mercredi 1 juillet 2020

La vie au château de la Rabatelière en 1760


Chartrier de la Rabatelière (Archives de Vendée)
Le chartrier de la Rabatelière, conservé aux archives de la Vendée, comprend des livres de comptes couvrant la période de 1730 à 1768 et 1785 à 1789. Les dépenses et les recettes y sont plus ou moins détaillées suivant les personnes qui tiennent les comptes, et donc suivant les périodes correspondantes, la plus riche d’informations étant celle qui va de 1755 à 1768. René III Montaudouin (1708-1755), venait de mourir en mai 1755, veuf depuis 1737 avec deux enfants morts eux-mêmes en bas-âge. Il vécut à la Rabatelière dans les dernières années de sa vie, tenant lui-même les comptes du château depuis mai 1740. Après lui ce sont les régisseurs qui continuèrent la tenue des livres de comptes, avec plus de détails, visiblement pour rendre compte de leurs gestions aux nouveaux propriétaires. D’abord ce fut Edme Courtaud jusqu’en 1760, surnommé Joigny, qu’on voit dès 1730 seconder René III Montaudouin à la Rabatelière. Puis ce fut à partir de 1761 le procureur fiscal de la seigneurie qui prit la charge de régisseur, Mathurin Thoumazeau, sieur de la Babinière (Saint-Georges-de-Montaigu). Il tint les comptes jusqu’à sa mort en 1785, mais ceux auxquels on peut accéder s’arrêtent en 1768. Après cette date on trouve 3 petits cahiers de compte pour les années 1786 à 1789, tenus par le propriétaire, Thomas René Montaudoin. Il manque donc des registres dans le chartrier, mais l’abbé Boisson a pu les consulter au château de la Rabatelière dans les années 1970, et on trouve dans ses notes des relevés de gages des domestiques après 1768 (1).

La succession de Renée III Montaudouin concernant la Rabatelière et les seigneuries associées en Bas-Poitou resta jusqu’en 1779 en indivision entre ses héritiers (2). Ils étaient 6, ses 2 frères et ses 4 sœurs. Dans les actes notariés de cette période en indivision, celle-ci fut représentée d’abord par son frère Nicolas (décédé en 1762), puis son autre frère Thomas (décédé en 1768), ensuite Mathurin Thoumazeau (procureur fiscal de la Rabatelière et régisseur au château), et enfin par Anne Montaudouin, veuve de Nicolas. Aucun des héritiers ne vécut au château de la Rabatelière, n’y faisant que de brefs séjours. Ils avaient un homme d’affaires à Nantes, P. Bouin de Beaupré, qui servait parfois d’intermédiaire avec le régisseur sur place.

Les écritures comptables que nous avons choisies rendent compte de la gestion des deux régisseurs avec beaucoup de prix et de valeurs, et des détails intéressants nous permettant d’entrevoir comment on vivait au château de la Rabatelière dans les années un peu avant et un peu après l’année 1760. Ces informations détaillées ne concernaient que la seigneurie de la Rabatelière avec ses 18 métairies rattachées, situées à Chauché, la Rabatelière, Saint-André-Goule-d’Oie et Chavagnes-en-Paillers. Les autres seigneuries étaient affermées (Jarrie, Merlatière, Languiller, Jaunière, Chaigneau, Montorgueil, etc.), et on n’enregistrait le plus souvent que le produit de leurs fermes, lesquelles supportaient les charges ordinaires dans leurs propres comptes. On ne connaît pas leurs gestions en conséquence, sauf des dépenses exceptionnelles comme le droit de rachat ou les impôts exceptionnels (10e et 20e) et les frais de gros entretien.

     

Ces écritures comptables nous ouvrent une porte sur la vie au château, représentative de son époque dans la contrée. Nous n’avons pas essayé de transposer en monnaie d’aujourd’hui les valeurs exprimées dans l’unité de compte monétaire de l’époque, la livre. Des historiens s’y sont essayé, mais la traduction d’une livre de l’époque en un euro d’aujourd’hui ne donne pas une idée juste du pouvoir d’achat de la livre. Les monnaies elles-mêmes sont des marchandises dont le prix peut varier. Et il faut tenir compte de ce que les économistes appellent la structure de la consommation, avec son « panier de la ménagère », pour apprécier le prix des marchandises. Et celles-ci ont des coûts de fabrication peu en rapport d’une époque éloignée à l’autre, en raison du progrès technique et des modes de production. Au point que cette transposition de l’ancienne monnaie en celle d’aujourd’hui risquerait l’anachronisme. Si on peut par exemple grossièrement considérer qu’une livre de 1760 équivaudrait théoriquement à 13 euros de 2020, cela ne nous permet pas de dire que, si une livre de 1760 permettait d’acheter 2,5 kgs de viande cette année-là, ceux-ci vaudraient 13 euros en 2020. Et il ne faudrait surtout pas en déduire que la viande ne coûtait pas cher en 1760. C’est même le contraire qui est vrai, car le salaire d’une journée de travail d’un journalier (non nourri) ne lui permettait de n’acheter qu’1,5 kg de viande. Et pourtant sa maison ne lui coûtait pas cher, ni ses vêtements, et il ignorait les dépenses vitales de notre époque (téléphone, télévision, etc.). C’est donc dans l’époque étudiée qu’il faut apprécier les prix entre eux sous l’angle de leur pouvoir d’achat. Leur comparaison avec ceux d’aujourd’hui est un autre sujet. L’abondance des prix indiqués dans le présent article permet au lecteur intéressé de connaître leur pouvoir d’achat.

Les travaux de rénovation des châteaux et des métairies


René II Montaudouin (1673-1731) et sa femme Marie Bertrand avaient acheté la vicomté de la Rabatelière en 1725, avec les seigneuries de Chavagnes, la Robretière et la Mancellière, et en 1726 les fiefs de la Grassière, Martelière et Battay (Chavagnes). En 1729 ils achetèrent les vicomtés de la Jarrie (Saligny), Merlatière et Raslière (Merlatière), et les seigneuries de la Chapelle de Chauché, de la Jaunière (Roche-sur-Yon), du Chaigneau (Bourg-sous-la-Roche), de Montorgueil (Champ-Saint-Père), deux métairies à Champ-Saint-Père et Saint-André-d’Ornay, et les 2/3 de la forêt de Gralas. En 1730 ils ajoutèrent la métairie et fief de la Roche de Chauché et la métairie de la Bleure (Rabatelière).
 
La plupart de ces domaines étaient en mauvais état, notamment la Rabatelière, qui avait été sous administration judiciaire dans les 60 années avant son acquisition. En 1700 des experts en avaient estimé les travaux urgents d’entretien, non seulement au château mais aussi dans les métairies (3). Et les derniers ravages du Petit Âge Glaciaire des années 1692/1696 et de l’hiver 1709 avaient laissé des morts et des ruines. On en voit la manifestation par exemple dans les 10 petits achats effectués en 1726/1728 pour un total de 508 £ à la Guibonnière (Chavagnes) par François Marchais, licencié ès lois (4). Nul doute que les métayers et les biens de la seigneurie de la Rabatelière ont eux aussi souffert.

Les travaux de réparations et de reconstructions s’étalèrent sur une longue période au château, lequel aurait été construit par Charles Ier Bruneau à la fin du 16e siècle, en partie avec des pierres provenant du château de Benaston à Chavagnes (5). En 1736 on avait payé des tuiles et de la chaux pour les couvertures du château, granges et moulins de la Jarrie, puis le comblement des fossés (6). Un paiement en 1738 concerne 500 tuiles venant de la Roussière de Saint-Fulgent et des carreaux de four, pour le logis de la Mancellière (Saint-André). En mars de cette année 1736 l’architecte du marché de la grille de l’avant-cour du château de la Rabatelière et de la porte d’entrée de la première cour est payé d’un acompte de 45 £ sur son devis de 140 £. On raccommode aussi la grille au cabinet du bas du pavillon neuf du côté de la fuye. On comble le fossé vers le bois du côté de l’église. L’architecte pour le marché de la métairie de la Roche Mauvin (Saint-André) est payé en mai 1736 d’un acompte de 72 £ plus 3 £ de denier de Dieu (gratification pour obtenir le marché ou pot de vin), sur son devis total de 205 £. En 1739 on paye le charroi de 2 cheminées de marbre blanc céruse, 4 milliers d’ardoises et 12 pierres de tuffeau venant de Nantes pour le château de la Rabatelière. On paye aussi un marchand de bois pour 2 poutres venant du bois de Linières d’un prix élevé de 160 £. Pour ce prix l’écriture est certainement incomplète. Un mémoire du 24 décembre 1744 détaille encore des fournitures de carreaux et de vitres, ces dernières pour l’orangerie et autres pièces du château de la Rabatelière. Le mois d’après ce sont les moulins de la Jarrie (raccommoder des meules, faire des verges et les couvertures, etc.) qui bénéficient d’un gros entretien.

Ces travaux apparaissent dans les paiements de matériaux : tuiles, briques et chaux. S’ajoutent ensuite les paiements des artisans : tailleur de pierres, maçon, menuisier, serrurier, etc. Comme les journaliers ils étaient généralement payés pour une tâche, sur la base d’une quantité de journées et de la valeur d’une journée. Ils pouvaient aussi être payés sur la base d’un forfait, qu’on appelait un marché, officialisé par une commande. C’est à partir de 1755 que les écritures comptables nous donnent la valeur d’une journée d’artisan (7). Et elle reste à peu près stable dans les 13 années qui suivent.
En 1763 Pierre Brochard, preneur de taupes habitant Bazoges, a été payé 8 sols par jour, nourri, pour son travail dans le pré du château, au jardin et dans le pré de la Pêcherie pendant 16 jours.
À 10 sols par jour on relève le paiement d’un charron en 1759.
● Le menuisier était payé 10 sols par jour en 1759, nourri. En 1624 on a trouvé à Bazoges-en-Paillers un prix de 8 sols/jour (8).
● À 12 sols par jour on paye le tonnelier en 1761 et 1762, et 9 sols par jour pour son fils. Le brûleur de vin était aussi payé 12 sols par jour en 1761 et 1762, pour produire de l’eau de vie.
Le maçon était payé 12 sols par jour en 1736, 13 sols par jour en 1755 et 14 sols par jour à partir de 1757 jusqu’en 1763, toujours nourri. C’est le très rare cas où nous pouvons suivre l’augmentation du salaire sur longue période, car au début des comptes on n’enregistre que le total payé à un artisan. En 1786 et 1787 ses journées lui sont payées 20 sols par jour (9)
● Le sabotier était payé 14 sols non nourri par jour en 1755 et 1756.
● Le couvreur d’ardoises était payé 15 sols non nourri par jour de 1756 à 1759, 25 sols par jour en 1760, mais peut-être est-ce là un fait d’exception. Le château de la Rabatelière et celui de Languiller, ainsi que l’église de la Rabatelière ont bénéficié de ses travaux. Ce tarif de 15 sols par jour non nourri s’appliquait aussi au tailleur de pierres en 1760, au charpentier de 1756 à 1760, le maître comme ses « garçons » (ouvriers). Mais pour ce dernier le tarif a aussi été de 12 sols, nourri.  
● L’amoulangeur, qui était un charpentier des pièces en bois des moulins à eau et à vent et des pressoirs (les moulanges), était mieux payé à 20 sols par jour dans la même période.
● Les serruriers et vitriers étaient payés au forfait à la commande.

Bien sûr, quand le fils travaillait avec son père, il était payé moitié moins. Autre remarque : ces tarifs ne paraissaient pas soumis à concurrence entre les artisans. Ils étaient souvent plusieurs à intervenir dans la même période à des prix identiques. On n’a pourtant pas rencontré d’indice de corporations de métiers existant dans la contrée, comme il y en avait dans les villes. 

