vendredi 1 juin 2012

Maires de Saint-André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869)

La première pratique du suffrage universel masculin en 1848


Le premier maire élu au suffrage universel à Saint-André-Goule-d’Oie est Augustin Charpentier.

Henri Philippoteaux :
Lamartine devant l'hôtel de ville (1848)
Après la Révolution de février 1848 qui amena la IIe République au pouvoir, le décret du 3 juillet 1848 conserve la nomination des maires par le pouvoir exécutif dans les chefs-lieux de canton et les communes de plus de 6 000 habitants. Pour les petites communes comme Saint-André-Goule-d’Oie, le maire est désormais élu par les conseillers municipaux. Augustin Charpentier fut élu le 6 août 1848 et il rédigea son premier acte d’état-civil le 11 septembre 1848.

À noter qu’après la Révolution de 1848, le chef-lieu d’arrondissement change de nom à nouveau : Bourbon-Vendée laisse la place à la Roche-sur-Yon pour peu de temps, avant de redevenir Napoléon-Vendée. Il faudra attendre la IIIe République pour que cette ville retrouve son nom d'origine : la Roche-sur-Yon.

Augustin Charpentier au-dessus des partis ?


A. Charpentier est propriétaire au village du Clouin et est âgé de 40 ans au moment de son élection. C’est le frère de Louis (47 ans), nommé adjoint en 1832. Les deux frères avaient été rançonnés par les conscrits dans le mouvement de « chouannerie » de 1832. Ainsi, dans son rapport au gouvernement, le Préfet de Vendée, Paulze d’Ivoy, écrit sur les évènements à Saint-André-Goule-d’Oie : « Le 11 octobre 1832 les frères Charpentier, dans la même commune, dont l’un comme adjoint était suspect de patriotisme, sont assaillis par des hommes armés qui, au nom d’Henri V (prétendant légitimiste au trône de France), le mettent à contribution pour une somme de 77Fr. Pour la compléter, la femme de l’un d’eux est obligée de courir chez un voisin qui lui prête 12 Fr. »

Augustin Charpentier avait été désigné secrétaire lors de l’assemblée des électeurs du conseil municipal du 25 mars 1832 à Saint-André-Goule-d’Oie, où le nouveau maire, Pierre Bordron, avait été élu, représentant le parti favorable au nouveau pouvoir orléaniste. Autant pour le maire, on peut déduire de l’évènement ses opinions politiques, autant pour A. Charpentier et pour son frère, qui entra au conseil municipal, il faut rester prudent en l’absence d’autres documents. Même si des jeunes excités, défenseurs des Bourbons de la branche aînée, sont allés les rançonner, l’indice peut être trompeur. On connaît en effet le réflexe trop simpliste de certains militants politiques : « qui n’est pas avec moi est contre moi ». Il est néanmoins révélateur qu’une fracture politique existait à Saint-André à cette époque entre les partisans des deux branches royalistes : les légitimistes et les orléanistes. Les premiers comprenaient les Cougnon du Coudray, et les second  les Charpentiers du Clouin, au moins de réputation. Il est vrai que leur participation aux élections de 1832 constitue un indice sérieux de leur opinion politique favorable aux Orléanistes. Ces derniers étaient favorables aux réformes de 1789 et rejetaient l’évolution que prit ensuite la Révolution.

Une famille respectée du Clouin


Le Clouin
Augustin Charpentier (1808-1869)  était le fils de Louis Charpentier (1761-1815) et de Marie Bouffard. Son père avait été membre de la première municipalité de Saint-André en 1790. Celui-ci s’était marié une première fois avec Marie Papin en 1791, puis avec Jeanne Giraudeau en 1798. Celle-ci mourut en 1801, quelques mois après avoir mis au monde son fils Louis. Son père s’était remarié une troisième fois en 1803 avec Marie Bouffard. Le fils de des derniers, Augustin, est né 2 octobre 1808 au Clouin. Il perdit son père à l’âge de 7 ans. Son demi-frère aîné, Louis, alors âgé de 15 ans, aida sa belle-mère à continuer l’exploitation de leur propriété.

