir compte de celles du tènement. Celui-ci devait donc préexister à ce découpage des paroisses créées au 12e ou 13e siècle.

L’historien Amblard de Guerry relève dans ses notes non publiées que la Guierche est un nom caractéristique correspondant à un point de défense de l’époque carolingienne, une origine militaire. Et autour de la Guierche, sur la même rive du Vendrenneau on trouve des toponymes germaniques comme nulle part ailleurs sur Saint-André : Guisambourg (Guierche), Andebourg (Landes Borgères) (7). Il avance que la Brossière se rattachait anciennement à un établissement franc ou du moins barbare (8).

La propriété foncière à la Brossière en 1786


Ce qu’on a appelé le tènement de la Brossière ne comprenait pas les petits fiefs évoqués plus haut. Le seul document trouvé qui nous le présente en détail est un gaulaiement du 2 janvier 1786, répartissant les 228 boisselées et 28 gaulées au total (27,7 hectares) entre les 56 propriétaires à cette date (9). Ce gaulaiement était le calcul de la répartition individuelle de la rente de 6 boisseaux de seigle due sur le tènement à M. de Serigné, qui n’était pas féodale. Le gaulaiement pouvait être précédé d’un arpentage ou mesure des surfaces foncières, servant de base au calcul de la part de chaque propriétaire dans les redevances et rentes payées par l’ensemble des propriétaires d’un tènement ou d’un fief, au prorata de la surface possédée par chacun. Mais on a vu des gaulaiements reprenant des arpentages existants, et ne faire que les calculs de répartition des redevances. C’est en particulier ce qui s’est passé après l’établissement du cadastre au début du 19e siècle.

aux Archives départementales de la Vendée
Au long des 65 pages du gaulaiement défilent les parcelles de terre avec leurs natures, leurs surfaces et leurs limites. Elles sont regroupées par propriétaires, avec l’indication de leurs parts qu’ils doivent payer dans la rente en question. Comme partout ailleurs dans les tènements de Saint-André-Goule-d’Oie à cette époque, en dehors des fiefs-métairies, les terres sont divisées à l’extrême. On le voit à la petite surface des nombreuses parcelles dans les champs et les prés. On le voit aussi aux petites surfaces possédées par chaque propriétaire dans le tènement. Mais le gaulaiement ne mentionne pas, par définition, les autres possessions des propriétaires dans les autres tènements voisins, dont l’addition pouvait constituer des unités d’exploitation agricoles. Les actes notariés se rapportant à ces borderies ou métairies nous les font connaître, révélant une métairie à la Brossière et des borderies de quelques hectares seulement.

L’indication d’une métairie à la Brossière apparaît dans un calcul des redevances perçues sur le tènement des Gâts en 1703. S’y trouvait un champ du Cormier de 8 boisselées possédé par Louis Proust, sieur de la Barre, « à cause de sa métairie de la Brossière » (10). La famille Fluzeau, de la Brossière, l’achètera en 1732 pour une valeur de 2 568 livres, ce qui pourrait correspondre alors à une surface comprise entre 15 et 20 hectares. En 1782 cette métairie appartenait en indivision à Jean Fluzeau, Pierre Bordron et François Brisseau. Elle comprenait 30 champs, mais cela n’est pas suffisant pour déterminer sa surface totale (11). Jean et François Fluzeau avaient aussi une borderie affermée en 1776 pour 80 livres par an. La souche morte de bestiaux du fermier sortants est reprise par le preneur au bail de 1776, et est estimée à 90 livres. Cette somme ne comprend pas de bœufs de labour, confirmant, avec son prix, que la borderie ne comprend que quelques hectares (12).

Un document non daté, mais situé au 18e siècle, récapitule des biens fonciers de quelques membres des familles Brisseau et Fluzeau de la Brossière, qui étaient alliées. On voit ainsi que pour les Brisseau, il faut additionner leurs possessions dans les tènements de la Guierche, des Landes Borgères (Vendrennes), du fief du Prieuré, du Bignon, des Landes du Pin (Saint-André), tous voisins autour de la Brossière, pour obtenir le total possédé dans ce document d’environ 7 hectares (13). 

Dans le tènement de la Brossière en 1786, le plus important propriétaire, les héritiers Boudaud de la Boninière, possédait en 1786 26 boisselées (3,1 ha). Ils ne sont que 5 propriétaires à posséder plus de 10 boisselées chacun, totalisant 10,6 ha (36 % du total). En revanche on compte 30 propriétaires à posséder moins de deux boisselées (2432 m2), planches de jardins compris il est vrai. Entre 2 et 10 boisselées, on compte les 21 autres propriétaires (14).

Le régime seigneurial

En 1529, Languiller possédait un droit de garde se montant à 5 sols, pour lequel le procureur fiscal poursuivait un particulier, André Boisseau, en défaut de paiement (15).

Le 25 mars 1535, Louise de Plouer, veuve de feu Jean Chastagner écuyer seigneur de la Mane, a acquis une rente de 40 boisseaux seigle due sur le village et tènement de la Brossière. Elle appartenait à Gillette Bresne, femme d’Archambeault d’Orfeuille (16). Puis on voit qu’en 1550 la Brossière était tenue du Coin à foi et hommage plain et à rachat par Guillaume Goyon, écuyer seigneur de la Nouhe de Vendrennes, à cause d’Antoinette de la Grève sa femme (17). Déjà à cette date les redevances seigneuriales étaient dispersées entre plusieurs possesseurs. Plus tard le droit de fief de la Brossière fut vendu par Antoine Durcot et Jeanne Mandin sa femme à Pierre de la Bussière, écuyer seigneur de la Flotterie demeurant à la maison noble de la Vrignonnière (Essarts). Sur ce droit de fief était dû à la Guichardière 10 sols de rente annuelle et perpétuelle, qui ont été vendus le 21 janvier 1659 pour 10 livres à Pierre de la Bussière par Pierre Maillard sieur de la Boule et delle Suzanne du Noir son épouse, demeurant à la Guichardière (18). Dans le procès-verbal de partage de la succession du seigneur de la Rabatelière en 1779 on lit que le cens dû à la Brossière se montait à 28 sols, plus une rente noble de 9 boisseaux de seigle et 20 boisseaux d’avoine (19).

Quelques redevances dues par les propriétaires


On peut relever quelques autres redevances anciennes prélevées sur le village de la Brossière par le seigneur de la Boutarlière en 1517. C’étaient les habituels droits de mottages et panages (droit de pâturage des glands dans les bois par les porcs) de 2 deniers par cochons mâles et 1 denier par truies, payables à la Saint-Michel à la cohue des Essarts (halle où se tenaient certains officiers de la châtellenie). Il prélevait aussi un droit d’hommage de 8 sols 2 deniers sur les teneurs de la Brossière, partagé par moitié avec le seigneur des Bouchauds (20). Ces redevances prélevées aussi ailleurs à Saint-André, semblent avoir disparu au cours du 17e siècle.

Village de la Roche de Chauché
La seigneurie de la Roche de Chauché, prélevait aussi une rente seconde foncière, annuelle et perpétuelle de 8 boisseaux de seigle à la Brossière, qui « est établie dans leurs gaulaiements » (21). Elle fut perçue jusqu’à la Révolution, et même après au moins à la Bergeonnière et au Coudray. La seigneurie de la Rabatelière percevait sur la Brossière en 1789 une rente noble de 9 boisseaux de seigle et 20 boisseaux d’avoine à la mesure des Essarts, valant 33 livres 10 sols (22).

Une autre rente non féodale donna lieu à un procès, où s’affrontèrent les teneurs de la Brossière et ceux de la Javelière. C’est ce que nous apprend un acte notarié du 8 août 1775, par lequel 9 propriétaires du tènement de la Brossière, habitants de la Guierche, donnent pouvoir à l’un d’entre eux, Jean Brisseau, marchand, pour les représenter dans un procès en cours au Présidial de Poitiers (23).

Ils étaient poursuivis par Pierre Brunet, seigneur de Sérigné, auprès du lieutenant général de la sénéchaussée de Poitiers (le plus haut grade de magistrat représentant du roi), pour obtenir le paiement d’une rente foncière de 12 boisseaux de seigle due sur les tènements de la Brossière et de la Javelière depuis 13 années. Un exploit d’huissier avait été signifié le 25 août 1772.

Pierre Gabriel Brunet, écuyer, seigneur de Sérigné, conseiller du Roi, trésorier de France à Poitiers, né à Foussais le 23 octobre 1709, était fils de François Marie Brunet, écuyer, seigneur de Sérigné, et de Françoise Marie Papin. Il avait épousé aux Essarts le 26 février 1737, par contrat passé devant Boishumeau et Verdon, notaires aux Essarts, Rose Stéphanie Merland (24). Celle-ci était la fille de Jacques Merland, sieur de Champeau, et d’Hélène Maillard, dont nous avons connu les déboires face au seigneur de Languiller pour ses droits sur le village du Pin. Nous l’avons aussi rencontré dans son rôle de procureur fiscal et de fermier des Essarts au début du 18e siècle, comme un interlocuteur compréhensif du procureur de Saint-Fulgent, Louis Prosper Proust. Cette famille Merland a aussi possédé au 17e siècle des droits seigneuriaux au tènement voisin des Gâts, parvenus ensuite entre les mains du seigneur de Linières.

Jean Brisseau et ses alliés prétendaient mal fondé le paiement de la rente de 12 boisseaux (1,8 quintal) et se défendaient contre la position des teneurs de la Javelière. Ceux-ci, emmenés par Jacques Piveteau, prétendaient que la rente n’était due que sur la Brossière et pas sur la Javelière. Bonjour l’ambiance ! D’autant qu’à la Brossière, il devait apparemment y avoir un parti de la Javelière, car possédant aussi des terres à la Javelière voisine.