Les pierres utilisées dans la construction des murs provenaient de carrières. On ne les achetait pas (sauf les pierres de Tuffeau pour le château), mais on payait des journaliers pour « tirer les pierres » dans des "pièrrières", et parfois on payait un tailleur de pierres. Les briques, servant dans les cheminées et les poêles, étaient achetées dans les tuileries des environs de 10 £ à 12 £ le millier en 1756 et 1757, à 16 £ le millier en 1765 et 1766, et à 22 £ le millier en 1788. Le millier était une mesure de masse pesant environ 500 kgs.

Le liant de maçonnerie était l’argile, qu’on n’achetait pas non plus, se contentant de payer des journaliers pour « tirer la terre ». Le ciment est une invention du 19e siècle. On employait aussi la chaux comme liant, produite dans les fours des tuileries par des chauniers, exerçant aussi le métier de tuilier. Ils calcinaient les pierres de calcaire importées de la plaine. Le prix du tonneau de chaux était de 11 ou 12 £ de 1756 à 1766, et de 16 £ en 1786 et 1788, livré par les tuileries de Chauché le plus souvent (Vrignonnière/Languiller, Guillerie, Brossette), ou celles de la Merlatière et de la Parnière (Brouzils). Le tonneau, mesure de volume, s’appelait aussi muid (même contenance), la moitié s’appelait une pipe et le quart s’appelait une barrique (10). Les mêmes mots s’appliquaient pour les contenances de vin, mais nous n’avons pas pu vérifier s’ils avaient le même sens dans ce cas. On sait que les unités de mesure étaient propres à la matière contenue ou à la nature de sol mesurées dans chaque seigneurie ayant eu un droit de minage, et pour la chaux on n’a pas pu non plus trouver leur correspondance avec les unités modernes de mesure de poids et volume créées au temps de la Révolution Française.

Les tuiles étaient achetées aux tuiliers des environs dans une fourchette de prix entre 1757 et 1766 de 9 £ à 12 £ le millier. À voir ces prix pour 6 fournitures différentes dans la période, on a l’impression qu’une certaine concurrence est intervenue pour les fixer, entre You de la Brossette et Clarteau de la Guillerie à Chauché.

Les ardoises étaient achetées à Nantes, à 16 £ le millier en 1757 et 15 £ le millier en 1760. Il fallait en plus payer les frais de transport comprenant l’acquit. Ce dernier était un droit de péage prélevé à l’octroi de Remoulins dans le sens Bretagne vers Poitou, et de Montaigu dans le sens inverse. Par exemple on a remboursé Boudaud, marchand demeurant à la Boninière (Saint-André), en août 1761 d’un montant de 4 £ 1 sol pour l’acquit de Remouillé concernant le transport de 40 boîtes de carton à la Rabatelière.

Il est enfin intéressant de noter l’achat de carreaux de four pour l’entretien des boulangeries dans les métairies à 1 sol 2 deniers en 1757 le carreau, 2 sols en 1761 et 2 sols 6 deniers en 1786.

Les séjours des seigneurs châtelains à la Rabatelière et les chasses


Les seigneurs châtelains habitaient à la Fosse de Nantes, et on note plusieurs frais de déplacements dans cette ville. Par exemple en août 1761 pour rembourser un domestique appelé « Dieumegarde, dit Saint Jean » qui était allé conduire M. de Montaudoin à Nantes : 2 £ 10 sols. En novembre 1762 le même Saint Jean est allé à Nantes convoyer « une bergère que M. de la Clartière avait ici ». La dépense est « avec l’acquit à Montaigu : 4 £ 11 s, plus pour le louage d’un cheval de Remouillé à Nantes, attendu que la jument du château n’a pu aller plus loin, étant blessée : 3 £ 15 sols ». Le mois d’avant le même Saint Jean avait dépensé 9 £ 18 sols pour 4 jours de voyage à Nantes et avait payé 4 £ 17 sols d’acquit « à Nantes et Remouillé » pour ramener des boîtes de carton.

Les séjours des Montaudouin à la Rabatelière sont repérés par certaines dépenses spéciales, comme en avril 1758 où on a payé 30 £ en achat de vins, poissons et autres à « l’auberge du Chêne Vert » à Saint-Fulgent (Mme Guyet) pour M. et Mme de la Clartière. En août de la même année, autre achat à l’auberge, de poisson pendant le séjour de M. Montaudouin (17 £ 4 sols). Et en mai 1762 on a dépensé 12 £ en achat de vin rouge pour le même motif.

D’autres dépenses spéciales concernaient la chasse, principalement dans les nombreux bois et forêts dépendants du domaine de Languiller et la forêt de Gralas. L’armurier de Chauché, Auvinet, a réparé des fusils et pistolets du château pour un montant de 9 £ 10 sols en mai 1759. Le régisseur a payé en septembre 1761 5 £ 8 sols pour plomb et poudre remboursés aux personnes qui ont chassé avec MM. de la Clartière et de la Bonnetière. Même chose en mai 1762 pour un montant de 7 £ 12 sols. Parmi ces personnes il y avait les 2 gardes des bois probablement, et on cite aussi le jardinier du château. Le raccommodage de son fusil par l’armurier de Chauché en mars 1762 a coûté 4 £ 15 sols payées par le régisseur.

Olivier de Penne : L’hallali
La chasse constituait un atout de la Rabatelière, les domaines de Machecoul, que possédaient aussi les propriétaires habitant à Nantes, n’offrant pas les mêmes gibiers. Mais c’était un loisir exigeant comme en témoigne le paiement d’un homme, le fils Lucas, à chasser au printemps 1758 « sur ordre de M. Montaudouin ». Le garde de la forêt de Gralas, aussi appelé Auvinet, a chassé pour M. de la Clartière dans cette forêt et a été remboursé en août 1760 de la valeur de 18 sols de plomb à cet effet. Il reçut en février 1769 40 £ pour avoir dressé une chienne à M. Montaudouin de la Bonnetière qu’on lui envoya à Nantes. Et son activité de garde est révélée parfois dans des écritures spéciales : en mai 1757, amende de 5 £ infligée à un particulier pour 5 chevaux saisis dans le bois Thibaut. En février 1759 le régisseur reçut 27 £ d’un particulier pour des dégâts commis par ce dernier dans la forêt de Gralas, constatés par Auvinet, garde, « laissant 9 £ au garde pour le récompenser de sa vigilance ». Derrière cette activité rappelons brièvement que le droit de chasse était un privilège des seigneurs hauts justiciers au Moyen Âge, et que les édits royaux avaient conservé l’interdiction de ce droit aux roturiers non autorisés. En plus de conserver un privilège, la législation royale craignait une diffusion des armes, dangereuse pour l’ordre public. La grande ordonnance des Eaux et Forêts de 1669 consacra 41 articles au droit de chasse. Grand progrès, elle exclut la peine de mort désormais pour les délits les plus graves en ce domaine, et elle interdit à tous chasseurs d’aller sur les terres ensemencées « depuis que le blé sera en tuyau » et dans « les vignes depuis le 1e mai jusqu’à dépouille ». Cette dernière prescription fut très mal observée. Si la chasse avait remplacé les tournois dans les plaisirs royaux, pour le gentilhomme elle constituait toujours un privilège à la portée des moins riches.  

Les obligations particulières du châtelain de la Rabatelière


La pension du curé
On sait que la paroisse de la Rabatelière était une création récente datant de 1640, obtenue de l’évêché de Luçon par Charles II Bruneau, le même seigneur de la Rabatelière qui avait obtenu l’érection de sa terre en baronnie en 1632, puis en vicomté en 1642 (11). La nouvelle paroisse prit ses territoires à ses voisines, Chauché surtout, ensuite Chavagnes, et un peu Saint-André-Goule-d’Oie (Maisonneuve, Bel-Air et Bordinière). Pour cela Charles Bruneau dû se charger de la construction de l’église (achevée en 1635) et du presbytère de la nouvelle paroisse, et de constituer le bénéfice du curé pour le faire vivre, en l’occurrence une rente dont le montant était censé être celui de la portion congrue des curés. À la Rabatelière ce montant était de 250 £, versé en deux termes par moitiés égales ou en une seule fois, suivant les périodes. Cette rente fut maintenue par la famille jusqu’en 1827 avec le même montant. Et le curé faisait l’hommage au seigneur de la Rabatelière du presbytère et du cimetière, et lui versait un cens de 5 sols chaque année à la Pentecôte et un chapelet de roses, suivant les normes du droit féodal en vigueur jusqu’à la Révolution (12). Ce chapelet de roses est une gracieuse redevance féodale peu usuelle, aussi appelée chapeau ou couronne de roses. On la trouve dans un hommage en novembre 1446 de la veuve de Guichard d’Appelvoisin à Arthur de Bretagne, comte de Richemont et seigneur de Parthenay et de Vouvant, à cause de la terre de Vouvent et pour raison du fief de Bois-Chappeleau (Foussay-Payré). Le duc de Longueville, possesseur de Vouvent au début du 17e siècle, décida que le chapelet de roses, au lieu d'être porté au château, serait offert à l'église de Vouvent (13). 

Les dons aux pauvres
Les dons et legs aux pauvres constituaient des libéralités à cette époque, en usage notamment dans les testaments pour tous ceux qui avaient un peu de biens. Le curé de Chauché exhortait à répandre dans les testaments des clauses de donation à la confrérie de la Charité de sa paroisse : « pour l’amour de Jésus Christ qui le leur rendra plus qu’au centuple. Ah ! Qu’heureux sont ceux et celles qui dans leurs testaments laissent quelque part de leurs biens à notre seigneur, puisque pour récompense il leur fera part de son héritage céleste ! ». Dans les paroisses le clergé était impliqué au premier chef pour les secours en cas de calamité, et dans la lutte contre la pauvreté et les maladies, avec l’aide du roi et de son administration parfois. Alors les vicaires et les curés organisaient la charité aux plus nécessiteux en sollicitant les riches. Même en 1880, le châtelain de Linières, Amaury-Duval, était toujours sollicité. Et pour l’époque bien sûr cela paraissait plus naturel que ce ne le serait de nos jours. Ces dons comportaient moins d’altruisme autrefois qu’ils n’en auraient aujourd’hui, car ils faisaient partie d’une obligation morale forte dans la contrée, comme attachée à la condition sociale des plus aisés. Cette obligation était religieuse, au même titre que d’aller à la messe, faire ses oraisons et se confesser. Notre société moderne distingue morale et religion, mais pas l’ancienne société religieuse. Et dans cette pratique on remarque le rôle central d’intermédiaire de solidarité du curé de la paroisse, comme faisant partie de celui de chef de la communauté religieuse. Depuis longtemps l’Église était chargée de l’enseignement et de la charité. Le regard sur ces pratiques passées de cette aide aux pauvres nous montre le rôle central prit par l’État en France dans ce domaine. Cette évolution a nécessité d’autres mots, et l’on a parlé alors de « politique sociale », révélateurs d’une autre caractéristique : la politisation de l’action. C’est donc une notion du bien public très différente que nous révèle cette pratique de dons aux pauvres du temps jadis.

Poussin : Testament d’Eudamidas (1643)
Copenhague (musée SMK)
Dans son testament en 1754 René II Montaudouin donna « 2 000 livres aux pauvres honteux de la paroisse de Saint-Nicolas [sa paroisse à Nantes], laquelle sera remise aux mains des dames de la Charité pour être par elles distribuées ». La notion de pauvres « honteux » désignait ceux qui n’osait pas quémander, souvent des déclassés par différence aux simples pauvres de naissancePour les curés des 16 paroisses vendéennes où il possédait des propriétés, il légua aussi 2 000 livres de dons aux pauvres, distribuées ainsi à partir de mars 1756 par le régisseur : aux curés de la Rabatelière (440 £), Chauché (408 £), Saint-André-Goule-d’Oie (230 £), Merlatière (36 £), Dompierre-sur-Yon (20 £), Saligny (147 £), Saint-Denis-la-Chevasse (15 £), Saint-Fulgent (15 £), Saint-Georges (30 £), Brouzils (20 £), Copechagnière (40 £), Boulogne (40 £ 4 sols), Essarts (32 £). Il manque dans cette liste les paroisses éloignées autour du Bourg-sous-la-Roche et Champ-Saint-Père. Ce qui étonne ici c’est que le donateur préféra passer par le curé plutôt que par la Confrérie de la charité de la Rabatelière. Nous n’avons la preuve de son existence qu’en 1764 il est vrai, et puis ces confréries n’existaient pas dans toutes les paroisses des environs (14). En 1786 Thomas René Montaudouin donna au curé de la Rabatelière 540 £ pour les pauvres, tandis que sa sœur donna 150 £. Dans les 3 années suivantes il donna 300 £ par an pour les pauvres de la paroisse de la Rabatelière (15).

