Affichage des articles triés par pertinence pour la requête assemblées d'habitants. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête assemblées d'habitants. Trier par date Afficher tous les articles

jeudi 1 avril 2021

SOMMAIRE

 Une adresse du sommaire peut comprendre plusieurs articles


                                                                 LIVRES PUBLIES

Les seigneurs de Linières aux 15e et 16e siècles

Période de la Révolution
Charles Auguste de Lespinay : contrat de mariage (1788)
Acte de décès de Simon Charles Guyet en mars 1793
Mme de Lespinay échappe à la mort par deux fois (1793-1794)
Les témoins de l’enterrement du régisseur de Linière en 1794
La naissance cachée de Guyet-Desfontaines en 1797
Le divorce de Lespinay/du Vigier en 1800
Simon Charles Guyet à Saint-Fulgent (1733-1793)
Le mystère Joseph Guyet (1774-1830)
Etienne Benjamin Martineau (1765-1828)

Période de 1801 à 1830 (au temps de Joseph Guyet)
Félicité Guyet et le milliard des émigrés
Louis XVIII s’intéresse à la Morelière
La rente foncière du tènement de Villeneuve à Chauché
Les régisseurs de Linières de 1800 à 1830
L’évolution des baux dans le domaine de Linières de 1800 à 1830
Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (Première partie)
Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (deuxième partie)
Le statut des métayers de Linières de 1800 à 1830

Période de 1831 à 1868 (Guyet-Desfontaines)
Emma Duval veuve Chasseriau
La rencontre de Marcellin Guyet-Desfontaines et d’Emma Chassériau
Palluau, juin 1832 : Le juge de paix a peur
Le candidat Guyet-Desfontaines aux élections législatives en Vendée (1834-1849)
Pierre Maindron, un combattant vendéen honoré (1766-1850)
La vie privée de Guyet-Desfontaines (1797-1857)
Isaure Chassériau (1820-1854)
Emma Guyet-Desfontaines dans son intimité familiale
Emma Guyet-Desfontaines, une femme moderne de son temps
Emma Guyet-Desfontaines musicienne
Mme Guyet-Desfontaines femme de théâtre
Mme Guyet-Desfontaines mondaine et artiste
Mme Guyet-Desfontaines romancière
La disparition d’Emma Guyet-Desfontaines
Les cousins de Grandcourt de Saint-Fulgent

Période de 1869 à 1912 (de Brayer, Amaury-Duval et fin du château de Linières)
De Saint-André-Goule-d’Oie à la Haute-Egypte en 1869
Journal du maire de Saint-André-Goule-d’Oie en janvier 1871
Journal du maire de Saint-André-Goule-d’Oie en février 1871 (suite)
La construction du nouveau château de Linières (1871)
De Brayer et la nouvelle église de Saint-André-Goule-d’Oie en 1875
Marcel de Brayer, maire et poète de Saint-André-Goule-d’Oie
De l'art et de l'oeuvre d'Amaury-Duval (Véronique Noël-Bouton-Rollet)
Du nouveau sur le mystère des peintures du café Trotin
Achille Dien, peintre de Linières
La symphonie no 4 d’Henri Reber
Amaury-Duval témoin d’un scandale mondain en 1847
Les liens familiaux entre Amaury-Duval et Gaston de Marcilly
La fortune foncière des châtelains de Linières au 19e siècle
La fin du domaine et la démolition du château de Linières


                                      ARTICLES SUR SAINT-ANDRE-GOULE-D'OIE
Paroisse sous l'Ancien Régime
L'origine de Saint-André-Goule-d’Oie
La naissance de la taille à Saint-André-Goule-d’Oie en 1479
Saint-André-Goule-d'Oie en 1550 (Aveu de Languiller)
Les unités de mesure en usage à Saint-André-Goule-d'Oie sous l'Ancien Régime
Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1595-1649)
Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1650-1719)
Les seigneurs de Saint-Fulgent contre les seigneurs de Languiller (1720-1770)
Les communautés familiales d’autrefois dans le canton de Saint-Fulgent
Les Moreau de Saint-André-Goule-d’Oie du 16e au 18e siècles
La chapelle des Moreau dans l'église de Saint-André-Goule-d’Oie
La famille de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie
La famille Proust de Saint-Fulgent et Saint-André-Goule-d’Oie aux 17e et 18e siècles
La fabrique de Saint-André-Goule-d'Oie au 18e siècle
Les assemblées d'habitants à Saint-André-Goule-d’Oie au 18e siècle
La bibliothèque d’un bourgeois de Saint-André-Goule-d’Oie en 1762
Le standing au 18e siècle d'un bourgeois de Saint-André-Goule d’Oie
Les Fluzeau de la Brossière aux 18e et 19e siècles
La famille de Tinguy à Saint-André-Goule-d’Oie
Du prieuré cure au presbytère à Saint-André-Goule-d’Oie (1306-1988)
Les moulins à Saint-André-Goule-d’Oie
Le testament d’André Boudaud en 1765

Période de la Révolution (1789-1800)
Le premier maire de Saint-André-Goule-d’Oie, Jean Bordron (1790)
Décembre 1790 : le curé de Saint-André-Goule-d'Oie sous surveillance
La vente des biens du clergé à Saint-André-Goule-d’Oie
Le curé intrus de Saint-André-Goule-d'Oie
Les frères Cougnon de Saint-André-Goule-d'Oie
Le maire, Guesdon (1793), assassiné par les conscrits
Pierre François Mandin, adjoint au maire de 1826 à 1830
M. de Vaugiraud à Saint-André-Goule-d’Oie (1753-1814)
Les pensionnés de la guerre de Vendée nés à Saint-André-Goule-d'Oie
Les agents communaux Fluzeau (1796-1797) et Bordron (1797-1799)
Les nouveaux impôts à Saint-André-Goule-d’Oie en 1796
Les persécutions religieuses dans le canton de Saint-Fulgent (1796-1799)
La vente des biens des émigrés à Saint-André-Goule-d’Oie
Conflit sur la rente foncière du Coudray en 1798
La révolte gronde : deux morts près de Linières (1799)
Justice indigne en 1805 contre les habitants de la Bergeonnière
Les registres paroissiaux clandestins de Saint-André-Goule-d’Oie en 1793 et 1794

 Période du 19e siècle et 20e siècle
Les débuts de l’école de Saint-André-Goule-d’Oie vers 1820
Simon Pierre Herbreteau maire de 1800 à 1825
Deux maires de 1826 à 1830 : François Cougnon et Léon de Tinguy
Maires suite : Bordron (1830-1834) et Rochereau (1835-1848)
Maires de Saint-André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869)
On a retrouvé Vincent Mandin
La fabrique de Saint-André Goule-d’Oie au 19e siècle
La construction de la nouvelle église à Saint-André-Goule-d’Oie (1875)
Les fondations religieuses à Saint-André-Goule-d’Oie
L’inventaire des biens d’Eglise en 1906 à Saint-André-Goule-d’Oie
Les école libres de Saint-André-Goule-d’Oie
La vie religieuse à Saint-André-Goule-d’Oie (1820-1900)