La procuration à Brisseau, rédigée par Frappier, notaire à Saint-Fulgent, comporte un mandat en quatre points définissant la position des défenseurs de la Guierche/Brossière :
1) Le tènement de la Brossière paye ses rentes propres, bien à part de celles du tènement de la Javelière, et ses limites sont définies par bornages et arpentements anciens et nouveaux. Ses gaulaiements le prouvent, et il n’est pas confondu ni associé au tènement de la Javelière, pour le paiement des rentes et des devoirs.
2) Le demandeur doit préciser les domaines justifiant du paiement de cette rente sur le tènement de la Brossière, car elle n’est pas due sur la généralité du tènement et personne ne connaît les portions de domaines qui le justifieraient. L’article 3 du titre 9 de l’ordonnance de 1667 précise le contenu à donner à la désignation des domaines faisant l’objet du premier exploit lors d’une réclamation de rente foncière. Ce qui n’a pas été fait jusqu’ici. Au besoin les défenseurs sont prêts à fournir les arpentements du tènement afin de prouver leur affirmation.
3) La pièce fournie par le demandeur dans son exploit, conformément à l’article 6 du titre 2 de l’ordonnance de 1667, ne prouve rien sur le bien-fondé de sa demande. Il s’agit d’un contrat d’achat de la rente, remontant au 28 août 1646, par René Gazeau, seigneur de la Boutarlière. La rente a fait partie ensuite de la dot de Rose Merland, épouse du seigneur de Serigné. On y voit que c’est une rente seconde foncière, c'est-à-dire assise sur des domaines déjà arrentés dans le tènement de la Brossière ou de la Javelière. Et l’acte prouverait au moins que cette rente n’est pas à la charge de la généralité du tènement de la Brossière.
4) Jean Brisseau devra dénoncer la production des quittances des années 1719, 1720 et 1721 par les teneurs de la Javelière, en vue de prouver que la rente de 12 boisseaux de seigle est due par le tènement de la Brossière. Le simple fait que ces quittances sont entre leurs mains montre clairement « comme le jour en plein midi » qu’il ne peut s’agir de quittances concernant la Brossière, puisqu’il s’agit de paiements effectués par ceux de la Javelière. De plus, s’ils étaient de bonne foi, ils devraient communiquer au demandeur leurs anciens et nouveaux arpentements comme font les teneurs de la Brossière.
Si certains teneurs sont propriétaires dans les deux tènements de la Javelière et de la Brossière, cela ne veut pas dire que ce sont les deux tènements qui servent de base aux calculs de répartition de la rente de 12 boisseaux.

Code Louis (1667)
Voilà un mandat qui en dit long sur les connaissances juridiques et la maîtrise de l’écriture de son auteur, le notaire Frappier. Il nous permet de nous instruire sur ce droit ancien et révolu en grande partie de l’ordonnance de 1667, dit le « code Louis », car publié par Louis XIV. Quelle fut la suite à ce procès commencé à Poitiers en 1775 ? La pièce que nous venons d’évoquer est la seule dont nous disposons. Mais d’autres documents nous fournissent la réponse. À commencer par le gaulaiement de la Brossière du 2 janvier 1786 évoqué plus haut. On y voit que tous les propriétaires de la Brossière doivent à M. de Sérigné une rente de 6 boisseaux de seigle. Nous sommes à onze années après le début du procès, et nous y constatons la décision qui fut appliquée à sa suite.

Cette rente n’étant pas féodale, dû continuer d’être payée après la Révolution. Pour y mettre fin il fallait l’amortir (racheter), ce qui était devenu de droit pour les débiteurs dans le nouveau code civil de 1804 publié par Napoléon (le « code Napoléon »). Et en 1834, les propriétaires de la Javelière et de la Roche Herpière firent faire un gaulaiement de leurs tènements, pour calculer la répartition de la rente due à M. de Serigné : 2 boisseaux de seigle sur la Javelière et 4 boisseaux de seigle dus sur la Roche. On sait que depuis le Moyen Âge le petit tènement de la Roche Herpière était associé à celui de la Javelière. On voit dans cette répartition comment ont été répartis les 12 boisseaux réclamés en 1775 entre la Brossière et la Javelière : moitié pour l’une et moitié pour l’autre.

Les familles de propriétaires de la Brossière


L’histoire de la Brossière ne serait pas complète sans évoquer quelques noms d’habitants rencontrés dans tous les fiefs voisins, mais dont on sait qu’ils habitaient au village. Parmi eux on distingue quelques noms de famille importants :

-         Toillet. Ce patronyme a été donné à l’un des fiefs. Puis le seigneur du fief Toillet sera dès 1561 un autre propriétaire de la Brossière : Metereau. En 1545 un André Toillet, prêtre, possédait des biens au Gast, preuve de l’aisance de cette famille pour payer des études à l’un de ses fils (25). Des membres de la famille Toillet sont toujours propriétaires dans le fief qui porte leur nom en 1615 et 1656. On en trouve aussi en 1611 au fief voisin de Lautruère Loriau. En 1637 on en trouve au Plessis-le-Tiers. Le nom de cette famille a disparu ensuite à la Brossière, et on ne le retrouve pas au 18e siècle parmi les propriétaires. Le nom du fief deviendra au 18e siècle le fief « Toillet Chatry » On sait que les patronymes des personnes servant à désigner les noms de lieux ne se rapportaient pas forcément à un fondateur, mais aussi à un propriétaire ayant laissé son empreinte dans la mémoire des habitants. En 1598 on trouvait aussi une famille Toillet propriétaire à Saint-Martin-des-Noyers (26).

-         Metereau. Il a été dans une brève période seigneur du fief Toillet. Mais sa famille a possédé des biens du début du 17e siècle jusqu’à la Révolution aux fiefs de la Bequetière, Lautruère Loriau, Toillet, tous des petits fiefs voisins de la Brossière. Jean et Simon Metereau ont ainsi acheté des biens dans le tènement des Gasts et de la Brossière en 1545 (27).

-        Les Fluzeau (ou Filluzeau au 16e siècle) sont une autre famille importante de la Brossière, possédant des biens en 1607 à Drillay et à la Bequetière. Nous lui avons consacré un article publié sur ce site en juillet 2017 (voir à la fin de l'article pour y accéder). On y découvre comment aux 17e et 18e siècles ils ont su amasser des biens et s’élever dans la société. Outre des qualités personnelles, leur métier de marchands de bestiaux, la ténacité dans les affaires judiciaires, l’instruction donnée aux enfants, leur gestion des mariages, celle des héritages en gardant des domaines entiers dans des indivisions à géométrie variable, les communautés des biens entre parents, un esprit de famille entretenu, tous ces moyens ont jalonné l’histoire de l’ascension de la famille Fluzeau de la Brossière vers la notabilité. 

-        Les Gaucher, en plus de leur association avec les Fluzeau dans la possession temporaire de droits seigneuriaux, avaient été seuls seigneurs de la Bequetière en 1607 avec Jean Gaucher. Ils ont été des propriétaires continus de 1607 à 1753 à la Bequetière et à Toillet, et aussi au 17e siècle à Drillay et aux Giroisières. Ils ont possédé le moulin à vent situé sur le terroir voisin des Gâts.

Le pamphlet de 1789
Cette synthèse ne porte que sur des familles de roturiers possédant des droits seigneuriaux dans des petits fiefs voisins, voire le droit de fief lui-même, avec notamment ses privilèges de justice, et ceci dès la fin du 16e siècle au moins. Ces droits s’ajoutaient aux possessions foncières proprement dites chez ces propriétaires. En faisant le point pour l’ensemble de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, on verrait ainsi que les nobles étaient loin d’avoir le monopole de ces privilèges. Certes, la condition de noble ne se résumait pas à ces droits seigneuriaux, et notre constat ne remet pas en cause la portée du célèbre pamphlet de l’abbé Sieyès en janvier 1789 : Qu'est-ce que le Tiers-État ? Il nuance néanmoins une vision trop simpliste de la société à la veille de la Révolution française, qui n’est pas de mise dans la contrée. Des bourgeois et des paysans aisés y possédaient aussi des droits féodaux.

On a d’autres noms de propriétaires qu’on rencontre tout au long des 17e et 18e siècles. Nous ne connaissons pas l’importance des surfaces qu’ils possédaient, mais nous avons relevé leur nom à cause de la longévité de leur présence dans l’un de ces petits fiefs : Boisson, Brisseau, Carré, Gautron, Guignard, Parpaillon, Revelleau et Rousseau. D’autres noms n’ont été présents qu’au 17e siècle plusieurs fois : Allain, Apparilleau, Guesdon, Menanteau, Papin, Pasquereau et Pidoux. Enfin nous citons les nouveaux noms apparus à partir du milieu du 17e siècle et qu’on voit jusqu’à la Révolution : Blanchard, Egron et Robin.


La guerre de Vendée à la Brossière


L’histoire du village de la Brossière comprend malheureusement un chapitre sur la guerre de Vendée. Ses habitants furent eux aussi durement éprouvés. La position géographique si en vue du village devait leur coûter cher. On n’a pu relever, partiellement, que les noms suivants :

-       André Trotin, âgé d'environ 55 ans, sabotier, a été tué par les républicains près du village de la Brossière, où il faisait sa résidence, le 29 août 1793.

-            François Buteau, fait prisonnier par les bleus, âgé d'environ 50 ans, charpentier demeurant au village de la Brossière, a été tué le 29 novembre 1793.

-            Mathurin Brisseau mort au siège d’Angers le 1e décembre 1793 dans la Virée de Galerne. Il était le fils de Jean Brisseau et de Jeanne Fluzeau.

-     François Carré, marchand de chevaux demeurant à la Brossière, « convaincu de révoltes et attroupements contre-révolutionnaires », est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire de Fontenay (registre d’audience du tribunal criminel départemental de la Vendée), le 26 mars 1793 (28). Il fut une des premières victimes de la guillotine installée au chef-lieu du département.

-        François Blanchard, habitant probablement la Brossière, comme c’était le cas pour son fils, Jean Blanchard, lors du mariage de ce dernier le 9 février 1824 (vue 364) avec Jeanne Enfrin. Lequel François Blanchard « faisait partie de l’armée royale de la Vendée et qu’il a servi au passage de la Loire, et qui a péri dans un combat qui a eu lieu … et décédé au mois de décembre 1793 ».

-             Pierre Gréau, époux de Jeanne Trotin. Dans l’acte d’état-civil du décès de cette dernière à la Brossière le 27 décembre 1826 (vue 95), il est indiqué que Pierre Gréau est « mort dans les flots de la première guerre de la Vendée ». Le fils, Pierre Trotin, 31 ans, est alors domestique demeurant à Linières.

-        Lors du mariage le 1e août 1827 (vue 132) de Louis Grelier, demeurant à la Brossière, avec Marguerite Chenu, on relève que son père, Jacques Grelier, est décédé aux Brouzils « dans les flots de la première guerre de la Vendée » et sa mère, Françoise Charrier, est aussi décédée « dans les flots de la première guerre de la Vendée ».  La mort de Françoise Charrier est attestée par Jean Michel Etreau (51 ans, tisserand à la Brossière), François Mandin (82 ans, sacristain dans le bourg), François Godard (64 ans, journalier à la Brossière), et Mathurin Micheneau (63 ans, de la Machicolière).

