Notre premier article sur ce site en janvier 2010, se
rapportait au divorce en 1800 de la châtelaine de Linières et du vicomte
Charles de Lespinay, revenu d’émigration après la Révolution. Il était basé sur
la publication du réquisitoire du procureur général à la cour de cassation en 1804,
Philippe-Antoine Merlin, concernant ce divorce. Puis les travaux de l’universitaire
Véronique Noël-Bouton-Rollet sur Amaury-Duval, avaient permis d’éclairer le
mystère de la naissance de Guyet-Desfontaines, fils de cette même châtelaine de
Linières et de Joseph Guyet. Enfin, la découverte d’un acte de notoriété de
1803 dans l’étude notariale Allard des Herbiers, portant sur le séquestre de
Linières en 1792, informait sur le contexte dramatique de ce divorce. Nous en
avons fait état dans notre article d’octobre 2012 sur La rente foncière du tènement de Villeneuve à Chauché. Et voici que
la numérisation du Journal des Débats, accessible
sur le site Gallica, nous donne accès aux articles consacrés par ce journal à
ce divorce, nous apportant des précisions complémentaires. C’est donc le moment
de reprendre notre article pour l’actualiser, plus de quatre ans après sa
première publication.
Les révélations du Journal des Débats
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Ingres : portrait de Bertin |
Le Journal des Débats était un
quotidien, possédé en 1800 par les frères Bertin. Les enfants de Louis Bertin (Édouard,
Armand et Louise) continuèrent la direction du journal et furent des amis très
proches des Guyet-Desfontaines et d’Amaury-Duval à partir des années 1830. Ce
dernier dessina un portrait de Madame Édouard Bertin.
Une
fille d’Armand, Mme Léon Say, dont le mari fut ministre des finances, fut
invitée à Linières au temps d’Amaury-Duval.
La rubrique des faits
divers du journal s’est intéressée à ce divorce, à cause de la rudesse, de la
diversité et de la complexité des passions qui s’y affrontaient : honneur,
fidélité, amour, argent, politique, guerre civile. Et pourtant ce journal était
quasi officiel, sérieux, un peu comme la réputation du Monde de nos jours, très loin du fonds de commerce habituel des
journaux à scandales. C’est dire si la vie privée des châtelains de Linières a
intéressé à l’époque. Dommage pour eux, que les habitants de Saint-André-Goule-d’Oie n’étaient certainement pas nombreux à s’être abonnés à ce journal à
l’époque.
Dans
son numéro du 15 janvier 1804, le Journal
des Débats et lois du pouvoir législatif et des actes du gouvernement (titre
complet à cette date), fait brièvement état de l’arrêt de la cour d’appel de la
Seine, rendu deux jours plus tôt : « Le tribunal d'appel a confirmé le jugement
de première instance dans la cause de Lépinay, il a décidé que M. Lépinay,
émigré de son aveu inscrit sur la liste des émigrés du département de la
Vendée, ne se trouvant ni rayé, ni éliminé ni amnistié à l'époque du divorce,
était soumis à toute la rigueur des lois sur l'émigration, qu'en conséquence la
dame Duvigier a pu provoquer la dissolution de son mariage sans recourir à
l'intervention judiciaire. ».
Le
journal avait publié deux articles dans les jours précédents, donnant des
détails sur l’affaire. D’abord dans son numéro du 26 décembre le journaliste
avait rendu compte de l’audience de la veille au tribunal, consacrée à la
plaidoirie du demandeur en annulation du divorce, le vicomte de Lespinay,
obtenu par son ex-femme, née du Vigier. Le nom de celle-ci avait été transformé
par la Révolution en Duvigier. Puis dans son numéro du 1e janvier
1804, le même journal rendit compte de la thèse de la défense, Mme Duvigier.
Avant
d’entrer dans les détails, nous commençons par une information importante. Elle
concerne la naissance du fils de Mme Duvigier en 1797, Benjamin
Guyet-Desfontaines. La lecture du jugement d’adoption en 1824 de ce fils par
Mme Duvigier et son deuxième mari, Joseph Guyet, fait largement soupçonner que
les parents adoptifs (habitant à la même adresse) sont aussi les parents biologiques de l’enfant, et que l’acte
de naissance de ce dernier est un faux concernant le nom des parents qui y sont
déclarés (Duverger et Desfontaines). Dans le Journal des Débats du 26 décembre
1803, le journaliste écrit à sa manière en page 2 et 3 ce qu’il entendu de
l’avocat de M. de Lespinay sur le début des amours de Mme Duvigier, au moment
où elle rachète Linières en 1796 : « Cependant elle permet l'entrée de sa maison à un jeune homme du même
département, nommé Guyet, qui lui fait des offres de prêt, lui rend des soins,
exprime bientôt une grande passion qui est partagée et porte madame de Lespinay
à l'entier oubli de ses devoirs. Elle devient mère. » Quel aveu !
N’ayant pas eu d’autre enfant après Benjamin Guyet-Desfontaines, il s’agit bien
de ce dernier. La falsification de l’acte de naissance n’avait pas trompé
l’ex-mari. Notre soupçon sur la filiation biologique de Guyet-Desfontaines fait place désormais à une quasi preuve.