Le four banal
On n’a pas repéré de four banal à la Rabatelière, mais il y en avait un à la Raslière, petite seigneurie située en limite du bourg de la Merlatière. Il était affermé 30 £ par an en ce milieu du 18e siècle jusqu’en 1789, avec le droit du fermier de s’approvisionner en bois dans la seigneurie. En novembre 1765, sa réfection à neuf a coûté 81 £ au seigneur de la Rabatelière. On n’a pas pu vérifier si son usage coûtait plus cher à ses usagers obligés par son monopole qu’aux autres usagers libre ailleurs d’utiliser les services d’une boulangerie indépendante.

Frais d’hommage du château
Une dépense intéressante à noter, ce sont les frais d’hommages du château de la Rabatelière à la commanderie de Launay (Sainte-Cécile), dépendant de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem (devenu ordre de Malte). Le château était tenu à foi et hommage plain, baiser et serment de fidélité à 15 sols de service annuel payable dans l’octave de la fête de la Toussaint, et 20 sols de rachat de plaict de mortemain (16). Pour rendre l’aveu les frais ont été de 28 £ 18 sols payés en janvier 1761 : pour le parchemin au nombre de 6 feuilles et papiers employés : 12 £ 8 s, pour le contrôle : 7 £ 10 s, et pour la présentation aux officiers de Launay : 9 £. L’acte était rendu par Mathurin Thoumazeau au nom de Nicolas Montaudouin à frère Jacques René Louis des Touches, chevalier magistrat de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, et commandeur de 7 commanderies en Poitou, dont Launay.

Le droit de rachat pour le château était particulièrement faible exceptionnellement. Il en allait autrement pour les seigneuries habituellement. On a l’exemple de Languiller et ses dépendances pour laquelle il s’éleva à 4 600 £ payées à la baronnie des Essarts après la mort de M. Montaudouin de la Clartière arrivée le 9 novembre 1762. S’y ajoutait l’impôt inventé par Louis XIV, le centième denier, qui fut de 1 900 £ en 1755 pour la totalité de la succession de Renée III Montaudouin.

Le repas au seigneur de Puytesson
Dans les comptes du régisseur on trouve régulièrement la dépense pour un repas au lendemain de la Saint-Michel, payé à M. de Puytesson à l’occasion du paiement de la rente en avoine due par ce dernier à la seigneurie de Languiller. Ce n’était pas un repas vairaut où le vassal paye un repas à son suzerain, tel qu’on le rencontre au tènement de la Rabaudière des Essarts, où les teneurs devaient « un manger vairault » dans la liste des devoirs féodaux (17). Au contraire ici c’est le suzerain qui payait un repas à son vassal, fruit d’un arrangement entre eux probablement très ancien dont on a la trace en 1617, et renouvelé dans un titre de 1753, pour une rente de 352 boisseaux d’avoine. Le seigneur de Puytesson devait faire rendre cette rente « sous les halles du bourg de Chauché chaque Saint-Michel et la faire mesurer suivant l’usage par le sergent (huissier), sous condition que le seigneur de Languiller donnera à dîner au seigneur de Puytesson et à sergent et domestique, et une poule pour son oizeau » (18). En 1759 le régisseur dépensa le repas pour deux personnes, le vin et la « repue » (nourriture) de son cheval, soit 2 £ 2 sols. En 1764 il paya 38 sols pour les repas, le bois et le vin pris à l’auberge de Chauché. Pour Languiller ce n’est pas le fermier qui offrait le repas, mais le régisseur du propriétaire, par égard sans doute envers le seigneur de Puytesson.  

Le coût du droit de haute justice
Maison de justice à la Rabatelière
Une autre dépense concerne l’exercice de la justice. La Jarrie (Saligny), possédée par le seigneur de la Rabatelière, avait droit de haute justice emportant une compétence pour les crimes. En juin 1763, à cause des frais occasionnés par la mort d’un nommé Olliveau tué le 4 octobre 1762 à la Lozangère mouvant de la juridiction de la Jarrie (Saligny) par les nommés Bretaud, Bossus, Boué et autres accusés, le régisseur dû dépenser 94 £ 6 sols 9 deniers, pour papiers et contrôles (rapport du chirurgien, voyages d’huissier, assignation à son de trompe et cris public et pour les taxes des témoins). On lit que « les officiers n’ont rien pris de port et autres pour leurs salaires. Il y aura encore à payer les frais des poursuites contre les accusés (assignations des témoins, jugement de contumace, etc.) ». Habituellement les frais de justice étaient supportés par les condamnés, sans doute avons-nous là une vue partielle du coût de cette affaire pour le seigneur justicier. On trouve aussi une dépense remboursée au procureur fiscal en 1787 de 120 £, pour les frais de poursuite d’un voleur de vaches. L’année d’après il fallut payer la maréchaussée (gendarmes) 39 £ à cause des poursuites contre des voleurs de chevaux (19). Si les assises (tribunal des droits seigneuriaux) se tenaient au château de la Rabatelière dans la première moitié du 17e siècle, le seigneur entretenait aussi un auditoire, nom donné à une maison située dans le bourg de la Rabatelière. Au-dessus de la porte était gravé le blason des Bruneau. Malgré sa compétence criminelle de haute justice, le tribunal seigneurial ne paraît pas avoir eu une grande activité à partir de la période documentée du 17e siècle, et ne rapportait rien au seigneur. La justice royale lui avait enlevé l’essentiel de son rôle, et les curés servaient de médiateurs moins coûteux (20).

Le change de monnaie
Dans les années 1786 et 1787, on voit assez souvent dans les comptes du châtelain des notas ainsi rédigés : « la Cailleteau m’a donné 13 vieux louis dont je lui remettrai le profit ». Il s’agit d’Anne Roy, l’épouse du fermier décédé de Languiller en 1784, qui mourra en 1816. Suivant l’habitude de l’époque on féminisait les patronymes des femmes, y compris parfois en les déformant (ex. : « la Hervouette »). M. Montaudouin changeait les anciennes pièces de monnaie en nouvelles (les anciens écus louis valant ordinairement 24 £) auprès d’un banquier nantais, évitant ainsi aux gens de son entourage de se déplacer. Ses métayers, le curé, ses domestiques (jardinier), un notaire de Saint-Fulgent, ont profité de son obligeance (21). La réforme de la monnaie en 1785 du ministre Calonne avait allégé le poids des louis d’or nouvellement frappés et aligné le rapport entre l’or et l’argent sur celui en vigueur en Espagne. Parmi les buts visés, le gouvernement voulait déthésauriser l’or et favoriser les emprunts d’État. L’opération la plus importante a concerné un Allain pour 502 écus louis, mais sans précision sur la personne ainsi désignée. En revanche on connaît bien le métayer Herbreteau de la Porcelière qui a donné 8 vieux louis à changer, et le jardinier qui a donné 19 vieux louis. Le service était gratuit bien sûr et lève un voile sur les relations entre le châtelain et son entourage local, intéressant à noter 2 ans avant la Révolution de 1789.

La nourriture et les habitudes domestiques au château


Lors de la venue des propriétaires au château de la Rabatelière, on faisait certaines dépenses spéciales de vins et de poissons fournis par une auberge de Saint-Fulgent. Pour le reste on trouvait sur place du gibier, de la viande de boucherie, du poisson des étangs et des légumes du jardin, le pain cuit au four, etc. On achetait des cochons gras à saler, et la charcuterie était préparée sur place par les domestiques. Ces denrées nourrissaient le personnel du château, et parfois des journaliers et artisans qui y travaillaient. Mais voyons cela de plus près dans les écritures de dépenses.

Le 20 février 1763 le boucher de Saint-Fulgent reçoit 25 £ 1 s pour 130 livres de viande qu’il a livrées depuis Pâques dernière jusqu’au 15 de ce mois. Cela fait en moyenne 3 sols 10 deniers la livre de « toute viande » (bœufs, moutons, veau) et 13 livres ou 6,5 kgs par mois. Il n’était pas le seul fournisseur et on devine que pour cette quantité on ne nourrissait pas que les domestiques à l’année. D’ailleurs l’année précédente on avait consommé 126 livres de viande pendant 12 mois (à 3 sols 10 deniers la livre aussi), « tant pour les fauches de la prée, vendanges que pour la maison », était-il précisé. En 1761 on s’était fourni chez Guibert, boucher au Chêne (Brouzils), pour 150 livres de bœuf et 2 quartiers d’agneau. En juillet 1767, la livre de viande (bœuf, veau, mouton) était payée 4 sols la livre. En 1786 une livre de viande était payée 5 sols.

Parfois la dépense marque l’intention de bien nourrir : pour les vendanges 1762, un quarteron d’anguilles (18 sols) et un cent de palourdes (16 sols). Et on note chaque année des achats particuliers pendant la période du carême pour remplacer la consommation de viande, par exemple :
-          En mars 1756 : 2 poignées de morue verte (salée), 7 livres de seiche, du fromage de Hollande « que Marie m’a achetés pour notre carême » (6 £ 10 sols au total).
-          En avril 1757 pour huîtres, moules et poissons achetés à Menard (marchand dans le bourg de la Rabatelière) : 4 £.
-          En février 1759 pour morue, harengs, fromage, de provisions de carême : 12 £.
-          En juin 1760 un paquet de morue fourni de Nantes pour le château : 3 £ 14 sols.
-          En mai 1762 pendant le carême 1762 pour sardines achetées pour les domestiques du château et gens de journées (3 £), œufs (24 sols) et poissons (2 £ 6 s).
Il y avait 166 jours de jeune, dont 40 jours de carême, les vendredis et les samedis dans l’ancienne France. La pratique en était rigoureuse, jusqu’au début du 18e siècle disent les historiens, et probablement au-delà en Bas-Poitou (22). 

Pour se faire une idée de tous ces prix, ajoutons qu’une livre de pain dans ces comptes en juillet 1757 payée pour nourrir des charretiers valait 2 sols. Aux mêmes, le vin ordinaire qu’on leur donnait coûtait 2 sols la bouteille en janvier 1759, quand la livre de pain à la même date coûtait cette fois-ci 1 sol 6 deniers, la livre de lard 4 sols 6 deniers, la douzaine d’œufs 3 sols et la livre de beurre 6 sols.

Dans toutes ces écritures il n’est pas question de volailles. Elles étaient élevées et consommées sur place probablement, sans donner lieu à recettes et dépenses spécifiques. De même nous n’avons pas trace d’un colombier destiné à loger et élever des pigeons. Leur viande était estimée par les seigneurs et ils fournissaient un bon engrais, sans parler du rôle des pigeons voyageurs, mais ils devaient être enfermés pour éviter le pillage des récoltes au moment des semailles. Pourtant le seigneur de la Rabatelière avait droit de fuie c’est-à-dire d’avoir un colombier ou volière à pigeons. C’était un privilège de la noblesse ayant haute justice, que nous avons rencontré aussi dans un aveu du seigneur de Saint-Fulgent, et dans un autre du baron des Essarts (23). Au logis du Coudray (Saint-André) il y avait un pigeonnier en 1762, servant alors de remise (24). La châtelaine de la Rabatelière avait des paons dans sa volière en 1594, comme en témoigne cette phrase qui termine sa lettre à M. Rouhet, chef du conseil de la maison de La Trémoïlle : « Je vous envoie un bouquet de mes paons et vous en garde de petits, que j'espère vous donner bientôt » (25).