-        Pierre Olive, époux de Françoise Gandeau, celle-ci habitante de la Brossière à l’âge de 80 ans, est « décédé pendant la première guerre de la Vendée ». C’est ce qu’on relève dans l’acte d’état-civil à Saint-André du mariage du 20 juin 1831 (vue 277) de Pierre Olive (journalier à la Brossière, né à Bouguenais) avec Jeanne Jouraud (journalière aux Gâts).

-        Jacques Drapeau « sabotier, décédé en les flots de la première guerre de la Vendée, certifié par les 4 témoins dénommés ci-après : Jacques Guesdon (78 ans, cultivateur aux Gâts), Pierre Blanchard (70 ans, cultivateur la Brossière), Jean Michel Etreau (60 ans, tisserand à la Brossière), et Jacques Guibert (64 ans, journalier à la Brossière) ». Ce relevé figure dans l’acte d’état-civil à Saint-André du 3e mariage du 7 juillet 1829 (vue 200) de Jean Drapeau avec Rosalie Louise Godard, tous les deux domestiques à la Brossière.

-        Tetaud et sa sœur, tués au Pont-Girouard.

-        Une fille Robin assassinée à la Brossière.

-        Pierre Deschamps, âgé d'environ 62 ans, époux de Françoise Raynard, du village de la Brossière, a été tué le 18 décembre 1793.

L’abbé Charpentier, historien né au Clouin de Saint-André, a écrit que la colonne infernale de Dufour brûla la Brossière (29). L’abbé Deniau, un autre historien, ajoute que s’y produisit une boucherie (30). Enfin, M. de Brem a écrit qu’en mars 1794 une colonne a débusqué des femmes réfugiées dans les champs de la Valinière voisine, et qu’ils les embrochèrent avec leurs bébés (31). Pour ces écrits il faut préciser que les sources ne sont pas toujours indiquées et peuvent avoir besoin d’une vérification, difficile à réaliser.

À la recherche des faits, nous avons trouvé la preuve d’un incendie à la Brossière dans deux actes notariés de 1798 et 1801. Le premier enregistre un arrangement conclut entre Marie Anne Brisseau, fille majeure, et Jean Brisseau et François Fluzeau, ses frère et beau-frère. Ils habitent tous à la Brossière, ensemble et en communauté pour les deux derniers. En 1798, Marie Anne Brisseau habite aussi avec eux, mais avec seulement ses « hardes » (vêtements), sans ses meubles et effets mobiliers, « à elle appartenant, qui ont été incendiés audit lieu de la Brossière par les effets de la guerre civile de la Vendée » (32). En 1789 elle leur avait vendu ses biens immeubles, en gardant la jouissance jusqu’à son décès, et recevant comptant 500 livres (33). N’ayant plus rien, ni maison ni mobilier, il lui restait l’usufruit de ses immeubles et de ses rentes. L’arrangement établit entre autres : « En guise de pension elle apporte à la communauté les revenus de ses immeubles, qui se montent chaque année à 36 francs. Moyennant quoi elle sera nourrie, soignée et entretenue. » Le deuxième acte notarié en 1801 authentifie le prêt d’une somme de 140 F de Julien Mérand à Françoise Ripaud, fille majeure, tous deux demeurant à la Brossière, le 25 fructidor an IX (12-9-1801), pour « reconstruire la maison incendiée de Françoise Ripaud » (34). Julien Mérand fut juge de paix du canton de Saint-Fulgent avant 1797.

Il y a donc une réalité vérifiée derrière les écrits des historiens que nous avons cités. Reste la présentation et certains détails, relatés dans les témoignages des survivants ou de leurs descendants quelques dizaines d’années après les évènements. Nous les prenons avec attention car ils ont leurs sources dans des témoignages, mais sans oublier la fragilité parfois de la mémoire humaine.

Cet incendie de la Brossière a concerné au moins sept maisons repérées, et probablement plus, à voir le tableau des maisons incendiées pendant les troubles de la Vendée dans la commune de Saint-André-Goule-d'Oie, établit par le maire de la commune en janvier 1810 (35). Sur les 7 maisons, 3 d’entre elles n’avaient pas été reconstruites encore en 1810, faute de moyens, précise-t-on. 

Rappelons enfin qu’en la personne d’un de ses habitants, François Fluzeau, le village de la Brossière fut un lieu de résistance royaliste et de refuge temporaire du curé réfractaire de la paroisse en 1797. Nous avons raconté ce moment dans l’histoire de la famille Fluzeau et dans celle des maires de la commune au temps du Directoire : 

On a aussi l’histoire d’Alexandre Laparra, qui fut retenu prisonnier trois semaines au village de la Brossière, caché dans une barge de foin et alimenté par une femme. C’était un des dirigeants les plus exaltés de la société populaire de Fontenay-le-Comte, embarqué comme secrétaire de Rouillé, le chef des 60 gardes nationaux de Fontenay qui subit une déroute à St Fulgent le 13 mars 1793. Après la Brossière il fut retenu prisonnier au château de St Fulgent, et aurait été fusillé par les royalistes, après enquête sur ses agissements, au moment de la prise de Fontenay par ces derniers (36).

Les tènements de la Brossière situés à Vendrennes


Pour fixer les limites des paroisses de Saint-André-Goule-d’Oie et de Vendrennes aux XIe/XIIe siècles, on a retenu les ruisseaux du Vendrenneau et celui qui descend de l’étang de Fondion. En conséquence les fiefs de la Brossière se sont situés à Saint-André, sauf trois d’entre eux : la Guierche, village jouxtant celui de la Brossière, les Landes Borgères et les Burettes.

On ne situe pas ce dernier. Amblard de Guerry a noté qu’il devait un cens de 8 sols et 9 deniers, dont la moitié était due au baron des Essarts. Il formule à juste titre l’hypothèse qu’il avait pu relever de la seigneurie des Bouchauds qui en partageait les redevances à moitié avec son suzerain des Essarts (37).

Les deux autres portent des noms d’origine carolingienne comme nous l’avons indiqué au début de cet article. Il apparaît ainsi que les limites paroissiales sont venues séparer un ensemble foncier très ancien voué à l’agriculture et possédant vraisemblablement une défense militaire. Les Landes Borgères, joignait « la forêt de l’Herbergement, le moulin de Fondion, le ruisseau de Fondion, le grand chemin, le chemin Noir, le chemin de la Guierche à Vendrennes (c’est le chemin de Vendrennes à Saint-André) » (38). Ces confrontations ne sont pas datées, mais se situent probablement dans la période du 16e au 18e siècle. Le Grand chemin désigne l’actuelle route de Saint-Fulgent aux Quatre-Chemins-de-l’Oie, mais sur un tracé ancien c’est-à-dire avant les années 1770. On ne situe pas le chemin Noir. L’existence d’un moulin à Fondion est intéressante, nulle part cité jusqu’ici dans la documentation consultée.

La Guierche relevait de la seigneurie de l’Herbergement (devenu l’Oie, mouvante de Thouars), à qui elle devait un cens de 12 deniers à noël, plus 2 sols sur un pré appelé le Pré Luneau. S’ajoutaient 4 boisseaux seigle mesure de l’Herbergement (alias mesure des Essarts), et 2 aloses par an à la fête de Pâques, alias les Rameaux, appréciées 3 livres pièce. Suivant le dictionnaire Godefroy l’alose était un poisson, cher même si on ne connaît pas la date de l’information (en 1760 un paquet de morue fourni de Nantes coûtait 3 £ 14 sols). De plus les teneurs de la Guierche devaient diverses rentes à d’autres seigneurs des environs (39) :
-          À la seigneurie de Vendrennes : 4 boisseaux seigle pour les abreuvages des bestiaux à l’étang de Vendrennes,
-          À la Noue de Vendrennes : 20 boisseaux seigle,
-          Au seigneur de la Roche Louerie : 36 sols,
       À la seigneurie du Bignon : 2 boisseaux d’avoine à la Saint-Michel. 


(1) Archives de Vendée, annuaire de la société d’émulation de la Vendée, Léon Brochet, Les voies romaines en Bas-Poitou, 1907, page 147 vue 79/136.
(2) André Siegfried, Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Troisième République, 1913. 
(3) Livre de raison de Julien de Vaugiraud (06-1584-08-1597), Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille de Vaugiraud : 22 J 9, page 77.
(4) Aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, page 26, 93 et 94, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13.
(5) M. Maupilier, Des étoiles au Lion d’or, Saint-Fulgent sur la route royale, Herault Éditions, 1989, page 57.
(6) Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, ferme du 6-6-1782 des dîmes sur divers villages (Guierche, Brossière etc.) par Adrien (curé de Vendrennes) à Jacques Robin.
(7) Note d’Amblard de Guerry pour une présentation générale sur Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 1. 
(8) Description générale de Saint-André-Goule-d’Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4
(9) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 8, gaulaiement du 2-1-1786 du tènement de la Brossière.
(10) 84 J 5, nouveau calcul fait le 3-11-1703, de la répartition des devoirs dus par les teneurs des Gâts.
(11) 84 J 39, procès-verbal de visite de la métairie de la Brossière par Jean Fluzeau, Pierre Bordron et François Brisseau en 1782.
(12) Ferme du 30-6-1776 d’une borderie à la Brossière par Fluzeau, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/121.
(13) 84 J 17, cahier des redevances des Fluzeau et Brisseau à la Brossière.
(14) Idem (9).
(16) Assise de Languiller en 1537, ibidem : 150 J/M 22, pages 516 et 517.
(17) Note no 1 sur la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(18) Ibidem, note no 28. 
(19) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, pages 31 et 51, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68. 
(20) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 39, copie de l’aveu du 26-1-1517 de la Boutarlière aux Essarts (Palluau).
(21) 150 J/E 1, assises de la Rabatelière et autres fiefs de 1619 et 1632, assises du 19-8-1632.
(22) Livres de recettes et dépenses 1787-1789, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150J/I 55, page 23.
(23) Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/ 8, pouvoir à Brisseau du 5-8-1775 dans le procès d’une rente au tènement de la Brossière.
(24) Famillesvendennes.fr – famille Merland, branche de Champeau et Guichardière.
(25) Assise de Languiller en 1545, ibidem : 150 J/M 22, page 1137.
(26) Aveu du 1-12-1581 du fief des Roullins au duché de Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1136, page 7.
(27) Assise de Languiller en 1545, ibidem : 150 J/M 22, page 1073 à 1075.
(28) René Valette Le Livre d’Or de la Vendée dans la revue du Bas-Poitou, 1908, p. 467 (vue 53). Ce décès, ainsi que celui de Jean Carré de Sainte-Florence, a été déclaré le lendemain par Jean Baptiste Perreau, prêtre-curé de Notre-Dame de Fontenay, et par Claude Joseph Victor Giraudeau, prêtre à Fontenay. Voir aussi dans l’annuaire de la société d’émulation de la Vendée, 1892, p. 103 (vue 61) : Louis de la Boutetière, le Chevalier de Sapinaud et les chefs vendéens du Centre, Paris, 1869, et p. 60 dans la réédition chez Yves Salmon en 1982. Aussi Jean Artarit, La justice révolutionnaire à Fontenay-le-Comte, éditions du CVRH 2019, page 86.
(29) Archives de Vendée BIB A 632 : Abbé Charpentier, Saint-André Goule d’Oie, chez nous en 1793 (1906), page 104.
(30) F. Deniau, Histoire de la guerre de Vendée.
(31) Adolphe de Brem, Légendes de la Vendée Militaire, Éditions Yves Salmon (1990).
(32) accord du 12-3-1798 entre M. Anne Brisseau et ses frère et beau-frère après l’incendie de la Brossière, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 18/18.
(33) Idem (23).
(34) Convention du 12-9-1801 entre Mérand et Ripaud, pour reconstruire une maison incendiée, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/19.
(35) Archives de la Vendée, destructions immobilières pendant la guerre de Vendée : 1 M 392, commune de Saint-André-Goule-d'Oie.
(36) J. Artarit, Fontenay-le-Comte sous la Révolution, Éditions du CVRH, 2014, page 124.
(37) Note no 20 sur la Brossière et ses fiefs attenants à Saint-André-Goule-d'Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4.
(38) Ibidem, note no 17.
(39) Ibidem, note 22.