Un « scandale » mal connu
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Palais de justice au Châtelet en 1800 |
C’est
donc la procédure judiciaire tendant à annuler le divorce qui, par ses actes
publics, nous informe de la vie privée des châtelains de Linières pendant la
Révolution. On aurait préféré les archives familiales, qui ont disparu. Cette procédure a commencé par la signification du divorce à
l’ex-mari le 19 février 1802. Celui-ci assigna Mme Duvigier devant le Tribunal
de 1ere Instance de la Seine le 22 mars 1802. Le 2 avril 1803,
Benjamin Martineau, marié à une sœur de Joseph Guyet et ancien révolutionnaire
extrémiste de Saint-Fulgent, obtenait de maître Allard, notaire aux Herbiers, un
acte de notoriété concernant le sort du château de Linières, séquestré en 1792,
puis pillé en 1794 et déménagé en 1796. Le 8 juillet 1803, le tribunal de 1e
instance de la Seine déboutait M. de Lespinay, validant le divorce. Le 14
novembre 1803, celui-ci était enfin rayé de la liste des émigrés, mais perdait
son procès en appel le 13 janvier 1804. Enfin, le 24 juillet 1804, la cour de
Cassation confirmait la décision de la cour d’appel.
Les
actes de la procédure civile ont le mérite de tendre à la crédibilité, à cause
des preuves dont ils ont besoin et de leur production contradictoire. Mais ils
ont le défaut de trop maîtriser les états d’âme et de se priver d’éléments de
psychologie. Néanmoins ils nous permettent de raconter une histoire vraie,
quoique incomplète, loin de celle répétée par les anciens autrefois à Saint-André-Goule-d’Oie.
Cette
histoire des anciens est intéressante à rappeler. Pour faire simple, la
châtelaine de Linières, son mari étant parti à la guerre, s’est vu confisquer
son domaine de Linières par les républicains. Elle a été obligée de le
racheter. Mais ce faisant elle a été trompée par son régisseur, Joseph Guyet, à
qui elle avait demandé d’aller à Fontenay pour y faire cet achat. Il a payé
avec l’argent de Mme de Lespinay, mais il a fait mettre l’acte à son nom. Au
retour, il a indiqué à l’ancienne propriétaire spoliée qu’elle n’avait qu’une
solution pour rester châtelaine : l’épouser ! Ce qu’elle fit (1).
Faut-il
dire que pour nos anciens, tout était logique dans cette histoire ?
D’abord M. de Lespinay était parti à la guerre, ce qui est normal pour un
capitaine. Il était, avec sa jeune femme, une victime des bleus, bien entendu.
Et le fourbe, le voleur, était dans le camp des bleus. Quoi d’étonnant ?
On n’était pas sûr que l’histoire soit juste, mais c’était celle racontée par
la génération d’avant, choquante, mais plausible. Après tout, son authenticité
vaut bien celle de l’histoire du jeune Barra racontée par des professeurs
d’université (2).
L’histoire
vraie, la voici approchée de près.
Naissance de deux filles et tourmente révolutionnaire de 1788 à
1794
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Officier de cavalerie |
Le
vicomte Charles Auguste de Lespinay avait épousé à Poitiers par contrat du 20
mai 1788, Marie Marguerite Félicité du Vigier de Mirabal, orpheline de ses deux parents à l’âge d’un an (3). À cette
date, le marié avait 35 ans et était capitaine depuis neuf années au régiment
de Berry-cavalerie. Sortant du pensionnat Sainte-Croix de Poitiers, la mariée
était âgée de 16 ans.
Sa mère, fille d’un capitaine d’infanterie, Henri Maurice
Cherprenet, était morte à l’âge de 18 ans, 7 jours après avoir mis au monde sa
fille. Le destin de celle-ci fut bien différent, à commencer par ses
maternités. Elle eut deux filles avec son
premier mari, nées à Linières : Henriette baptisée le 7 janvier 1790 (vue 238 du registre de Saint-André)) et Pauline le 3 octobre 1791 (vue 12). Au passage, le patronyme de Cherprenet « qui est
sa véritable manière de l’écrire », suivant un acte de notoriété du 28
thermidor an 12 (16 août 1804), est préféré à celui lu dans d’autres actes
officiels : Charprenet (4).
En
mai, juin et juillet 1791, le vicomte de
Lespinay était à Linières. Il acheta dans cette période les métairies des
Bouligneaux et du bourg de Saint-André. À la
fin de l’année 1790 il avait vendu des arbres futaies épars dans les haies de
ses métairies de Saint-Fulgent, et le 24 janvier 1791 un ingénieur de la marine
vint en sélectionner 41, qui furent marteler pour en réserver l’usage
prioritaire à la marine, suivant la règlementation toujours en vigueur depuis une
ordonnance de 1669. La même opération avait été faite en 1788 pour 96 arbres à
Linières. Voiturés jusqu’au port de Mareuil ou Luçon, les arbres étaient
transportés sur les fleuves jusqu’à la mer, puis embarqués au bord de l’Océan
pour le port de Rochefort (5). Le 20 mai 1791 Charles Auguste de Lespinay signa une
procuration chez le notaire de Saint-Fulgent, nommant un représentant, dont le nom
était laissé en blanc, ayant tout pouvoir pour accomplir les démarches
nécessaires au rachat de sa charge de capitaine de cavalerie (6). On sait que
la vénalité des emplois avait été supprimée dans les emplois publics par
l’Assemblée Nationale et que des textes prévoyaient les modalités de
remboursement des charges et offices militaires. Déjà le régiment auquel appartenait
Charles de Lespinay avait été baptisé depuis le 1e janvier 1791, le
18e régiment de cavalerie, perdant sa référence au nom du duc de
Berry. Pourquoi cette procuration ? Pour pallier aux contraintes d'absences de la vie
de garnison, ou en vue d’un départ à l’étranger ?
