jeudi 2 février 2012

À l'origine de Saint-André-Goule-d’Oie

De la préhistoire à la Gaule romaine


La dernière période de la préhistoire, le néolithique, parait tardive en Poitou, datée par les spécialistes de – 5000 à – 2500 avant J. C. (1), alors que l’histoire des hommes des vallées de la Mésopotamie ou du Nil commence vers – 4000 avec leurs premiers écrits. « À Saint-André-Goule-d’Oie une hache d’apparat en jadéite fut découverte en 1940 dans le champ du Vignault, près du village du Peux. Cette hache exceptionnelle mesure 20 x 7 x 3 cm. L’origine probable de cet objet se situe dans les Alpes, ce qui peut donner une idée de l’extrême valeur que devaient revêtir ces prestigieuses haches parvenues jusque dans l’ouest de la France. Quatre haches polies ramassées au Pin sont conservées au musée Dobrée à Nantes ». Voilà ce que nous rapporte B. Poissonnier l’auteur du livre mentionné.    

Ces habitats dispersés et près d’un ruisseau se trouvaient à portée des terrains de chasse sur les plateaux de landes ou dans les forêts, celles du Coudray, de l’Herbergement, de la Vrignaie, touchant la grande forêt des Essarts. Le nom de cette dernière localité indique son origine, son espace a été gagné sur la forêt par essartage (défrichement). 

Voie romaine (voie Domitia à Narbonne)

À Saint-André l’Histoire visible commence avec les romains, plus exactement avec les voies romaines. On sait à quel point elles ont favorisé le peuplement de certains lieux situés sur leur passage. La voie Nantes/Saintes par Montaigu, Saint-Georges-de-Montaigu, avait, à partir de Chavagnes-en-Paillers, deux parcours différents. L’un passait par Saint-Fulgent à la Chaunière, puis par la Boutinière (Saint-André-Goule-d’Oie), située sur la crête d’une colline, et continuait vers les Quatre-Chemins par la Brossière. On peut émettre l’hypothèse que les deux villages de la Brossière et de la Boutinière ont été habités depuis très longtemps sur ce tracé, même si nous ne possédons aucun document pour le prouver. L’autre parcours passait à Benaston, le Haut-Bourg de la Rabatelière, la Chapelle de Chauché, Languiller, et près du bourg des Essarts (2). Entre ces deux tracés on a une partie de la paroisse de Saint-Fulgent au nord et une partie de celle de Chauché au sud et Saint-André-Goule-d’Oie au milieu. La Rabatelière est une création récente en 1640 sur une partie des territoires de Chauché, de Chavagnes et un peu de Saint-André-Goule-d’Oie. Sur ce futur espace de la paroisse de Saint-André, il existait des lieux d’activité agricole comme on en a trouvé à Chauché, Chavagnes, Saint-Fulgent et les Essarts. On y a défriché au premier millénaire de notre ère, mais il est difficile d’être plus précis.

L’historien A. de La Fontenelle de Vaudoré a écrit il y près d’un siècle et demi que le nord du Bas-Poitou était occupé par le peuple des Anagnutes (3). Ces peuples ont été désignés du nom plus général de Pictons, ayant donné leur nom au Poitou. Les historiens romains ont donné le nom générique de gaulois à tous ces peuples de l’ancienne Gaule, dont nous ne connaissons que très peu de choses à vrai dire, sinon qu’ils étaient d’origine celtique.

Vercingétorix (site d’Alesia)

Dans son livre, Guerre des Gaules, Jules César nous informe que les Pictons ont fourni des vaisseaux à Décimus Brutus pour aider les Romains dans leurs luttes contre les Vénètes (Morbihan) en 56 av J. C. (4) Leur capacité de marins sur la cote de l’océan était donc déjà bien reconnue. Mais quand Vercingétorix demanda aux tribus gauloises de se rassembler autour de lui en janvier 52, il envoya des ambassades à tous les peules. « Il ne lui faut pas longtemps pour avoir à ses côtés les Sénons, les Parissi, les Pictons … » (5). Au cours du siège d’Alésia qui suivit, les chefs gaulois demandèrent le secours de contingents déterminés aux peuples de la Gaule. Ainsi aux Pictons ils demandèrent 8 000 hommes à l’été 52 (6). En 51 une multitude d’ennemis s’étaient rassemblés dans le pays des Pictons. La cité de Duriatos (Lémonum), fidèle aux Romains, s’était divisée, une partie importante ayant fait défection. Les Romains vinrent y rétablir l’ordre. Appelée Lémonum par les Romains, la capitale des Pictons a pris ensuite un nouveau nom emprunté à celui du peuple, Poitiers, comme beaucoup d’autres villes de Gaule (7). On sait par ailleurs que les monnaies des Pictons attestent et illustrent le rite des têtes coupées sur l’ennemi et ramenées pour orner la maison du vainqueur. Enfin les gaulois avaient leurs propres unités de mesures qui ont été transposées en mesures romaines avec la colonisation de Rome (8).

Nous disposons d’une carte de J. M. Guerineau sur « La Vendée de l’époque gallo-romaine à l’époque féodale » (9). Saint-André-Goule-d’Oie y apparaît comme possédant un camp gaulois, comme les Essarts, Saint-Fulgent et Chauché. D’une vraie valeur pédagogique, cette carte ne prouve rien sur l’existence des camps gaulois cités, nous semble-t-il. En revanche il semble bien qu’ait existé un camp romain avéré au lieu-dit le Chatelier entre les Essarts et Sainte-Florence (10). Mais à Saint-André, il n’existe aucune trace probante à notre connaissance.


L’évangélisation au temps mérovingien


Chez les voisins, l’histoire a laissé plus de traces. Ainsi à Saint-Fulgent on a découvert des pièces de monnaie romaine du 3e siècle après J. C. et l’activité d’un potier dans le bourg au 4e ou 5e siècle (11). À Chavagnes on a trouvé des traces d’une villa gallo-romaine au Cormier, et une probable implantation wisigothe (12).

L’évangélisation de la contrée remonte aux années 600 après J. C. Elle s’est déroulée à partir des deux couvents (hommes et femmes), installés à Saint-Georges-de-Montaigu vers 580 par saint Martin de Vertou (527-601). À cette époque la ville s’appelait Durinum, ayant déjà perdu de sa prospérité d’antan. L’église érigée par les moines fut dédiée à saint Georges et les couvents étaient une extension du monastère de Vertou que saint Martin (de Vertou) y avait créé vers 575, en y instaurant la règle monastique de saint Benoît.

Les moines de Durinum évangélisèrent le pays alentour et un historien cite les Herbiers, Mouchamps, Vendrennes, les Essarts, Rocheservière (13). Saint-Fulgent faisait aussi partie de cette région évangélisée et son prieuré dépendait de l’abbaye de Vertou. Que l’évangélisation des peuplements de ce qui deviendra Saint-André-Goule-d’Oie ait commencé au tournant des 6e et 7e siècles est donc très probable. Comment évangéliser Saint-Fulgent et les Essarts en évitant le territoire de la future paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie, situé entre les deux ?

Les premières églises ou chapelles ont été bâties en bois, à cette époque. Parfois elles l’ont été chez le seigneur du lieu, où les habitants avaient l’habitude de venir pratiquer leurs anciens cultes païens. À la place ils sont venus pratiquer le nouveau culte catholique. La notion de paroisse, au sens de territoire, n’existait pas encore. 

D’autre fois c’étaient des moines qui bâtissaient leur église-prieuré sur des terres données par un seigneur, et accueillaient les habitants des alentours. À l’origine, les prieurés étaient de simples fermes, appelées granges, dépendantes des abbayes. L’abbé envoyait un certain nombre de religieux dans une ferme pour la faire valoir. Les religieux n’en avaient que l’administration et rendaient compte à l’abbé tous les ans. Ils ne formaient pas une communauté distincte et séparée de celle de l’abbaye et l’abbé pouvait les rappeler dans le cloître quand il le jugeait à propos. Les prieurés furent érigés ensuite en paroisse. L’abbaye y plaçait alors au moins un simple prêtre. Quand il y en avait plusieurs, l’un d’eux, l’écolâtre, pouvait enseigner aux enfants « les lettres divines et humaines. »

Dès les débuts de l’évangélisation, on fixa les circonscriptions ecclésiastiques de l’évêché de Poitiers, érigé au 4e siècle, et s’étendant alors sur la contrée. L’évêque était à l’origine secondé dans son territoire par des chorévèques. C’étaient des évêques attachés à un « pays » (pagus ou vicus), avec la fonction d'aider les évêques des cités épiscopales dans l'administration des groupes de population vivant à la campagne. À la fin du 8e siècle on supprima les chorévèques, tout en reprenant les mêmes circonscriptions. Ils laissaient en souffrance des services qui furent attribués à des archidiacres, archiprêtres et doyens. Les différences entre ces trois catégories, de nature semble-t-il surtout honorifique, sont difficiles à établir pour une époque aussi lointaine et ont pu varier suivant les évêchés. N’y attachons pas d’importance.