Les lieux-dits de Saint-André-Goule-d'Oie
La Baritaudière à Saint-André-Goule-d’Oie
La Bergeonnière à Saint-André-Goule-d’Oie
Sept siècles d’Histoire du bourg de Saint-André-Goule-d’Oie
La Boninière à Saint-André-Goule-d’Oie
La Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie
Les fiefs de la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie (Ière partie)
Les fiefs de la Brossière à Saint-André-Goule-d’Oie (IIe partie)
La Bourolière à Saint-André-Goule-d’Oie
La Boutinière à Saint-André-Goule-d’Oie
La Chevaleraye et la Javelière
Le Clouin à Saint-André-Goule-d’Oie
Histoire du Coin et du Peux à Saint-André-Goule-d’Oie sous l'Ancien Régime
Le Coudray à Saint-André-Goule-d’Oie (1250-1789)
L'ancien logis du Coudray au 18e siècle à Saint-André-Goule d’Oie
La chapelle et la métairie de Fondion à Saint-André-Goule d’Oie
Au village de la Forêt à Saint-André-Goule-d’Oie
La Gandouinière de Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie
Le village des Gâts à Saint-André-Goule-d’Oie
La Jaumarière à Saint-André-Goule-d’Oie
La Machicolière et la Ridolière dont le seigneur fut un prince
La Maigrière de Saint-André-Goule-d’Oie aux 17e et 18e siècles
Le manoir de la Mancellière à Saint-André-Goule-d’Oie
La seigneurie de la Mancellière et le Plessis-le-Tiers
La saisie féodale de la Mancellière à Saint-André-Goule d’Oie
La Milonnière de Saint-André-Goule-d’Oie sous l'Ancien Régime
Les Noues à Saint-André-Goule-d’Oie
Les divers terroirs du Pin à Saint-André-Goule-d’Oie
Du rififi chez les seigneurs du Pin
Les droits seigneuriaux de la Porcelière à Saint-André-Goule-d’Oie
Les borderies et la métairie de la Porcelière aux 17e et 18e siècles
Plus de 60 ans de procès à la Porcelière de Saint-André-Goule-d’Oie
La Racinauzière
La Roche Mauvin à Saint-André-Goule-d’Oie sous l’Ancien régime


                              ARTICLES SUR LES ALENTOURS DE SAINT-ANDRE
Chauché
Un précieux patrimoine, le vin de Chauché
Le catéchisme des trois Henri : le curé de Chauché attaque son évêque
La confrérie de la Charité de Chauché (1685-1788)
Retour sur la paroisse de la Chapelle de Chauché
Les seigneurs de la Chapelle à Chauché
La géographie de la seigneurie de la Chapelle Begouin à Chauché et aux Essarts
Les domaines de la seigneurie de la Chapelle Begouin à Chauché
Les droits seigneuriaux des nobles dans le fief de la Chapelle Begouin à Chauché
Les droits seigneuriaux sur les roturiers de la Chapelle Begouin à Chauché
Les seigneurs de la Boutarlière et leurs descendants
La Morelière (Chauché)
Les seigneurs de Languiller (1300-1604)
Les seigneurs de Languiller (1604-1797)

jeudi 3 mai 2012

La naissance de la taille à Saint-André-Goule-d’Oie en 1479


Pays d’agriculture et d’élevage, la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie n’a pas fait parler d’elle dans les siècles de l’Ancien Régime. En dehors des documents ecclésiastiques et seigneuriaux, le premier document de nature civile que nous avons trouvé, où son nom apparaît en tant que paroisse, date du XVe siècle. 


Une livre de taille à payer en 1479 par les habitants de Saint-André-Goule-d’Oie




Louis XI
Il s’agit d’un compte particulier des impôts mis à la charge du Poitou par le roi Louis XI pour le déplacement de son artillerie de mai à août 1479. Les 11 831 livres payables par le comté du Poitou étaient réparties entre les quatre sièges des finances existants, à savoir Poitiers, Niort, Fontenay et Thouars. Puis dans chacun d’entre eux, les montants d’impôts étaient répartis entre les paroisses, elles-mêmes regroupées par châtellenies. C’est ainsi que Saint-André-Goule-d’Oie se voit imposé d’à peine une livre en 1479, mais ce seront 142 livres en 1480, 108 livres en 1488 et 10 livres en 1490 (1). De quoi s’agit-il ?

Nous assistons dans ce document à la naissance du premier impôt direct qui devint annuel, la taille royale. Il avait existé autrefois des tailles seigneuriales, ayant disparue en presque totalité à la fin du Moyen Âge dans le Poitou. À Saint-André-Goule-d’Oie on en a rencontré une à la Milonnière en 1609, de 15 deniers, à cause de la seigneurie de Languiller. Le nom de taille parait avoir désigné des redevances diverses, aussi appelées « aides ». Il y avait ainsi l’aide aux quatre cas, ou la taille aux quatre cas, due au seigneur par ses vassaux (lorsque lui-même ou son fils aîné était armé chevalier, pour la dot de sa fille aînée, le paiement d’une rançon et le départ en pèlerinage ou en croisade). La taille était appelée ainsi parce qu’elle avait désigné autrefois un bâton de bois fendu en deux et sur lequel le collecteur d’impôt (qui ne savait pas toujours lire ni écrire, ainsi que les assujettis), pratiquait des entailles pour marquer les sommes reçues. L’un des fragments du bâton lui servait de rôle (titre de créance fiscale), l’autre était laissé au débiteur en guise de quittance.

Le 2 novembre 1439, les États généraux, avaient approuvé l'entretien d'une armée permanente pour pouvoir chasser définitivement les Anglais hors de France. Pour cela ils instituèrent ce nouvel impôt permanent qui sera prélevé dans chaque famille du royaume, à l'exception des nobles et des clercs. Il était présenté comme un rachat du service militaire. Les délégués  accordent à Charles VII la permission de relever la « taille des lances » tous les ans, taille qui permet d'être exempté de l'engagement dans l'armée royale. Nous sommes à la fin de la guerre de Cent ans. Dans l’organisation sociale de l’Ancien régime, les principes voulaient que les clercs et les nobles, qui ne pouvaient se livrer à aucune activité lucrative, devaient être exemptés de cet impôt. Les premiers étaient voués à la prière, sans obligation militaire à racheter, et les seconds étaient voués à l'armée, sans faculté de rachat. Ainsi, les gentilshommes ne payaient pas la taille sur leurs biens nobles, obligés de participer aux convocations des bans. Mais il la payait sur leurs biens roturiers, ainsi que la dîme et la capitation, ancêtre de l’imposition personnelle et de la taxe mobilière.


L’intervention des États Généraux


Les historiens soulignent une portée particulière à cette décision des États Généraux de 1439. En acceptant sans contrepartie ce nouvel impôt, les États annulent l’ébauche du système de gouvernement représentatif qu’ils avaient commencé d’esquisser lors de leurs réunions antérieures de 1355 et 1356. Ils avaient alors imposé le droit d’organiser par eux-mêmes la perception des impôts, celui de la périodicité de leurs réunions, et surtout le droit de désigner en partie les membres du conseil du roi. Les États Généraux étaient au nombre de trois, représentant les trois ordres de la société : la noblesse, le clergé et le tiers état. Chacun possédait ses propres règles de justice, d’impôts, etc. Le principe d’égalité instauré en 1789 a consisté à supprimer cette notion des ordres. Dans leur réunion en États Généraux, chaque ordre, composé de représentants élus, délibérait séparément, pour décider d’avis à donner au roi. Cette tendance des États Généraux à se faire reconnaître des pouvoirs politiques avorte ainsi en 1439, contrairement à ce qu’il allait advenir en Angleterre (2). Une autre occasion de même nature se présenta plus tard lors de la Fronde, mais le parlement se trompa alors de camp en soutenant les adversaires perdants du roi.

Vers l’armée de métier ?


À partir de cette époque de la fin de la guerre de Cent Ans, se met en place une armée permanente, dont les soldats sont recrutés chez les volontaires et par racolage, à côté des milices des villes recrutées par tirage au sort, et que la Révolution transformera en garde nationale.

Arthur III comte de Richemont
La transformation de la taille royale, jusqu’ici épisodique, en taille perpétuelle, permit la création d’une armée permanente au service du roi, ajustée à ses besoins militaires. Il s’agit d’une réforme essentielle du mode de fonctionnement des armées à cette époque. Elle fut associée au licenciement des compagnies inutiles qui dévastaient et pillaient les campagnes quand elles n’étaient pas employées à la guerre. Ces licenciements furent exécutés sous le contrôle rigoureux du connétable de l’époque, Arthur III de Bretagne, à partir de 1440.