Augustin s’était marié en 1830 avec Angélique Chatry de la Bourolière, où son père était cultivateur. Ils eurent au moins huit enfants. Il était aussi beau-frère par sa femme d’Augustin Rondeau, marchand au bourg de Saint-Fulgent, de Charles Chatry, boulanger à Saint-Fulgent et de Jean Chatry, tisserand au bourg de Saint-André.

Chanoine Constant Charpentier

Son frère Louis, demeurant aussi au village du Clouin, était marchand de bois et cultivateur. Il s’était marié à Constance Guilbaud, avec qui il eut neuf enfants, cinq garçons et quatre filles. Parmi ces derniers il y eut Alexis, qui fut secrétaire du conseil de fabrique de l’église de Saint-André-Goule-d’Oie, puis son président à partir de 1882 (1). Il s'est marié avec Jeanne Guilmineau. Son fils, Constant Charpentier (1872-1957), ordonné prêtre en 1897, eut une position remarquée dans le diocèse de Luçon : secrétaire des Œuvres diocésaines en 1908 et directeur du secrétariat social de la Vendée en 1922. La modernité et l’importance de son action apostolique en font un des acteurs qui a compté dans le développement de la Vendée au cours du 20e siècle (2).

Deux des frères d’Alexis Charpentier furent prêtres, répertoriés avec leur neveu dans le Dictionnaire des Vendéens, accessible sur le site des Archives de Vendée : Jean Louis Charpentier et Ferdinand Charpentier. Le premier a été archiprêtre de Luçon et le dernier mérite une mention particulière en raison de ses activités d’écrivain. Enfin une sœur d’Alexis Charpentier, épousa Jean Baptiste Fonteneau, et leur fils, Gustave Fonteneau (1865-1925) fut prêtre et curé au Bourg-sous-la-Roche. Voir notre article publié sur ce site en septembre 2018 : Le Clouin à Saint-André-Goule-d’Oie.

Un homme de progrès


Augustin Charpentier, avec son adjoint Chaigneau, a été membre du conseil d’administration du comice agricole de Saint-Fulgent en 1866.

Il a été aussi membre de la Société d’Émulation de la Vendée, qui à cette époque faisait la promotion des activités agricoles pour développer les progrès techniques, tout en faisant une large place à la recherche historique dans ses activités (3). Son frère Louis aurait été le premier à Saint-André à posséder un cabriolet, écrira plus tard le fils Ferdinand dans son livre sur l’Histoire de la commune (page 13). On en a vu un en 1835 au logis du Bourg chez Léon de Tinguy, mais qu’importe, l’information révèle une réputation d'aisance, de progrès et d’initiative dans cette famille.

Nous avons une preuve concrète de son modernisme, relevé dans une revue spécialisée éditée en 1852, et accessible sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France (Gallica.fr). On lit à propos d’une des premières machines à vapeur pour moissonner, l’extrait suivant : « Lorsque la paille n'est pas très longue, que le sciage a eu lieu à mi-hauteur de chaume et que les épis sont bien remplis, cette machine peut battre dans une journée de travail de dix heures, de 150 à 200 hectolitres de froment. Le 24 août 1850, une machine à vapeur appartenant à M. Andureau, à Chauché, et construite par MM. Renaud et Lotz, a battu chez M. Charpentier, propriétaire et maire de la commune de Saint-André-Goule-d'Oie (Vendée), durant l'espace de neuf heures de travail, 200 hectolitres de froment. 

Le 17 du même mois, la même machine avait battu dans la même commune, chez M. Bousseau, 200 hectolitres, dans le délai de sept heures. M. Bossu, propriétaire et habitant la commune de Chauché, près Saint-Fulgent (Vendée), certifie qu'une machine à battre à vapeur sortie de l'usine de MM. Renaud et Lotz, a battu 350 hectolitres de froment en quatorze heures de travail. Le nombre de personnes nécessaires pour desservir ces nouvelles machines à battre est de dix. Un homme coupe les liens, un second place les gerbes sur le tablier de la machine à battre, deux alimentent le batteur, deux apportent les gerbes près de la machine, deux enlèvent les grains qui tombent à terre, enfin deux autres secouent et enlèvent les pailles. » (4) 