Le sel était acheté par boisseaux et ramené par le meunier du château lors de ses déplacements. Le prix a régulièrement augmenté : 7 sols le boisseau en 1759, 8 sols en 1761 et 1762, et varié ensuite de 10 sols à 12 sols de 1764 à 1766, aussi 12 sols en 1788. Il ne supportait pas dans la contrée la fameuse taxe dite de la gabelle si impopulaire à la veille de la Révolution (26). Enfin on a des produits plus rarement achetés : en 1762 une livre d’huile d’olive coûte 16 sols, le clou de girofle (médicament et épice) coûte en 1761 24 sols l’once (environ 30 grammes), et le vinaigre en 1764 coûte 15 £ la barrique.

Pour faire la lessive on utilisait de la cendre, achetée en avril 1758 à 6 sols le boisseau. On ajoutait des feuilles de lierre ou de saponaire à la cendre pour obtenir un produit moussant. Celui-ci était enfermé dans de petits sacs de toiles spéciaux disposés au fond de la cuve, sous le linge. On trouve aussi le savon, acheté en mars 1761 en pain d’une livre, qui coûtait 17 deniers l’once. Les domestiques fabriquaient les essuie-mains avec de l’étoupe achetée 4 sols l’aune en janvier 1763. Dans les bonnes maisons, les draps et nappes sales bénéficiaient d’une pré-lessive ou détrempage. Séchées, elles attendaient ensuite la lessive annuelle de Pâques (la bujaille).

L’éclairage des habitations se faisait à la chandelle de suif. On achetait le suif au boucher de Chavagnes souvent, à 7 sols la livre et jusqu’à 9 sols 6 deniers la livre dans les années 1761 et 1762. Puis les domestiques fabriquaient des chandelles avec. En 1787 et 1788 la livre de chandelle coûtait 16 sols.

Enfin le chauffage des pièces dans les cheminées et poêles en briques était alimenté en fagots, achetés par cent ou fournis par les journaliers payés à la tâche et travaillant dans les domaines du château, plus rarement semble-t-il par les menus suffrages des métayers.  En 1758 et 1759 le cent de fagots de bois (rondins non fendus) était acheté 14 sols, et le cent de fagots de fournille (branchage) était payé 12 ou 13 sols.

Le personnel du château


Le régisseur
Edme Courtaut dit Joigny fut régisseur et tint les comptes du château de juin 1755 à mai 1760. Il percevait 250 £ de gages par an. S’y ajoutaient 150 £ par an de pension viagère, que feu M. Montaudouin lui avait légué dans son testament du 29 novembre 1754. Celle-ci continua de lui être versée jusqu’à son décès, après qu’il eut été remplacé par Mathurin Thoumazeau à partir de juin 1760. Ce dernier était procureur fiscal de la Rabatelière et de toutes les seigneuries attachées comme celle de Languiller, et aussi des seigneuries de Mouchamps, Vendrennes, Saint-Fulgent, l’Herbergement-Ydreau (Oie). Il conserva son office de notaire royal de Saint-Fulgent, et fut en même temps contrôleur des actes, exploits et droits du bureau de Saint-Fulgent. Mathurin Thoumazeau resta régisseur au château jusqu’à sa mort en 1785, alors âgé de 72 ans. Ses gages étaient de 360 £ par an au début, puis furent augmentés à 400 £ à partir de 1773 (27). On a parfois dit dans les livres d’histoire que les régisseurs avaient par leur comportements suscité l’hostilité des habitants dans certaines seigneuries au 18e siècle. Or Mathurin Thoumazeau « s’était distingué par la paix qu’il a tâché de procurer dans toutes les familles qui l’ont consulté …. », est-il écrit sur le registre paroissial de Saint-Fulgent (vue 23 sur le site internet des Archives de Vendée). Cette oraison funèbre est rare sur le registre de Saint-Fulgent et apporte une vision positive du curé sur le personnage. Après lui le propriétaire repris la tenue des comptes, venant à la Rabatelière tous les deux mois environ pour quelques jours. Il remplaça Thoumazeau d’abord par un régisseur sur place, Lapierre, avec moins d’autonomie que son prédécesseur. Ses gages en 1788, comprenant ceux de sa femme Jeannette, dont on n’a pas repéré l’emploi, se montaient à 186 £ par an (28). Et le nouveau procureur fiscal, Claude Joseph Frappier sieur de la Rigournière et notaire à Saint-Fulgent, avait un rôle uniquement de fondé de pouvoir dans les négociations d’affaires et les questions juridiques et judiciaires.

Les domestiques gagés à l’année
Ils étaient peu nombreux, et on a du mal à en suivre le nombre, car des noms apparaissent et disparaissent suivant le degré variable de précision des écritures des comptes chaque année. Ils étaient payés à l’année à terme échu, voire plus. On a le cas extrême de la « mère Moreau » qui reçut en 1759 ses gages pour 4 années (total 120 £), diminués de 54 £ d’avance ! Visiblement les gages des domestiques ne leur servaient pas à vivre au mois le mois.

Maes : La fileuse (1655)
(Amsterdam : Rijksmuseum)
Ils couchaient au château comme le révèle cette écriture en juin 1767 : « 8 aunes (unité de longueur d’environ 1,20 m) de coutil (toile) achetées pour faire une couette au lit de Garnier : 9 £ 12 s ». C’était le jardinier. Ce mois-là on en avait acheté à 24 sols l’aune, pour faire des bernes (gros drap, ou couverture épaisse) et des enveloppes de matelas.

Les domestiques étaient aussi habillés, et on rencontre cet usage aussi chez Jean de Vaugiraud à Mortagne au début du 17e siècle. Pour confectionner certains vêtements on utilisait de l’étoupe. Celle-ci était constituée de brins de lin ou chanvre restant après le brayage ou pesselage des fibres, mélangés avec d’autres fils (laine) pour être tissés. Pour tailler des vêtements en laine, on achetait celle-ci filée à 12 sols la livre de laine grasse et 25 sols la livre de laine ordinaire, pour la tisser. L’aune de laine tissée était achetée 6 à 7 sols. D’autre part on remboursait certains domestiques de leurs frais de sabots, et on employait un sabotier à la tâche pour les autres : 11 jours payés en octobre 1755 pour un sabotier « qui a fait les sabots des domestiques ». Autre exemple en mars 1758 : « pour habiller la petite fille pour sa 1e communion » (fille de la servante Moreau). En juin 1767 : « acheté au marchand d’étoffe 4 aunes de baitainge et autant de doublure pour faire une veste, une culotte et un gilet au petit Bonnin qui est sans gage au château depuis 2 ans : 9 £ 12 sols y compris la façon ».

Couché, nourri, habillé, le personnel domestique était aussi soigné. En juin 1755 on dépensa « 8 £ de médicament et pansement du chirurgien sur le domestique de Languiller ayant eu une grosse maladie au service de feu M. Montaudouin ». En mai 1756, « payé à Thoumazeau apothicaire à Chavagnes pour 2 saignées et 2 voyages pour Hardouin domestique : 1 £ 16 s ». En juillet 1759, « pour l’apothicaire de Chavagnes (saignées et médecines) pour le jardinier et autres domestiques de la maison : 4 £ 15 sols. En mai 1760, « au chirurgien de Chauché pour traitement au jardinier et au valet de bras : 12 £ ».

Les gages des domestiques s’ajoutaient ainsi à cette prise en charge complète des dépenses essentielles, ce qui dans une économie de survie comptait beaucoup. Avec logique dans ce contexte, les absences au travail résultant de maladies diminuaient le montant des gages payés. Autre caractéristique de ces relations de travail des domestiques, la permanence de la présence de certains d’entre eux au château. Elle ne signifiait pas une durée indéterminée de l’embauche comme cela existe aujourd’hui. On verra ci-après un congédiement, dont on doute qu’il s’accompagnât de conditions de mise en œuvre. Et on verra aussi des réengagements annuels pour certaines personnes. Le contrat de notre code du travail n’existait pas, et pourtant il y avait bien un contrat, purement civil et difficile à définir. La pratique des épingles pour favoriser sa conclusion (voir ci-après) témoigne de son existence. On voit des « conventions et marchés » concernant les apprentis conclus devant notaires, mais pas des embauches de domestiques (29). L’employeur avait la possibilité de mettre fin à sa volonté à l’embauche de ses domestiques. Que les employés puissent partir à leur volonté importe peu. Dans la pratique le contrat d’embauche comportait bien des obligations réciproques entre le maître et le domestique, mais dont la définition restait à la discrétion du maître et hors de règles juridiques. On n’imaginait pas une légalité politique au-dessus du pouvoir du maître. Voyons maintenant les cas rencontrés en épluchant les comptes de dépenses.

Le jardinier Félix Martin percevait 100 £ par an. Il fut congédié avant le terme de l’année échue en avril 1760, et il reçut pour solde de tout compte seulement ses gages au prorata de sa présence dans l’année. Il fut remplacé le mois d’après en mai 1760 par Pierre Garnier, à qui fut donné pour commencer un montant de 6 £ d’épingle, comme à son prédécesseur. Cette notion d’épingle, équivalente à celle de « pot de vin » ou de « denier de dieu », accompagnait parfois la conclusion des contrats d’acquisition ou d’arrentement (vente à crédit) chez les notaires pour les favoriser, aussi les embauches comme on le voit ici. Le pot de vin n’avait rien à voir avec le sens en vigueur aujourd’hui. Cela ne cachait pas un « dessous de table » qu’on aurait voulu soustraire au fisc, et encore moins à l’imposition sociale, notion inconnue à l’époque. Pierre Garnier toucha lui aussi 100 £ par an jusqu’en 1767 (au-delà les comptes manquent). Denis Garnier, second jardinier, touchait 54 £ par an en 1764, plus 3 £ d’épingle. En 1765 il fut augmenté à 57 £. En 1787 le jardinier, dont le nom n’est pas noté, percevait 90 £ de gages par an. Chose nouvelle, le propriétaire percevait en argent la moitié de la valeur des légumes du jardin, soit 65 £ en 1786, 125 £ en 1787 et 101 £ en 1788. Le jardinier du château vendait une bonne partie des légumes qu’il produisait, et dont la moitié de l’argent gagné payait ses gages. En somme, son travail fournissait le château en légumes tout en finançant sa rémunération. 

Forêt de Gralas
Le 28 mars 1737, pour l’année de ses appointements, Charles Lainé, garde bois, gagnait 80 £. L’écriture ne précise pas les bois ainsi gardés, à la différence des écritures des années 1755/1767. Ainsi Jacques Auvinet, garde de la forêt de Gralas, percevait 54 £ par an en 1756, somme toujours identique en 1767. De 1786 à 1788 le nouveau garde de la forêt de Gralas, un nommé You, gagnait 150 £ par an de gages. Cette augmentation correspond probablement à la transformation en argent d’avantages en nature. En 1761, un nommé Trotin gagnait 18 £ par an de gages de garde des bois de Languiller, bois Thibaut et bois de la Vrignais, plus 10 £ pour le bois Pothé (proche de la forêt de l’Herbergement-Ydreau). Ce montant de 18 £ de gages au total par an fut maintenu jusqu’en 1767 au moins. On soupçonne, mais sans documents, qu’à ces gages devaient s’ajouter d’autres avantages. La responsabilité et l’autonomie des gardes étaient grandes, pour faire respecter le droit de chasse et poursuivre les braconniers. Et leur éloignement du château les excluait de certains avantages en nature (ex. nourriture, logement).

Le nommé Saint-Jean-Dieu, domestique, perçu 61 £ de gages annuels en juin 1761. L’année d’après l’écriture est plus précise le concernant : 60 £ de gages, plus 1 £ d’épingle, plus 1 £ 10 sols pour ses sabots. On ne connaît pas le contenu de cet emploi ainsi nommé, mais à voir son niveau dans la hiérarchie des salaires et ses déplacements à Nantes, on pense à un homme à tout faire et de confiance.

