mercredi 1 avril 2015

Le manoir de la Mancellière et son complant de vigne


En quittant le village du Coin, en direction du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie, la route traverse un plateau, où il y a encore peu de temps des haies entouraient les champs et les prés, formant un paysage typique de bocage. Puis le remembrement des parcelles s’est occupé à faire disparaître la plupart des haies, oubliant ce que la terre cultivée doit aux arbres. Néanmoins, au milieu de cette nudité nouvelle du paysage, la ligne d’horizon parait rapprochée. Les arbres ont disparu, mais on garde l’impression d’un espace à la mesure de l’homme.  Le ciel y paraît plus présent, avec l’infinie diversité de ses formes, de ses couleurs et de sa lumière.

Un fief disparu : les Petites Mancellières 

Jusqu’à la Jaumarière, la chaussée aurait pu suive un tracé rectiligne, mais elle a gardé les légères courbes héritées de l’ancien chemin de Saint-Georges à Saint-André-Goule-d’Oie, tracées dès les premiers défrichements. Et encore beaucoup de détours et sinuosités ont été supprimés vers 1890 en construisant la route actuelle (1). Cinq cent mètres après les dernières maisons du Coin, une petite route sur la droite conduit au village de la Mancellière en quelques centaines de mètres. On l’emprunte juste après les maisons qui appartenaient autrefois au village aujourd’hui disparu, appelé le Puy Asselin. Un grand étang, quelques maisons aux façades blanches, de vastes bâtiments d’exploitation agricole, certains dédiés à l’élevage « hors sols » comme on dit près des usines Arrivé, la Mancellière ressemble aux villages des environs. Et pourtant s’élevait en ces lieux autrefois un manoir, ayant donné son nom à une seigneurie.

En continuant la route vers Saint-André, se trouvaient sur son côté droit les habitations des Petites Mancellières, dans un virage à droite où débouche un chemin venant de la Mancellière. Plus rien ne subsiste, et même le premier cadastre de 1838 ignore le lieu. Au nord, ce fief était bordé des landes du Peux. D’ailleurs, avec les bois, les landes communes occupaient la partie la plus importante de ce plateau aujourd’hui entièrement voué à l’agriculture. Dans le texte le plus ancien connu à son sujet, un aveu de 1514, les Petites Mancellières comprenaient 2,5 journaux de pré (1,5 ha), 8 journaux de vigne (près de 4 ha), et 5 à 6 septrées (10 à 12 ha) de terres cultivables (2).

Le propriétaire des Petites Mancellières était alors Christophe Bruneau, seigneur de la Rabatelière (aveu en 1545 à Launay). Fils de Miles, Christophe Bruneau se maria avec Jeanne de la Boucherie. Leur fils aîné, Jacques probablement, continua la lignée des seigneurs de la Rabatelière, et leur fils puîné fonda la branche des Bruneau de la Giroulière (Rabatelière). La branche cadette se diversifia en plusieurs rameaux : Bruneau de la Foy, Bruneau du Plessis, Bruneau de Beaulieu, etc. (3)

Les Petites Mancellières était un fief noble tenu du seigneur de la Mancellière sous foi et hommage plein et à droit de rachat. Le devoir dû par le vassal était de treize deniers payables à la fête de la Chandeleur. Et le seigneur de la Mancellière prélevait 31 boisseaux de seigle, « rendables à mon dit hôtel de la Mancellière ». En 1639, il avait déjà vendu les droits seigneuriaux prélevés sur ce petit fief. C’était alors un bourgeois habitant la Chapelle de Chauché qui les possédait, un nommé François Augereau (4). En 1679 les terres formaient une borderie louée à Jacques Roger, distincte de celle de la Mancellière (5). En 1700, les bâtiments ont disparu, n’ayant pas fait l’objet de visites des lieux comme l’ont été les autres borderies et métairies dépendant du château de la Rabatelière.


Les premiers seigneurs de la Mancellière et leurs suzerains


Le Dr Mignen, chercheur, a relevé qu’en 1440 et 1455 on trouve Jean et Philippe Prevost seigneurs de la Mancellière (6). L’historien Amblard de Guerry a noté une Catherine de Lavau dame de la Mancellière en 1471, et en 1479 un Philippe Prevost, écuyer seigneur de la Mancellière. Celui-ci acquit la Brenenière (Chavagnes-en-Paillers) le 8 mai 1483. En 1487 on fit un partage dans la famille, dans lequel la Mancellière et la Frissonnière (Essarts), provenant tous deux des Amauvin, échurent à Jean Prevost, ainsi que les Boulligneaux (Saint-Martin-des-Noyers) et la Brenenière. Une « Prevoste » avait épousé un Amauvin (on féminisait les patronymes à cette époque) (7). Depuis trois siècles environ, le nom de famille se transmettait de père en fils, et prenant l’identité de leur père ou mari, celui des filles se féminise alors tout naturellement. Ce nom de famille provenait souvent d’un sobriquet, un nom de métier ou de lieu (7). Louis Prevost, écuyer seigneur de la Haye (Thiré), fut élu de Poitiers en 1491, et avait épousé en 1479 Aliénor Coutaud par qui il recevra la Chauvelière et Salidieu. Au partage de 1487 il eut la Haie Bottrerau (Thiré) et la Vau (8). On sait par ailleurs que la Roche Mauvin et la Mancellière relevaient tous deux des Bouchauds et il apparaît ainsi que ces deux fiefs voisins de Saint-André-Goule-d’Oie ont appartenu à la fin du Moyen Âge à la même famille Amauvin, à laquelle succéda par mariage les Prevost, puis les Lingier plus tard.   

En 1491 Guillaume des Guillers sert pour Jean Prevost à la montre de cette même année, année où ce dernier fit un échange de terres situées près de la Brenennière avec Guillaume Rabereoul, charpentier en ce village (9). En 1489, 1499 et 1500 Jean Prevost était seigneur de la Mancellière et la Brenenière (10. La fille de Jean Prevost, Marguerite Prevost, épousa Jean Lingier, seigneur de Mermande (Saint-Christophe-du-Ligneron), lui apportant en dot la Mancellière et certains droits à la Brenenière (11). Celui-ci se remaria en 1489 avec Jeanne Jau (12).

Le fils de Jean, François Lingier, épousa Jeanne Raclet, qui était veuve en 1514 (13). Ensuite on voit un René Linger, probablement fils de François, donnant pouvoir en 1541 à Pierre Trottin, pour offrir deux fois et hommages aux Assises de Languiller, l’une pour la Mancellière et l’autre pour le Plessis-le-Tiers (14). Les papiers comportent deux erreurs : la seigneurie suzeraine n’était pas le Coin comme indiqué, mais les Bouchauds, et le Plessis-le-Tiers était une terre censive tenue par déclaration roturière.