Ainsi est né le doyenné de Paillers (transféré à Montaigu après les invasions normandes du 9e siècle), qui doit son nom à une petite ville réduite à l’état de village et enclavée depuis dans la commune de Beaurepaire (14). Il a donné son nom à Bazoges-en-Paillers et Chavagnes-en-Paillers. Le mot « paillers », d’origine gauloise, signifie cachette (dans les bois). Paillers a été le lieu de résidence du doyen de la contrée. Une partie de la contrée faisait partie du doyenné de Paillers, alors qu’une autre partie appartenait à l’archiprêtré de Pareds, dont Saint-André-Goule-d’Oie.

Ruine de l’ancienne église de Pareds

L’archiprêtré de Pareds mérite une explication elle aussi, donnée par l’abbé Aillery dans son pouillé de l’évêché de Luçon en 1860. Sur les bords de l’Arcançon, ruisseau qui traverse la plaine du Bas-Poitou, avait été édifiée au haut Moyen-Âge l’antique bourgade de Pareds.  Cette localité, devenue depuis un simple village de la Jaudonnière, a continué à imposer son nom à beaucoup de lieux aux alentours (ex. : Mouilleron, Bazoges, etc.). Son archiprêtré comportait beaucoup de paroisses de l’est vendéen (notamment Pouzauges, les Herbiers, Chantonnay), et aussi Vendrennes, Sainte-Cécile et Sainte-Florence-de-l’Oie. 






Les guerres au temps du pays d’Herbauge


Cette implantation catholique dans la période mérovingienne donnera naissance plus tard à la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie. Mais d’autres indices, de nature politiques doivent être relevés dans le premier millénaire pour la contrée, à commencer par l’existence du pays d’Herbauge, ainsi nommé à cause de son chef-lieu appelé Herbadilla (citée disparue et non repérée), et remontant au 6e siècle. Il devint un comté, distinct de celui de Poitiers, qui fut démembré puis supprimé lors de la réunion du pays de Retz à la Bretagne. D’origine gallo-romaine, comté au temps carolingien, ce pays était borné au 9e siècle au nord par la Loire, à l’ouest par l’océan, au sud par le golfe des Pictons (qui n’était plus qu’un marécage où les rivières avaient tracé leur lits, recouvert par les marées jusqu’au-delà de Champagné). À l’est, il était limité au moins dès le 10e-11e siècle par le Lay, de la mer jusqu’à la jonction de ses deux branches aux limites de Bournezeau et Chantonnay, puis par le Petit-Lay en remontant vers le nord, au ruisseau de l’Herbergement-de-l’Oie, le Vendrenneau, la Petite Maine, la Maine et la Sèvre Nantaise jusqu’à sa jonction avec la Loire près de Saint-Sébastien. Plus à l’est et au nord de cette limite se trouvait le pays de Tiffauges, dont Saint-Fulgent et Durinum (Saint-Georges-de-Montaigu) faisaient partie (15).

Le roi Charles le Chauve remporta une bataille à Fontenay-le-Comte le 25 juin 841 contre les troupes de ses frères, et recouvra Nantes avec l’aide notamment de Lambert, prétendant au comté de Nantes, et Renaud, comte d’Herbauge. Lambert demanda le comté de Nantes au roi, lequel refusa à cause de l’influence des Bretons, alors ses ennemis, sur lui. Il donna la ville à Renaud d’Herbauge. En 843 le comte Lambert fit appel aux pirates Danois et Norvégiens (aussi appelés à l’époque les Normands), stationnés à l’embouchure de la Loire, et avec leur aide s’empara de Nantes. Renaud d’Herbauge fut tué à Blain dans un combat contre Lambert le 24 mai 843. Puis ce dernier livra aux Normands les territoires de Renaud comte d’Herbauge, et les barbares se répandirent pour la première fois dans le pays des Mauges, de Tiffauges et d’Herbauge à partir de 843, dans des incursions toujours temporaires. Établis en permanence à l’embouchure de la Loire, leurs pillages dans ces territoires durèrent plus d’une centaine d’années, avec beaucoup de dévastations à Noirmoutier, Luçon, Mareuil, Fontenay, etc. Lambert donna ensuite à ses chevaliers des territoires avec droit d’héritage : la région d’Herbauge à Gundfroy, Mauges à Rainarus et Tiffauges à Girard. Le roi Charles institua un autre duc d’Aquitaine, Begon, pour défendre ces territoires contre les vassaux de Lambert. Ceux-ci le vainquirent à DurInum (Saint-Georges-de-Montaigu) en fin 843 (16). En 845-851, Erispoé, roi de Bretagne, envahit l’Aquitaine dont le pays d’Herbauge, « occit le populaire qu’il trouva aux champs », et fit reculer les  troupes du roi (17). 

Au milieu du 10e siècle les comtes de Poitiers contestaient toujours la mainmise du duc de Nantes sur les Mauges, Tiffauges et Herbauge. Mais vers 942 le comte de Poitiers, Guillaume III Tête d’Étoupe (934-963/965) reconnut à Alain Barbe Torte, duc de Bretagne (937 à 952) la souveraineté sur ces territoires. Leurs limites communes du côté du Poitou sont celles indiquées ci-dessus et décrites sommairement dans « la Chronique de Nantes » pour le traité de 942, et plus précisément par Dom Morice (18), mais sans date. À la suite de nouvelles luttes, le comte de Poitiers, Guillaume IV Fier à Bras (963/965-995/1000), concéda définitivement le pays de Retz en 982 au duché de Bretagne, mais recouvra la plus grande partie du pays d’Herbauge et de Tiffauges peu après, et les comtes d’Anjou mirent la main sur le pays des Mauges (19). Ces derniers constituaient alors un danger à contenir par l’alliance des comtes de Nantes et du Poitou. 

Le Vendrenneau à la Boutinière

La limite entre les pays d’Herbauge et de Tiffauges en l’an 1 000 et probablement avant, mérite d’être précisée dans le territoire du futur Saint-André. Le ruisseau de l’Herbergement-de-l’Oie prend sa source à l’Oie, à 3 kms du Petit Lay, venant de Sainte-Cécile. Il fait séparation entre le pays d’Herbauge et le pays de Tiffauges au nord, avec le ruisseau de Fondion à la Brossière, puis les ruisseaux du Vendrenneau, la Petite Maine (à partir de la Proustière), la Maine et la Sèvre Nantaise jusqu’à sa jonction avec la Loire près de Saint-Sébastien (14). Cette frontière dut être un enjeu militaire dans les combats qui se déroulèrent en pays d’Herbauge dans le premier millénaire. L’historien B. Fillon a relevé dans une publication de 1887 que cette limite a bénéficié de travaux de défense, citant notamment l’Herbergement-de-l’Oie, le Chatelier de Sainte-Florence et le Pertuis Benaston (Chavagnes-en-Paillers). Sur ce dernier lieu l’historien Amblard de Guerry est moins affirmatif un siècle après, mais en revanche il relève que la Guierche (touchant la Brossière) est un nom caractéristique correspondant à un point de défense de l’époque carolingienne, avec une origine militaire. Et autour de la Guierche, sur la même rive du Vendrenneau il trouve des toponymes germaniques comme nulle part ailleurs sur Saint-André : Guisambourg (Guierche), Andebourg (Landes Borgères) (20). Il avance que la Brossière a pu se rattacher anciennement à un établissement franc ou du moins barbare (21). Ainsi cette frontière entre les pays de Tiffauges et d’Herbauge fut reprise au 12e-13e siècle pour devenir la limite entre les paroisses de Saint-Fulgent et Chavagnes au nord, et celle de Saint-André-Goule-d’Oie au sud. Elle plonge ses racines apparemment sur plusieurs siècles auparavant.

En 981 le comte de Nantes, Guérech, succéda à son frère Hoël assassiné par un émissaire de Conan, comte de Rennes. Ils se disputaient le duché de Bretagne. Après la mort de Guérech, laissant un neveu comme héritier, son allié, le jeune comte d’Angers, Foulque Nerra, poursuivit le fils de Conan, Geoffroy-Béranger, lequel mourut le 27 juin 992 lors d’une bataille dans les landes de Conquereuil (près de Nantes). Judicaël, le neveu de Guérech âgé de 12 ans et fils de Hoël, fut placé après la bataille de Conquereuil sous la tutelle du vicomte de Thouars, Aimery III (vicomte de 987 à 997), vassal de Foulque Nerra. Aimery prit alors le titre de comte de Nantes. Mais en 994 il ne porte plus que le titre de vicomte de Thouars, à la majorité de Judicael, alors dans ce cas fixé à 15 ans (22).