Dans le même temps on prit une autre mesure, en définissant la composition stricte d’une lance dirigée par un noble. Celui-ci devant rendre des comptes du respect de l’ordonnance et de la discipline de ses hommes. Il s’agissait ainsi d’éviter que chacun ne s’équipe pour d’autres activités que la guerre et cesse la pratique si répandue du pillage entre les batailles.
Un féodal requis en guerre, ou homme d’armes, ne pourrait avoir que quatre chevaux pour son usage particulier. Sa suite se composerait d’un coutelier, de deux archers, d’un page (jeune noble en service) et d’un varlet (jeune noble en apprentissage). Le noble devait répondre de la conduite de ces cinq personnes, et veiller surtout à ce qu’on ne vexât point les gens de la campagne. On assigna à chaque noble, pour lui et pour sa lance, une solde qui devait être payée mensuellement d’après une revue ou montre (3).

On sait que quelques féodaux mécontents firent de cette mesure un des prétextes à la Praguerie en 1440 (allusion à la guerre des Hussites de Prague), organisée autour de la Trémoïlle, en disgrâce après avoir été premier ministre. Ce fut une révolte de quelques féodaux contre l’autorité royale, comme il y en eu tant.

Un impôt royal sans administration 


Les structures judiciaires, basées elles-mêmes sur les structures féodales, sont les seules existant à cette époque dans le royaume de France. Au sortir du Moyen Âge, il n’existait pas en effet de structures administratives, et les châtellenies serviront de cadre seulement au groupes de paroisses dans les circonscription financières des provinces. Les châtellenies étaient des juridictions féodales, en même temps la plus petite circonscription au Moyen-Âge. Dans d’autres provinces, la châtellenie pouvait s’appeler autrement (bailliage, prévôté, viguerie, vicomté). C’était le territoire soumis à la juridiction du châtelain, ou plutôt de ses fonctionnaires désormais. Au-delà de l’enchevêtrement des juridictions féodales, la paroisse apparaît alors la seule réalité sociale solide. C’est à elle que sera confiée l’organisation de la collecte de la taille, acquérant ainsi un caractère administratif.
Les paroisses des Essarts et de Saint-André-Goule-d’Oie dépendaient entièrement de la châtellenie des Essarts. Quoique la maison noble de la Coussaye aux Essarts, ait dépendu de la châtellenie de Lande Blanche, qui était une annexe de la commanderie de Coudrie, appartenant à l’ordre de Malte, comme la commanderie de Launay à Sainte-Cécile. D’autres paroisses dépendaient partiellement de la châtellenie des Essarts : Chauché (partie correspondant à l’ancienne paroisse de la Chapelle de Chauché), Boulogne, la Merlatière, Sainte-Cécile, Saligny, Saint-Martin-des-Noyers, Bourg-sous-la-Roche, Chaillé-sous-les-Ormeaux, l’Airière. En dépendaient aussi les châtellenies d’Aubigny (paroisse du même nom), de l’Aublonnière et de Morenne (paroisse de Sainte-Cécile) (4).

La châtellenie des Essarts, entrant dans le ressort de la justice du duché-pairie de Thouars, était rattachée aussi au siège des finances de Thouars. À ce dernier étaient aussi rattachées les justices de Tiffauges, Mortagne et Montaigu, celle-ci comprenant Bazoges, Chavagnes, les Brouzils, Vendrennes (depuis 1447), l’Herbergement-Ydreau et en partie la Rabatelière.

La justice de la châtellenie de Saint-Fulgent, qui relevait par appel du marquisat de Montaigu, ne s’étendait que sur une partie de la paroisse. Il semble que quelques maisons du bourg relevaient directement de la justice de Montaigu. La plus grande partie de la paroisse relevait en appel de Tiffauges.

La haute justice de Chauché (partie autre que l’ancienne paroisse de la Chapelle de Chauché)était celle de Puytesson, relevant de la Jarrie (Saligny). Celle-ci faisait partie à partir du 17e siècle de la vicomté de la Rabatelière, Jarrie et Raslière. Nous avons plusieurs déclarations roturières à Languiller au 17e siècle qui confirment que le bourg de Chauché était un territoire de ces châtellenies à cause de Puytesson et de la Jarrie (5).

Non loin se trouvait Saint-Martin-des-Noyers, qui dépendait en partie de la châtellenie de la Grève, avec la paroisse du même nom, et celle de Sainte Catherine de l’Airière, qui a disparu depuis. Cette châtellenie de la Grève n’avait pas d’officiers de justice et les affaires étaient traitées par la justice des Essarts. Elle dépendait néanmoins du siège des finances de Fontenay-le-comte, comme celle de Mouchamps comprenant Saint-Vincent-Sterlanges.


Carte Cassini (18e siècle)

La "démocratie participative" pour remplacer les fonctionnaires


Dans le Poitou, pays d’élection (6), ce fut l'intendant qui répartira plus tard la taille entre les paroisses de la province. Puis dans les paroisses elle était répartie entre les contribuables en fonction de leurs revenus présumés. Elle était perçue par des collecteurs nommés par l'assemblée des chefs de familles aisés de la paroisse, appelés aussi asséeurs. Pour assurer la rentrée de l'impôt, tous les habitants aisés d'un village étaient solidaires vis-à-vis du Trésor. L'imposition personnelle se basait sur le feu, c'est-à-dire l'âtre autour duquel sont rassemblés le chef de famille, ses enfants, même mariés, et ses domestiques. Seul le nom du chef de famille est indiqué dans les registres. Son montant est fixé arbitrairement en fonction des capacités présumées de la population. En pratique c’était un impôt sur les revenus, mais il se cotait sur les apparences de fortune. Les paysans développèrent alors un réflexe de défense : paraître le plus pauvre possible. On le voit, on est loin de la "démocratie participative", la formule consistant à pallier l'absence d'administration tout simplement.

Nous avons trouvé des procès-verbaux d’assemblée d’habitants de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, au XVIIIe siècle, dont l’ordre du jour était uniquement occupé à délibérer sur des problèmes de collecte de la taille. Voir l’article publié en septembre 2013 : Les assemblées d'habitants à St André Goule d'Oie au 18e siècle.

Une autre conséquence de cet impôt est d’avoir poussé au développement du bail à partage de fruits ou colonage partiaire, au lieu du bail à fermage en valeur fixe dans l’agriculture (contrairement à l’Angleterre). C’est que, moins l’argent paraissait, et mieux cela valait (7). Cette idée avancée par certains historiens ne se vérifie pas à Saint-André-Goule-d’Oie. Le bail à valeur fixe y a été largement majoritaire dans la contrée au 18e siècle.

La population de Saint-André-Goule-d’Oie au milieu du 16e siècle


Le feu étant la plus petite unité de répartition de la taille, va devenir l’unité de base pour le décompte de la population sous l’Ancien Régime. Ce décompte s’est opéré par les dénombrements réalisés sous l’autorité des intendants, qui comptaient les feux. En revanche, les comptes rendus des visites diocésaines, comptaient les communiants,

Pour Saint-André-Goule-d’Oie, nous disposons d’un chiffre de 1 000 communiants en 1533. Ce chiffre ne comprend pas les enfants, ni les protestants, ni certains privilégiés. S’agissant de cette paroisse, seule la première catégorie d’exclus, les enfants âgés de moins de quinze ans, (8) est à prendre en compte. Normalement, les paroissiens de Chauché fréquentant l’église de Saint-André n’étaient pas compris dans ce chiffre, sans que nous en soyons absolument sûrs dans les décomptes réalisés. Si c’est bien le cas, cela veut dire que la population de la paroisse était d’environ 1 200 habitants à cette date.

Le dénombrement de 1709, réalisé par Charles Saugrain, donne un chiffre de 258 feux pour la paroisse de aint-André-Goule-d’Oie (9). Mais ce chiffre ne parait pas crédible. On voit Saint-Fulgent avec 210 feux seulement, la Rabatelière avec 60 feux et Chauché avec 217 feux. La paroisse des Essart, avec 407 feux, est qualifiée de ville, ce qui veut dire qu’elle comportait au moins 2 000 habitants (10). Dans son avertissement introductif, l’auteur écrit dans un nota : « On doit regarder le nombre de feux de chaque lieu comme plus curieux que sûr, parce qu’il n’y a rien de plus sujet au changement ; mais comme donnant cependant une idée approchante de sa consistance et de sa grosseur ». La remarque s’applique bien à aint-André-Goule-d’Oie.


