dimanche 1 mai 2016

La Maigrière de Saint-André-Goule-d’Oie aux 17e et 18e siècles


Le territoire de Saint-André-Goule-d’Oie proche de Chavagnes-en-Paillers, est constitué d’un plateau de vieilles roches. Il est creusé sur ses limites nord et sud par deux petites rivières : le Vendrenneau et la Petite Maine. Comme souvent, les habitats se sont créés à leur origine sur ce plateau à proximité des rivières. Au Peux et à la Roche Mauvin, les ancêtres descendaient un coteau pentu pour atteindre le Vendrenneau. Plus au sud, une anfractuosité dans le relief permet de descendre progressivement vers les villages de la Baritaudière, puis de la Maigrière. Ce dernier se trouve ainsi presque au niveau du ruisseau, comme caché et à l’abri des horizons lointains.

Un refuge pour les prêtres pendant la Révolution


On pense au mariage de Pierre Maindron, capitaine dans l’armée de Charette, avec Jeanne Cauneau, dans une grange de la Maigrière en 1798. Il eut lieu au pied d’un autel improvisé, célébré par l’abbé Brillaud, vicaire de Saint-Fulgent, qui se cachait dans les environs avec le curé Allain de Saint-André (1). À une époque où les pancartes n’existaient pas à la croisée des chemins, le village de la Maigrière ne se laissait découvrir qu’une fois arrivé sur place. Et pour s’en échapper, le gué du Vendrenneau à proximité offrait toutes facilités. En 1976, il se disait que l’on conservait toujours dans une famille des environs un chandelier datant de la Révolution, qui servit à éclairer le prêtre lors de la célébration de la messe dans un grenier chez un nommé Soulard à la Maigrière (2).

L’abbé Paul Boisson pense que ce grenier se trouvait dans une ancienne grange qui a été remplacée depuis par des écuries. Celles-ci prolongent la maison située à gauche après le calvaire avec son toit à quatre pans. Cette grange était autrefois surmontée d’un plancher. On accédait à une pièce à l’étage par un escalier, et on pouvait en sortir par une porte donnant accès à une maison voisine. C’est ici que se sont probablement cachés le curé de Saint-André et le vicaire de Saint-Fulgent pour y dire la messe. L’autel, porté par deux pierres en saillie, paraît avoir correspondu à la tablette d’une cheminée (3).

Le même abbé Paul Boisson, originaire de la Rabatelière et longtemps professeur d’Histoire au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, a lu une inscription mystérieuse dans une maison de la Maigrière : 1792 / AMDEREL  MABATI. Selon lui, cela pourrait signifier : « 1792 André m’a bâti ». Il indique qu’il y avait un maçon à Chavagnes nommé André (3).

La Maigrière était un lieu de refuge, mais aussi de passage. Le « gui » (gué) permettant de franchir le Vendrenneau facilement, rapprochait les habitants des deux rives. L’évêque de Poitiers, avait accepté la décision prise de mettre la rive nord dans la paroisse de Saint-Fulgent, et la rive sud dans la nouvelle paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, dont il a officialisé la création au 12e ou 13e siècle. Très tôt des habitants de Saint-Fulgent ont acheté des biens à la Maigrière, et aussi des habitants de la Maigrière ont déménagé à Saint-Fulgent. Trois villages de cette commune communiquent par des chemins discrets avec la Maigrière toute proche : la Haute Thibaudière, la Roche au Roy et la Chaunière.


Les moulins de la Maigrière


Maigrière
À l’entrée du village de la Maigrière, un massif de fleurs aux variétés nombreuses entoure un calvaire dans un festival de couleurs à la belle saison. Celles-ci s’harmonisent heureusement avec les façades blanches des maisons rénovées. On remarque parmi les fleurs une grosse pierre polie et ronde, une ancienne meule de moulin. Normal, il y a eu un moulin à vent et deux moulins à eau pendant des siècles à la Maigrière (4).

On a repéré le moulin à vent situé près du village de la Jaumarière et du Vendrenneau, construit dans le « Champ du Moulin » (5). Celui-ci partait de la Maigrière en direction du moulin, sur plus d’un kilomètre. Le lieu-dit actuel des « Moulins » se situe en gros à l’endroit indiqué par les textes anciens, et peut-être n’y avait-il pas qu’un seul moulin. Un moulin à eau situé près des maisons de la Maigrière et du « jardin de la Brejonnée », appartenait à la famille Papin en 1664 (6). La facilité d’accès du village explique en grande partie son implantation ici sur le ruisseau. Un peu plus loin sur la rivière du Vendrenneau (côté Saint-Fulgent), il y avait un autre moulin à eau en ruine au milieu du 18e siècle, et enclos dans le tènement de la Chaunière et Bourolerie (7).

Ruine d’un moulin au village proche du Coin
Pierre Soulard, meunier demeurant à la Chaunière, a déclaré, entre autres, aux Assises de Languiller en 1683, tenir le tiers du Petit moulin. Il le tenait à titre successif de Nicolas Papin, son beau-père. À cette date il y avait deux moulins à la Maigrière. L’autre s’appelait le Grand moulin, dont il avait les deux tiers, l’autre tiers appartenant à Jacques Papin (8). Au hasard d’un partage de succession en 1703 de Jeanne Jeullin, veuve de Joachim Merland, ancien fermier de la baronnie des Essarts, on trouve une créance de 3 livres 15 sols sur un farinier de la Maigrière qui s’appelait Jacques Boudaud (9).

Les textes consultés ne nous donnent pas le régime juridique d’exploitation de ces moulins à la Maigrière. Les livres d’Histoire ont l’habitude d’expliquer, qu’avec le pressoir et le four à cuire, les moulins ont été l’occasion pour les seigneurs d’exercer leur droit de banalité. Celui-ci consistait à obliger les habitants à utiliser ces équipements dont ils avaient le monopole, pour en tirer des profits. Sur l’exercice de la banalité seigneuriale, on a rencontré le cas d’un four dans le bourg des Essarts au 16e siècle et dans le bourg de Saint-Fulgent, et ceux des moulins de la Chapelle de Chauché et de la Rabatelière, peut-être ceux du seigneur du Coin bâtis au 17e siècle. À la Boutinière, à la Bourolière et aux Landes du Pin, on observe que la propriété des moulins avait été concédée à des particuliers, ceux-ci exerçant leur activité comme n’importe qu’elle autre activité artisanale. Voir notre article publié sur ce site en octobre 2019 : Les moulins à Saint-André-Goule-d’OieQuant aux fours à cuire, on relève leur présence nombreuse dans les villages et les métairies dispersées, fonctionnant en dehors de tout droit de banalité. Et, pays de vignoble autrefois, le Poitou n’a pas connu la banalité des pressoirs (10). En conclusion, s’il faut retenir le mécontentement paysan contre les droits seigneuriaux de banalité comme une des causes directes de leur révolte en 1789, les paysans de la région étaient peu concernés sur ce point précis.

Le village et tènement de la Maigrière et son voisin disparu de la Bucletière


En remontant à trois siècles et demi dans le temps, en 1664, on a une idée de l’aspect du village, beaucoup moins accueillant que maintenant. On y dénombrait au moins 11 habitations, la plupart d’entre elles occupées par leurs propriétaires ou leurs métayers. Deux autres étaient possédées par des étrangers au village. Certaines maisons n’avaient que la hauteur d’un niveau, et d’autres étaient surélevées d’un étage à usage de grenier, appelé un « plancher ». La plupart avaient le toit recouvert de chaume ou autre végétal séché, qu’il fallait refaire en moyenne tous les cinq ans.  

À côté des maisons il y avait « le Grand Jardin », où la plupart des propriétaires y possédaient une ou plusieurs « planches ». S’y ajoutaient « le jardin du Gué » et le « Jardin de la Brejonnée ». Et puis une partie de « l’Ouche du Cormier » était en nature de jardin, ainsi que le « Champ des Cordes ». Ce dernier comportait aussi une partie en vigne et une autre en terre labourable. On trouvait, en plus, de la vigne dans « l’Ouche du Cormier Roux », et la famille Moreau avait sa propre vigne d’au moins un hectare, possédant aussi un pressoir au village. Indiquons au passage que le nom de cormier, souvent donné dans la région à des champs et autres lieux, était le nom local du sorbier domestique (Sorbus domestica L), dont les fruits sont rouges. De cette importance des jardins, on en déduit celle du nombre d’habitants, probablement plus élevé que ne le laissent deviner les 11 maisons décomptées dans les archives consultées.

Le tènement (terroir) de la Maigrière était limité par les terres de la Baritaudière, de la Roche Mauvin, de la Jaumarière, des Charprais, et par la rivière du Vendrenneau. Le tènement des Charprais, situé vers le Plessis-le-Tiers, ne comprenait pas de village au 17e siècle et dépendait directement de la seigneurie de la Mancellière. Les habitants de la Maigrière partageaient des landes communes avec ceux des tènements voisins, encore en 1751. C’est probablement un reste de ces landes qui était devenu la propriété de la commune de Saint-André. En 1929 le conseil municipal décida de vendre par adjudication les arbres situés sur le terrain communal de la Maigrière touchant le village de la Chaunière. Il avait été question d’abord de vendre le terrain, mais les conseillers, en bons propriétaires, décidèrent plutôt de le garder et de vendre les arbres (11). 

Des villages ont disparu
Au Moyen Âge existait un village et tènement dit de la Bucletière, près de la Maigrière. Il était tenu à foi et hommage plein et à rachat de la seigneurie du Coin Foucaud, par Jean du Plessis Amiette au début du 16e siècle. Il y prélevait la moitié du droit de terrage, valant seize boisseaux de seigle par an, la moitié d’une dîme, et une rente de 3 deniers par an pour les « pasquier » (pastureaux) (12). À l’époque moderne il existait un champ des Buclières près de la Maigrière (13).

L'habitat de la Bucletière a disparu avec le Moyen Âge, suivant un phénomène connu et intéressant à évoquer. Non loin, on fait le même constat pour les Petites Mancellières. On le fera aussi à la Crochardière, village disparu près du Pin, à la Dibaudelière près de la Machicolière, à la Bouchardière près de la Boninière, etc. Les vues aériennes du sol (avec Google Earth) montrent des traces d’habitat à l’endroit indiqué par les confrontations, à la Crochardière et aux Petites Mancellière seulement. La Dibaudelière a été absorbée par la Machicolière. Ailleurs l’extension des bâtiments d’exploitation agricole à la Boninière et à la Baritaudière peuvent avoir effacé les traces d’anciens bâtis.

Les seigneurs de la Maigrière et la métairie des Moreau


En 1533, les Assises (tribunal) de Languiller poursuivent 7 teneurs de la Maigrière en paiement de 3 septiers de seigle pour lods et ventes non payés. Ils sont condamnés solidairement, vu « la qualité dudit devoir qui est de bien féodal » (14). En 1536, ils sont 7 teneurs, dont 5 étant les mêmes qu’en 1533, à être poursuivis pour « recel de tenure roturière », autrement dit pour n’avoir pas fait leurs déclarations roturières (15). En plus ils sont en retard pour le paiement d’une rente de 28 ras d’avoine dus à la Saint-Michel dernière. Ils doivent encore 15 ras d’avoine. En 1537, la cour leur reproche la non déclaration d’une corvée de charrois par quinzaines avec 4 bœufs (16). Bientôt les corvées vont disparaître des documents, incorporées dans d’autres redevances. En 1545, les Assises de Languiller poursuivent 8 teneurs qui n’ont pas payé depuis la mi-août dernière, 20 ras d’avoine de terrage (17). Derrière cette apparente mauvaise volonté d’habitants de la Maigrière dans ces années 1530/1540, il y a la misère régnant alors dans l’Ouest de la France. Les moissons ratées de 1630/1631, à cause des excès d’humidité, puis la peste et un été « puissamment calorifique » ensuite, qui a fait baisser l’eau des rivières, les rendant d’autant plus polluées et déclenchant des épidémies de dysenterie, en sont la cause (18). Plus tard, dans les années 1611 et 1612, les défauts de déclarations sont massifs à Saint-André-Goule-d’Oie, pour 12 villages, dont la Maigrière (19). Pourtant cette période n’est pas connue pour des désastres climatiques. On n’a pas d’informations sur d'éventuelles épidémies, et on ne sait pas expliquer le phénomène en 1611/1612.

En 1547, quatre propriétaires ont fait une déclaration de leurs tenures, comprises dans le tènement de la Maigrière, à Jacquette de Sainte-Flaive, fille du seigneur de Languiller, qui était alors veuve de Jean IV Harpedanne, seigneur de Belleville, à cause du fief des Bouchauds, dont dépendait la Maigrière (20).

À la fin du 16e siècle une grande partie du tènement est possédée par François Moreau, ainsi qu’une rente seigneuriale de 20 boisseaux de seigle qui y était prélevée, acquise en 1565 d’un nommé Mathurin Paquereau. Lequel l’avait achetée quelques années auparavant au seigneur de Belleville, possédant la seigneurie des Bouchauds. Ces biens passèrent ensuite à Jacques Moreau, sieur du Coudray totalisant environ 9 hectares. Il mourut en 1644, et c’est son frère, Pierre Moreau, prieur-curé de Saint-André-Goule-d’Oie de 1639 à 1665, qui assura la tutelle de ses enfants mineurs. À ce titre le prieur afferma cette borderie le 1e janvier 1649 à Georgette You veuve de Pierre Cougnon, et Antoine Cougnon son fils, et Perrine Moreau la femme de ce dernier. Le bail était de 3 ans, moyennant une ferme annuelle de 80 livres (21).

Le prieur Pierre Moreau acheta le 5 juin 1648 à Gilles Caillé une métairie au village de la Maigrière pour la somme de 1400 livres, d’environ 14 hectares (22). 