L’implantation féodale au Moyen-Âge


Les principes du système féodal ont été fixés sous les premiers carolingiens dans un contexte de luttes incessantes entre les provinces et contre les envahisseurs. La distribution de terres à des vassaux de plus en plus nombreux a permis à ces derniers de s’équiper en tant que cavaliers. Elles provenaient des domaines royaux ou de la confiscation aux églises et abbayes, et furent concédées en contrepartie du service armé. Le bénéfice (domaine) fut associé à la vassalité (service du suzerain). Puis des fonctionnaires (comme les comtes) sont devenus des vassaux du roi, de plus en plus riches, les plus puissants créant leurs propres vassaux. Avec les divisions entre les descendants de Charlemagne (v742-814), les comtes s’émancipèrent de leur suzerain royal, privatisant à leur profit les fonctions militaires, de justice et d’impôts. La féodalité était née, qui dégénéra en un droit particulier et original de la propriété avec la transmission héréditaire des bénéfices devenus des fiefs.

C'est au début du 9e siècle qu'apparaissent les premiers vicomtes de Thouars (833). Mais les premiers châtelains de la région ont une origine non documentée. Dans une charte du 7 décembre 1099, concernant des donations octroyées au prieuré de Saint-Nicolas de la Chaise-le-Vicomte, par Albert II vicomte de Thouars, on fait mention de ses vassaux contributeurs. Cette charte donne les noms des barons relevant de la vicomté de Thouars à cette date. Parmi eux, Maurice de Montaigu, Geoffroy de Tiffauges et Guillaume-Bertrand des Essarts. À partir de 1120 on connaît la lignée des seigneurs de Montaigu. Aux Essarts on a la mention d’un Tainart en 1120 et de Pierre d’Aspremont en 1196, après quoi la documentation sur les barons des lieux nous permet de commencer un récit sur eux. C’est un demi-siècle après qu’on connaît, vers 1250, Jehanne Guygnère dame du Coudray Loriau à Saint-André. Elle était alors veuve et appartenait à une famille noble, étant aussi indiquée dame de la Cour de Tiré, de Musse (situé à Ligron-Champaumont au nord de La Flèche), et la Boninière (Saint-Martin-des-Noyers ou Saint-André) (23). Les premiers seigneurs de Saint-Fulgent nous sont connus à partir de la même époque du milieu du 13e siècle. Ils sont aussi seigneurs de la Drollinière (devenue Linières) et de la Boutarlière, et possèdent au moins en partie le fief de Saint-André (le bourg). Mais il faut attendre le Moyen âge finissant pour découvrir l’organisation féodale en place à Saint-André-Goule-d’Oie. Avant, son implantation nous est inconnue. 


La naissance de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie au Moyen Âge


Gauthier de Bruges

On découvre l’existence de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie dans un document daté de 1306. Il s’agit du « Grand Gauthier » (24), recueil réalisé avant cette date, puisque son auteur, Gauthier de Bruges, évêque de Poitiers, mourut cette même année. C’était un pieux et savant religieux de l’ordre des Frères Mineurs, nommé évêque en 1271, qui mérita par ses vertus le titre de Bienheureux. Le nom de la paroisse est indiqué sur le document en latin : De Gula Anceris (De Goule d’Oie). De même y est mentionnés le choix du prieur-curé par l’abbaye de Nieul-sur-l’Autise, et l’existence de la chapelle de Fondion, dédiée à saint Laurent et desservie par le prieur de Goule d’Oie. L’abbaye de Nieul-sur-l’Autise ayant été fondée en 1068, on situe donc la création de la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie au 12e siècle ou au 13e siècle. Deux siècles pour y localiser une date, nous manquons de précision !

Le nom de Goule d’Oie est une traduction en latin de ce que le copiste entendait en patois. Il est d’origine gauloise vraisemblablement. Pour une fois les lieux ont gardé leur nom d’origine, alors qu’à Saint-Fulgent, par exemple, il s’est fait évincer par un nouveau nom en l’honneur de saint Fulgent.

Géographiquement la paroisse avait une forme allongée d’orientation sud-est/nord-ouest avec un resserrement en son milieu au niveau du bourg. Ses limites nous sont décrites avec le cadastre napoléonien de 1838, mais les documents de l’Ancien Régime confirment les mêmes depuis la fin du Moyen Âge avec une seule modification en 1640. Ainsi dès leur origine l’extrémité nord/ouest formait un angle situé un peu au nord du village du Coin, qui faisait limite avec Chavagnes-en-Paillers. L’extrémité sud-est de la paroisse était limitée par la forêt de l’Herbergement, située sur Sainte-Florence-de-l’Oie, en ligne droite de 3 kms dans une direction nord/sud. Elle se prolongeait vers le nord en direction de la Brossière à partir de Fondion en suivant le ruisseau d’eau venant de l’Oie. C’était la limite décrite plus haut du traité de 941 entre les pays d’Herbauge et de Tiffauges. Elle séparait Saint-André de Vendrennes. Puis à la Brossière elle suivait la même frontière du pays d’Herbauge, où était situé le territoire de Saint-André : le ruisseau du Vendrenneau. Elle faisait désormais limite avec Saint Fulgent, dont la seigneurie relevait de Tiffauges et la paroisse était plus ancienne que Saint-André (rattachée à l’abbaye de Saint-Martin-de-Jouarre).  

La limite sud en partant de la forêt de l’Herbergement a été fixée dans les terres du fief Pothé, donnant le tènement du Clouin à Saint-André au nord et l’hôtel noble de la Frissonnière (habitat disparu au nord de la Guiffardière) aux Essarts au sud. Le prieuré des Essarts avait été rartaché à l’abbaye de Luçon au moins dès le 11e siècle. Cette limite dans le fief Pothé faisait ainsi frontière entre Saint-André et les Essarts dans une direction est/ouest, jusqu’à rencontrer à la Clémencière la paroisse de la Chapelle Begouin et les territoires des seigneurs Droullin (la Boutarlière et Drollinière). Cette paroisse avait été absorbée dans la nouvelle paroisse de Chauché créé à la même époque que Saint-André et elle a disparu des registres officiels de l’évêché de Poitiers et de celui de Luçon qui a pris sa suite dans la contrée en 1317. Mais ses habitants relevaient de la haute justice des Essarts, à la différence d’autres paroissiens de Chauché. Le culte y a été célébré dans son église de la Chapelle régulièrement jusqu’au 17e siècle en tant qu’annexe de l’église du bourg de Chauché, et les actes notariés ont toujours distingué les lieux de cette ancienne paroisse de celle de Chauché. C’est une bizarrerie où l’organisation ecclésiastique a dû composer avec l’organisation seigneuriale et les habitants des lieux, au point d’imposer sa limite nord à la nouvelle paroisse de Saint-André. Cette situation étonne davantage quand on sait que le seigneur de Linières, la Boutarlière et Saint-Fulgent, était seigneur en partie du bourg de Saint-André déjà probablement au moment de la fixation des limites des nouvelles paroisses. Le lieu noble de Linières était situé sur la paroisse de la Chapelle à 1 km du bourg de Saint-André. Il y resterait, alors que sur son fief du bourg, le prieuré appartiendrait à la nouvelle paroisse. C’est donc la limite de la paroisse de la Chapelle qui servit de frontière à Saint-André, d’abord en direction du nord jusqu’à son bourg.

 À la Gandouinière, cette limite empruntait le ruisseau d’eau dit « de la Fontaine de la Haute Gandouinière », prenant sa source à quelques centaines de mètres au sud du village de la Haute Gandouinière sur la Chapelle de Chauché, celle-ci englobée dans Chauché, répétons le, et faisait limite entre les deux communes : du côté est, les maisons de la Basse-Gandouinière étaient situées à Saint-André. Puis, en arrivant au pied du coteau où s’élevaient les maisons du bourg de Saint-André, la frontière du ruisseau continuait toujours en direction du nord vers Linières. De là, la frontière d’avec le domaine de Linières et la paroisse de la Chapelle, était matérialisée par les murailles du logis seigneurial. Après, dans une direction est/ouest, c’est le chemin de la Bergeonnière à la Morelière qui servait de limite avec la paroisse de la Chapelle située au sud. Ensuite on suit un petit ruisseau dit des « Passe Lignes », puis dans une direction sud/nord « le ruisseau d’eau qui descend de l’étang de Languiller », jusqu’à rencontrer le cours de la Petite Maine. On a toujours la Chapelle de Chauché à l’ouest et Saint-André à l’est. En suivant en direction du nord, la Petite Maine fixe la limite de Saint-André jusqu’à sa jonction avec le ruisseau du Vendrenneau. C’est dans cette dernière partie que la frontière fut rectifiée en 1640 : la Bordinière, le Puy Sallé et la Maisonneuve passèrent de Saint André à la nouvelle paroisse de la Rabatelière créée à cette date.