(1) L. de la Boutetière, Rôles des Tailles en Poitou au XVe siècle, Mémoire de la Société des Antiquaires de l’Ouest (1878), page 499.
(2) L. B. Mer, Histoire des Institutions Publiques jusqu’à la Révolution, 1967 (Faculté de droit de Nantes).
(3) Alexandre Mazas, Arthur III de Bretagne (4e édition, 1875), page 210 et 232.
(4) Beauchet-Filleau, Mémoire sur les justices royales, ecclésiastiques et seigneuriales du Poitou, (époque de 1787-1789), Mémoires de la société des antiquaires de l’Ouest (1884), page 417 et s.
(5) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 42, Languiller, Fiefs Toillet et Lantruère, aveu du 4-5-1611 de Jean Gaucher à Languiller pour le fief de Lautruère Loriau.
(6) L'intendant, représentant du gouvernement royal, répartissait les impôts avec l'aide des "élus" au niveau local, d’où le mot de « pays d’élection ».
Dans les pays d'États (régime propre à certaines provinces), comme la Bretagne, la fiscalité était réglée par une négociation entre les trois ordres de la province, c'est-à-dire une assemblée représentative de la noblesse, du clergé, et du tiers-état, et l’intendant. Les États en assuraient la répartition entre les diocèses et les paroisses.
Il existait un autre régime particulier, dit d’imposition, pour le Roussillon, l’Alsace, la Lorraine et la Corse, les dernières provinces annexées au royaume de France, respectivement en 1659, 1681, 1766 et 1768.
(7) L. Rerolle, Du colonage partiaire …, Chevallier-Marescq (1888), page 208.
(8) D’après M. Maupilier, Saint-Fulgent sur la route royale, Herault Éditions (1989) page 94.
(9) Charles Saugrain : Dénombrement du royaume par généralités, élections, paroisses et feux (1709) – Google books – Généralité de Poitiers et Élection de Mauléon, page 237.
(10) M. A. Corvisier, La société française au XVIIIe siècle, 1968, page 42 (Faculté des lettres de Nantes).

Emmanuel François, tous droits réservés
Mai 2012, complété en août 2014

POUR REVENIR AU SOMMAIRE



samedi 2 octobre 2010

Maires suite : Bordron (1830-1834) et Rochereau (1835-1848)

Colonne de Juillet : place de la Bastille à Paris

Jean Bordron (1830-1834)


C’est Jean Bordron, ancien agent communal en 1797/1799 et fils du premier maire de la commune en 1791, qui sera nommé maire de Saint-André-Goule-d’Oie par le préfet du nouveau régime le 4 octobre 1830. Ce nouveau régime est appelé la Monarchie de Juillet, en référence à la révolution de juillet 1830. Le nouveau maire recommence à rédiger les actes de l’état-civil le 11 septembre 1830.

Un nouveau maire pour un nouveau régime politique


L’ancien maire, Léon de Tinguy, avait démissionné pour protester contre la révolution qui venait de chasser Charles X de son trône, le frère de Louis XVI. Pierre Mandin, l’adjoint, a suivi ensuite, mais en assurant l’intérim pendant l’été 1830.

C’est Pierre Rochereau du village du Coudray, déjà conseiller municipal, qui est nommé dans la fonction d’adjoint. En 1832 il sera remplacé par Louis Charpentier du Clouin.

Il est à remarquer qu’à Chauché aussi un nouveau maire et un nouvel adjoint ont été nommés. Et en 1834, J. M. Cailteau, ancien maire au moment de la Révolution, conservé par le Consulat, revient à la mairie de Chauché. Ces nominations montrent bien que le maire, à cette époque, occupe une fonction politique au sens partisan du terme.

Des élections réservées aux riches et  boycottées par les adversaires du régime


Suite à la Révolution de juillet 1830, est promulguée la loi du 21 mai 1831 qui instaure l’élection des conseillers municipaux par un corps électoral censitaire (il faut être imposable au minimum de 200 F. par an), où le droit de vote est réservé aux hommes d’au moins 25 ans. Les conseillers sont élus pour six ans renouvelables par moitié tous les trois ans.

Le maire et les adjoints sont nommés par le roi dans les communes de plus de 3 000 habitants, par le préfet dans les autres, mais choisis obligatoirement parmi les conseillers. Sans indemnité pour le dédommager du temps consacré à la fonction, le maire doit être riche ou aisé.

Le renouvellement intégral des conseillers municipaux s’étala de 1831 à 1833. À Saint-André il eut lieu le dimanche 25 mars 1832, suivant le procès-verbal disponible aux Archives (1). On peut y lire :
« … à onze du matin s’est réunie l’assemblée des électeurs de la commune de Saint-André-Goule-d’Oie convoquée pour ledit jour en vertu …sur l’invitation faite en temps opportun à chaque électeur par le maire au lieu de la mairie pour procéder à l’élection des conseillers municipaux…par Jean Bordron maire a pris place au bureau pour présider l’assemblée …
Ensuite il a appelé au bureau pour faire les fonctions de scrutateurs : »

Jean Herbreteau âgé de 60 ans et Herbreteau fermier âgé de 63 ans, les deux plus âgés.
René Guiberteau âgé de 31 ans et Henri Joussaume âgé de 25 ans, les deux plus jeunes.

« Le Président et les scrutateurs ont nommé Auguste Charpentier pour occuper la place de secrétaire, qui a de suite ouvert le présent procès-verbal…
Il a été reconnu qu’on avait placé en amont du bureau une table entièrement séparée de ce bureau et sur laquelle les électeurs pouvaient écrire leur nom, que le bureau était disposé de manière à laisser aux électeurs l’espace nécessaire pour circuler à l’entour pendant le dépouillement du scrutin, que la liste des électeurs était affichée dans la salle et de plus disposée sur le bureau, destinée à l’inscription des votants...
»

Il est ensuite rappelé que pour être éligible il faut avoir 25 ans accomplis, que les ¾ des conseillers doivent être domiciliés dans la commune et que les 2/3 doivent faire partie des électeurs censitaires.

« À onze heures M. le président ayant déclaré le premier scrutin ouvert a fait faire un appel des électeurs qui sont venus successivement déposer leurs bulletins pliés dans la boîte destinée à cet usage et placée en avant du bureau en regard du nom des votants. Avant de déposer son vote, chaque électeur a prêté le serment prescrit par la loi et conçu en ces termes : Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume… »

On a attendu trois heures de temps depuis l’ouverture à onze heures et ensuite le président a « …fait prévenir les électeurs par le son du tambour que nous allions clore le scrutin ». Il a déclaré ensuite le scrutin clos. Puis on a procédé au dépouillement.

« …Les électeurs qui ont obtenu la majorité absolue (majorité plus une) des suffrages sont : 



Jean Bordron            61 ans, propriétaire au Bourg :               36 voix
Pierre Rochereau      53 ans, propriétaire au Coudray :           36 voix
Louis Charpentier     31 ans, propriétaire au Clouin :             34 voix
Alexandre Sionneau 42 ans, propriétaire au Clouin :              34 voix
Pierre Guiberteau     32 ans, charron        à la Brossière :        32 voix
Jean Chaigneau        70 ans, propriétaire à la Boninière :        32 voix
Jean Fonteneau         45 ans, propriétaire à la Maigrière :       30 voix
Jacques Seiller          38 ans, propriétaire au Plessis-le-Tiers : 30 voix
André Robin             54 ans, propriétaire à la Gandouinière : 29 voix
Jean Herbreteau        61 ans, propriétaire à la Porcelière :       28 voix
Henri Joussaume      25 ans, propriétaire à la Gandouinière :  21 voix
Jacques Gorron         33 ans, propriétaire à la Brossière :        20 voix

Les nommés ci-dessus ont par conséquent été proclamés conseillers municipaux de la commune de Saint-André-Goule-d’Oie, canton de Saint-Fulgent, arrondissement de Bourbon-Vendée, département de la Vendée… »

Caricature de Daumier
La loi du 21 mars 1831 règle l’élection des conseillers municipaux par les habitants les plus imposés de la commune. À cette époque, être électeur, pour la majorité du personnel politique, constitue une fonction et non pas un droit. Elle est attribuée à ceux qui sont le plus à même de juger et d’assurer le bien commun, sur le critère de la richesse, représenté par le paiement des contributions directes, dont le montant était appelé cens. En même temps, cela permet aux conservateurs de l’époque de protéger leur influence politique. Nous avons trouvé une liste des électeurs censitaires de 1834, appelés à voter dans la commune de Saint-André-Goule-d’Oie. La liste de 1832 n’a pas été retrouvée, mais elle ne doit pas différer notablement.