Il est intéressant de faire un lien entre ce maire, progressiste dans sa vie professionnelle, d’opinion libérale (au sens de favorable à 1789) lors des élections politiques, et sa vie familiale, une vraie « fabrique à curés ». C’est ainsi que s’exprimeraient sur ce dernier point mains observateurs d’opinion républicaine quelques temps plus tard, les républicains ayant orienté l’opinion libérale en reprenant les luttes anti-religieuses de 1792. La plupart des Vendéens, à cause de leur histoire singulière et pour rester eux-mêmes, n’ont pas suivi ce militantisme laïque d'alors. Ce n’était pas nécessaire pour rester progressistes dans leur vie professionnelle et sociale, comme le montrent la capacité de beaucoup d'entre eux à s'adapter à l'évolution économique depuis le début du 20e siècle, et leur dynamisme des dernières décennies pour créer de nouvelles activités. Ce faisant les Vendéens sont restés dans la même Histoire que celle de la plupart des pays européens.  

La construction des routes


Joseph Vernet : La construction d’un grand chemin

La grande affaire d'A. Charpentier sous son mandat de maire a été la construction des routes passant sur le territoire de la commune. Il a d’ailleurs fait partie, un temps, du jury cantonal d’expropriation publique, dont le principal travail consistait à évaluer les dédommagements dus aux propriétaires chez lesquels on construisait ces routes.




Grâce aux comptes rendus du Conseil général, mises à dispositions par les Archives de la Vendée sur internet, on peut reconstituer l’histoire de la construction des routes de la région au XIXe siècle.

Sous Napoléon, l’ancienne route royale de Saint-Malo à Bordeaux, devenue la route impériale No 137, avait été empierrée dans sa partie vendéenne entre Nantes et la Rochelle. Une impulsion nouvelle à la construction des routes fut donnée par la loi du 21 mai 1836. Une administration nouvelle fut mise en place pour s’occuper des chemins vicinaux sous l’autorité des préfets, les agents voyers. Ils dépendaient ainsi du ministère de l’intérieur, alors que l’administration des Ponts-et-Chaussées, dépendant du ministère des travaux publics, s’occupait de la grande voirie, de la navigation intérieure et maritime.

La loi de 1836 avait rendu obligatoire la prestation en nature créée le 4 thermidor an X (23-7-1802), pour remplacer les corvées de l’Ancien Régime destinées à l’entretien des routes. Chaque contribuable devait trois journées de prestations à la contribution vicinale des voies publiques (entretien, réparation, élargissement, redressement et construction). On pouvait s’en exonérer par le paiement en équivalent d’impôt selon un tarif fixé par le préfet. Dans la période qui nous occupe ce tarif était de 0,70 F/jour. Ce régime s’accordait parfaitement avec la saisonnalité des travaux des champs. C’est le préfet, avec les agents-voyers, qui décidait des travaux bénéficiant de cette prestation. Ainsi on a vu le conseil municipal de Saint-André protester énergiquement en 1869 contre la décision de consacrer une journée de travail des contribuables de la commune sur la voie Saint-Fulgent à Bazoges-en-Paillers, située hors de la commune. À cette prestation s’ajoutaient des centimes additionnels aux quatre contributions directes, votés par la commune. De plus, l’État votait des lois spéciales de création des routes, dotées d’un budget réparti entre les départements, mais utilisable à condition que les collectivités locales fassent elles-mêmes un effort.

Il a existé aussi des routes stratégiques créées en 1833 par l’État dans les départements de l’Ouest, afin d’acheminer rapidement des troupes, tenant compte des derniers soulèvements « chouans » de 1832. En 1862 elles furent reclassées en routes impériales et routes départementales.

La loi du 21 mai 1836 avait créé la voirie vicinale, avec deux catégories :
  • la voirie non classée, dont la construction et l’entretien était entièrement à la charge des communes. Plus tard, des subventions départementales furent décidées pour les aider à les développer.
  • Les chemins vicinaux gérés avec les subventions du conseil général du département, placés sous l’autorité du préfet et classés en deux catégories :
                  -        Les chemins de grande communication. Il en existait 36 en Vendée, classés en 1836 et 1842, pour une longueur de 966 kms. Fin 1848, il ne restait que 77 kms de chemins à adjuger à la construction de ces 36 routes.
                 -        Les chemins vicinaux ordinaires.