En 1543 1544, les Assises de Languiller poursuivent François Lingier, probablement fils de René, pour faire ses fois et hommages, à cause du nouveau suzerain à Languiller, Charles de Coucys. François Lingier viendra en personne aux Assises de Languiller en 1545 offrir ses deux fois et hommages, à cause des Bouchauds pour le manoir de la Mancellière, et à cause du Coin (sic) pour le Plessis-le-Tiers (15). Il a aussi possédé un temps au début du 16e le droit de fief de la Bourolière et aussi la moitié des droits de terrages et de dîmes sur la Faubretière (Chauché), tenues du seigneur de la Barette, selon un aveu de 1541 (16). Le fief de la Bourolière appartenait déjà aux Prevost en 1486, qui en rendaient aveu au seigneur de la Barette (Essarts), Julien de Plouer. Ils percevaient le terrage et le cens, mais la rente de 2 septiers de seigle était partagée entre eux et les héritiers de Pierre Amauvin (17).  François Lingier, avait épousé par contrat du 4 juillet 1535 Loyse de Rorthais, fille de Jean de Rorthais, écuyer seigneur de la Durbelière, et de Jeanne Beline. En 1539 il donna le dénombrement de Mermande (18).

En 1571, comparaît en personne aux Assises de Languiller, René Lingier, seigneur de Mermande et de la Mancellière, pour offrir la foi et hommage pour la Mancellière. Il est acté qu’il alors payé la moitié du droit de rachat dû après le décès de son père François (19). En 1606 il sera poursuivi pour « fournissement » d’aveu. Enfin, les redevances sur les tènements du Coin et du Peux ont été achetées à la fin du 16e siècle de Jules de Belleville, seigneur de Languiller, par le seigneur de la Mancellière (20). Nous n’avons pas d’informations sur cette acquisition.

La famille adopta le protestantisme, une partie de ses biens furent alors confisqués, puis elle revint au catholicisme (21). Un Gilles Lingier, marié à Jeanne du Bois, est seigneur de la Mancellière en 1586 (22). À Chavagnes est baptisé Charles, fils de Gilles Lingier écuyer sieur de la Mancellière et de Jeanne du Bois, le 16 mai 1606 (vue 49). En 1607, c’est René Lingier qui rendit un même aveu, à la fois pour la Mancellière, le Plessis-le-Tiers, le Coin et le Peux (23). En 1614 Il tenait de Guischard, seigneur de la Guichardière (Rabatelière), par foi et hommage, « 6 septerées de terres labourables et gâtes et 8 journaux de pré faisant partie de la métairie de Beauregard au tènement de la Maisonneuve », et le village et tènement de la Bordinière (24). Puis en 1622, Gilles Lingier rend ses fois et hommages pour la Mancellière et le Plessis-le-Tiers, aux Assises de Languiller. Il demeure à Nantes et de fait représenter par Moïse Arnaudeau, greffier de la châtellenie de Saint-Fulgent, déclarant être l’héritier bénéficiaire de feu René Lingier (25). 

Déjà, le 1e mai 1595, Pierre Laheu, marchand, demeurait en l’hôtel noble de la Mancellière, comme on le relève dans un achat de bois futaie à Gralas (26). En 1597 il était est fermier des seigneuries de la Rabatelière et des Robretières à Chavagnes (27) et en 1599 on le voit fondé de pouvoir de Renée de la Mothe, veuve de Charles Bruneau Ier du nom, seigneur de la Rabatelière. Il acheta en 1617 les droits seigneuriaux sur les tènements et villages du Coin Foucaud, Puy Foucaud et Puy Asselin (28). En 1619 Charles Bruneau, seigneur de la Rabatelière, avait acheté une partie des terres de la Mancellière (29). Il acheta le reste entre 1531 et 1653 à François Linger ou ses héritiers (30).   

Le seigneur suzerain de la Mancellière, dont dépendait aussi le village voisin du Plessis-le-Tiers, était le seigneur des Bouchauds (Essarts). La lignée de Jehan des Bouchauds était éteinte, mais sa seigneurie était devenue la propriété du seigneur de Languiller en 1437. Celui-ci possédait aussi la seigneurie du Coin Foucaud (Saint-André), elle-même survivant aussi comme fonds seigneurial, avec ses prérogatives et ses revenus. Dans l’aveu de 1514, le seigneur de Languiller est Jean de Belleville, à cause de sa femme, Jacquette de Sainte-Flaive, fille de Jacob de Sainte-Flaive seigneur de Languiller. Elle avait épousé en 1506 Jean IV de Harpedanne de Belleville. Celui-ci était alors seigneur de Montaigu et de Belleville, et son épouse lui avait apporté dans sa dot Languiller, Sigournais, les Bouchauds, le Coin Foucaud, etc.

La seigneurie des Bouchauds était partagée par moitié entre le seigneur de Languiller et le baron des Essarts, ce dernier en étant en même temps le suzerain. Ils s’en partageaient ainsi les revenus (Voir notre article publié en avril 2014 : La seigneurie des Bouchauds aux Essarts.

Enfin la seigneurie de Languiller fut vendue en 1604 par Emmanuel des Prez, veuf de Marguerite de Belleville, à Marie du Fou, veuve de Charles Eschallard, avec ses fiefs annexes, en particulier les Bouchauds et le Coin Foucaud.

Dans ce 16e siècle mouvementé de la Renaissance, des guerres d’Italie et des guerres de religions, on constate aussi la disparition du monde politique du Moyen Âge sur ce plateau de Saint-André-Goule-d’Oie encore couvert de nombreuses landes, entre les ruisseaux du Vendrenneau et de la Petite Maine. Les seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud, ne survivent qu’au titre du droit de propriété de leurs fonds, avec leurs liens vassaliques en cascades. Ceux-ci sont incarnés par les bourgeois locaux chargés de les gérer, notaires et fermiers. Ces derniers prenant les droits seigneuriaux à ferme, comme d’autres de leurs collègues prenaient à ferme les collectes d’impôts royaux. Nous savons que dès cette époque du 16e siècle le château du Coin était en ruines. Qu’en était-il à la Mancellière ?


Le manoir de la Mancellière et ses habitants


La Mancellière en 1961
(photo abbé Boisson)
Dans son livre publié en 1906, l’abbé Charpentier écrit qu’à la Mancellière « était une petite gentilhommière dépendant de la Rabatelière. Le fermier en 1793 était Jean Allain. Il y donna asile à deux prêtres et la ferme fut incendiée. » (31). On doute de cet incendie, au vu du procès-verbal du 21 nivôse an 5 (10-1-1797) des experts nommés à l’estimation des biens à partager entre la République et Thérèse Montaudouin. On ne peut pas les soupçonner de partialité sur ce point, ayant plutôt tendance à estimer au plus bas les valeurs des biens. Dans d’autres métairies ils ont noté les incendies, mais pas à la Mancellière, indiquant que les bâtiments étaient « en passable état ». Ils inscrivent la superficie donnée par Jean Allain : 130 boisselées environ (près de 16 ha), estimant son revenu annuel à 250 F (32).

Jean Allain survécut à la guerre de Vendée car il est cité dans un document de 1808 comme possédant aux Landes du Pin, près de la Brossière, le pré et champ des Noues, d’une surface de 3 boisselées et 17 gaulées (33).