Dans
les semaines suivant la naissance de sa deuxième fille, M. de Lespinay
rejoignit l’émigration, comme beaucoup de nobles en activité habitant la Vendée. Il
laissait à son épouse une réserve de 100 000 F et des revenus annuels de
18 à 20 000 F. Cela devait suffire, pensa-t-il, pour faire face aux
conséquences matérielles de son absence. On sait qu’il servit à l’armée des
princes, comme chef de section à la 2e
compagnie à cheval des gentilshommes du Poitou. Il fut inscrit au
chef-lieu du département, alors Fontenay-le-Comte, deux ans plus tard sur la
liste des émigrés, le 4 octobre 1793. Le désordre administratif explique ce retard dans la
confection de cette liste. L’administration départementale demanda aux
municipalités de donner la liste des émigrés vers la fin de 1792. Ce n’était
pas fini en mars 1793 quand la guerre de Vendée entra dans sa phase armée (7).
Mais
entre-temps son domaine de Linières avait été mis sous séquestre à cause de
cette émigration, en juin 1792, avec nomination d’un gardien sur place,
inventaire fait par les commissaires du district de Montaigu, et confiscation
du fermage des quatorze métairies du domaine (8). Son épouse ne pouvait plus compter sur les fermages, non plus
bientôt sur ceux de ses métairies qu’elles possédaient dans la Vienne.
Voulant mettre ses biens propres à l’abri et n’être pas impliquée dans
le séquestre des biens de son mari, Mme de Lespinay fit acte de renonciation à
la communauté de biens avec son mari, née de leur contrat de mariage, dans les
derniers mois de 1792 devant l’administration du district de Montaigu, et
devant le directoire du département de la Vendée en juin 1795. Voici en quels termes elle réitère en 1801 sa
renonciation à la communauté de biens entre elle et son premier
mari : « Marie Louise
Marguerite Félicité Duvigier, demeurant ordinairement à Paris, rue Saint-Honoré no
41, de présent à Linières commune de Chauché, réitère en tant que besoin les
renonciations par elle faite dans les derniers mois de 1792 devant
l’administration du district de Montaigu et
l’autre devant le directoire du département de la Vendée (22 prairial an 3 ou
10-6-1795), déclare renoncer à sa communauté avec Charles Augustin de Lespinay
son mari, résultant de leur contrat de mariage. À Linières 5 pluviôse 9
(25-1-1801). Signé : Félicité Duvigier » (9).
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Joseph Aubert : noyades de Carrier à Nantes |
En
1793, fuyant les persécutions, Mme de Lespinay se réfugia comme beaucoup
d’autres habitants de la région auprès des armées vendéennes avec peut-être sa première petite fille, la deuxième étant
en nourrice à Bazoges-en-Paillers. Elle fit partie de la cohorte des civils composant la Virée de Galerne
d’octobre à décembre 1793. Elle échappa à la mort une première fois lors des
massacres de la ville du Mans en décembre 1793 et une deuxième fois lors des
noyades dans la Loire du représentant de la Convention en mission à Nantes,
Carrier, au début de 1794 (10). Voir notre article publié sur ce site : Mme de Lespinay échappe à la mort par deux fois (1793-1794)
Mme de
Lespinay se réfugia on ne sait où. On perd sa trace après qu’elle soit sortie des
geôles de Carrier à Nantes, à partir du mois de mars 1794. Elle réside à Blois le 25 pluviôse an 3 (13-2-1795),
c’est à dire loin des combats de la Vendée. On ne sait pas ce qu’elle y
fait et depuis combien de temps elle y réside. Probablement a-t-elle dû
s’éloigner « à
plus de 20 lieues » du département de la
Vendée, suivant l’arrêté de Hentz et Francastel, deux conventionnels en mission
en Vendée, s’appliquant aux réfugiés, mêmes « patriotes », pour
parfaire la déportation de la population. Ainsi, au 1e mai 1794,
Jean Victor Goupilleau, révolutionnaire de Montaigu réfugié à Nantes, s’était
fixé, lui aussi, avec les siens à Orléans (11). Sur l’indication de son passeport
délivré aussi à Blois le 13 ventôse an 3 (3 mars 1795), il est précisé que
celui-ci comporte des visas, c’est à dire qu’elle a voyagé. Malheureusement le
passeport ne figure pas au dossier. Le 4 mai 1795 elle est Saint-André-Goule
d’Oie, « suivant un certificat des
membres du comité de la commune de Goule d’Oie du 15 floréal an 3 ». Et le lendemain 5 mai elle
est à Nantes, où elle y réside encore en juillet 1795 (12). On a d’elle aussi
des réclamations faites le 8 août 1795 au district de Châtellerault et le 23
novembre 1795 au département de la Vienne contre la vente de ses biens propres,
confisqués comme bien nationaux. Elle dû, en exécution des lois, changer son
patronyme et elle prit son nom de jeune fille, accolant la particule :
Duvigier.
Le rachat de Linières en 1796
Le 1e
août 1796 elle racheta elle-même, et à son nom, le domaine de Linières pour un
montant de 185 560 F (13), et oubliant dans l’inventaire celle de Vrignais. À la même époque les mêmes autorités vendirent la
métairie de la Roche-Mauvin 150 000 F. Neuf mois après, le 26 avril 1797, naissait son
fils, Benjamin Desfontaines selon l’état-civil.