Un décret du 22 septembre 1848 prévoyait 6 millions de francs mis à la disposition des départements pour la construction et l’entretien des chemins vicinaux, ainsi que la possibilité d’emprunter. La Vendée va alors prévoir un plan ambitieux de création de 1583 kms nouveaux de chemins de grande communication, soit presque le doublement de toutes les routes existantes alors dans le département. Il était prévu que le programme s’étalerait sur une quinzaine d’années. C’est en 1848 que fut décidé de classer deux voies en chemins de grande communication, intéressant Saint-André-Goule-d’Oie, son conseil municipal ayant donné un avis favorable :

       Le chemin No 37 : la Roche-sur-Yon/Beaupréau (comprenant la section de Chauché à Saint-Fulgent). Selon le préfet, « l’ouverture de ce chemin mettra les communes traversées en rapport direct avec la ville chef-lieu du département, et ensuite avec les foires de Montfaucon et Montrevault » Ce chemin est ouvert sur une largeur de 8 m avec une chaussée de 3 m. Il repose sur un sol schisteux ou granitique. En 1850, il reste à construire 32 kms sur un total de 41,8 kms, mais déjà cette année-là on adjuge les travaux d’empierrement pour la partie comprise entre la Boninière (Saint-André) et Saint-Fulgent. En 1852 la partie entre la Brallière (près de Boulogne) et la Boninière est en cours de construction. Le pont de la Boninière est construit, ainsi que 1113 m de longueur de chemin, en arrivant à Saint-Fulgent. En 1858, 12 kms sont en cours de construction et seulement 5 kms restent à adjuger. La construction de la partie entre la Roche-sur-Yon et Saint-Fulgent est achevée.

Gustave Courbet : Les casseurs de pierres
Le chemin No 103 : Les Essarts/Saint-Fulgent (passant par le bourg de Saint-André). Au moment de son classement le préfet indique son intérêt « pour faciliter l’accès aux foires des Essarts et pour sortir de l’isolement complet dans lequel se trouve la commune de Saint-André-Goule-d’Oie. » Le conseil général « classe comme chemin de grande communication, sous le No 103, le chemin des Essarts à Saint-Fulgent, en appelant à concourir à sa construction, les communes des Essarts, Chauché, Saint-André-Goule-d’Oie et Saint-Fulgent. » Le chemin est large de 8 m avec une chaussée de 3 m, reposant sur un sol schisteux ou granitique. En 1850 il reste à construire 7 kms sur un total de 9 kms, mais 1,1 km de voie est en construction cette année-là, entre Saint-André-Goule-d’Oie et Saint-Fulgent. En 1852, l’agent voyer indique dans son rapport au conseil général de Vendée : « Des Essarts à Saint-André-Goule-d’Oie, le chemin est à l’état de sol naturel, excepté la traverse des Essarts qui est construite. De Saint-André-Goule-d’Oie à la route nationale no 137, des portions ayant ensemble environ 2000 m de longueur sont construites et à l’état d’entretien ; le surplus est adjugé : le pont Boutin faisant partie de cette adjudication, est édifié. » En 1858 il reste encore 4 kms en l’état de sol naturel et 1,6 kms de voie est en cours de construction, mais la route est terminée en 1860.

Outre la dotation de l’État, les ressources provenaient des impôts spéciaux du département et des communes concernées, autorisés par les lois de 1846 et 1849. Les collectivités locales n’avaient pas d’autonomie budgétaire véritable, une loi devait au préalable décider de la faculté d’augmenter les impôts locaux dans des limites précises de montant, d’objet et de durée. Une nouvelle loi du 25 avril 1855 autorisa en complément l’imposition extraordinaire de 12 centimes additionnels aux quatre impositions pour la construction des chemins vicinaux de grande communication.