L’hôtel ou hébergement, comme on écrivait sur les parchemins, a été qualifié de manoir au 17e siècle. Ce devait être une maison ordinaire pour notre regard d’aujourd’hui, à deux niveaux. Mais pour l’époque c’était une maison plus importante que les autres, ne méritant pas toutefois d’être qualifiée de château, lequel comportait un système de défense (donjon, douves). Les murs de l’étage étaient en pierres, au lieu du mélange habituel de terre détrempée et de chaume appelé bousillage. Nous avons découvert un devis de réparation des bâtiments daté du 18 août 1700, qui permet de préciser une description des lieux (34). D’abord le manoir était entouré d’une muraille avec un grand et un petit portail, par où on pénétrait dans une cour donnant accès aux bâtiments. Le manoir comportait un four pour cuire le pain et un cellier. Sa couverture était en tuiles. Au-dessus de ce cellier se trouvait un grenier. Il jouxtait une pièce où le métayer habitait en 1700. À côté du bâtiment d’habitation il y avait une grange, une petite écurie et une "galerie" (où on rangeait les outils de l’exploitation). Un « pignon », nom donné probablement à un pigeonnier, complète ces bâtiments.

Le devis de réparation à faire en 1700 se monte à 800 livres, somme très importante, comprenant en fournitures de matériaux 5 milliers de tuiles, 6 milliers de lattes, 10 milliers de clous, 3 tonneaux de chaux. Les murs d’enceinte tombent en ruine, des couvertures sont parfois tombées, le four à cuire le pain est à refaire, un grenier est à reconstruire, 5 portes sont à remplacer, etc. On ne sait pas si les travaux de réparations ont été réalisés avant 1738. À cette date on trouve dans les dépenses du châtelain, une livraison de 4 tonneaux de chaux provenant de la tuilerie de la Vrignonnière (près de Languiller) pour refaire la cheminée de la Mancellière. On a fait aussi venir 500 tuiles et des carreaux pour le four, de la tuilerie de la Roussière (Saint-Fulgent). Cette même année on voit aussi que des travaux ont été réalisés à la Porcelière et à la Roche Mauvin. À cette époque le château lui-même de la Rabatelière bénéficie d’importants travaux de réparations lui aussi, de construction et de comblement de fossés, le tout à l’initiative de René Montaudouin qui a succédé à son père mort en 1731 (35).

Quand l’abbé Boisson visite les lieux le 12 mai 1961, rencontrant monsieur Allain, il note que « les traces de la gentilhommière sont encore visibles et curieuses. D’abord dans le voisinage immédiat il reste de nombreux vestiges de vieux murs autour des champs. On signalait autrefois, disaient les anciens, des douves qui auraient entouré, protégé le château. Quand on a réparé, restauré la partie de la maison appelée gentilhommière, on a trouvé de nombreuses traces d’incendie, des pierres même profondément calcinées, et on a sorti des tombereaux de pierres taillées (granit) dont quelques-unes très belles, ornées de rosaces, et une marquée de lettres, une vaste cheminée » (36).

Au milieu du 17e siècle, ce manoir était habité par le régisseur. de la Rabatelière Il s’appelait Louis Penisson en 1662, Louis de Mersand en 1677 et Gabriel de Bucq en 1681 (37). De plus une « grande chambre haute » était réservée lors de ses visites au fondé de pouvoir des propriétaires, avocat à Nantes, un nommé Feruchard, et aussi au seigneur de la Rabatelière, seulement « en passant », habitant alors à Paris le plus souvent, quand il ne participait pas aux guerres du roi de France (38). Pour le propriétaire, c’était plus une question de principe qu’une réalité, son château de la Rabatelière étant situé à 2,5 kms. Quoique nous ayons un document où il est indiqué le séjour en 1676 de Catherine Charlotte Bruneau, fille de Charles Bruneau et de Marie de La Baume Le Blanc, sa seconde épouse. Elle s’était mariée cette année-là, et peut-être était-elle en train de faire découvrir le Bas-Poitou à son mari, Charles Henri de Choiseul. Le manoir de la Mancellière aurait été au programme du voyage de noces !

Néanmoins les fermiers exploitant des lieux pouvaient habiter le manoir, mais dans des pièces indiquées dans un bail en 1677 à Gabriel et Pierre Debien. Ils se considéraient de la Rabatelière surtout à cause de la proximité du bourg. L’abbé Boisson, originaire de cette commune et professeur d’Histoire au petit séminaire de Chavagnes, a noté les paroles de sa mère, parlant des habitants de la Mancellière : « Ils y venaient aux offices par un chemin qui débouchait à mi pente de la côte qui monte à la Maison-Neuve. » (39).


Les terres de la Mancellière


Les terres attenantes au manoir se trouvaient dans l’espace limité par le chemin de Chavagnes à Saint-André, celui du Coin à la Chapelle de Chauché, et les terres des Petites Mancellières et de la Racinauzière.

La Mancellière
Dans un aveu de 1607 on énumère les autres domaines directement dépendant du manoir de la Mancellière : prés et terres de la Fenestre (journal de pré à deux hommes et 2 à 3 septrées de terre, soit environ 7 ha), l’ouche du Chaigneau (1 minée de terre soit 1 ha), le champ Frery (journal de pré à deux hommes et 5 septrées de terre et landes, soit un peu plus de 10 ha au total), le champ du Vignaud (2,5 septrées de terres et landes près du Vendrenneau, soit environ 5 ha). Le champ et bois des Bruyères comprenait un pré, 3 à 4 septrées de terres labourables et un bois, « tant de futaie » (arbres de charpente) que de serpe » (taillis pour le chauffage), avec droit de garenne (réservé aux lapins pour l'élevage et la chasse). S’y ajoute le bois de la Renuère avec le même droit de garenne (2 septrées de terre ou 4 ha), joignant un pré (3 journaux ou 1,5 ha) qui borde la Petite Maine.

La Maison Neuve (Rabatelière)
Le seigneur de la Mancellière déclarait aussi en 1514 une surface de 8 septrées de terres (16 ha) qu’il avait acquise au siècle précédent d’Henri d’Aubigné, seigneur de la Parnière (Brouzils) et qu’il tenait par hommage du seigneur de la Guichardière (Chavagnes), Jean Guichard, écuyer. Elle était située entre l’actuelle D 17, les terres de la Bordinière (Rabatelière) et celles de la Racinauzière (Saint-André). Il ajoutait qu’il y avait « fait édifier en l’an mil quatre cent quatre-vingt-dix-neuf une métairie garnie de maison, grange, four, jardin, ruage (chemin d’accès) et autres choses nécessaires pour ladite maison, contenant le tout une minée de terre ou environ (1 ha) ». M. Guilloteau signale dans ses commentaires en bas de l’article que cette métairie est la Maison-Neuve. C’est l’information donnée par A. de Guerry dans son livre : « Chavagnes communauté Vendéenne », page 74.