On remarque qu’en trois endroits les limites de la paroisse scindèrent un même ensemble de terroirs ou d’habitats préexistants. C’est d’abord le cas de la Gandouinière dont le village a été scindé en deux, sa partie ouest située à Chauché et sa partie est située à Saint-André. La limite physique du ruisseau parait avoir été préférée pour définir une frontière, plutôt que la réalité humaine. De même à la Brossière, où le ruisseau du Vendrenneau a coupé en deux le tènement du même nom. Celui-ci s’étendait sur la paroisse de Vendrennes en effet (25). Enfin à la Boninière, le ruisseau du Vendreneau séparait le tènement portant ce nom situé à Saint-André de celui, aussi appelé Boninière, et situé à Saint-Fulgent de l’autre côté du ruisseau. L’ancienne frontière entre les pays d’Herbauge et de Tiffauges, reprise pour devenir celle entre l’ancienne paroisse de Saint-Fulgent et la nouvelle paroisse de Saint-André, parait avoir divisé ce lieu-dit très ancien. 

Finalement la géographie des ruisseaux et des forêts a compté de manière importante dans la fixation des limites de la nouvelle paroisse de Saint-André, au point de séparer l’appartenance de certains habitats. Quoique le Vendrenneau n’était pas qu’un ruisseau, il avait acquis une dimension politique vers 939. Mais on trouve des exceptions tout aussi importantes à cette géographie physique, soit pour partager le fief Pothé entre les Essarts et Saint-André, soit au contraire pour garder les seigneuries de Linières et la Boutarlière entièrement à Chauché. On devine derrière ce mélange de géographies physique et politique des enjeux de pouvoirs et de fiscalité, sans en connaître l’histoire malheureusement. En tout cas les habitants dans les seigneuries de la Boutarlière et de Linières pouvaient bien continuer d’aller à la messe à Saint-André, leurs dîmes d’Église allaient à la paroisse de Chauché, plus exactement à l’abbaye de Luçon dont elle dépendait, au lieu de l’abbaye de Nieuil-sur-l’Autize dont dépendait la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie.

Étang de Linières

C’est ainsi qu’il faut expliquer très probablement que les terres de Linières, de la Louisière actuelle, de la Mauvelonnière, continuèrent, jusqu’au ruisseau de la Haute Gandouinière, de toucher le bourg de Saint-André-Goule-d’Oie. Il en serait de même pour l’actuel hameau du Doué anciennement fief de la Pinetière (du domaine de Linières aussi), si on n’avait pas rectifié la limite de la commune de Saint-André en 1980. La Révolution en créant les communes en 1790, a laissé aux nouveaux départements le soin de fixer leurs frontières. Dans la région de Saint-André, on a repris les limites anciennes des paroisses pour les donner aux communes. Ainsi depuis 8 siècles certains des habitants de Saint-André et de Chauché, vivent-ils dans des territoires, dont la vie religieuse et sociale ne correspond pas à ceux auxquels leurs demeures ont été administrativement rattachées.

La remarque a-t-elle encore un sens en ce début du 21e siècle, où les notions de distances ne sont plus les mêmes ? En tout cas l’évêque de Luçon a régularisé la situation au bout de huit siècles en modifiant les contours géographiques des paroisses de Chavagnes, Chauché et Saint-André-Goule-d’Oie, pour mieux les faire coller à la réalité. Il n’y avait plus d’enjeux fiscaux. Ainsi les villages excentrés au nord-ouest de la commune de Saint-André Goule d’Oie furent rattachés à la paroisse de Chavagnes-en-Paillers par ordonnance du 29 juillet 1957, « pour régulariser une situation de fait » dit le texte : la Racinauzière, le Coin, la Mancellière, le Peux et la Roche Mauvin (26). De même les villages de Chauché touchant Saint-André furent rattachés à la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie par ordonnance du 2 février 1957 : Charillère, Boutarlière, Gandouinière, Julière (ou Saint-Jean), Sainte-Anne, Guérinière, Guerinet, Mauvelonnière, Louisière, Lignière, Villeneuve, et Bois du Vrignais (27).


La naissance de la fiscalité seigneuriale et ecclésiastique à Saint-André


Les troubles de la fin du premier millénaire et la naissance de la féodalité éloignèrent aussi l’Église de ses dogmes, mettant le clergé à la solde des laïcs. Il faut rappeler aussi que l’évangélisation des campagnes fut œuvre difficile en raison d’un enracinement profond des croyances anciennes. Parfois les évangélisateurs durent s’adapter en donnant à celles-ci une coloration chrétienne. Des seigneurs construisirent des églises, nommèrent des curés et des évêques, et créèrent ce qu’on appelle, un peu rapidement, des paroisses, qui rapportaient de l’argent. Les nouveaux ordres monastiques et les réformes du pape Grégoire VII (1073-1085) enrayèrent le processus et réformèrent l’Église.

Grégoire VII
 Le pape avait menacé d'excommunication les seigneurs qui s'accrochaient, sans titre religieux, aux revenus des églises. Vers 980 on accorda des privilèges d'impôts aux paroisses des marches Poitou-Bretagne, ce qui veut dire que des paroisses existaient déjà dans la contrée (28). La paroisse de la Chapelle de Chauché fait peut-être partie de ce mouvement de création de paroisses remontant au premier temps de l’évangélisation de la région. L’église de Benaston à Chavagnes remonte aussi à cette époque. Encore faut-il employer le mot de paroisse avec prudence, ayant un sens moins précis dans l’organisation de l’Église comme il est devenu depuis. 

Les seigneurs des fiefs situés dans la nouvelle paroisse de Goule d'Oie avaient accaparé les dîmes ecclésiastiques. Sur les petits animaux ils en partagèrent un petit nombre soit avec le prieur de la paroisse, soit avec l’ordre des templiers à Mauléon et à Launay (Sainte-Cécile). Sur une partie du territoire les grosses dîmes (prélèvement au 1/13e) furent restituées à l’Église, mais la situation est très peu documentée à Saint-André, un peu mieux à Chauché. L’autre partie des territoires était acensé à droit de terrage au 1/6 des récoltes et les seigneurs le partagèrent à moitié avec le prieur de la paroisse. Donner la moitié d’un prélèvement au 1/6 équivalait à un prélèvement au 1/13e. C’est la situation constatée au début du 15e siècle, la même qu’à l’origine probablement. Néanmoins sur 4 tènements le terrage fut remplacé par de grosses rentes fixes féodales au 14e siècle, non partagées avec le prieur. Le droit de boisselage a été repéré sur l’un d’eux plus tard, né peut-être de cette transformation. C’était une rente fixe sur toutes les exploitations agricoles d’un tènement au profit du prieuré. Voir sur ce sujet l’article publié sur ce site en juillet 2019 : Du prieuré cure au presbytère à Saint-André-Goule-d’Oie (1306-1988). La moitié du terrage prélevé par le prieur a été confisqué à son profit exclusif par le seigneur protestant de Languiller au moment des guerres de religion à la fin du 16e siècle.


L’organisation féodale à Saint-André-Goule-d’Oie à partir du 14e siècle


Si on ne sait pas comment est née l’organisation féodale dans la paroisse, on en a une vue globale au 14e siècle. Le baron des Essarts avait reçu du vicomte de Thouars des territoires touchant à ceux des seigneurs de Tiffauges et de Montaigu. Ce dernier avait Chavagnes et les deux, chacun une partie de Saint-Fulgent. Montaigu avait une influence sur une partie de Saint-André comme en témoigne un aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu à raison de sa ligence à L’Herbergement-Entier (au sud-ouest de Montaigu). Il y déclare tenir des droits dans la moitié du fief de Saint-André (bourg), l’autre moitié appartenant au seigneur de la Drollinière (devenue Linières). Il déclare aussi un fief de la Sextenbreische, situé aussi à Saint-André, tenu par Aimery Loriau à foi et hommage (29). Les noms transcrits ne permettent pas une localisation facile, sauf pour un fief de vigne dans le bourg. Deux autres sont probablement le tènement de la Roche Herpière (près de la Javelière) et celui de la Machicolière. Comme Puytesson, la Jarrie, la Roche de Chauché, la Vergne Ortie, Aimery Loriau devait pour la Sextenbreische à Montaigu un devoir de garde, qui ne peut s’expliquer que par une sorte de dépendance lâche (30). 