La Vendée poussa cette imposition à son maximum de 12 centimes, les élus étant convaincus de l’importance de ces travaux pour favoriser l’approvisionnement des agriculteurs en engrais et les débouchés des produits agricoles, le bétail notamment. Les élus vendéens semblent avoir de tout temps un gêne des routes dans leur "ADN". En 1868 une nouvelle loi vient accélérer l’achèvement des constructions des chemins vicinaux en augmentant les impôts prévus à cet effet. Les communes ont à choisir entre une quatrième journée de prestation en nature ou 3 centimes additionnels.

Au 1e janvier 1867, les chemins de grande communication totalisent 2641 kms en Vendée, car la liste s’est augmentée depuis le plan de 1848. Sur ce total, 8 % de longueur reste à terminer.

Leur entretien, assuré par 452 cantonniers au total dans la Vendée (en 1867), est partagé entre les communes et le département. L’agent voyer indique en 1867, pour la route No 37 « de Boulogne à Saint-Fulgent il existe quelques parties molles ; des bourbes ont surgi sur les accotements au village de la Chapelle » (Chauché). Pour la route No 103 il indique « un bon état de la chaussée et des travaux d’art. Les matériaux employés à l’entretien sont des quartz, grès et cailloux de bonne qualité. » En 1867 les sommes consacrées par la commune de Saint-André-Goule-d’Oie à ces deux routes étaient de 368 F. pour la route No 37 (dont 85 % sous forme de prestation en nature) et de 1156 F pour la route No 106 (dont 24 % sous forme de prestation en nature et 72 % sous forme de prestations rachetées).

Première borne
En 1862, le département de la Vendée décide de la pose de poteaux indicateurs à l’embranchement des routes et chemins vicinaux. L’entreprise Cotton frères, de la Rochelle, les réalisera et ils seront implantés de 1862 à 1864.

Cette même année 1862 on créa une nouvelle catégorie de chemins vicinaux : les chemins d’intérêts communs. Les chemins vicinaux ordinaires classés dans cette catégorie pourraient ainsi profiter de la subvention d’État de 25 millions de F. répartie entre les départements par une loi de 1861. Cette catégorie fut supprimée en 1875. La plupart des routes concernées reviendront alors dans la catégorie des chemins vicinaux ordinaires. Le conseil général du département classa 1013 kms de chemins vicinaux ordinaires en 40 chemins d’intérêt commun, pour en accélérer la construction. Sur ces 1013 kms, seulement 381 kms étaient déjà construits. Trois chemins entrent dans cette catégorie, concernant Saint-André-Goule-d’Oie :

       Le chemin No 5 l’Oie/Saint-Denis-la-Chevasse. D’une longueur de 22,2 kms, seulement 8,4 kms étaient construits en 1867. Il était attendu pour renforcer le rayonnement des foires de l’Oie.

       Le chemin no 6 Saint-André-Goule-d’Oie/Vendrennes. Il fait 5,8 kms de long et seulement 1,5 km sont construits au 1e janvier 1863, à l’approche de Vendrennes. En 1867, on a construit 200 m seulement en plus.
       Le chemin no 12 Les Brouzils/Saint-Fulgent. Il fait 12 kms de long et seulement 1,8 kms sont en cours de construction au 1e janvier 1862. La commune de la Rabatelière s’est vue bénéficier d’une subvention d’État de 3000 F pour ce chemin en 1863. M. de La Poëze, y habitant et étant député et chambellan de l’empereur, est sans doute à l’origine de cette faveur. En 1867 le chemin est construit sur la partie traversant le territoire de Saint-André-Goule-d’Oie, entre Saint-Fulgent et la Rabatelière, sauf 1500 m avant de traverser la Petite Maine.

Saint-André-Goule-d’Oie avait obtenu le classement en chemin vicinal ordinaire de trois voies. Le chemin No 2 de Saint-André à Chauché, classé en 1840, a été construit le premier, sans poser de difficultés semble-t-il. Il n’en a pas été de même des deux autres.

Le chemin No 1 de Saint-André à Chavagnes a donné beaucoup de soucis, faute de subvention départementale suffisante.