Elle avait donc déjà rencontré Joseph Guyet, le père. Mais elle était
toujours mariée à Charles de Lespinay, ce qui explique qu’on ait voulu cacher
cette naissance illégitime à l’état-civil. Au moment de la naissance elle
habitait à Paris, rue du Four-Saint-Honoré. Où avait-elle trouvé l’argent du rachat de
Linières ? Comment avait-elle connu Joseph Guyet ? Jusqu’ici ces
deux questions restaient sans réponse.
M.
de Lespinay, du moins son avocat, prétend que Mme Duvigier, « toujours unie de cœur, d'esprit et de
volonté avec son mari, répara les pertes causées à leur fortune par la Révolution
; elle soumissionna le principal domaine de son mari absent ». Après
quoi il lui reproche en 1803 d’avoir emprunté de l’argent pour racheter
Linières, alors que les revenus dont elle disposait se montaient à 18/20 000 F.
par an, auxquelles s’ajoutaient des économies de 100 000 F. qu’il lui
avait laissées en partant.
L’acte
de notoriété du notaire des Herbiers sert de base pour réfuter les dires de M.
de Lespinay. Un ancien officier de santé et six habitants des environs du bourg
de Saint-Fulgent, situé à deux kilomètres de Linières, attestent du séquestre du
domaine, des destructions et pillage subit par le château : « Dans le mois de juin 1792 le
séquestre a été établi sur tous les biens meubles et immeubles appartenant à
Charles Augustin de Lespinay officier de cavalerie émigré demeurant à Linière
commune de Chauché, qu’il fut même fait un inventaire par les commissaires du
district de Montaigu, qu’il fut nommé un gardien qui resta jusqu’à l’époque de
la guerre de Vendée. »
« Alors toute administration ayant disparu, la
maison et les dépendances de Linière et tous les objets mobiliers qui les
garnissaient devinrent la proie des armées des deux partis et notamment dans
les premiers mois de 1796 par le général Watrin, alors à St Fulgent commandant
de cantonnement, fit enlever par beaucoup de charrettes tous les objets restant
du mobilier qui avait échappé à la dévastation et à l’incendie du château. Le
convoi fut expédié à Fontenay. En foi de quoi nous avons signé le présent.
À Saint-Fulgent le 9 germinal an onze de la
République française une et indivisible, je certifie le fait sincère et
véritable.
Aubin officier de santé en chef de la
colonne du général Watrin
Menard, François Brochard, Jean Libaud,
Lamy, Louis Tricoire, Louis Michaud » (14).
Ces
dernières personnes se déclarent : « anciens officiers municipaux et habitants du canton de Saint-Fulgent
certifions qu’il est de notoriété publique et à notre parfaite connaissance
… ». Aubin
avait été le premier président élu de la municipalité cantonale de Saint-Fulgent à
l’été 1796, habitant Bazoges-en-Paillers. Il avait soigné la 2e fille de M. et Mme de Lespinay, avant qu'elle ne décède en février 1794 (15).
On
ne s’étonnera pas du parti pris de Martineau (requérant l’acte de notoriété), mettant sur le même pied les deux
armées combattantes pour piller indistinctement les châteaux comme celui de
Linières. La propagande, avec sa part de mauvaise foi, est consubstantielle au
déclenchement et au déroulement des opérations de maintien de l’ordre et
d’exterminations en Vendée.
Les
archives du district ayant disparu, nous savons que les faits relatés ont pu
exister, et nous pensons qu’ils ont existé. Peut-être pas dans tous les
détails rapportés ci-dessus. De leur propre aveu les témoins n’étaient pas présents à l’inventaire,
et pourtant celui-ci a concerné « les
biens meubles et immeubles ». Belle précision dont l’utilité était
recherchée. Où étaient passés les papiers de famille, les bijoux, l’argent
liquide, les titres de rente foncière à Linières ? On devine les
accusations et ressentiments portés par cet acte de notoriété.
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Port de Nantes en 1838 |
La
situation financière de Mme Duvigier était moins assurée que ne le prétend en
effet son ex-mari. Elle devait payer son achat de Linières, moitié comptant et
moitié dans les trois mois à suivre, en utilisant les mandats territoriaux.
Ceux-ci avaient remplacé les assignats depuis le mois de mars 1796, mais avait
déjà perdu 80 % de leurs valeurs nominales un mois plus tard. Encore fallait-il
en avoir ! Elle s’associa alors à M. Dubois-Violette qui lui fournit le
papier monnaie, moyennant une association à 50/50 dans le rachat. Il
appartenait à une famille de gros commerçants nantais. Mais ce dernier voulu se
retirer de l’affaire quand, peu de temps après l’achat du 1e août,
une nouvelle loi exigeait que le quart de l’achat soit payé en numéraire
métallique, pièces ou lingots. Sa valeur ne connaissait pas la dégringolade du
papier monnaie et il se faisait très rare. Ses possesseurs le cachaient ou ne
s’en servaient qu’à bon escient. C’est alors qu’entre en scène Joseph Guyet.
Selon
le mari, ce jeune homme de Saint-Fulgent « fait des offres de prêt » à Mme Duvigier, « lui rend des soins, exprime bientôt une
grande passion qui est partagée et porte madame de Lespinay à l'entier oubli de
ses devoirs. » Mme Duvigier ne dément pas le service rendu en effet.