Indiquons qu'à l’époque, seules les familles aisées envoyaient leurs enfants à l’école, et les membres du bas clergé étaient issus en conséquence de la bourgeoisie et de la petite noblesse. D’ailleurs l’évêché de Luçon manquait de prêtres et dû faire appel à des étrangers. À Chavagnes on a vu des curés venir d’Irlande à la fin du 17e siècle. Pour l’histoire de cette famille, voir l’article publié sur ce site en juin 2014 :  Les Moreau de St André Goule d'Oie aux 17e et 18e sièclesUn autre frère du prieur, René Moreau sieur de Villeneuve, eut une vigne avec son pressoir dans le village. Celle-ci passa à ses descendants : Louis Moreau, sieur de Villeneuve, puis sa fille Marie (23), puis son petit-fils, Louis Corbier sieur de Beauvais.

L’époque aimait la déférence envers les personnes « de condition ». C’est ainsi que sous la plume des notaires de Saint-Fulgent, on reprenait l’expression très répandue de « haut et puissant messire » en désignant les petits nobles dans la contrée, dès le 16e siècle au moins. En principe en Poitou, seuls les écuyers et chevaliers, premiers échelons de l’ancienne chevalerie, étaient des nobles. Encore qu’on pût rencontrer des faussaires. Les bourgeois étaient qualifiés de « maître » ou « d’honorable personne ». Le qualificatif de bourgeois désignait un homme établit à son compte, mais dans la contrée il n’était pas attribué, comme dans les grandes villes, après un délai minimum de résidence et pouvant donner accès à des fonctions dans le corps de ville. Cette dernière expression d'honorable homme avait été employée par les nobles autrefois, puis délaissée sans doute à cause d’une usurpation par des bourgeois, dans une sorte d’inflation dans la louange (24). Les curés bénéficiaient d’une formule consacrant la place centrale de l’Église dans la société : « vénérable messire ». Mais parfois les notaires, comme ceux de Saint-Fulgent, employaient la locution complète en usage pour eux :

« vénérable et discrète personne messire Pierre Moreau, prêtre prieur curé de Saint André de Gouledois, demeurant en la maison presbytérale sise audit lieu ».

Ils utilisaient aussi ces épithètes pour les curés de Saint-Fulgent. On voit aussi le « vénérable et discret » Louis Papet, curé de Saint-Germain-de-Princay, partie dans une transaction en 1489 avec Louis Foucher, seigneur de Linières (Chauché) et Thenis (Saint-Germain-de-Princay) (25). Parfois les nobles de la contrée, avaient le titre de « messire »,  mais de moins en moins. Quant aux qualificatifs de sieur ou seigneur d’une terre, les notaires locaux les employaient indifféremment pour les nobles et les bourgeois.

Ce « vénérable » prêtre possédait donc à la Maigrière en 1664, par achat, une métairie de près de 14 hectares.  
Pierre Moreau reconnaît devoir au seigneur des Bouchauds en 1664, en commun avec les autres propriétaires, les rentes et cens suivants (26) :
-  7 boisseaux de seigle, mesure des Essarts, rendables à Languiller à la fête de la mi-août,
-  28 boisseaux d’avoine,  mesure des Essarts, rendables à Languiller à la fête de Saint-Michel-Archange,
- 10 sols et 3 deniers en argent, rendables à Languiller à la fête de noël.

Rappelons que la part de Pierre Moreau dans ces droits était supportée par la métairie, donc payée par le métayer, et le prix de ferme était censé en tenir compte. Voir un prêtre faire une déclaration au seigneur dont il tenait ses biens, était tout naturel à l’époque. Il en eut été de même pour un bien noble, en rendant un hommage et un aveu. D’abord ces actes étaient notariés seulement, même si on voit parfois un retour aux cérémonies du Moyen Âge, sauf cas particuliers comme les femmes mariées et les prêtres, qui ne pouvaient jurer fidélité qu’à leur mari ou à Dieu. Et surtout, ces actes étaient inhérents à la définition même de la propriété féodale, telle que les jurisconsultes en avaient dégagé les principes.

À la Maigrière, il n’y avait pas de droit de terrage, et les rentes féodales ne paraissent pas importantes, ce qui constitue une différence par rapport à bien d’autres tènements de Saint-André-Goule-d’Oie. Mais on soupçonne que ces rentes manquantes apparemment, pouvaient avoir été vendues par le seigneur de Languiller à quelqu’un que nous ne connaissons pas. On a tellement vu le faire en effet dans les années 1560. Et à la Maigrière on a une rente féodale acquise par la famille Moreau.

À ces droits annuels, s’ajoutaient en cas de mutation de biens, payés par le nouveau propriétaire au seigneur des Bouchauds, un droit de lods et ventes, correspondant à 1/6 de la valeur des biens.

Le prieur Pierre Moreau ajoute dans sa déclaration de 1664 d’autres domaines qu’il possède à la Milonnière (Saint-André), et pour lesquels il participe au paiement d’une rente de 52 boisseaux de seigle. Il ajoute aussi sa part dans le Champ Tireau situé près du tènement de la Maigrière. Il paye pour ce champ, avec un autre teneur, un cens de 7 sols par an seulement, mais pas de rentes. Comme à la Milonnière, ce champ faisait partie de la mouvance du Coin Foucaud. Le notaire ajoute ces deux biens dans la même déclaration, puisque les deux seigneuries des Bouchauds et du Coin Foucaud sont possédées par le même seigneur de Languiller.

Rue des Bouchauds aux Essarts, 
où se trouvait l’hôtel noble au Moyen Âge
Quoique la situation de la seigneurie des Bouchauds est un peu compliquée. Son seigneur, possédant le droit de fief, est bien le seigneur de Languiller depuis 1436, mais son suzerain, recevant l’hommage pour les Bouchauds, est le baron des Essarts. Et ce dernier a gardé une moitié des droits seigneuriaux des Bouchauds dans la plupart des tènements, dont celui de la Maigrière.

À la mort du curé de Saint-André en 1665, sa métairie fut transmise à la succession des enfants de son frère Jacques, sieur du Coudray, laissée en indivision. Cette succession fut partagée  en octobre 1667. Son neveu, lui aussi appelé Pierre Moreau et fils de Jacques, reçu en indivision une part de la rente féodale de 20 boisseaux de seigle. Il racheta les deux autres parts ensuite pour en devenir l’unique propriétaire. Renée Moreau, fille de Jacques et marié à Renée de Vaugiraud eut la métairie de 14 hectares de leur défunt oncle curé, ainsi qu’une vigne à complant, le tout exploité par un nommé Boisson (27). Et la borderie de 9 hectares venant de leur père Jacques fit parti du lot de Louis Moreau (frère de Pierre et Renée), qui se fit appeler sieur de la Maigrière.

Les petites propriétés de la Maigrière et leurs redevances seigneuriales


À la Maigrière la propriété du tènement, au sortir du Moyen Âge, se partageait entre deux métairies, comme nous venons de le voir, mais aussi des petites borderies. La constitution des grandes métairies n’a pas éliminé les petites borderies dans les tènements de Saint-André-Goule-d’Oie, dans une proportion variable d’un tènement à l’autre. Cela faisait côtoyer souvent dans les villages un grand propriétaire, ou plutôt une communauté de ses métayers, et des bordiers.

Au mois de juin 1664, huit déclarations roturières (dont celle de Pierre Moreau) ont été faites au seigneur des Bouchauds, alors Pierre Le Geay, aussi seigneur de la Getière (Boissière-de-Montaigu) et de Languiller (Chauché). Sept déclarants sont des propriétaires de petites surfaces, éparpillées en de nombreuses parcelles, pour un total de 9 hectares. Le plus petit d’entre eux réunit 0,6 hectares et le plus grand : 2,4 hectares avec son fils. Ils s’appellent, habitant à la Maigrière : Étienne Guibert, Denis Grimaud (père) et Barthelemy Grimaud (fils), François Borderon, François Dousteau, André et Louis Boisson vivant en communauté.  Deux autres habitent Saint-Fulgent : François Papin dans le bourg, et Jean Beriau à la Fructière. La liste n’est pas complète, et on a repéré deux autres propriétaires, dont la déclaration n’a pas été conservée : Jacques Brisseau et Jean Begaud. Et peut-être y en avait-il d’autres.

Pour faire respecter ses droits, le seigneur de Languiller en 1700, Charles Auguste Chitton, a obtenu d’un tribunal des lettres de terrier pour la vérification de la terre de Languiller et des fiefs en dépendant. Pour leur exécution, son père avait nommé les notaires de Saint-Fulgent, Arnaudeau et Proust. Les déclarations qu’ils ont alors rédigées se ressentent de cette procédure, entraînant un retour aux règles de la coutume (loi écrite) du Poitou avec plus de rigueur. On y rappelle tous les droits du seigneur : « prenez lods, ventes, honneurs, amendes, offenses ainsi que seigneur moyen et bas justicier appartient ». On y rappelle aussi l’obligation de chaque propriétaire de payer pour les autres en cas de défaillance de certains, en vertu d’un principe de solidarité appelé ici « solidité » : « faute de quoi avez droit de solidité sur nous ainsi que sur les autres co-teneurs dudit tènement ». Ce sont là des garanties juridiques qui existaient de droit. Une autre indication est plus intéressante pour la postérité. Il fallait indiquer l’origine des biens, ce qui permet de connaître les liens familiaux et les transferts de propriété. On constate en décembre 1700 qu’aux Assises de Languiller, 5 teneurs sont poursuivis, dont Mathurin Moreau. En janvier 1701, ils sont treize, et le tribunal reçoit 6 déclarations cette année-là, dont quatre nous sont connues (28).  

Le Vendrenneau à la Maigrière
D’abord Louise Janière, « demeurant en la métairie de la Charillère paroisse de la Chapelle de Chauché » (29). Elle était veuve de  Mathurin Boisson le 29 décembre 1700. Ses enfants tiennent en indivision une maison avec appentis, 5 planches de jardin totalisant 285 m2, 1 vigne (contenant une boisselée) et 10 parcelles totalisant 1 hectare.  À cette occasion on voit dans la confrontation de ses parcelles, beaucoup d’autres propriétés qui sont en indivision entre des héritiers, neuf au total. C’était de pratique courante, la communauté familiale de plusieurs couples de frères et sœurs ou de parents et enfants, cadre de leur activité, survivait ainsi. On voit de nouveaux noms de propriétaires apparaître venus par mariage ou par achat : Texier, Hurtaud, Fonteneau, Baderau.

Louis Fruchard fait une déclaration le 11 janvier 1701 (30). Il est laboureur, demeurant au village de la Chaunière en la paroisse de Saint-Fulgent. Il possède à la Maigrière une planche de jardin de 300 m2, et 2 000 m2 en trois parcelles. Il en a hérité de son père Barthélémy Fruchard.

Le 15 février 1701, ce sont trois propriétaires qui déclarent tenir du seigneur des Bouchauds leurs biens en indivision : Philippe Janière, Antoine Auneau et François Roi (31). Les deux premiers habitent le bourg de Saint-Fulgent et le dernier habite à la Vrignonnière de Chauché. La femme de Philippe Janière, Hélène Blanchard, possède un quart de l’indivision, hérité de son père, Pierre Blanchard. La femme d’Antoine Auneau, Renée Branger, agit au nom de ses enfants, nés d’un premier mariage avec Jacques Brisseau. Ses deux enfants, Jacques et Marie Brisseau, possèdent un autre quart de l’indivision. Renée Branger et Antoine Auneau ont acheté un autre quart à un nommé François Chaillou, moyennant une rente annuelle foncière de 4 livres. Enfin, François Roi possède le dernier quart par achat à René Soulard. On a là une illustration de la vie des biens en indivisions, seulement en quatre parts dans notre exemple. Ici l’indivision comprenait une maison en appentis, 2 planches de jardin et 10 parcelles foncières, totalisant le tout 1,9 ha. Non seulement les parcelles étaient petites, mais on se les partageait encore dans des indivisions, puis dans des ventes, même de faibles portions, que les juristes appellent licitation.

En 1688, c’est Mathurin Moreau, fils de Louis et sieur de la Maigrière, qui fit une déclaration roturière de ses biens au seigneur de Languiller. Sa borderie comprenait alors (32) :
-        Une maison avec un plancher (grenier), un appentis et une grange se joignant, plus un autre appentis, avec ses chemins d’accès et jardin, contenant en tout 1 230 m2.
-        23 enclos de prés, champs, jardin et verger, totalisant 9,3 ha.

Pierre Moreau sieur du Coudray, qui ne possédait que la rente de 20 boisseaux, en indivision d’abord, puis en totalité, fera ensuite des achats à la Maigrière (33) :
-        4 juin 1668 : acquisition de tous les droits et portions que Jean Dariet et Marguerite Gilbert sa femme avaient dans le village et tènement, moyennant la somme de 36 livres.
-        12 avril 1674 : acquisition d’une rente foncière de 7 boisseaux de seigle sur deux moulins, moyennant 100 livres, à Mathurin Chedanneau, sieur de la Frairie.
-   7 juin 1678 : acquisition d’une portion de borderie, à Marie Bordier, Pierre et Jacques Texier, moyennant la somme de 49 livres. 

Ces petits achats ont constitué à l’époque une petite borderie. En 1675, Pierre Moreau en fit une déclaration roturière, comprenant alors (34) :
-        Une maison « consistant en une chambre basse », un toit à bestiaux, le tout d’une superficie de 210 m2, chemin d’accès compris. En langage d’aujourd’hui l’habitation du fermier correspond à la surface d’un studio, la « chambre basse » étant une pièce unique.
-        Onze parcelles de prés et terres totalisant ensemble 1 ha.
-        Une vigne de 0,8 ha.

Maigrière
À cette date, déjà un arpentement avait été effectué sur le tènement, permettant de répartir avec précision les charges seigneuriales au prorata des surfaces de chaque propriétaire.

En plus de cette petite borderie, Pierre Moreau a déclaré alors cinq rentes qu’il percevait auprès de particuliers à la Maigrière, et une autre perçue sur tout le tènement, de 34 boisseaux de seigle, acquise de Pierre de la Bussière, seigneur de la Vrignonière (Essarts).