Cette situation seigneuriale qu’on peut décrire en 1343 remonte certainement à plus loin dans le temps mais sans qu’on puisse l’évoquer faute de documents. On a seulement l’existence vers 1250 du fief du Coudray, appelé Coudray Loriau, du nom de cette famille qu’on a vu plus haut tenir le fief de la Sextenbreische. À cette date une Jehanne Guignière est dite dame du Coudray (31). D’autres fiefs remontent probablement à cette époque lointaine du Moyen Âge : le Coin et les Bouchauds. Cette dernière seigneurie, avec son château aux Essarts était suzeraine de plusieurs fiefs et tènements situés à Saint-André.  

Richard Cœur de Lion

Ces seigneuries avaient une vocation militaire, on le sait, dans ce Bas-Poitou impliqué à l’époque dans les conflits entre les rois Capétiens et les Plantagenet d’Angleterre (1159 à 1259) au temps de Richard Cœur de Lion et de Jean sans Terre. Certains allèrent aux croisades en Palestine. Les seigneurs du Coin, des Bouchauds, leurs propres vassaux du Coudray et de la Mancellière, leurs voisins de Chauché : Languiller, la Chapelle, Linières, etc. devaient combattre aux côtés du baron des Essarts, assurer des gardes au château, dans sa maison à ligence (casernement de l’époque) située dans un espace dans lequel fut creusé plus tard un étang près de l’ancien château féodal.

Le seigneur de Saint-Fulgent est moins connu. Il relevait de Montaigu pour une partie de la paroisse de Saint-Fulgent (dont les seigneuries des Roussières, des Valinières et de la Thibaudière), mais pour sa prison dans une tour située dans l’enclôture de son château, il rendait hommage à Tiffauges (avec la seigneurie du Puy-Greffier dans sa mouvance et le reste de la paroisse de Saint-Fulgent). Le plus ancien connu de ces seigneurs est Aimery Droulin ou Droslin, qui serait né vers 1240. Cette famille fut à l’origine d’un fief au lieu-dit actuel de Linières (Chauché). Il lui donna son nom : la Drollinière (transformée en Linières au 17e siècle). À cause de son nom, on pense que la Drollinière, avec déjà sa muraille d’enceinte probablement (notée dans un texte du 17e siècle), est une création de cette période florissante des 12e et 13e siècles, où beaucoup d’anciens ou nouveaux lieux habités prirent des noms que nous connaissons encore : Boutinière, Porcelière, Baritaudière, etc. souvent à partir du nom d’un fondateur. La Drollinière apparaît comme participant du même mouvement. 

Ses seigneurs œuvrèrent au défrichement de leur domaine, où on a trouvé plus tard des métairies importantes totalisant 300 hectares cultivés en 1830 dans le domaine de Linières : Bois du Vrignais, Mauvelonnière, Guérinière, plus le fief de la Boutarlière. Les 90 hectares rattachés directement à Linières furent divisés d’abord en 1880 pour créer la métairie d’une Linières plus éloignée du nouveau château, puis vers 1900, pour créer celle de la Louisière. Le village de Villeneuve s’ajoute à cet ensemble relevant des Essarts, mais le seigneur de Linières en fit un tènement concédé à des roturiers. En 1342 c’est Maurice Droulin, né vers 1310 et mort avant 1378, qui est « seigneur de Saint-Fulgent, Droullinière et la Boutarlière ».

La maison forte de Linières, alias la Droullinière, relevait toujours au sortir du Moyen Âge du seigneur baron des Essarts, à cause de sa châtellenie des Essarts, à foi et hommage plain et à rachat, « et à une maille d’or », précise l’aveu du baron des Essarts à Thouars en 1597 (32). En 1658, un aveu du même précise que la maille d’or est estimée à 24 sols tournois. Cette maille d’or, monnaie disparue ensuite, a continué d’être citée dans les fois et hommages de Linières au fil des siècles. La féodalité qui a survécut jusqu’à la Révolution, on le voit, n’est pas exactement la même que celle qui est née à l’époque carolingienne et qui s’est épanouie dans la chevalerie des 12e et 13e siècles.

la peste noire
 Peu de temps après sa naissance la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie connut des désastres. La peste, d’origine asiatique, dite la peste noire, est revenue en force pendant l’hiver 1347/1348 en Provence puis dans tout le royaume, et décima villes et campagnes. Elle s’installa en Europe, se déployant en grandes vagues pendant un siècle (33). En outre, le climat avait changé depuis le début des années 1300, marqué par des hivers plus froids, ce qu’on a appelé le Petit Âge Glaciaire, avec des épisodes de printemps-été pluvieux. Après 5 siècles commença la période actuelle de réchauffement climatique, accélérée depuis peu. Le gel et la pluie ont détruit des récoltes et engendré des famines, parfois mortelles comme en 1315, et toujours propices aux maladies. On n’a pas de description de ces phénomènes pour le Poitou, où la culture de l’avoine et du sarrazin, plus résistants au froid humide, a dû favoriser une adaptation. Mais pas plus qu’ailleurs les troupeaux, de moutons notamment, ont difficilement résisté aux rigueurs climatiques du temps. Les années 1340 virent le retour du couple maudit du gel et des pluies (34). Alors en 1348, le mauvais climat a-t-il favorisé l’avancée de la peste noire ? Il parait délicat de démêler ces causes entre elles, mais, associées, on est sûr de leur effet multiplicateur. Enfin les campagnes militaires procédèrent par vagues comme la peste, touchant inégalement des provinces. La guerre de Cent ans avait commencé en 1337, accompagnée autour du château des Essarts de la guerre pour la succession au duché de Bretagne. Les bandes armées pillaient partout sur leurs passages, quels que soient leurs commanditaires. Leurs dégâts aggravèrent les désastres pandémiques et climatiques, des familles disparaissant et des tenures tombant en déshérence. La famine touchait les pauvres, mais la guerre et la peste a frappé toutes les strates de la population. Au total tout le royaume fut touché, perdant le tiers de sa population environ en moyenne. La situation se prolongeant, on verra à Saint-André-Goule-d’Oie des villages disparaître. 

Dans ce contexte des débuts de la guerre de Cent ans et des désastres du milieu du 14e siècle, des changements vont s’opérer dans les seigneuries à Saint-André. La mouvance de Montaigu va reculer jusqu’à Chavagnes, laissant la place à celle des Essarts. Le roi de France avait confisqué en 1343 la baronnie de Montaigu pour cause de félonie de son possesseur, Olivier IV de Clisson, l’année même où il reçut l’aveu mentionné ci-dessus pour le bourg de Saint-André. Il rendit les biens confisqués en 1362 au fils, Olivier V de Clisson. C’est donc probablement autour de 1350 que le roi céda au baron des Essarts la mouvance de Montaigu sur le bourg de Saint-André, dont le droit de fief fut concédé au seigneur du Coin, alors probablement Jean Allaire. Savary III de Vivonne (ca1300-1367), le baron des Essarts d’alors, fut qualifié par le roi en 1360 « d’aimé et féal », à cause de son dévouement à la cause française. Et le bourg de Saint-André n’est pas le seul fief concerné par cette poussée de la mouvance suzeraine des Essarts vers le nord, on observe la même chose à Chauché.

Stèle du traité de Brétigny
Qu’après cette expansion des domaines du Coin vers 1350, on trouve en 1372 leur possession dans les mains de la famille de Sainte-Flaive, seigneurs de Languiller, et en 1405 le château du Coin en ruine, les malheurs de l’époque que nous avons brièvement décrits fournissent maintes circonstances pour ne pas s’en étonner. Quand en 1360 le Poitou fut annexé à la couronne d’Angleterre au traité de Brétigny, la paroisse de Saint-André-Goule-d’Oie est devenue anglaise, tandis que la châtellenie de Montaigu, et le prieuré de Chavagnes-en-Paillers qui en dépendait, restèrent français (35). Le château du Coin est devenu pour quelques années un poste frontière dans la zone d'influence des Anglais, situation peu enviable pour la sécurité des habitants aux alentours on s’en doute. Située dans la mouvance de la châtellenie des Essarts, la seigneurie du Coin Foucaud a dû suivre le sort de son suzerain, pour un temps soumis au roi d’Angleterre officiellement. En réalité celui-ci resta politiquement fidèle au roi de France, mais avec quels risques ? Peut-être que les ruines du château du Coin trouvent leur origine dans ces risques.

Une maison noble située près de la Machicolière, la Dibaudelière, est mentionnée pour la première fois dans la première moitié du 15e siècle, alors mouvante elle-aussi du Coin. Elle disparaîtra ensuite, et son domaine foncier sera arrenté aux habitants de la Machicolière (36). Et dans le même contexte de dévastations des patrimoines il faut ranger la ferme perpétuelle du tènement de la Milonnière faite en 1372 à deux particuliers par Jean de Sainte-Flaive, le nouveau possesseur du Coin (37). À cette occasion il institue comme redevance une grosse rente fixe de 54 boisseaux de seigle prélevée sur les récoltes du tènement, au lieu de l’habituel droit de terrage au 1/6 des récoltes. Et cette pratique se rencontre dans d’autres tènements de la paroisse. Il y a dans ces initiatives une adaptation du mode de concession des terres par les seigneurs aux nouvelles données économiques nées des désastres de tous ordres.