Joseph Guyet a désintéressé M. Dubois-Violette et payé le quart en numéraire
exigé par la nouvelle loi. Son avocat admet : « Que ce service ait été suggéré par l'amour, il n'en a pas moins été
rendu ». Sauf qu’au simple regard de certaines dates, il semble que le
service a été rendu après que « l’amour ait été consommé », comme on
dit dans les romans de bonne tenue. Il y eu l’amour d’abord et l’argent après
semble-t-il, ce qui est important à souligner, quand on mélange morale, argent
et sentiment. Et on connaît la suite, cet amour entre la jeune femme abandonnée
de 23 ans et son jeune amant de 21 ans a duré jusqu’aux termes de leurs vies.
Le retour du mari trompé
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Coup
d’état d’Augereau
(gravure à la B. N. F. )
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Il
semble qu’en 1797, au moment peut-être de la naissance de l’enfant illégitime,
M. de Lespinay soit revenu à Linières, mais qu’il a dû s’enfuir à cause du coup
d’État des Jacobins exécuté par le général Augereau en septembre 1797. Les
royalistes gagnaient les élections partielles, menaçant les révolutionnaires au
pouvoir. Le coup de force permit l’annulation de la plupart des dernières
élections. L’avocat de M. de Lespinay est explicite : « M. de Lespinay, profitant des premières lois
favorables aux émigrés, revient dans son domaine de Linières près de sa femme,
qui le reçoit avec tous les témoignages de la tendresse conjugale. Le 18
fructidor arrache M. de Lespinay des bras de son épouse, et cette journée,
funeste à tant de familles, est un jour d'allégresse pour Guyet, dont les
projets de séduction ne rencontrent plus d'obstacles ». On doute fort
de la présence de sa femme à Linières au moment de son accouchement à Paris,
ainsi que de sa tendresse conjugale. Mais peut-être le journaliste n’a pas
compris chaque épisode d’une vie compliquée, ne retenant que la ligne générale
de défense de l’ex-mari, victime d’un amant fourbe, des jacobins, et se
voilant la face sur les sentiments de sa femme. Ce retour éphémère du mari a
peut-être eu lieu, mais pas de cette manière.
En
revanche, le retour définitif de M. de Lespinay a bien eu lieu au début de
l’année 1800, après l’amnistie de Bonaparte aux « rebelles de l’Ouest » le 28 décembre 1799. Il est avéré
officiellement dans l’acte « de
soumission aux lois de la République » du 22 mai 1800 que fit Charles
de Lespinay entre les mains de l’adjudant-général Champeaux. Il déclare sa
résidence à Paris à cette occasion (16).
On
sait que Mme Duvigier ne divorça que dans les derniers jours de cette année
1800. Pourquoi avoir attendu ?
Divorce et revente de Linières
Du
côté de M. de Lespinay son avocat indique que le couple séparé vivait à nouveau
ensemble, depuis neuf mois au moment du divorce. Résumé par le journaliste cela
donne : « M. de Lespinay accourt
dans le sein de sa patrie, rejoint sa femme et sa fille ; il oublie auprès
d'elles les peines de l'absence. Mais sa femme instruite à feindre par son
séducteur, cachait des liaisons criminelles sous le voile d'une affection
mensongère. » Dans l’autre camp on « nie que M. de Lespinay ait été accueilli, en l'an 8 avec transport, on
le reçut avec bonté, on lui donna un logement séparé de celui de Guyet à
Linière ; on lui composa une domesticité de trois personnes, et il se contenta
de cet arrangement. À Paris, il demeurait en hôtel garni rue de Tournon, tandis
que sa femme demeurait rue Saint-Honoré ; donc il n'y a pas eu de
cohabitation, comme on l'a prétendu ». Le discours de l’avocat de M.
de Lespinay nous parait trouble sur la suite. Il présente le voyage de M. et
Mme de Lespinay de novembre 1800 à Linières de la manière suivante :
« cette dame vivant depuis neuf mois
à Paris près de son mari, déclare brusquement qu'une affaire pressante l'oblige
à faire un voyage, part avec précipitation, rejoint Guyet ». Or son
mari l’accompagnait. En effet, le 19 brumaire an 9 (10-11-1800), « le sieur Delespinay obtient du ministre de
la police un passeport pour se rendre à Linières ; son épouse l'y accompagne. »
(16)
Cette
présence à Linières eut au moins deux objets : revente du domaine et
divorce. Nous pensons qu’ils sont liés.
Le 6
frimaire an 9 (27-11-1800), Mme Duvigier revend Linières à Joseph Guyet, par acte passé devant Jalabert, notaire à Paris (17). Le
Journal des Débats nous donne deux versions de ce fait. M. de Lespinay d’abord
dénonce le procédé en parlant de l’agissement de sa femme : « Le 29 brumaire an 9 (20-11-1800, mais
peut-être le journaliste a mal entendu), elle passe clandestinement a Guyet un
contrat de vente de la terre de Linière produisant douze mille livres de rente
pour le prix de trente mille francs ; le 27 frimaire suivant (18-12-1800), une
contre-lettre de cet acte de vente la remet en possession du même domaine, et
elle s'applaudit de la ruse qui dépouille le mari pour enrichir l'amant. »
|
Hambourg en 1800 |
Dans le camp d’en face on rétorque que la manœuvre aurait été appréciée par la
famille « et par l'époux lui-même qui
écrivit de Hambourg à Guyet, pour lui témoigner sa reconnaissance relativement
à la contrelettre qui rendait à la dame de Lespinay la propriété du château de
Linière, qu'elle avait vendu à Guyet. » Au moment de la contre-lettre,
M. de Lespinay n’était plus à Hambourg. Qui dit vrai ?
La
revente à Guyet pour 30 000 F est bien faible, mais son prêt de 1796 à Mme
Duvigier avait-il été remboursé ? Et les sentiments unissant ces deux
personnes, ne pouvaient-ils pas gouverner le prix des choses entre eux à leur manière ?