Emmanuel François, tous droits réservés
Août 2017, complété en janvier 2023

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samedi 1 juillet 2017

Les Fluzeau de la Brossière

Qui se souvient à Saint-André-Goule-d’Oie de la famille Fluzeau de la Brossière ? On remarque son nom écrit en bas d’un vitrail de l’église paroissiale, un don lors de la construction de l’église en 1875. Leur histoire est instructive.

Localisation des petits fiefs de la Brossière
Le premier document trouvé, où apparaît le nom de Fluzeau, est daté de 1611. Le 4 mai de cette année-là, Jean Gaucher rend un aveu pour le fief de Lautruère Loriau, situé près du village de la Brossière où il habite, qu’il tient à foi et hommage plain et à rachat de la seigneurie de Languiller (Chauché) à cause de sa seigneurie annexe du Coin Foucaud (1). Il rend son aveu comme chemier (représentant du fief), aussi pour Michel Fluzeau (écrit Filluzeau) son parageur (tenant sous le chemier) et part-prenant (copropriétaire). Ces deux personnes possèdent quelques champs dans ce tènement faisant alors 50 boisselées environ (6 hectares), et tous les deux, des roturiers, se partagent les redevances seigneuriales se montant à 2,5 setiers de céréales par an. Les mêmes rendent un autre aveu en 1615 et 1617 pour un autre fief voisin, le fief Toillet, où ils ne prélèvent qu’un setier de céréales (2). De même, pour un autre fief voisin, la Bequetière, ils font un autre aveu le 17 août 1615 (3). Michel Fluzeau est à chaque fois associé avec Jean Gaucher pour posséder les redevances seigneuriales dues par les tenanciers. Ce dernier devait avoir la part la plus importante, ce qui expliquerait sa qualité de chemier, notion de droit féodal désignant le responsable de l’aveu à l’égard du suzerain quand il y a plusieurs vassaux associés dans le même fief. Dans cette position, Michel Fluzeau apparaît comme un des propriétaires importants au village de la Brossière.

En dehors de ces aveux nous ne connaissons rien de lui, en particulier comment il a réussi à s’enrichir. Ainsi, nous ne pouvons pas établir le lien, probablement familial, existant entre lui et Perrine Fluzeau. En 1619, celle-ci, femme de Jacques Chedanneau, marie sa fille, Marie, à François Benoist, sieur de la Prise (4). Cela confirmerait la notabilité de la famille déjà à cette époque. On trouve aussi en 1619 Jean Fluzeau, propriétaire au tènement de la Mauvinière, proche de la Brossière (5). Et Marguerite Fluzeau, qui se marie avec Jacques Menanteau le 4 février 1671 à Saint-André (vue 21 sur le registre numérisé de la paroisse sur le site internet des Archives de la Vendée), un voisin. Dans le registre paroissial de Saint-André on voit la naissance de trois enfants d’Olivier Fluzeau et de Jeanne Baudouin en 1656, 1659 et 1663, mais là encore désignant des personnes non situées dans une lignée familiale.

Ière génération : François Fluzeau (1660-1744)


C’est avec François Fluzeau et Louise Crespeau, nés vers 1660, que nous pouvons suivre l’évolution d’une partie des Fluzeau de la Brossière, descendants ou parents très probables de ceux que nous venons de citer. Ils se sont mariés à Saint-André le 8 février 1689 (vue 100). François Fluzeau est décédé à la Brossière le 4 juin 1744 à l’âge de 84 ans (vue 25), peut-être d’une épidémie qui sévissait alors. Sur l’acte de décès, le curé écrit encore son nom : Felezeau, suivant un usage qui avait commencé à disparaître (aussi écrit ailleurs Filluzeau).

Les Gâts
Au hasard des documents conservés on note qu’il était propriétaire en 1703 au village voisin des Gâts d’un appentis avec un jardin de 56,25 gaulées (855 m2), et de terres et prés de plus de 2 hectares (6). En 1714 il était le deuxième plus gros contributeur des redevances dues sur le fief du Prieuré (touchant la Brossière), propriétaire dans le tènement d’environ 17 boisselées (7). C’est lui qui acheta le 30 avril 1718 une rente féodale de 40 boisseaux de seigle à Claude Prosper Moreau, du Coudray à Saint-André, seigneur du fief et tènement des Giroisières (touchant la Brossière), à prélever sur les propriétaires de ce dernier. Il a profité des difficultés financières du vendeur, payant un prix total de 700 livres, ce qui valorise le boisseau à un niveau très raisonnable pour l’époque de 17 sols et 6 deniers (8).

François Fluzeau possédait la rente noble de 24 boisseaux de seigle sur la métairie de la Traverserie appartenant aux Royrand à Saint-Fulgent. Il possédait aussi dans la même paroisse la rente de 12 boisseaux de seigle et 16 boisseaux d’avoine sur la métairie de la Petite Boucherie appartenant à la comtesse de la Galissonnière. Il les avait acquises du sieur Henri Favereau et les tenait en garantie de la seigneurie de Saint-Fulgent sous l’hommage du seigneur du Puy-Greffier (9). De même il avait acquis une rente de 24 boisseaux d’avoine sur le tènement de Fougerasse à Saint-Fulgent (près de la Tacrière), de Jean Baptiste Gouraud de la Gemaubretière (9). Il possédait aussi le droit de terrage sur une partie du village et tènement de la Tacrière à Saint-Fulgent (9). Il a acheté le 30 avril 1739 une rente annuelle de 46 boisseaux d’avoine due sur les fiefs des Landes Borgeres, Brossière et Guierche, moyennant 460 livres payées comptant à René Valentin Bruneau, demeurant à Beaulieu (Boulogne). La rente lui était échue par la succession de sa mère Marie Sapinaud, fille du seigneur de l’Herbergement-Ydreau (devenue l’Oie) (10). On arrêtera là l’énumération de ses acquisitions conservées dans les archives des notaires de Saint-Fulgent.

François Fluzeau était marchand. Le mot tout seul désignait généralement un marchand de bestiaux. Il se consacrait entièrement à son métier, alors que les marchands laboureurs, étaient en même temps agriculteurs et marchands de bestiaux. Il fréquentait les foires de l’Oie, des Essarts, de Saint-Fulgent et des Herbiers. À l’occasion il prêtait de l’argent ou louait du bétail à ses clients, car le crédit bancaire n’existait pas. C’était un bon moyen de s’enrichir. On découvre son activité dans « une sentence de la cour consulaire de Poitiers au profit de François Fluzeau sur Jean Suire et sa femme, condamnés à payer 40 livres 10 sols, restant à devoir de la somme de 42 livres 10 sols pour vente et livraison d’une vache, plus 7 livres 10 sols de dépens, non compris le coût et levée de ladite sentence ». Telles sont les notes de l’abbé Boisson, chercheur, pour résumer une liasse de papiers d’archives (11).

Ces quelques relevés donnent une idée de l’ampleur des biens possédés, et la suite confirme qu’on avait affaire à un amasseur de terres et de rentes.

François Fluzeau et Louise Crespeau eurent trois enfants :
  • Jean Fluzeau né vers 1690 (selon l’acte de décès)
  • François Fluzeau, né vers 1696 (selon l’acte de décès)
  • Anne, née en 1689 et morte âgée de 18 jours
Les deux frères, Jean et François Fluzeau, épousèrent le même jour à Saint-André-Goule-d’Oie, le 18 février 1729 (vue 102), deux sœurs Micheneau, filles de Jean Micheneau et de Perrine Reneleau. Jean Fluzeau a épousé Marie Micheneau, et François Fluzeau a épousé Jeanne Micheneau. Et les deux frères furent marchands comme leur père.

François Fluzeau a été syndic de Saint-André-Goule-d’Oie (12).