Le montant minimal du cens n’était pas le seul critère pour être électeur. En effet, il fallait un nombre minimum d’électeurs fixé en fonction de la taille de la commune : au moins 2% d’électeurs pour les communes d’au moins 15 000 habitants. Cette proportion augmentait pour les petites communes jusqu’à représenter 10% dans le cas de Saint-André qui avait un peu plus de 1072 habitants en 1831. On sélectionnait alors les électeurs suivant le montant de leurs impôts, avec une priorité aux plus imposés, pour atteindre le nombre nécessaire.

D’abord cette liste en 1834 des électeurs de Saint-André-Goule-d’Oie comprend 99 personnes, complétées par une autre de 19 noms, mais sans l’indication du montant de leurs cens (2). Elle ne comprend pas les contributions payées en dehors de la commune par des habitants de Saint-André. En revanche, elle comprend les contributions payées dans la commune par des non-résidents dans Saint-André.

Les 10 plus imposés représentent 34 % du montant total des cens et parmi eux 7 demeurent en dehors de la commune :
de La Poëze              La Rabatelière 196 F.
Joseph Boisson        Vendrennes      191 F.
Guyet-Desfontaines  Paris                187 F.
Louis Bordron          Les Essarts      181 F.
Pierre Rochereau      Le Coudray     113 F.
M. Herbreteau          Chavagnes         98 F.
P. Maindron              Peux                  81 F.
J. Mandin                  Saint-Fulgent    80 F.
A. Fortin (1)             Paris                   81 F.
Jean Bordron            Bourg                77 F.
(1) : Agnan Fortin s’était établi à Nantes, après avoir séjourné à Saint-Domingue (important relais dans la traite des noirs). Il avait acheté en 1769 la seigneurie de Saint-Fulgent. Ses fils émigrèrent à la Révolution et il eut du mal à ne pas se faire saisir ses biens. Il a fait des dons à l’église de Saint-Fulgent ensuite et ses fils continuèrent dans cette voie en 1834 et 1860, selon l’historien Maurice Maupilier. La personne indiquée ci-dessus est un de ses descendants.

Au total, ce sont 17 personnes de cette liste qui ne résident pas dans la commune. En les excluant, les électeurs résidant dans la commune sont au nombre de 82. Ils se répartissent ainsi, suivant les tranches de montants de contributions directes payés en 1833 :
tranche de 100 F et +: 1 personne
tranche de 50 à 99 F : 14 personnes
tranche de 40 à 49 F : 11 personnes
tranche de 30 à 39 F : 13 personnes
tranche de 20 à 29 F : 12 personnes
tranche de 10 à 19 F : 31 personnes

L’indication des professions manque de précisions malheureusement, en se contentant trop souvent d’indiquer : « propriétaire », dans 77% des cas. Pierre Rochereau, le plus imposé, est marchand de bœufs. Les meuniers se situent dans les tranches les plus élevées, les maçons et autres artisans sont dans la tranche la plus basse, l’aubergiste paye 31 F.

Les contributions dont il s’agit sont au nombre de quatre : la contribution foncière, la contribution personnelle et mobilière, la contribution des portes et fenêtres et la patente. On sait que la première d’entre elles est la plus importante, favorisant ainsi le rôle des propriétaires fonciers en politique.

À Saint-André-Goule-d’Oie, ce sont les moyens et petits propriétaires qui sont les plus nombreux à cette époque, continuant une situation existant déjà au moment de la Révolution. La vente des biens nationaux a eu très peu d’influence dans la commune. Linière a été rachetée par l’épouse de l’ancien propriétaire et la métairie de Fondion, qui dépendait du prieuré, par un propriétaire. Tout au plus, on sait que Jean Bordron a acheté deux biens nationaux sur St André : la métairie du Coin et une borderie au Peux. Depuis longtemps en revanche, l’ardeur au travail, l’âpreté aux gains, un sens prononcé de l’économie, sont des traits de comportement largement répandus dans la population. Pour certains, le sens de l’initiative dans le choix des cultures et dans la pratique des métiers de l’artisanat, ainsi que la volonté de préserver les propriétés au moment des mariages, ont permis l’émergence d’une classe de petits propriétaires fonciers. Plus tard, en 1912, on verra beaucoup de liasses de billets de banques quitter leur cachette dans les habitations pour rejoindre provisoirement le coffre du notaire, à l’occasion de la vente au détail du domaine de Linière. Le nombre des propriétaires a ainsi augmenté et les surfaces des propriétés aussi.

En rapprochant cette liste de 82 noms du nombre maximum de 36 voix qui se sont portées sur les élus municipaux en 1832, on obtient une participation de 44 % des inscrits. On ne connaît pas le chiffre exact compte tenu du caractère sommaire du procès-verbal des élections à cet égard. Plutôt que d’évoquer le son du tambour, on aurait aimé qu’il permette de calculer les absentions et les bulletins nuls. Mais avec ce chiffre on doit se trouver proche de la réalité. N’oublions pas que les royalistes légitimistes devaient être probablement aussi nombreux que les votants, mais qu’il leur était impossible d’aller jurer fidélité au nouveau roi « usurpateur », avant de déposer un bulletin dans l’urne. Quant aux républicains, nous savons par ailleurs qu’ils ne devaient pas être nombreux à cette époque dans la commune.

Ce procès-verbal mérite une autre remarque : on continue de voter en « assemblée votante », suivant une tradition remontant à l’Ancien Régime, pour désigner des élus ou des délégués. L’expression la distingue des « assemblées délibérantes », qui débattent et décident. D’où les précautions décrites pour attester de la loyauté de l’organisation du scrutin. C’est plus tard que sera abandonnée cette idée d’ « assemblée votante » et que l’isoloir fera son apparition avec des heures d’ouverture plus larges du scrutin et des bulletins de vote totalement anonymes.

La nomination de Jean Bordron, par son engagement comme « agent communal » à la fin du Directoire, représente bien le retour des « libéraux » au pouvoir, favorables aux idées de la Révolution et la mise à l’écart des royalistes légitimistes, tenants de l’Ancien Régime. On ne connaît pas ses rapports avec le nouveau châtelain de Linière et député de la Vendée : Guyet-Desfontaines qui était orléaniste. Les orléanistes (leur roi Louis Philippe étant de la branche des Orléans, descendant d’un frère de Louis XIV) veulent conserver l’institution monarchique et deviennent les ennemis des républicains. Mais ils veulent une monarchie moderne, tenant compte des évolutions nécessaires de la société et des acquis de la Révolution. En cela ils sont les ennemis des royalistes légitimistes dont ils ont chassé leur monarque, Charles X. Cette synthèse impossible entre des courants politiques opposés sombrera au bout de dix huit ans sous les coups d’une nouvelle Révolution, celle de 1848, qui instaurera la IIe République.