Une autre borderie a passé la postérité dans les minutes des notaires de Saint-Fulgent par son bail en 1790, pour un tiers de son total, le surplus appartenant en propre au preneur. Le bailleur est François Rivière, laboureur demeurant à la Barette (Essarts). Le preneur est François Fonteneau, laboureur demeurant au Plessis Richard (Saint-Fulgent). Ce tiers est affermé à prix d’argent moyennant 7 livres 12 sols par an pendant 5 ans (1791-1796) (35). Le bien-fonds de la métairie est de valeur d’environ 450 livres, ce qui en fait une borderie de moins de 5 hectares probablement.  

Des Moreau aux de Vaugiraud


À la mort de Pierre Moreau sieur du Coudray, en 1687, la succession revint peu de temps après à son fils Claude Prosper Moreau. Comme nous l’avons déjà vu ailleurs, celui-ci affronta Philippe Chitton, le seigneur de Languiller, sur le droit de fief. La rente seigneuriale de la Maigrière se trouvait au centre de cette querelle. Ainsi, dans un mémoire de 1693 au sénéchal de Fontenay-le-Comte (36), Claude Moreau répond à des reproches du seigneur de Languiller, concernant l’absence d’aveu et de communication de contrats qui sont dus à ce dernier, pour un certain nombre de fiefs situés à Saint-André-Goule-d’Oie, dont la Maigrière. Claude Moreau affirme être prêt à faire la déclaration roturière de ses biens qui y sont situés, dont il énumère les acquisitions par son père entre 1662 et 1678. Pour deux d’entre elles concernant des rentes, il indique n’avoir aucun droit seigneurial à payer. Pour une autre, les droits seigneuriaux ont été acquis du seigneur de Languiller prédécesseur de Philippe Chitton, Pierre Le Geay seigneur de la Getière. Enfin pour trois autres, il rappelle ne lui devoir que la moitié des droits seigneuriaux, l’autre moitié revenant à la baronnie des Essarts. Surtout il ajoute : « étant sans conteste que ledit sieur du Coudray a le droit de justice, lods et vente, puisque Jules de Belleville les a nommément transportés par contrat d’aliénation qu’il a fait dudit fief le 26 février 1565 à Mathurin Paquereau ». Duquel les Moreau ont ensuite acquis les droits. On constate ici le problème laissé par les transactions du siècle précédent, au moins à cause des papiers qui avaient alors probablement disparu. On se retrouve dans la même longue querelle qui a opposé pendant deux siècles les seigneurs de Saint-Fulgent et de Languiller, pour le droit de fief à la Boutinière, Chevaleraye et Javelière.

Cette prétention de Claude Moreau à s’affranchir au moins en partie des droits réclamés à la Maigrière par son suzerain, Philippe Chitton, se poursuivit sans qu’on connaisse l’issue finale pour la Maigrière. On sait qu’il échoua dans ses prétentions identiques, au moins à la Porcelière et à la Bergeonnière.

Claude Moreau donna en 1712 cette borderie à sa sœur Marie au moment du partage de leur héritage. En 1726 elle fut évaluée d’un rapport annuel de 200 livres (37), avec les rentes. On sait que beaucoup de ses biens, avec ceux de sa sœur furent saisis par des créanciers, et on ne pas sait ce qu’elle est devenue. Probablement a-t-elle été vendue au cours du 18e siècle.

De son côté, Louis Moreau sieur de la Maigrière avait eu un fils, Mathurin, dont nous n’avons trace que dans un seul document daté de l’année 1688. Sa borderie de la Maigrière passa par héritage à sa fille Mathurine. Celle-ci décéda en 1720 sans descendance directe. C’est son cousin Pierre de Vaugiraud, qui en hérita, y étant déjà propriétaire d’une métairie lui venant de l’héritage de sa mère partagé en 1667. Avec lui, les terres de l’ancêtre Pierre Moreau possédées à la fin du 16e siècle à la Maigrière, se retrouvaient presque toutes dans son patrimoine à partir de 1720, totalisant environ 23 hectares. Il semble qu’il les ait réunies en une seule métairie. À côté de lui, un autre descendant, le sieur Corbier de Beauvais, posséda aussi longtemps une vigne et son pressoir au même village.

Pierre de Vaugiraud dû déclarer son héritage au fermier chargé de recouvrer un nouvel impôt crée par Louis XIV, le « centième denier », valant à sa création 1% de la valeur du patrimoine acquis par héritage. Aussi indiqua-t-il en 1722 qu’il s’agissait « d’une mauvaise borderie au village de la Mégrière en la paroisse de Saint-André de Gouledois … surchargée de rentes, biens et devoirs qui excèdent la valeur du prix » (38). Probablement exagérait-il, mais il y avait un fonds de vérité. Dans sa déclaration fiscale, Pierre de Vaugiraud qualifie cet héritage de borderie, alors que dans les papiers de la famille elle est désignée comme une métairie. On sait que seule l’importance de la surface faisait la différence entre ces deux notions désignant une exploitation agricole. Et cette différence n’était pas rigoureuse, laissant visiblement ici la place à une certaine subjectivité des propriétaires selon les circonstances. Voir l’article publié sur ce site en août 2014 : La famille de Vaugiraud à St André Goule d'Oie

Le dernier des enfants de Pierre de Vaugiraud hérita de la métairie : Jean Gabriel de Vaugiraud, marié à Marie Jacquette Boutiller, et capitaine au régiment Vermandois infanterie. Celui-ci  eut quatre enfants, dont Pierre Eusèbe et Jean Aimé. Ce dernier hérita à Saint-André-Goule-d’Oie d’une métairie au Coudray, d’une autre à la Jaumarière, et d’une maison dans le bourg, où il vint habiter après avoir démissionné de la marine royale où il avait été officier. C’est lui qui participa à la guerre de Vendée avec les paroissiens de Saint-André-Goule-d’Oie ; Voir l’article publié sur ce site en avril 2012 : M. de Vaugiraud à St André Goule d'Oie

Son frère aîné Pierre Eusèbe de Vaugiraud, officier au régiment du Bourbonnais, hérita de la métairie de la Maigrière, et de sa vigne à complant. Il la vendit en 1775, ainsi qu’une autre borderie située dans le tènement voisin de la Baritaudière. Il n’avait alors que 28 ans. Pierre Fonteneau, laboureur demeurant à la Roche au Roy, se porta acquéreur du tout pour un montant de 4 950 livres (39). Il équivalait alors au prix d’environ 22 paires de bœufs de trait en pleine maturité.

Les fermiers étaient Gabriel Charrier, René Piveteau et le sieur Guyet. Ce dernier, on le sait, affermait tout ce qui se présentait dans la région pour sous-affermer ensuite, amassant une fortune rondelette dont bénéficièrent ses enfants, le futur châtelain de Linières en particulier (voir l’article, Simon Charles Guyet à St Fulgent (1733-1793)publié en avril 2013).

Les redevances au 18e siècle


Hôtel Montaudouin (photo abbé Boisson en 1966) 
Les documents concernant les autres propriétaires de la Maigrière sont rares après 1701. Nous avons une déclaration roturière de Pierre Grinraud en 1751 (40). Le seigneur dont relèvent les terres de la Maigrière, au titre de la seigneurie des Bouchauds, est alors René Montaudouin, qui a acheté, entre autres, la seigneurie de la Rabatelière en 1725, et les seigneuries de Languiller et des Bouchauds en 1745. Sont comprises dans cette déclaration :
-        - Une maison et une petite chambre au côté avec leur ruage au-devant et un petit toit (à bestiaux) avec son ruage (chemin d’accès).
-       - 12 parcelles de jardins, verger, prés et champ totalisant 1,3 ha.

Le devoir seigneurial est le même qu’en 1675 déclaré par Pierre Moreau ci-dessus, à un détail près : le cens de 10 sols 3 deniers et devenu : trois livres douze sols six deniers. Il est à porter « en votre château dudit lieu de Languiller au jour que nous assigne votre recette » à la fête de noël. Les boisseaux de seigle et d’avoine sont toujours livrables à Languiller en cette même année 1751. Le seigneur concerné, M. Montaudouin, fils d'un négociant nantais, était devenu militaire, ses cousins continuant à prospérer dans le commerce. Il n’avait pas envisagé à cette date une « restructuration » pour faire des économies d’échelle, comme on dirait deux siècles après. Il aurait pu regrouper les recettes de ses nombreuses seigneuries de la région en une seule, mais ni le siècle, ni le milieu ne pouvait envisager une telle initiative, et donc le droit féodal, avec ses principes, continuait de l’interdire. Vu dans l’immédiateté des choses, le droit fixe les règles à respecter, mais est-ce si sûr si l’on veut prendre du recul ?

La déclaration notariale rappelle que ces devoirs sont dus solidairement entre tous les teneurs (propriétaires) du tènement, y compris les nobles comme M. de Vaugiraud. Rappelons que ces devoirs étaient attachés à la terre et non à la personne.

Vient ensuite l’énumération des rentes dues sur le tènement de la Maigrière, les unes à titre de droit féodal, les autres constituées à titre perpétuel en guise de bail d’un fonds, ou de crédit à cause de l’absence de banques, et vendues parfois plusieurs fois, ou transmises par don, héritage ou dot. Elles sont dues par les propriétaires solidairement au prorata de leurs surfaces possédées. Néanmoins, c’étaient les métayers qui en assumaient la charge dans les baux des biens affermés.

Voici la liste de ce que déclare Pierre Grinraud, comme le faisait chaque propriétaire de la Maigrière :
-        20 boisseaux seigle au représentant du sieur Moreau du Coudray. En 1751 nous ne le connaissons pas. Mais on sait que l’acheteur du fief du Coudray en 1767, René Loizeau, a aussi acheté cette rente, probablement en même temps. C’est ce que nous apprend un acte d’achat en 1791 de François Fonteneau (du Plessis Richard à Saint-Fulgent), d’une partie de cette rente pour la somme de 1225 livres, représentant 25 fois la valeur de son montant annuel, aux termes des décrets de l’assemblée nationale (41). On verra ci-après le même Fonteneau acheter une autre redevance féodale à la Maigrière quelques mois plus tard. Il faisait confiance aux nouvelles autorités qui avaient fixé à 25 fois le montant annuel des rentes le prix de leurs rachats. Auparavant c’était 20 fois.

-       5 boisseaux seigle au prieur de Saint-André-Goule-d’Oie. Nous n’avons pas plus de précision. Peut-être s’agit-il de son droit de boisselage. La rente fut nationalisée par la Révolution comme tous les biens de l’Église. Puis elle fut vendue par l’administration le 19 mai 1791 à Jean Boisson, pour la somme de 200 livres (42). C’était un bordier habitant au village du Cormier de Chavagnes-en-Paillers, que l’historien Amblard de Guerry range plutôt du côté catholique pendant la guerre de Vendée.
-        9,5 boisseaux seigle aux héritiers du sieur Marchais (43) comme représentant le sieur Chedanneau.
-        8 boisseaux seigle qui en font 7 à la mesure des Essarts (44) à la seigneurie de la Boutarlière. On a là peut-être ce qui reste d’un droit de « métivage » et d’un devoir appelé « hommage » collectés au Moyen Âge, et encore au début de l’époque moderne, par la seigneurie de la Boutarlière, autrefois partagés avec la seigneurie des Bouchauds (45). En 1517, le droit d’hommage comprenait un montant de 2 sols sur le village de la Bucletière, rattaché pour cela à la Maigrière, alors qu’il dépendait de la seigneurie du Coin Foucaud. En 1783 cette rente sera reconnue par 18 teneurs de la Maigrière à Jacques Grégoire Boutiller à cause de la Boutarlière (46)
-        8 boisseaux seigle aux héritiers ou représentant du sieur Jullin, en son vivant sénéchal des Essarts (47).
-        8 boisseaux seigle, à la mesure de Montaigu, aux héritiers du sieur Merland de Champeau comme ayant repris les droits d’Hélène Maillard veuve de Jean Masson (48).
-        4 boisseaux seigle à la seigneurie de Landelière et 8 sols en argent, qui avait appartenu à la famille de Goulaine (Vieillevigne), qui avait possédé Linières au début du 17e siècle (49). Présentement le seigneur de Landelière était Charles Baudry d’Asson, seigneur de Grezay (Essarts), demeurant au château de Beaumanoir à Dompierre-sur-Yon. Charles Esprit Marie Nicolas Baudry d’Asson de Landelière, vendit la rente et le cens à François Fonteneau, du Plessis Richard (Saint-Fulgent), le 25 octobre 1791 (50). Supprimées depuis 1789, les redevances féodales étaient alors censées être rachetables. Mais peut-être cette rente n’était-elle pas féodale. 

Enfin la déclaration roturière continue de reconnaître le droit du seigneur à « la juridiction basse, foncière, honneur, amende et offenses, lods et ventes et autres droits appartenant à seigneur foncier par la coutume de cette province de Poitou ». Il s’agit d’une formule rappelée par les notaires consciencieux, dont le contenu en devoirs ne rajoute rien aux détails particuliers déjà indiqués, sauf la basse justice seigneuriale et les lods et ventes, sorte de droit de succession toujours en vigueur.

Si la déclaration de Pierre Grinraud en 1751 est complète et représentative sans doute de la situation à la Maigrière, elle ne dit pas tout. À preuve cette mention en 1779 dans le procès-verbal de partage de la succession du seigneur de la Rabatelière : il est prélevé sur la Maigrière 7 boisseaux seigle, 28 boisseaux avoine et 21 sols (51). 

Ce Pierre Grinraud fit aussi une autre déclaration au même seigneur pour deux parcelles totalisant 2,1 boisselées, qu’il possédait à la Baritaudière (52). On sait qu’il avait répondu à l’assignation faite le 29 mai 1751 par le procureur fiscal de Languiller, Jacques Barreau, à 16 teneurs des tènements de la Maigrière et de la Baritaudière, pour comparaître aux assises de Languiller le 15 juin suivant, au château de Languiller. Il leur demande de se présenter ce jour-là à 9 heures du matin dans la salle du château, où lui-même demeure, afin qu’ils communiquent leurs contrats d’acquisition depuis 30 ans de leurs biens situés dans l’étendue de la mouvance de Languiller et ses fiefs annexes. Et ils devront faire leurs déclarations ou aveux et payer tous les droits qui sont dus (53). Certains d’entre eux comparaîtront aux Assises de Languiller de 1751. Ils furent condamnés à payer 31 livres de dépens, y compris les frais de présentation, pour eux tous, et à 30 sols pour deux d’entre eux en particulier (54). Cela donne l’impression d’un relâchement des propriétaires à l’égard des seigneurs dans le respect des droits féodaux. Mais nous sommes proches de 1789 où ils vont être supprimés. Il n’est pas inintéressant de faire ce constat dans la future Vendée.