Le chemin de Saint-André-Goule-d’Oie à Vendrennes a été classé en chemin d’intérêt commun, de 1862 à 1875, pour obtenir des subventions, mais sans succès.

Dans le même temps, la construction des chemins de fer en Vendée devenait d’actualité. Une loi du 19 juin 1857 avait concédé la ligne Nantes/la Roche-sur-Yon à la Compagnie d’Orléans, déjà concessionnaire de la ligne Paris/Nantes. Elle avait l’obligation de terminer les travaux pour le 19 juin 1865, mais à cause de retards, la ligne sera mise en service en 1867.

Une autre loi du 2 juillet 1861 autorisa la mise en concession de trois autres lignes concernant la Vendée : la Roche-sur-Yon/la Rochelle, la Roche-sur-Yon/les Sables-d’Olonne, la Roche-sur-Yon/ligne Angers/Niort.

La ligne de la Roche-sur-Yon/les Sables-d’Olonne, appartenant à la compagnie des chemins de fer de Vendée, sera inaugurée le 26 décembre 1866. La même année on acheta les terrains pour la ligne la Roche-sur-Yon/Bressuire, devant rejoindre la ligne Angers/Niort.


Maire sous Napoléon III



Napoléon III
Augustin Charpentier est resté maire de la commune jusqu’à sa mort le 7 juin 1869. A ce moment-là il habitait au village du Pin. Le second empire de Napoléon III, qui avait repris la désignation du maire par le pouvoir exécutif, conserva ainsi ce maire que le suffrage universel avait désigné en 1848. À cet égard il fait penser à l’un de ses prédécesseurs, Simon Pierre Herbreteau, qui fut nommé maire sous Napoléon et sous la Restauration monarchique. Les régimes passent, mais l’intelligence et le dévouement s’imposent. Et pourtant l’administration aux ordres ne se privait pas alors de traquer les opposants au régime en place.


On en a la preuve concernant l’instituteur de Saint-André-Goule-d’Oie. Sous le IIe Empire les instituteurs, comme tous les fonctionnaires, devaient servir le régime et ils étaient surveillés à cet effet, y compris dans leurs opinions. J. Baudry, de Saint-André-Goule-d’Oie, reçut une réprimande du préfet en 1850, accusé d’idées « anarchistes » (5). Ils ont été peu nombreux en Vendée à subir cette sanction. La qualification d’anarchiste stigmatisait apparemment toutes les idées libérales qui ne plaisaient pas au régime de Napoléon III, particulièrement coercitif et anti démocratique. Les instituteurs, nommés par les préfets avec l’assentiment des autorités religieuses, étaient alors surveillés par les curés (6).


Jean François Chaigneau mort prématurément en 1969


Jean François Chaigneau (Coudray), adjoint, avait commencé à remplacer Augustin Charpentier à partir du 1e janvier 1869 et fut nommé maire au 1e juillet 1869. Mais il ne devait pas le rester longtemps. Il est mort le 15 décembre 1869 à l’âge de 35 ans. Jean François Chaigneau était le fils de Jean Chaigneau et d’Angélique Loizeau.

Sa femme, née Henriette Papin, finança le vitrail de la nouvelle église de Saint-André, construite en 1875, qui se trouve dans le transept du côté gauche, en vis-à-vis de celui de Marcel de Brayer. Dans une lettre en 1875 à Amaury-Duval, le curé de Saint-André propose un vitrail à financer par Marcel de Brayer, au moment de la construction de la nouvelle église de Saint-André-Goule-d’Oie. Il prévoit de le « placer dans le transept du côté droit, en entrant dans l’église. En face sera un vitrail de même grandeur qui sera payée par Mme veuve Chaigneau du Coudray. Voici le sujet de ce vitrail : il représentera Saint André offrant le Saint Sacrifice de la messe, à l’Elévation. Dessous l’autel, les âmes du purgatoire qui attendent leur délivrance par l’offrande de la messe, un peu à côté les vivants prosternés, à cause de l’élévation de l’hostie, implorent la divine miséricorde. Au-dessus, en haut du vitrail, Marie est à genoux devant son fils qu’elle regarde avec amour, d’une main lui montrant l’hostie consacrée, de l’autre empêchant l’ange de la justice divine de frapper les coupables. Ce vitrail sera auprès de l’autel de la Sainte Vierge. » (7) Le curé poursuit ensuite la description du vitrail de l’autel de Saint Joseph dans le transept droit. Nous y avons consacré un article publié en janvier 2012 : De Brayer et la nouvelle église de St André Goule d’Oie.