Le contexte politique en ébullition


Relatant le contexte électoral vendéen qui est celui du nouveau député de la circonscription des Herbiers, Guyet-Desfontaines, châtelain de Linière, je donne des extraits du rapport du préfet de la Vendée sur la révolte de 1832 en Vendée, mais en retenant des extraits concernant Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie (page 140 de mon livre). Concernant le maire, en voici le texte :
« Le 8 août 1832 deux individus armés entrent chez M. Bordron maire de Saint-André-Goule-d’Oie, lui annoncent que le bourg est cerné par les royalistes, le battent, s’emparent de son fusil et sont obligés de prendre la fuite au moment où ils commençaient à piller, effrayés par la survenance d’un détachement de troupes de ligne. Les chouans tirèrent 3 à 4 coups de fusil sur le détachement qui riposta, mais la nuit était obscure, il fut impossible de les poursuivre. »

Je cite aussi les exactions des jeunes gens dirigés par un Guesdon de l’Herbergement (Sainte-Florence) et par un Jean Herbreteau de la Brossette (Chauché), notamment chez les frères Herbreteau, probablement ceux habitant à la Porcelière, et chez les frères Charpentier du Clouin, dont Louis était adjoint de la commune de Saint-André-Goule-d’Oie (3). Les deux meneurs furent lourdement condamnés par les Assises de la Roche-sur-Yon.

Fontevraud près de Saumur
François Guesdon, 22 ans et domestique, a été condamné à mort le 5 mai 1833, peine commuée aussitôt en travaux forcés à perpétuité sans expatriation. Il était à la prison de Fontevraud (Maine-et-Loire) lors de son amnistie le 27 avril 1840.

Jean Herbreteau, qui conduisait l’attaque contre le maire Jean Bordron, a été condamné le 23 avril 1834 à 6 ans de travaux forcés. Il était à la prison d’Embrun (Hautes-Alpes) lors de son amnistie en 1840. Surveillé à vie, le maire de Chauché où il a résidé le plus fréquemment ensuite, J. M. Cailleteau, écrit une lettre au préfet le 26-5-1840. Il y affirme en particulier : « D’après l’entretien que j’ai eu avec ce condamné amnistié, il paraîtrait que sa conduite sera désormais assez sage, et qu’il saura correspondre à la faveur qui lui a été accordée, mais, si j’étais trompé par ces belles promesses, soyez persuadé M. le Préfet, que je m’empresserais de vous instruire des faits dont il se rendrait coupable ». Ces mots disent assez bien le rôle de fonctionnaire du maire, ici dans le domaine de la police, et aussi le dévouement militant que permettait le choix partisan des maires nommés par le préfet.

L’homme Jean Bordron fils


La vie privée du maire de Saint-André-Goule-d’Oie sort de l’ordinaire pour l’époque. En effet, il a vécu en concubinage, pendant au moins huit ans, avec une femme plus jeune que lui de 17 ans, avant de se marier avec elle. On peut imaginer qu’il ne devait pas être bien vu par le curé de la paroisse et nombre de ses concitoyens. Cela ne l’a pas empêché d’être élu conseiller municipal et d’être nommé maire par le préfet.

Son acte de mariage, le 21 février 1821 avec Jeanne Nicou, légitime les trois enfants qu’ils ont déjà eu ensemble auparavant : Jeanne née à Nantes en 1814, Jean Frédéric né en 1819 et Jean Pascal né en 1820, les deux derniers à Saint-André-Goule-d’Oie. Après leur mariage naîtront encore trois autres enfants à Saint-André. Sa femme, fille de Jacques Nicou et de Marie Anne Bretin du village du Pin, était née en 1788 à Sainte-Florence, alors que lui-même était né en 1771. Il est décédé le 28 mars 1850.

Après le décès de son père en 1813, il signe en précisant « aîné » ou « maire », selon la circonstance, pour se distinguer de ses fils.

Sa signature est aussi accompagnée de deux petits traits parallèles comportant trois points entre les lignes. C’est le signe de son appartenance à la franc-maçonnerie, ce qui montre une certaine indépendance d’esprit dans son milieu d’origine. On remarque le même signe accompagnant la signature du maire de Saint-Fulgent de 1803 à 1806, Jean Baptiste Bontemps, instituteur de la commune. Tous deux devaient appartenir à la même loge, peut-être à Montaigu. Les trois points peuvent être chez d’autres francs-maçons des petites étoiles et leur disposition différente, en triangle par exemple.

Ils accompagnent sa signature dès ses débuts sur le registre d’état-civil en 1797. Cette appartenance n’a pas néanmoins le même sens antireligieux qu’elle aura plus tard (des prêtres en faisaient alors partie).

Rappelons que la franc-maçonnerie est un mouvement répandu dans beaucoup de pays depuis le XVIIIe siècle. Elle a pour caractéristique de se conformer à des rituels et de s’organiser de manière ésotérique. Elle cherche à influencer les lieux de pouvoir et la vie sociale notamment par la solidarité entre ses membres. Prônant la liberté absolue de l’individu, le mouvement a pour ambition de perfectionner l’homme et la société. Son combat en France pour la laïcité l’a conduit sur des positions violemment antireligieuses et a engendré l’opposition tout aussi virulente des milieux catholiques contre lui. Il fut interdit et persécuté par l’État français de Pétain.

Après les évènements de 1789, où la franc-maçonnerie n’eut pas de rôle important, contrairement à une idée répandue, ses membres furent persécutés sous la Terreur en 1793 et 1794, eux aussi. Le mouvement se reconstitua ensuite sous le Directoire, recevant alors l’adhésion de Jean Bordron. Proche du pouvoir sous Napoléon, la franc-maçonnerie demeurait le conservatoire de la philosophie des Lumières, admettant encore à l’époque de la Monarchie de Juillet l’existence de Dieu.

Le style du maire


Jean Bordron nous apparaît se donnant de l’importance dans la rédaction d’un arrêté de police du 10 août 1833. Déjà en 1830, aussitôt élu, il associe les autres conseillers municipaux dans un règlement faisant défense « aux habitants de ne couper ni enlever aucune bourrée quelle espèce que ce soit, bois et chêne » qui se trouve dans les biens communaux de la commune. Le mot bourré désigne ici les branchages et arbustes coupés pour les faire pourrir et obtenir un liquide servant d’engrais naturel. Mais en 1833 il renouvelle cette interdiction et l’élargit à d’autres domaines dans un nouvel arrêté de police. Ainsi il fait défense de faire des feux à moins de 100 mètres des maisons ou des tas de paille ou des bois, ainsi que de porter des feux autrement que dans des lanternes. Il interdit aussi de laisser « galoper » des chevaux dans les rues, comme aussi de jouer sur la voie publique et de laisser divaguer un chien qui aurait été mordu. C’est le rôle normal d’un maire doté de pouvoir de police. Au passage on note le type de problèmes de sécurité dans la commune à cette époque.

C’est aussi l’occasion de voir le sérieux de Jean Bordron dans son nouveau rôle de maire. Il rédige son arrêté ainsi :
« 1° Vu les dispositions de l’art. 50 de la loi des 14 et 18 décembre 1789 pour faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propriété, de la salubrité, de la sécurité, de la tranquillité dans les biens, lieux et édifices publics ; 2° les dispositions de la loi du 19 et 21 juillet 1791 titre 1e art. 46 portant du code pénal art. 471 ou de toute autre loi en vertu de laquelle ce règlement est fait
Considérant qu’il est dans le cercle de nos attributions de veiller et tenir la main à l’exécution des lois et règlement de police et de connaître auquel cette exécution peut donner lieu,
Considérant qu’il est urgent de remédier à tel abus qui fut introduit dans la commune et prévenir du danger qui peut devenir éminent et très coûteux
Avons arrêté et arrêtons ce qui suit : …
Article 5. L’adjoint, le garde-champêtre et la gendarmerie sont chargés de l’exécution du présent arrêté qui sera publié et affiché dans les lieux accoutumés de la commune.
Fait et arrêté en mairie le 10 août 1833. Le maire Bordron » (4).