Une autre conséquence fut la transformation du régime féodal du bourg appelé le fief de Saint-André-Goule-d’Oie. Vers 1405 le Coin est suzerain de la totalité du fief, tenu par lui des Essarts, et le seigneur de la Drollinière est pour ce fief son vassal aussi pour la totalité du fief. Il devait au seigneur de Languiller, à cause de la seigneurie du Coin, la foi et hommage plain, abonné à quarante sols par an, à un droit de rachat « quand le cas y advient par mutation d’hommes » (38) à un cheval de service.

Sur ce fief les Droulin avaient aménagé un étang se trouvant moitié sur les terres de Linières et moitié sur celles tenues du Coin, puisqu’en amont et en aval le ruisseau alimentant l’étang faisait limite entre les deux terres. Il ne s’agissait pas à l’époque d’en faire un lieu d’agrément, mais un centre d’élevage de poissons d’eau douce. En plus, ils construisirent un moulin à eau, puis sur le coteau en direction de l’est un moulin à vent. Autour du moulin à vent il y eut quelques maisons, aires, cours et voies d’accès. Le nom du champ où le moulin à vent a été construit s’appelait encore, il y a quelques dizaines d’années, le champ du moulin. À quand remontent ces créations de l’étang et des moulins ? Au plus tard au début du 14e siècle probablement.

Les seigneurs de Linières avaient leurs armes inscrites dans le chœur de l’église. Nous en déduisons qu’ils aidèrent peut-être à la création de l’église et du presbytère, au milieu du bourg, ou à son entretien, puisqu’ils y avaient une position éminente, même si nous la cernons mal. Le mot bourg, d’origine germanique, eut plusieurs sens à cette époque. Dans la France de l’Ouest le mot désignait alors des villages neufs (39).

Les très riches heures du duc de Berry :
La glandée (musée Concdé à Chantilly)
 Goule d’Oie a été cité dans la liste de ces bourgs francs (40). En remplacement des rentes perçues en 1343 par Jean de Thouars sur la moitié du bourg, le seigneur de la Drollinière a instauré ensuite un cens d’une poule et cent-un sols, ce dernier versé par portions à différents termes, payé par tous les habitants chaque année, et deux droits particuliers : un droit de « maussage » à la Pentecôte, calculé sur chaque cochon élevé par les habitants, se montant à une maille ou un demi denier par bête. Plus un droit de « panage » d’un denier, aussi sur chaque cochon, à la Saint Michel Archange (41). Par ce régime favorable le seigneur de la Drollinière a voulu, dans cette 2e moitié du 14e siècle, attirer de nouveaux habitants des voisinages dans le fief. On ne trouve en effet ni terrage, ni dîmes dans le fief et l’essentiel des terres et prés constituait une métairie concédée avec le fief à un roturier.

Le montant du cens, à la fois en argent et en nature, est conforme aux pratiques dans les tènements des environs. Et il est faible. Ainsi en 1370, on s’offrait environ 60 kilos de beurre pour 101 sols, ceux-ci étant répartis sur tous les habitants du bourg. Au rendement de l’époque, cette quantité de beurre devait correspondre à environ 5 mois de traite d’une vache laitière. Une paire de souliers valait 3 sols (42). Ensuite l’inflation vint diminuer le pouvoir d’achat de cette modeste somme, dont le montant n’a pas bougé dans les siècles à venir, aboutissant rapidement à une valeur symbolique.

L’espace foncier concédé comprenait des bois qui ont disparu depuis, ce qui explique la place des cochons dans le régime des redevances. Les glands constituaient à l’automne leur nourriture indispensable et le droit de panage était celui de faire paître les porcs en forêt. La viande de l’animal pouvait se conserver dans le sel. L’animal donnait lieu au commerce aussi, puisque les redevances versées au seigneur l’étaient en numéraire.  



(1) Bertrand Poissonnier, La Vendée Préhistorique, Geste Éditions, 1997.
(2) Archives de la Vendée, Léon Brochet, annuaire de la société d’Émulation de la Vendée, Les voies romaines en Bas-Poitou, 1907, page 103, vue 57.
(3) De La Fontenelle de Vaudoré, Recherches sur les peuples qui habitaient le nord de l’ancien Poitou, Revue de la société des Antiquaires de l’Ouest, 1835 T1, page 75 à 111.
(4) Jules César, Guerre des Gaules, traduit par L.A. Constans, Gallimard, 1981, L. III, chap. 10, page 132.
(5) Ibidem : L. VII, chap. 4, page 256.
(6) Ibidem : L. VII, chap. 75 page 312.
(7) Ibidem : L. VIII, chap. 26, page 345 et 454.
(8) Ibidem : notes page 38 et no 149 page 404.
(9) Archives de la Vendée : 7 Fi 529.
(10) Archives de la Vendée, mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, Fradet Poitiers, 1884 (série 2, tome 7), page 499.
(11) Maurice Maupiller, Saint-Fulgent sur la route royale, Herault-Éditions, 1989, page 21.
(12) A. de Guerry, Chavagnes communauté vendéenne, Privat, 1988, page 27.
(13) Abbé Auber, saint Martin de Vertou, Société des Antiquaires de l’Ouest (1868), page 48 et s.
(14) Archives de la Vendée, J. Lagniau, Notes sur l'histoire de Paillers, Annuaire de la société d’émulation de la Vendée, 1938, page 27, vue 15.
(15) B. Fillon et O. de Rochebrune, Raciate et le pays de Rais, page 4, dans « Poitou et Vendée, études historiques et artistiques », T. 2, réimpression Laffitte en 1981 de l’édition de 1887.
(16) La chronique de Nantes (570 environ-1049), édition de 1896 par René Merlet, imprimée par Hachette Livre pour la BNF et accessible sur le site Gallica.fr, pages 3, 5, 18 et 22.
(17) Ibidem, page 31. L’auteur de La chronique de Nantes est inconnu. Il a écrit son texte au milieu du 11e siècle.
(18) D. Morice, Mémoires pour servir de preuves à l'histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, T 1, col. 138. Cité par B. Fillon : voir la note (15) ci-dessus.
(19) Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1896, article de M. Richard. Et Jan Hendrik Prell, Comtes, vicomtes et noblesse au nord de l’Aquitaine aux Xe et XIe siècles, K. S. B. Keats-Rohan&Christian Settipani, 2012, pages 44, 51 et 67. J. H. Prell précise que la Chronique de Nantes utilisée par les auteurs du 19e siècle est une source à traiter avec précaution. 
(20) Note d’Amblard de Guerry pour une présentation générale sur Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(21) Description générale de Saint-André-Goule-d’Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4
(22) Idem (16), page 127.
(23) Note no 5 sur le Coudray à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(24) Eugène Aillery, Pouillé de l’évêché de Luçon (1860) page 86
(books.google.com/books/.../Pouillé_de_l_évêché_de_Luçon.)
(25) Archives de Vendée, notaires de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E 30/10, ferme du 6-6-1782 des dîmes sur divers villages (Guierche, Brossière etc.) par Adrien (curé de Vendrennes) à Jacques Robin.
(26) Ordonnance de l’évêque du 29-7-1957 portant transfert de villages de Saint-André à Chavagnes, Archives de la paroisse de Saint-Jean-les-Paillers, relais de Saint-André-Goule-d’Oie, carton no 38, transfert de villages.
(27) Ordonnance de l’évêque du 2-2-1959 transférant des villages de Chauché à Saint-André, ibidem : carton 38.
(28) Note de D. Guilloteau à l’auteur du 12-10-2011.
(29) Aveu en 1343 de Jean de Thouars à Montaigu (roi de France) pour des domaines à Saint-André, no 389, Archives d’Amblard de Guerry : classeur d’aveux copiés aux Archives Nationales.
(30) Note d’Amblard de Guerry pour une présentation générale sur Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(31) Note no 5 sur la Coudray à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 2.
(32) Aveu du 16-4-1597 des Essarts à Thouars, Archives nationales, chartrier de Thouars : 1 AP/1135.
(33) Hugues Neveux, Déclin et reprise fluctuation biséculaire 1350-1560, dans "Histoire de la France rurale", tome II, Seuil, 1975, page 42.
(34) E. Le Roy Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat, Fayard, 2004, tome I, page 31 et s.
(35) Amblard de Guerry, Chavagnes communauté vendéenne Privat (1988), page 71.
(36) La Dibaudelière à Saint-André-Goule-d’Oie aux 15e et 16e siècles, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 4
(37) Note no 39 sur le Coin à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 1.
(38) Notes no 5 et 17 sur le fief de Saint-André à Saint-André-Goule-d’Oie, Archives d’Amblard de Guerry : S-A 3.
(39) Collectif dirigé par Georges Duby, Histoire de la France rurale, Seuil, 1975, tome 1, page 435.
(40) Louis Brochet, la Vendée à travers les âges (1902) : histoiredevendee.com
(41) Archives de la Vendée, annuaire de la société d’émulation de la Vendée, 1867, page 230, vue 116 [Chercher dans bibliothèque numérisée, périodiques, revues scientifiques].
(42) Quelques prix pratiqués dans la seigneurie de Palluau en 1371, Archives de la Vendée, annuaire de la société d’émulation, 1867, vue 116.