Ajoutons pour l’anecdote que Jean François Chaigneau était le neveu de François Cougnon fils, l’ancien maire de 1826 à 1829, et aussi de Pierre Rochereau, l’ancien maire de 1835 à 1848. La mère de Jean François Chaigneau en effet, Félicité Angélique Loizeau, mariée à Jean André Chaigneau, était la fille de Louis Loizeau, l’ancien fabriqueur de la paroisse de Saint-André avant la Révolution. Celui-ci avait d’abord épousé Marie Anne Godard en 1758, puis devenu veuf, il épousa en 1797, à l’âge de 56 ans, Jeanne Trotin, âgée de 24 ans. A cette occasion n’oublions pas les ravages de la guerre de Vendée parmi la population. Ainsi, l’acquéreur du logis du Coudray, Louis René Loizeau, a été le grand-père par alliance de deux maires (François Cougnon fils et Pierre Rochereau) et l’arrière-grand-père maternel d’un autre (Jean François Chaigneau), tous habitants du village du Coudray.

C’est Pierre Guiberteau (Brossière), autre adjoint, qui le remplaça à compter d’octobre 1869 pour signer le registre d’état-civil. On peut en déduire qu’il était indisponible, sans doute à cause d’une maladie qui l’emporta au bout de quelques semaines. Pierre Guiberteau fait ensuite fonction de maire par intérim jusqu’aux prochaines élections municipales qui eurent lieu en juillet 1870.

Marcel de Brayer, châtelain de Linières, élu avec la nouvelle équipe municipale en juillet 1870, fut choisi pour être nommé maire par le préfet au lendemain des élections.

Cette saga familiale des propriétaires au Coudray, fournissant les maires de Saint-André-Goule-d’Oie, ne serait pas complète sans évoquer la suite. Jean François Chaigneau et Marie Henriette Papin avaient eu deux enfants. L’aîné, Jean Henri, mourut à l’âge de 13 ans. Sa cadette, Henriette Marie Chaigneau, épousa en 1889, un jeune homme venant de la Verrie : Eugène Maixent Guillaume Grolleau, dont les parents avaient été marchands dans le bourg. Il fut élu au conseil municipal de Saint-André-Goule-d’Oie trois ans après. Et naturellement, si l’on peut dire, il fut élu maire en 1896, et jusqu’en 1943 ! En 1938, après 42 ans de mandat, il en fut décoré de la légion d’honneur. Son fils Bernard Grolleau, lui succéda de 1943 à 1947. Enfin, sa fille, Marie Eugénie Grolleau (1890-1969), épouse d’Émile Charriau (1884-1922), lui succéda longtemps comme maire de la commune Saint-André-Goule-d’Oie, de 1947 à 1969.


(1) Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, E 2/2, registre des délibérations du conseil de fabrique pour 1881.
(2) Revue du Centre vendéen de recherches historiques no 6 1999, La Vendée, histoire d’un siècle, A. Gérard, « L’Église des mouvements », page 147. 
(3) Annuaire de la Société d’Émulation de la Vendée (1856).
(4) Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique, édité par la Librairie de la Maison rustique du XIXe siècle (Paris), Tome 5, série 3, 2e partie, 1852/juillet à décembre, pages 68 et 69.
(5) L. Morauzeau, Aspect vendéen de la IIe République, Annuaire de la Société d’Émulation de la Vendée, (1960), page 86.
(6) J. Rougerie, Le second Empire dans « Histoire de la France des origines à nos jours », dirigée par G. Duby, Larousse, 1995, page 703.
(7) Société Eduenne d’Autun, fonds Amaury Duval : K 8 34, lettre du curé Martin à Amaury-Duval du 7-5-1875.


Emmanuel François, tous droits réservés
Juin 2012, modifié en juillet 2023

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