Il connait les lois dans les détails de ses articles. En tant qu’agent du pouvoir exécutif il a probablement reçu des instructions dûment documentées qu'il reprend ici. Son écriture est toujours agréable à lire, signe du soin qu’il y met et de ses bonnes dispositions d’ancien bon élève. Il donne l’impression d’imiter le préfet dans le rappel précis des lois qui servent de base à la légalité de sa décision. C’est bien, mais pas strictement indispensable dans le détail à son niveau. Plus que cela, il veut peut-être valoriser les lois de la Révolution à laquelle il croit plus que d’autres dans la commune. Dans le même temps il se met en avant dans leur mise en œuvre. La moitié des hommes ne savaient pas lire et écrire à cette époque et presque toutes les femmes, mais gageons que le style employé, normal à notre époque, a dû faire sourire certains de ses administrés et en agacer d’autres il y a presque deux siècles. Il était de ceux pour qui la pensée et l’action politiques sont très importantes, leur donnant une place première, comme le firent les révolutionnaires au nom d’une conception impérieuse du bien commun toute entière contenue dans la sphère politique. En cela il ne parait pas au diapason de ses compatriotes, qui justement refusèrent d’entrer dans les excès de la politisation de leur communauté.   


Pierre Rochereau (1835-1848)


Pierre Rochereau succède à Jean Bordron le 1e janvier 1835. Il signe son premier acte d’état-civil le 19 janvier 1835 et son dernier acte le 6 août 1848. Il terminera son mandat avec la fin du régime de la Monarchie de Juillet.

Pourquoi cette nomination ? Notre hypothèse est qu’elle est sans doute liée à la politique d’indulgence du nouveau préfet, après les troubles rencontrés en 1831/1832. On sait qu’il a cherché à pacifier un département politiquement divisé et habitué aux révoltes. Pour cela il a rencontré beaucoup de maires en leur rendant visite et il est entré en relations avec les populations pour juger des situations locales. Dans ce contexte, où le propriétaire de Linière et député de la Vendée a peut-être dit son mot, on peut se demander s’il n’a pas été jugé que la présence de Jean Bordron à la mairie entretenait des divisions inutiles.

Son remplaçant, Pierre Rochereau, avait obtenu le même meilleur score que lui aux élections de 1832. Son père s’était installé au Coudray, mais ses ascendants étaient d’une famille possédant des biens, originaires de Vendrennes, puis s’établissant au début du 18e siècle à la Brossière de Saint-André. D’autres branches resteront à la Brossière et l’une d’elle ira faire souche à la Boninière de Saint-André. En faisait partie de celle-ci très probablement un syndic (ancêtre du maire) de Saint-André-Goule-d’Oie en 1773, Louis Rochereau.

L'homme privé


Né le 27 juillet 1778, Pierre Rochereau était le fils de Jean Rochereau (1747-1805) et de Marie Loizeau. Son père (probablement) avait élu membre de la première municipalité de St André en 1790. Il s’est marié le 9 février 1801 avec Jeanne Boisson, fille de Pierre Boisson et de Marie Lucas, de Chavagnes-en-Paillers. Sa femme est née en 1784 et avait 17 ans le jour de son mariage, alors que lui-même en avait 23. À cette époque on se mariait tôt.

Son père était un beau-frère de François Cougnon, marié à Jeanne Loizeau, le capitaine de paroisse pendant la guerre de Vendée et habitant au logis du Coudray, un héritage de sa femme. Il est donc le cousin de François Cougnon fils, maire de 1826 à 1829. Nous savons qu’en 1834 il est le résidant de la commune le plus imposé, avec 113 F de contributions. Les propriétés de la famille et son activité de marchand de bœufs expliquent sans doute cette situation. Jean Bordron, qu’il remplace, le suit à la troisième place du palmarès, avec 77 F de contributions. Il était aussi le beau-frère de Louis Loizeau, frère de sa femme, et ancien fabriqueur de la paroisse avant la Révolution.

Sa sœur, Marie, s’est mariée avec Jacques Groleau en 1810, farinier à la Clavelière de Saint-Fulgent. Il existe aussi un autre Jacques Groleau, meunier à la Boutinière, à la même époque, et de la même famille. Voir notre article publié sur ce site en avril 2015 : La Boutinière à St André Goule d'Oie.

Sur les actes de naissance de ses enfants on voit plusieurs fois notés les enfants de l’ancien maire Pierre Herbreteau (Alexis et Pierre) et Jean Mandin, sacristain, comme amis de la famille.

On relève la naissance de 14 enfants dans son foyer sur l’état-civil de la commune entre 1802 et 1823, dont cinq moururent jeunes. L’un d’entre eux, âgé de 15 mois, mourut noyé accidentellement dans une fosse en 1818.

Le maire à la remorque du préfet en 1835


Faute pour son mandat, lui aussi, de disposer des délibérations municipales, nous ne connaissons peu les actions entreprises à cette époque par la municipalité. Tout au plus pouvons-nous rappeler que la loi du 21 mai 1836 impose désormais la délégation de l’entretien des chemins vicinaux aux budgets communaux. C’est un point important pour les habitants qui, dans ce domaine, vont sortir d’une situation qui n’avait pas dû beaucoup changer depuis le Moyen Âge.

La loi du 6 juillet 1837 donne à la vie locale une possibilité de s’exprimer : la commune reçoit la personnalité juridique (droit d’avoir des biens et un budget propre) et la possibilité de délibérer par elle-même sur certaines affaires. Toutefois le contrôle du préfet est fort : les décisions du conseil municipal doivent être approuvées avant leur mise en œuvre.

On constate la sujétion du maire de Saint-André au préfet, peut-être alliée à un faible sens de l’initiative, dans une affaire d’usurpation des biens et chemins communaux. Dans un procès-verbal du 19 novembre 1835 le maire Pierre Rochereau, avec son adjoint François Fluzeau et le garde-champêtre Samé, constatent qu’un nommé Pacaud (chaunier à la Brossière) coupe du bois de chauffage pour son usage personnel dans un chemin vicinal. Surtout d’autres personnes occupent à leur profit des chemins de servitude et vicinaux qui ne leur appartiennent pas. Ainsi Jacques Caillé, Pierre Durdard et Jean Trotin se sont emparé d’une partie du chemin du Chaume des Ouches pour élargir leur propriété. Et Jacques Caillé en a fait autant sur le chemin de la Chardière, ainsi que du terrain communal portant le même nom avec les héritiers de Jean Paillé. Le même Jacques Caillé s’est aussi emparé d’une partie des communs du village du Pin pour élargir son champ du Petit Grand Champ, son autre champ du Chaume Fermé et son champ des Landes. Il a fait de même sur une partie du quaireux du Poirier au Pin pour élargir son pré des Tardres. L’importance des communs du village du Pin a incité d’autres propriétaires à faire de même :  les héritiers Crepeau et les héritiers de Louis Caillé. Au chemin du Petit Pin, le maire des Essarts, Jacques René Robin, s’est emparé d’une portion du même chemin pour élargir sa propriété. À la Brossière Louise Dechamps, veuve Meraud, s’est emparée d’une portion du chemin des Rivières pour élargir sa propriété. De plus, Rose Brillouet, femme Chatry, a fait enlever la planche du pont des Gâts qui servait à passer la rivière et en a fait boucher l’ancien courant d’eau. Maintenant l’eau déborde sur la voie publique en cas de fortes pluies et porte préjudice à plusieurs particuliers.

Le maire réclame au préfet de donner un ordre pour que tous ceux qui se sont emparés de ce qui ne leur appartient pas, cessent leurs occupations illégales. Dans une lettre du 24 novembre suivant du préfet en réponse, ce dernier enjoint le maire de prendre des arrêtés obligeant les usurpateurs à remettre les chemins dans l’état où ils se trouvaient. En cas de refus d’obtempérer il conseille de les citer devant le conseil de préfecture (tribunal administratif) (5). En définitive le maire avait plus de pouvoirs que Pierre Rochereau voulait bien en prendre.


Le conflit sur les biens communaux du bourg (1836-1842)


Lors de la publication du premier cadastre de la commune de Saint-André-Goule-d’Oie en 1838, sa surface est de 2 037 ha, soit celle d’aujourd’hui à peu près. Il y eut très peu de terrains vagues alors, déclarés comme appartenant à la commune, ou déclarés comme appartenant aux habitants des villages. On les appela des terrains communaux. Un conflit surgit en 1836 entre des propriétaires du bourg et ceux des villages voisins de la Machicolière, Ridolière, Milonnière et du Coudray (6). Les premiers revendiquaient l’usage exclusif de 5 biens communaux situés dans ou proches du bourg, et les seconds affirmaient y avoir des droits partagés. Des habitants du bourg, emmenés par l’ancien maire Jean Bordron, signèrent une pétition à l’adresse du préfet le 20 décembre 1836 pour réclamer l’usage exclusif de ces terrains communaux et obliger le maire à faire respecter ce droit. Dans sa majorité le conseil municipal rejeta cette demande. Plusieurs de ses membres, dont le maire et François Cougnon (ancien maire), possédaient des terres dans le bourg, et s’opposèrent à Jean Bordron.