Ce fait est à souligner car nous n’avons que peu d’informations sur la naissance des métairies dans les tènements de Saint-André-Goule-d’Oie, faute de disposer d’ancêtres des cadastres modernes. Or nous savons que dès cette époque il y avait des métairies un peu partout dans les tènements des environs, notamment dépendant de la seigneurie de la Mancellière. Il est à noter qu’elles étaient affermées à prix d’argent et non pas à partage de fruits. Des chercheurs ont pu montrer dans d’autres régions du Poitou proches de Saint-André-Goule-d’Oie, qu’au sortir du Moyen Âge des seigneurs ont acquis et regroupé des petites tenures autrefois concédées, mais morcelées et suffisant à peine à faire vivre leurs propriétaires. Ils ont ainsi constitué des métairies rapportant davantage que les anciens droits féodaux. Certains d’entre eux sortaient ruinés de la guerre de cent ans, et ils devaient s’adapter aux nouvelles conditions économiques créées notamment par la dévalorisation de la monnaie. Des droits seigneuriaux avaient été fixés en valeur absolue sans possibilité de les augmenter pour suivre l’inflation. D’autres représentaient une part des récoltes, sujets à leurs variations et aux effets dévastateurs des guerres. Les paysans ruinés, cela voulait dire aussi des seigneurs ruinés. La transformation des corvées en redevances en argent, la création de métairies, de nouvelles concessions d’espaces incultes, l’extension des vignes, ont pu permettre aux plus entreprenants de ces seigneurs de mieux s’en sortir que d’autres.

document du chartrier de la Rabatelière
(source : Archives de la Vendée)

Dans une période antérieure à 1550, le seigneur de la Mancellière tenait à foi et hommage le petit fief Chevillon (2,5 septrées de terre, soit 5 hectares environ) sur la limite entre le tènement de la Bergeonnière et celui de la Bourolière. Il fut ensuite incorporé dans le tènement de la Bergeonnière continuant à dépendre ensuite directement du Coin Foucaud (40).







Le fief de vigne de la Mancellière


Nous terminons l’énumération des domaines du seigneur de la Mancellière près de son manoir, par son fief de vigne. Il était situé au sud des deux longs bâtiments d’élevage actuels de la Mancellière. La vigne s’arrêtait vers l’est à mi-distance entre le chemin de Chavagnes à Saint-André et les bâtiments de la Mancellière. À l’ouest le terrain, appelé fief de vigne de la Mancellière, bordait le chemin de la Mancellière à la Maison Neuve et à la Rabatelière, cité dans les confrontations de certaines parcelles. Au sud il s’arrêtait bien avant le chemin de la Rabatelière à la Chaunière de Saint-Fulgent, appelé autrefois de la Guichardière à Saint-Fulgent. C’est que les ceps de vigne préfèrent la partie haute du plateau, au sol plus sec, plus caillouteux et exposé au sud. Ils bénéficient aussi d’un bon ensoleillement l’été, et la proximité de l’océan apporte de la douceur l’hiver. Si ce n’étaient les ceps qu’on y plantait, ne pourrait-on pas être heureusement surpris par la qualité des vins qu’on y pouvait produire ? 

Le texte le plus ancien connu qui fait état de la vigne de la Mancellière, est l’aveu de 1514 déjà cité, occupant une surface de 2 hectares devenue 3 hectares en 1607. Mais celle-ci vient de temps encore plus anciens que nous n’avons pas pu situer. On sait que les vignes de Bourgogne remontent au temps de Gaulois, mais que la plupart des vignes cultivées en France sont venues avec les Romains (41). Dans la contrée elles devaient donc remonter donc au plus tôt au temps gallo-romain. Ce n’était pas une vigne comme il y en avait dans les villages pour la consommation personnelle. Le seigneur de la Mancellière y a consacré une grande surface très tôt, profitant de la qualité du sol, et y pratiquant les baux à complants avec plusieurs exploitants des environs. On y voit là une initiative des seigneurs pour mieux faire valoir leurs domaines. Dès le 16e siècle, les textes rapportent son nom de « fief de vigne de la Mancellière », suivant l’usage en Bas-Poitou de donner le nom de fief à beaucoup de tenures, sans lien bien établi avec le caractère noble ou non de la terre ainsi désignée. Au fil des siècles on observe que le mot fief, devenu synonyme de terroir, a disparu dans le nom des tenures, sauf pour les vignes. À l’époque moderne, cette originalité de langage est devenue un emblème commercial pour désigner les vins « des fiefs vendéens ». La référence à l’action de Richelieu pour expliquer l’origine des fiefs vendéens de vigne, relève d’une action commerciale sans valeur historique (42). Il faut y voir là probablement l’emploi d’un terme valorisant, car faisant référence à un lieu noble. Ailleurs, comme dans le Bordelais, chaque propriété viticole est bien devenue un château. D’autres propriétaires dans la vigne, mais aussi la bière, ont choisi de se référer à une abbaye, pour profiter de leur image positive dans la qualité du travail bien fait.

Sur les terres voisines de la Racinauzière, la vigne du Chaume, était bien plus modeste, totalisant un hectare divisé en 25 parcelles en 1838.  

Vigne à la Mancellière (juin 2015)
Les rangées de vigne de la Mancellière étaient plantées dans le sens perpendiculaire au chemin de la Mancellière à Maison Neuve, comme le sont toujours en 2015 la vingtaine de rangées toujours cultivées au même endroit, rescapées de la modernisation de l’agriculture locale et de la fin du règne de la cave vendéenne individuelle (43). Les ceps ont été renouvelés depuis, la distance entre eux a changé, les lianes ont été attachées à des fils au lieu de courir le sol, mais l’ancienneté de cette culture ici se compte en de nombreux siècles. Le terrain était séparé en deux parties par un chemin situé en son milieu dans le sens nord-est sud-ouest. Dans la partie la plus à l’est les rangées de vignes étaient plantées dans le même sens que ce chemin. De plus, cette partie du fief de vigne était séparée d’est en ouest à peu près en son milieu par un chaintre appelé le « charraud de séparation ». Un petit bosquet, appelé giborage, existait encore en 1788 dans ce fief de vigne, près du chemin de la Racinauzière à Saint-Fulgent.

Les nombreux propriétaires du fief de vigne de la Mancellière en 1788


Cette année-là, une déclaration roturière de tous les teneurs de ce fief de vigne au propriétaire des lieux, alors le seigneur de la Rabatelière, Thomas René Montaudouin, nous donne des informations intéressantes (44). Au total on a 48 baux à complant pour cultiver en vigne 115 parcelles. Les baux regroupent parfois deux parcelles, voire plus, se joignant, signe que des regroupements ont été opérés en même temps que des divisions. Ces plus petites subdivisions de terrains sont appelées de trois noms différents, sans qu’on puisse repérer une définition pour chacun d’eux. Ils semblent ici être employés indifféremment l’un pour l’autre. Le mot le plus utilisé est la planche, nom généralement réservé à la désignation des parcelles de jardin. Ensuite on a le carré, puis le canton. On trouve ces mots pour désigner généralement une partie de pré ou de champ chez les notaires des environs, comme aussi le mot : morceau. On compte au total 195 planches, carrés ou cantons de vigne composant les 115 parcelles confrontées entre elles pour les repérer. Ces 115 parcelles serviront de base aux 168 futures parcelles du cadastre napoléonien, publié en 1838 à Saint-André-Goule-d’Oie. En le consultant sur le site internet des Archives de la Vendée, on pourra vérifier que la situation n’avait pas changé entre 1788 et 1838. Ces parcelles sont toutes plantées en vigne en 1788, sauf une seule laissée à l’abandon.