IIe génération : Jean Fluzeau (1690-vers1740)


Avec Marie Micheneau il eut au moins cinq enfants à Saint-André :
  • François, né en 1731 et mort le 28 janvier 1750 (vue 78).
  • Jean, né et baptisé le 8 octobre 1732 (vue 130).
  • Perrine, baptisée le 12 juillet 1735 (vue 160). Elle a fait son testament chez le notaire Thoumazeau le 4 novembre 1761 (13).
  • Jeanne, baptisée le 8 mars 1738 (13).
  • Jean Baptiste, baptisé le 4 décembre 1739 et décédé à la Brossière, âgé de 5 ans, inhumé le 20 juin 1744 (vue 26). Il a été enterré 16 jours après l’enterrement de son grand-père François Fluzeau, et 15 jours après celui de sa mère Marie Micheneau. Sur la page suivante du registre paroissial de Saint-André, on note l’enterrement, le 21 juin, de Marie Anne Fluzeau, sa cousine âgée de 15 mois et fille de François Fluzeau et Jeanne Micheneau. Une épidémie a tué beaucoup de monde cette année-là.
Jean Fluzeau est mort avant 1751. Son frère François fut le curateur de ses enfants, comme on le voit au jour de leur mariage.
  1. Perrine Fluzeau (1735-1762) épousa le 21 juillet 1751 à Saint-André-Goule-d’Oie (vues 91 et 92), Jean Brisseau l’aîné (1721-1786), fils de Jean Brisseau et de Marie Anne Robin, ces derniers bordiers habitants de la Brossière (13).
  2. Le même jour, son frère, Jean Fluzeau (1732-1802), épousa Jeanne Monique Brisseau (1726-1785), la sœur de Jean.
  3. Et pour faire bonne mesure on maria aussi le même jour Jeanne Fluzeau (1733-1804), fille de François et de Jeanne Micheneau, avec François Brisseau (1723-1762), fils de Mathurin et Mathurine Robin.
Bourg de Saint-André-Goule-d’Oie
L’évêque de Luçon accorda une dispense de troisième degré de consanguinité, mais sans que l’acte de mariage ne précise les couples concernés par cette dispense, ce qui veut dire qu’ils étaient probablement tous concernés. Dans le droit canon de l’Église, le 3e degré signifiait que chaque couple devait avoir un arrière-grand-parent commun. Chacun de ces mariages se fit avec un contrat en date du 30 juin 1751, rédigé par le notaire Thoumazeau de Saint-Fulgent, aussi avocat de la famille, et qui fut longtemps régisseur au château de la Rabatelière (11). Les mariages divisaient les patrimoines d’une famille, mais ils permettaient aussi de les reconstituer, surtout si on mariait des frères et sœurs de deux familles, habitude qui n’était pas rare. Et un village aussi peuplé que la Brossière devait en favoriser la pratique. L’oncle François Fluzeau a su y faire en ce domaine pour les affaires des enfants de son frère défunt. Et sur le registre paroissial on remarque à la fin de l’acte de mariage la signature d’un bourgeois des Essarts, Verdon, et celle de Charlotte de Puyrousset, du Coudray, signe de la place reconnue dans la société locale de la famille Fluzeau.


     4. Quant à la sœur de Perrine, Jeanne Fluzeau (1738-1764), elle épousa un frère de son mari, aussi appelé Jean Brisseau le jeune (1728-1804), le 25 février 1754 à Saint-André-Goule-d’Oie (vue 113). Les deux sœurs, Perrine et Jeanne, ont été mariées à l’âge de 16 ans, et elles avaient trois ans de différence d’âge. Ces mariages précoces des jeunes filles étaient fréquents à l’époque. 

IIe génération : François Fluzeau (1696-1756)


Il achète en 1732 une métairie à la Brossière à Louis Prosper Proust (1683-1745), important bourgeois de Saint-Fulgent. Pour cela il procède par échange en donnant à Proust quatre contrats de constitution de cheptel sur Henri Favereau et Marie Goupil de la Surelière sa mère. Leurs valeurs s’élevaient au total à 1 722 livres, auxquelles s’ajoutait un titre de reconnaissance de dette de 500 livres (14). C’est un échange fait en commun par François Fluzeau, avec son père et son frère Jean, ce qui laisse entendre qu’ils étaient en communauté au moins pour une partie de leurs biens. Ces contrats d’arrentement comportaient des arrérages se montant à 346 livres 8 sols. Il s’en est suivit une longue contestation entre le vendeur et les acheteurs, qui n’a pris fin, semble-t-il, que vers la fin de 1751.

François Fluzeau prit à bail en 1743 une borderie à la Ridolière, appartenant à Pierre Coutouly, un bourgeois de Luçon (15). Le bail était prévu pour 9 années, moyennant un loyer annuel de 50 livres. Il prenait la suite de François Cougnon et Jean Chacun. Cette activité de fermier apportait une garantie aux propriétaires sur le montant fixe du loyer perçu, éloignés de leurs métairies géographiquement ou professionnellement. Elle avait un caractère spéculatif, car le fermier faisait exploiter les terres, soit en sous-affermant, soit en embauchant des valets.

Vache de race parthenaise
François Fluzeau eut à poursuivre le procès engagé par son père contre Jean Suire (voir plus haut), au sujet du paiement d’une vache. L’affaire remontait à 1726, et son père avait obtenu une sentence en sa faveur, mais il fallait s’employer à la faire appliquer. Le 1e avril 1750, il fit rédiger une requête auprès du sénéchal des Essarts, pour obtenir l’exécution de la sentence avec les intérêts, soit globalement : 105 livres 11 sols 6 deniers, contre Pierre Suire (demeurant au Peux), fils et héritier des défunts Jean Suire et sa femme. Finalement, Pierre Suire préféra renoncer à la succession de son père pour éviter la poursuite (10). La ténacité et l’usage des tribunaux constituaient parfois des voies nécessaires à la réussite, comme on le voit.

Avec sa femme, Jeanne Micheneau, il eut au moins 8 enfants :
  • Jeanne, baptisée à Saint-Fulgent le 9 novembre 1733 (vue 83), et décédée en 1804. Elle épousa le 21 juillet 1751 à Saint-André (vue 91 et 92) François Brisseau, fils de Mathurin et de Mathurine Robin. Le mari fut nommé par la préfecture conseiller municipal de Saint-André-Goule-d’Oie en 1800.
  • Marie, née en 1736, et inhumée à Saint-André le 3 septembre 1739 âgée de 3 ans (vue 210).
  • Marie, baptisée à Saint-André le 17 février 1738 et inhumée le 17 mars suivant (13).
  • Marie Anne, baptisée à Saint-André le 22 mars 1743 (vue 5) et inhumée 21 juin 1744.
  • Marie Anne, baptisée le 24 janvier 1745 (vue 30), et décédée en 1768 (vue 258).
  •         Marie Anne, baptisée à Saint-Fulgent le 20 janvier 1748 (vue 58). Mariée le 23 mai 1769 (vue 271) avec Pierre Bordron, portant alors le prénom de Marie Madeleine. Ils habitèrent leur borderie de la Ridolière où son mari, frère du premier maire de la commune, a été tué par les républicains le 5 décembre 1795, âgé de 51 ans. Beau-frère des métayers de Linières (Herbreteau), les seigneurs des lieux ont signé au bas de l’acte de leur mariage. Elle est décédée le 6 brumaire an 12 (29-10-1803, vue 84).
  •       François, né et baptisé le 10 juillet 1750 (vue 81). Marié le 5 février 1782 à Beaurepaire avec Marie Anne Drapeau (vue 20).
  • Jeanne Françoise, baptisée le 13 avril 1753 (vue 105) et inhumée le 17 janvier 1754 (vue 110).
François Fluzeau est mort à l’âge de 60 ans, le 17 juillet 1756.

IIIe génération : Jean Fluzeau (1732-1802), syndic de la paroisse


Aux deux frères de la 2e génération connue des Fluzeau de la Brossière, Jean et François, succèdent leurs enfants à la 3e génération, prénommés comme eux. Nous commençons par présenter Jean Fluzeau, fils de Jean et de Marie Micheneau.

Il n’est pas facile d’évaluer sa fortune faute de documents en nombre suffisant, et il nous faut continuer à relever des informations éparses. Mais aussi, on avait l’habitude dans les familles de retarder le moment des partages d’héritages. On préférait garder les biens immeubles, au moins une partie d’entre eux, en indivision pour éviter de les démembrer. Il arrivait même qu’on se mettait en plus en communauté de biens meubles entre membres de la même famille. Ce ne fut pas le cas néanmoins des deux cousins, vivants séparément à la Brossière, étant eux-aussi marchands comme leurs pères et leur grand-père (16). C’est avec les Brisseau, ses beaux-frères, que Jean Fluzeau forma une communauté comme nous le verrons plus loin.

Ruines du château de Puy-Greffier avant 1970
Dans le village et tènement de la Brossière il possédait en 1786 1,8 hectares dispersés entre quelques parcelles de champs et des planches de jardin (17).

En 1774 Jean Fluzeau possédait les deux rentes nobles acquises par son grand-père sur les métairies de la Traverserie et de la Petite Boucherie. La rente sur la Petite-Boucherie était à la mesure comble du minage de Saint-Fulgent, et la métairie appartenait désormais à Charles Conrart de la Richerie (9).

En 1780 il reçoit, avec son cousin François Fluzeau, tant pour eux que pour leurs copartageants d’héritage, une reconnaissance d’une rente foncière de 3 boisseaux de seigle par le chapelain de Lerandière (18). La rente foncière, annuelle et perpétuelle de 3 boisseaux de seigle, mesure de Tiffauges, sur un domaine situé dans le tènement de Lerandière à Saint-Fulgent, avait été acquise par le père et l’aïeul des Fluzeau au sieur Gourraud de la Gimaubretière. Le chapelain de Lerandière (ou Tineière) était alors Philippe Nivet, curé de Virson (Charente-Maritime), représenté à l’acte par le notaire Thoumazeau. Il avait été présenté à la nomination de l’évêché par Paul Charles de Pont des Granges, seigneur de Virson, et mari de Marie Henriette Lucie Sonnet d’Auzon, héritière de la seigneurie de Puy-Greffier. Le chapelain devait desservir la chapelle Sainte-Catherine du Puy-Greffier. Au passage on notera le nombre des chapelles dédiées à Saint-Catherine dans la région : 4, dont l’Oiselière (Saint-Fulgent), des Thoumazeau (Chauché) et une autre à Mesnard.