En 1838 le cadastre napoléonien a partagé le tènement de la Maigrière en trois sections, l’une portant le no F 6, dite du moulin de la Mancellière, une autre ajoutée à une partie du tènement de la Jaumarière, devenue la section no F 5 de la Jaumarière, et enfin la section no G 1 de la Maigrière, où le village de la Maigrière est incorporé avec celui voisin de la Baritaudière. Les propriétaires des nombreuses planches de jardin du village de la Maigrière, habitant sur place en 1838, ont pour nom Chauvet Louis, Micheneau Jean, Fonteneau Jean, Louis et Jacques. Les autres habitent pour la plupart dans les environs, comme aussi les propriétaires des 44 parcelles de vigne du village totalisant près de 20 ares. 

(1) Archives de la Vendée, consulter bibliothèque numérisée, sélection thématique, guerre de Vendée, bibliothèque de Chabot, notices biographiques BR 118, page 6 (vue 6).
(2) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 6 III, notes de l’abbé Boisson du 6-3-1796 sur un chandelier datant de la Révolution.
(3) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 76-1, notes sur la Maigrière.
(4) Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, déclaration roturière de la Maigrière par Pierre Moreau vers 1675.
(5) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 1, déclaration roturière du 11-1-1701 de Louis Fruchard à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(6) 150 J/G 1, déclaration roturière du 3-6-1664 d’Étienne Guibert à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(7) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson : 7 Z 13, aveu du 23-6-1774 de Saint-Fulgent (Agnan Fortin) à la vicomté de Tiffauges (A. L. Jousseaume de la Bretesche), transcrit par Paul Boisson, page 91.
(9) Inventaire et partage du 1-4-1703 de la succession de Jeanne Jeullin, veuve Merland, Archives de Vendée, famille Babin et Cicoteau : 25 J/4, page 26.
(10) Collectif dirigé par Georges Duby, La formation des campagnes françaises des origines au 14e siècle, Seuil, 1975, Tome 1, page 391.
(11) Dépenses et recettes particulières (1909-1940), Mairie de Saint-André-Goule-d’Oie, Archives de Vendée : 1 Ǿ 1032. Et délibérations du conseil municipal de Saint-André sur le site des Archives de Vendée à la date de novembre 1929 : vue 44.
(12) 150 J/G 61, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par le seigneur de Languiller aux Essarts.
(13) Note sur les Buclières à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1. 
(18) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard, tome 1, 2044, page 346 et s. Aussi pour la peste à Fontenay : Pasteurs de l’église réformée de Fontenay-le-Comte, page 90 de B. Fillon et O. de Rochebrune dans « Poitou et Vendée études historiques et artistiques », réimpression de Laffitte en 1981 de l’édition de 1887.
(20) Déclaration roturière du 3-8-1547 de plusieurs teneurs à Languiller pour domaines à la Maigrière Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 1.
(21) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 108 et 109.
(22) Ibid. page 117.
(23) 22 J 29, copie du testament de Louis Moreau, sieur de Villeneuve, du 7 mai 1676.
(24) Gaston Zeller, Institutions de la France au 16e siècle, PUF, 1948, page 14.
(25) Gilles Vincendeau, Se Souvenir de Saint-Germain-de-Princay, Geste Éditions, 2010.
(26) 150 J/G 1, déclaration roturière du 30-6-1664 de Pierre Moreau à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(27) 22 J 29, partage de la succession de Jacques Moreau entre ses enfants le 1-10-1667.
(29) 150 J/G 1, déclaration roturière du 29-12-1700 de Louise Janière, veuve Mathurin Boisson à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(30) 150 J/G 1, déclaration roturière du 11-1-1701 de Louis Fruchard à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(31) 150 J/G 1, déclaration roturière du 15-2-1701 de Janière, Auneau et Roi à Languiller pour domaines à la Maigrière.
(32) 150 J/G 1, déclaration roturière du 16-2-1688 de M. Moreau à Languiller pour la Maigrière.
(33) 22 J 29, mémoire pour le seigneur de Languiller (Chitton) en réponse à Moreau sur ses propriétés vers 1693.
(34) Idem (4). 
(35) Ferme du 30-6-1790, d’un tiers de borderie à la Maigrière, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Bellet : 3 E 30/131.
(36) 22 J 29, mémoire de Claude Moreau contre Chitton du 4-5-1693 sur des fiefs de Saint-André au sénéchal de Fontenay.
(37) 22 J 29, sentence d’ordre du 9-9-1727 des syndics des créanciers de Moreau et Menard (copie du 9-3-1754).
(38) 22 J 29, déclaration de la succession de Mathurine Moreau par P. de Vaugiraud le 15-7-1722.
(39) Archives de Vendée, études notariales de Saint-Fulgent, Frappier (1775-1778) : 3 E 30/9, acquêt des métairies de la Maigrière et de la Baritaudière de Fonteneau à de Vaugiraud le 16-9-1775.
(40) 150 J/G 1, déclaration roturière en 1751 de Pierre Grinraud à Languiller pour la Maigrière.
(41) Archives de Vendée, études notariales de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13, amortissement du 7-3-1791 d’une rente à la Maigrière, par Fonteneau aux héritiers de René Loizeau.
(42) Archives de Vendée, fichier historique du diocèse de Luçon, Saint-André-Goule-d’Oie : 1 Num 47/404.
(43) Bourgeois habitant Chavagnes-en-Paillers.
(44) On a là l’indication du changement dans la mesure en boisseau en vigueur dans la baronnie des Essarts au début du 18e siècle, qui a été réduite d’un 1/8e.
(45) 150 J/G 39, copie de l’aveu du 26-1-1517 du seigneur de la Boutarlière aux Essarts.
(46) Reconnaissance du 29-3-1783, d’une rente de 9 boisseaux seigle à la Maigrière, Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Thoumazeau : 3 E 30/124. 
(47) Lire Jeullin, famille de bourgeois établie aux Essarts depuis longtemps, où on trouve aussi des apothicaires et des avocats.
(48) Les autres rentes sont toutes à la mesure des Essarts. Jacques Merland, sieur de Champeau était procureur fiscal des Essarts en 1721 et fermier de la baronnie. Sa femme s’appelait Louise Maillard. Voir l'article publié en février 2014 sur ce site : Les droits seigneuriaux sur les roturiers de la Chapelle Begouin à Chauché
(49) 150 J/E 28, complainte du 24-4-1754 du seigneur de la Rabatelière pour les scellés à Beaumanoir.
(50) Archives de Vendée, études notariales de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/13, vente du 25-10-1791 de 2 rentes et 2 cens par Baudry d’Asson à François Fonteneau sur la Maigrière et la Baritaudière.
(51) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, page 31, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68. 
(52) 150 J/G 113, déclaration roturière à Languiller de Pierre Grinraud en 1751 pour la Baritaudière.
(53) 150 J/E 27, assignation à comparaître aux assises de Languiller le 15-6-1751 à 16 teneurs de la Maigrière et Baritaudière.


Emmanuel François, tous droits réservés 
Mai 2016, complété en janvier 2023

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vendredi 1 avril 2016

La Milonnière de Saint-André-Goule-d’Oie sous l'Ancien Régime

Le terroir de la Milonnière à Saint-André-Goule-d’Oie, tel qu’il apparaît dans les archives de la Rabatelière qui parlent de lui, présente la particularité d’une vente dispersée de ses droits féodaux après le Moyen Âge. Et les recherches de l’historien Amblard de Guerry nous font découvrir une origine des lieux passionnante.

Depuis la publication de cet article en octobre 2016, l’accès récent aux notes d’Amblard de Guerry sur les lieux de Saint-André-Goule-d’Oie nous permet de remonter le temps d’un siècle dans nos recherches, jusqu’au milieu du 14e siècle. Les travaux de cet historien sont très importants pour les communes du canton de Saint-Fulgent, tout comme ceux de son contemporain avec qui il a correspondu : l’abbé Paul Boisson. Aussi, avant de les utiliser ici dans notre récit sur la Milonnière, il est juste de le présenter.


Amblard de Guerry (1919-1996) appartient à la famille très connue de Chavagnes-en-Paillers, les Guerry de Beauregard. Son frère, Gilbert de Guerry, a été maire de cette commune de 1942 à 1983, et conseiller général du canton de Saint-Fulgent de 1946 à 1992.

Professeur au Maroc de 1954 à 1988, Amblard de Guerry a en même temps consacré sa vie à la recherche historique et philosophique, réservant à la Vendée et à Chavagnes la première place. Il a fondé l’association « Chavagnes Présence du passé », relancé la Société d’émulation de la Vendée, et co-fondé l’association de la descendance La Rochejaquelein. Il a publié 1988 : Chavagnes Communauté Vendéenne, un livre de 316 pages. Ses autres publications sont des articles historiques et philosophiques dans plusieurs revues. 

Une nouvelle Milonnière en 1372


Jean de Sainte-Flaive, chevalier seigneur de Languiller et du Coin Foucaud, afferme à perpétuité en 1372 à Jehan de la Milonnière et à Jean Gillon des Gâts, sa métairie de la Milonnière à Saint-André, pour le prix de 3 septiers ¼ de seigle (52 boisseaux) de rente perpétuelle, payables à l’hébergement de Languiller à chaque fête de Notre-Dame d’août. L’acte est passé devant les notaires des Essarts au temps de Savary V de Vivonne, seigneur de la baronnie (1). C’est l’acte le plus ancien concernant un domaine dans la mouvance du Coin à Saint-André, alors déjà possession de Languiller et alors que le château du Coin était probablement en ruine, ce qui est attesté en 1405. L’expression employée ici par les notaires des Essarts de ferme perpétuelle, consistait en un transfert de la propriété utile, sans la directe ou propriété éminente selon les notions du droit féodal, conservée par le seigneur. Ce transfert s’est fait moyennant une grosse rente foncière, annuelle, perpétuelle et féodale.

La particularité de ce bail perpétuel à la Milonnière était l’absence de droit de terrage, remplacé par cette rente importante de 52 boisseaux de grains, comme on le constatera quelques dizaines d’années plus tard aussi à la Chevaleraye et à la Javelière notamment aussi au Bignon de la Brossière plus tard encore. Le domaine affermé est désigné du mot de métairie, qui désignait au Moyen Âge la réserve directe d’un seigneur, exploitée par des laboureurs sous ses ordres, ou affermée dans des conditions variables. Ce qu’il faut relever ici c’est que le domaine avait déjà été exploité, et que la rente créée par le nouveau bail perpétuel a probablement remplacé d’autres redevances, peut-être un terrage. C’est que le terrage était la norme à Saint-André, la plupart du temps partagé alors à moitié entre le seigneur et le prieur de la paroisse. Or le terrage n’existe pas (ou plus) à partir de 1372 à la Milonnière.

Cette dernière date marque en même temps l’acquisition récente de la seigneurie du Coin par celle de Languiller, peu de temps après ou en même temps que le retrait de la mouvance de la baronnie de Montaigu sur le fief du bourg de Saint-André-Goule-d'Oie, remplacée par la mouvance des Essarts (2). Nous sommes en pleins bouleversements et dévastations de tous ordres dans la contrée, guerriers (la guerre de Cent Ans a commencé en 1337), épidémiques (la peste noire à partir de 1346) et climatiques (début du Petit Âge Glaciaire vers 1300). La famille des derniers seigneurs du Coin (le dernier s’appelait Jean Allaire), a disparu il y a peu, la demeure noble de la Dibaudelière (près de la Machicolière) est aussi tombée en ruine, et le nouveau possesseur du Coin relance l’exploitation de la Milonnière. Cette dernière est peut-être une ancienne possession de la DibaudelièreOn verra aussi dans les années qui suivent le fief de Saint-André, devenu une possession entière du seigneur de Linières, être transformé par lui en un bourg franc avec un régime allégé de redevances féodales. Bref, cette ferme perpétuelle de la Milonnière nous apparaît comme une étape d’un redressement en ce dernier quart du 14e siècle après les ravages d’une dépopulation certaine et de ruines foncières importantes. 

Changements au 16e siècle


Les héritiers de Jean de la Milonnière, s’appelait les Million, comme on le voit en 1538 dans un aveu de la Vergne (Chauché), où ils lui devaient une rente de 1 livre de cire (3). Dans un aveu de 1605 décrivant la situation en 1550, les confrontations du tènement de la Milonnière désignent le fief de Saint-André (constitué en gros par le bourg de la paroisse et une métairie vers l’ouest), les territoires de la Machicolière, de la Ridolière et des Noues (4). Au 17e siècle on relève les chemins qui le traversent ou le bordent, et qui devaient exister déjà depuis longtemps. On a le chemin qui conduit de Saint-André au village du Pin, aussi appelé chemin de Saint-André à Sainte-Florence. D’autres chemins de moindre importance sont aussi cités : de la Milonnière à la Croix de Lhomeau, de Saint-André à la Ridolière, de la Milonnière aux Barains, et le chemin de Saint-André à l’Aubrier. Certains de ces noms de lieux ont disparu depuis.

La Milonnière
Cette proximité avec le bourg de Saint-André et le village de la Ridolière, n’était pas celle des maisons comme maintenant, plutôt celle des champs alors. Les espaces habités, avec leurs petites maisons, étaient plus nombreux qu’aujourd’hui, mais occupant peu de surface au sol. Et pas de façades blanches, ni de clôtures, ni de pelouses autour des maisons, mais le gris des murs en pierres de schiste et celui des toitures en végétal séché, à côté de celles en tuiles. Les couleurs de l’habitat sont devenues plus lumineuses et plus joyeuses. Mais il y a moins de verdure qu’autrefois. Les nouvelles maisons ont fait disparaître beaucoup de champs et de prairies. Une permanence néanmoins sur un lieu-dit : la « Croix Fleurette » était déjà citée en 1606.