Antoine Moreau et Suire, « valets de bras », touchaient 50 £ chacun par an en 1759. Cette notion de valet à bras se distinguait habituellement de celle de valet à bœufs, lesquels se louaient avec leur attelage dans les métairies. En 1624, une année de gage d’un valet de bras valait 20 £, sans compter quelques hardes (30).

Amiaud, domestique d’écuries (« pour avoir soin des chevaux et vaches »), percevait 33 £ par an en 1765, augmenté à 36 £ l’année d’après. Mais en 1766 il fut malade pendant 6 mois, et ne perçu que ses gages correspondant à sa présence, soit 17 £ 8 sols.

La « mère Moreau », domestique femme était payée 30 £ par an en 1759. La « petite Moreau », sa fille d’âge non indiqué, percevait 12 £ par an. En 1760 les gages annuels « de la bonne femme qui était au château avec sa fille : 45 £ » furent donc augmentés globalement. Cette domestique parait le pendant de Saint-Jean-Dieu, moitié moins payée puisque c’était une femme.

En 1762 on voit Françoise Fonteneau, servante au château, toucher pour 6 mois de gages et pour lui payer ses sabots, le montant de 19 £ 4 sols. L’année d’après elle perçoit 38 £ pour ses gages annuels, sans plus de détail.

En 1765 Perrine Birot, servante, est payée 47 £ et réengagée à 49 £ et 2 £ pour ses sabots, et reçoit 5 £ d’épingles, montants reconduits en 1767.

Les journaliers
Ils étaient nombreux. Si on ne craignait pas l’anachronisme on pourrait dire que les journaliers étaient les contrats à durée déterminée ou intérimaires ou vacataires de l’époque. Ils étaient embauchés à la tâche et payés à la journée habituellement, ou sur la base d’un marché préalable. Ainsi les vendangeurs hommes étaient payés en 1763 6 sols par jour, nourris. Normal pour un travail ponctuel. Néanmoins les travaux manuels divers au château relevaient d’une qualification pouvant facilement justifier une ou plusieurs personnes à temps plein. Mais l’usage était de n’engager qu’à la tâche, dans les métairies comme dans les châteaux de la contrée.

Ainsi du travail dans les bois et les haies des domaines de la Rabatelière, pour « tirer de la pierre et de la terre pour bâtir », battre les blés provenant du droit de terrage, « giter » et « complanter » (planter) dans la vigne de la maison, faire du lin, la fenaison, jardiner, faire une haie et raccommoder une chaussée d’étang. Pour tous ces travaux un journalier était généralement payé 10 sols par jour, non nourri en 1756 et les années suivantes. Pour les mêmes travaux la journée était payée 8 sols, nourri. Mais on trouve d’autres tarifs : 6 sols ou fréquemment 7 sols, nourri. De 1785 à 1788 le salaire journalier de 10 sols ci-dessus était passé à 16 sols.  En 1620 on trouve un prix de 5 sols 4 deniers par jour donné à un vigneron qui a planté de la vigne, et 3 sols pour la labourer, mais sans préciser s’il était nourri ou non (30).

À 12 sols par jour non nourris les travaux paraissent plus qualifiés en 1756 : à Rotureau pour futailler et raccommoder des fûts de barrique anciens et mettre le vin ramassé, mais à 10 sols par jour à son fils pour le même travail. On voit là apparaître la notion de qualification personnelle pour fixer les prix du travail. Et dans ce système de valeurs un vendangeur homme était payé 6 à 7 sols par jour et un vendangeur femme l’était à 3 sols par jour. De même que le petit garçon d’un homme payé à 7 sols par jour, était payé à 3 sols par jour pour l’accompagner dans son travail, la plupart des enfants travaillant. À partir de 1761 les journées à 12 sols par jour sont plus fréquentes que celles à 10 sols par jour, non nourri, pour des travaux semblables. Néanmoins on a du mal à distinguer alors clairement ce qui ressemble à une hausse des tarifs, de la personnalisation de ceux-ci.

Dans la même période, le tarif de base des journalières était de 3 sols par jour, nourries. À ce tarif on a les mêmes travaux que les hommes (jardiner, vendanger, tailler la vigne, couper et faner le foin), et des travaux réservés aux femmes (lessiver, maillocher, brayer et paisseler le lin, sécher le froment, cuisiner, faire le ménage, raccommoder les poches à blés, faire des essuie-mains). Ces chiffres disent sans ménagement le statut de la femme dans cette époque. Néanmoins certaines femmes ont été employées dans des métiers spécialisés : 6 sols et 4 deniers par jour pour paisseler, brayer et peigner le lin, 6 sols par jour non nourries pour filer le lin, 3 sols par jour à filer l’étoupe en 1762. Le plus souvent ces travaux sur les fils et tissus étaient payés sur la base de prix pour une quantité donnée, par exemple pour 9 aunes de toiles ouvrées en ¼ de largeur à 40 sols par aune.

Dans un passé lointain de la fin du 15e et début du 16e siècle, on a des montants des gages du personnel de l’hôtel de Louis II de La Trémoïlle (1460-1527) à Thouars, suzerain de la Jarry et la Merlatière. Le salaire de base tournait autour de 10/12 £ par an pour les hommes (charretiers, valets), et 5/6 £ pour les femmes (domestiques, nourrices). Le salaire moyen était de 15/20 £ (secrétaire, cuisinier, tailleur, aumônier). Les salaires supérieurs allaient de 40 à 60 £ (officiers nobles, médecins, fauconnier). Ces valeurs sont restées stables dans la période de Louis II adulte, malgré la forte inflation du début du 16e siècle (31). Comme à la Rabatelière 2,5 siècles plus tard, ces gages s’ajoutaient aux avantages en nature, mais sans qu’on puisse le vérifier dans le détail. Ils sont néanmoins comparables en gros, et montrent, s’agissant des bas salaires où la comparaison est moins aléatoire, une multiplication des gages par quatre. Le prix des grains dans le même temps parait avoir augmenté beaucoup plus. Mais dans les revenus du personnel quelle part attribuer aux gages ?

Dans cette revue du personnel, on ne voit rien de comparable avec « l’hôtel » (ou train de vie) d’un grand seigneur. Ce dernier aurait eu son médecin et son apothicaire à son service exclusif, sans parler d’un pâtissier ou d’un fauconnier. On aimerait pourvoir comparer avec le train de vie au quai de la Fosse à Nantes, pour mieux apprécier la situation au château de la Rabatelière, peut-être plus modeste que la réalité vécue par le propriétaire nantais. Que le premier serviteur fût un régisseur-fondé de pouvoir, au lieu d’un maître d’hôtel, en dit long sur la vocation essentiellement économique du château.

Le temps de travail 
Le domestique gagé « à durée indéterminée » bénéficiait des jours chômés prévus par l’Église. C’étaient les dimanches et les fêtes religieuse majeures. Seules ces dernières étaient chômées. Les fêtes dites mineures impliquaient seulement l’assistance à l’office. Le nombre de ces fêtes variait dans chaque diocèse et a diminué surtout après le concile de Trente. Ainsi dans le diocèse d’Angers par exemple, le nombre des fêtes d’obligation (messe et repos) est ramené de 63 à 39, en 1693, et à 35 en 1781 (32). Dans le diocèse de Luçon, l’évêque avait fixé ces fêtes dans une ordonnance de 1526, confirmée en 1768. Elles étaient au nombre de 46, dont environ 5 tombaient statistiquement un dimanche (33). Restaient une moyenne de 41 fêtes chômées par an, en plus des dimanches. Il résulte que dans le Bas-Poitou, le nombre de journées de travail dans une année pouvait être de 272 jours ouvrables pour un domestique en 1760 (365 jours - 52 dimanches – 41 fêtes chômées). On peut comparer ce chiffre avec celui de 223 jours travaillés d’un domestique du 21e siècle (365 jours - 104 jours hebdo chômés – 38 jours ouvrables de congés et fériés). La différence ne tient pas au nombre de jours fériés habituellement chômés et aux 5 semaines de congés payés (38 jours ouvrables au lieu de 41 dans notre cas), mais tient au 2e jour non travaillé hebdomadaire ordinairement, et souvent le samedi pour les salariés. 

Les 49 jours travaillés en plus au 18e siècle dans une année ne suffisent évidemment pas à évaluer le temps de travail. Le calcul n’est pas pertinent dans un cadre hebdomadaire et l’horaire journalier était commandé par la lumière du jour principalement, 16 heures en été et 11 heures en hiver. Avec les pauses et les temps éventuels de déplacement, et en moyenne annuelle, on obtient une durée d’environ 10 heures par jour de travail, et 2720 heures de travail par an. Le régime de l’horaire légal de 35 heures hebdomadaire conduit à 1560 heures de travail annuel dans la même définition tenant compte des congés et jours chômés. 

L’artisan ou domestique journalier travaillait une durée à peu près équivalente dans l’année, à la différence qu’il n’avait pas de congé payé ni de jours fériés chômés et payés, alors que le gagé « à durée indéterminée » continuait d’être entretenu pendant les jours chômés et ses gages annuels couvraient aussi ces jours. Moyennant quoi, pour un même nombre de jours annuels travaillés de 272 par an, le journalier devait se payer les jours chômés obligatoires (une obligation religieuse) sur le salaire gagné. L’impact comparatif entre les deux situations est difficile à évaluer à cause de l’importance de l’avantage en nature de l’employé gagé. Exprimé en temps, les 41 jours de fêtes chômées au 18e siècle représentaient 12 % du temps annuel hors dimanche.

Les revenus


Ils provenaient principalement de l’activité agricole des métairies en complément des redevances féodales. Les seigneuries étaient devenues des centres de profit avec principalement leur activité exclusivement agricole en bocage vendéen. Les recettes des métairies de la seule seigneurie de la Rabatelière se divisaient entre les 14 d’entre elles affermées à prix d’argent, et les 4 affermées à partage de fruits à moitié entre le bailleur et le preneur. Pour les premières on n’enregistrait que les montants des fermes, leurs redevances seigneuriales étant payées par le métayer, dont le prix du bail en tenait compte. Pour les secondes on enregistrait les revenus des différentes productions : principalement les céréales et les bestiaux. Nous avons publié sur ce site en avril 2020 le cas de la métairie de la Télachère (Chavagnes-en-Paillers) : La métairie de la Télachère à Chavagnes en 1760-1768. On y découvre les cultures récoltées, les bestiaux élevés et leurs revenus.

Les céréales
La production et l’emploi des blés (céréales) gérés par le régisseur du château de la Rabatelière nous sont connus dans les détails en 1757, 1759 et 1760. Cependant la plupart des métairies étant affermées à prix d’argent, leurs productions céréalières échappent aux comptes du régisseur, de même que pour les seigneuries affermées (Languiller, Jarrie, Montorgueil, etc.).

Le seigle est de loin le blé le plus important avec 1235 boisseaux de la récolte 1756 provenant des 4 métairies à partage de fruits, plus au titre du droit de terrages 683 boisseaux, et au titre des rentes dues 552 boisseaux. Les rentrées de céréales provenant des terrages et des rentes ne concernaient pas les métairies du domaine, mais les nombreux tènements aux alentours sur lesquels la seigneurie avait des droits. Les 1235 boisseaux de seigle ont été employés de la manière suivante en 1757 : plusieurs ventes de 1108 boisseaux au total (90 %) au prix moyen de 1 £ 11 sols pour un revenu de 1 707 £, et 127 boisseaux gardés pour la maison et les rentes dues par le château. 

La quantité d’avoine de la récolte 1756 s’est montée à 585 boisseaux, dont 121 boisseaux provenant des métairies et des terrages et 464 boisseaux provenant des rentes. Le régisseur a vendu en 1757 549 boisseaux à 13 £ 14 sols la fourniture (valant 21 boisseaux) pour un total de 357 £ 2 sols. 29 boisseaux ont été consommés et 7 boisseaux ont servi pour « les fausses mesures à déchet ».