Il ne faudrait pas penser que les arrangements de famille pour gérer les héritages, ne posaient pas de difficultés. Qui dit famille dit querelles parfois, et cette habitude n’a pas été épargnée aux Fluzeau, comme on le voit dans un exemple. Jean Brisseau, mari de Marie Anne Robin, qui avait marié son fils Jean à Jeanne Fluzeau, et sa fille Jeanne à Jean Fluzeau, les deux Fluzeau frères et sœurs, est mort à la fin de l’année 1780, après avoir fait son testament. Celui-ci accordait l’intégralité des biens (meubles et effets mobiliers morts et vifs, immeubles, acquêts et conquêts et tous droits de propriété à perpétuité) pour 2/3 aux enfants de Jean Fluzeau et Jeanne Brisseau, et pour 1/3 aux enfants de Jean Brisseau et feue Jeanne Fluzeau, sous réserves des obligations prévues : les biens propres étant partagés par parts égales entre tous les héritiers légaux. N’avaient droit qu’aux biens propres de la succession : Jean Brisseau, Marie Anne Brisseau, Marie Anne Metaireau veuve de Nicolas Guignard, Jean Robin et Perrine Metaireau sa femme, et François Pain et Louise Métaireau sa femme. Une partie des héritiers contesta le testament, et Jean Fluzeau engagea une procédure auprès du présidial de Poitiers aux fins d’entérinement. Finalement, un accord d’entérinement du testament en date du 25 novembre 1786 mit fin à la procédure judiciaire engagée (19).


Saint-Fulgent (1900), entrée par la route de l’Oie 
Avec son cousin François Fluzeau, Jean Fluzeau refusa le paiement d’un droit de franc-fief que leur réclamait le receveur du bureau de Saint-Fulgent à cause de la rente de 40 boisseaux de seigle qu’ils prélevaient sur les teneurs des Giroisières (8). C’était une taxe imposée sur les biens nobles possédés par des personnes non nobles. Le percepteur de Saint-Fulgent, sans doute bien renseigné sur la nature noble de la rente autrefois, réclamait la preuve aux Fluzeau qu’elle ne l’était plus pour s’exonérer du paiement du droit. Or les seigneurs en titre des Giroisières, Prosper Moreau, puis de Vaugiraud, avaient négligé l’établissement de titres de reconnaissance.

Pour résoudre son problème, François Fluzeau fils (1696-1756), avait demandé aux propriétaires du fief des Giroisières en 1753, le paiement des arrérages de la même rente et un titre nouveau de reconnaissance, ce qu'ils refusèrent. Mais il obtint néanmoins une sentence du sénéchal des Essarts en sa faveur, qui fut donnée au fermier du droit de franc-fief à Saint-Fulgent. Mais celui-ci n’en tint pas compte et réclama le paiement du droit de franc-fief. D’autant que François Fluzeau fils avait payé en 1752 une somme de 80 livres à ce titre, précédent fâcheux pour les Fluzeau. La génération suivante des cousins prétendit que c’était un paiement par erreur, et forma en 1785 un recours auprès de l’intendant du Poitou. Jean Fluzeau fit valoir comme argument d’autorité qu’il était syndic de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie. Rien n’y fit, et l’intendant rejeta le recours qu’il avait formé avec son cousin, le 15 novembre 1785. 

Et pourtant, la rente de 40 boisseaux de seigle fut considérée comme roturière après la Révolution, puisqu’elle fut amortie par acte notarié le 6 décembre 1808, évaluée alors à 930 F de capital et remboursée aux héritiers Fluzeau et Brisseau (24). Les 40 boisseaux étaient devenus 106 décalitres et 40 centilitres. 90 ans après son achat par François Fluzeau, le prix de la rente était passé de 700 livres à 930 francs, et les teneurs étaient devenus des propriétaires sous la plume du notaire.


Le syndic était l’ancêtre du maire. Jean Fluzeau a été élu à cette fonction pour la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie. Il est noté par l’abbé Boisson pour l’année 1783 (25) et l’année d’après il est présent à ce titre dans une assemblée paroissiale. Signe de notabilité évidemment, cela veut aussi dire que son entregent de marchand l’a fait connaître et apprécié des chefs de famille de la paroisse. Il savait écrire à voir sa signature, certainement lire et compter aussi. Jean Fluzeau a fait aussi partie en 1790 de la première municipalité de Saint-André-Goule-d’Oie (26).

Le droit féodal de la propriété avait des inconvénients pour les propriétaires roturiers, comme celui du droit de franc-fief. Mais il avait aussi des avantages, comme celui du droit de retrait. Jean Fluzeau l’a exercé en 1778 à l’égard de Jean Robin, marchand tanneur demeurant à la Guierche (Vendrennes), après que ce dernier ait acheté une petite borderie à la Brossière pour un montant de 716 livres. Certaines des terres de la borderie se trouvaient dans les tènements des Septrées et Landes Borgères à Vendrennes, dont Jean Fluzeau était propriétaire du droit de fief et des redevances de cens. Il en était donc le seigneur, ce qui lui donnait le droit, à la suite de l'achat en question, de se faire rétrocéder les terres de cette borderie situées sur ses tènements, à titre de retrait féodal. Il remboursa en conséquence l’acquéreur Jean Robin de leur valeur estimée à 385 livres, plus 15 livres pour la moitié des coûts d’acquisition, et 6 £ pour la participation aux coûts d’un procès en cours entre les teneurs et le créancier d’une rente. De ce fait la borderie se trouvait démembrée, ce qui nous situe très loin des SAFER contemporaines ! (27).

L’ascension sociale exigeait aussi de l’instruction. Un Fluzeau de la Brossière a envoyé son fils en mars 1762 dans une école des Herbiers. Pour 2 mois de scolarité il a payé 8 livres, plus 2 boisseaux froment et 6 boisseaux seigle. À la même date sa fille fréquentait aussi une école aux Herbiers, dont la pension lui coutait 11 boisseaux de froment (28). Cette information ne permet pas de cerner avec certitude lequel des Fluzeau elle concerne, mais elle dit bien l’effort de la famille pour l’instruction de ses enfants.

La Brossière
À une date que nous ne connaissons pas, Jean Fluzeau se constitua en communauté avec ses deux beaux-frères, maris de ses sœurs, Jean Brisseau l’aîné (marié à Perrine Fluzeau), et Jean Brisseau le jeune (marié à Jeanne Fluzeau). À cet effet ils firent construire une maison en commun en 1765 à la Brossière, dans la cour du village, à main gauche en allant de Saint-Fulgent à la Brossière. Dans un acte notarié du 19 mars 1768, il est indiqué que les trois membres de la communauté ci-dessus cités ont payé la construction de leurs propres deniers. Mais ils formaient auparavant une communauté élargie à Marianne Robin, veuve Brisseau et Marianne Brisseau fille majeure, et ces dernières ont reconnu que leur communauté élargie n’a pas participé au financement de la construction (29). 

Après l’incendie de la Brossière par les républicains pendant la guerre de Vendée, Marianne Brisseau perdit sa maison et ses meubles. Il ne lui restait plus que ses habits et ses biens immeubles. Elle fut recueillie par Jean Brisseau et François Fluzeau, ses frère et beau-frère. En guise de pension elle apporta à la communauté de ces derniers les revenus de ses immeubles, qui se montaient chaque année à 36 francs. Moyennant quoi elle fut nourrie, soignée et entretenue, dit un texte d’accord entre eux devant notaire en 1798 (30).

M Gaborit : Sans titre
Cette constitution de communauté entre marchands pose question. C’était une habitude fréquente chez les bordiers, métayers et autres travailleurs de la terre de se mettre en communauté entre membres d’une même famille : parents et enfants ou frères et sœurs le plus souvent. Il s’agissait de mettre une main-d’œuvre nombreuse et gratuite au service d’une exploitation agricole. La communauté, sans statut juridique compliqué et sous la conduite d’un aîné, payait les dépenses très frugales de ses membres et prenait toutes les rentrées d’argent. Suivant la formule des notaires, ses membres « vivaient au même pain et pot et faisaient bourse commune entre eux ». C’est en communauté qu’on signait un bail par exemple. Nous avons exposé le phénomène dans un article publié sur ce site en septembre 2012 : Les communautés familiales d’autrefois dans le canton de Saint-Fulgent. Mais quel intérêt avaient des marchands de bestiaux à se mettre eux aussi en communauté ? Notre hypothèse d’explication tient à la nécessité de disposer de capitaux importants dans l’exercice de leur activité, à cause d’un chiffre d’affaires élevé et des délais de paiement. Leurs fournisseurs et leurs clients étaient en grande partie des laboureurs, manquant d’argent ou n’en disposant pas de beaucoup. Quand un marchand leur achetait du bétail, il devait payer dans un délai court, sinon comptant. À l’inverse quand il leur vendait des bêtes, il devait parfois leur faire crédit sous la forme d’arrentement, si souvent pratiqué à l’époque. Ce fonds de roulement des délais de paiement mobilisait de la trésorerie et avait besoin de capital. Et ceci exclusivement, faute d’offre bancaire. Hantise des gestionnaires en difficulté ou en forte expansion, cette capacité financière pouvait devenir dans certaines situations bien gérées un atout pour augmenter les volumes de vente, ou leurs marges, ou les deux à la fois. Dans la communauté de ces marchands de bestiaux, ce n’est donc pas pour la main d’œuvre qu’on se mettait « au même pain et pot », mais plus vraisemblablement pour le capital financier. Et il faut aussi tenir compte des fortes variations des prix du bétail sur période courte déjà à cette époque. En cas de chute des prix, seules les réserves capitalistiques pouvaient empêcher la faillite. D’autant que les marchands étaient nombreux, soit de vieille souche comme les Fluzeau, soit nouveaux venus. Leur nombre favorisait la concurrence entre eux, au détriment des plus fragiles évidemment.

Avec son épouse Jeanne Monique Brisseau (1726-1785), Jean Fluzeau eut au moins 6 enfants :
  • Marie Madeleine, baptisée le 13 avril 1752 (vue 98) et décédée en 1804 (vue 136)
  • Jean Baptiste, baptisé le 15 avril 1755 (vue 125) et décédé 3 semaines après (vue 136)
  • Jean Baptiste, baptisé le 24 avril 1756 (vue 140) et décédé le 20 février 1760 (vue 179).
  •          Jeanne, baptisée le 14 décembre 1758 (vue 167) et décédée le 21 mai 1817 (vue 19), célibataire.
  •        Jean François, né le 27 janvier 1763 (vue 208). Il s’est marié deux fois, d’abord en 1806 avec Jeanne Monique Brisseau, puis en 1821 avec Jeanne Françoise Fluzeau.
  •      Anne Augustine Françoise, née le 19 octobre 1765 (vue 236) et décédée en 1850. Mariée le 3 juin 1806 à Saint-André (vue 218) avec Charles Buet, né à Saint-Denis-la-Chevasse le 27 avril 1782, tanneur à la Guierche de Vendrennes, fils de Jacques et de Jeanne Robin.