En tout
cas, cette contre-lettre resta lettre morte, car dans les papiers des notaires
pour établir les baux des fermiers, le propriétaire était « Mme Duvigier, femme Lespinay », en
juillet 1800. À partir de juin 1802 c’était Joseph Guyet.
Le
divorce a été prononcé par le maire de Chauché le 18 décembre 1800 (18), et sa
validité confirmée en 1804 par la cour de cassation (19).
Dans
le Journal des débats du 1e janvier 1804, l’avocat de Mme Duvigier
indique que « M. de Lespinay a
consenti à ce divorce proposé par d'habiles jurisconsultes comme le seul moyen
de sauver, pour sa fille, une partie des débris de sa fortune. » À partir de là on comprend mieux l’existence de la contre-lettre, rendant la
propriété à Mme de Lespinay, dans des conditions qu’il est difficile d’apprécier,
faute de disposer des pièces originales. Le coup parait tordu néanmoins,
nécessitant probablement « d’habiles
jurisconsultes ».
Il
se trouve que cette approbation du divorce est également reprise par le très
sérieux historien G. de Raignac dans sa présentation du château de Linières (20).
Voici ce qu’il écrit : « Au
retour d’émigration, Joseph Guyet convainc M. de Lespinay que la vente n’est
pas régulière et qu’il doit divorcer fictivement pour rentrer en possession de
ses biens. La première partie du programme est exécutée. » Ensuite il
indique comment la propriété est restée chez les Guyet. On ne comprend pas tout
faute d’informations suffisantes, mais il semble bien qu’il y ait eu
négociation de la part des jeunes amants pour arracher une acceptation du
divorce au vieux mari. Mais cela n’a pas marché, et M. de Lespinay s’est engagé
ensuite dans un procès où il a tout perdu.
Dans
ce procès il n’est nullement fait allusion au mariage civil de Mme Duvigier
avec Joseph Guyet. C’est qu’il n’eut pas lieu tout de suite, sinon le fait n’aurait
pas été passé sous silence. Une première source nous l’indiquait en août 1802.
Une deuxième source donnait la date du mois de septembre 1804 (21). Cette
dernière nous parait plus vraisemblable désormais. Et le mariage religieux eut
lieu bien plus tard, le 31 août 1812 (22).
Une législation d’exception sur le divorce anti-émigré
Sans
faire une analyse exhaustive de l’arrêt de la cour de cassation, il est
intéressant d’évoquer certains des moyens ou arguments invoqués.
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Daumier : avocat |
Il y a d’abord les motifs qui relèvent de la cause perdue,
mais que certains avocats n’hésitent pas à invoquer pour faire plaisir à leurs
clients. Ainsi, Charles de Lespinay prétend qu’il n’a pas été inscrit sous son
vrai nom sur la liste des émigrés, puisque on avait écrit :
« Delespinay » au lieu de « de Lespinay », et qu’une
trentaine de personnes portaient ce nom en Vendée. Sauf qu’à l’époque cette erreur fut prise au sérieux
par Joseph Guyet et l’entraina à d’importantes recherches pour enregistrer dans
deux actes notariés de notoriété du même jour des rectifications de noms pour
lui et pour sa future épouse en préparation de son mariage civil en 1804. On le
voit sur le nom de sa mère, Couzin, au lieu de Cousin, sur son épouse Marie
Marguerite Félicité du Vigier au lieu de Marie Marguerite Louise du Vigier, sur
son ex-mari, Lespinay au lieu de Lepinais, sur le père de son épouse, Jean Guy
du Vigier au lieu de Guy Jean, et sur la mère de son épouse, Marie Marguerite
Cherprenet au lieu de Marguerite Charprenet (23). Joseph Guyet avait triché
dans la déclaration de naissance de son fils en 1797, lui inventant un père et
bricolant les prénoms et nom de la mère. C’est donc en homme averti et en homme
de lois, qu’il réalisa des copies de nombreux actes pour étayer les
rectifications officialisées.
Le visa du 23 mai 1800 enregistrant la soumission de Charles de Lespinay aux lois de la République avait pour conséquence de le faire considérer comme
rayé de la liste des émigrés, prétend son avocat contre toute vraisemblance au plan
légal.
Plus intéressants sont d’autres motifs avancés :
Charles de Lespinay prétend que sa femme est
revenue avec lui (notamment lors du fameux voyage de Paris à Linières en
novembre 1800) et qu’au terme de la loi du 16 avril 1803 cela veut dire qu’il y
a eu réconciliation, rendant le divorce impossible. Ce à quoi les juges
ressortent un autre article du code civil (art. 295) qui porte que les époux
divorcés ne peuvent plus se réunir.
La loi du 20 septembre 1792 sur le divorce
obligeait à se soumettre au jugement d’un tribunal de famille. Or une loi du 14
mars 1795 déclare abrogée cette disposition, dans le cas du divorce pour motif
d’émigration, et la citation de Charles de Lespinay à l’acte de divorce n’était
pas obligatoire. C’est un point surtout qui a été mis en exergue par le
journaliste du Journal des Débats. L’air du temps était à la critique des
facilités du droit révolutionnaire créant le divorce. La simple inscription
comme immigré entraînait la confiscation des biens, la condamnation à mort, et autorisait
le conjoint à obtenir le divorce. M. de Lespinay a récusé la compétence du
maire de Chauché pour prononcer le divorce, la procédure observée, et les
témoins à l’acte, « tous frères ou
beaux-frères de Guyet, les complaisants ou les complices de ses débauches ».