La récolte 1756 de froment a été de 180 boisseaux dont 97 boisseaux provenant des métairies et des terrages et 83 boisseaux provenant des rentes. 118 boisseaux ont été vendus en 1757 à différents prix : 225 £ 14 sols au total (prix moyen de vente : 1 £ 18 sols et 3 deniers), 39 boisseaux ont été consommés pour la maison, 4 boisseaux « de griblure perdue au moulin », (résultat du griblage, ordure séparée du bon grain), 19 boisseaux en attente.

Sur les 67 boisseaux de baillarge récoltés en 1756 on en a gardé 11 boisseaux pour la maison, et le reste a été vendu en différentes ventes à un prix moyen de 1 £ 4 sols. Enfin les comptes indiquent la vente de 3 boisseaux de blé noir (ou sarrasin) vendus à un particulier sans indication de prix.
Au total les ventes de blés ont rapporté 2 367 £ en 1757.

Une écriture en mai 1759 indique que les ventes du restant des blés de 1757 et de la récolte de 1758 ont rapporté 2 725 £, réparties ainsi : seigle : 1852 £, froment : 132 £, baillarge : 88 £, avoine : 556 £, blé noir et mil : 75 £, orge : 22 £. 

Grenier à grains
En mai 1760 on a une écriture plus précise sur la gestion des blés de la récolte 1759. Le régisseur a vendu 1246 boisseaux de seigle au prix moyen de 1 £ 15 sols, le reste a été soit « consommé à la maison » (139 boisseaux), soit donné en rentes (22 boisseaux). Cette consommation à la maison est celle des domestiques et autres personnels travaillant pour le château, et des châtelains lors de leurs passages. D’ailleurs on a consommé 53 boisseaux de froment sur les 115 boisseaux au total, ce qui montre la préférence dont bénéficiait le froment pour fabriquer le pain déjà à cette époque. 14 boisseaux de froment sont allés en rentes et 46 boisseaux vendus à 2 £ 8 sols le boisseau.

L’avoine était peu consommée sur place (15 boisseaux), mais constituait toujours une fourniture de rentes à donner (32 boisseaux), le reste (581 boisseaux) étant vendu autour de 16 sols le boisseau.

Et puis il y avait les petites productions, toujours en 1760 : le baillarge ou orge du printemps pour 75 boisseaux vendus en moyenne à 1 £ 11 sols (entre autres nourriture des chiens), le gaboreau ou mélange de céréales pour 34 boisseaux vendus à 1 £ 9 sols et 5 deniers en moyenne le boisseau, le millet pour 12 boisseaux, consommés (9 boisseaux) ou donnés en nature (3 boisseaux), et 14 boisseaux de blé noir ou sarrasin dont 4 boisseaux consommés et le reste vendu (valant 1 £ 5 sols 8 deniers en mars 1789).

Les achats et ventes ponctuelles des céréales et autres plantes donnent des fourchettes de prix intéressantes à noter, mais délicate à analyser en raison des différentes mesures de volumes utilisées à la Rabatelière en fonction de la provenance des lieux de production, principalement celles des Essarts, de Montaigu et de la Jarrie. Et ces mesures sont parfois indiquées mais pas toujours. Ainsi en septembre 1756 on vend du seigle à 26 sols le boisseau (mesure non indiquée) et en novembre 1756 on en vend à 37 sols et 6 deniers le boisseau (mesure des Essarts). En avril 1757 on fait deux ventes de seigle à la mesure de Montaigu, l’une à 21 sols et l’autre à 25 sols le boisseau. En septembre 1785 on peut comparer de manière fiable que le boisseau de seigle, mesure de Montaigu, valait 2 £ 12 s 6 deniers alors que le boisseau de seigle, mesure des Essarts, valait 3 £ 6 sols 8 deniers. Le rapport entre les deux valeurs en argent est le même que celui entre les deux valeurs en poids. Et qui sait si les mesures utilisées dans ces ventes n’étaient pas celles du lieu des ventes plutôt que des lieux de production. Sans tenir compte des mesures de volume en boisseaux, les prix du seigle relevés de juin 1755 à mai 1759 se situent dans une fourchette de 22 sols le boisseau à 26 sols 6 deniers, avec une exception à 37 sols 6 deniers. On voit quand même que la valeur d’un boisseau de seigle a doublé entre 1760 et 1785, alors que les salaires et les autres produits de base de la nourriture ont moins augmenté dans la même période. Il est dommage qu’on ne sache pas, à cause de l’insuffisance des archives, ce qui s’est passé entre ces deux dates. Les historiens nous apprennent qu’au niveau du royaume, après une hausse des prix à partir de 1730, ceux-ci baissèrent après 1775 pour se relever dans les dernières années avant la Révolution (34).

La difficulté d’analyse des prix résultant de l’imprécision sur les unités de mesure utilisées vaut pour les toutes les céréales. Néanmoins on indique un prix du boisseau d’avoine, quelle que soit la mesure, variant de 18 sols à 25 sols de septembre 1755 à novembre 1756. Le froment vaut plus cher : 30 sols le boisseau de froment vieux en octobre 1756, et 29 sols à la mesure de Montaigu en avril 1757. Le baillarge se vend 20 sols le boisseau en 1756 et 1757. Ces valeurs se relèvent au gré des dépenses et des ventes, sans mettre en exergue les fortes variations de prix sur les périodes courtes, contrairement à ce qu’on trouve sur les marchés des villes mieux connus. Peut-être que les prix étaient plus sensibles sur les foires et marchés des villes qu’en campagne. Dans une série de prix pratiqués au château de la Rabatelière sur le boisseau de seigle à la mesure des Essarts on note que sa valeur de 66 sols 8 deniers en janvier 1786 monte à 80 sols en septembre 1786, soit une hausse de 20 % en 8 mois. À la mesure de Montaigu, on note ensuite une baisse maximum de 26 %, de 57 sols en décembre 1786, à 42 sols en décembre 1787. On sait que ces deux séries sont cohérentes en pourcentage, et on peut ainsi constater les variations de + 20 % à – 26 % d’amplitude dans une période de 2 ans, où le prix a presque doublé. Or la notion de marché était assez contrainte, faute d’une circulation suffisante des denrées d’une région à l’autre. Les déséquilibres de l’offre et de la demande n’étaient pas suffisamment régulés par les prix, la variation de ceux-ci ne faisant qu’aggraver les effets de la crise. Dans les campagnes la chaîne qui allait du producteur de blé au consommateur de pain était courte en distance et en nombre d’intermédiaires. Le métayer de la Télachère allait faire moudre son grain chez le meunier, puis sa femme fabriquait le pain et le faisait cuire dans le four de la métairie. Mais dans les villes la spéculation se faisait plus sentir.

Quesnay apôtre de la physiocratie
Les difficultés de communication, les droits seigneuriaux sur les blés dans les marchés locaux, la diversité des poids et mesures, les péages entre provinces, les accaparements des grands propriétaires et marchands, rendaient nécessaire l’intervention du gouvernement dans une police des grains. Le but de cette réglementation était de garantir les pauvres contre la disette, considérant comme un crime la spéculation sur les prix des grains et faisant ressortit la notion de « juste prix ». Les nouveaux économistes du 18e siècle, défendirent au contraire la liberté du commerce comme garante que les prix des grains s’équilibreraient naturellement pour éviter les disettes. En application de cette doctrine le roi avait libéralisé le commerce et les prix des grains en 1763 et 1774. Le résultat fut l’organisation de stocks par les marchands, spéculant à la hausse des prix, et la nouvelle réglementation fut supprimée. La suppression de la police des grains ne suffisait pas à créer un marché réellement libre, cette dernière notion s’avérant théorique dans un royaume ayant trop peu de routes et pour un marché de surplus. Les agriculteurs en effet consommaient d’abord leurs productions et vendaient leurs surplus, venant s’ajouter aux stocks des propriétaires des droits en grains. Dans la contrée on voit Charles Guyet de Saint-Fulgent, en tant que fermier, et le château de la Rabatelière, en tant qu’amasseur de rentes et propriétaire, s’observer dans le commerce des grains. Le premier a été un intervenant important dans le commerce des blés de la contrée, à la mesure de ses nombreuses fermes et propriétés. Sa mauvaise réputation de spéculateur au moment de la disette de la faim en 1789, s’est poursuivie ensuite sur un autre registre, politique à cause de son engagement républicain (35). Le seigneur de la Rabatelière, on le voit, fut un intervenant de petite taille dans le commerce des blés. Mais les ministres du roi, comme Turgot et Necker, restaient imprégnés de la doctrine en vogue des physiocrates, et Louis XVI libéra à nouveau le commerce des grains en juin 1787. Cette libéralisation provoqua, une fois de plus, la hausse des prix du grain et du pain. Le mécontentement populaire qui s’en suivit compte parmi les causes du déclenchement de la Révolution française.

D’autres achats au château de la Rabatelière sont intéressants à connaître pour ce qu’ils révèlent des cultures fourragères pratiquées : 45 sols pour des graines de jarosse en 1760, 18 sols la livre pour des graines de luzerne en 1759, 15 sols la livre pour des graines de trèfles en 1759. La livre de lin d’hiver coûte 38 sols en 1759. Et puis en pays de bocage, avec ses nombreuses haies qu’il faut planter et entretenir, on achète aussi des plants d’aubépine et de charmille (petits charmes) 3 £ le millier en 1759 aussi. En 1786 on a vendu 34 boisseaux de glands à 10 sols le boisseau (36).

La laine
En plus des ventes des blés représentant 2 500 £ environ par an en moyenne sur la période des 3 années 1757, 1759 et 1760, on vendait aussi la laine provenant de la tonsure des brebis des métairies à partage de fruits. Ainsi a-t-on encaissé 46 £ 15 sols en mai 1759 pour des ventes de laine à des particuliers effectuées depuis le début de l’année. En octobre 1755 le régisseur a même vendu au chapelier de Chavagnes 10 livres de vieille laine de matelas à 20 sols la livre. Il était de son milieu, ignorant le gaspillage visiblement. Mais on note avec satisfaction pour le confort de nos aïeux qu’à cette époque les matelas étaient garnis de laine et non de paille.

Les bestiaux
Si les céréales faisaient l’objet d’un commerce particulier à cause essentiellement des redevances seigneuriales, il n’en allait pas de même pour les bestiaux. La plupart des métairies du domaine étaient peuplées de souches de bestiaux appartenant au propriétaire. Cela constituait un de ses investissement, régi par des baux à cheptel de fer conclus généralement à côté du bail de la métairie proprement dit. Et ces baux se pratiquaient tant pour les fermes à prix d’argent que pour les fermes à partage de fruits. Mais dans les fermes à prix d’argent on trouvait, comme à la Racinauzière (Saint-André), les bestiaux loués moyennant une redevance fixe annuelle et la garantie au bailleur de la valeur de la souche, ou bien on partageait les pertes et profits de la souche de bestiaux au terme des baux. En revanche dans les baux à partage de fruits on achetait et vendait les bestiaux d’un commun accord et on se partageait les pertes et profits chaque année. Dans la période observée à la Télachère le propriétaire a toujours bénéficié de gains, représentant 40 % en moyenne des revenus provenant de cette métairie.

Les transactions liées aux partages des fruits à moitié des 4 métairies, et aussi à la vie au château (nourriture et déplacement du personnel, travail du jardinier), nous donnent des prix pratiqués sur les animaux, intéressants à relever. Le bœuf était l’animal valant le plus cher. Dans les années 1757/1760 un jeune bœuf acheté pour l’attelage valait 107 à 117 £. Mais en 1760 on a un prix de 78 £ 12 sols pour un bœuf de 3 ans aussi pour atteler. Une paire de bœuf pour le labour pouvait coûter 310 £. En 1787 une paire de bœufs gras vendus pour la boucherie valait de 460 £ à 560 £. Une vache un peu vieille coûtait 44 £ en 1757 et le double 30 ans plus tard, sans que celait ait une valeur statistique. En revanche une jument pouvait valoir 120 £, pour les déplacements du régisseur ou pour les travaux de traits. Mais en 1787 on relève des prix de 210 £ à 310 £.