En 1550 le tènement de la Milonnière contenait alors en jardins 10 boisselées, en prés huit journaux, et en terres labourables et jachères quatre septrées et demi, ce qui fait un total de 14 hectares environ, plus des surfaces incultes dont on ignore l’importance (5). La ferme perpétuelle se payait par les redevances annuelles suivantes en 1550 à Claude de Belleville (1507-1564), seigneur de Languiller :
-          rente de trois septiers quatre boisseaux seigle (52 boisseaux au total ou 8,8 quintaux) à la mesure des Essarts, au titre du bail perpétuel de 1372.
-          cens de cinq sols neuf deniers. Ce montant était autrefois de 2 sols et 6 deniers, auquel s’ajoutait 6 deniers pour droit de rivage à l’étang du Pin (6).  
-          et droit de dîmes de deux agneaux de l’année à la Saint-Jean-Baptiste (7), continuant un droit ancien. 

Jules de Belleville (frère de Claude ci-dessus), seigneur de Languiller et chef protestant menant une guerre coûteuse pour ses finances, vendit beaucoup de redevances féodales. C’est ainsi qu’il vendit la rente noble de 52 boisseaux de seigle due sur le tènement de la Milonnière, à Jacques Durcot, écuyer seigneur du Buignon (Chauché) pour six vingt livres avec « rétention de grâce ». L’expression désignait la faculté de réméré dans un délai convenu, consistant en la résiliation de la vente et le remboursement de l’acquéreur. Puis Jules de Belleville vendit le 24 octobre 1575 son droit de grâce à trois particuliers habitants la Goimetière (Essarts) : Gendreau, Dignot et Basty. Pour cette somme il leur vend aussi la grâce retenue sur une autre vente à eux faite en 1571 de la moitié de devoirs féodaux sur le tènement du Retail Gueffier (Essarts) : 6 boisseaux seigle, 8 ras avoine, mesure des Essarts, et 6 sols 9 deniers de rente. L’ensemble des ventes est payé 140 livres.

La Goimetière (Essarts)
Ces trois particuliers avaient ensuite acheté la rente de la Milonnière pour 400 livres, ayant fait jouer leur droit de rétention de grâce. Mais le seigneur de Languiller prétendit après coup faire annuler les contrats pour plusieurs motifs (vice, montant usuraire), ce que les acquéreurs contestèrent, et l’affaire alla jusqu’au tribunal présidial de Poitiers. Une transaction fut passée le 5 septembre 1577 entre l’épouse du seigneur de Belleville, en son nom, Anne Goulard, Gendreau, Dignot et Basty, marchands. Ceux-ci payent un supplément de 130 livres au seigneur de Languiller, lequel leur reconnaît la propriété des rentes de la Milonnière et du Retail Gueffier. Gendreau, Dignot et Basty acceptent aussi devoir pour reconnaissance de fief sur ces rentes, chaque année à noël, pour la rente de la Milonnière 12 deniers, et pour la rente de Retail Guefier, 3 deniers, le tout de cens et devoir noble emportant fief et juridiction. La transaction a été passée devant Michel Masseau et Jean Thyreau, notaires de la baronnie des Essarts, au château des Essarts. Au bas de l’acte on lit la ratification signée de Jules de Belleville en son hôtel de Languiller le 1e janvier 1579. Est également au bas de l’acte la quittance des ventes et honneurs donnée par les fermiers des Essarts le 14 mai 1579 (8).

La rente de 52 boisseaux de seigle au 17e siècle


En 1606 et 1619, deux déclarations roturières faites chez des notaires de la Merlatière par les douze propriétaires du tènement nous renseignent de quelques changements (9). D’abord on y trouve le nom de ces propriétaires, trois bourgeois importants de la paroisse, Georges et Félix Proust et François Moreau. Les autres s’appellent : Guibreau (Mathurin, Antoine), Guereau (Françoise), Brisseau (Pierre), Robin (Pierre, André, Jeanne, Jacquette, Valérien), Borchet (René), Aparilleau (Jean), Rahraire (Pierre), Eschasseriau (Christophe, Maurice), Rochereau (Pierre), Bordier (Jacques). Ils n’habitent pas tous au village, comme Pierre Pasquereau, autre nom cité par exemple, qui habite la Ridolière, ou André Boussard, ou Jean Boisseau, ce dernier habitant aux Essarts.

On observe une nouveauté dans ces déclarations, le paiement de deux tailles d’un même montant de 15 deniers. La première à payer à la Saint-Jean-Baptiste à cause de la seigneurie de Languiller, la deuxième à payer à noël à cause du fief de la Raynard (sud-ouest du bourg des Essarts).

Les acquéreurs de la rente de 52 boisseaux ont bien sûr changé. Le 17 mars 1648 Jacques Basty, François Basty et Jeanne Pechereau sa femme, François Micheau et Marie Basty sa femme, vendirent leur part de 19 boisseaux dans cette rente pour 324 livres comptant à Mathurin Fresneau, marchand demeurant à la Sauvetrière aux Brouzils (10). En 1651, celui-ci apparaît  dans une déclaration noble pour la rente, à côté d’autres possesseurs : Jean Dinot (10 boisseaux), Charles Durcot à cause de sa femme Hélène Baradeau (12 boisseaux), le prieur Moreau de Saint-André (6 boisseaux) et Jacques Charron, prêtre, (5 boisseaux). Ils donnent ensemble chaque année à noël, pour la possession de cette rente, 12 deniers de cens à la seigneurie de Languiller (11). Pierre Moreau avait acheté sa part de 6 boisseaux, le 23 mars 1650 pour 120 livres à François Gaucher et Marie Mandin veuve en secondes noces de Me André Navarre. Cette rente portait alors le nom de rente de la Goimetière (12)

Milonnière à la Croix Fleurette
En 1652 Jacques Charron vendit sa part de 5 boisseaux dans la rente de 52 boisseaux à René Bertrand seigneur de la Pré et dame Charlotte Chedanneau sa femme demeurant à la Goupillière (Saint-Martin-des-Noyers), lesquels la revendirent aussitôt pour 85 livres à un nommé Robin. En 1660 Charles Durcot et dame Hélène Baradeau son épouse, demeurant au bourg des Essarts, vendirent pour 102 livres 16 sols 8 deniers, 4 boisseaux dans leur part de la rente de 52 boisseaux, à Madeleine Dumont, veuve de Me Jean Proust sieur de la Barre demeurant au bourg de Saint-André-Goule-d’Oie. En 1661 ces mêmes vendeurs vendirent à Jean Proust 2 autres boisseaux de la même rente pour 43 livres, avec un droit de retrait de 2 ans. En 1668 on a une autre vente de 6 boisseaux pour 120 livres dans cette rente par Laurent Brisseau et Françoise Charpentier sa femme, demeurant à la Ridolière, à Jean Boisson fermier de la seigneurie de Vendrennes, demeurant au château de Vendrennes. Les vendeurs avaient acquis cette part des héritiers Dinot en 1654 (13).

Un autre constat intéressant, relevé dans la déclaration de Pierre Moreau en 1675, est l’indication du nombre de boisselées du tènement. Un arpentement y avait été réalisé par un nommé Merland et donnait 281 boisselées environ, soit 34,2 hectares. Un autre aveu de 1664 donnait un chiffre approchant : 290 boisselées (14). Par rapport aux 117 boisselées indiquées dans l’aveu du Coin en 1550, on a une augmentation considérable de la surface. Le tènement n’a pas lui-même augmenté de surface bien sûr. Dans les deux cas, les chiffres déclarés servent à répartir les droits seigneuriaux. On en déduit que les parties non exploitées ont reculé entre les deux dates. Mais alors on aimerait savoir qui a profité du défrichement, et comment ?

Un amasseur de terre en action à la Milonnière au 17e siècle


Les archives de la famille Moreau concernant la Milonnière nous confirment par un exemple comment se sont constituées certaines borderies ou métairies, à Saint-André-Goule-d’Oie comme ailleurs. Dans une déclaration roturière, datée vers 1675, Pierre Moreau, sieur du Coudray, qui habitait dans le bourg de Saint-André, déclare tenir du seigneur de Languiller à cause de son fief du Coin Foucaud, des parcelles de terres dans le tènement de la Milonnière, qu’il énumère en indiquant l’antériorité des propriétés (15).

D’abord son grand-père François Moreau a acquis d’un nommé Bousseau au début du 17e siècle deux parcelles d’une surface de 9 gaulées (1,4 are). Puis son père Jacques, le fermier de Linières (ou régisseur ou procureur fiscal), a acheté une maison au village et 14 parcelles totalisant 3,8 hectares. Et lui-même a acheté une autre maison et 17 parcelles totalisant 1,9 hectare. Ainsi, sur plusieurs dizaines d’années, la famille Moreau a placé une part de ses revenus pour constituer une borderie à la Milonnière, modeste certes avec ses 7,1 hectares, mais de dimension significative pour l’époque.

Ce rachat progressif s’est fait parce qu’il y eu des vendeurs possédant de trop petites surfaces, les héritages ayant morcelé les propriétés. En guise de « Safer », que l’époque ne pouvait pas évidemment imaginer, les plus riches ont amassé des terres et constitué des exploitations agricoles importantes. On fait aussi ce constat en étudiant l’état de la propriété à la Porcelière. Mais en ce 17e siècle, le phénomène était devenu rare, commencé au Moyen-Âge, peut-être avant pour certaines métairies, principalement à l’initiative des seigneurs locaux. Mais dans la région, ce regroupement n’a pas été aussi systématique que dans la gâtine poitevine (16). Les petites parcelles, appartenant à de nombreux propriétaires, côtoyaient celles regroupées dans les borderies et métairies jusqu’à une période récente.

La documentation disponible, axée sur les redevances seigneuriales, ne permet pas toujours de détecter les unités d’exploitation comme une métairie, souvent à cheval sur plusieurs tènements. Il faut pour cela interroger les archives des notaires, mais souvent disparues dans la contrée pour cette époque lointaine.

Ces regroupements de parcelles ont aussi donné lieu à des regroupements d’habitats, c'est-à-dire à la suppression de certains d’entre eux. Parfois les textes nous indiquent l’existence de ces habitats disparus, comme les Petites Mancellières ou la Dibaudelière par exemple.

Dans la déclaration vers 1675 de Pierre Moreau de ses nombreuses parcelles, leurs confrontations nous donnent les noms des nombreux propriétaires voisins, soit limitrophes du tènement de la Milonnière, soit dans le tènement lui-même. Les noms qui reviennent le plus fréquemment sont : Pierre Pavageau, Pierre et Bastien Guereau. Il y a aussi le prieur de Saint-André, le seigneur de la Boutarlière et le bourgeois Proust de la Barre (Saint-Fulgent). Les autres propriétaires sont dans l’ordre alphabétique : Ardouin, Auvinet, Pierre Boudaud, Bousseau, Pierre Breteau, Pierre Brisseau, Pierre Chacun, Chariau, Collas Chenu, Egron, Girardin, Collas Mandin, Louis Navarre, Collas Pinteau, Louis Remigerau, Rochereau.


Les paysages de la Milonnière : haies, bournes, roustières au 17e siècle


Maisons de la Milonnière au loin
À la Milonnière, les champs étaient séparés entre eux par des haies en ce 17e siècle, mais on ne connaît pas leur importance. Les déclarations roturières ne les indiquaient que très rarement, mais cela ne veut pas dire qu’elles n’existaient pas. On a un exemple révélateur dans une vente de terre en 1701 aux Essarts, dont fait partie « une pièce de terre appelée le Petit Boissinot avec ses haies tout autour en dépendant ». Sa confrontation avec les parcelles qui l’entourent ne mentionne aucune haie, comme d’habitude (17).

On sait qu’il a pu exister un « droit de haie » dans la contrée, entendu au sens du droit de créer une haie. Dans un texte de 1653, on voit le seigneur de Languiller reprocher au possesseur de la Guiffardière (Essarts), d’inscrire dans son aveu un droit de haie, dont il prétend qu’il est un droit prohibitif et contraire à la coutume (18). Il semble bien que le seigneur de Languiller ait eu raison, mais au Moyen Âge certains seigneurs n’ont sans doute pas manqué d’imagination pour créer des redevances. Et c’est le seul exemple que nous connaissons.

L’entretien de ces haies, formées d’arbres et d’arbustes, a constitué un élément important de l’économie rurale de l’époque. C’était une clause incontournable des baux des borderies et métairies pour les protéger, les tailler, et se procurer du bois de chauffage. Aucun arbre ne pouvait être abattu sans la permission du propriétaire. Les haies ne servaient pas à délimiter précisément les parcelles foncières, pour cela on pratiquait le bornage. En revanche, elles protégeaient bien sûr de l’intrusion de certains animaux. Nous avons un indice de l’implantation progressive des haies avec les amendes pour vagabondage des animaux domestiques sur les terres du seigneur. Les amendes n’étaient pas rares aux 15e et 16e siècle (19). Ensuite on n’en a pas, mais les archives conservées sont clairsemées après la période mentionnée. Néanmoins, il parait probable que l’extension progressive des haies a diminué les vagabondages d’animaux. Cependant, à voir la parcellisation à outrance de beaucoup de champs et de prés dès le 17e siècle, elles n’ont pas accompagné cette parcellisation. On n’aurait plus eu de bocage alors, mais une forêt avec de nombreuses clairières ! À la différence de ce qu’on a pu observer dans la Gâtine Poitevine, on ne voit pas naître des haies avec les nouvelles métairies à partir du 16e à Saint-André-Goule-d’Oie.

Mais nous avons une exception en 1606 à la Milonnière, à cette absence de mention des haies dans les délimitations ou confrontations des parcelles foncières. Très souvent on y trouve des « bourne » au lieu des haies pour séparer les champs. On désignait ainsi très probablement la plante servant à couvrir le toit des maisons de « bournée », différente bien sûr du chaume qu’on utilisait aussi. Il reste à découvrir quelle était cette plante. On a trouvé pour le même usage dans la région, et à la même époque, que la bruyère s’appelait brande. On hésite donc à en faire un synonyme.