IIIe génération : François Fluzeau (1750-1820)


On rencontre François Fluzeau, fils de François et de Jeanne Micheneau, et marié avec Marie Anne Drapeau, dans quelques documents notariés. Ainsi en 1761 il possède dans le fief du Prieuré (proche de la Brossière) avec sa mère et ses frères et sœurs, 56 boisselées et 67 gaulées (8,2 ha), exploitées par 6 fermiers différents. Et le même possède en communauté avec son cousin Jean Fluzeau (1732-1802), 6 boisselées et 6 gaulées (7 394 m2). Au total les Fluzeau possèdent alors près de 34 % du fief (31).

En 1774 François Fluzeau, pour lui et ses copartageants non cités, tenait noblement à foi et hommage plain du seigneur de Saint-Fulgent à cause du fief Rollin, le droit de fief sur les deux tiers du tènement de Fougerasse à Saint-Fulgent, l’autre tiers étant incorporé dans cette dernière seigneurie (32). Voilà donc un marchand de bestiaux seigneur de Fougerasse, comme l’aurait été un noble. À cette époque cela n’était le signe que de la capacité financière de son possesseur, et ne portait pas à conséquence sociale pour un si petit fief de terres agricoles. C’est dire en même temps le degré de dévalorisation dans ces fiefs à la veille de la Révolution, de la notion de seigneurie léguée par le Moyen-Âge.

Château de Saint-Fulgent
La même année, François Fluzeau et ses copartageants déclaraient tenir dans le tènement de la Tacrière à Saint-Fulgent, du seigneur de Saint-Fulgent, 3 boisselées en 30 seillons dans le Grand Champ, terrageables au 1/6e des récoltes, comme dans le champ voisin des Talles où ils avaient 2 parcelles totalisant 8 boisselées. Dans le même champ ils possédaient en plus 5 parcelles totalisant 9 boisselées, terrageables au 1/30e des récoltes. Ils les tenaient roturièrement du seigneur de Saint-Fulgent avec d’autres teneurs, à la charge de lui payer solidairement une rente annuelle de 20 boisseaux de seigle (32).

François Fluzeau déclare aussi tenir roturièrement du seigneur de Saint-Fulgent, une partie du tènement des Sept Septiers contenant 112 boisselées, et situé près de la Gallotière. Il tient aussi roturièrement du même seigneur, une partie du tènement des Pierres Bizes contenant 40 boisselées et situé près de la Veralie (32), le tout à Saint-Fulgent.

Il reçoit en 1777 une somme de 120 livres à titre d’amortissement (rachat) d’une rente de 6 livres sur un cheptel de bestiaux due par Jean Herbreteau, métayer de Linières. C’est son père, François Fluzeau, qui avait accordé cette rente, et elle avait échu dans l’héritage de son fils et de sa fille Marie Madeleine Fluzeau. Pierre Bordron, mari de cette dernière, partagea la somme reçue avec François Fluzeau (33). Il était  par ailleurs le beau-frère de Jean Herbreteau.

On rencontre d’autres actes notariés où l’unité des biens de la famille a été préservée au moment des héritages, quitte à choisir des indivisions à géométrie variable pour chacun des domaines. Ainsi en est-il de la métairie à la Brossière, affermée en 1781 à René Poupin pour 5 années, à prix d’argent de 220 livres par an (correspondant à une surface alors d’une quinzaine d’hectares environ). Les bailleurs sont Jean Fluzeau marchand et Jeanne Fluzeau sa sœur, avec son cousin François Fluzeau, demeurant séparément à la Brossière. S’y ajoute Pierre Bordron, marchand, pour sa femme Marie Madeleine Fluzeau (sœur du cousin François Fluzeau), demeurant à la Ridolière (34). Au moment de l’entrée du fermier dans les lieux, à la Saint-Georges 1782, on fit une visite de la métairie comme c’était d’usage. C’est François Brisseau, son mari, qui représentait Jeanne Fluzeau pour l’état des lieux fait à l’amiable pour éviter des frais, et par des propriétaires sachant lire et écrire, mais à l’orthographe imaginatif.

Autre exemple d’un héritage partagé en partie seulement : une rente annuelle de 20 livres due sur une borderie à la Bordinière (Rabatelière). Elle avait été consentie jadis par François Fluzeau (1696-1756) aux acheteurs de la borderie, François Rauturier et André Guesdon, faisant là un acte de crédit à la place d’une banque. La rente était échue dans la part d’héritage de ses deux filles survivantes, Jeanne et Marie Madeleine Fluzeau. La fille de François Rauturier, Marie, fit une reconnaissance de cette rente en 1790 à leur profit (35).

François Fluzeau et Marie Anne Drapeau (1763-1803) eurent au moins 8 enfants :
  • François, baptisé le 9 novembre 1783 à Beaurepaire (vue 41), où s’étaient mariés ses parents et où il est né au village de la Fraperie. Il est mort célibataire le 3 janvier 1854 à Saint-André (vue 278).
  • Jean Baptiste, né à la Brossière et baptisé le 10 novembre 1784 (vue 160), inhumé le 12 septembre 1785 (vue 176).
  • Marie Françoise, baptisée le 20 novembre 1786 (vue 193).
  • Victoire, baptisée le 8 février 1790 (vue 238). Décédée en 1853
  • Jeanne Françoise, baptisée le 24 novembre 1792 (vue 26). Elle se mariera en 1821 avec son cousin au 5e degré (leur aïeul commun était leur arrière-grand-père), Jean François Fluzeau, dit François Fluzeau.  Elle décéda en 1855.
  • Jean, né le 2 octobre 1794 au village des Gâts et baptisé à la Joussière (Saint-Fulgent) par le vicaire de Saint-Fulgent, Billaud (vue 37). Avec les mêmes parrain et marraine, le prieur de Saint-André note le baptême sur son registre clandestin, en retenant par erreur la date de la naissance à la Brossière le 8 octobre 1793, et le baptême le lendemain à la Joussière (vue 17). Selon les recherches de l’abbé Boisson, les deux dates de naissance correspondent à une naissance unique, enregistrée quelques années plus tard par le prieur de Saint-André, ce qui expliquerait l’erreur. Il précise que la naissance à la Brossière se situe au domicile des parents. Celle aux Gâts correspond mieux au besoin de s’isoler, la Brossière étant très exposée au bord du grand chemin pendant la guerre de Vendée (36). Il est décédé en 1853 à la Brossière (vue 263), ayant épousé Jeanne Monique Buet.
  • Pierre Augustin, né le 18 prairial an 5 (6 juin 1797) (vue 4). Il est décédé l’année d’après.
  • Pierre Augustin, né le 20 vendémiaire an 8 (12 octobre 1799) (vue 26 du registre clandestin et vue 25 de l’état-civil en l’an 8). Décédé à l’âge de 16 mois en l’an 9 (vue 2).
François Fluzeau, est décédé le 26 février 1820 à la Brossière, âgé de 72 ans. Marie Anne Drapeau, fille de Louis et de Marie Anne Boudaud, est décédée le 27 ventôse an 11 (18-3-1803) à Saint-André.

IVe génération : François (ou Jean François) Fluzeau (1763-1824)


Fils de Jean Fluzeau et de Jeanne Brisseau, Jean François Fluzeau, prénommé comme tel dans ses actes d’état-civil, s’est fait appeler François ensuite toute sa vie. C’était rare, mais on pouvait rencontrer à l’époque des personnes qui portaient un prénom différent de celui donné à la naissance. Chez les Fluzeau de la Brossière, où les prénoms de Jean et de François se répétaient de génération en génération, cette pratique constitue un obstacle difficile pour le chercheur. D’autant plus dommageable que nous avons affaire à un personnage intéressant par ses responsabilités de maire et de capitaine dans l’armée vendéenne. L’abondance des actes notariés ou d’état-civil concernant la famille, la présence de leurs signatures, et l’aide d’un logiciel de traitement de photos des signatures, nous a permis une comparaison utile de ces signatures, et de découvrir dans la plupart des documents la bonne personne concernée.













François Fluzeau le jeune (1763-1824)
Jean François Fluzeau à l'état-civil




Dans leur entourage on évitait la confusion entre le cousin de la 3e génération et le cousin de la 4e génération en désignant le premier de François Fluzeau l’aîné, et le second de François Fluzeau le jeune. C’est le constat fait dans un gaulaiement des Landes du Pin en 1808, où l’aîné y possède 31 boisselées et le jeune 46 boisselées (37). Dans deux passages du texte, ce dernier est désigné une fois comme Jean François Fluzeau, et une autre fois comme François Fluzeau le jeune, ce qui corrobore nos observations sur les signatures. Et alors même que François Fluzeau aîné avait prénommé le premier de ses fils François, alors âgé de 25 ans.  

François Fluzeau, car tel il était désigné dans la plupart des documents, aurait été élu comme électeur du canton de Saint-Fulgent et capitaine dans la garde nationale de la commune de Saint-André. Son commandant était Jean Aimé de Vaugiraud, l’ancien officier de marine venu habiter le bourg de Saint-André. Un nommé Bordron était major et François Fluzeau, âgé de 27 ans, aurait eu le grade de capitaine (38). Nous nous sommes exprimés au conditionnel car ces deux rôles ont pu tout aussi bien être tenus par son cousin François Fluzeau, alors âgé de 40 ans. On hésite sur ce point faute de signatures dans ces emplois.  En 1792, il n’y a plus de Fluzeau parmi les 9 électeurs du canton, eux-mêmes élus dans les assemblées primaires d’électeurs au suffrage universel. Leur rôle était d’élire les députés et certains fonctionnaires.

Pour son engagement dans les combats de la guerre de Vendée, dans l’armée du Centre, le doute n’est plus permis. Distingué rapidement, François Fluzeau (le jeune) fut nommé capitaine, au même grade que François Cougnon, le capitaine de la paroisse de Saint-André. Dès 1793 il est noté par les autorités révolutionnaires du district de Montaigu comme commandant (sic) et brigand (nom donné aux révoltés). En 1796, probablement lui plutôt que son cousin, il a été élu pour un an assesseur auprès du juge de paix du canton de Saint-Fulgent. À l’été de 1796, c’est lui qui a été élu agent (maire) de la commune de Saint-André. En 1800, le préfet le désignera comme adjoint au maire. Et dans ces rôles nous n’avons pas de doute sur la bonne identité à cause de sa signature.