Haudeville : 
Marché aux cochons à Challans
(coll. part.)
Le jeune cochon à engraisser valait 18 £ 9 sols en 1760 et 24 £ en 1787. Mi gras il valait 25 £ 12 sols en 1756 ou 27 £ 5 sols en 1763. La principale difficulté pour apprécier le prix du cochon réside dans son poids, jamais donné. On se contentait d’une indication peu précise : « à engraisser », « mi gras », « gras, ou petit gras, ou gras pour saler ». Ce détail est révélateur d’une attitude qu’on retrouve ailleurs : les prix négociés n’avaient pas toujours besoin de mesure précise pour être fixés. Dans la catégorie des cochons gras on trouve des prix allant de 30 £ 12 sols à 40 £ 12 sols pour la période 1756/1763. En 1786/1788 on trouve des prix de 63 £ à 80 £. Les transactions étaient faites soit entre particuliers, soit avec un marchand, soit dans les foires de l’Herbergement, Vendrennes, Montaigu, Bazoges, etc.

Nous avons aussi des prix pour de jeunes animaux vendus pour la consommation ou pour l’élevage. Un veau de lait a été vendu 11 £ en 1760, un autre 15 £ 10 sols le même mois et désigné comme « veau à élever ». En juin 1755 une torre (jeune vache qui n’a point encore porté) a été vendue 33 £ 5 sols, et 93 £ en 1788.

On a enfin relevé le prix des volailles dans les années 1756/1762 : 10 sols pour l’oison et le chapon, 5 sols ou 10 sols 6 deniers pour le poulet. En 1789 un dindon a été vendu 3 £.

Les vins
La vente des vins procurait un autre revenu au château, certes modeste. Les 13 barriques de la récolte de 1754 ont été vendues en mai 1756 à différents prix allant de 10 £ à 15 £ la barrique, soit une moyenne de 11 £ 10 sols la barrique et un montant total de 143 £. La récolte de 1756 a été plus généreuse : 21 barriques sur lie dont 6 vendues en décembre de la même année à 15 £ la barrique à 3 particuliers. Le volume de 2 barriques a servi au « sous-tirage et ouillage », 6 barriques sont restées à la consommation de la maison, et il en restait 7 à cette date, dont 2 « presque gâtées ». En mai 1758 on enregistre dans les comptes l’emploi de 47 barriques sans indiquer leurs années de récolte : 5 consommées, 4 en « soutirage et lie », 24 « en nature » et 14 vendues de 8 £ à 12 £/barrique.
En mai 1759 l’écriture est laconique dans les comptes : « vente de vins vieux (récolte 1757 et 1758) : 206 £ ». Cet âge de « vin vieux » montre des techniques de conservation bien rudimentaires à l’époque. Mais en mai 1760 l’écriture est plus détaillée : 9 barriques consommées, 7 barriques en nature, 14 barriques vendues de 13,5 £ à 15 £ la barrique, soit une moyenne de 14 £ 1 sol 3 deniers la barrique, et un total des ventes de 197 £. Les prix pratiqués en 1786/1788 ne marquent pas d’évolution.

Ces barriques de vin provenaient de la vigne du château entretenue par les métayers des environs au titre d’une obligation dans les baux s’ajoutant au droit de corvée habituel. Elles provenaient aussi des vignes à complant, dont le propriétaire prenait 1/5 de la vendange. En août 1760 on a payé 1 millier de lie (20 sols) pour les barriques. Comme on sait, la lie est une levure qui se met dans le fond de la barrique pour libérer des arômes. En 1788 on a acheté 3 bouteilles d’eau de vie pour soutirer le vin, méthode que les spécialistes apprécieront (37).

Dans les années 1745/1755 on a enregistré dans les comptes un petit commerce de bouteilles de vin au détail. Le régisseur a acheté en 1757 un tierçon (tiers de barrique) de vin d’Anjou à 18 £ et 4 bouteilles de vin de Bordeaux à 1 £ la bouteille. En 1759 il a acheté 18 bouteilles de vin de Bordeaux à 1 £ l’unité. Et il y eut d’autres achats à voir les ventes effectuées par le même régisseur en 1745 pour 12 bouteilles de vin de Jurançon à 25 sols l’unité. En 1755 le régisseur vendit du vin de Champagne (2 bouteilles à 25 sols l’unité), du vin de Jurançon (70 bouteilles à 25 sols l’unité), du vin d’Espagne (13 demi-bouteilles à 12 sols 6 deniers l’unité), du vin rouge (113 bouteilles à 10 sols, 3 sols, 15 sols). Rappelons que le vin ordinaire de consommation courante produit à la Rabatelière valait 2 sols la bouteille en janvier 1759.

Les étangs
Étang de la Rousselière (2019)
Enfin l’exploitation des étangs constituait une autre activité lucrative. L’étang de la Rousselière (Chauché) était exploité par le château de la Rabatelière directement, à côté de la métairie affermée à prix d’argent. Ainsi en 1757 le régisseur vendit en janvier de cette année-là pour 444 £ de poisson en provenant. En mars il paya 40 £ de frais de pêche dans cet étang, « non compris la nourriture des 4 hommes qui ont pêché ». L’année d’avant il avait fallu payer un journalier pour tirer de la terre à la chaussée au prix élevé de 2 £ par jour. Le même répéta ce travail à la chaussée de l’étang de Languiller. La pêche de la Rousselière a rapporté 527 £ en 1787, desquelles on a déduit le coût de 11 jours payés aux pêcheurs de 8 £ 5 sols (15 sols par jour). En février 1764 on paya un journalier pour conduire 200 carpes dans l’étang de la Rousselière. Le mois suivant, du 8 au 13 mars, la pêche dans cet étang coûta 12 jours d’hommes payés à raison de 10 sols la journée, nourris. En février 1769 on paya 12 jours pour 3 personnes à la pêche de la Rousselière à 10 sols par jour ayant été nourris, soit 18 £ ; plus 12 jours à boucher la chaussée de l’étang qui avait été coupée, et à maçonner à raison de 14 sols par jour.

L’étang de Languiller a bénéficié d’un apport de fraies de carpes achetées à l’étang des Noues à Saint-André-Goule-d’Oie, appartenant au seigneur de Linières, et à l’étang de Laliere (non situé). Cet apport a coûté 68 £ payées en mars 1757 à raison de 7 sols la livre. En mai 1758 on vendit du poisson au même prix provenant de l’étang de Languiller. Mais pour cet étang, on dû spécialement payer un garde des pêches à raison de 10 £ à l’année en mai 1758. En mars 1764 le régisseur paya 1 £ 10 sols une journée d’homme avec cheval pour porter des fraies à l’étang de Languiller.

L’étang de la Jarrie était aussi géré directement par le château, pour lequel on paya les frais de pêche en février 1764, et le peuplement en carpes nécessitant un transport sur 2 jours avec 3 chevaux et un homme le mois d’après (coût : 8 £). Et le petit étang du château reçu 3 carpes pesant 6 livres en mai 1761. L’étang de la Jarrie n’était plus exploité directement en 1787, mais affermé pour 60 £ par an.

Cette exploitation des étangs fut l’occasion d’un avantage en nature pour les propriétaires de la Rabatelière. Ainsi en 1764 on expédia à Nantes à Mme de la Clartière et ses deux enfants 12 carpes, 6 perches et 6 brochets, qui accompagnaient aussi 3 livres de fromage. Pour la dépense du cheval et son conducteur, plus l’acquit de Montaigu (droit de péage) le régisseur déboursa 3 £ 15 sols.

Les bois
La vente des arbres, coupés ou sur pieds, constituait un revenu à part. Par exemple en 1758 et 1759 le propriétaire a vendu sur pied des vergnes (aulnes) des haies de la Roche Mauvin (Saint-André), plantés au bord du ruisseau du Vendrenneau, pour un montant total de 162 £. Ce montant représentait 62 % de la ferme annuelle de cette grande métairie de près de 40 hectares. On a une valeur partielle où 14 vergnes ont été vendus 18 £ (38). Un vergne d’une quinzaine de mètres de hauteur valait 4 £ en 1787. Suivant sa taille un chêne valait alors de 12 sols à 8 livres, et même 15 £ pour un beau chêne en bois futaie. Un cerisier a été vendu 4 £ en 1787.

Marteau forestier
Le propriétaire devait d’abord faire une déclaration d’abattage d’arbres auprès de la maîtrise particulière des Eaux et Forêts de Fontenay-le-Comte. Saisie, l’administration du port de Rochefort, où on construisait des navires, décidait de faire visiter les arbres à abattre par un ingénieur officier de la marine. Celui-ci faisait marteler les arbres qu’il choisissait pour la construction des vaisseaux de la marine du roi. Ce marquage (portant pour emprunte une fleur de lys traversée d’une ancre) obligeait le marchand qui obtenait le marché des bois à abattre, à livrer les arbres au prix convenu avec la marine, et suivant un devis de transport fixé par l’administration. On livrait les troncs d’arbres par charrettes généralement à un dépôt situé à la Chaize-le-Vicomte, d’où ils étaient conduits à Luçon ou au Port-la-Claye pour être chargés sur le canal de Luçon jusqu’à la mer. De là ils étaient convoyés à Rochefort « par mer sur des gabarres, des barques ou d’autres bâtiments » (39). 

Les lods et ventes
Ces droits seigneuriaux étaient dus par l’acquéreur d’un bien roturier au seigneur dont le bien dépendait. Ces droits étaient de 1/6 de la valeur de la transaction, comme on le voit pour Jean Fonteneau de la Porcelière à la date du 2 février 1787 (40). Ils apparaissent dans les comptes tenus par le châtelain de septembre 1785 à mars 1789. En 1786 les montants ont varié de 6 £ à 200 £, en fonction de la valeur du bien acquis. Au total pour cette année-là le châtelain a perçu un montant de 292 £ 8 sols 6 deniers. En 1787 il a perçu 1 003 £ 2 sols 9 deniers, dont 69 % de ce montant résulte de 4 transactions et le reste de 10 transactions. Et en 1788, 6 transactions ont rapporté 1175 £ 12 sols 6 deniers au total.

Les profits de la seigneurie de la Rabatelière


Ils résultaient des différences positives entre les recettes et les mises (dépenses), sans tenir compte d’autres notions comptables comme les provisions, les amortissements et les stocks. Au final que rapportait cette importante possession des seigneuries de la Rabatelière et ses nombreuses métairies associées ? Sauf exceptions le représentant des propriétaires en indivision clôturait les comptes chaque année en mai/juin. Il rapprochait les recettes et les dépenses enregistrées depuis l’arrêté précédent et le solde positif constituait le profit de la seigneurie. Les valeurs obtenues chaque année ne peuvent être comparées que grossièrement entre elles, faute d’année comptable comme nous l’entendons aujourd’hui. Moyennant quoi les récoltes vendues entre deux arrêtés de comptes ne comprenaient pas strictement une année déterminée de récolte à chaque fois, sans parler des retards de paiement parfois des métayers, ou des mémoires (factures) des artisans se rapportant à des périodes de plusieurs mois à échéances parfois variables. Le choix du mois de mai pour arrêter les comptes est lié au terme des baux et de leurs fermes, systématiquement fixés à la Saint-Georges dans la contrée (23 avril). De plus la route de la Rabatelière à Nantes était mieux praticable à la fin du printemps, soit que le régisseur, soit que le représentant des propriétaires, se déplaçait à cette occasion à Nantes ou à la Rabatelière.