 À la Milonnière : ruisseau qui descend
 de l’étang des Noues
On trouve aussi en 1606 des pièces de terres qui sont des « roustières », possédées par François Moreau et « mademoiselle de la Boutarlière » (20). On cherche là aussi à définir ce mot. Il est proche des « rouchères » cultivées ailleurs dans le Poitou, qui étaient des endroits humides où poussaient des « rouches », plantes de la famille des roseaux, parfois utilisées comme liens. À la Naulière de Chauché (village disparu situé près de la Benetière), un aveu de la Chapelle Begouin de 1579 indique l’existence de « rauzés et bournés » entre deux pièces de terre, au lieu d’une haie (21). L’association des deux mots montre bien que nous avons à faire à des plantes aquatiques, servant peut-être à fabriquer des engrais par pourrissement, ou des couvertures de toiture par séchage. On a trouvé aussi le mot de « rouzoires » évoquant aussi les roseaux, aussi appelés « rousiaux » (22). Les terres étaient humides, propices à cette végétation, et traversées par le ruisseau qui descend de l’étang des Noues proche. Ce ruisseau est nommé aussi en 1606.

Une autre particularité rencontrée à la Milonnière à cette date, concerne l’espace occupé par les cours devant les maisons du village. Leur surface était divisée entre les propriétaires pour calculer la répartition des redevances dues sur le tènement. Mais à la Milonnière cette division obéit à une arithmétique précise, jusqu’à la 1/30e partie. On appelait cet espace les « quaireux », ou « quaruage » pour les ruages (abords) à usage de cour, et on ne sait pas pourquoi le besoin s’est fait sentir ici d’une telle division, unique dans la paroisse. Le plus souvent, le notaire indiquait simplement la surface occupée ensemble par les bâtiments, les vois d’accès et les cours pour chaque propriétaire. Peut-être y avait-il des cours non rattachées à des bâtiments ? On hésite à retenir l’hypothèse d’une redevance particulière qui leur aurait été attachée, puisqu’on en n’a pas rencontrée. Ce fut le cas par exemple dans le bourg de la Chapelle de Chauché, où les propriétaires des aires (écrit : aireau ou airault) devaient chacun une fourche de bian au seigneur. C’était la corvée de fanage de l’herbe du pré du Clous jusqu’à ce que le foin soit mis en « mellons », c’est-à-dire prêt à être enlevé (23).

L’achat de redevances seigneuriales par Pierre Moreau


Pierre Moreau, le neveu du prieur de Saint-André dont nous avons parlé plus haut, n’a pas fait qu’acheter des parcelles de terres sur le tènement de la Milonnière. Il a aussi racheté des droits seigneuriaux perçus sur lui. On se souvient que la rente de 52 boisseaux de seigle avait été vendue avant 1619 à plusieurs particuliers du village de la Goimetière des Essarts. Il en a racheté une partie en plusieurs fois. En septembre 1670 il acquiert de Jacques Thomazeau sieur de la Rante, 9,5 boisseaux de seigle, moyennant 152 livres, puis le 28 février 1682 d’Adrien Thoumazeau aussi de 9,5 boisseaux seigle, moyennant la même somme (24).

Dans l’évaluation en 1727 par voie d’experts des biens possédés à Saint-André-Goule-d’Oie par Claude Moreau, fils du précédent, on relève cette rente de dix-neuf boisseaux de seigle due sur le fief de la Milonnière (25). Elle est estimée alors en capital à 476 livres. Celui-ci était calculé à partir des revenus pendant vingt années, ce qui donne une valeur de 1,25 livres par boisseau cette année-là. Les prix du seigle ont baissé.

Le conflit avec Languiller sur le droit de fief à la Milonnière


Fosse de la Croix Fleurette à la Milonnière
Après avoir acheté la seigneurie de Languiller et ses fiefs annexes comme celui du Coin, en 1670/1674, Philippe Chitton chercha à faire valoir ses droits. En 1693, il réclama au fils de Pierre Moreau, Claude Prosper Moreau, la communication des contrats d’acquisition de son père (26). Ce dernier obtint un délai en 1700 pour fournir sa déclaration noble de la rente de 19 boisseaux seigle due sur la Milonnière (27). En 1701 il présenta une déclaration roturière pour ses domaines sur la Milonnière. 11 autres propriétaires firent de même séparément (28). S’agissant de sa déclaration noble, s’est joué aussi à la Milonnière le même conflit qu’à la Porcelière, la Bergeonnière, la Boutinière, la Chevaleraye, la Javelière, etc. Philippe Chitton se voulait le seul seigneur en titre du Coin, même s’il ne possédait plus les redevances seigneuriales qui allaient avec, ou seulement une petite partie.

C’est lui qui rendait hommage et aveu pour le Coin au baron des Essarts. Il réclamait le paiement du cens dû à ce dernier, au moins en partie pour les propriétaires des droits seigneuriaux, ainsi que le droit de basse justice foncière qui ne se divise pas selon lui. Dans le même temps, des bourgeois comme les Moreau, qui avaient acquis des droits seigneuriaux, ne voyaient pas pourquoi ils ne jouiraient pas du droit de basse justice, et même du droit de lods et ventes. C’était une question d’argent, mais aussi de principe, et d’honneur, comme un signe de reconnaissance d’un statut de la noblesse auquel ils aspiraient.  

Chez les Moreau non plus, les titres en possession dans la famille en 1693 ne couvraient pas toutes les propriétés réelles et revendiquées. On suppose qu’à la Milonnière, le sieur Moreau finit par reconnaître les prétentions de Philippe Chitton.

En 1751, les droits roturiers perçus par le seul seigneur de Languiller sur les propriétaires de la Milonnière, se résument à (29) :
-          2 agneaux à la Saint-Jean-Baptiste pour droit de dîme,
-          12 deniers de service à noël et 12 deniers à la Saint-Jean-Baptiste,
-          2 sols 6 deniers de cens.

Un droit particulier apparaît alors, le droit de linage qui était une redevance sur le lin, d’un montant de 3 deniers à la Milonnière (30). Peut-être s’agissait-il d’une redevance sur la pratique du rouissage du lin, car la culture elle-même pouvait être soumise au terrage, comme on l’a vu dans les environs, ou au droit de dîme. À moins que ceux-ci aient été arrentés en ce droit particulier qu’on ne rencontre qu’à la Milonnière pour Saint-André.


(1) Note no 9 sur la Milonnière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 2.
(2) Aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu (roi de France) pour des domaines à Saint-André no 389, Archives d'Amblard de Guerry : classeur d'aveux copiés aux Archives Nationales. Et note no 5 sur le fief de Saint-André (bourg) à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(3) Note no 8 sur la Milonnière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 2.
(4) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61, aveu pour le Coin Foucaud et le Vignault du 2-7-1605 par le seigneur de Languiller aux Essarts – deuxième copie de l’aveu de 1550.
(5) Pour l’équivalence des unités de mesure, voir notre article publié sur ce site en mars 2015 : Les unités de mesure en usage à St André Goule d'Oie sous l'Ancien Régime
(6) Note no 6 sur la Milonnière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 2.
(7) Idem (4).
(8) Note no 3 sur la Milonnière Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2. Et transaction du 5-9-1577 sur les rentes de la Milonnière et du Retail Gaiffier, Archives de Vendée, fonds Mignen : 36 J/321.
(9) 150 J/G 47, déclaration roturière du 16-6-1619 de plusieurs teneurs de la Milonnière, et déclaration roturière du 3-6-1606 de 4 teneurs à la Milonnière, Bruères et Suries.
(10) Note no 11 sur la Milonnière Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(11) 150J/G 47, déclaration noble du 8-7-1651 de plusieurs teneurs à Languiller pour rente sur la Milonnière.
(12) Inventaire après-décès en 1666 du mobilier, vaisselle, linge et papiers de Pierre Moreau, Archives de Vendée, chartrier de Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, page 110.
(13) Notes no 12, 14, 15 et 16 sur la Milonnière Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(14) 150 J/G 47, déclaration roturière du 28-6-1664 de Bousseau pour la Milonnière.
(15) Archives de Vendée, chartrier de la Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, déclaration roturière de Pierre Moreau pour la Milonnière vers 1675.
(16) Louis Merle, La métairie et l’évolution agraire de la Gâtine poitevine de la fin du Moyen Âge à la Révolution Paris SEVPEN (1958).
(17) Archives privées Gilbert, ventes du 2-1-1701 de terres aux Essarts de Pierre Robin et Billaud au sieur Masson.
(18) 150 J/A 12-2, accord du 14-5-1653 par P. de la Bussière, sur les litiges concernant l’aveu et les déclarations de la Guiffardière (Essarts).
(19) Assises de Languiller et fiefs annexes en 1481, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150J/M 36, page 1. Ibidem 1484 : 150 J/M 36, page 2.
(20) Isabeau de Plouer, veuve en 1595, était originaire de Mouchamps. Elle avait épousé, le 25 février 1580, Léon Gazeau Ier, seigneur de la Brandasnière et de la Boutarlière (Il fut un marin éprouvé à qui le roi Henri III permit d’armer pour le roi du Portugal).
(21) 150 J/C 74, Chapelle Begouin, aveu du 29-5-1579 de la Chapelle Begouin, page 21.
(22) Bulletin trimestriel de la société archéologique de Touraine, 1987, Dr Jean Moreau, Étymologie des toponymes ruraux de Monthelan et leur évolution depuis cinq siècles, tome 41, page 682.
(23) 150 J/C 74, Chapelle Begouin, aveu du 29-5-1579 de la Chapelle Begouin, page 4.
(24) Archives de Vendée, chartrier de la Roche-Guillaume, famille Moreau : 22 J 29, mémoire de Claude Moreau contre Chitton du 4-5-1693 au sénéchal de Fontenay.
(25) 22 J 29, sentence d’ordre du 9-9-1727 des syndics des créanciers de Moreau et Menard (copie du 9-3-1754).
(26) 22 J 29, mémoire vers 1693 pour le seigneur de Languiller en réponse à Moreau sur ses propriétés.(27) Assise de Languiller en 1700, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/M 44, p. 30.(28) Ibidem : 150 J/M 44, pages 14 à 47.
(29) 150 J /G 47, déclaration roturière du 28-5-1751 de Rochereau pour la Milonnière.
(30) Ancien mot : droit sur le lin [Dictionnaire universel françois et latin Paris (1752) Tome 4, page 391].


Emmanuel François, tous droits réservés 
Avril 2016, complété en janvier 2023

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mardi 1 mars 2016

La Racinauzière

La Racinauzière à Saint-André-Goule-d’Oie est située au bord de la rivière de la Petite Maine, qui la sépare de la paroisse de Chavagnes-en-Paillers. Au sud-est elle touchait ce qu'on appelait jadis le tènement de la Maisonneuve relevant en partie de la Mancellière sous la suzeraineté des Bouchauds, l’autre partie relevant du Coin Foucaud (1). La Maisonneuve, ainsi que la Bordinière, sera soustrait du territoire de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie pour passer dans celui de la nouvelle paroisse de la Rabatelière, créée officiellement en 1640.

La Petite Maine
Entre aujourd’hui et hier quels contrastes ! Des haies bien taillées ont remplacé, près des maisons rénovées, les fourrés qui protégeaient les anciennes chaumières. Les modernes et imposantes installations d’élevages de maintenant, intrigueraient beaucoup les laboureurs à bras d’autrefois. Mais les siècles passant, la Racinauzière reste un lieu protégé, située au terminus de sa voie d’accès. Et le ruisseau de la Petite Maine méandre toujours près des maisons, dans la tranquillité d’un temps immémorial.   
  

Une importante métairie et des droits de fief réunis à la ferme 


En 1550, les teneurs (propriétaires) de la Racinauzière payaient au titre de la seigneurie du Coin un cens de 40 sols et 16 ras d’avoine. De plus, ils payaient un droit de terrage consistant à donner le 1/6 des récoltes au seigneur, et une dîme sur les petits animaux d’élevage dont le tiers allait au curé de Saint-André et les deux tiers au temple de Mauléon, une commanderie de l’ordre de Malte (2). Enfin l’ancienne corvée de 3 jours par an avec 5 charrettes attelées de 6 bœufs, avait été arrentée et incorporée dans le cens (3).

Ces redevances seigneuriales ont été ensuite comprises dans le prix de ferme, au moins en grande partie. Au moment de payer en 1757 le droit de rachat pour cette métairie à la baronnie des Essarts, à cause du décès de son possesseur, René Montaudouin, ses héritiers indiquent que la Racinauzière « ci-devant roturière est devenue noble par la réunion du fief dominant au fief servant » (4). La métairie (fief servant) relevait, est-il écrit dans la quittance du rachat, des Bouchauds annexe de Languiller (fief dominant), qu’avait achetée en 1745 le seigneur de la Rabatelière, déjà possesseur de la métairie au moins depuis le début du 17e siècle. Et les revenus des Bouchauds se partageaient par moitié entre Languiller et les Essarts. Le bien étant devenu fief noble par cette réunion, le possesseur devait payer à son suzerain un droit de rachat à chaque mutation de vassal, valant la moitié du prix d’une ferme annuelle dans le cas présent. Dans un partage en 1779 d’une succession du seigneur de la Rabatelière il est mentionné un sol de service annuel. On lit aussi que la métairie était un bien noble, ainsi que son fief de vigne à complant et les bois de chênes épars dans les dépendances de la métairie (5)Dans les comptes du régisseur du château de la Rabatelière, on voit une somme d’une livre 5 sols payés par des teneurs de la Racinauzière pour une année de devoirs échus à noël 1758 (6).