La surface totale de ces 115 parcelles est de 68 boisselées 38 gaulées, soit 8 ha 32 a. La surface de la vigne avait considérablement augmenté, passant de 2 ha en 1514 et 3 ha en 1607, à 8 hectares ensuite jusqu’à la veille de la Révolution. Elle représentait alors en moyenne 1,42 boisselées ou 17,2 ares pour chaque bail à complant. Mais cette moyenne est trompeuse. Les 10 plus gros propriétaires possédaient 40 % du total de la surface, ce qui veut dire qu’on trouve beaucoup de petits propriétaires de petites surfaces de vigne. Ainsi voit-on un frère et un beau beau-frère en commun dans un bail pour 4 rangées de ceps de 100 m de longs, partagées en 6 parcelles différentes, dont la plus petite mesure 56 m d’une rangée de vigne. Mais le plus important des propriétaires, Jacques Gilbert demeurant à la Racinauzière, possédait à lui seul 7 boisselées et 33,5 gaulées. On comprend cette dispersion en constatant que le mode d’acquisition de la propriété est rarement l’achat. Les successions dominent à une écrasante majorité.

Vigne de la Mancellière
Nos 48 exploitants du fief de vigne de la Mancellière habitaient pour 36 d’entre eux dans les environs, même s’ils appartenaient à des paroisses différentes, mais nous sommes sur un lieu frontière, proche de Chauché, la Rabatelière et Chavagnes. Sur les 21 exploitants de Saint-André-Goule d’Oie, un seul habitait un peu loin, au Coudray. On en trouve un à la Courpière de Saint-Fulgent, un à l’Enellière de Vendrennes et un à la Chauvinière des Essarts.

Les enfants François représentent bien cette dispersion. Leur grand-père, René François, originaire de la Boninière (Saint-André), était venu s’installer à la Racinauzière. Puis leur père, Mathurin François, s’était installé à la Boule (Rabatelière) vers 1754. C’est probablement à la même époque qu’il s’engagea dans un bail à complant sur le fief de vigne de la Mancellière, lui donnant la propriété des ceps de vigne. Et en 1788, quatre de ses enfants se sont partagé cet héritage totalisant 322 gaulées (5030 m2). Il y avait l’aîné, Louis, qui était resté bordier à la Boninière, et Jacques, métayer avec ses frères à la Télachère de Chavagnes. Parmi ces derniers, mon aïeul Jean, décédé depuis 6 ans, n’avait pas eu de part dans cette vigne. Deux de leurs sœurs en avait hérité en revanche : Françoise, mariée à Pierre Mandin de la Guibonière de Chavagnes, et Jeanne, mariée à Louis Perroteau habitant le bourg des Brouzils.

Indiquons que dans ce fief, le propriétaire avait en plus une surface de 3 200 m2 de vigne réservée pour lui et cultivée par le fermier de la Mancellière. On trouve aussi parmi les titulaires d’un bail à complant un bordier habitant sur place, Jean Allain, pour 65 gaulées, soit 975 m de longueur de rangées de vigne. C’est lui qui est cité par l’abbé Ferdinand Charpentier dans son livre, comme nous l’avons vu plus haut.

Les baux à complant de la Mancellière


Dans son aveu de 1514, le seigneur de la Mancellière indique qu’il prend le quart de la vendange à son profit et un denier de cens par journal, payable quand les fruits « quittent le fief », c'est-à-dire aux vendanges. La formule est la même en 1607, mais ces conditions ont changé en 1788. Qu’est-ce à dire ? Nous avons un bail à complant daté de 1646, où Charles Bruneau de la Rabatelière, alors propriétaire de la Mancellière, s’engage avec son régisseur Louis Penisson pour treize planches totalisant une surface de treize journaux de vigne (45). Il nous éclaire sur ce régime des complants en vigueur à la Mancellière.

La concession d’un terrain à complant, appelée baillette à complant par ailleurs, ou bail à complant, était un acte passé devant notaire, dans lequel le propriétaire du sol affermait à cens un terrain dans des conditions particulières, pour y cultiver une vigne. Il ne s’agissait pas d’un bail à ferme à durée déterminée, comme pour une métairie ou un moulin, ni d’un bail à cens à durée indéterminée. D’ailleurs ce dernier régime s’appliquait aussi à certaines vignes, appelées « vignes à pic » pour les différencier des « vignes à complant », et dont le régime de redevances était celui des terres labourables. Le contrat à complant, en réalité résultant d’une volonté unilatérale encadrée par la coutume, empruntait aux deux régimes cités. Les engagements du preneur étaient les suivants :

-            1°   cultiver ou donner à cultiver la vigne « de toutes façons requises et nécessaires ». La formule renvoi à une codification du travail à effectuer, décrite dans la coutume du Poitou de 1417 (article 420). Il existait cinq façons (travaux) obligatoires de la vigne, avec des dates ou périodes précises : nettoyer les rigoles, tailler, bêcher au pic en sillon, biner ou mettre à plat, sarcler pour détruire l’herbe. Le non-respect des règles de culture pouvait faire cesser le bail. Et le bail dure « tant et si longtemps que ladite vigne sera en état d’apporter fruits », si une condition particulière le prévoit, d’où le développement des baillettes à complants (article 420). D’ailleurs un des exploitants précise, comme origine de son bail, que la vigne : « ayant été abandonnée il y a plus de 30 ans et dont je me suis mis en possession, mon dit seigneur, de votre consentement ». Le bail est à durée déterminée, dont la fin est liée à un évènement : l’abandon de la vigne. Cela peut donc durer longtemps, et le bail donne la sécurité nécessaire à l’exploitant pour s’engager dans une culture dont les premières années ne rapportent rien. Les baux à ferme habituels d’une durée de six ans en moyenne, ne donnaient pas cette garantie dans le temps.


Serpe pour couper les raisins
-      2°  donner au propriétaire un cinquième de la récolte des vendanges, apportée au pressoir de la Mancellière. On voit que le seigneur a diminué son prélèvement d’un quart à un cinquième depuis 1607. Il a apparemment favorisé les vignerons pour en augmenter le nombre et augmenter ses revenus en conséquence. Mais la formule veut dire aussi indirectement que dans les premières années où la jeune vigne ne donne rien, le propriétaire ne reçoit pas de revenus. Mais il n’est pas le seul et déjà en 1591 la vigne de Grissay (Essarts) se complantait « à la quinte » (1/5) ou « de onze parties 2 » (1/5,5) (46). On relève qu’en 1343 au fief de vigne de Saint-André (dans le bourg), d’une surface de 7 hommes (journaux) de vigne, le complant était au tiers (47).
      On a trouvé un bail à complant à la Boutarlière de 1566, où le « complanteur » ne payait rien durant sa vie (48). La part du propriétaire du 1/5e de la récolte était aussi pratiquée par le seigneur de Linières à Villeneuve (Chauché) à la même époque, mais l’évêché de Luçon prélevait 1/6e en 1766 à Sainte-Florence pour une vigne dépendant du prieuré de l’Oiselière de Saint-Fulgent (49).

-        3° donner un cens de six deniers par an, ce qui représentait là aussi une diminution dans le cas retenu. Autrefois ce cens, appelé doit de soulage, aurait été du double, c'est-à-dire un denier par journal concédé. La somme était modeste et elle était due dès l’entrée en jouissance, le jour des vendanges. Elle représentait le droit de propriété du sol en quelque sorte. Et la terre, détachée de la métairie de la Mancellière, était comme cette dernière noble et non roturière, c’est-à-dire tenue par foi et hommage du suzerain des Bouchauds. À Grissay le droit de soulage était de 2 deniers, et à Languiller de 1 denier par journal de vigne en 1611 (50).
On ne rencontre pas ici un droit supplémentaire payé au seigneur pour jouir des services d’un gardien chargé de surveiller la vigne, notamment au moment des vendanges. En revanche on rencontre ce droit pratiqué en 1606 dans une vigne près de Languiller : 6 deniers pour chaque journal de vigne (50). Aussi au Boireau (Chauché) il y avait une vigne en 1437 pour laquelle le seigneur de lieu prélevait 5 sols de droit de garde (51). À Bazoges-en-Paillers, Julien de Vaugiraud a payé un particulier 9 £ le 19 septembre 1595 pour une année à lui garder sa vigne à la Logerie, devenue Orgerie (52)

-        4° dès qu’il n’y aura plus de vigne, la terre reviendra au propriétaire du sol, sans indemnité.