Emmanuel François, tous droits réservés
Février 2012,complété en août 2020

POUR REVENIR AU SOMMAIRE


8 commentaires:

  1. denis guilloteau8 novembre 2012 à 11:33

    Bonjour,
    ayant mené des recherches sur d'autres horizons, j'ai été frappé de rencontrer des noms de lieux très proches de "l'oie", en particulier à l'île de Ré , le village de l'Oie (aujourd'hui Loix), la fosse de l'Oie, etc... Ces lieux sont à quelques KM au sud ( mais dans l'axe) de l'estuaire actuel du LAY. Or il est très difficile d'imaginer le dessin ancien du littoral, ce que l'on sait c'est qu'il existe une grande faille qui qui va de Saint Philbert de Grand lieu à Chantonnay, que d'importants mouvements géologiques sont intervenus depuis la conquête romaine attestés par la disparition de Déas ( lac de Grand lieu) et le retrait brusque de la mer depuis Niort au moins. Il ne peut être exclus que le LAY se jetait dans le passé dans cette fosse de l'Oie (au large de l'île).
    1- Je pense donc qu'il ne faut pas écarter l'idée que "L'oie" et "Lay" puissent avoir la même origine, le pays de l'Oie serait le pays du Lay, c'est vrai géographiquement puisqu'il y a une ligne de changement de pente ( sauf cependant pour Saint André qui est dans le bassin de la Sèvre Nantaise)
    2- Les propriétés étant délimitées par les cours d'eau, Goellus aurait été propriétaire du pays du Lay (correspondant à Pareds) ( attesté par le titre sur ST Germain le princay)
    3- il aurait possédé également le Vendrenneau, -contigu au bassin versant du Lay et à sa propriété du Bois-Goyer- ( et qui naît en fait au village du Coin, et peut expliquer que du fait de sa position ce dernier soit transformé en place importante),
    4- Ceci expliquerait à la fois le rattachement de Saint André et de Vendrennes ( qui ne sont pas dans le bassin du Lay) à Pareds, la forme particulière du territoire de saint André avec sa Pointe qui suit en fait la "vallée" du Vendrenneau, le nom de Saint André, donné par l'érection de son église " église ST André appartenant à GOELLUS DU LAY ou de L'OIE

    RépondreSupprimer
  2. ...On a enfin un troisième élément puisque le ruisseau de la Rabatelière (appelé aujourd'hui ruisseau de la Parnière) s'appelle en fait la Dive. Or partout en Poitou, cette appellation désigne une frontière. Il y a un choix à faire sur le délimité de la frontière, soit la rivière elle même soit les lignes de crête des bassins versants. La Frontière qui nous concerne part au moins de la Roussellerie (de Chauché- près de la Brossette) sinon de la Boulogne, rejoint l'actuel pont de la Salette, puis le Coin puis la Brossière. Quoiqu'il en soit, cela signifie que St André est délimité au nord et à l'est par la frontière entre ces deux pays que St Fulgent ( et Chavagnes) relevaient du pays de Tiffauges et St André d'Herbauges.
    On ne peut s'empêcher par ailleurs de faire un parallèle entre la position du bourg de St Denis et celle de celui de St André par rapport à la commune de Chauché. Or on sait qu'il existait une enclave dans ces deux communes dont il est permis de penser qu'elle portait sur des lieux de rapport ou zones sensibles ( zones de passages, carrefour d' itinéraires importants..). La réciproque était peut-être vraie et le fief de Goule d'oie bénéficiait peut-être d'une extraterritorialité qui expliquerait son rattachement à un seigneur du pays de Tiffauges et l'érection d'une Eglise. En poursuivant le raisonnement, on voit que la Brossière est le point commun aux deux itinéraires nord-sud (ancien et nouveau). L'érection d'une église à St Fulgent (en pays de Tiffauges) devient alors un enjeu (que la chapelle Fondion soit ou pas à la Brossière d'ailleurs ).
    D Guilloteau

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour,
    J'ai toujours autant de plaisir à vous lire et imagine la somme de travail que cela doit représenter. Dans bien des domaines, pour les temps les plus reculés, nous en sommes restés aux travaux des historiens locaux du XIX ème avec souvent leur connotation religieuse ou mystique, liée à la nature des matériaux consultés. Le travail sur les titres permet un autre regard.
    Je poursuis personnellement mon idée sur la prévalence des axes (rivières et chemins puis voies) sur toutes autres considérations sur les regroupements de population. L'implantation des églises sur les axes aurait alors précédé l'implantation des prieurés qui sont créés bien plus tard. Les premières églises sont l'oeuvre de St Jouin de Marnes (abbaye ancienne), les prieurés d'abbayes plus récentes, je pense qu'effectivement, il y a bien concurrence ( le cas de Benaston et Chavagnes est intéressant car jusqu'à la fin du XIXème, on voit la commune de Chavagnes s'opposer à relier Benaston et St Fulgent, via la Rabatelière). Le rattachement des prieurés est inévitablement lié au suzerain ou grand seigneur de l'époque. Benaston, La Chapelle et Fondion (que je situerais à la Brossière) sont, si cette hypothèse est bonne, aussi situées sur un même axe qui va de la Brossière vers la Brossette voir la Chevasse où ils croisent d'autres axes nord sud le plus souvent important. Cet axe passe à l'église de St André. On en devine encore facilement les chemins sur les cartes.
    Je m'intéresse aussi aux frontières d'Herbauges. Il y a eu, de mon point de vue, deux pays d'Herbauges . Avant 850 (ou 830 car pour certains, ce serait Lambert, comte de Nantes qui le premier aurait partagé le pays) un grand pays qui devait recouvrir tout l'ouest du Poitou correspondant aux Mauges actuelles , à la Vendée et au sud Loire puis, à partir de 850, le partage par Erispoé , comte de Bretagne, de cette zone en trois pays, Mauges , Tiffauges et Herbauges . A cette date le pays de Retz et de Clisson sont de fait rattachés au comté Nantais. Herbauges a alors pour limite Sud, le Lay. Il est rapporté dans un article sur les baronnies du Nord ouest du Poitou ( Société émulation de la vendée 1904-1905 page 109 que Benjamin Fillon définit la frontière d'Herbauges comme suit: "...a l'est par le LAY jusqu'à la jonction des 2 branches de cette rivière, près de Vauzon(Ingrandes), par le Petit-Lay, le ruissseau de l'Herbergement, de l'Oie, le Vendrenneau, la Petite Maine, la Maine et la Sèvre Nantaise jusqu'à sa jonction avec la Loire". Par ailleurs R Merlet, dans son ouvrage sur la Chronique de Nantes précise que le fait que Begon , duc d'Aquitaine ait été tué sur le Blaison et enterré à St Georges de Montaigu ( appartenant au pays de Tiffauges), prouve que le Blaison était la frontière entre Herbauges et Tiffauges.