En 1841 les positions des deux camps n’ont pas bougé, mais la commune tente de changer la donne et décide de vendre les communaux. Le maire Rochereau en informe le préfet par lettre du 23 mai 1841 (7). Les conseillers veulent utiliser le produit des ventes pour bâtir une maison d’école, agrandir l’église paroissiale, tout en évitant pour cela une imposition extraordinaire. Le juge de paix de Saint-Fulgent, Alexandre Gourraud, était chargé des intérêts de son cousin, Guyet-Desfontaines, lequel possédait le domaine de Linières et la métairie du bourg de Saint-André. Il habitait Chavagnes-en-Paillers où il avait constitué avec son frère Constant Gourraud, notaire et maire de la commune, un parti libéral en 1830 (8). Il s’opposa à la vente des terrains du bourg en litige au nom de Guyet-Desfontaines. Le juge de paix avait dû voter pour Guyet-Desfontaines, devenu en 1834 député de la circonscription des Herbiers, un royaliste orléaniste lui-aussi, comme Jean Bordron, qui se revendiquait de « l’opinion libérale et modérée » de la Vendée (9). Sur l’échiquier politique de l’époque, l’étiquette de ce parti le situait à gauche, quoiqu’aux Herbiers le candidat ajoutait l’épithète de modéré pour s’adapter au contexte local. Le parti bonapartiste était au centre gauche et les royalistes légitimistes à droite, tandis que le petit parti des républicains était situé à l’extrême gauche. Cette composition des partis politiques puisait sa source dans les divisions nées de la Révolution française. Ce serait faux d’imputer à la politique la définition des deux camps qui s’opposaient dans l’affaire de l’usage, puis de la vente des biens communaux de Saint-André-Goule-d’Oie. Le droit de propriété, érigé en droit de l’homme en 1789, était sacré pour tout le monde et méritait bien de ne pas transiger sur son principe. Les divisions politiques n’ont pas dû arranger les choses.

Le préfet convint d’attendre pour donner suite à la proposition d’aliénation des terrains par la commune, que la contestation pendante au tribunal de Bourbon-Vendée ait été décidée (10). Voir l’article publié sur cette affaire en février 2021 : Conflit sur des terrains communaux à Saint-André-Goule-d’Oie (1836-1844).


Composition du conseil municipal en 1841


Des douze membres élus en 1832 au temps du maire Jean Bordron, cinq sont toujours membres de la municipalité en 1841, dont le maire Pierre Rochereau, plus André Robin de la Gandouinière, Jean Fonteneau de la Maigrière, Pierre Guiberteau de la Brossière, et Henri Jousseaume de la Gandouinière. Sept autres membres n’en font plus partie, dont Jean Bordron le premier maire nommé par le régime de la monarchie de Juillet. Louis Charpentier du Clouin a été remplacé par son frère Augustin, qui deviendra le premier maire élu en 1848. Jean Chaigneau a été remplacé par son fils François Chaigneau, lequel sera maire 6 mois en 1869, avant d’être emporté par une maladie. Sont aussi de nouveaux élus : Alexis Herbreteau (serrurier dans le bourg), cousin de Jean Bordron et du même camp que lui, fils de Simon Herbreteau, maire de 1800 à 1825. François Cougnon fils, maire désigné au temps de Charles X, est de nouveau membre élu et appartient au camp légitimiste. François Fluzeau apparaît dans le conseil en 1841, cousin de Jean François Fluzeau, l’ancien capitaine des guerres de Vendée et longtemps adjoint au maire au temps de Napoléon et de Louis XVIII. Enfin on a Joseph Auneau et Mathurin Loizeau comme nouveaux élus (11). On a de manière vérifiée dans ce conseil municipal les deux courants politiques dominants du temps représentés, légitimiste et orléaniste, c’est à dire la droite et la gauche de l’époque. Dans le conflit sur les terrains communaux, ces appartenances politiques n’ont pas joué. Les légitimistes ont, contrairement à 1832, participé aux élections. La gestion des intérêts communaux parait prévaloir en 1841 sur les opinions politiques au sein du conseil municipal.  


Conflit en 1847 avec le curé pour une maison de charité


En 1847 le conseil municipal de Saint-André-Goule-d’Oie s’opposa à l’unanimité au projet du curé Chauvin de céder à la fabrique de la paroisse un bout de terrain pris dans le cimetière, pour construire une maison de charité (12). Cette maison devait surtout héberger une religieuse institutrice pour une école des filles à venir. Une fois par semaine la religieuse aurait assuré la distribution de nourriture pour les pauvres. Le but poursuivi par le curé, conformément à la mission traditionnelle de l’Église d’aide aux pauvres, était de lutter contre la mendicité sévissant alors dans la paroisse.

La majorité de la population ne trouvait pas convenable de construire cette maison dans le cimetière. De plus, le conseil municipal trouvait plus urgent de construire une école des garçons. Le curé ne l’avait pas compris, se consacrant à la difficile recherche de financement. Finalement les dons qu’il obtint lui permirent de construire cette école ailleurs dans le bourg, qui fut inaugurée en 1848. Celle des garçons fut inaugurée en 1852, installée dans une salle du vieux presbytère (13). Voir à ce sujet l’article publié sur ce site en janvier 2021 :  La municipalité s’oppose au curé en 1847 pour un coin de cimetière.

Pierre Rochereau laisse la place, le 6-8-1848, au nouveau maire élu au suffrage universel instauré par la Révolution de 1848 : Augustin Charpentier. Et il est mort le 24 août 1852.

Augustin Charpentier est resté maire de la commune jusqu’à sa mort le 7 juin 1869. Voir notre article publié en juin 2012 : Maires de Saint-André : Augustin Charpentier (1848-1869), et Jean François Chaigneau (1869).


(1) Élections du conseil municipal de Saint-André-Goule-d’Oie du 25-3-1832, Archives de Vendée
(2) Liste censitaire de Saint-André-Goule-d’Oie du 25-3-1832, Archives de Vendée : : 3 M 38.
(3) Rapport du préfet Paulze d'Ivoy au Ministre de l'Intérieur sur la situation en Vendée (juillet 1833) (vues 20 et s. sur le site internet) BIB B 74-6.
(4) Édifices et services publics, les communaux (1830-1844), arrêtés de police, mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.
(5) Édifices et services publics, les communaux (1830-1844), usurpation de biens communaux en 1835, mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.
(6) Édifices et services publics, les communaux, pétition et syndics pour les communaux du 20-12-1836, mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.
(7) Ibidem : lettre du 23-5-1841 du maire au préfet, et réponse du préfet du 27-5-1841.
(8) Amblard de Guerry, Chavagnes, communauté vendéenne, Privat, 1988, page 230.
(9) À MM. Les électeurs de l’arrondissement des Herbiers (Vendée) en mai 1849, par Marcellin Guyet-Desfontaines. Bibliothèque Nationale de France : volumes élections.
(10) Idem (6), lettre du 1e février 1842 du préfet au maire de Saint-André.
(11) Ibidem : délibération du conseil municipal de Saint-André-Goule-d’Oie du 1-11-1841.
(12) Projet d’une maison de charité et concession de terrain à la fabrique, Revenus et Charges, mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 633.
(13) Inauguration de l’école des filles le 25-9-1848, procès-verbal de la bénédiction de l’école des garçons le 9-10-1852, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 29, chemise VIII.


Emmanuel François, tous droits réservés
octobre 2010, complété en avril 2021

POUR REVENIR AU SOMMAIRE