     À cette description du contrat ou baillette à complant de 1646, on peut ajouter que le complant de vigne n’était qu’une manière particulière de tenue roturière à côté du cens, rentes, terrages, etc. (article 615 de la coutume du Poitou de 1417). Et lla part du seigneur était rendable à son hôtel ou autre lieu à condition d’être située à moins d’une demi-lieue (article 617).  Le fief de vigne lui-même était une terre noble, payant un droit de rachat à son suzerain en 1731, à cause du décès de son possesseur cette année-là, René Montaudouin (53). Il faut aussi ajouter qu’en pratique la forme du contrat n’était pas toujours employée pour créer une vigne à complant. On a trouvé une concession du seigneur de la Rabatelière le 22 mai 1724 à son métayer de la Petite Robretière (Chavagnes), par laquelle il lui « donne pouvoir de planter en vigne environ 6 boisselées de terre ... », et fixe son prélèvement du 1/5e et la valeur du cens annuel. Il n’en dit pas plus puisque la coutume entrait dans les détails du régime, et il s’est passé du notaire (54). 
   
Nous avons rencontré un cas de retour évité de justesse sur une vigne du seigneur de Linières en 1781 au fief du Morque Pannié, paroisse de Chauché près de Villeneuve. Cinq planches de vigne, contenant 2 000 m2, étaient partagées par moitié en indivision suite à un héritage entre un jeune garçon maréchal, François Cauneau (ouvrier chez un maréchal ferrant de Sainte-Cécile), et les mineurs Durand. Les parents du premier, habitant le bourg de Saint-André, étaient morts jeunes quand il n’avait que quatre ans. Dans cette situation, la vigne à complant des parents fut négligée et François Cauneau vendit sa part à un métayer de Linières en 1781, quand il atteignit l’âge de 18 ans. Dans l’acte, le notaire de Saint-Fulgent écrit que le vendeur reconnaît que la vigne est « en agâts (friche) et inéluctable ruine, et que par cette raison il craignait que le seigneur s’en fut emparé ». Et l’acquéreur, s’engage dans l’acte à la prendre « à la charge de la réparer et à ses risques et périls et fortune » (55). D’ailleurs le prix de vente est bradé à 33 livres, alors que le métayer de Linières était bien placé pour ne pas craindre l’exercice de son droit de retour par le propriétaire du sol, moyennant la reprise de l’exploitation.

Ce que le texte du bail à complant de la Mancellière de 1646 ne dit pas, s’attardant sur les obligations du preneur, concerne les obligations du bailleur, régies par la coutume. Ainsi les impôts dus sur les vignes sont à la charge du propriétaire du sol, ainsi que la jouissance des haies qui entourent la vigne.

Le texte de 1646 indique que le cens était payable au « pas de fief ». C’était un local donné par le bailleur pour entreposer le matériel, les chevaux et les charrettes au moment des vendanges. Nous ne savons pas où il était situé à la Mancellière, probablement près du manoir proche. L’abbé Boisson note dans sa visite des lieux en 1961 que « le vin se faisait dans un pressoir public, où tout le monde allait, situé près de la Racinauzière, dans le champ du Grand Boisson. Il y a en effet non loin de là deux champs : le Grand et le Petit Boisson » (56).

Dans le « terrier » de la Rabatelière (recueil portant l'indication exacte des redevances dues par les tenanciers d'une seigneurie) en 1651, on relève que le complant du fief de vigne de la Mancellière rapporte 10 barriques de vin annuellement, valant 100 livres (57). On peut comparer avec les 32 hectares de la métairie de la Porcelière, qui rapportaient 110 livres de prix de ferme par an en 1734, certes avec des redevances seigneuriales en plus. Dans un partage de succession en 1779 entre les héritiers de la terre de la Rabatelière, puis dans un autre partage de 1788, le complant de vigne de la Mancellière est estimé à 80 livres de revenus par an. C’est le plus gros rapport parmi les 7 complants de vigne possédés par le seigneur de la Rabatelière, qui lui procuraient alors 183 livres de revenus par an au total (58).

Le cultivateur possédait ainsi la vigne, mais pas le sol, qui restait au propriétaire bailleur. Les preneurs possédaient le droit de vendre leurs ceps de vigne et de les transmettre par héritage comme nous l’avons vu. Lors de la crise du phylloxéra à la fin du 19e siècle, la vigne dû être arrachée, et certains propriétaires se mirent à réclamer l’entrée en jouissance des terres ainsi libérées. La cour de cassation leur donna raison, faute de baux se référant au code civil. C’est que ces baux à complant sentaient bon la féodalité et ses droits seigneuriaux. La conception moderne du droit de propriété héritée de la Révolution, par son caractère exclusif, n’admettait plus ce type de « fil à la patte » à la propriété foncière, parce que d’origine seigneuriale De nouvelles contraintes sur la propriété foncière seront créées au 20e siècle, mais dans un autre esprit, pour apporter plus de sécurité aux exploitants de la terre contre le libre exercice du droit de propriété.

L’aveu de la Mancellière indiquait pour terminer, le droit de son seigneur de « justice et juridiction basse avec prise et vengeance au désir de la coutume du pays de Poitou ». Le droit de justice désignait ici le poteau en bois ou la colonne de pierres, auquel on attachait le condamné pour être exposé en public pour une durée déterminée. On n’est pas sûr qu’il y fût encore au 17e siècle. La juridiction basse concernait alors les personnes pour les contraventions susceptibles d’amendes d’un montant inférieur à 7 sols 6 deniers, selon l’article 17 de la coutume du Poitou. On n’était plus au Moyen Âge.

La juridiction basse concernait surtout les litiges d’ordre foncier, où le juge seigneurial tranchait dans des affaires concernant les droits du seigneur local. Ainsi pour exiger « l’exhibition » (communication) des contrats d’acquisitions de biens immeubles (obligatoire), ou le paiement des droits de cens, rentes, lods et ventes, etc. Cette justice n’était pas obligatoire pour « les hommes et les sujets du seigneur bas-justicier », comme on disait à l’époque. En Poitou on n’était pas obligé de plaider devant le juge de son seigneur, s’il y avait une raison pour cela. Et l’appel gardait alors la définition de première instance. Cette justice seigneuriale n’était plus à cette époque du 17e siècle qu’une survivance en perte de vitesse, supplantée par la justice du roi, et à laquelle le justiciable pouvait toujours faire recours. Sauf que ses hommes, son organisation et ses règles étaient fort critiquables. Néanmoins, la juridiction basse fondait le droit du bailleur propriétaire du sol de saisie des fruits des vignes à complant (article 444 de la coutume).