À quand remontait cette réunion de la Racinauzière avec la seigneurie des Bouchauds ? Nous avons vu que ses teneurs payaient des redevances féodales au seigneur du Coin Foucaud en 1550. Cela ne suffit pas à faire de ce dernier le suzerain du tènement de la Racinauzière, il a pu n’être que le possesseur des redevances (cens, rente, terrage, dîme, corvées), même si le cas est rare à ce point et normalement impossible à cause du cens. D’autant que la Racinauzière n’est pas citée dans l’aveu de Languiller pour la seigneurie du Coin, à la même année 1550 (7). Ainsi, quoique surprenante, cette situation de la Racinauzière à l’égard du Coin n’emportait pas, semble-t-il, un droit de fief de ce dernier et une mouvance sur cette métairie limitrophe. D'où le paiement d’un rachat en 1757 fait au baron des Essarts à cause de la mouvance des Bouchauds. Dans un paiement en 1731 d’un précédent rachat on affirme même que la Racinauzière relevait de la seigneurie des Bouchauds (8). L’intégration des redevances seigneuriales avait déjà été faite en 1659 dans la ferme de la Racinauzière, celle-ci d’un montant de 320 livres par an, alors qu’à la même date la ferme voisine de la Roche Mauvin, d’une surface identique, était de 232 livres par an. Mais si en 1659 le possesseur de la métairie de la Racinauzière était bien le châtelain de la Rabatelière, il ne possédait pas encore Languiller, dont le fief dominant des Bouchauds était une annexe, pour faire la réunion des fiefs. Pourtant la réunion de la Racinauzière à son suzerain des Bouchauds précède l’aveu cité ci-dessus de 1550 du seigneur du Coin. Dans les notes d’Amblard de Guerry on lit qu’une partie de la Racinauzière est du fief des Bouchauds et que la Mancellière en fit aveu en 1530 (9). Voilà qui confirme une situation mal éclairée par la documentation disponible sur la dépendance de la Racinauzière.

Terrier de la Rabatelière de 1651
(Archives départementales de la Vendée)

Dans le terrier de la Rabatelière en 1651, on remarque l’importance des menus suffrages dus par les métayers de la Racinauzière. Le terrier était un recueil portant l'indication exacte des redevances dues par les tenanciers d'une seigneurie ; il était établi sous la forme d'un acte judiciaire. On y lit que les métayers payaient à Pâques un chevreau, à la Pentecôte 6 poulets, 4 oisons, 4 moutons d’un an, plus deux autres non tondus « tels qu’ils seront faits marqués par ladite dame à la Saint-Jean-Baptiste », 30 livres de beurre net, un pourceau de mars payable à la Toussaint, 4 chapons, six aunes de toile de lin, un millier de fagots pris dans le bois taillis de la métairie et transportés à la Mancellière. Ces différents suffrages ont été payés, comme on le lit dans le terrier, à « monsieur de la Rabatelière ou à sa femme pour l’année 1650 ». Ils paraissent plus importants que les habituels menus suffrages des métayers. Fixés en nature, ils étaient payés en argent le plus souvent. De plus, les métayers devaient entretenir leur part de deux planches dans la vigne du château, mais comme ceux des autres métairies environnantes. Ils étaient aussi « sujets à toutes corvées hommes, femmes et bœufs », suivant l’usage pour les métayers (10).

Il nous faut aussi remarquer que nous sommes dans une grande métairie avec ses 40 hectares environ dont 5 ha de prairies naturelles et 5 ha de pâtis et landes en 1659 (11). Dans une estimation en 1797, lors du partage République/Thérèse Montaudouin, elle est indiquée contenir 305 boisselées environ, (37 ha). Au bord de la rivière on a ainsi une importante surface dédiée à l’élevage, et donc une capacité d’enrichissement plus importante qu’ailleurs, même si elle est aléatoire aux épizooties. Le total équivaut en surface à la métairie de la Roche Mauvin, avec seulement 7 champs et 7 prés et landes. Les surfaces des 7 champs en terres labourables sont grandes : le plus petit fait 7,5 boisselées et le plus grand fait 80 boisselées. On sait qu’à la Porcelière, la métairie s’est constituée par achats de petites parcelles foncières, qu’on a conservées. Ici elles ont été restructurées en de vastes champs après coup, ou peut-être le tènement est né métairie au Moyen Âge, sans dispersion de l’espace en de nombreuses tenures par la suite. Et nous le trouvons inchangé au 17e siècle.

Cette métairie de la Racinauzière se distinguait des Champs de la Racinauzière situés sur la paroisse de Chauché et passés à celle de la nouvelle paroisse de la Rabatelière crée en 1640. Ils étaient délimités précisément entre les terres de la Martinière et celles de la Bleure d’un côté, et le ruisseau qui descend de l’étang de Languiller de l’autre côté. Au-delà du ruisseau se trouvaient les terres de Maisonneuve appartenant alors à la paroisse de Saint-André. Ces champs occupaient une surface de 3 septrées de terres labourables, chaintres et gastes (landes). Elles devaient un terrage au 1/6 des récoltes à la seigneurie du Coin, et un cens et devoirs annuels de 20 sols, 2 poules et 6 boisseaux de seigle (12).

La métairie en 1659


La métairie est évaluée en 1659 à 5 270 livres, dont 850 livres pour les bâtiments. Le prix moyen d’une boisselée de terre labourable est de 11,4 livres (variant de 6,6 à 13,7 livres selon les champs), et d’une boisselée dans la pièce de landes et pâtis de 9,2 livres. Le prix moyen d’une boisselée de pré est de 31,7 livres dans une fourchette allant de 24 livres à 37 livres (13). C’est plus qu’à la Porcelière et à la Roche Mauvin. Pour apprécier ces valeurs, indiquons qu’à la même époque le minimum fixé pour la rémunération annuelle d’un curé de campagne était de 300 livres, salaire important à l’époque pour une fonction prestigieuse. Et on a vu le régent (instituteur) payé 150 livres en plus du logement, pour une fonction qui n’était simplement que considérée, il est vrai.

Les prix de ferme pratiqués sont intéressants à comparer avec ceux de la Roche Mauvin. En 1650, on a 232 livres à la Roche Mauvin et 320 livres à la Racinauzière (12). Pour une surface à peu près identique, et une part de prés à peu près équivalente, on explique la différence de prix des fermes peut-être par la différence de la valeur des terres estimée à la même date en 1659. À 0,74 £ la boisselée, la terre de la Roche Mauvin est inférieure de 26 % à celle de la Racinauzière, alors que le prix de ferme est inférieur de 27 % à la même époque. À partir du milieu du 18e siècle le prix de ferme de la Roche Mauvin augmentera de manière importante pour se rapprocher de celui de la Racinauzière, réduisant l’écart à 10 %. L'explication à ces différences de valeur est à chercher dans les redevances seigneuriales dont tenait compte le montant de la fermeLa métairie de la Roche Mauvin devait au Essarts deux rentes annuelles de 31 boisseaux de seigle et 15 boisseaux d’avoine, à Languiller une rente annuelle de 3 livres 14 sols, au curé des Essarts 2 boisseaux de seigle, 15 boisseaux d’avoine et 16 sols 4 deniers, et enfin au seigneur de Landellière une rente de 2 boisseaux de seigle, 4 boisseaux d’avoine et 3 sols 6 deniers (14). Le tout pouvait valoir à cette époque environ 55 livres. Ajoutées aux 232 livres de la ferme, cela fait un total de 287 livres, inférieur de seulement de 9 % à la ferme de la Racinauzière en 1650.

Le refroidissement climatique au tournant des 17e et 18e siècles à la Racinauzière


La crise climatique et frumentaire de la fin du 17e siècle s’est fait sentir à la Racinauzière. Le prix annuel de la ferme passe de 330 livres en 1662 (15) à 320 livres en 1698 (16), toujours le même vers 1720 (17), puis remonte à 340 livres en 1734 (18) et à 345 livres en 1752 (19), prix conservé jusqu’en 1775 au moins.
Les pluies abondantes du printemps de 1692, avec des températures froides, suivies d’un été pluvieux, avaient donné une très maigre moisson. L’année suivante fut pire en humidité, et la moisson presque totalement compromise, engendrant une famine. S’en suivit un hiver 1694 parmi les plus rigoureux qu’on ait connu. Le froid vint s’ajouter à la famine et aux épidémies pour provoquer une perte de plus d’un million trois cent mille personnes en France. C’était autant de morts que la première guerre mondiale plus tard, mais dans un pays moitié moins peuplé, et en l’espace de deux ans seulement (20).

À Saint-André-Goule-d’Oie on observe un doublement du nombre de décès en 1692 (60 morts) par rapport à celui des trois années suivantes. À Chavagnes-en-Paillers, où figurent des actes se rapportant à des habitants de la Racinauzière, à cause de la proximité du bourg de cette paroisse voisine, on constate cette dépopulation, mais à une faible échelle. En 1693 le nombre de décès n’y est que de 31. Il monte à 63 en 1694, et à 76 en 1695, dépassant le nombre des naissances, qui est respectivement de 41 et 68. Mais dès 1696 la situation redevient normale : 73 naissances et 29 décès. Peut-être le sarrasin a-t-il, comme en Bretagne, suppléé au seigle dans la nourriture de base, sa culture résistant mieux aux intempéries. Des groupes de mendiants parcouraient alors les campagnes, et c’est peut-être ce qui explique l’enterrement dans le cimetière de Chavagnes, le 30 septembre 1694, « d’un passant, taillandier originaire de Lyon, dont on ignore le nom » (vue 10 du registre paroissial accessible sur le site internet des Archives de la Vendée).

Les dernières années du 17e siècle et les premières du 18e siècle, ont vu un climat particulièrement froid et humide, représentatif de ce qu’on a appelé le P.A.P. (Petit âge glaciaire). À lui seul il a provoqué beaucoup de morts, compte tenu des modes de vie et d’hygiène de l’époque, et beaucoup de misères. Nul ne saura isoler ce facteur de celui des impôts et des guerres de la fin de règne de Louis XIV, pour expliquer l’appauvrissement des campagnes. De celui-ci nous en avons déjà fait le constat à la Chapelle Begouin : voir notre article publié sur ce site en décembre 2013 : Les domaines de la seigneurie de la Chapelle Begouin à Chauché. L’histoire du climat a été plus tardivement étudiée, mais sa place dans l’histoire des hommes est incontournable.

Et puis l’amélioration climatique et agricole post 1694 fut en demi-teinte. 1696 connut un hiver gélif pour une partie des semences, suivi d’un été pourri. 1698 fut une mauvaise année. Sur le registre paroissial de Chavagnes, à la fin de l’année, le curé a écrit : « le quatrième du mois de mai en 1698, nos vignes furent vendangées par les vendangeurs de la colère de Dieu vu que l’année avait été si prime. Il ne s’est pas amassé un verre de vin en toute la paroisse, ni un quarteron de pommes » (vue 83). C’est la fameuse gelée du 3 mai 1698 connue des historiens, notée le 4 mai par le curé de Chavagnes en fin d’année, suivie d’un été pluvieux. Il y aura plus tard le terrible hiver 1709, tueur des semences d’automne. Le curé de la Rabatelière s’en est fait l’écho sur son registre paroissial à la fin de l’année 1709 : « Il est à remarquer que cette année il y a eu un hiver si rigoureux que presque tous les arbres ont péri par la gelée, aussi bien que le blé, ce qui a causé un cher temps. Le blé seigle de la mesure de Saint-Fulgent a valu trois livres quinze sols. Cet hiver commença au commencement de février 1709, a duré quinze jours, qui a fait porter un deuil à toute la terre. Ce qui n'a jamais été vu, noyers, chateniers, poiriers, presque tous les pommiers jusqu'aux housins, tout a gelé ; les vignes mesmes : le vin de Chavagne a valu cent vingt livres le tonneau. » (Vue 60). À Versailles le vin gela dans le verre du roi (21).

La métairie en 1700


Les réparations à faire sur les bâtiments de la Racinauzière en 1700 restent modestes comparées à la Mancellière par exemple. Le devis est de 75 livres seulement. Il faut refaire une partie de la cheminée du four de la boulangerie, trois portes, et une partie des couvertures en tuiles des toits des animaux (22). On sait que le fermier judiciaire qui gérait les domaines de la Rabatelière à l’époque, suite à leur saisie, obtint une décision du parlement de Paris pour l’autoriser à faire faire des devis de réparations, signe d’une dégradation résultant très probablement de la situation de saisie judiciaire. 

L’existence d’une boulangerie à la Racinauzière n’est pas une exception. Elle est due aux habitats dispersés poussant à l’autarcie de leurs habitants. En même temps cela les exclus du droit de banalité sur les fours seigneuriaux, appliqué aux habitants des bourgs comme ceux avérés de Saint-Fulgent et des Essarts.

Le court passage du procès-verbal de la visite des lieux ne concerne que les bâtiments de la métairie appartenant au château de la Rabatelière. Faut-il en déduire logiquement qu’il s’agit d’un habitat isolé, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de village où vivaient plusieurs feux non dépendants de la métairie ? L’absence, parce que non significative dans le chartrier de la Rabatelière, avec ses manques, de déclarations roturières se rapportant au tènement, nous empêche de répondre. On sait que ce sont les villages, quelle que fût leur taille, qui ont constitué dans les nouveaux peuplements post carolingiens, le cadre normal de l’existence dans les campagnes (23). En 1700 à la Racinauzière, le village des origines n’était peut-être pas encore réduit aux seuls bâtiments de la métairie. Il pouvait y avoir des habitats pour des laboureurs qui se louaient à la métairie ou ailleurs.

Les baux de la métairie et ses métayers de 1662 à 1789


Le premier bail que nous avons pu lire de la métairie de la Racinauzière, a été signé le 18 janvier 1662 par Louis Penisson, sieur de Sainte-Catherine, demeurant à la Mancellière, et chargé de la gestion des biens de la Rabatelière pour le compte de sa propriétaire, alors Marie de La Baume Le Blanc (24). À cette date, la Racinauzière est rattachée à cette seigneurie voisine, ce qui se comprend parfaitement à cause de la proximité, et surtout parce que le propriétaire était le même. 

Fernand Herbo : Bord de rivière
En 1662 les fermiers signataires du bail sont Mathurin Pottier et Louis Moreau, qui renouvellent leur précédent bail en date de l'année 1659  (25). Quelques années plus tard, en 1678, vivaient à la Roche Mauvin deux Louis Moreau, père et fils, peut-être les mêmes. Le bail de la Racinauzière en 1662 est conclu pour cinq années commençant à la Saint-Georges, moyennant un prix de 330 livres par an. La ferme est payable en deux termes égaux, moitié à noël, moitié à la Saint-Georges.