Il faut dire que présent à Linières il n’a pas été convoqué à la mairie de
Chauché où le divorce fut prononcé !
La cour de cassation a répondu point par point pour valider le
divorce en s’appuyant sur la législation révolutionnaire en vigueur. On sait
que la législation napoléonienne opéra un important retour en arrière sur cette
législation jugée trop libérale. L’article a-t-il été l’occasion d’une
démonstration à l’aide du cas
plaidé ? Ne voyait-on pas dans ce dernier la facilité avec laquelle une épouse
laissée à elle-même pouvait disposer des biens de famille à sa guise,
c'est-à-dire à la légère ? Autant que la solidité des liens conjugaux
exigée par la morale dominante de l'époque, des historiens ont expliqué que le revirement de la
législation sur le divorce, opéré par Bonaparte, trouve son fondement dans la volonté
de protéger les propriétés familiales.
Le visa du 23 mai 1800 enregistrant sa soumission aux
lois de la République avait pour conséquence de faire considérer M. de Lespinay
comme rayé de la liste des émigrés, avance le demandeur. Les juges répondent
qu’un arrêté du gouvernement du 13 août 1800 apporte plusieurs indications. La
première, que le visa de l’acte de soumission ne vaut pas passeport. La
deuxième, que l’amnistie ne pouvait pas couvrir le crime d’émigration. La
troisième, qu’il aurait dû sortir du territoire malgré l’acte de soumission du
22 mai 1800, n’ayant pas été rayé définitivement de la liste des émigrés. Quoique absous
du « délit de chouannerie » au jour du divorce, Charles de Lespinay
était toujours réputé émigré à cette date. Moyennant quoi il n’existait pas
civilement aux yeux de la loi révolutionnaire et ne pouvait être cité à la
prononciation de son divorce en mairie de Chauché.
Un mari abandonné
Cet arrêt de la cour de cassation et le divorce prononcé
par le maire de Chauché n’abordaient pas un point pourtant important : la
garde des enfants. En 1804, la fille aînée, Henriette de Lespinay, avait 10
ans, et sa petite sœur était décédée. À nouveau les
parents s’opposèrent sur ce point, à commencer par les convocations du conseil
de famille, pour lesquelles on alla jusqu’en cour d’appel sur un point de
procédure (24). Finalement l’enfant resta chez sa mère.
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Haras de Saint-Lô |
Charles
de Lespinay quitta Paris et se fit engagé dans la Manche à Saint-Lô, pour y
diriger une remonte de chevaux de l’armée (25). C’est là qu’il y est décédé le
23 février 1807, à l’âge de 54 ans. Et c’est Joseph Guyet, mandaté par son
épouse, en tant que curatrice de sa fille Henriette de Lespinay, alors âgée de
17 ans et héritière de son père, qui déclara la succession au bureau de
Montaigu le 7 août 1807 (24). Celle-ci se résumait semble-t-il, dans le bocage,
en la moitié de la métairie de la Petite Atrie située sur la commune des
Brouzils. Charles de Lespinay en avait hérité en 1805 d’une parente, lors d’un
partage organisé par son frère aîné Alexis, chef de famille, avec son frère
Armand et sa sœur Henriette (26).
Sa fille Henriette de Lespinay mourut à l’âge de 21 ans le
16 février 1811. Quand le gouvernement de la restauration monarchique vota
sa loi du 27 avril 1825 pour indemniser les émigrés spoliés pendant la
Révolution, elle était l’héritière posthume de son père, Charles de Lespinay,
qui avait droit à cette indemnisation. Sa mère réclama « l'indemnité comme héritière de la demoiselle
de Lespinay, sa fille, qui était aux droits et obligations de son père. »
Elle toucha une somme, se rendant pour cela chez le frère aîné de son ex-mari
au Pally (Chantonnay) en 1829. Mais là encore on fit un procès, à
l’administration cette fois, et le Conseil d’État du prendre une décision en
1835 sur le montant dû (27).
Marie Marguerite du Vigier, veuve Guyet, avant vicomtesse
de Lespinay, était décédée à Paris le 19 avril 1833, trois ans après Joseph
Guyet (28). Son destin étonnant inspira une rumeur très dans le goût
de l’époque romantique dans les années 1830/1840 à Paris dans l’entourage de
son fils Guyet-Desfontaines. Le premier mari de l’ex vicomtesse de Lespinay aurait
participé à la guerre de Vendée, ce qui est faux. On alla même jusqu’à dire que
Charles de Lespinay avait été aide de camp de La Rochejaquelein. Peut-être faut-il
soupçonner l’imagination fertile d’Alexandre Dumas, un ami proche (29).
(1) Témoignage entendu par l’auteur dans les années 1960.
(2) Alain Gérard, Vendée les archives de l’extermination, édition du CVRH (2013), page 294.
(3) Son père est mort en 1773
[Ferme du 12-12-1781 de la métairie de la Clielle, Archives de la Vienne,
dossier de Mme Duvigier : 1 Q 228 no 234]. Sa mère est morte le 16 juin 1772 à
l’âge de 18 ans (vue 42 du registre numérisé), et inhumée dans l’église
paroissiale Saint-Paul de Poitiers.