Dans un partage de succession chez les châtelains de la Rabatelière en octobre 1779, on indique que « le complant à la 5e partie du fief de vigne noble de la Mancellière » rapporte 80 livres comme nous l'avons vu. Il était qualifié de noble car la terre relevait du régime noble de la propriété foncière et non pas du régime censitaire. Ces 80 livres correspondaient à environ 5,33 barriques de vin. On en déduit que la production totale, 5 fois plus élevée, était de 26,5 barriques de l’époque. C’est moins qu’en 1651, plus haut avec ses 100 livres et 50 barriques au total. Ces 80 livres de revenus en 1779 sont à rapprocher des 223 livres que rapportait annuellement la métairie elle-même de la Mancellière. Elles valorisaient donc bien la surface foncière dédiée à la vigne. D’ailleurs les châtelains de la Rabatelière avaient concédé des complants de vigne dans d’autres de leurs métairies, mais de manière moins importante. Ainsi la vigne de la Grande Prée près du bourg de la Rabatelière (1 barrique), à la Racinauzière (demi-barrique), à la Brenenière (2 barriques), à la Benatonière (2 barriques), à la Rousselière (demi-barrique), et à la Robretière de Chavagnes (demi-barrique). Tous ces complants étaient aussi à la 1/5e partie (59). Mais les métairies concernées n’étaient pas majoritaires en nombre. Les vignes des autres métairies étaient louées à part dans des baux ordinaires, comme à la Télachère de Chavagnes.

Cela faisait des châtelains des acteurs actifs sur le marché local du vin. La production de vin en 1759, leur revenant en propre (les complants et la vigne du château d'environ 3 ha), s'était montée à 29 barriques, dont 13 avaient été vendues, rapportant 182 livres. Et pour la vente, le seigneur de la Rabatelière disposait dans l’étendue de son fief du droit de ban de vin. Cela voulait dire que pendant 40 jours il était le seul à avoir le droit de vendre du vin. Et c’est lui qui fixait la date de commencement de ce délai. On imagine qu’il devait se trouver des lieux échappant à cette contrainte, mais dont notre documentation ne fait pas état.

Les cépages cultivés jusqu’au 19e siècle sont peu connus : la Folle-Blanche, le Chenin, le muscadet, le Gros-Plant, etc. pour les vins blancs ; le Pinot Noir, le Dégoutant, le Balzac, etc. pour les vins rouges (60). Pour la contrée de Saint-André-Goule-d’Oie on ne sait pas quels plants on y cultivait. Le Chauché, cépage donnant un vin blanc et (ou) un vin rouge suivant les documentations, était vendu en 1622 dans une auberge de Fontenay-le-Comte. On ne sait pas d’où il provenait, et rien ne dit qu’il provenait de la paroisse de Chauché, à quelques kilomètres du fief de vigne de la Mancellière. La qualité de ces vins d’autrefois cultivés dans le bocage a été décriée dans les rares témoignages conservés, comme celui de Cavoleau en 1818, qui les qualifie d’insipides et de mauvais.

La guerre de Vendée s’invite aussi dans l’histoire de ce fief de vigne de la Mancellière. À cause d’elle et de ses morts, des parcelles ont été abandonnées. En 1803 la châtelaine de la Rabatelière fit faire un procès-verbal de visite par le notaire de Chavagnes, constatant que des planches de vigne de la Mancellière avaient été délaissées depuis 10 ans environ. 16 propriétaires de vigne ont été concernés, soit le tiers de leur nombre en 1758, pour un nombre de parcelles représentant aussi un tiers (61). 

Le 26 décembre 1809, quinze cultivateurs des villages alentours signent en même temps un même bail à complant « chacun en ce qui le concerne » avec Thérèse de Martel, la châtelaine. Ce sont d’anciennes petites planches qui sont données à bail : 36 au total pour une surface moyenne de 2/3 de journal chacune. Le texte renoue avec ce qui se faisait avant la Révolution : le droit de complant est au 1/5e des vendanges payé chaque année en nature. Il est bien précisé que « le présent bail ne concède que la jouissance des vignes sans en aliéner le fonds. Si l’un des preneurs cessait de remplir ses obligations en tout ou partie pendant l’espace de 3 ans, le bailleur rentrera de plein droit dans la jouissance des objets abandonnés, après constat et procès-verbal fait par expert devant notaire ou juge de paix ». Aussi « chacun s’oblige de bien cultiver de toutes façons requises et d’usage, de la graisser (engrais) convenablement tous les 5 ans aussi suivant l’usage, de l’entretenir de plan (sans pente), même d’en mettre (terre) où il en manque, comme aussi de ne pouvoir vendanger que les jours qui seront indiqués, de ne passer que par les entrées qui sont d’usage sans pouvoir traverser d’une planche sur l’autre et sortir à d’autres pas que celui ouvert pour la sortie de la vendange, le tout à peine de tous dépens, dommages et intérêts » (62). Enfin une remarque désobligeante pour le notaire rédacteur de l’acte. Il indique les surfaces dans les unités de mesure officielles en ares et centiares, en rappelant les anciennes en journaux de vigne et gaulées. Mais les correspondances entre anciennes et nouvelles mesures sont approximatives. Il est intéressant de noter que le régime du bail à complant, d’origine féodale, s’est poursuivi de la même manière après la Révolution, qui a supprimé le droit féodal, sur la base du droit civil des contrats. 

Le chemin de fer et les routes ont permis, à partir de la 2e moitié du 19e siècle, aux vins abondants et de qualité de se vendre partout, faisant une concurrence aux vignes des villages de la France du Nord, de l’Ouest, de l’Est et du Centre. Cette concurrence a sélectionné les pays de vignoble et condamné les nombreuses vignes aux cépages les plus divers, exposées aux gels tardifs et aux maturités inachevées. Dans les replantations de nouveaux ceps après la crise du phylloxéra à la fin du 19e siècle, les Vendéens se sont partagés dans le choix des nouveaux plants venus d’Amérique. Les plus nombreux se sont lancés dans des plants hybrides, de production abondante et de mauvaise qualité, pour leurs productions personnelles. D’autres ont choisi des plants greffés, de culture moins facile mais de production de meilleure qualité. Ils prospèrent désormais dans les AOC des fiefs vendéens. Les premiers ont résisté longtemps aux campagnes du gouvernement pour arracher leurs Noah, Othello, Oberlin, Baco, 54.55, etc. Leur acidité, voire un goût bizarre, le disputait à l’alcool lors de sa dégustation, fournissant un motif sanitaire sérieux aux autorités pour leur disparition. En réalité les gouvernements voulaient éliminer ces vins employés au coupage avec d’autres vins et contribuant ainsi à une surproduction générale. Ces vins régnaient en maître dans les caves des particuliers. Véritables institutions sociales de la ruralité vendéenne, les caves ont été abandonnées dans la deuxième moitié du 20e siècle avec l’évolution des mœurs et des modes de vie (63). Bien plus que les campagnes du gouvernement, c’est ce changement qui provoqua l’abandon du célèbre Noah et autres curiosités particulières.

Le cadastre napoléonien de 1838 enregistre la disparition de la seigneurie de la Mancellière. Sa partie nord est devenue grosso modo la section no H 4 de la Mancellière, avec probablement une partie de l’ancien tènement du Puy Foucaud et Puy Asselin. La Section no H 1 du fief de la Mancellière, comprend partiellement sa partie sud, avec le fief de vigne, incorporant en même temps la Racinauzière.