En additionnant ces arrêtés de comptes de 1756 à 1767, on a une somme totale perçue par les propriétaires de 73 730 £ pour ces 12 années, sans les droits de lods et ventes mais avec des droits de rachats. Cela fait une moyenne annuelle de 6 394 £ en bénéfice net (après charges et impôts exceptionnels). Le retour sur investissement qu’il représente nous est inconnu, mais apparemment faible, surtout pour l’époque. La Rabatelière a été achetée 150 000 £ en 1725, mais il n’est pas sûr que ce montant ait suffit à désintéresser tous ses créanciers inscrits au moment de la transaction. Et il a fallu restaurer des bâtiments ensuite. En 1729 s’est ajouté l’achat de la Jarrie et la Raslière, de la Jaunière, du Chaigneau (Bourg-sous-la-Roche), de Montorgueil (Champ-Saint-Père), et deux métairies à Champ-Saint-Père et Saint-André-d’Ornay, pour 114 600 £. Il y eu d’autres achats, dont la Chapelle de Chauché en 1729 pour 27 000 £. Pour Languiller et ses fiefs annexes en 1745, l’acquéreur paya 27 000 £ au moment de son achat, plus une rente foncière de 3 600 £ par an (41), qu’il payait toujours en 1788, et dont il déduisait alors 396 £ pour les impôts royaux du 10e et 2 sols pour livres (42). Ces chiffres sont à rapprocher de la ferme de Languiller qui ne rapportait que 4 000 livres au seigneur de la Rabatelière à la veille de la Révolution, avec 5 métairies représentant 55 % de la ferme et des redevances féodales et seigneuriales en représentant 45 %. Peut-être est-ce ce faible rendement qui poussa le châtelain à vendre le bois Pothé dans les appartenances de Languiller, situé à Saint-André près du Clouin. La vente lui rapporta 7 300 £ en 1787 (43).

Parrot : Quais de la Loire à Nantes (1864)
Musée Dobrée (Nantes)
Comparé aux énormes profits réalisés par la famille au tournant des 17e et 18e siècles dans le négoce maritime du port de Nantes, l’investissement foncier à la Rabatelière et seigneuries annexes fut d’un rapport bien faible. On sait que l’ascension sociale des Montaudouin avait commencé à Nantes avec René Ier Montaudouin (1641-1691), qui, petit-fils d’un cordonnier venu de Paris, s’était lancé dans le commerce et l’armement de bateaux, et épousé une femme riche et entreprenante, Isabelle Bureau. René II Montaudouin avait dans la suite hissé son armement à la tête des plus importants dans le port de Nantes (44). Sa fortune dût beaucoup à la traite des êtres humains (capturés en Afrique et vendus aux Antilles), et à l’armement corsaire. Après avoir été juge consulaire et échevin de Nantes (1709-1711), il acheta une charge de conseiller secrétaire du roi maison couronne de France et de ses finances près le parlement de Bretagne, permettant d’être anobli. Mais pour accompagner son accession dans l’ordre de la noblesse (écuyer) il lui fallait posséder des fiefs nobles. Contrairement à d’autres de ses frères qui continuèrent dans le commerce et l’armement, il se dégagea de ses activités de négociant pour vivre noblement, c’est à dire gérer ses patrimoines fonciers avec des régisseurs. Ce fut désormais la vocation des Montaudouin de la branche de la Clartière, à la Rabatelière. Cette dernière seigneurie possédait une valeur d’un autre ordre et éminente à cause de ses origines, remontant au temps des croisades où son lointain prédécesseur, en guise de récompense, avait reçu le fief de la Rabatelière des templiers de Jérusalem. Dans les valeurs dominantes et officielles de l’époque, l’appartenance à la noblesse et au métier des armes dans le service du roi était supérieure aux activités industrielles, commerciales et financières lucratives. L’honneur passait avant l’argent, et cette hiérarchie des valeurs, solidifiée dans l’enseignement de l’Église catholique, a marqué une grande partie des élites de l’Ancien Régime. Elle a constitué ensuite un terreau favorable aux idées socialistes nées au 19e siècle.  

Conclusion


On trouve d’autres valeurs et prix dans l’article publié sur ce site en avril 2017 : La confrérie de la Charité de Chauché (1685-1788). Les chiffres cités complètent ceux qu’on trouve dans le présent article.

Dans la contrée, ce château de la Rabatelière comptait parmi les plus importants par son poids économique en ce milieu du 18e siècle, plus que Linières à Saint-André, que Saint-Fulgent et même que la baronnie des Essarts. Et pourtant nous sommes loin de ces grandes seigneuries provinciales qui ont influencé fortement leur milieu, au regard du nombre peu élevé d’officiers seigneuriaux à la Rabatelière. Son château a marqué son milieu et il s’est laissé marquer par lui, nous semble-t-il. Mais les livres de comptes ne nous livrent que des faits. Pour évoquer ce qu’ils révèlent on s’épargnera les notions de confort dans la « famille » du château, ou de subordination au « maître ». Ce sont des idées modernes nous permettant de mesurer la distance parcourue en deux siècles dans les rapports sociaux, avec le parti pris de nos propres choix. Mais elles ne nous aident pas à comprendre les mœurs de cette société d’alors. Et ce n’est pas des livres comptables qui vont nous aider à le faire, les lettres du chartrier non plus. Celles-ci sont pour l’essentiel écrites par des notaires, des avocats, des fondés de pouvoir et des propriétaires. Les sujets abordés sont techniques avec une connotation juridique et ne contiennent que très peu de confidences personnelles. Il nous faudrait des contenus plus privés, ou mieux un journal personnel, pour connaître les attitudes, les choix de valeur et cerner des comportements, nous permettant de comprendre les mœurs de la société de l’époque dans la contrée. Et encore son auteur ferait immanquablement partie du milieu favorisé de ceux qui savaient écrire.

On connaît dans cette optique les analyses faites par l’historien Le Roy-Ladurie à partir des récits de Rétif de la Bretonne pour le 18e siècle en Bourgogne (45). La Révolution Française de la fin du 18e siècle nous a assez montré la diversité régnant parmi « les peuples » du roi de France, et la transposition de l’état d’esprit de la Bourgogne en Bas-Poitou exige des précautions.  Plus près de nous, le journal inédit de Dangirard, « le pape des protestants de la Rochelle », 1781, publié en 2015 par Alain Gérard, est intéressant à consulter pour pénétrer dans la mentalité de l’époque en Bas-Poitou, plus précisément dans les environs de Saint-Maurice-le-Girard (46). La publication des mémoires d’un enfant de Mouilleron-Saint-Germain, une commune voisine, portant sur la période des années 1940 à 1960, nous montre la similitude des situations entre cette contrées du bocage vendéen et celle de la Rabatelière, distante de 50 kms (47). Cette similitude devait probablement être la même deux siècles plus tôt. Dans cette approche il ne faut pas confondre le statut social des personnes et les relations humaines entre elles. Quand on se souvient de la longue résistance à admettre le droit de vote aux domestiques au cours du 19e siècle dans les échelons éduqués des milieux conservateurs, la générosité à leur égard de certains riches, ne se situent pas sur le même plan.


(1) Domestiques du château de la Rabatelière, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 58-7.
(2) Partage de succession Montaudouin arrêté le 29 octobre 1779, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 64.
(3) Visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/A 13-1.
(4) Papier d’insinuation des Robretières, Chavagnes et autres lieux (1727 à 1730), Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F L supp la Robretière.
(5) Les Bruneau, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 63.
(6) Livre des recettes et mises pour Mme la douairière (1736-1749), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 2.
(7) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, ibidem : 150 J/K 6.
(8) Journal de Vaugiraud du 24 juin 1624, Archives d’Amblard de Guerry, classeur des Prix et mesures.
(9) Livre des comptes de la Rabatelière de septembre 1785 à avril 1786, page 11, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(10) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et autres, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, page 48, 97 et 120.
(11) Beauchet-Filleau et de Chergé, Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, Poitiers 2e édition, 1895, tome 2, page 47.
(12) Aveu du 6-3-1761 du château de la Rabatelière à la commanderie de Launay, Archives de la Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E 38, page 7.
(13) Notice de l’abbé Drochon sur le Bois-Chappeleau en introduction du Journal de messire Paul de Vendée, 1880, Archives de Vendée : BIB 6471. 
(14) Arrentement du 26-4-1764 de 400 £ au profit de la Charité de la Rabatelière, Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/3.
(15) Livre des comptes de la Rabatelière de septembre 1785 à février 1789, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55, pages 11, 25, 27, 29, 30 et 31.
(16) Idem (12), page 2.
(17) Aveu du 19-12-1607 pour le Puytireau, Rabaudière et Clos Mallet, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 37. Sur les repas vairauts, voir : Marcel Faucheux et Gilles de Meaupou, Un ancien droit féodal perçu en Bas-Poitou : le repas vairau, Revue du Bas-Poitou, 1959, pages 90 à 101.
(18) Reconnaissance du 13-4-1753 de la rente de 352 boisseaux d’avoine due par Puytesson à Languiller, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/E 40.
(19) Livre des comptes de la Rabatelière de 1786 à 1787 page 31 et de 1787 à 1789 page 30, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(20) J. Gallet, Seigneurs et paysans en France 1600-1793, Éditions Ouest-France, 1999, page 135.
(21) Idem (19), page 15.
(22) Guy Cabourdin et Georges Viard, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, 3e édition, Armand Colin, 1998, Archives de Vendée : BIB 1200 (J 8), article sur la pêche.
(23) Idem (12) page 2. Et Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1136, aveu des Essarts du 13-5-1677, page 2.
(24) Inventaire après-décès de Louis Corbier de Beauvais du 8 au 13 février 1762, Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/3.
(25) Remontrance en forme de plainte que Mme de La Rabastelière adresse à Monsieur Rouhet, chef du conseil de la maison de La Trémoïlle, P. Marchegay : Les recherches historiques, canton de Saint-Fulgent, Annuaire de la Société d'Émulation de la Vendée 1864 (vue 87 sur le site des Archives de Vendée).
(26) Léon Dubreuil, L’industrie du sel dans l’Ouest de la France, Revue du Bas-Poitou, 1906, pages 168 à 178.
(27) Rabatelière, administration et prix de produits de base, Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 58-8.
(28) Livres des comptes de la Rabatelière de 177 à 1789 page 28, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55;
(29) Contrat d'appentissage de munuisier du 4-5-1732, Archives de Vendée, notaires de Montaigu, étude (A) Devau, vue 44 et s.
(30) Journal de Vaugiraud du 24 juin 1624 et journal de Paul de Vendée, Archives d’Amblard de Guerry, classeur des Prix et mesures.
(31) Laurent Vissière, Louis II de la Trémoïlle (1460-1525), Paris, Honoré Champion Éditeur, 2008, Archives de Vendée : BIB B 3860, page 405.
(33) Ordonnance de l’évêque de Luçon en 1526 sur les fêtes chômées, Archives de Luçon, Chroniques paroissiales, 3e série, Arch. dép. Vendée, mélanges 4 num 503 229, vue 1/7 et s.
(34) J. Gallet, Seigneurs et paysans en France, (1600-1793), Éditions Ouest-France, 1999, page 225.
(35) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 64, les Montaudouin, lettres de Frappier à Thomas René Montaudouin des 21 février et 21 mars 1791.
(36) Livre des comptes de la Rabatelière de 1786 à 1787 page 26, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(37) Idem (28).
(38) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, ibidem : K 6, pages 76 et 94.
(39) Martelage du 13-3-1788 d’arbres situés à Linières, Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts de Fontenay : B 1464.
(40) Livre des comptes de la Rabatelière de 1787 à 1789 page 5, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(41) Note no 64 sur Languiller à Chauché, Archives d’Amblard de Guerry : CH 3.
(42) Livre des comptes de la Rabatelière de 1787 à 1789 page 27, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(43) Livre des comptes de la Rabatelière de 1786 à 1787 page 17, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(44) A. Perret, René Montaudouin, armateur et négrier nantais (1673-1731), Nantes 1949, brochure aux Archives départementales de Loire Atlantique.
(45) E. Leroy-Ladurie, Du social au mental : l’ethnographie à la Rétif dans « Histoire des paysans français de la peste noire à la Révolution française », P U F, 2002, page 551.
(46) Alain Gérard, La vie quotidienne en Vendée avant la Révolution, Journal inédit de Dangirard, le pape des protestants de la Rochelle, 1781, Édition du C.V.R.H. 2015.
(47) Jean Boudaud, En Vendée, Les chemin de la Rechinière, auto-édition, 2022.


Emmanuel François, tous droits réservés
Juillet 2020, complété en décembre 2023

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