Nous avons étudié dans le détail des baux des métairies de Linières au début du 19e siècle. Trois articles ont été publiés sur ce site pour en rendre compte, d’octobre à décembre 2011 :  Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (Première partie)Les activités agricoles et les techniques utilisées à Linières de 1800 à 1830 (deuxième partie) et Le statut des métayers de Linières de 1800 à 1830. On remarque que deux siècles auparavant les principales clauses des baux étaient les mêmes, reflétant les mêmes techniques agricoles et fixant le même statut des métayers, ceux-ci étant en communauté, c'est-à-dire à plusieurs couples pour assurer la charge de travail des grandes métairies. On remarquera seulement que les baux ne commencent pas systématiquement à la Saint Georges comme deux siècles plus tard.

Il faut aussi souligner, contrairement à ce qui a pu être écrit parfois, que les baux n’étaient pas à partage de fruits, mais le plus souvent à prix d’argent en ce 17e siècle à Saint-André-Goule-d’Oie. Les propriétaires d’alors et leurs intermédiaires (régisseurs ou fermiers) voulaient du numéraire, sans s’embarrasser de suivre les exploitations agricoles de près. Et pas seulement à cause de la situation judiciaire du propriétaire en état de saisie à la Rabatelière, ou de son éloignement. On a d’autres exemples identiques pour des propriétaires non poursuivis par des créanciers et habitant sur place. Des historiens ont écrit que le développement du bail à colonage partiaire, ancêtre du bail à métayage, où le prix du fermage consistait à partager les fruits du travail entre le bailleur et le preneur, a été une conséquence de la taille royale (26). C’est que l’argent paraissait moins dans ce cas, facilitant les tentatives de minoration du montant de l’impôt. La taille a été créée en 1479, et ce facteur ne paraît pas avoir joué deux siècles plus tard à Saint-André-Goule-d’Oie pour favoriser le bail à partage de fruits. 

Une précision intéressante cette fois dans le bail de la Racinauzière : le bétail de la métairie est évalué à 220 livres en 1662, appartenant au bailleur. À la fin du bail, les preneurs s’engagent à laisser du bétail pour une somme équivalente. Cela veut dire que les preneurs garderont pour eux les revenus provenant des naissances, moyennant une somme forfaitaire à payer de 20 livres chaque année à la Saint Georges, s’ajoutant au prix de la ferme. C’était une location du bétail à raison d’un intérêt de 9 % du capital. Voilà qui est intéressant pour le bailleur, mais aussi pour les preneurs, qui pouvaient garder pour eux le surplus des bénéfices, sans mise de fonds. La formule est déjà celle des baux de « cheptel de fer » formalisée dans le code civil de 1804. Mais le risque des épizooties du bétail restait au fermier. 

En 1762, le bailleur entreprit des travaux importants sur la loge (remise) de la métairie de la Racinauzière : deux longères de murs ont été refaites à neuf par le maçon Lussaud, et on a posé une charpente et de nouvelles lattes. Pour ce dernier travail le régisseur a payé à Victor Basty son frère et ses associés 20 journées à raison de 15 sols la journée, tarif habituel à cette époque des charpentiers (27). 

En 1700 le fermier s’appelle René François (28), qui restera à la Racinauzière jusqu’en 1740. Le bail a été renouvelé avec lui à la Saint-Georges 1728 pour 7 ans et 340 livres de ferme par an. La vigne à complant cultivée par le métayer n’est pas comprise, devant revenir au château (29). Il s’était marié à la Rabatelière le 28 août 1699 (vue 48 du registre paroissial, accessible sur le site internet des Archives départementales de la Vendée). Son épouse s’appelait Perrine Herbreteau, née en 1665 à Saint-André-Goule-d’Oie. Elle mourra à l’âge de 70 ans à la Racinauzière le 24 juillet 1735 (vue 107 sur le registre de Saint-André). Sur le registre de la Rabatelière on relève trois naissances de ce couple, avec toujours l’indication de l’origine officielle des parents de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, c'est-à-dire au village de la Racinauzière : Mathurin, Perrine et Renée. Mathurin, l’aîné, continuera la lignée des François, dont fait partie l’auteur de ces lignes. Il achètera ou plantera des pieds de vigne dans le fief de vigne de la Mancellière, et sera métayer à la Boule, puis à la Giroulière (Rabatelière), et enfin à la Telachere (Chavagnes), tout en possédant une petite borderie à la Boninière (Saint-André). Voir pour la Télachère l’article publié sur ce site en avril 2020 : La métairie de la Télachère à Chavagnes en 1760-1768À l’époque la situation d’un métayer d’une grande métairie était plus enviable que celle d’un petit bordier propriétaire. La raison en était dans les jachères temporaires qui neutralisaient une partie des terres. La prospérité exigeait alors beaucoup de surface de terres labourables.

château de la Rabatelière
En 1741 apparaissent deux nouveaux fermiers, Billaud et Louis Piveteau (30). Le 1e décembre 1752, Pierre Billaud et Marguerite Rullleau sa femme, Jean Gilbert et Jeanne Pillard sa femme, demeurant en communauté à la métairie de la Racinauzière, renouvellent leur bail pour 9 années qui avait commencé à la Saint-Georges dernière moyennant un prix annuel de 345 livres (31). Il sera encore renouvelé pour 7 années. Du côté du propriétaire bailleur, le signataire est René III Montaudouin, fils aîné de René II Montaudouin, ce dernier ayant acheté la Rabatelière. Le prix de la ferme n’a augmenté que de 1,5 % par rapport à la dernière valeur connue en 1734, pour s’établir à 345 livres par an.  

En 1771 le bail est renouvelé avec les mêmes métayers pour le même prix. René III Montaudouin étant décédé, c’est son frère Nicolas qui lui a succédé, mais il est mort lui-aussi. Au nom de ses enfants, c’est sa veuve, Anne Montaudouin, qui a donné pouvoir au procureur fiscal de signer le bail en son nom. Mais le bail est conclu pour 5 années seulement, et une clause inhabituelle est insérée. Si Pierre Billaud et sa femme meurent avant la fin du bail, celui-ci continuera au profit de Gilbert et sa femme seuls, sans que les héritiers des autres preneurs ne puissent rien prétendre. Le procureur fiscal a voulu anticiper une mort éventuelle d’un des deux couples en communauté et preneurs au bail, pour garder toute sa liberté. En droit il l’avait, mais il lui fallait probablement se prémunir du poids que représentait habituellement la fidélité aux métayers (31). On est encore loin des réformes du droit rural intervenues sur ce point en faveur des enfants des métayers au milieu du 20e siècle !

Ces communautés familiales savaient se serrer les coudes, puisqu’on voit une Perrine Rulleau, probablement parente avec les associés de son père, épouser en 1787 le fils de Jean Gilbert et Marie Billaud, Pierre Gilbert. Le contrat de mariage organise l’entrée de la jeune épouse dans la communauté de la Racinauzière. Celle-ci est divisée en 7 parts qu’on appelait des « testées » : deux pour les jeunes mariés, une pour le père Jean Gilbert, une pour la veuve de l’associé, deux pour le frère du marié et son épouse, une à partager entre les 3 enfants mineurs du marié, qui était veuf d’un premier mariage. En exécution de cette nouvelle répartition et de la valeur des biens meubles, la future épouse apporte à son mari la somme importante de 550 livres (32). L’année d’avant, en 1786, c’est un autre jeune de la Racinauzière, Louis Gilbert, qui se marie avec Perrine Guignardeau et part s’installer dans la communauté des Fonteneau au Plessis Richard (Saint-Fulgent). Dans son contrat de mariage, la communauté des biens meubles est composée de 10 testées, où on trouve deux épouses Guignardeau et une épouse Gilbert déjà. Le père du marié s’engage à donner 450 livres au chef de la nouvelle communauté de son fils, par avance d’héritage, plus des meubles estimés à la valeur de 40 livres (33).  

Pour effectuer un partage entre héritiers chez les Montaudouin en 1779, on fit évaluer les revenus des propriétés. Cette année-là, ceux de la Racinauzière se montaient à 450 livres (34). Ce montant de 450 livres était toujours perçu dans les années 1786 à 1788 (35). La ferme de la métairie est donc passée de 345 livres en 1776 livres à 450 livres en 1779. Mais cette hausse de 105 livres, soit 30 %, représente pour l'essentiel l'incorporation dans le prix de la ferme des redevances féodales, et peut-être une revalorisation de la ferme elle-même en même temps. On constate la même chose pour la métairie de la Roche Mauvin à la même époque.

Les changements de propriétaires de la métairie de 1795 à 1828 


La métairie de la Racinauzière passa dans l’héritage de Thérèse Montaudouin, fille d’Anne Montaudouin et épouse de Martel, qui vécut toute la période de la Révolution dans son hôtel particulier des Montaudouin de la place de la liberté à Nantes, devenue place du maréchal Foch. De ce fait, et contrairement à ce qui se passa pour son frère, qui émigra, et dont les biens furent saisis et vendus comme biens nationaux, la Racinauzière resta sa propriété. Elle mourut à Nantes le 15 janvier 1827, et sa succession pour ses biens de la Rabatelière fut déclarée au bureau de Montaigu le 3 juillet suivant (voir le registre numérisé accessible sur le site internet des Archives départementales de la Vendée, vue no 182). Veuve et sans enfant, ses biens passèrent à 6 héritiers du côté maternel et 12 héritiers du côté paternel, cousins, cousines, neveux et nièces, qui décidèrent de vendre le domaine de la Rabatelière en 1828 à Charles Henri de la Poëze, dont la Racinauzière.

Le château est estimé en 1827 de revenu annuel : 560 F. Les deux moulins proches du château sont estimés rapporter annuellement, pour le moulin à vent 103 F, et le moulin à eau 100 F.  « La Forêt dite de Gralas dans les communes des Brouzils et de la Copechagnière et dont jouissait la décédée, estimée de redevances : 4 000 F impôts compris ».

Et puis on a « La métairie de la Racinauzière affermée verbalement au sieur Gilbert : 955 F ». En 1797 son revenu estimé, peut-être à la baisse, était de 500 F (36).

Dans le nouveau cadastre crée en 1838 à Saint-André-Goule-d’Oie, dit « napoléonien », c’est Charles de la Poëze qui est propriétaire de la métairie de la Racinauzière, comptant alors 45 hectares (37).


(1) Quittance du 13-8-1731 du rachat payé aux Essarts pour la Mancellière et autres, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 8.
(3) Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/G 61, Coin Foucaud, aveu du Coin Foucaud et du Vignault du 2-7-1605 par le seigneur de Languiller aux Essarts, reproduisant un aveu de 1550 – deuxième copie.
(4) Quittance du 20-1-1757 du rachat payé aux Essarts pour Languiller, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/F 8.
(5) Partage du 18-10-1779 de la succession de René de Montaudouin seigneur de la Rabatelière, pages 9, 35 et 45, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/C 68.
(6) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, page 88.
(7) Aveu de Languiller et autres fiefs aux Essarts le 2 juillet 1605 Archives de Vendée, Travaux de G. de Raignac : 8 J 101 (reproduisant un aveu de 1550).
(8) Idem (1).
(9) Notes no 3 et 5 sur la Racinauzière à Saint-André-Goule-d'Oie, Archives d'Amblard de Guerry : S-A 3.
(10) 150 J/A 13-1, terrier de 1651 de la Rabatelière, note particulière.
(11) 150 J/A 13-4, arpentements et estimations en octobre 1659 du château de la Rabatelière et autres terres jointes.
(12) Notes no 10 et 11 sur la Racinauzière à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(13) Idem (11)
(14) Livre de recettes en argent de la Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 1, page 13.
(15) 150 J/G 48, bail de la métairie de la Racinauzière du 18-1-1662.
(16) 150 J/A 13-3, état des biens et revenus en 1698 dépendants de la Rabatelière.
(17) 150 J/A 13-2, inventaire vers 1720 des revenus de divers domaines de la Mancellière.
(18) Idem (10).
(19) 150 J/E 29, original de la ferme du 1-12-1752 de la métairie de la Racinauzière à Billaud et Gilbert.
(20) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard 2004, tome I, page 474 et s.(21) Dirk Van der Cruysse, Madame Palatine, Fayard, 1988, page 458.
(22) 150 J/A 13-1, visites en 08 et 09-1700 des réparations à faire dans les domaines de la Rabatelière.
(23) G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’Occident médiéval, Champs Flammarion, 1977, page 65.
(24) Idem (15).
(25) Idem (11).
(26) L. Rerolle, Du colonage partiaire …, Chevallier-Marescq (1888), page 208.
(27) Livre des comptes de la Rabatelière (1755-1767) et titres de propriété, Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 6, pages 122 et 130.
(28) Idem (22).
(29) Livre de recettes en argent de la Rabatelière (1730-1768), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/K 1, pages 15, 100 et 177.
(30) Idem (22).
(31) Archives de la Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/6, ferme de la Racinauzière du 4-4-1771.
(32) Contrat de mariage du 30-1-1787 de Pierre Gilbert (Racinauzière) avec Perrine Rulleau Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/12.
(33) Contrat de mariage du 16-1-1786 de Louis Gilbert, fils de Jean (Racinauzière) avec Perrine Guignaudeau, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/11.
(34) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé boisson : 7 Z 58-12, Rabatelière, partage Montaudouin en 1779.
(35) Livres des recettes et dépenses du château de la Rabatelière (1785-1789), Archives de Vendée, chartrier de la Rabatelière : 150 J/I 55.
(36) Archives de la Vendée, domaines nationaux : 1 Q 342, no 117, partage Montaudouin et République du 3 pluviôse an 5 (22-1-1797).
(37) Archives de la Vendée, consulter les archives numérisées, cadastre napoléonien, commune de St André Goule d’Oie, tableau alphabétique des propriétaires, vues no 289, 290 et 316.

Emmanuel François, tous droits réservés
Mars 2016, complété en octobre 2020

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