(5) Archives de Vendée, maîtrise des Eaux et Forêts
de Fontenay, martelage du 24-1-1791 d’arbres situés sur le domaine
de Linières : 1465, et martelage
du 13-3-1788 d’arbres situés à Linières : B 1464.
(6) Procuration
de Charles Augustin de Lespinay du 20-5-1791 pour racheter la finance de sa
compagnie, Archives de Vendée, notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E
30/13.
(7) Marcel
Faucheux, L’émigration vendéenne de 1792 à l’an XI, Archives de la
Vendée : BIB 6136, page 13.
(8) Acte de notoriété du 12 germinal an
11 demandé par B. Martineau, Archives de Vendée, étude (A) notaire Allard des
Herbiers : 3 E 019, (vue 202/492).
(9) Archives historiques du diocèse de Luçon, fonds de l’abbé
Boisson : 7 Z 20, famille Guyet, réitération du 5 pluviôse 9 de la renonciation à la
communauté des biens par Félicité Duvigier, signée à Linières.
(10) Mémoires de la
marquise de la Rochejaquelein, Mercure de France (1984), page 413 et J.
Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée
militaire (1840), tome 1, pages 458 et 527.
(11) A. Gérard, Violence et maîtrise de la violence : aux
origines de la Guerre de Vendée … (à paraître)
(12) Inventaire des certificats de résidence de Mme
Duvigier entre décembre 1792 et juillet 1795, Archives de la Vienne, dossier de Mme Duvigier : 1
Q 174 no 149.
(13) Archives de Vendée, vente des biens nationaux, dossier
de l’achat de Linières : 1 Q 240 no 317.
(14) Idem (8).
(15) Acte de notoriété du 12-3-1802 de la mort de Pauline de
Lespinay, Archives de la Vendée, justice de paix de Saint-Fulgent : 4 U 25/31.
(16) Philippe-Antoine Merlin, Recueil alphabétique des
questions de droit qui se présentent le plus fréquemment dans les
tribunaux », 3e édition (1820) tome 5, page 247 et s. L’auteur, dit Merlin
de Douai (1754-1838), conventionnel en mission à Nantes en juin 1793, y donna l’ordre
par poltronnerie d’évacuer la ville après la prise d’Angers et de Machecoul par
les révoltés vendéens. Les Nantais, plus courageux, l’obligèrent à rester avec
eux, le pistolet sous la gorge. Rapporteur de la loi des suspects (17-9-1793),
il fut ministre de la justice sous le Directoire et s’exila en 1815. Taine le
traite de « bourreau en chambre. [J.N. Bregeon et G. Guicheteau, Nouvelle
Histoire des guerres de Vendée, Perrin, 2017, page 136.]
(17) Anne Huitzing, Modes de
faire-valoir et changement social à Saint-André-Goule-d'Oie de 1840 à 1976, Annuaire
de la Société d’Émulation de la Vendée (1980). Aussi copie de l’acte de vente des Grandes Roussières et de la Fontaine
le 19-4-1894 dans le fonds Boisson des Archives historiques du diocèse de Luçon :
7 Z 32-1. Et notes sur Linières : 7 Z 32-3.
(18) Archives de Vendée, registre d’état-civil de Chauché, an IX, divorce
Lepinay/Duvigier du 27 frimaire an 9, vue 17/042.
(19) Idem (16).
(20) G. de Raignac, De
châteaux en logis, itinéraire des familles de Vendée, Bonnefonds (1997),
tome 8, page 169.
(21)
Acte d’adoption du 13-7-1824 de Guyet-Desfontaines, Archives de Vendée, Papiers de famille du général baron de Lespinay (1789-1920), familles
alliées, succession de Guyet-Desfontaines : 44 J 16.
(22) Fiche Coutot : mariage de Joseph Guyet et de
Marguerite Duvigier à l’église Saint-Etienne-du-Mont de Paris le 31 août 1812.
(23) Actes de notoriété du 28 thermidor an 12 (16-8-1804) sur les noms et prénoms Couzin, du Vigier, Cherprenet et Lespinay par devant Vingtain notaire à Paris : Archives privées Fitzhebert (dossiers no 1 et 2).
(24)
J. B. Sirey, Recueil général des lois et des arrêts Tome 5 (an XII), page 604
et s : arrêt de la cour d’appel du 7 floréal an 13 (27-4-1805)
Duvigier/Delespinay.
(25)
Archives de Vendée, déclaration de succession au bureau de Montaigu le
7-8-1807 de la succession de Charles Augustin de Lespinay (vue 95/198).
(26)
Partage d’héritage de la Barilière et de l’Atrie le 11-6-1805 (de Lespinay), Archives
de Vendée, étude de notaire de Saint-Fulgent, Frappier : 3 E
30/138.
(27) Recueil des arrêts du Conseil d'État, Delhomme
(Paris) 1835/0, série 2, tome 5, arrêt du conseil
d’État du 12 juin 1835, Ministre des finances /veuve Guyet.
(Gallica.fr : vue 434/818).(28)
Reconstitution d’acte d’état civil de Paris du 15-10-1872 de l’acte de décès du
19-04-1833 à son domicile rue de Sèvres no 16, de Marie Marguerite Félicité du
Vigier : Archives privées Fitzhebert (dossier no 9). (29)
Notes sur la chemise du dossier no 14 : Archives privées Fitzhebert.
Emmanuel François, tous droits réservés
Janvier 2010, complété en juillet 2023
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