    RépondreSupprimer
  4. J’apprécie votre approche par la géographie, et je réagis à votre message.
    Le problème avec la chapelle de Fondion est la date de sa création. Elle apparaît au plus tôt dans le pouillé de Gauthier de Bruges, en même temps que le prieuré de Goule d’Oie, c’est-à-dire au 13e siècle. On manque d’éléments pour affirmer une antériorité à cette époque, même si on est tenté de le faire.
    Elle est située proche de la Brossière, où se trouvaient beaucoup de petits fiefs, non seulement sur le territoire de St André, mais aussi sur celui de St Fulgent, autour de la Simonière proche. Cette abondance de petites concessions fait penser à un constat identique au Plessis-le-Tiers, dont je n’ai pas l’explication. Une chose est sure, c’était un lieu de passage.
    Fondion avait l’avantage d’être à l’écart, et proche d’une forêt où se réfugier. Cela me fait penser à une femme de la Brossière pendant la guerre de Vendée, qui est allé accoucher aux Gast, village proche et à l’écart du passage des troupes républicaines.
    Si je comprends bien, St André, entre la Petite Maine et le Vendrenneau, était en pays d’Herbauges, alors que St Fulgent était en pays de Tiffauges. Cela « collerait » avec l’établissement de la féodalité dans la contrée ensuite. Le baron des Essarts arrêtant son influence au Vendrenneau, au-delà duquel commençait celle de Tiffauges, avec le seigneur de St Fulgent pour vassal sur les lieux. Sans monopole, puisque Montaigu avait son influence sur une petite partie de St Fulgent (Thibaudière) et Chavagnes.
    Je ne saisis pas bien votre parallèle entre St Denis et St André. Et je ne connais pas « l’enclave dans ces deux communes ». Je suis intrigué par l’extraterritorialité dont vous faites état pour Goule d’Oie. Pouvez-vous en dire plus ?
    Aussi loin qu’on peut remonter dans le temps, le fief de Goule d’Oie était une concession du Coin Foucaud à la Drollinière. Certes le seigneur de celle-ci était un Drouelin au 13e siècle, aussi seigneur de St Fulgent, puis fondant ou possédant la Boutarlière. Mais, au-delà des hommes, cela ne me parait pas faire du fief de Goule d’Oie une terre de Tiffauges, mais plutôt de celle des Essarts.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. denis Guilloteau14 mai 2017 à 15:10

      bonjour, je viens seulement de prendre connaissance de votre réponse. Pour tout vous dire, je suis "à la recherche" du domaine ? ( sans doute avant la féodalité) du Rabateau, qui avait un manoir à la Rabatelière. A l'est , j'ai un indice avec la rivière Rabasteau (qui pourrait être la frontière sud du pays d'Herbauges et de Tiffauges décrite par B Fillon). Je suis bien obligé de constater une forte ressemblance dans la position des Eglises de ST Denis, Boulogne, St André voire St Fulgent par rapport à la paroisse de Chauché (originellement limitée à l'est par la Boulogne et peut-être à l'est par le Vendrenneau?).Dans toutes les hypothèses sur l'origine de Chevasse, il y a Chevesse (champ enclavé). Il existait par ailleurs un fief de l'enclave de la Chevasse et dans le traité de louis XI pour l'achat de la baronnie de Montaigu (1473) il est question des enclaves de St Denis et St Fulgent. L'enclave a un régime particulier qui répartit l'autorité et les revenus entre les seigneurs (qu'on pourrait assimiler à l'extraterritorialité). La création de ST Denis paraît liée à un déplacement d'axe un peu comme St Fulgent. A noter aussi qu'on a près de la Chevasse la Bégaudière, que j'avais trouvée comme paroisse relevant des Essarts (à moins qu'il s'agisse de la Chapelle de Chauché ?).
      Je me tiens assez éloigné de ces questions actuellement, j'espère avoir répondu à vos attentes; Pour St Denis voir le site de Montaigu Vendée : St Sulpice le Verdon et St Denis l'ouvrage ou la note de Gourraud sur Chavagnes pour le traité de 1473 qui visait à faire de Chavagnes une nouvelle baronnie.

      Supprimer
  5. Je vous remercie pour vos éclaircissements sur cette notion d’enclave. Cela ouvre des perspectives intéressantes, comme vous le faites, sur l’origine de St André. Il nous faudrait pouvoir aller des hypothèses de recherche à des sources documentées, mêmes fragiles. Mais l’époque du Moyen Âge en est tellement pauvre pour notre région !
    Quant au domaine des Rabasteau que vous étudiez, vous savez peut-être que l’abbé Boisson a laissé des notes intéressantes sur ses recherches concernant les deux bourgs de la Rabatelière (dossier 7 Z 57-2 aux Archives du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé Boisson). Elles ont été une découverte pour moi et je les ai transcrites. A votre disposition si vous ne les avez pas encore.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. denis Guilloteau16 juin 2017 à 17:53

      Bonsoir,
      je suis actuellement en région parisienne et rentre lundi en Vendée. Je suis évidemment preneur de vos notes mais j'ai bien l'intention de me déplacer à Luçon un jour. L'abbé Boisson et sa mère étaient en fait mes voisins (40m) et enfant j'allais très souvent chez la "mère Boisson". Je savais qu'il avait fait des recherches sur la Rabatelière et je me demande bien si ce n'est pas cela qui m'a donné le goût de poursuivre. A mon retour au pays, j'ai demandé à son neveu qui vit toujours ici ce qu'étaient devenues ses notes. Ils m'ont expliqué qu'à son décès, l'épiscopat avaient "exigé" la cession de ses travaux. Mais comme je ne suis pas historien, j'ai pris pour parti d'apprendre d'abord la grande histoire avant de m'intéresser à la petite,. et jusqu'à présent je n'ai fait aucune recherche en bibliothèque sur ce sujet. je trouve d'ailleurs extraordinaire la richesse des sources "internet". Puis mes activités horticoles et vinicoles m'occupent beaucoup.
      Sur la Rabatelière, j'ai retrouvé trois pièces de terres et un chemin qui portent toujours le nom "Rabateau", Rabatia en langage local. J'ai été étonné que personne n'avait fait le lien. Mais j'ai acquis plus ou moins la certitude que la présence d'un Rabateau ici est beaucoup plus ancienne. Je me suis intéressé au patronyme et à la toponymie dans le grand ouest. J'en ai conclu que les premiers Rabateau connus étaient auprès des seigneurs d'Anjou. Il existe par ailleurs au moins une bonne dizaine de "Rabatelière" (ou approchée) en France + au Canada. j'ai essayé de rattacher chacune à un Rabasteau ou à un Bruneau de la Rabatelière. J'ai observé que les Rabasteau ( en dehors de la Rabatelière et de celle de St Colomban (LA) pour laquelle je n'ai pas assez d'éléments) sont installés juste au sud du Lay ( sérigné, Loge Fougereuse..)et dans le Loudunais. Or les pays de Mervent et de Loudun ont été créé la même année, 976 et pour Mervent suite à l'invasion de notre pays par les Bretons juqu'au Lay. J'émets donc l"hypothèse" que Rabateau était présent à la Rabatelière, dans la région des Essarts depuis le Lay jusqu'au parc Soubise (rivière Rabasteau) avant 976 et que la famille a été repoussée au delà du Lay.
      Je me suis posé la question aussi de savoir pourquoi avoir installé ici un manoir- Rabatèle, femme de Rabateau- (plus qu'un château de défense, il a existé un château gaillard dans l'actuel Bourg en direction de la chapelle). En redessinant les frontières (Tiffauges et Herbauges) et en observant les axes, j'ai je pense trouvé l'explication du "Perthuis" Benaston et émis encore l'Hypothèse que passait ici depuis la nuit des temps, la route du sel ( la benaste est une mesure de sel). Benaston était reliée à Herbadilla, Portus Secor (Pornic), le sel des marais de Beauvoir, de Guérande par la loire (cf le transport des reliques de st Philibert). Perthuis, parce que, partant d'Herbauges, c'était bien un "passage" court et étroit en pays de Tiffauges qui débouchait sur la Dive ( lieu dit Pont romain) en direction de la Chapelle. Ce lieu était donc (comme Benaston) un poste de douane très rémunérateur.
      Pour relier nos deux affaires, il est possible que notre Goellus soit un descendant d'un lieutenant d'Alain Barbetorte (venant du Goëllo) et qu'en s'appropriant les terres, ( la règle était une part pour Alain, une part pour ses lieutenants, une part pour l'église) , Goellus ait hérité d'une partie du domaine Rabateau et du même coup l'ait rattaché à Pareds.

      Supprimer
  6. Je ne peux que vous encourager à consulter les travaux de l’abbé Boisson, ami de l’archiviste du diocèse, l’abbé Delhommeau, d’après ce que j’ai compris. Ce dernier connaissait bien ses travaux et a voulu les sauver d’une perte ou dispersion en les mettant à l’abri dans des archives officielles. Sauf que ces nombreux documents n’étaient pas classés, et que c’est l’abbé Delhommeau qui s’est attelé à le faire. D’où le choix des Archives du diocèse. Cela peut frustrer la famille, mais pour les chercheurs c’est une bénédiction ou une chance. On aimerait que les archives de Gouraud à Chavagnes ou d’Alexis des Nouhes à St Fulgent aient connues le même sort.
    Avec internet ce dernier eut fait un malheur. Moyennant quoi il a besogné avec passion, à la recherche des faits, des documents originaux et des preuves. Il me parait s’être attardé plus sur la Rabatelière que les communes environnantes, car il en était originaire. Et lui aussi a du enquêter sur les territoires voisins pour mieux découvrir sa paroisse d’origine.
    Je garde précieusement les faits que vous avez trouvés et les explications que vous avancez pour les relier entre eux.

    RépondreSupprimer