On y voit que le moulin à vent du Peux est la propriété en 1838 des héritiers Herbreteau (Thorigny de Chavagnes). La borderie de la Mancellière est propriété de Marie Joseph Allain. 
La métairie est possédée, ainsi que la métairie de la Racinauzière, par Charles de la Poëze, le nouveau châtelain de la Rabatelière.


(1) Emprunt de 1300 F en 1895 pour la construction de la route no 7, Mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.
(2) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 38, original de l’aveu de la Mancellière (mouvante des Bouchauds) du 26-8-1514 de Jeanne Raclet à Languiller (Jean de Belleville).
(3) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 48-2, caveau des Bruneau et héritage de Mme de Martel.Voir aussi le dossier de reconnaissance de la noblesse de Charlotte Legier mère de Pierre du Plantis, chartrier du Landreau, Archives de Vendée, 32 J, vues 27/128 et s. Les actes reproduits comportent une incohérence de dates, laissant un doute sur la généalogie des Bruneau au 16e siècle.
(4) 150 J/E 2, registre d’assises de la Rabatelière de 1637 à 1651, les Petites Mancellières : page 154.
(5) Arrêt du parlement de Paris au profit de Chitton du 20-8-1681, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 24.
(6) Notes no 5 à 8 sur la Mancellière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2. Et notes sur la Mancellière, Fonds Mignen paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie.
(7) Ibidem Amblard de Guerry note no 15. Sur les noms de famille, voir J. C. Cassard, L’âge d’or capétien 1180-1328, Gallimard, Folio histoire de France, 2021, p. 728.
(8) Idem (6)
(9) Ibidem archives d'Amblard de Guerry, notes no 10 et 11.
(10) 150 J/G 38, aveu du 7-11-1607 de la Mancellière, le Plessis-le-Tiers, le Coin et le Peux, et contrat d’échanges de terres du 7-2-1499 entre Jean Prevost et Guillaume Turcot. Et notes sur la Mancellière, Fonds Mignen paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie. 
(11) Ibidem archives d’Amblard de Guerry, note no 9.
(12) G. de Raignac, généalogies vendéennes, famille Lingier : 8 J 37-1-2.
(13) Original de l’aveu du 26-8-1514 de la Mancellière aux Bouchauds, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 38.
(16) Aveu du 22-6-1541 de la Barette aux Essarts, Archives de la Vendée, transcription par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-1, page 12.
(17) Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-1, page 56.
(18) Ibidem archives d’Amblard de Guerry, notes no 18 à 20.
(21) Société Académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, Beauvais, 1886, volume 13, page 312.
(22) Ibidem archives d’Amblard de Guerry, note no 21. 
(23) Idem (20).
(26) Ibidem archives d'Amblard de Guerry, note no 22.
(27) 150 J/F L supp. la Robretière, acquêt du 6-11-1597 de la Funerie (un quart) par Renée de la Mothe.
(28) 150 J/G 62, procès Chitton/Laheu, jugement de second défaut du 2-12-1654 contre Laheu, refusant son titre de propriété de 1617.
(29) Ibidem archives d’Amblard de Guerry, note no 25.
(30) 150 J/G 49, mémoire du 20-1-1683 de P. Chitton au parlement de Paris, page 4 et 5.
(31) Abbé Charpentier, Saint-André-Goule-d’Oie, chez nous en 1793, récits d'un vieux Vendéen (1906), page 166. Gallica.fr. Voir sa biographie dans l’article publié en juin 2012 sur ce site : Maires de St André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869.
(32) Archives de la Vendée, domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partage Montaudouin et République du 3 pluviôse an 5 (22-1-1797).
(33) Archives de la Vendée, don de l’abbé Boisson : 84 J 14, gaulaiement du 3-2-1808 du tènement des Landes du Pin, page 21.
(34) 150 J/A 13-1, visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(35) Livre des recettes et mises pour Mme la douairière (1736-1749), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 2.
(36) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, notes sur la Mancellière.
(38) 150 J/G 48, bail du 26-1-1677 de la Mancellière et de la Brenenière.
(39) Idem (36).
(40) 150 J/G 61, aveu du Coin Foucaud du 2-7-1605 par Languiller aux Essarts – deuxième copie d’un aveu de 1550.
(41) Gaston Roupnel, Histoire de la campagne française, Taillandier, 2017, page 254.
(42) Belliard, Godard et Camuzard, Histoire et traditions de la vigne et du vin en Vendée, Éditions du CVRH, 2019, page 37 et 125.
(43) Ibidem, page 183 et s.
(44) 150 J/G 38, déclaration roturière du 21-11-1788 des teneurs du fief de vigne de la Mancellière.
(45) 150 J/G 38, baillette de vigne du 10-12-1646 au fief de la Mancellière.
(46) Déclaration roturière du 5-6-1591 de plusieurs particuliers à la Barette, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-1, page 69.
(47) Aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu (roi de France) pour des domaines à Saint-André, no 389, Archives d'Amblard de Guerry : classeur d'aveux copiés aux Archives Nationales.
(48) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 29-2 : la Boutarlière, bail à complant du 12-9-1566 par Jean Gazeau à Girau Boudaud de 6 journaux de terre.
(49) Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/4, baillette de vigne du 28-11-1766 pour l’Oiselière entre le chanoine Coutouly et Maindron.
(50) 150 J/A 12-5, déclaration roturière du 2-6-1606 de Nicolas Bertrand à Languiller (Marie du Fou), pour raisons de domaines proches de Languiller et de son étang. Et déclaration roturière du 13-6-1611 de Vincent Basty pour terres et vigne près de Languiller.
(51) Aveu du 30-1-1437 de la Barette aux Essarts, Archives de la Vendée, transcriptions par Guy de Raignac des archives de la Barette : 8 J 87-1, page 3.
(52) Livre de raison de Julien de Vaugiraud (06-1584-07-1597), page 161, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille de Vaugiraud : 22 J 9.
(53) 150 J/F 8, quittance du 13-8-1731 du rachat payé aux Essarts pour la Mancellière et autres.
(54) 150 J/F L supp la Robretière : concession de vigne à complant du 25-5-1724 à la Petite Robretière
(55) 3 E 30/9, acquêt de vigne à complant du 5-9-1781 à Linières de Mathurin Herbreteau à François Cauneau.
(56) Idem (36). 
(57) 150 J/A 12-10, terrier de 1651 de la Rabatelière.
(58) 150 J/C 68 : partage provisoire du 26-3-1788 de l’indivision entre les Montaudouin frère et sœur.
(59) Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 58-12, Rabatelière, partage Montaudouin en 1779.
(60) Idem (42), page 73 et 74.
(61) Archives de Vendée, notaires de Chavagnes, Bouron : 3 E 31/21, procès-verbal de visite du 30 brumaire an 12 constatant que des vignes de la Mancellière ont été abandonnées.
(62) Bail à complant du 26-12-1809 dans le fief de vigne de la Mancellière, Archives de Vendée, notaires de Chavagnes-en-Paillers, Bouron : 3 E 31/24.
(63) Idem (41), page 109 et s. et pages 163 et 164.


Emmanuel François, tous droits réservés
Avril 2015 complété en mai 2024

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