Nous avons fait le récit de ses engagements dans deux articles publiés sur ce site. Le premier en juillet 2010 : Les agents communaux Fluzeau (1796-1797) et Bordron (1797-1799). Le deuxième en mars 2017 : La vente des biens du clergé à Saint-André-Goule-d’Oie; Il a en effet acheté l’église et le presbytère de Saint-André en 1796, et en a cessé le paiement l’année d’après. Il a alors refusé de prêter le serment « de haine à la royauté » de septembre 1797, préférant démissionner de son poste d’agent municipal. Le mois suivant il a accueilli le curé de la paroisse dans sa grange de la Brossière pour y dire des messes clandestines.

Parmi les maisons incendiées à la Brossière en 1794 par les républicains, Jean François Fluzeau en eut deux d’une valeur de 5000 F avant l’incendie, et sommairement retapées en 1799. Son cousin, François Fluzeau, en eut une d’incendiée, retapée en 1797, mais ayant perdu la moitié de sa valeur d’avant l’incendie. Les héritiers Brisseau en avait une aussi, valant 4000 F avant l’incendie, retapée en 1798, et estimée d’une valeur de 43 F en 1810 (39).

François Fluzeau a été décoré du Lys le 1e janvier 1815 par le général de Suzannet, signant le titre à la Chardière de Chavagnes-en-Paillers. Il y est qualifié d’ancien capitaine d’infanterie dans les armées royales. Son parcours de combattant est ignoré par les livres d’Histoire de la guerre de Vendée, ce qui est bien dommage. Il aurait fallu recueillir des témoignages sur son engament auprès des témoins survivants.

François Fluzeau s’est marié une première fois à Saint-André le 3 juin 1806 (vue 217), âgé de 43 ans. Il a épousé sa cousine germaine, Jeanne Monique Brisseau, âgée de 41 ans. Leur grand-père commun était Jean Fluzeau (1690-1740). Elle est morte sans enfant en 1813 à la Brossière. Il s’est remarié le 24 février 1821 avec Jeanne Françoise Fluzeau, fille de François et de Marie Anne Drapeau. Leur arrière-grand-père commun était François Fluzeau (1660-1744). Ils ont eu deux filles :
  • Augustine Françoise Euphrosyne, née le 3 juin 1822 (vue 265). Elle épousa à Saint-André en 1847 (vue 299) Charles Augustin Rochereau (1812-1860), fils du maire de la commune de 1835 à 1848. Elle mourut en 1898.
  • Zélie Céleste Anastasie, née le 30 août 1824 (vue 383), 8 jours avant la mort de son père. Elle s’est mariée avec Célestin Batiot à Saint-André le 22 juin 1852 (40).
Célestin Léon Batiot (1822-1895), était né à Boulogne où il fut clerc de notaire. Avocat ensuite, il fut aussi maire de Saint-Fulgent, nommé par le préfet ou le chef de l’État ou élu, de 1865 à 1875, sauf une brève interruption de quelques mois pour laisser la place à Léon Chauvin du 29 novembre 1870 au 7 mai 1871 en tant que maire provisoire. Alexis des Nouhes lui succéda en 1875 comme maire, sauf une brève interruption du 23-11-1879 au 20-2-1881, remplacé par Batiot car il avait été révoqué par le préfet « pour cause politique ». Puis Alexis des Nouhes fut réintégré dans sa fonction de maire, et enfin fut élu maire en 1882 librement par le conseil municipal avec 11 voix, contre Batiot qui n’avait obtenu que 5 voix. Les délibérations du conseil municipal de Saint-Fulgent, où nous avons puisé ces informations accessibles sur le site internet des Archives de la Vendée, montrent des relations courtoises entre les deux hommes. Si leurs opinions politiques les séparaient, les comptes rendus des délibérations n’en laissent rien voir.

Or la question de leur relation mérite d’être examinée, car Alexis des Nouhes est connu pour son militantisme monarchique en faveur de la branche légitimiste. Si on ne connaît pas l’éventuel engagement politique de Clément Batiot, on note que Napoléon III l’a nommé maire, puis les autorités préfectorales et gouvernementales à partir de 1871. Surtout Alexis des Nouhes s’est intéressé très tôt à recueillir des témoignages sur les évènements de la guerre de Vendée à Saint-Fulgent et dans les communes environnantes (voir le dictionnaire des Vendéens). Il n’a rien publié, mais ses notes ont été utilisées par des historiens ensuite. C’est grâce à lui que nous connaissons ce qu’ont fait François Cougnon à Saint-André ou Pierre Maindron à Chauché, par exemple. Alors pourquoi François Fluzeau est ignoré par les livres d’histoire ? Certes, les notes d’Alexis des Nouhes ont disparu et on ne peut pas en juger avec certitude. Si elles contiennent des témoignages sur François Fluzeau, ceux-ci ne furent pas repris par les historiens, ce qui parait étonnant, surtout de la part de l’abbé Charpentier ou de René Valette. On a du mal à croire qu’Alexis des Nouhes ait ignoré dans ses recherches le beau-père de Clément Batiot. Mais plus sûrement, il a dû lui aussi buter sur la difficulté de repérer la personne de François Fluzeau à l’état-civil. C’est l’explication la plus généreuse qu’on ait trouvée pour expliquer le silence des écrits qui a entouré jusqu’ici l’histoire personnelle de François Fluzeau.  

Clément Batiot et Zélie Fluzeau eurent quatre filles, nées à la Brossière ou à Saint-Fulgent. La dernière, Marie Armance Batiot, née à Saint-André le 1e mars 1859, épousa en 1882 Paul Auguste Jacques Chauvreau.

François Fluzeau était décédé à la Brossière, âgé de 62 ans, le 7 septembre 1824 (vue 384). Au-delà de son destin singulier, on voit comment les membres de sa famille ont su amasser des biens et s’élever dans la société aux 17e et 18e siècles. Outre des qualités personnelles, leur métier de marchands de bestiaux, la ténacité dans les affaires judiciaires, l’instruction donnée aux enfants, leur gestion des mariages, celle des héritages en gardant des domaines entiers dans des indivisions à géométrie variable, les communauté des biens entre parents, un esprit de famille entretenu, tous ces moyens jalonnent l’histoire de l’ascension de la famille Fluzeau de la Brossière vers la notabilité. 




(1) Aveu du 4-5-1611 de Jean Gaucher à Languiller pour le fief de Lautruère Loriau, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 42.
(2) 150 J/G 42, aveu du 9-11-1617 de Jean Gaucher à Languiller pour le fief Toillet.
(3) 150 J/G 8, aveu du 17-8-1615 de Jean Gaucher à Languiller pour la Bequetière.
(4) http://famillesdevendee.fr/benoist.html)
(5) 150 J/A 12-2, aveu du 12-5-1619 de Jean Mandin pour la Mauvinière à Languiller à cause du Coin Foucaud.
(6) 84 J 5, nouveau calcul fait le 3-11-1703, de la répartition des devoirs dus par les teneurs des Gâts, Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson.
(7) 84 J 6, gaulaiement du 8-8-1714 du fief du prieuré à St André Goule d’Oie.
(8) 84 J 21, recours en 1785 contre le paiement d’un droit de franc-fief par les héritiers Fluzeau.
(9) Aveu du 23-6-1774 de la seigneurie de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, page 23, 28, 84, 94, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13.
(10) Vente du 30-4-1739 d’une rente sur les Landes Borgères, Brossière et Guierche à F. Fluzeau, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 63, les Bruneau, page 27 et s.
(11) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 76-1, Saint-André-Goule-d’Oie, lieux-dits et autres.
(12) Notes sur les Giroisières à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(13) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 75, Saint-André-Goule-d’Oie, famille Fluzeau
(14) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 21, famille Proust.
(15) 84 J 30, bail du 4-12-1743 de la borderie de la Ridolière.
(16) Idem (12).
(17) Idem (13).
(18) Minutes Thoumazeau du 20-1-1754 et 19-11-1766, citées par l’abbé Boisson dans Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 75, Saint-André-Goule-d’Oie, famille Fluzeau.
(19) 84 J 8, gaulaiement du 2-1-1786 du tènement de la Brossière.
(20) Idem (9).
(21) Reconnaissance du 8-8-1780 d’une rente foncière de 3 boisseaux de seigle aux Fluzeau par le chapelain de Lerandière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/127.
(22) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/11, entérinement du 25-11-1786 du testament de Jean Brisseau entre les Métaireau, Fluzeau et Brisseau.
(23) Idem (8).
(24) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Charrier : 3 E 28, amortissement du 6-12-1808 d’une rente de 40 boisseaux à Fluzeau et Brisseau par les propriétaires des Giroisières.
(25) Idem (13).
(26) P. Molé, François Cougnon un capitaine de paroisse dans la guerre de Vendée (mémoire de maîtrise, Paris IV Sorbonne), 1990, page 66 et s. dans Archives du diocèse de Luçon, bibliothèque.
(27) Retrait féodal du 13-1-1778, de terres à Vendrennes par Fluzeau, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/123.
(28) A. de Guerry, Chavagnes, communauté Vendéenne, Privat, 1988, page 134.
(29) Idem (13).
(30) Accord du 12-3-1798 entre M. Anne Brisseau et ses frère et beau-frère après l’incendie de la Brossière, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes en Paillers, Bouron : 3 E 18/18.
(31) 84 J 10, gaulaiement du 5-9-1761 du fief du prieuré de Saint- André.
(32) Idem (9).
(33) Notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/126, amortissement de rente du 1-6-1777 pour François Fluzeau et Pierre Bordron.
(34) Notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/127, ferme du 16-11-1781 d’une métairie à la Brossière de Jean Fluzeau et consorts à René Poupin.
(35) Notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13, reconnaissance du 31-10-1790 d’une rente par Marie Rauturier à Fluzeau sur une borderie à la Bordinière.
(36) Idem (13).
(37) 84 J 14, gaulaiement du 3-2-1808 du tènement des Landes du Pin.
(38) Idem (22).
(39) Archives de la Vendée, destructions immobilières pendant la guerre de Vendée : 1 M 392, commune de Saint-André-Goule-d'Oie.
(40) http://famillesdevendee.fr, famille Batiot, branche de la Grève.Emmanuel François, tous droits réservés
Juillet 2017, complété en octobre 2023

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